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1979, Inde, Langues, 19 janvier Bruno Teissier 1979, Inde, Langues, 19 janvier Bruno Teissier

19 janvier : la journée du kokborok, langue tibéto-birmane

Les locuteurs du kokborok, une langue tibéto-birmane de l’État indien du Tripura, ont toujours défendu leur langue afin qu’elle ne disparaisse pas comme de nombreuses langues de l’Inde chaque année.

 

Les locuteurs du kokborok, une langue tibéto-birmane parlée principalement dans les États indiens du Tripura (25% des habitants), mais aussi plus marginalement au Bengale occidental, dans l’Assam et au Mizoram, mais aussi dans dans les Chittagong Hill Tracts, au Bangladesh, soit en tout guère plus d’un million de personnes, ont toujours défendu leur langue afin qu’elle ne disparaisse pas comme de nombreuses langues de l’Inde chaque année.

Face au sanskrit et au persan (jadis), au bengali, puis à l’anglais de la puissance occupante, le kókborok n’était qu’un ensemble de dialectes, sans nom défini : c’était la langue (kók) des gens (borok), des autochtones. Aujourd’hui, elle est aussi appelée le tripuri. Dans les années 1970, les tribus ont lancé une revendication pour que la langue kokborok soit reconnue comme langue d'État, avec le soutien des formations de gauche. En 1975, une manifestation s’était même terminée par un mort et de très nombreux blessés, la police ayant ouvert le feu sur le cortège pacifique. D’ailleurs, un Jour des Martyrs est célébré le 3 mars de chaque année en mémoire du martyr de la langue, nommé Dhananjay Tripura.

Finalement, après la formation d’un premier gouvernement du Front de gauche en 1978, des initiatives ont été prises pour répondre aux quatre revendications des tribus. Le 19 janvier 1979, la langue Kokborok a reçu le statut de langue d'État. La Journée de la langue kokborok, chaque 19 janvier, célèbre l’anniversaire de cette reconnaissance. En même temps, la reconstruction des réserves tribales et la restitution des terres cédées aux tribus ont commencé. Dans cet État peuplé à 60% de Bengalis, les montagnes sont occupées par des tribus réclamant toujours plus d’autonomie. Aujourd’hui le BJP (droite nationaliste) est au pouvoir, certains mouvements d’extrême gauche entretiennent une agitation endémique.

La langue kókborok est enseignée dans les écoles du Tripura du primaire au secondaire supérieur depuis les années 1980. L’université du Tripura l’enseigne à partir de 1994 et délivre un diplôme d'études supérieures en kókborok depuis 2001. Il existe actuellement une demande de reconnaissance de la langue comme l'une des langues officielles reconnues de l'Inde conformément à l'annexe 8 de la Constitution. La forme officielle est le dialecte parlé à Agartala, la capitale de l'État du Tripura.

La question de l'écriture est très politisée, le gouvernement prône l’écriture bengali mais les organisations nationalistes ethniques (Kokborok Sahitya Sabha, Kokborok tei Hukumu Mission, Movement for Kokborok, etc.) préfèrent l'utilisation de l'écriture romaine. Récemment, la Fédération des étudiants de Twipra (TSF) a encore manifesté à Agartala pour cette seconde écriture. Les deux écritures sont désormais utilisées dans l’enseignement ainsi que dans les cercles littéraires et culturels.

La Mission Kokborok tei Hukumu (KOHM) est une organisation apolitique et non religieuse, créée en 1993, dont la mission est de promouvoir le développement et la préservation de la littérature, de la culture, de la tradition et du patrimoine tripuri.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2025

Avec un écriture…

…ou une autre.

 
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1535, Pérou, fondation de ville, 18 janvier Bruno Teissier 1535, Pérou, fondation de ville, 18 janvier Bruno Teissier

8 janvier : l’anniversaire de Lima

Chaque année la capitale du Pérou célèbre l’anniversaire de sa fondation par le conquistador espagnol Francisco Pizarro, le 18 janvier 1535. La fête dure trois jours.

 

Chaque année la capitale du Pérou fête l’anniversaire de sa fondation par le conquistador espagnol Francisco Pizarro, le 18 janvier 1535, dans la vallée du fleuve Rímac. Comme elle fut fondée peu de temps après l’Épiphanie, une fête importante pour les Espagnols, son blason comporte trois couronnes et Lima est surnommée la Cité des Rois. Elle sera la capitale de la vice-royauté du Pérou au nom de la Couronne d’Espagne, puis celle de la république du Pérou, formellement, le 28 juillet 1821. Actuellement, en 1824 seulement.

Le Jour de la fondation de Lima (Día de la Fundación de Lima) est le 18 janvier, mais la fête dure trois jours du 17 au 19.

Le 17 janvier à partir de 15 heures, un grand défilé part du parc La Muralla et emprunte rues emblématiques que sont Lampa, Junín, Carabaya, Huallaga, La Unión et Rosa Merino , en passant par l'historique Plazza de Armas (Place des Armes), le cœur de la ville. Des démonstrations de danse et un spectacle équestre. La soirée se déroule avec une succession de concerts, de tous styles. Il fait chaud, nous sommes au cœur de l’été. Peu après minuit, c’est le feu d’artifice.

Le 18 janvier, après des cérémonies religieuses en présence des autorités politiques, militaires et policières, dans la cathédrale de Lima (10 h.), un hommage sera rendu à Francisco Pizarro, fondateur de la ville , dans le passage de Santa Rosa (11 h.). Cet événement comprendra des offrandes florales et des discours à la mémoire du conquérant espagnol. Les célébrations culminent avec une réception à la mairie de Lima (12h15), avec la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, comme invitée d’honneur. L’après-midi, le parc des légendes propose une série d'activités ouvertes à tous.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2025

La garde présidentielle, place des Armes (photo : Diego Delsodelso.photo)

 
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1945, Canada, Shoah, 17 janvier Bruno Teissier 1945, Canada, Shoah, 17 janvier Bruno Teissier

17 janvier : il y a 80 ans Raoul Wallenberg disparaissait au Goulag

Cette Journée Raoul Wallenberg a été instituée par le gouvernement du Canada pour rendre hommage, chaque 17 janvier, au diplomate suédois qui a sauvé la vie de dizaines de milliers de Juifs hongrois. De son côté, le Conseil de l’Europe a créé un prix décerné autour du 17 janvier pour perpétuer sa mémoire.

 

Une Journée Raoul Wallenberg a été instituée par le gouvernement du Canada pour rendre hommage, chaque 17 janvier, au diplomate suédois qui a sauvé la vie de dizaines de milliers de Juifs hongrois. De son côté, le Conseil de l’Europe a créé un prix décerné autour du 17 janvier pour perpétuer sa mémoire.

Avant son arrivée à la légation suédoise de Budapest à la mi-juillet 1944, quelque 430 000 Hongrois juifs avaient été déjà déportés vers Auschwitz. Sans aucune aide de la communauté internationale, Raoul Wallenberg parviendra à en sauver environ 100 000 juifs en six mois par des astuces et des coups de bluff, profitant de son statut de diplomate d’un pays neutre. Il a fourni des « passeports de protection » (Schutzpasses) à plus de 4 000 personnes juives. Il a aménagé des hôpitaux et des garderies, il mettra en place des soupes populaires et plus de 30 maisons protégées par l’ambassade suédoise où les juifs hongrois pouvaient se cacher. Quand des milliers de personnes juives seront contraintes à entreprendre la marche de la mort en novembre 1944, R. Wallenberg interviendra personnellement et à plusieurs occasions afin de sauver autant de personnes qu’il le pourra. Alors que les nazis avançaient vers Budapest et menaçaient de faire exploser le ghetto de la ville et de liquider les Juifs restants, il avertit les généraux nazis qu'ils seraient tenus responsables et traduits en justice, voire exécutés, pour leurs crimes de guerre et leurs crimes contre l'humanité.

Quand les Soviétiques ont libéré Budapest, Raoul Wallemberg a été arrêté et envoyé au Goulag, on ignore la date de son décès. Mais on connaît la date de son arrestation par les Russes : le 17 janvier 1945, qui est aussi celle de la disparition du diplomate suédois. Ni l’URSS ni plus tard la Russie n’ont accepté de donner la moindre information sur le sort de ce héros de la Seconde Guerre mondiale.

En 1985, Raoul Wallenberg s'est vu accorder le titre de citoyen d'honneur du Canada. En 2000, une loi a été votée prévoyant que dans l'ensemble du Canada, le 17 janvier de chaque année est désigné comme la « Journée Raoul Wallenberg ». Chaque 17 janvier les autorités canadiennes invitent toute la population à réfléchir sur la bravoure, la bienveillance et la compassion dont a fait preuve Raoul Wallenberg ainsi qu’à réitérer l’engagement des Canadiens à bâtir un pays encore plus fort et plus inclusif. 

À l'initiative du Gouvernement suédois et du Parlement hongrois, le Conseil de l'Europe a créé le Prix Raoul Wallenberg, afin de perpétuer la mémoire des accomplissements hors du commun de ce diplomate suédois. Il est décerné depuis 2014, autour du 17 janvier, et récompense tous les deux ans les accomplissements humanitaires exceptionnels d'une personne, d'un groupe de personnes ou d'une organisation. En 2024, il a été décerné à Neva Tölle, une militante croate œuvrant pour la protection des femmes contre la violence domestique. Antérieurement, le prix Raoul Wallenberg avait récompensé les réalisations d’Elmas Arus (2014), une jeune réalisatrice rom de Turquie ; l’association grecque Agalià (2016), œuvrant sur l’île de Lesbos ; le Centre européen pour les droits des Roms basé à Budapest (2018) ; une pédiatre syrienne, Amani Ballour (2020) ; et Vincent Raj Arokiasamy (2022), un défenseur de la population défavorisée des « intouchables » en Inde.

Raoul Wallenberg a aussi été fait citoyen honoraire des États-Unis (qui lui dédie une journée, le 5 octobre), de l’Australie, de la Hongrie et bien sûr d’Israël. En revanche, la Suède qui n’a jamais été très à l’aise avec la Shoah, a longtemps été très discrète sur le sort subi par son diplomate. Elle a attendu 2001 pour reconnaître ses manquements, le gouvernement suédois avait alors présenté des excuses publiques à la famille de Wallenberg. En 2012, l’année où il aurait dû célébrer son 100e anniversaire, la Suède a organisé une année de commémoration en sa mémoire. Désormais, elle se souvient de son héros chaque 27 août, journée nationale de l'égalité des droits et du courage civique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 janvier 2025

timbre poste canadien de 1,85 dollar émis en janvier 2013

 
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1945, Thaïlande, Enseignants Bruno Teissier 1945, Thaïlande, Enseignants Bruno Teissier

16 janvier : la Thaïlande fête ses enseignants

La Journée nationale des enseignants a été célébrée pour la première fois en Thaïlande, en 1957. Il ne faut pas la confondre avec le rituel du Wai Khru aux racines bien plus anciennes.

 

Instituée par une résolution du gouvernement royal thaïlandais en 1956, la Journée nationale des enseignants (วันครูแห่งชาติ) a été célébrée pour la première fois en 1957. Cette date a été choisie pour commémorer la promulgation de la loi sur les enseignants, publiée dans la Gazette du gouvernement royal thaïlandais le 16 janvier 1945. Elle n’est fériée que pour les enseignants et donc aussi pour leurs élèves. Le thème de l’année 2025 est le thème « Les enseignants thaïlandais s'unissent pour révolutionner l'éducation ».

Cela dit, en Thaïlande, il existe une autre fête, aux racines bien plus anciennes, mais dont la date varie d’un établissement à l’autre, qui tombe généralement un jeudi car ce jour est traditionnellement associé à la planète Jupiter (Phra Paruhasabodi) Phra Paruhat est l'aumônier des divinités et le professeur d'Indra. Ce rituel nommé Wai Khru (พิธีไหว้ครู) est en effet hérité de l’hindouisme. Le Wai ( ไหว้ ) est un geste traditionnel courant en Thaïlande, c’est à la fois un geste de salutation, de remerciement et d’excuse. Le terme Khru (ครู : professeur ) est un titre en Thaïlande qui exige le plus grand respect de la part des parents et des élèves. Lors de cette cérémonie, chaque élève demande la bénédiction des professeurs pour la bonne continuation de ses études. L’accent est mis sur le statut hiérarchique des enseignants par rapport aux élèves, ce qui n’était l’esprit d’origine de ce rituel, disent les historiens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2025

Le rituel du Wai Khru à l'école Wachirawit de Chiang Mai

 
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1915, Malawi, révolte populaire, 15 janvier, colonisation Bruno Teissier 1915, Malawi, révolte populaire, 15 janvier, colonisation Bruno Teissier

15 janvier : Chilembwe, le héros du Malawi

Chaque 15 janvier, le Malawi rend hommage à l'un des premiers Africains à s'être battu contre les injustices coloniales. En janvier 1915, alors que son pays s’appelait de Nyasaland, le pasteur baptiste John Chilembwe avait lancé une révolte contre la colonisation anglaise qui échouera mais marquera les esprits à l’époque.

 

Chaque 15 janvier, le Malawi rend hommage à l'un des premiers Africains à s'être battu contre les injustices coloniales. En janvier 1915, alors que son pays s’appelait de Nyasaland, le pasteur baptiste John Chilembwe avait lancé une révolte contre la colonisation anglaise, mais contrairement à ses attentes la population ne s’est pas levée en masse contre l’occupant, certains de ses lieutenants ont fait défection. La loi martiale est instaurée et la répression, féroce, menée notamment par une milice de colons, la Nyasaland Volunteer Reserve, contraint Chilembwe à fuir vers ce qui est aujourd’hui le Mozambique. La plupart des rebelles sont exécutés sans procès et Chilembwe est abattu le 3 février 1915.

Cette première révolte du futur Malawi a échoué car elle a été lancée à une époque où le discours anti-colonial était encore balbutiant, mais John Chilembwe n’a pas été sans héritier. Il a inspiré de nombreux militants de la cause des Noirs comme le jamaïcain Marcus Garvey, le penseur panafricain qui fera carrière aux États-Unis ou John Langalibalele Dube, lefondateur de ce qui est devenu l'African National Congress (ANC) en Afrique du Sud.

Lui-même, John Chilembwe que l’on honore aujourd’hui au Malawi, a été influencé par le missionnaire britannique Joseph Booth qui voulait rendre l’Afrique aux Africains. Chilembwe est devenu l'un des premiers protégés de Booth, et tous deux se sont rendus aux États-Unis, où Chliemwe a étudié la théologie en Virginie. Pendant son séjour aux États-Unis, il a été témoin des luttes des Afro-Américains dans les années qui ont suivi l'abolition de l'esclavage. De retour au Malawi, Chilembwe, devenu pasteur a travaillé à l'établissement d'une mission à Chiradzulu. Il a construit une église en briques, plusieurs écoles et planté des cultures de coton, de thé et de café, avec le soutien financier de la National Baptist Convention.

Mais, le pasteur Chilembwe s’est heurté à l’obscurantisme des grands propriétaires terrien anglais, en particulier, William Jervis Livingstone (un cousin de l’explorateur David Livingstone), qui détruisit les écoles construites par Chilembwe. Le Nyassaland était un protectorat britannique depuis 1907, les colons britanniques s’approprièrent massivement les terres communautaires, forçant les autochtones à travailler gratuitement pour eux. L’idée d’éduquer la population leur était insupportable. C’est dans ce contexte qu’est née la révolte de janvier 1915. Un soulèvement violent comme l’était le système mis en place par les Anglais. William Jervis Livingstone sera tué et décapité, plusieurs fermes de colons incendiées. Le 24 janvier, John Chilembwe dirige un service religieux dans l’église de sa mission, à l’extérieur de laquelle la tête de Livingstone est exhibée, empalée sur un poteau… mais la révolte échoua et le révérend sera tué par les autorités.

Le Malawi n’obtiendra son indépendance qu’un demi-siècle plus tard,  1964. Il a fait de John Chilembwe (1871-1915) un de ses héros et du 15 janvier un jour férié et chômé, le John Chilembwe Day. Au Malawi, des rues portent son nom, il figure sur des timbres et des billets de banque. Même les Britanniques ont fini par lui rendre hommage : sa statue, une œuvre de l’artiste malawien de Samson Kambalu, a été exposée de 2022 à 2024 sur le quatrième socle de Trafalgar Square, au cœur de Londres, qui accueille temporairement des œuvres d’art contemporaines depuis 1998. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2025

le révérend Chilembwe sur un billet de 500 kwachas

 
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1992, Ouzbékistan, fête patriotique, 14 janvier Bruno Teissier 1992, Ouzbékistan, fête patriotique, 14 janvier Bruno Teissier

14 janvier : la Journée des défenseurs de la patrie ouzbèke

Le 14 janvier est l’anniversaire de l’armée de l’Ouzbékistan. La date sert à une manifestation patriotique distincte de la célébration soviétique du 23 février, reprise à son compte par la Russie.

 

En 1992, le 14 janvier précisément, l’Ouzbékistan se dotait d’une force armée en remplacement de l’Armée rouge disparue quelques jours plus tôt en même temps que l’URSS. Afin de se démarquer de la célébration soviétique du 23 février, reprise à son compte par la Russie, le Parlement ouzbek a institué fin 1993, une Journée des défenseurs de la patrie (Vatan himoyachilari kuni) propre à l’Ouzbékistan : le 14 janvier.

La date désormais diffère, mais l’esprit est le même à Tachkent qu’à Moscou. Il s’agit de mettre en avant l’homme viril, le combattant, le soldat. Ce jour-là, des unités militaires en grande tenue défilent au son des orchestres dans les rue de la capitale et des principales villes. Chaque 14 janvier, des concerts festifs sont donnés, l'hymne national est joué sur les places et des spectacles sont organisés en l'honneur des militaires. Cette journée patriotique est aussi l'occasion de se souvenir de tous les grands hommes qui apportèrent une contribution significative à l'histoire et à la défense du pays. Ainsi les festivités comprennent également des discours et des cérémonies de dépôt de gerbes sur le monuments aux morts.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2025

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

13 janvier : le Maha Kumbh Mela, le plus grand pèlerinage du monde

Organisé tous les douze ans, le Maha Kumbh Mela, a débuté ce lundi 13 janvier à Prayagraj (Prayag) en Inde. Annoncé comme le plus grand rassemblement humain jamais organisé dans le monde, il devrait attirer pendant plus d'un mois, quelque 400 millions de pèlerins hindous sur les rives du Gange, leur fleuve sacré.

 

Organisé tous les douze ans, le Maha Kumbh Mela (प्रयाग कुंभ मेला), débute ce lundi 13 janvier à Prayagraj (anciennement Allahabad) en Uttar Pradesh. Annoncé comme le plus grand rassemblement humain jamais organisé dans le monde, il devrait attirer pendant 45 jours, quelque 400 millions de pèlerins hindous sur les rives du Gange, leur fleuve sacré. La dernière édition, en 2013, avait rassemblé plus de 100 millions de personnes venues de toute l’Inde.

Cette cérémonie qui a lieu pendant l’hiver est liée à des rites de fertilité et à un culte à la déesse-mère, associée à l’eau qui joue un rôle majeur dans la culture indienne. L’action la plus importante lors de ce pèlerinage est de s’immerger dans le fleuve, pour se purifier, laver son âme, de préférence le jour de la nouvelle lune, ce qui est le cas de ce 13 janvier 2025.

Selon la légende, les dieux qui avait perdu leur immortalité, suite à une malédiction, se sont battus contre les démons pour une cruche (kumbh) contenant le nectar de l’immortalité (amrit). Une fois celui-ci trouvé et bu, il leur permit de regagner leur immortalité et de défaire les démons, notamment grâce Vishnou qui les avait éloignés pour qu'ils ne puissent pas eux aussi en consommer.Pendant la bataille, des gouttes seraient tombées à Haridwar, à Allahabad (rebaptisée Prayagraj), à Nashik, et à Ujjain. Ces quatre villes accueillent tous les quatre ans en alternance la Kumbh Mela, une version plus modeste de la Maha Kumbh Mela. Les dates de ces pèlerinages successifs sont fixées selon les astres.

La Kumbh Mela est une période particulièrement propice pour des cérémonies religieuses, l'une d'entre elles étant l'initiation de milliers de sadhou (saints hommes) novices qui entament ainsi leur vie d'ascètes. De même, c'est l'occasion pour des sadhou confirmés de recevoir une promotion dans leur ordre ou de faire le vœu de suivre une nouvelle ascèse.

Le site officiel du gouvernement

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2025

Sur les rives du Gange à Prayagraj (photo Manashbbd)

 
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Maroc, Fête agraire, fête traditionnelle, Nouvel an Bruno Teissier Maroc, Fête agraire, fête traditionnelle, Nouvel an Bruno Teissier

13 janvier : le nouvel an berbère des Marocains

Les Berbères (Amazigh) entrent aujourd’hui dans l’an 2975 de leur calendrier. C’est Yennayer, le nouvel an berbère, désormais officiellement férié au Maroc.

 

Au Maroc, les Berbères (Imazighen) entrent aujourd’hui dans l’an 2975 de leur calendrier. C’est Yennayer (ⵢⴻⵏⴰⵢⴻⵔ), le nouvel an berbère.

Quelques années après l’Algérie, Yennayer est désormais férié (chômé et payé) au Maroc, sous le nom d’Id-Yennayer, officiellement depuis 2024. Mais, les deux pays ne le fêtent pas le même jour, ni les uns ni les autres n’y voient un problème, au contraire. L’Algérie l’a fêté hier, 12 janvier, au jourd’hui c’est au tour du Maroc où on a tenu compte du décalage de 13 jours entre le calendrier berbère et le calendrier grégorien (celui qui a cours aujourd’hui à l’international). D’ailleurs, il existe au Maroc dans certaines régions des célébrations qui en sont héritières, comme Hagouza, ou Hwadez, fêtées le 13 janvier. Ce sont des traditions agricoles communes aux Arabes et aux Imazighen (pluriel d’amazigh en langue tamazight), dont l’origine pourrait remonter à l’époque de l’Empire romain qui avait étendu son influence au Maghreb. Le calendrier berbère (amazigh) est d’ailleurs calqué sur le calendrier julien, celui des Romains de l’Antiquité.

« C’est une fête liée à la terre issue d’une tradition ancestrale et porteuse d’une forte charge identitaire pour le peuple marocain et pour tous les peuples du nord d’Afrique », explique l’anthropologue Houcine Bouyaâkoubi. Ce qui n’a pas empêché quelques prédicateurs islamistes, comme Abdelatif Al Maghrebi ou Cheikh Hassan Kettani de décréter cette fête haram car d’origine païenne. Yennayer est avant tout lié à un moment de répit des agriculteurs après le dur labour et avant l’éclosion des premières semences. Cette fête antérieure à l’arabisation et à l’islamisation du pays connaît aujourd’hui un net regain d’intérêt dans tout le Maghreb berbère comme dans la diaspora européenne.

« Assougass mbarki », « Bonne année », « sana amazighia saïda » ! Yennayer se fête en famille autour d’un grand repas comprenant couscous aux sept légumes, poulets rôtis et dinde, blé concassé au lait et au miel, tchicha, œufs et fruits secs... À Tafraout, dans l’Anti-Atlas, on prépare l’ourkimen, un plat à base de pieds de veau. On y cache un noyau de datte, appelé aghermi, celui qui le trouve aura la chance avec lui toute l’année qui vient. Dans le Souss, c’est le tagoulla (tarwayt), composé d’une purée de semoule d’orge ou de maïs, de dattes, d’amandes ou de cacahuètes torréfiées et mélangées avec de l’huile d’Argan et du miel.

Il s’agit de commencer l’année dans la bonne humeur !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2025

De jeunes amazighs militant pour l’officialisation du calendrier berbère.

Calendrier berbère

 
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1881, Turkménistan, Bataille célèbre, 12 janvier Bruno Teissier 1881, Turkménistan, Bataille célèbre, 12 janvier Bruno Teissier

12 janvier : le deuil interdit des Turkmènes, la mémoire effacée de la colonisation russe

C’est la mémoire d’une bataille perdue face aux Russes, un véritable désastre et car elle permit la colonisation du pays par la Russie, qu’il est aujourd’hui interdit de commémorer.

 

Au Tukménistan, on se remémore une bataille perdue face aux Russes qui fut un véritable désastre et permit la colonisation du pays par la Russie. Il s’agit de la chute de la ville fortifiée de Geok-Tépé le 12 janvier 1881 après 23 jours de siège. Mais sa commémoration est aujourd’hui interdite.

Les Russes avaient tenté une première fois, en 1879, de prendre la ville de Geok-Tépé (Gökdepe). Laquelle avait résisté face aux 4000 soldats du Tsar. La seconde tentative, avec 7000 hommes mieux préparés, sera la bonne mais après un long siège. L’événement décisif a eu lieu le 12 janvier 1881 lorsque les Russes ont creusé un tunnel sous le mur de la forteresse pour y placer des explosifs qui ont fait exploser une énorme partie de la structure défensive. Les troupes russes se sont précipitées à traverser la brèche, tuant quelque 6 500 personnes dans la ville, puis pourchassant et tuant environ 8 000 autres pendant leur fuite. Ce qui représente au total 14 500 victimes sur 40 000 habitants.

Hormis l’horreur du massacre, la perte de cette ville-forteresse turkmène fut une véritable catastrophe pour les Turkmènes car elle a ouvert la route aux Russes, leur permettant la prise de la ville d’Achgabat quelques jours plus tard. La Russie achevait ainsi la conquête coloniale de l’Asie centrale. Leur présence durera plus d’un siècle : jusqu’à la disparition de l’URSS en décembre 1991.

La première commémoration a eu lieu manière spontanée en janvier 1990. Selon un rapport secret du KGB, quelque 10 000 personnes avaient répondu à l’appel des organisateurs. L'imam Ishan, petit-fils de Gurbanmyrat Ishan, l'un des dirigeants turkmènes de la guerre de Geokdepe était présent. Sous la pression populaire, les autorités turkmènes ont ensuite fait du 12 janvier un Jour de mémoire officiel (ýatlama güni), célébré par un jour férié au titre du deuil national permettant de dénoncer un siècle d’occupation russe. La dernière commémoration a eu lieu le 12 janvier 2014.

Cette mise en cause du colonialisme russe était intolérable pour Poutine lequel a fait pression sur le Turkménistan pour que la date ne soit plus commémorée. En effet, en 2014, la Journée de deuil national a été déplacée au 6 octobre, une date qui fait référence à une catastrophe naturelle. Ainsi, en mêlant victimes de séisme, de guerre et de massacres, on efface la mémoire. Pour ne pas déplaire à Moscou, le 12 janvier n’est plus un jour férié au Turkménistan depuis 8 ans. Les Turkmènes sont privés de leur mémoire, comme le sont aujourd’hui les Russes sous le régime autoritaire de Poutine. Réécrire l’histoire dans un sens plus avantageux pour la Russie éternelle est le chantier actuel du Kremlin qui vient justement de dissoudre l’association Mémorial. La Russie est, par ailleurs, en pleine reconquête de son ex-empire colonial, en témoigne son intervention au Kazakhstan, ces derniers jours, dans la droite ligne de sa politique à l’égard de la Crimée, de l’Ukraine orientale ou du Caucase…

La prise de la ville est datée du 24 janvier 1881 selon le calendrier julien en vigueur à l’époque en Russie, soit le 12 janvier dans le calendrier grégorien. C’est la date qui avait été retenue entre 1990 et 2014 pour commémorer cette bataille. Aujourd’hui, il n’y a plus de cérémonie officielle mais une prière est dite dans la mosquée construite sur le lieu même de la bataille.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 janvier 2025

 

Une partie de la forteresse de Geok-Tépé, restaurée après 1991

La toute première commémoration, en janvier 1990, sur la colline de Geok-Tépé

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Japon, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Japon, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

11 janvier : les Japonais prient pour la réussite de leurs affaires

Un million de pèlerins et visiteurs se pressent au sanctuaire Imamiya Ebisu, à Osaka, pour célébrer Ebessan, la déesse qui peut favoriser leurs affaires pour toute l’année qui débute, prier pour le succès de leur commerce ou espérer la signature d’un gros contrat.

 

Un million de pèlerins et visiteurs se pressent au sanctuaire Imamiya Ebisu, à Osaka, fondé au VIIe siècle, pour célébrer Ebessan, la divinité des affaires, du commerce et de la pêche. Cette divinité est honorée dans tout le Japon, chaque année du 9 au 11 janvier, notamment à Kyoto et Hyogo, mais c’est à Osaka que la foule est la plus nombreuse. Certains y viennent en curieux, pour l’ambiance festive, d’autre viennent vraiment implorer la déesse de favoriser leurs affaires pour toute l’année qui débute ; de prier pour le succès de leur commerce ou espérer la signature d’un gros contrat et devenir riche au cours de l’année 2020.

Cette tradition shintoïste date de l'époque d'Edo (XVIIe - XIXe siècles) lorsque Osaka était à son apogée comme cité marchande. C’est la fête de Toka Ebisu (十日戎). La fête débute le 9 janvier. Le 10 janvier est le jour du défilé du Palanquin de la chance, qui rassemble 600 personnalités de la ville, accompagnés de geisha. Le défilé traversent les rues principales du quartier de Naniwa célèbre pour ses activités marchandes. Le 11 janvier est connu comme le jour de « la dernière chance de la chance ». Des stands vendent dans l’enceinte du sanctuaire des petits gâteaux de riz, des porte-bonheur et autres babioles dont les Japonais raffolent.

 Environ 400 stands sont installés pour le festival. On revient du sanctuaire avec des porte-bonheurs et amulettes distribués par les fuku-musume, ces jeunes femmes qui distribuent la bonne fortune qui sont sélectionnées plusieurs mois en amont parmi plus de 3000 candidates, comme pour un concours de beauté. Elle distribuent des branches de bambou ornementées (les fukusasa) aux visiteurs. Ces branches sont supposées apporter une bonne fortune commerciale. 

Pour s’y rendre : Sanctuaire Imamiya Ebisu, 1-6-10 Ebisu Nishi, Naniwa-ku, Osaka - site internet - En train : prenez la ligne JR Kagoshima et descendez à la station Yoshizuka (5 minutes à pied). - En métro : descendre à la station Chiyo Kencho-guchi (5 minutes à pied).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2025

 
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1967, Bahamas, démocratie, 10 janvier Bruno Teissier 1967, Bahamas, démocratie, 10 janvier Bruno Teissier

10 janvier : le jour où la démocratie fut accordée aux Bahamas

Le 10 janvier 1967 est l’une des journées importantes de l’histoire des Bahamas. C’est le jours où la majorité noire de la population a fini par faire admettre aux autorités britanniques la règle d’un homme, ou femme, une voix aux élections, base de la démocratie.

 

Le 10 janvier 1967 est l’une des journées importantes de l’histoire des Bahamas avec l’abolition de l’esclavage en 1834 et l’indépendance du pays en 1973. Les Bahamas ont été une colonie britannique pendant près de deux siècles et ce vieux pays démocratique qu’était le Royaume-Uni s’appliquait à maintenir des régimes non démocratiques dans les territoires qu’il dominait, surtout si les habitants étaient noirs. Ce qui est le cas de l’archipel des Bahamas où les descendants d’esclaves africains représentent plus de 90% de la population.

Après des décennies de luttes politiques, ces derniers ont fini par faire admettre aux autorités britanniques la règle d’un homme, ou femme, une voix aux élections, base de la démocratie. La règle de la majorité (majority rule) s’est imposée aux élections législatives du 10 janvier 1967, permettant à un Noir, pour la première fois dans l’histoire du pays, d’accéder au pouvoir. C’est ainsi que Lynden Pindling est devenu le premier ministre de ce qui était encore une colonie. L’indépendance ne viendra qu’en 1973, mais on était sur la bonne voie.

1967, c’est l’année où les Noirs des États-Unis ont obtenu le droit de vote, le Royaume uni ne pouvait pas faire moins.

Fort de sa popularité, Lynden Pingling et son Parti libéral progressiste (socialiste) sont restés au pouvoir jusqu’en 1992, date de la première alternance politique avec l’arrivée aux affaires du Mouvement national libre (conservateur)… Le régime parlementaire a connu plusieurs alternances politiques, la dernière en 2021, avec le retour du PLP au pouvoir.

Le Jour de règle de la majorité (Majority Rule Day) est devenu un jour férié et chômé en 2014. Il est célébré par une cérémonie au mausolée de Sir Lynden Pindling, des danses et de la musique dans les rues.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 janvier 2025

10 janvier 2023 (source : Bahamas Press)

Série de timbres émis en 1992 pour le 25e anniversaire de l’instauration de la démocratie aux Bahamas

 
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1964, Panama, massacre, 9 janvier Bruno Teissier 1964, Panama, massacre, 9 janvier Bruno Teissier

9 janvier : la Journée de la souveraineté nationale au Panama

L’émotion est grande au Panama, Donald Trump a affirmé vouloir reprendre le contrôle du canal qui traverse le pays. Le 9 janvier est un jour de deuil au Panama pour commémorer les victimes des émeutes qui avaient abouti à la restitution de la zone du canal aux Panaméens.

 

L’émotion est grande au Panama, Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le contrôle du canal qui traverse le pays et que le président Jimmy Carter avait restitué aux Panaméens après une décennie de crise que l’on commémore chaque 9 janvier.

Le 9 janvier est en effet un jour de deuil au Panama, pendant toute la journée, il est interdit de boire de l’alcool et d’organiser des fêtes ou des spectacles publics. C’est un jour férié et chômé au niveau national pour commémorer la mort de 21 étudiants et d’un bébé panaméens tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté sur le canal de Panama. Cette journée est connue comme la Journée des Martyrs (Día de los Mártires) ou la Journée de la souveraineté nationale (Día de la Soberanía Nacional).

À l’époque le pays était divisé en deux espaces car les Américains occupaient la zone du canal de Panama qu’ils s’étaient attribués à perpétuité depuis le début du siècle. Des milliers d'Américains et leurs familles vivaient dans cette zone selon leurs propres lois et coutumes tout en travaillant pour le canal ouvert en 1914. Les États-uniens y avaient aussi installé une importante base militaire. Les Zonians, comme on les appelait, n’avaient pratiquement aucun contact avec le reste du pays et sa population. Laquelle ne pouvait accéder à la zone du canal sans une autorisation spéciale.

Face aux protestations récurrentes des Panaméens, Washington avait fini par faire des concessions symboliques, comme la présence conjointe des deux drapeaux américain et panaméen sur les bâtiments officiels de la zone du canal à partir du 1er janvier 1964. Mais les Zonites ignorèrent l'accord et refusèrent de hisser le drapeau panaméen. Ce fut notamment le cas des élèves américains du lycée Balboa. Après négociation avec la police, il a été convenu qu'un groupe de six étudiants panaméens s'approcherait du mât du drapeau pour hisser leur drapeau et chanter l'hymne panaméen. Les Zonites tentèrent de les empêcher. Ils ont encerclé les étudiants et une bagarre a éclaté, au cours de laquelle le drapeau panaméen a été déchiré en plusieurs morceaux. Quand cela s’est su dans le reste du pays, des milliers de manifestants ont afflué dans la zone du canal. La police, débordée, a été contrainte de demander l'aide de l'armée américaine, qui a décidé de tirer et d'utiliser des gaz lacrymogènes contre les manifestants. 21 étudiants panaméens et 4 membres des forces américains ont perdu la vie au cours des trois jours d’émeute.

Ces événements ont mis en lumière la situation coloniale que subissait le Panama de la part d’un État toujours prompt à dénoncer le colonialisme des Européens. Il faudra malgré tout attendre de nombres années pour que la situation évolue. En 1977, le traité Torrijos-Carter établit la neutralité du canal et la double administration panamo-américaine sur les lieux. Puis, le 31 décembre 1999, les États-Unis ont finalement rendu canal au Panama.

Comme chaque année, le Président Laurentino Cortizo, accompagné de membres du Cabinet, dépose une couronne de fleurs devant le Monument aux Martyrs du Centre de Formation Ascanio Arosemena du Canal de Panama, où se trouve également la « Flamme éternelle », à la mémoire des 21 martyrs qui ont offert leur vie. la lutte pour la souveraineté nationale. Il s’agit de l’ancien lycée Balboa qui porte aujourd’hui le nom d’un étudiant de 20 ans tué d’une balle dans le dos le 9 janvier 1964.

De leur côté, divers mouvements populaires et syndicats panaméens manifestent au parc Santa Ana de la capitale pour rendre hommage aux martyrs mais surtout pour dénoncer le poids de l’influence américaine sur le mouvement actuel de leur pays.

Le prétexte avancé par Donald Trump pour en recoloniser la zone du canal est d’écarter la menace chinoise sur une voie où transite environ 5% du trafic commercial mondial. En réalité, le futur président américain veut avant tout alléger le coût du transport d’une côte à l’autre des États-Unis. Il critique régulièrement le tarif de la traversée l’isthme panaméen par ce canal dont Washington a perdu le contrôle il y a 25 ans.

Ce dimanche, le président du Panama, José Raúl Mulino, a ferment réagit : « Le canal n’est contrôlé, directement ou indirectement, ni par la Chine, ni par la Communauté européenne, ni par les États-Unis, ni par une tout autre puissance. En tant que Panaméen, je rejette fermement toute expression qui déforme cette réalité » Mulino a insisté en affirmant que « chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartient au Panama et continuera à lui appartenir. (…) La souveraineté et l’indépendance de notre pays ne sont pas négociables ».

Le Panama a un autre jour férié relatif à une autre intervention américaine sur son territoire, le 20 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2025

 

La jeunesse états-unienne attend de pied ferme les étudiants panaméens. Une réaction empreinte de racisme et d’un évident esprit colonial.

L’arrivée du drapeau dans la zone du canal conformément à l’accord.

Différents mouvements politiques panaméens prennent part aux commémorations.

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Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

8 janvier : Bredouxia, une fête des femmes sans les hommes en Grèce

Loin d’être une manifestation féministe, cette fête païenne est dédiée à la maternité. Toujours vivante dans le nord de la Grèce, son origine remonte à l’Antiquité.

 

Dans certains villages de Grèce du nord subsiste une fête aux racines très anciennes, organisée par les femmes entre elles, sans les hommes. Ce jour-là, les femmes quittent la maison laissant aux hommes les tâches ménagères et elles vont faire la fête. Elles se rendent chez la plus vieille femme du village pour lui rendre hommage, au son de la cornemuse ou d’autres instruments de musique. On boit du vin, on chante des chansons lestes, voire obscènes… qu’importe, on est entre femmes. Les hommes, par tradition, sont consignés chez eux ce jour-là.

Cette journée qui tombe le 8 janvier, a été perçue comme un jeu d’inversion des rôles au sein du couple et a été réactivée à partir des années 1970 par des mouvements féministes grecs. En réalité, cette fête de la Yinekokratia (Γυναικοκρατίας) n’avait rien d’une manifestation féministe, elle était plutôt la subsistance d’un cérémonial lié à la fertilité venant tout droit de l’Antiquité. Il a traversé les siècles dans des communautés villageoises de Thrace orientale qui, en 1923, à la faveur de l’expulsion des Grecs de Turquie, l’ont importé en Grèce du nord. Certains villages du département de Serres, comme Sapes, Nea Petra, Monokklisia, Charopos… l’ont conservé et cultivé jusqu’à nos jours. Mais, cette coutume a aussi essaimé dans toute la Grèce avec l’arrivée des réfugiés d’Asie mineure, il y a un siècle. De nombreuses localités, un peu partout en Grèce, la réactivent aujourd’hui sous le nom de Bredouxia (Βρεξούδια) ou de fête des Babos .

Elle a lieu chaque 8 janvier qui, en Grèce, est le jour de la Sainte-Dominique (αγίας Δομνίκης), dédiée à une religieuse très pieuse qui n’a jamais eu d’enfant et n’a rien à voir avec le cérémonial. Simplement la fête tombait jadis le 25 du mois de Poséïdon, un jour qui se situe au début du mois de janvier de notre calendrier actuel. Les festivités étaient connues dans l’Antiquité sous le nom de Thesmophories (Θεσμοφόρια). C’était un hommage à la déesse Déméter qui aurait enseigné aux hommes l’agriculture et donc permis leur sédentarisation. Mais celle-ci aurait aussi institué le mariage et donc donné un statut social aux femmes. Les festivités, à l’époque, duraient trois jours et comprenaient un cérémonial pour encourager la fertilité.

De nos jours, dans les villages du nord-est de la Grèce, les femmes enceintes sont mises à l’honneur ce jour-là. La coutume veut qu’elles apportent serviette et savon (symbole de naissance) chez les babos (Μπάμπως), les femmes les plus âgées du village. Jusqu’à une époque récente, c’étaient les vieilles femmes qui avaient le rôle d’accoucheuses, d’où le cérémonial de l’eau, des serviettes et du savon. Mais cette journée s’adresse aussi aux femmes en attente de maternité, d’où les chansons paillardes lors de ses fêtes arrosées de vin, où on s’échange des symboles phalliques et des propos volontiers obscènes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2022

 

Dans le village de Nea Petra, les hommes jouent le jeu en participant aux travaux ménagers

Thesmophories, fresque du peintre Francis David Millet, fin XIXe siècle

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Fête des morts, Arménie Bruno Teissier Fête des morts, Arménie Bruno Teissier

7 janvier : la première fête des morts des Arméniens

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots, le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier.

 

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots (Մեռելոց), le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier. Il en sera de même tout au long de l’année : après Pâques, la fête de la Transfiguration, l'Assomption de la Vierge et la fête de l'Exaltation de la Croix. Ainsi, ce jour du souvenir est célébré cinq fois, soit après chacune des cinq fêtes religieuses majeures de l’Église apostolique arménienne. Depuis 2008, ce premier Merelots de  l’année est un jour de congé officiel en Arménie, ce qui n’est pas le cas des suivants.

Cette fête est dédiée aux morts de chaque famille, mais aussi à tous ceux qui ont perdu la vie lors des drames qu’à connu la nation arménienne, du génocide du 1915 aux conflits récents : la guerre des Quarante-quatres-jours en 2020 et la guerre du Haut-Karbagh, en 2023 ; ainsi ue les victimes des catastrophes naturelles.

Ce jour-là, les prêtres célèbrent une liturgie spéciale, suivie d'une cérémonie commémorative en mémoire des personnes décédées. Après la fin de la cérémonie, chacun peut se rendre sur les tombes de ses proches et de ses amis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2025

 
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Christianisme, 6 janvier Bruno Teissier Christianisme, 6 janvier Bruno Teissier

6 janvier : les chrétiens fêtent l’Épiphanie

Cette fête chrétienne ne fait pas appel à la même symbolique en Occident et en Orient. Les uns ont principalement retenu l'adoration des Rois mages devant la crèche où Jésus vient de naître. Les autres commémorent le baptême du Christ dans le Jourdain.

 

Cette fête chrétienne ne fait pas appel à la même symbolique en Occident et en Orient. L’Épiphanie serait la toute première fête célébrée par les chrétiens orientaux, dès le IIe siècle en Égypte, alors que Noël ne sera inventée que plus tard en Occident. C’est le concile de Chalcédoine en 451 qui en fait deux fêtes distinctes, sauf pour les arméniens et les coptes. Sur le plan religieux, l’Épiphanie, (du grec épiphaneia, « manifestation ») commémore la première manifestation de la divinité de Jésus-Christ aux gentils (les non-croyants), représentés par les Rois mages. Selon le dogme de l’Église, cette révélation a également eu lieu lors de son baptême dans le Jourdain.

L’Église latine a principalement retenu l'adoration des trois Rois mages devant la crèche où Jésus vient de naître. D’où l’usage, principalement en Espagne et en Italie d’offrir des cadeaux aux enfants dans la nuit du 5 au 6 janvier, plutôt qu’à Noël qui n’a surpassé l’Épiphanie que très récemment.

En revanche, pour le christianisme oriental, cette fête commémore le baptême de Jésus dans le Jourdain. Selon la coutume un prêtre lance ensuite une croix dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fête s'appelle généralement Théophanie (θεοφάνια) ou Boboteaza (en roumain). Les orthodoxes qui suivent le calendrier grégorien, comme les Grecs, les Roumains, les Ukrainiens, les Bulgares…, fêtent la Théophanie le 6 janvier. Les autres, Russes, Serbes, Géorgiens…, mais aussi à Jérusalem et au Mont Athos, la célèbrent le 19 janvier (soit le 6 janvier du calendrier julien). Pour les plus pratiquants, un jeûne a débuté hier.

Les anglicans et d’autres protestants restent attaché au symbole de l’arrivée des Rois mages, mais d’autres obédiences du Protestantisme mettent en avant la bénédiction des eaux, comme chez les orthodoxes. Pour ne pas être en reste, l’Église catholique a rajouté récemment à son calendrier liturgique une fête du baptême du Christ, le dimanche qui suit l’Épiphanie.

Le 6 janvier est férié dans de nombreux pays (en Autriche, en Espagne, en Grèce, en Croatie, en Suède, à Rome, dans les länders catholiques allemands…) mais pas en France ni en Belgique. Dans les pays où l’Épiphanie n’est pas fériée, l’Église célèbre cette fête lithurgique le deuxième dimanche après Noël, soit ce 5 janvier 2025, mais, sans avoir bouleversé la tradition de la galette du 6 janvier.

Bonne fête donc aux Tiphaine et Tiffanie. Mais, il va de soi que l’on fête aussi les Balthazar, les Gaspard et les Melchior qui sont les noms des trois Rois mages que la tradition fait arriver aujourd’hui même dans la crèche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2025

L’adoration des Rois Mages, une œuvre de Josef Moroder-Lusenberg (vers 1880)  

Le baptême du Christ par Giotto

 
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1477, France, fête régionale, 5 janvier Bruno Teissier 1477, France, fête régionale, 5 janvier Bruno Teissier

5 janvier : la fête de la Lorraine

Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisqu’elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de bien fâcheuses circonstances…

 

Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisque elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de fâcheuses circonstances. En effet, Aurora, un groupe héritier de Génération Identitaire, raciste, antisémite et homophobe avait appelé à une marche aux flambeaux le 5 janvier dans les rues de Nancy pour célébrer cette date. Comme l’Action française et plusieurs autres groupes de l’ultra droite se sont joints à cette initiative, des mouvements d’extrême gauche et des groupes antifa avaient, à leur tour, annoncé une contre-manifestation le même jour… La préfecture a jugé bon d’interdire ces deux manifestations qui risquaient de dégénérer en violences dans les rues de la capitale historique de la Lorraine.

Si les Lorrains ont presque totalement oublié cette fête, c’est que sa célébration a été totalement interdite à partir du moment où la Lorraine a été intégrée au royaume de France en 1766. Pays très centralisateur, la France n’a jamais vu d’un bon œil les fêtes régionales. Les rares dates ont été souvent récupérées par les pires mouvements identitaires, comme la Sainte-Geneviève à Paris, et de ce fait sont ignorées par le reste de la population.

En Lorraine, seul, un petit parti régionaliste, le Parti Lorrain, fondé en 2010, tente de réactiver la fête de la Lorraine. Chaque année, il organise une un rassemblement place Saint-Epvre, devant la statue du duc René II de Lorraine. Et cette manifestation, elle, n’a pas été interdite par le préfet ce 5 janvier. Le choix de ce lieu est une manière de se démarquer des mouvements d’extrême droite qui pris avaient l’habitude de se manifester, chaque 5 janvier, place de la Croix-de-Bourgogne devant le monument commémorant la bataille de Nancy du 5 janvier 1477.

C’est cette victoire lorraine qui a été célébrée chaque 5 janvier, jusqu’à son interdiction. Ce fait d’armes est situé à la marge du roman national français car il concerne des États qui n’existent plus, en premier lieu le duché de Bourgogne. C’était un État puissant à l’époque, il dominait le territoire de la Bourgogne et la Franche comté actuelles ainsi que les Pays-Bas bourguignon, soit l’actuel Benelux. La conquête du Duché de Lorraine, État indépendant, aurait permis à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, de relier tous ses domaines et de devenir un sérieux rival du roi de France.

Face à la menace, le duc de Lorraine, René II, finit par prendre les devants et déclara la guerre au Téméraire, en mai 1475. Vite défait, René II se réfugie en Suisse. Le duc de Bourgogne se retourne alors contre la Suisse et là son destin va chavirer : il est battu à la célèbre bataille de Morat, le 22 juin 1476. Les Lorrains en profitent alors pour se révolter contre l’occupant bourguignon. Le duché de Lorraine recouvre son indépendance, René II reprend Nancy le 7 octobre 1476. Mais le Téméraire n’a pas dit son dernier mot, et ce sera bien le dernier. Il lance toute son armée contre Nancy qui est assiégée. Mais René II, soutenu par les Alsaciens et des mercenaires suisses, écrase son ennemis lors d’une bataille décisive devant Nancy, le 5 janvier 1477. Charles Téméraire y laisse la vie, on ne retrouvera son cadavre que trois jours plus tard.

La Lorraine conserve son indépendance. L’héritage du duc de Bourgogne fera l’objet d’affrontements entre la France et les Habsbourg lesquels récupèrent les Pays-Bas. La Lorraine sera plus tard cédée à la France par le dernier descendant des ducs de Lorraine. Elle sera ensuite donnée en viager au roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski. À la mort de ce dernier, en 1766, elle est intégrée définitivement au royaume de France. Il ne sera plus question de célébrer son indépendance chaque 5 janvier comme l’avait ordonné René II qui organisait un grand défilé dans les rues de Nancy pour l’occasion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2025

Commémoration de la Fête nationale de la Lorraine par le Parti Lorrain, place Saint-Epvre, à Nancy, le 6 janvier 2019 (source : Wikipedia)

Ce monument commémoratif dit Croix de Bourgogne a été érigé en 1928 à l’emplacement où on a retrouvé le corps de Charles le Téméraire. L’extrême droite locale en avait fait un lieu de rassemblement chaque 5 janvier.

 
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1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier 1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier

4 janvier : Amador, héros de la lutte anti-esclavagiste

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci avait mené une révolte d'esclaves et avait tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais…

 

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci, au XVIe siècle, a mené une révolte d'esclaves et a tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais. Mais, Lisbonne ayant envoyé du renfort, Amador a fini par être capturé et exécuté, le 4 janvier 1596. Depuis 2005, l'anniversaire de ce jour est férié sous le nom de Jour du martyre (Dia dos Mártires) ou Jour du Roi Amador (Dia do Rei Amador)

La révolte a débuté le 9 juillet 1595 avec le meurtre de plusieurs Portugais lors de la messe de l'église de la Trinité, et s'est terminée le 29 de ce mois avec la défaite de son chef. Au cours des trois semaines du soulèvement, les esclaves ont détruit de nombreuses plantations de canne à sucre et des moulins. La dernière bataille a eu lieu le 28 juillet quand Amador a attaqué la ville avec une armée de 5 000 hommes (soit la moitié des esclaves de Sao Tomé), un effectif plus important que celui des colons mais bien moins armés. Suite à la défaite des mutins, les principaux commandants d'Amador ont été arrêtés et pendus. Amador Rei, lui, ne sera rattrapé que quelques mois plus tard. Pendant le soulèvement, plus des deux tiers des sucreries ont été détruites. La production de sucre à Sao Tomé-et-Principe n'atteindra jamais son niveau d'avant la révolte. La révolte n’a fait qu’accélérer un déclin engagé dès 1580. 

Nous n'avons de lui aucun portrait authentique, il n'empêche que la tête d’Amador Rei (une légende fait de lui un roi) figure sur tous les billets de banque du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2025

 
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1833, Argentine, revendications territoriale, 3 janvier Bruno Teissier 1833, Argentine, revendications territoriale, 3 janvier Bruno Teissier

3 janvier : l’Argentine ne se lasse pas de réclamer les Malouines

Inlassablement, chaque 3 janvier le gouvernement argentin demande de renégocier le statut de l'archipel des Malouines conformément aux recommandations de l’ONU. Les arguments sont géographiques, historiques et juridiques mais tous demeurent contestables.

 

Inlassablement, chaque 3 janvier le gouvernement argentin demande de renégocier le statut de l'archipel des Malouines conformément aux recommandations de l’ONU. Les arguments sont géographiques, historiques et juridiques mais tous demeurent contestables.

L'Argentine fonde sa revendication sur le principe de l'uti possidetis iuris (principe d'intégrité territoriale), puisque les îles sont situées à l'intérieur du plateau continental argentin. Avec un tel principe, la Turquie serait en mesure d’annexer une quinzaine d’îles grecques. En réalité, aucun élément du droit international ne permet de s’appuyer sur des considérations géologiques ni même géographique, car la proximité n’est pas non plus un argument. Car dans ce cas, le Maroc pourrait revendiquer les Canaries.

Le Royaume-Uni fait systématiquement appel au principe de l'autodétermination des peuples, qui est un des fondements des Nations unies. Mais, l’Argentine estime qu’il ne s'applique pas à la question des Malouines car il s'agit d'une population implantée par le même État qui a pris possession de l’archipel. Or, ici, aucun peuple autochtone n’a été dépossédé. Les premiers occupants sont des Français, originaires de Saint-Malo (d’où le nom de l’archipel), en 1764, installés par Louis-Antoine de Bougainville. Suivis de peu par des Anglais dans une autre partie de l’archipel. John Byron prend à son tour possession des îles au nom du roi d’Angleterre et des colons britanniques débarquent en 1766. Au bout de quelques années, ils quitteront l’archipel, lequel restera quasiment désert pendant plusieurs décennies. Les Français ont renoncé à leurs droits sur les îles pas les Anglais.

Le principal argument des Argentins est juridique. Bougainville avait pris possession des îles au nom du roi de France qui, dans le cadre d’une police de bon voisinage, avait cédé ses droits à l’Espagne et évacué les colons français, lesquels d’ailleurs, n’ont jamais été remplacés par des colons espagnols. L’Argentine ayant hérité de l’Espagne, le 6 novembre 1820, le colonel de la marine argentine David Jewett prend officiellement possession des îles Malvinas (Malouines) au nom des Provinces-Unies du Río de la Plata, hissant pour la première fois le drapeau argentin. Hormis une poignée de militaires, il n’y a pas eu de peuplement argentin. Le continent étant bien plus hospitalier que ces îles perdues.

En 1833, le 3 janvier précisément, des troupes britanniques débarquent et occupent les îles sans combat, la présence argentine n’étant que symbolique. L’archipel des Malouines (Falkland Islands) va commencer à se peupler de colons britanniques.

Mais, l’Argentine n’a jamais abandonné sa revendication. En 1982, la junte au pouvoir à Buenos Aires tente une conquête de l’archipel qui se termine en déroute avec plus de 900 morts surtout argentins. Ils sont honorés chaque 2 avril. Il y a un consensus national sur cette question, car la guerre des Malouines est un traumatisme argentin. « la souveraineté de l'Argentine sur les îles Malouines n'est pas négociable». Affirme le président Milei, en plein processus de réhabilitation de la dictature, sauf qu’il a d’emblée écarté l’option militaire.

L’objectif de Milei est d’obtenir un processus de rétrocession comme pour Hong Kong. La comparaison, toutefois n’est pas très pertinente, la majeure partie de la colonie britannique reposait sur un bail de 99 ans qui touchait à sa fin et la population de la ville est chinoise pour l’essentiel. D’ailleurs les Hongkongais n’ont pas été consultés ni par Pékin ni par Londres. En revanche, les Malouins l’ont été en 2013 : 99,8 % des 3000 habitats pour conserver leur statut de territoire britannique d'outre-mer.

Chaque 3 janvier, la Journée de confirmation de notre souveraineté sur les îles Falkland, les îles Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les environs maritimes (el Día de la reafirmación de nuestra soberanía sobre las Islas Malvinas, Georgias del Sur, Sandwich del Sur y los espacios marítimos circundantes) est l’occasion d’adresser une réclamation au Royaume-Uni, en s’appuyant sur les institutions de l’ONU qui ont classé l’archipel des Malouines parmi les territoires à décoloniser.

On peut d’ailleurs s’interroger sur cette liste de territoires à décoloniser où ne figurent ni le Tibet ni la Tchétchénie ni le nord de Chypre ni la Yakoutie ni le Cachemire ni l’Irian Jaya ni l’Ostéite du Sud… et sur la composition du Comité spécial de la décolonisation chargé d’élaborer cette liste. Aucun pays européen n’y figure à l’exception de la Russie dont l’empire colonial reste encore considérable. Quant à l’Asie, elle est représentée par la Chine, l’Indonésie et l’Inde… on comprend mieux les oublis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2025

 
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carnaval, Afrique du Sud, 2 janvier Bruno Teissier carnaval, Afrique du Sud, 2 janvier Bruno Teissier

2 janvier : en Afrique du Sud, le second Nouvel An du Cap

Au Cap, on célèbre le 2 janvier, un second Jour de l’An lié à l’histoire de l’esclavage. Avec la fin de l’apartheid et des restrictions aux festivités organisées par les Noirs et les Métis, la fête a pris l’allure d’un véritable carnaval emblématique de la culture de la ville.

 

Les festivités liées au changement d’année, qui ont lieu au cœur de l’été austral, durent plusieurs jours au Cap, en Afrique du Sud. Depuis plus de deux siècles un Second Nouvel An (Tweede Nuwe Jaar) est célébré le 2 janvier. Avec la fin de l’apartheid et des restrictions aux festivités organisées par les Noirs et les Métis, la fête a pris l’allure d’un véritable carnaval emblématique de la culture de la ville, le Cape Town Minstrel Carnival qui cette année se terminera par la grande parade du 4 janvier 2025. De nombreuses rues du centre-ville seront fermées jusqu’au 5 janvier 2025 à minuit.

Ce second Nouvel An est un héritage de l’époque de l’esclavage (aboli en 1834) et d’une société ségrégationniste qui a persisté jusqu’en 1994. Les populations d’origine européenne célébraient la nouvelle année le 1er janvier avec une grande fête. Le lendemain, il était d’usage de laisser leur journée libre aux esclaves. Ces derniers avaient pris l’habitude de fêter leur propre Jour de l’An en organisant chaque 2 janvier, une fête très colorée, toute en musique. Les Blancs désignaient l’évènement comme le Coon Carnival (« Carnaval noir »), une appellation méprisante qui n’a plus court aujourd’hui pour le Cape Town Minstrel Carnival (« Carnaval des ménestrels du Cap »). À l’origine, la fête débutait dans le quartier malais de Signal Hill (Boo-Kaap) avec les chants des chœurs malais et des tambours ghoema. Peu à peu la fête s’est institutionnalisée, des troupes de chanteurs et musiciens (les klopses) de sont formées. Si bien que la fête est aussi connue familièrement sous le nom de Kaapse Klopse ou simplement de Klopse.

À l’époque de l’apartheid,  les lois sur la circulation et sur les « rassemblements illégaux » étaient utilisées pour imposer des obstacles aux organisateurs du festival des ménestrels qui était cantonné à certains quartiers et finalement confiné au stade Athlone, celui qui était utilisé pour les spectateurs « non blancs ». Pas question à l’époque de traverser le District Six, celui d’où ont été expulsés 60 000 Coloureds en vue d’en faire un quartier réservé aux Blancs.

La fête a repris de son importance avec la chute de la dictature et l’abolition de l’apartheid en 1994. Elle débute l’après-midi du 1er janvier, les chorales malaises du Cap (nagtroepe) commencent leur parade qui se poursuit le 2 janvier et le samedi qui suit. Ensuite, la compétition entre troupes de ménestrels a lieu les cinq samedis de suite (cette année jusqu’au 1er février).

Des milliers de personnes en uniformes scintillants, le visage peint, des chapeaux et des ombrelles défilent dans les rues de la ville, jouant leur musique ghoema caractéristique sur des banjos, des trompettes et des tambours. Les troupes sont espacées de manière que chaque représentation se déroule séparément, ce qui permet aux spectateurs d'entendre chaque troupe. Chaque troupe a également sa propre structure, avec des membres non-instrumentistes appelés voorlopertjies qui ouvrent la voie avec des mouvements de danse extravagants tandis que le groupe fournit la bande sonore de fond.

La parade attire chaque année une foule de 80 000 à 100 000 spectateurs, désireux de découvrir plus de 18 troupes de ménestrels et 20 000 artistes. Elle commencera sur Hanover Street au cœur du District Six, les équipes étant déposées près de Russell Street. Le cortège officiel débutera à Sir Lowry Road et Hanover Street. Après la prière du jeudi (midi), la première troupe lancera les festivités à 13h15. Ce 4 janvier 2025, les 20 troupes défileront sur l'ensemble du parcours, en commençant par Darling Street, en passant par le Hollywoodbets Purple Mile et en continuant sur Adderley Street. Le défilé remontera ensuite Wale Street, passera devant les jardins de la Compagnie et traversera Buitengracht Street avant d'entrer dans le quartier historique de Bo-Kaap (Schotsche Kloof). Le parcours se terminera sur Rose Street.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2025

Kaapse Klopse défilant à Cape Town, le 2 janvier 2017 (photo Olga Ernst)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

1er janvier : le traditionnel bain du Nouvel An en mer du Nord et ailleurs

La pratique des bains de mer du Nouvel An connaît un engouement spectaculaire depuis une dizaine d’années. C’est en mer du Nord, là où les conditions sont souvent les plus difficiles, qu’il attire les plus grosses foules.

 

Tous les ans, aux Pays-Bas, la Nieuwjaarsduik (le plongeon du Nouvel an) attire des dizaines milliers de nageurs intrépides prêts à affronter une eau à 7 ou 8 degrés. En principe, 226 spots de baignade étaient prévus aux seuls Pays-Bas mais cette année les conditions seront difficiles en mer du Nord.

Tout a commencé à Scheveningen, la grande station balnéaire de La Haye, en 1965 à l’initiative de Jan van Scheijindel, ancien du club de natation de La Haye Sport Na Arbeid (SNA). Chaque année cette plage accueille, à elle seule, quelque 10 000 baigneurs, sponsorisés par Unox, une marque de plats cuisinés qui distribue aux participants un bonnet orange et une soupe chaude. Mais, cette année, la plongée du 1er janvier 2025 à Scheveningen est annulée en raison de vents forts, de courants forts et de hautes vagues.

On se baigne aussi sur la côte belge. À Ostende, le bain des Ours polaires réunit chaque année quelque 6000 personnes. En France, à Dunkerque, le bain des Givrés, le plus grand rassemblement de la région, attire des milliers de personnes dans une ambiance de carnaval. Cette année, le rendez-vous est fixé à 11h devant le Malouin, digue de mer. Le top départ du bain du Nouvel An est donné à midi pile. L’an dernier, malgré une température extérieure de 7°C et un ressenti à 3°C, en raison d’un vent un peu glacial, ils étaient près de 2 000 baigneurs à avoir pris d’assaut la mer du Nord.

De nombreux bains collectifs sont prévus également sur la côte normande. Mais les mercredi 1er et jeudi 2 janvier 2025, un fort coup de vent est attendu sur l’ensemble des côtes de la Manche. Les rafales pourraient atteindre les 100/120 km/h le long des côtes. Certains bains pourraient donc être annulés en raison de conditions météorologiques défavorables voire dangereuses.

Cette pratique connaît malgré tout un engouement spectaculaire depuis une dizaine d’années en France, on se baigne aussi dans les lacs et les rivières et bien sûr en Méditerranée dans une eau à 10 à 12 degrés, ce qui est un peu moins héroïque. Martigues a organisé hier un bain de la Saint-Sylvestre, aujourd’hui, c’est au tour de Marseille sur la plage du Petit-Roucas.

Cette tradition du XXe siècle, comme beaucoup d’autres, vient en fait des États-Unis. Fondés à une année d’intervalle, le Coney Island Polar Bear Club et le L Street Brownies organisent des bains d’hiver dès 1903 et 1904, respectivement à New York (à l’initiative de Bernarr Macfadden) et à Boston. Limités à l’époque à quelques membres des clubs, ces bains du Nouvel Ans attirent désormais des milliers de baigneurs inscrits (et souvent costumés) et de de nombreux curieux.

Au Canada, les membres du Polar Bear Swim Club de Vancouver plongeaient dans l'eau glacée Plage de la Baie des Anglais, le jour de Noël (comme le font les Anglais). Plus tard, cette tradition née en 1920, s’est portée sur le jour de l'An. Cette nage hivernale, sous la glace, est appelée la nage avec l'ours polaire (polar bear plunge). Plus d’un millier de personnes s’y adonnent chaque année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2024

Nieuwjaarsduik, Scheveningen 2010 (photo : Alexander Fritze)

Le 1er janvier 2018, sur la plage de Haeundae, à Busan, en Corée du Sud (photo : municipalité de Busan)

 
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