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États-Unis, 20 avril, contre-culture Bruno Teissier États-Unis, 20 avril, contre-culture Bruno Teissier

20 avril : la journée du cannabis

Four-twenty, 4:20 ou 4/20 est l’expression couramment utilisée en Amérique du nord pour désigner tout à la fois un jour : le 20 avril, une heure : 16h 20 et un événement : la journée internationale du cannabis, une grande fête de la contre-culture…

 

Four-twenty, 4:20 ou 4/20 est l’expression couramment utilisée en Amérique du Nord pour désigner tout à la fois un jour : le 20 avril, une heure : 16h 20 et un événement :  la Journée internationale du cannabis, grande fête de la contre-culture ! Chaque 20 avril, dans plusieurs endroits de par le monde, divers rassemblements spontanés ont lieu où les participants sont invités à fumer du cannabis en public (et pas seulement à 16h20, moment propice pour cela semble-t-il) pour protester contre sa prohibition et, aux États-Unis, faire pression sur le Congrès pour légaliser la marijuana (un dérivé du cannabis).

Plusieurs théories tentent d’expliquer l’origine de l’expression « four-twenty ». On dit qu’elle viendrait d’un groupe de lycéens de San Rafael, en Californie, qui, dans les années 1970, aurait pris l’habitude de se donner rendez-vous tous les jours à 16h 20 pour fumer du cannabis. Cette heure précise ferait référence à une nouvelle de H.P.Lovercraft, Les murs d’Eryx, dans laquelle le héros, explorant la planète Vénus, se réveille à 16h 20 après avoir goûté d’une plante hallucinogène. Une autre explication renvoie à une chanson de Bob Dylan : Rainy day women #12 & #35, dont le refrain est Everybody must get stoned et qui donne le nombre 420 si l’on multiplie 12 par 35… un peu fumeux comme explication à la gloire d’un produit qui fait tant de dégât de par le monde. N’oublions jamais que ce produit et d’autres sont à l’origine d’un trafic mondial qui produit de la violence. Comme tout commerce, il ne repose que sur les consommateurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2024

 
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1825, Uruguay, Guerre d'indépendance, 19 avril Bruno Teissier 1825, Uruguay, Guerre d'indépendance, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : le débarquement des 33 patriotes à l’origine de l’Uruguay

L’Uruguay commémore le débarquement d’un groupe de révolutionnaires en exil, venus pour chasser les autorités brésiliennes qui administraient le pays. Ce qui permettra à l’Uruguay de proclamer son indépendance quelques semaines plus tard.

 

C’est une geste patriotique que l’Uruguay célèbre chaque 19 avril par un jour férié. Avant d’exister en tant qu’État, l’Uruguay a vu son territoire disputé par les Argentins, les Brésiliens et même les Anglais. En 1821, le pays a été annexé par le Brésil, sous le nom d'« État Cisplatino ». Le 19 avril 1825, à 23 h., un groupe de révolutionnaires uruguayens en exil dirigé par Juan Antonio Lavalleja,  traversait secrètement le fleuve Uruguay et débarquait sur la plage d'Agraciada. Ils étaient trente-trois. Avant son annexion, l’Uruguay avait constitué la province orientale de l’Argentine, si bien que ces patriotes, encouragés par l’Argentine, étaient appelés les Orientaux et ce jour férié commémore le Le Débarquement des 33 Orientaux (Desembarco de los 33 Orientales).

Une fois sur l’autre rive du Rio de la Plata, ils plantèrent ce qui sera connu sous le nom de “drapeau des 33 Orientaux” et prêtèrent serment d'expulser le gouvernement brésilien d'Uruguay. Quatre mois plus tard, faute d’avoir réintégré le giron argentin, l'Uruguay déclarait officiellement son indépendance du Brésil, le 25 août 1825. Après 500 jours de combats (guerre Argentine-Brésil), le Brésil finira par reconnaître l'indépendance de l'Uruguay en 1828.

Des années plus tard, alors que l'État oriental de l'Uruguay devenait une nouvelle nation souveraine, sur ordre du gouverneur et capitaine général de l'État, le général de brigade Juan Antonio Lavalleja, le colonel de l'époque, Manuel Oribe, reçut l'ordre de préparer la « Liste officielle des 33 Orientales ». » de 1825, qui fut certifiée par le général Lavalleja le 28 juillet 1830.

Cette liste comprenait : le Colonel Don Juan Antonio Lavalleja, lieutenant-colonel Don Manuel Oribe ; les sergent-majors Don Pablo Zufriategui et Don Simón del Pino ; les Capitaines Don Manuel Lavalleja, Don Jacinto Trápani, Don Manuel Freire, Don Gregorio Sanabria, Don Santiago Gadea, Lieutenants Don Basilio Araujo, Manuel Menéndez, Enseigne Don Atanasio Sierra, Don Pantaleón Artigas ; Sergents Don Juan Spikerman, Don Andrés Areguat, Don Celedonio Rojas ; Cabos, Avelino Miranda, Agustín Velázquez ; le cadet Don Andrés Spikerman ; Soldats Ramón Ortiz, Juan Ortíz, Ignacio Nuñez, Francisco Lavalleja, Carmelo Colmán, Santiago Nevas, Juan Rosas, Juan Acosta, Luciano Romero, Ignacio Medina, Felipe Carapé, Baqueano Andrés Cheveste. Esclaves Joaquín Artigas et Dionisio Oribe'. (Ces deux derniers furent libérés par Lavalleja comme soldats, au quartier général de Barra del Pintado de la Florida, en juin 1825).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2024

 
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Vietnam, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Vietnam, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

18 avril : la commémoration des rois Hùng, fondateurs du Vietnam

Chaque année, au dixième jour du troisième mois lunaire, les Vietnamiens se dirigent vers la montagne sacrée de Nghia Linh pour célébrer des rois Hùng, qui auraient fondé le royaume de Van Lang, ancêtre du Vietnam actuel. Une célébration traditionnelle aujourd’hui très encouragée et encadrée par les autorités communistes.

 

Chaque année, le dixième jour du troisième mois lunaire, les Vietnamiens se dirigent vers la montagne sacrée de Nghia Linh dans la province de Phu Tho (au nord-ouest de Hanoï), pour célébrer des rois Hùng, qui ont fondé le royaume de Van Lang, ancêtre du Vietnam actuel. C’est le Jour de la commémoration des rois Hùng (Giỗ Tổ Hùng Vương).

Les rois Hùng auraient gouverné le pays pendant la période Hồng Bàng (de 2879 avant JC à 258 avant J.-C.). Kinh Duong Vuong est considéré, par la tradition, comme le fondateur de la nation vietnamienne. Évidemment, il s’agit d’une tradition largement réinventée au Moyen-Âge qui avait été, dans un premier temps, occultées par les communistes. Avec les réformes (Đổi Mới) de 1986, les fêtes traditionnelles ont été réactivées, en particulier cette fête annuelle du temple des rois Hùng. Les célébrations des rois Hùng, très locales à l’origine, ont été adoptées par les autorités provinciales, puis se sont imposées au niveau de l'État. Le gouvernement étant soucieux de renforcer l’identité vietnamienne jugée vulnérable face à l'influence étrangère croissante. Depuis 2007, cette fête est devenue un jour férié national. En 2012, à la suite d'une décision de l'Unesco, « Le culte des rois Hùng à Phú Thọ » est officiellement intégré à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Ce qui a donné une notoriété et une dimension nouvelle à une fête, jusque-là, peu connue. De nos jours, chaque année, des millions de pèlerins se rendent au temple des rois Hùng, sur le mont Nghĩa Lĩnh. Les festivités sont désormais étalées sur une semaine. Sur leur chemin, les pèlerins s'arrêtent à chaque petit temple avant d'atteindre finalement le temple Hùng au sommet de la montagne.

Les festivités, jadis occultées par le Parti communiste, sont à présent encouragées par les autorités qui y voient, avant tout, une manifestation nationale, voire nationaliste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 avril 2024

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

17 avril : l’anniversaire du dieu Ram et la campagne électorale de Narendra Modi

Les hindous célèbrent Rama Navami, fête majeure de l’hindouisme. S’il est un lieu où la fête doit être grandiose, c’est Ayodhya, la ville où la légende a fait naître le dieu Ram. Un gigantesque temple y a été construit ces dernières années, le Ram Janma Bhoomi, que Narendra Modi inauguré en début d’année avec d’évidentes arrière-pensées électorales.

 

Les hindous célèbrent Rama Navami (राम नवमी ), l’anniversaire  du dieu Ram, septième incarnation de Vishnou. Cette fête majeure de l’hindouisme est célébrée dans le monde entier par le biais de la diaspora indienne, de Londres aux Caraïbes, de l’Afrique du Sud à Singapour ou Fidji et bien sûr dans l’Inde tout entière.

S’il est un lieu où la fête doit être grandiose, c’est Ayodhya, la ville indienne où la légende a fait naître de Ram. Un gigantesque temple y a été construit ces dernières années, le Ram Janma Bhoomi, que Narendra Modi est venu inaugurer le 22 janvier dernier, même si les travaux sont encore loin d’être terminés. Ce 17 avril, soit le neuvième jour après la nouvelle lune d’avril, aurait été la date idéale pour une inauguration qui se voulait très médiatique. Mais, on est à quelques jours des élections législatives et la Commission électorale indienne aurait sans doute empêché la participation du Premier ministre à un tel événement. L’inauguration en janvier était plus prudente et tout aussi payante électoralement. Car c’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs décennies de la part des extrémistes hindous que d’imposer leur religion au centre de l’identité indienne. C’est le combat de tous les jours de Narendra Modi. Pour construire le temple d’Ayodhya, sur l’emplacement désigné comme le lieu exact de la naissance de Ram, il a fallu détruire une vénérable mosquée datant du XVIIe. C’était en 1992, des fanatiques religieux avaient incité la foule à détruire pierre après pierre la Babri Masjid. À l’époque, les autorités indiennes avaient condamné mais rien n’avait été fait pour empêcher la destruction qui était considérée comme le point culminant du grand projet idéologique du BJP, parti politique lancé il y a trois décennies par le mouvement Ram Janmabhoomi de LK Advani. Cette politique est présentée comme la correction des torts historiques subis par les hindous « au cours de leurs mille ans d’esclavage ». Ainsi s’exprime la propagande du BJP, le parti de Narendra Modi que l’on donne gagnant aux prochaines élections. Narendra Modi n’a pas eu un mot pour les musulmans, dont la mosquée a été réduite à néant. En revanche, il a présenté le temple de Rama comme un symbole d’une Inde en plein essor, qui « brise les chaînes de la mentalité esclavagiste ». Les nationalistes hindous, au pouvoir, considèrent en effet que le pays a été victime de douze siècles d’esclavage sous les sultans et empereurs moghols (musulmans) puis sous les Britanniques.

La destruction de la mosquée d’Ayodhya fut à l’origine de l’une des vagues de violence religieuse les plus meurtrières de l’histoire indienne.  Cette situation n’est pas sans rappeler les tensions extrêmes qui règnent à Jérusalem, où une extrême droite nationaliste et religieuse est au pouvoir et où existent des foyers d’extrémistes rêvant de détruire la mosquée d’Al-Aksa pour y reconduire à la place un temple juif disparu depuis 2000 ans. À Ayodhya, les hindous en sont convaincus, la mosquée avait été construite à la place d’un temple dédié au dieu Rama.

L'histoire du dieu Rama est racontée dans le “Ramayana de Valmiki”, l'une des épopées les plus importantes de l'hindouisme, qui remonte au VIIIe ou VIIe siècle avant JC. Ayodhya était alors au sommet de sa prospérité sous le règne du roi Dashrath. La fête de Ram Navami, correspond au 9e et dernier jour de Chaitra Navratri, une période fête qui, cette année, a commencé le 9 avril. Pendant ces journées, beaucoup d'hindous font un régime végétarien strict puis un jeûne durant toute la journée du Ram Navami qui est un jour de prière. Un peu partout en Inde, on joue des adaptations théâtrales du Râmâyana appelées les Ram Lila.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2024

 
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1862, États-Unis, Abolition de l'esclavage, 16 avril Bruno Teissier 1862, États-Unis, Abolition de l'esclavage, 16 avril Bruno Teissier

16 avril : Washington fête l’émancipation des Noirs

Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Elle a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia.

 

Ce jour férié du District de Columbia est très récent compte tenu de l’ancienneté de l’événement auquel il fait référence. Tout au long du XIXe siècle, on avait fêté l’émancipation des Noirs du district obtenue par un décret du président Abraham Lincoln, le 16 avril 1862. À partir de 1866, des concerts, des feux d'artifice ainsi que le défilé traditionnel du Jour de l'Émancipation (Emancipation Day) avec les fanfares des écoles locales et ses chars colorés, avait lieu chaque année jusqu’à la fin du siècle. Le dernier eut lieu en 1901. Cette fête qui célébrait la liberté des Noirs de la capitale a été complètement oubliée durant tout le XXe siècle. Un siècle pendant lequel les Noirs américains ont lutté pour devenir citoyen. À Washington, la fête a été relancée en 2000 et c’est en 2005 que le 16 avril a été officiellement déclaré jour férié dans le District de Columbia. Si le 16 avril tombe pendant un week-end, la célébration a lieu le jour de la semaine le plus proche.

La loi a libéré plus de 3 000 esclaves dans le district de Columbia. Elle accordait aussi aux propriétaires d'esclaves restés fidèles à l'Union une compensation de 300 dollars du gouvernement fédéral pour chaque esclave libéré. Le gouvernement fédéral a également offert, ce qui a été très rarement fait, 100 dollars aux anciens esclaves, mais c’était pour les encourager à émigrer vers le nord, ce que peu ont fait. Le District de Colombia a longtemps été un refuge pour les Noirs, en dépit des restrictions locales au droit de vote qui existent toujours. Ceux-ci représentent aujourd’hui la moitié de la population du DC, ce fut même plus des deux tiers à la fin du XXe siècle.

L’idée d’une abolition de l’esclavage est un peu plus ancienne. Dès 1849, soit un an après la libération des esclaves français, alors qu'il était simple député, Lincoln présenta un plan visant à éliminer l'esclavage à Washington DC, par le biais d'une émancipation compensée. Le projet de loi a échoué. On s’est contenté, en 1850, d’interdire la vente et l'achat d'esclaves dans le District de Columbia sans remettre en cause la propriété des esclaves dans la capitale dont les résidents pouvaient toujours acheter et vendre des esclaves dans la Virginie et le Maryland voisins.

L'émancipation dans le District de Columbia est devenue possible en 1861 après le départ des sénateurs et des représentants des États sécessionnistes qui avaient bloqué la fin de l'esclavage dans le district, ne voulant pas d’une émancipation qu’elle qu’en soit l’endroit. 

C’est le Treizième amendement à la Constitution, ratifié le 6 décembre 1865, qui a finalement aboli l'esclavage « aux États-Unis ou dans tout lieu soumis à leur juridiction ». Les Noirs américains attendront encore plus d’un siècle pour être de vrais citoyens (avec le droit de vote acquis en 1967 seulement). Dans 42 des 50 États américains, le Jour de l’émancipation est observé le 19 juin (Juneteenth), commémorant la libération des esclaves au Texas, le 19 juin 1865. Les autres observent leur propre jour de l'émancipation à une date qui leur est propre, comme le district de Columbia, le 16 avril.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024

 
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1948, Inde, Himachal Pradesh, 15 avril Bruno Teissier 1948, Inde, Himachal Pradesh, 15 avril Bruno Teissier

15 avril : l’anniversaire de l’Himachal Pradesh

Créé le 15 avril 1948, en réunissant trente principautés qui vivaient encore à l’âge féodal, l’Himachal Pradesh a d’abord été un simple territoire directement administré par New Delhi avant de devenir un État.

 

C’est le 15 avril 1948, quelques mois après l’indépendance de l’Inde que l’Himachal Pradesh a été constitué en province, administrée par un commissaire en chef, qui représentait le gouvernement de l'Inde. Pour la créer, les autorités ont réuni trente principautés qui vivaient encore à l’âge féodal, dont Kangra , Jaswan, Datarpur, Guler, Rajgarh , Nurpur , Chamba, Suket, Mandi, Bilaspur… L’Anniversaire de l’Himachal (हिमाचल दिवस) est célébré chaque année par un jour férié et des festivités.

La région est située au nord du Pendjab, sur les contreforts de l’Himalaya. C’est le célèbre érudit sanskrit Acharya Diwakar Datt Sharma a inventé le terme d’Himachal qui signifie « pentes enneigées ». Sa capitale, Shimla était le quartier général d'été des vice-rois britanniques d'avant l'indépendance ; c'est aujourd'hui la capitale de l'État. Nichée à une altitude d'environ 2 200 mètres, c’est l'une des stations de montagne les plus grandes et les plus populaires de l’Inde. 

L’Himachal est ensuite devenu un semi-État, puis après l’absorption de nouveaux territoires (notamment l’État de Bilaspur), a ensuite accédé au statut d’État (pradesh en sanskrit), le 25 janvier 1971. Ce qui a généré un autre jour férié local.

Ce 15 avril 2024, la cérémonie de l'Himachal Day au niveau de l'État est organisée à Ridge Ground, dans la capitale Shimla. Un défilé de la police et des programmes culturels sont organisés à cette occasion sous la présidence du gouverneur Shiv Pratap Shukla.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2024

 
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1891, Inde, héros national, 14 avril Bruno Teissier 1891, Inde, héros national, 14 avril Bruno Teissier

14 avril : l’anniversaire du Dr Ambedkar, l’un des fondateurs de l’Inde actuelle

Il a été l’un des premiers intouchables à faire des études supérieures et à se hisser au plus haut niveau de l’État indien dont il a participé à la fondation. On lui doit l’essentiel de la constitution indienne, notamment les articles sur la laïcité, la lutte contre les discriminations… Il n’est pas vraiment dans la droite ligne de l’Inde de Narendra Modi mais son culte n’a cessé de grandir ces dernières années.

 

C’est le 134e anniversaire de Babasaheb Ambedkar et son aura n’a cessé de grandir ces dernières années. Cet homme, né dans un milieu défavorisé et qui sera l’un des premiers intouchables à faire des études supérieures, à bénéficier d’une bouse pour étudier aux États-Unis et à Londres, puis à se hisser au plus haut niveau de l’État indien dont il a participé à la fondation. Il fut député, ministre de la Justice, du Travail… On lui doit l’essentiel de la constitution indienne, notamment les articles sur la laïcité, la lutte contre les discriminations. Très jeune, il a lutté contre le système des castes et, une fois au gouvernement, il a mis en place une discrimination positive en faveur des plus défavorisés.

Bhimrao Ramjo Ambedkar est né le 14 avril 1891 à Mhow (appelé aujourd'hui Ambedkar Nagar) dans le Madhya Pradesh. Son anniversaire a été fêté publiquement pour la première fois à Pune, en 1928, par ses partisans. Mais il a fallu attendre 1990, à la veille de son centenaire, pour que le Dr Ambdekar reçoive à titre posthume le Bharat Ratna, la plus haute distinction civile indienne. La période 1990-91 fut, en outre, déclarée « Année de la justice sociale ». Certains État de l’Inde célèbrent le 14-Avril une journée de l’équité. Babasaheb Ambedkar (son surnom) est particulièrement vénéré par les intouchables qu’il appelait les datits, dont il était (car sa famille était de la caste des Mahars) ; mais aussi des bouddhistes, car un an avant sa mort, en 1956, il s’était converti au Bouddhisme pour protester contre le maintien de l’esprit des castes (pourtant abolies par la constitution) et la sur-représentation des hautes castes au sommet de l’État. Il avait entraîné avec lui la conversion en masse de plusieurs centaines de milliers d’intouchables.

Ambedkar Jayanti n'est pas une fête nationale en Inde. Mais, c'est un jour férié dans 25 États et territoires de l'Union indienne (sur 36) , dont Andhra Pradesh, Bihar, Chandigarh, Chhattisgarh, Goa, Gujarat, Haryana, Himachal Pradesh, Jammu-et-Cachemire, Jharkhand, Karnataka, Kerala, Ladakh, Madhya Pradesh, Maharashtra, Odisha, Pondichéry, Pendjab, Rajasthan, Sikkim, Tamil Nadu, Telangana, Uttarakhand, Uttar Pradesh, Bengale occidental…

Ces deux dernières décennies le culte d’Ambdekar a pris de l’ampleur. Le jour de son anniversaire, les gens se rassemblent devant les statues et les mémoriaux du Dr Ambedkar pour lui rendre hommage. Les autorités indiennes ont fini par s’y plier et à déclarer, localement, la journée du 14 avril comme fériée. Les écoles et les universités organisent des séminaires, des conférences et des discussions pour informer les jeunes générations sur la vie, les philosophies et les contributions d'Ambedkar. Les processions et rassemblements publics sont très courants dans le cadre des célébrations. On organise chaque année le marathon « Run for Ambdekar ». Des spectacles de danse et de musique traditionnelles illustrant les thèmes de l'égalité et de la justice sociale ajoutent une dimension culturelle aux célébrations. On prononce des discours et organise des débats sur des questions liées à la justice sociale et à la discrimination de caste.

Le Dr Ambdekar n’est pas vraiment dans la droite ligne de l’Inde de Narendra Modi mais son culte n’a cessé de grandir ces dernières années. On célèbre aussi l’anniversaire de sa mort (Mahaparinirvan Diwas), chaque 6 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 avril 2024

 
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Nouvel an, Bouddhisme, Birmanie, Cambodge, 13 avril, Thaïlande Bruno Teissier Nouvel an, Bouddhisme, Birmanie, Cambodge, 13 avril, Thaïlande Bruno Teissier

13 avril : un nouvel an bouddhique aussi mouillé que d'ordinaire

Les bouddhistes entrent aujourd’hui dans l’année 2567. Les Thaïlandais profitent généralement des 5 jours de congé pour retourner dans leur région d’origine et retrouver leur famille et amis. La période du nouvel an étant la plus chaude de l’année, de grandes batailles d’eau sont organisées dans les rues des villes de Thaïlande.

 

Ce 13 avril 2024, les bouddhistes entrent dans l’année 2567. En Thaïlande, les célébrations durent de 3 à 10 jours selon les régions. On commence toujours par un nettoyage complet de la maison puis on se rend au temple le second jour avec des offrandes, on y écoute l’enseignement de Bouddha, dont on asperge d’eau les effigies, enfin on se réunit pour partager un véritable festin non sans avoir, au préalable, versé de l’eau parfumée sur les mains et les pieds des personnes les plus âgées en signe de respect... avant, bien sûr, de se lancer dans de véritables batailles d’eau dans les rues. Selon les pays cette fête prend des noms différents : Songkran (สงกรานต์) en Thaïlande ; Thingyan, en Birmanie ; Pimai, au Laos ; Chaul Chnam thmey, au Cambodge...

La date exacte du nouvel an est déterminée par le calendrier lunaire, mais pour des raisons pratiques, les festivités en Thaïlande ont été fixées en date du 11 au 14 avril, on prévoit des embouteillages sur les routes. Au Laos, c’est du 13 au 16…

Songkran est une fête familiale au cours de laquelle les Thaïlandais profitent généralement des 5 jours de congé pour rentrer dans leur région d’origine et retrouver leur famille et leurs amis.

La période du nouvel an étant la plus chaude de l’année, de grandes batailles d’eau sont organisées dans les rues des villes de Thaïlande. À Chiang Mai, la coutume veut que des pick-up défilent dans les rues en transportant des bidons d’eau et tout le monde s’asperge d’eau, ce pendant cinq jours (contre trois dans le reste du pays). À Bangkok, certaines rues sont bloquées à la circulation pour permettre ces batailles d’eau en toute sécurité. La presse signale les meilleurs spots de la capitale pour célébrer l’événement.

Pendant la covid, la junte ultra-conservatrice alors au pouvoir à Bangkok avaient interdit ces batailles d’eau, avec l’idée de voir le pays revenir à la tradition qui consiste à se rendre au temple et à faire acte de respect envers les aînés ou son patron par un rituel appelé Rod nam dam hua (รดน้ำดำหัว) qui consiste à verser un peu d’eau parfumée sur les mains de la personne à qui on dédie ce rituel. On peut aussi s’asperger gentiment d’eau entre amis en se souhaitant mutuellement une vie heureuse. Mais les débordements consistant en un chahut généralisé dans les rues à coups de jets d’eau et lances à incendie, a toujours fortement déplu aux autorités.

En Birmanie, c’est la situation inverse : le gouvernement encourage à célébrer la fête de Thingyan, afin d’afficher une certaine normalité. C’est la population pour exprimer son opposition s’abstient de toute festivité pour montrer au pouvoir militaire, la junte au pouvoir depuis février 2021, qu’elle ne dispose d’aucun soutien populaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 avril 2024

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

12 avril : la journée des enfants en Bolivie, les filles comme les garçons

En 2013, pour donner plus de visibilité aux filles qui pouvaient être les oubliées de cette journée particulière accordée aux plus jeunes, un nouveau décret est venu modifier le nom de cette journée désormais appelée : el Día de la Niña y del Niño en el Estado Plurinacional de Bolivia (Journée de la fille et du garçon dans l'État plurinational de Bolivie).

 

L'Organisation des États Américains (OEA) et l'UNICEF se sont réunis le 12 avril 1952 pour rédiger une « Déclaration des principes universels relatifs aux enfants », afin de les protéger des inégalités et de la maltraitance. À cette occasion, il a été convenu que chaque pays fixerait une date pour célébrer ses enfants. Trois ans plus, tard, en avril 1955, le gouvernement bolivien, sous la présidence de Víctor Paz Estenssoro, instituait le 12 avril comme Journée des enfants (el día del Niño). Enfants et adolescents sont aujourd’hui quelque 4 millions en Bolivie.

En 2013, pour donner plus de visibilité aux filles qui pouvaient être les oubliées de cette journée particulière accordée aux plus jeunes, un nouveau décret est venu modifier le nom de cette journée désormais appelée : el Día de la Niña y del Niño en el Estado Plurinacional de Bolivia (Journée de la fille et du garçon dans l'État plurinational de Bolivie). Ce changement a été fait à l'initiative du Réseau parlementaire pour les enfants et les adolescents dans le but de rendre visible la situation des filles boliviennes, leurs besoins et les soins spécifiques dont elles ont besoin pour assurer leur droit à l'égalité et à l'équité des genres. La Bolivie est le seul pays, avec le Panama et le Nicaragua, à le préciser dans l’intitulé de cette journée.

La Bolivie est aussi le seul État à avoir opté pour le 12 avril (l’anniversaire de la conférence), les États américains ont choisi des dates très diverses : le 30 avril au Mexique, le dernier samedi d’avril en Colombie, le 1er juin dans des États influencés par l’URSS comme Cuba, le Nicaragua, l’Équateur…, le deuxième dimanche d’août au Chili et en Uruguay, le troisième dimanche en Argentine et au Pérou, le 16 août au Paraguay, le 9 septembre au Costa Rica, le 10 septembre au Honduras, le 1er octobre au Guatemala et au Salvador, le 12 octobre au Brésil… À l’échelle mondiale, c’est le 20 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 avril 2024

 
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1945, Allemagne, Nazisme, 11 avril Bruno Teissier 1945, Allemagne, Nazisme, 11 avril Bruno Teissier

11 avril : l’anniversaire de la libération du camp de Buchenwald

Le 11 avril 1945, les Américains libéraient 21 000 personnes, dont 9 000 enfants de ce camp de concentration allemand établi par les nazis près de Weimar. Environ 250 000 personnes y ont été internées. C’est aujourd’hui le 79e anniversaire de la libération de Buchenwald, situé dans une région aujourd’hui rongée par une extrême droite toujours tentée par les mêmes démons.

 

Le 11 avril 1945, les Américains libéraient 21 000 personnes, dont 9 000 enfants de ce camp de concentration allemand établi par les nazis près de Weimar. Environ 250 000 personnes de tous les pays d'Europe furent internées entre juillet 1937 et avril 1945 à Buchenwald. Au total, 34 375 décès sont enregistrés dans les dossiers du camp. Mais ne sont officiellement pas recensés les prisonniers de guerre soviétiques, assassinés d'une balle dans la nuque, les prisonniers de la Gestapo achevés dans le crématoire de Buchenwald (estimés à 1100), les victimes des convois d'évacuation des camps de l'Est arrivées à Buchenwald ou celles évacuées du camp dans des marches de la mort par les SS au printemps 1945. Parmi les survivants célèbres de ce camp : Jorge Semprun, Stéphane Hessel, Elie Wiesel…

Le Mémorial de Buchenwald, inauguré le 14 septembre 1958, aux environs de Weimar, est le plus grand site commémoratif des camps de concentration allemands et un témoignage fondamental sur les crimes nazis. Il se situe dans le Land de Thuringe, où, avec 23,4 % des voix aux élections législatives d’octobre 2019, l’extrême droite incarnée par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) occupe la deuxième place au Parlement régional. Le chef de file régional de l'AfD, autrefois proche des milieux néonazis, incarne le visage le plus extrémiste du parti. En avril 2024, la formation est créditée en Thuringe de 35 % des intentions de vote, loin devant la CDU et surtout le SPD du chancelier Scholz, qui a pratiquement disparu du paysage local. Des élections régionales sont prévues en septembre 2024 dans ce Land, ainsi que dans deux autres Länder d'ex-RDA, le Brandebourg et la Saxe. Lors d’une élection locale dans un district de Thuringe, en janvier 2024, le candidat de l’AfD a recueilli 47,6 %. En septembre 2023, on a même craint que l’AfD remporte la mairie de Nordhausen, la commune où se situe le camp de Buchenwald. Si finalement, le maire sortant, sans étiquette, a été reconduit avec près de 55% des voix, son adversaire d’extrême droite a tout de même fait 45%...

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 avril 2024

 
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30-31 mars : l’Aïd el-Fitr signe la fin du Ramadan

L’Aïd el-Fitr, qui signe la fin du Ramadan des musulmans est célébré ce soir dans une partie du monde musulman. Pour les autres, ce sera demain.

 

L’Aïd el-Fitr, qui signe la fin du Ramadan des musulmans est célébré ce soir dans une partie du monde musulman.

L’Aïd el Seghir (« la petite fête ») ou Aïd el Fitr (« fête de la rupture du jeûne », دُ ٱلْفِطْر,) dure trois jours ; elle marque la fin d’un mois de Ramadan qui a commencé le 1er ou le 2 mars 2025. La journée commence par une prière, généralement tôt et si possible à la mosquée. On a pris soin auparavant de faire une grande ablution, de revêtir ses plus beaux habits pour cette journée particulièrement festive après un mois de privation. Il est de coutume de verser une aumône aux plus pauvres (la zakat al-fitr), comme le demande l’islam, afin qu’ils puissent, eux aussi, célébrer l’Aïd. De même, on se réconcilie entre croyants et on se salue en se donnant mutuellement le pardon. On formule des vœux : Aïd Moubarak (« joyeuse fête »). 

C’est l’occasion de recevoir famille et amis, de s’échanger quelques cadeaux et surtout de partager un vrai repas. En Turquie, l’Aïd de ce jour a un autre nom : Seker Bayrami, c’est-à-dire le festival des sucreries. On se réunit généralement dans la maison du doyen de la famille et l’on déguste essentiellement des produits sucrés, gâteaux, fruits, café très sucré.

L’Arabie saoudite célèbre l’Aïd ce 30 mars, comme en Algérie et en Europe. Au Maroc, en Jordanie, en Syrie, Oman, en Asie orientale, du Bangladesh à l’Indonésie, cette fête n’arrivera que le 31 mars.

La fête est fixée selon le calendrier musulman qui suis les phases de la lune. Selon le calendrier grégorien (calé sur le soleil), l’Aïd tombera, en principe, le 20 mars 2026, le 10 mars 2027…

Ne pas confondre l’Aïd-el-Séghir avec l’Aïd-el-Kébir (« la grande fête ») qui, cette année, tombera le 6 juin.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 

Au Maroc, photo : Hamza el-Baciri

À Singapour

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1989, 1991, Géorgie, unité nationale, 9 avril Bruno Teissier 1989, 1991, Géorgie, unité nationale, 9 avril Bruno Teissier

9 avril : la Journée de l’unité nationale en Géorgie

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui tant le pays est divisé entre pro-européens et pro-russes.

 

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale (ეროვნული ერთიანობის დღე).

Le 4 avril 1989, des dizaines de milliers de Géorgiens s’étaient rassemblées pour une manifestation pacifique et des grèves de la faim exigeant le rétablissement de l'indépendance géorgienne. Voyant qu’elles perdaient le contrôle de la situation les autorités de la république soviétique de Géorgie ont fait appel à l’armée et demandé l’évacuation de, l’avenue Roustavéli, l’artère centrale de la capitale. Les manifestants ont refusé de se disperser. Le 9 avril, à 3h45 du matin, les troupes soviétiques dirigées par le général Igor Rodionov encerclèrent la zone de manifestation. Leur mission était de faire évacuer les lieux par tous les moyens. L’intervention a provoqué 21 morts et plusieurs centaines de blessés, certains empoisonnés avec du gaz d’une composition inconnue. Les organisateurs des manifestation, dont Zviad Gamsakhourdia et Merab Kostava, ont été arrêtés et un couvre-feu a été décrété à Tbilissi.

Le « Dimanche sanglant » du 9 avril, entraînera la démission du gouvernement et radicalisera l'opposition géorgienne au pouvoir Soviétique. Quelques mois plus tard, une session du Conseil suprême de la RSS de Géorgie, les 17 et 18 novembre 1989, va officiellement condamner l'occupation et l'annexion de Géorgie par la Russie soviétique en 1921.

Le 9 avril est la date qui a été retenue pour la proclamation, par Zviad Gamsakhourdia, de la souveraineté et de l’indépendance de la Géorgie en 1991, précédant de quelques semaines celle de la Russie puis la disparition de l’URSS, en décembre de la même année. Le 31 mars 1991, les Géorgiens avaient voté massivement (99% de oui avec 90% de participation) en faveur de l'indépendance de leur pays.

Toutefois, en dépit de son appellation, le 9 avril est loin d’être toujours une journée d’unité nationale. En 2009, le 9 avril avait notamment été choisi par une coalition de partis d'opposition pour contester la gouvernance de Mikheil Saakashvili pour le forcer la démission.

Selon la présidente Salomé Zurabishvili, la victoire du 9 avril (1991) se manifeste dans le fait que la Géorgie rétablie comme successeur légitime de l'État de 1918. « Tout le monde a gagné : les cadets de 1921, les officiers fusillés de 1923 et le patriarche Ambroise de Géorgie, les rebelles de 1922, 1923, 1924 et bien sûr les héros du 9 avril et Zviad Gamsakhourdia », a-t-elle ajouté dans un discours prononcé le 9 avril 2021.

L’Unité nationale n’est toujours pas à l’ordre du jour : la Géorgie est aujourd’hui très divisée entre une part importante de l’opinion publique, appuyée par la présidente Salomé Zurabishvili, qui pousse le pays à se rapprocher de l’Occident et le gouvernement ouvertement pro Kremlin qui s’aligne sur la législation russe, mettant à mal la démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2024

Les victimes du « Dimanche sanglant » du 9 avril

 
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Japon, Bouddhisme, 8 avril Bruno Teissier Japon, Bouddhisme, 8 avril Bruno Teissier

8 avril : l’anniversaire du Bouddha, la fête des fleurs des Japonais

Les Japonais célèbrent Hana Matsuri, la fête des fleurs, consacrée à l'anniversaire de Bouddha qui a lieu au moment des cerisiers en fleurs.

 

Les Japonais célèbrent Hana Matsuri (花祭り), la fête des fleurs, dédiée à l'anniversaire de Bouddha qui a lieu au moment des cerisiers en fleurs.

Cette fête, l’anniversaire de Bouddha n'existe que dans l’une des branches du Bouddhisme, le Mahayana, d’où découle notamment le Bouddhisme zen du Japon et d’autres dans divers pays qui suivent différents calendriers. Le Japon a adopté le calendrier grégorien en 1873. Mais, c’est surtout depuis 1945 que dans la plupart des temples japonais, l'anniversaire de Bouddha est célébré le 8 avril. Ce qui fait de Hana Matsuri, une fête proprement japonaise. Traditionnellement, elle était fêtée le 8e jour du 4e mois du calendrier lunaire. À Okinawa, notamment, on a conservé la date traditionnelle qui, cette année, tombe le 15 mai.

Ce jour-là, des autels spéciaux sont érigés dans les temples bouddhistes au Japon. Les temples sont décorés de fleurs et une statue d'un bouddha nouveau-né y est installée. Les Japonais versent de l'ama-cha (un thé sucré préparé à partir d'une variété d'hortensias) sur une petite statue de Bouddha. Les fleurs utilisées pour la décoration de l'autel sont le symbole de Lumbini, le lieu de naissance de Bouddha. Et verser du thé sur la statue symbolise le bain du nouveau-né. Ce qui fait que cette fête est aussi appelée Kanbutsue (灌仏会).

Dans beaucoup de temples, les enfants sont au centre de la fête. Des processions festives ont lieu dans les grandes villes du Japon. Dans certaines régions, les gens portent des palanquins décorés de fleurs contenant une statue miniature de Bouddha-enfant à l'intérieur. Les rues sont décorées de lanternes en papier blanc peintes de caractères noirs et rouges.

Dans le reste de l’Asie, la naissance du Bouddha (Vesak), sera dans la plupart des pays fêtée le 8 mai, mais certains vont la célébrer le 6 mai, d’autres le 16 mai (date retenue par les Nations unies). Contrairement à plusieurs pays de la région, cette fête n’est pas fériée au Japon.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2024

 
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1994, Rwanda, génocide, 7 avril Bruno Teissier 1994, Rwanda, génocide, 7 avril Bruno Teissier

7 avril : la mémoire du génocide tutsi au Rwanda

Il y a 30 ans, commençait un génocide qui allait faire disparaître, en trois mois, un million de personnes dans un pays de moins de 7 millions d’habitants, le Rwanda. En dépit des commémorations annuelles, un lourd silence pèse sur le génocide des Tutsis. Le pays a mis beaucoup de temps à le faire entrer dans les manuels d’Histoire. C’est fait à présent, mais le Rwanda est un pays très jeune : 70% de la population a moins de 30 ans et n’a pas vécu le génocide.

 

Il y a 30 ans, jour pour jour, commençait un génocide qui allait faire disparaître, en trois mois, un million de personnes dans un pays de moins de 7 millions d’habitants, le Rwanda.

Tutsi et de Hutu sont des appartenances fixées par les colonisateurs allemands et belges. À l’époque coloniale, les Européens ont voulu catégoriser les populations soumises en ethnies bien identifiables. Dans le cas du Rwanda, cette construction était très largement artificielle, car Tutsis et Hutus habitent le même territoire, partagent la même langue et ont adopté la même religion, le catholicisme. L’ethnie figurait sur les cartes d’identité, c’est ce qui facilita les massacres, car comment identifier à coup sûr les individus à éliminer ?

En 1962, le colonisateur belge après avoir favorisé les Tutsis pendant des décennies, avait laissé le pouvoir à un mouvement radical Hutu (Parmehutu), aussitôt des massacres de Tutsis se sont produits. En 1973, quand Juvénal Habyarimana prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État, les Tutsis ne seront plus désormais que des citoyens de seconde zone ce qui engendrera la création du FPR (Front patriotique rwandais) pour combattre le dictateur. Ce mouvement rebelle, implanté dans les pays voisins, est composé de Tutsis et de Hutus modérés qui ont fui leur pays. Le dictateur Juvénal Habyarimana fini par accepter un partage du pouvoir (accord d’Arusha, en août 1993) mais en même temps le pouvoir de Kigali laissait se développer une propagande anti-tutsi aux accents meurtriers. La radio Mille collines qui appelle quotidiennement à éliminer tous les Tutsis du pays est fondée en juillet 1993. Par ses discours de haine, elle joua un grand rôle pendant le génocide. Le 6 avril 1994, l’avion présidentiel est abattu par un missile, on n’a jamais su qui avait tué Juvénal Habyarimana, mais la propagande hutue désigne aussitôt les Tutsis. Le 7 avril 1994, commence des massacres qui ne s’achèveront que le 17 juillet par la prise de contrôle du pays par le FPR et la fuite des extrémistes Hutus au Zaïre (aujourd’hui RDC).

Le FPR a pris le pouvoir en juillet 1994. Depuis, son leader Paul Kagamé est l’homme fort du pays. Il appartient à une famille de Tutsis qui s’était réfugiée en Ouganda, bien avant le génocide. Son régime est autoritaire, mais le pays a retrouvé la paix et a prospéré sous son règne.

Le Rwanda organise tous les ans, le 7 avril, une commémoration du génocide mais sans pour autant avoir cherché à identifier les coupables et les victimes. La mention de l’ethnie sur les cartes d’identité a été enlevée dès août 1994, officiellement, il n’y a plus de Hutus ni de Tutsis, rien que des Rwandais. Néanmoins, la cohabitation entre victimes et bourreaux pose de grandes difficultés à la reconstruction du pays. Dans un souci de réconciliation nationale, les victimes ont été enjointes de pardonner à des bourreaux qui ont rapidement débité un texte de contrition. Un lourd silence s’est imposé. Le pays a mis beaucoup de temps à faire entrer le génocide dans les manuels d’Histoire. C’est fait à présent, mais pour une très large partie de la population, ce n’est plus qu’un fait historique. Le Rwanda est un pays très jeune : 70% de la population a moins de 30 ans et n’a pas vécu le génocide.

De commémorations en commémorations, les choses évoluent à l’international. En 2021, le président Macron, mettait un terme au déni de la France et admettait des responsabilités dans le déroulement du génocide du fait d’un soutien coupable à la dicature extrémiste hutue (la fourniture d’armes aux autorités rwandaises pendant les massacres). En 2024, en vue de ce 30e anniversaire, le président français a affirmé que la France, « avec ses alliés occidentaux et africains » aurait ou arrêter le génocide mais n’en a pas eu, à l’époque, la volonté. Il a rappellé que, « quand la phase d'extermination totale contre les Tutsis a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir, par sa connaissance des génocides que nous avaient révélée les survivants des Arméniens et de la Shoah ». Le Vatican, en revanche n’a jamais fait le moindre commentaire sur l’aveuglement de l’Église face à ce génocide.

En l’an 2000, le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, avait été beaucoup plus clair : « J’assume ici devant vous la responsabilité de mon pays, des autorités politiques et militaires belges, et au nom de mon pays, je vous demande pardon pour cela. » La même année, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait juste exprimé des remords : « Au nom de l’ONU, je reconnais cet échec et j’exprime mon profond remords. » Remords d’avoir, pendant le génocide, retiré 90% des casques bleus présents au Rwanda… En 2003, l’ONU institue le 7 avril comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda qui deviendra, en 2018, la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Chaque année, à cette date ou aux alentours de cette date, l’Organisation des Nations Unies organise des manifestations commémoratives à son siège, à New York, et dans ses bureaux dans le monde entier.

Le Rwanda a deux jours fériés pour commémorer le génocide. La période de deuil national débute avec Kwibuka (“se souvenir”, en kinyarwandais), la commémoration nationale du 7 avril et se termine avec le Jour de la libération (Kwibohora), le 4 juillet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 avril 2024

Le mur où sont inscrits les noms des victimes, au Mémorial de Kigali

 
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1320, Écosse, États-Unis, New York, fête communautaire, 6 avril Bruno Teissier 1320, Écosse, États-Unis, New York, fête communautaire, 6 avril Bruno Teissier

6 avril : Tartan Day, le grand rassemblement culturel écossais des Amériques

Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes. Cet « héritage celtique » largement inventé il y a deux siècles est fièrement cultivé par les descendants américains, du nord comme du sud, des migrants écossais du XIXe siècle. Ce Tartan Day a peu d’écho en Europe, y compris en Écosse.

 

Aujourd’hui, à New York, se déroule la 26e parade annuelle du Tartan Day. À partir de 14 heures, quelque 3000 joueurs de cornemuse, ainsi que des membres de clan écossais drapés de leur tartan et accompagnés de chiens de race écossaise, remontent la Sixième avenue, entre la 44e et la 55e rue, en plein cœur de Manhattan, devant des dizaines de milliers de spectateurs enthousiastes car la culture écossaise est toujours très valorisée aux États-Unis où vivent environ 25 millions de descendants des migrants écossais du XIXe siècles. L’ascendance écossaise, comme l’irlandaise, est de celles que l’on n’oublie pas de mettre en avant, même si elle ne repose que sur un unique et lointain ancêtre. Ce grand rassemblement culturel écossais est relativement récent : il a été institué par le Sénat américain en 1998.

La date du Tartan Day, célébrée aux États-Unis, au Canada, en Argentine… repose sur l’anniversaire de la déclaration d’Arbroath, le 6 avril 1320, en fait une lettre envoyée au Pape pour affirmer l’indépendance de l’Écosse, à une époque où le pays était menacé par les Anglais. Il est un fait qu’un royaume d’Écosse existera de manière distincte jusqu’au XVIIe siècle. Toutefois, le folklore lié aux kilts et au tartan (étoffe tissée de motifs dit « écossais ») est une invention du début du XIXe siècle (vers 1820) et ne remonte en aucun cas au Moyen Âge. L’idée que chaque clan écossais était doté d’un tartan spécifique, afin d’afficher ses couleurs, est construction de toutes pièces de nationalistes écossais soucieux de créer un folklore qui les distinguerait des Anglais. Une légende comme quoi le kilt aurait été porté au Moyen Âge avant de disparaître à la renaissance et de ressurgir au XIXe siècle a été créée à l’époque du Printemps des peuple, quand chaque nation d’Europe s’est inventée un passé la distinguant de ses voisins. Après son invention, cet « héritage celtique » a essaimé en Irlande, où il n’y a jamais de telles traditions dans le passé, et même jusqu’en Bretagne où la certitude est à la mode. Au début du XXIe siècle, des tartans bretons ont même été créés pour chacun des différents pays de la Bretagne…

En attendant, le Tartan Day du 6 avril est avant tout une manifestation nord-américaine née dans les années 1980 (en Australie et en Nouvelle Zélande, on a opté pour le 1er juillet). Au Canada, une Journée nationale du tartan du 6 avril a été déclarée en 2010. En Argentine, où la communauté est forte de 100 000 membres, la Scottish Argentine Society, organise un défilé à Buenos Aires, chaque 6 avril.

En France quelques événements ponctuels ont eu lieu dans les années 2000, mais sans aucune récurrence. Pour profiter des retombées touristique du mouvement américain, l’Écosse a aussi lancé une série d’événements locaux, qui faute de tradition établie, se sont essoufflés les uns après les autres. Rien à voir avec New York, et d’autres villes américaines comme Washington, où la fête dure toute une semaine (la New York City Tartan Week par exemple), culminant avec la parade du samedi, qui toutefois est très loin d’attirer les foules de la Saint-Patrick, la fête de la communauté irlandaise.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2024

 
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1908, Inde, égalité, 5 avril Bruno Teissier 1908, Inde, égalité, 5 avril Bruno Teissier

5 avril : la Journée de l’égalité en Inde

Ce Jour de l'égalité, célébré en Inde, correspond à l’anniversaire Jagjivan Ram, un combattant de la liberté et de l’abolition des castes. Il a passé sa vie à la promotion des intouchables ou dalits, dont il était issu.

 

Ce Jour de l'égalité (Samata Diwas, समता दिवस) correspond à l’anniversaire Jagjivan Ram, populairement connu sous le nom de Babuji, qui était un combattant de la liberté et un leader du mouvement dalit (ou « intouchables » ainsi qu’ils étaient appelés autrefois). Il est né le 5 avril 1908 dans une famille de harijans ou dalits.

Jagjivan Ram a été élu député sans interruption de 1936 à sa mort en 1986, sans doute un des records mondiaux en démocratie. Responsable du portefeuille du ministère du Travail, il a été le plus jeune ministre du gouvernement intérimaire dirigé par Jawaharlal Nehru en 1946, avant même l’indépendance de l’Inde. Il le sera à nouveau sous Indira Gandhi, puis ministre de l’agriculture et à ce titre, il dirigea la Révolution verte dans les années 1960 et à nouveau dans les années 1970. En tant que ministre de la Défense pendant la guerre indo-pakistanaise de 1971, a joué un rôle déterminant dans la naissance de la nation bangladaise…

Mais ce qui a été surtout retenu de sa langue carrière politique, c’est son combat de plusieurs décennies contre le système des castes et pour le droit des Dalits. Dès 1928, il rassemblait des dizaines de milliers de manifestants dans ce but. En 1935, il exprima son soutien au sein du Mahasabha hindou pour que les dalits puissent entrer dans les temples et boire l'eau des puits publics. Deux trois qui leur étaient jusque-là refusés. Jagjivan Ram rêvait d'une société hindoue démocratique et sans caste. Il s’est activement impliqué dans le groupe de pression pour l'amélioration des couches les plus faibles de la société. L’intouchabilité a été abolie par la Constitution de 1950, mais les quelque 200 millions d’Indiens qui sont issus de cette couche de la population demeurent encore dans leur très grande majorité  en bas de l’échelle sociale. De nombreux préjugés défavorables subsistent à leur égard. L’égalité espérée par Jagjivan Ram est bien loin d’avoir été atteinte. Cette journée du 5-Avril est là pour le rappeler.

L'anniversaire de Jagjivan Ram (Babu Jagjivan Ram Jayanti) est célébré chaque 5 avril par l’Union indienne, mais ce n’est un jour férié que dans les États indiens de Telangana et d'Andhra Pradesh. En 2008, pour son centenaire, des célébrations nationales appuyées avait été organisées. Narendra Modi lui rend hommage chaque année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2024

 
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1960, Sénégal, indépendance, 22 avril Bruno Teissier 1960, Sénégal, indépendance, 22 avril Bruno Teissier

4 avril : le Sénégal plus indépendant que jamais

Cette année, la Journée de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, est célébrée sans aucun événement particulier, tout a été annulé par le président sortant. Qu’importe, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, vient de prendre ses fonctions dans une ambiance très festive compte tenu de l’espoir qui est mis dans cette alternance pour une majorité de la population.

 

C’est une célébration très sobre qui est annoncée pour la fête d’indépendance du Sénégal : cette année pas de grand défilé militaire sur le Boulevard De Gaule comme l’an dernier, pas de feux d’artifice… C’est le chef de l’État sortant, Macky Sall, face à l’incertitude sur l’issu du scrutin présidentiel, qui a annulé toutes les manifestations publiques sur l’ensemble du territoire. La fête nationale se limite à une levée des couleurs dans l’enceinte du palais présidentiel. Cet événement symbolique marque le début du mandat de Bassirou Diomaye Faye, qui a pris ses fonctions de président le 2 avril après son élection surprise au premier tour de l’élection présidentielle. Hier, il a nommé son mentor, Ousmane Sonko, à la tête du gouvernement. Cette alternance politique, qui n’était pas évidente il ya quelques semaine, a déjà donné lieu à des festivités, en particulier de la part de la jeunesse. Cette année, on refera pas la fête pour le Jour de l’indépendance.

Cette commémoration de l’indépendance coïncide très symboliquement avec l’arrivée au pouvoir d’un homme, Bassirou Diomaye Faye, qui a farouchement milité pour une rupture plus nette encore avec l’ancienne puissance coloniale qu’est la France.

Paris avait déjà pris ombrage de la non-condamnation par Dakar de l’agression russe, manière de montrer que le Sénégal n’était pas aux ordres des Occidentaux. Cela dit, arrivée au pouvoir le nouveau président a quelque peu modéré ses projets de rupture. La présence de soldat français sur le sol sénégalais n’est pas remise en cause, la disparition du franc CFA non plus, même si le nouveau président entend bien le réformer en profondeur. Le Sénégal du président Faye s’affiche plus indépendant sans toutefois tourner le dos à l’ancienne métropole comme l’ont fait le Mali ou le Niger récemment. Admirateur de Barack Obama et de Nelson Mandela, M. Faye se dit panafricaniste « de gauche » et prône le rééquilibrage des partenariats internationaux.

Cette Fête de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, fait référence à l'accord signé le 4 avril 1960 entre la France et la Fédération du Mali, qui débouchera sur une indépendance proclamée le 30 juin suivant. Cette fédération fondée en janvier 1959 rassemblait, à l’origine, les colonies françaises du Dahomey (Bénin actuel), de Haute-Volta (devenu Burkina Faso), de l’ex-Soudan Français (le Mali) et du Sénégal. L’idée de l’époque, selon l’idéal panafricanisme, était de fonder de grandes entités politiques capables de tenir tête aux impérialismes européens et américain en Afrique. Mais, très vite les deux premiers pays se sont dissociés du projet et au moment de l’indépendance, il ne restait plus que le Sénégal et le Mali entre lesquels, les projets politiques ont rapidement divergé. Léopold Sédar Senghor (le leader sénégalais) était partisan du maintien des relations étroites avec l'ancien colonisateur français alors que Modibo Keita (leader malien) envisageait une africanisation accélérée et avait une position plus radicale. La rupture eut lieu le 20 août 1960, une semaine avant la première élection présidentielle. Finalement, Léopold Sédar Senghor y sera élu premier président de la toute nouvelle république du Sénégal le 5 septembre 1960. Contrairement à ce qui s’est passé dans certains pays d’Afrique, l’indépendance, longtemps réclamée avec le cri Mom sa reew ! (l’indépendance en wolof) aura été acquise sans violence.

La fête nationale du Sénégal commémore le 4 avril, jour où l’indépendance a été négociée et non celui où elle a été proclamée, le 30 juin suivant, une date qui n’est pas commémorée, pas plus que ne l’est le 20 août qui marque la rupture avec le Mali. À l’inverse, le Mali préfère célébrer sa seconde proclamation d’indépendance, celle du 22 septembre 1960, une fois la rupture avec le Sénégal totalement consommée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2024

 

Timbre émis en 1961 à l’occasion de la première fête de l’indépendance (graveur : Pierre Gandon)

Défilé de la fête de l'indépendance (4 avril 2022) à Ngor, petite localité du Sénégal.

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1948, Corée du Sud, massacre, 3 avril Bruno Teissier 1948, Corée du Sud, massacre, 3 avril Bruno Teissier

3 avril : mémoire du soulèvement de Jeju réprimé dans le sang

L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule et le Japon commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Les syndicats sud-coréens profitent de ce 76e anniversaire pour se mobiliser contre le président Yoon Seok-yeol issu d'un parti conservateur.

 

L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule coréenne et l’archipel japonais commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Pendant un demi-siècle, le sujet a été totalement tabou en Corée au point que le simple fait d’évoquer ce massacre pouvait vous valoir la prison. Il faut attendre les années 1990 pour qu’on commence à évoquer le sujet ; 2003 pour qu’un président prononce des excuses et le 70e anniversaire, en 2018, pour qu’un président coréen (de gauche), Moon Jae-in, fasse le voyage dans l’île pour commémorer le soulèvement de Jeju (제주 4·3 민중항쟁).

Tout avait commencé le 1er mars 1948, jour de la fête nationale. Un cheval de la police a grièvement blessé un petit garçon. La foule en colère contre les forces de l’ordre, se fait menaçante, les policiers tirent dans le tas faisant 8 morts et 6 blessés graves. La population de l’île réagit par une grève générale qui touche tous les secteurs y compris l’administration. La répression est féroce, les arrestations se multiplient. Ce qui pousse de nombreux jeunes à adhérer au nouveau Parti du travail, né d’une fusion des communistes et des socialistes coréens. Un parti aussitôt interdit à Séoul où les Américains sont en train d’installer au pouvoir des hommes d’extrême droite, notamment des collabos de l’occupation japonaise.

Le 3 avril 1948 une insurrection est lancée (c’est la date que l’on commémore aujourd’hui). Les autorités débordées négocient. Mais le 1er mai des incidents engendrent un véritable dérapage. On sait aujourd’hui qu’ils ont été volontairement provoqués par des éléments d’extrême droite de Corée du Nord, réfugiés à Jeju. On est en Corée du Sud dans un contexte de guerre froide exacerbée. Vu de Séoul, où les Américains sont encore au pouvoir pour quelques mois, l’île de Jeju est un véritable repère de communistes à éliminer . La répression est féroce : au moins 30 000 habitants de l’île sont massacrés (10 % de la population) et 40 000 s’exileront au Japon, principalement à Osaka où ils forment aujourd’hui un quartier. Les combats dureront jusqu’en 1949 et même sporadiquement jusqu’en 1953. L’île restera totalement bouclée jusqu’en 1954. Des dizaines de milliers d’habitants de Jeju sont emprisonnés. La majorité des victimes affirment avoir été arrêtées de façon arbitraire, interrogées et torturées par la police militaire avant d'être contraintes à signer une fausse déclaration confessant des crimes.

La répression a laissé des blessures profondes sur les victimes et leur famille. Nombre de leurs enfants, pendant des décennies, ont subi des discriminations lors de la recherche d'emploi à cause de la condamnation de leurs parents. Ces derniers ne seront réhabilités qu’en… 2019. Seuls 18 d’entre eux étaient encore en vie lors de ce verdict historique, prononcés il y a seulement deux ans. Des indemnités sont à l’étude pour leurs enfants. 8500 personnes ont reçu en 2020, une carte d’identité de victime qui leur permet, notamment, d’avoir une réduction de 50% sur les vols vers Jeju. Depuis 2014, le 3 avril est une commémoration officielle en Corée. En 2018, la ville d’Osaka a érigé une stèle commémorative. Le 3 avril 2022, le président élu Yoon Suk-yeol a fait un déplacement à Jeju, il s'agissait de sa première apparition publique après son élection. 

En 2023, les syndicats sud-coréens ont profité du 75e anniversaire de la commémoration, pour se mobiliser contre ce président élu issu d'un parti conservateur.

En 2024, le 30 mars, le rassemblement national des travailleurs qui s'est tenu devant l'hôtel de ville de Jeju, a évoqué l'esprit du 76e anniversaire du soulèvement populaire du 3 avril. Quelque 2 500 membres de la Confédération coréenne des syndicats de tout le pays y ont participé pour réclamer, notamment, la démission du président Yoon Seok-yeol.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 avril 2024

 
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2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier 2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier

2 avril : l’hommage des Polonais à leur pape

Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Toutefois, le culte de Jean Paul II n’est plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui reproche à l’Église catholique d’avoir soutenu des gouvernements particulièrement réactionnaires et anti-démocratiques.

 

Ce soir, 2 avril,  à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean-Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Aujourd’hui, des messes sont dites dans toutes les villes de Pologne, des marches et processions sont organisées un peu partout ; ce soir, des veillées de prière sont prévues… Comme chaque année, des centaines de fidèles se rassemblent devant l’archevêché de Cracovie en bas de la «fenêtre papale», de laquelle Jean Paul II avait l’habitude de dialoguer avec la foule lors de ses huit visites en Pologne.

Il a été béatifié en 2011 par son successeur, puis canonisé en 2014 par le pape François, soit moins de dix ans après son décès. Un record. Karol Józef Wojtyła est un saint dont les reliques sont sorties chaque 2 avril en procession et s’il est un pays où il est toujours particulièrement vénéré, c’est la Pologne où il est né le 18 mai 1920. L’élection de l’archevêque Wojtyla à la papauté le 16 octobre 1978 avait donné à la population polonaise, majoritairement catholique, le courage de s’opposer ouvertement au régime communiste. Les Polonais lui en sont très reconnaissants. À l’étranger, celui qui a donné un élan à son Église, a aussi été critiqué de son vivant pour son conservatisme et son indulgence à l’égard des dictatures d’extrême droite, pourvu qu’elles soient catholiques. Son bilan, pour l’avenir de l’Église est aujourd’hui très discuté.

Mais, depuis quelque temps, c’est en Pologne même que l’on critique celui qui fut l’archevêque de Cracovie. En 2023, la télévision polonaise révèle que Monseigneur Wojtyla savait que des prêtres, sous son autorité, agressaient sexuellement des enfants et qu’il a tout fait pour que l’on n’en sache rien. Le futur pape les a déplacés de paroisse en paroisse dans les années 1970. L’un d’eux a même été envoyé en Autriche, après qu’il ait été accusés d’avoir agressé des mineurs.  Le 2 avril 2023, en réaction, une statue de Jean Paul II a été vandalisée, ses mains ont été couvertes de peinture rouge et le socle marqué d'une inscription "Maxima culpa" ("La plus grande faute »), qui est le titre du livre d’Ekke Overbeek à l’origine des révélations.

Même avant cette affaire, le culte de Jean Paul II n’était plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas connu. Ces révélations ont causé une grande émotion en Pologne, pays où une partie de la population a pris ses distances avec l’église accusée d’avoir soutenu pendant des années un gouvernements particulièrement réactionnaire et anti-démocratique. Ce dernier a perdu les élections de novembre 2023 et son principal soutien, le PiS (Droit et Justice) est aujourd’hui dans l’opposition.

Une loi canadienne de 2014 a aussi désigné le 2 avril comme « Journée du pape Jean-Paul II », mais sans en faire un jour férié.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2024

Marche dans Varsovie à l’occasion du 18e anniversaire de la mort de Jean-Paul II

 
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Nouvel an, 1er avril, chrétiens, Printemps Bruno Teissier Nouvel an, 1er avril, chrétiens, Printemps Bruno Teissier

1er avril : le nouvel an assyrien, la plus ancienne fête du monde

Le Nouvel An assyrien (Kha b-Nisan) est célébré chaque année le 1er avril dans tous les pays où résident les Assyro-Chaldéens, tel qu’on les appelle en France.

 

Le Nouvel An assyrien (Kha b-Nisan ou Akitu) est célébré chaque année le 1er avril dans tous les pays où résident les Assyro-Chaldéens, ainsi qu’on les appelle en France.

Des habitants de la Mésopotamie se sont distingués de leurs voisins zoroastriens ou juifs, le jour où ils ont adopté le christianisme. Ils ont toujours formé une minorité opprimée, surtout depuis que la région a embrassé très majoritairement l’islam comme religion dominante et officielle. Pendant la Première Guerre mondiale, comme les Arméniens, ils ont subi un génocide qui aurait pu les faire disparaître si la diaspora n’avait pas pris le relais de la préservation de leurs particularismes. Ils ont presque disparu de Turquie, seules subsistent des communautés notables de chrétiens d’Orient dans le nord de l’Irak et de la Syrie ainsi qu’en Iran. Mais, on les retrouve aussi au Liban, en Jordanie, en Arménie, aux États-Unis, au Canada, en France, en Allemagne…

Pour cette nation sans État, la célébration du nouvel an est un élément identitaire fort. La date du nouvel an assyrien repose sur le fait que cette fête du printemps, à l’instar de Nowrouz, était fixée le 21 mars selon le calendrier julien. Dans l’Antiquité, le solstice du printemps était l’occasion de célébrer Tammouz, dieu de l’agriculture et Isthar, déesse nourricière, incarnation de la fertilité et de la fécondité. L’adoption du calendrier grégorien, l’a fait glisser au 1er avril. Les Assyriens, dont les racines sont très anciennes possèdent leur propre calendrier qui commence en l’an 4750 av. J.-C. De notre calendrier. De fait, ce 1er avril 2024, les Assyro-Chaldéens entrent dans leur 6774e année. Ce qui fait de cette fête, la plus ancienne au monde.

Dans l'impossibilité de se regrouper, en raison de l'insécurité, dans leurs anciennes capitales de Babylone ou Ninive, les Assyriens parviennent à célébrer leur fête au Kurdistan, en Arménie ou surtout en diaspora. Cette fête est marquée par des défilés en costume traditionnels et des pique-niques, si le temps le permet. Cette fête d’origine païenne, appelée Akitu, durait autrefois 12 jours, du 20 mars au 1er avril du calendrier grégorien. C’est un marqueur identitaire des chrétiens d’Orient.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mars 2024

Le 1er avril 2022, à Erbil, Kurdistan irakien

 
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