L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
4 avril : Journée de sensibilisation aux méfaits des mines antipersonnel
Une Journée de sensibilisation aux méfaits des mines antipersonnel, fixée le 4 avril, a été créée par l’ONU en 2005. La Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel est entrée en vigueur le 1er mars 1999. La Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie et les États-Unis ont refusés de la signer.
Une Journée de sensibilisation aux méfaits des mines antipersonnel, fixée le 4 avril, a été créée par l’ONU en 2005. La Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel est entrée en vigueur le 1er mars 1999, mais la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie et les États-Unis ont refusés de la signer. Ce qui lui enlève e sa force.
L’objectif que s’est fixé en 2014 la Convention d’Ottawa (adoptée en 1997 et interdisant les mines antipersonnel), complétée par la Convention d’Oslo (adoptée en 2008 et interdisant les armes à sous-munitions) est un monde libre de toute mine en 2015.
Les mines et les restes explosifs de guerre, par le risque qu’ils représentent, constituent un réel obstacle au retour des populations vulnérables déplacées et réfugiées à la stabilisation, et à la reconstruction des pays ayant traversé un conflit. Cela est sensible, en particulier dans les zones où s’est déroulée durant plusieurs années la lutte contre Daech. Aujourd’hui encore, la Syrie compte près de 6 millions de déplacés internes tandis que l’Irak en dénombre plus de 2.5 millions. Mais d’autres pays sont concernés par la problématique des mines comme la Colombie, la Libye, le Liban, le Palestine ainsi que plusieurs pays d’Afrique (Bénin, Sénégal, Mauritanie, Guinée).
Depuis plus de 20 ans, le Service de lutte antimines de l'ONU (UNMAS) concentre son action sur les besoins des populations affectées, avec une attention particulière sur les menaces posées par les engins explosifs pour les civils, les soldats de la paix et les travailleurs humanitaires.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2021
31 mars : Malte célèbre sa liberté
C’est à dire l’anniversaire du départ des Anglais de la base militaire de Vittoriosa après plusieurs années de tractations. Indépendante depuis 1964, Malte a attendu 15 ans pour voir partir la Royal Navy de son territoire. Cette fête est traditionnellement l’occasion d’organiser une régate.
Malte fête le Jour de la liberté (Freedom Day ou Jum il-Ħelsien). C’est à dire l’anniversaire du départ des Anglais de la base militaire de Vittoriosa en 1979, après plusieurs années de tractations. Indépendante depuis le 21 septembre 1964, Malte a attendu 15 ans pour voir partir la Royal Navy de son territoire. Cette fête est traditionnellement l’occasion d’organiser une régate.
À 11 heures, ce matin, le président assiste à la cérémonie officielle du Jour de la Liberté et dépose une gerbe au Monument du Jour de la Liberté à Birgu (Vittoriosa). Un cérémonie est également prévue au Monument aux Morts de Floriana. Mais, l’évènement important se déroule dans l'après-midi au Grand Harbour où se déroule une régate compétitive (la Freedom day regatta). En temps normal, la régate attire des milliers de spectateurs et de participants des trois grandes villes (Birgu, Bormla et Isla), ainsi que des villes côtières. Cette année avec la pandémie, l’ambiance sera particulière. La régate fait partie de deux événements annuels de course d'aviron, le deuxième étant le Jour de la victoire, le 8 septembre. Le gouvernement espère une reprise du tourisme sur l’archipel le 1er juin.
Happy Freedom Day Malta #maltafreedomday #JumilĦelsien
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2021
27 mars : la Journée mondiale du théâtre
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Cette année après un an de suspension des représentations, en raison de la covid…
Chaque année, le 27 mars, l’institut international du théâtre (ITI) organise une Journée mondiale du théâtre (World Theatre Day). Durant cette journée, amateurs, étudiants et professionnels se réunissent pour célébrer l’importance et la valeur du théâtre. En 2021, après une interruption presque totale des représentations depuis un an, presque partout dans le monde, cette journée prend coloration très particulière…
La date du 27 mars correspond à celle de l'ouverture de la saison Théâtre des Nations en 1962 à Paris. Depuis cette année-là, la Journée mondiale du théâtre a été célébrée de nombreuses façons par les centres de l’ITI qui sont plus de 90 à travers le monde. Les théâtres, les professionnels du théâtre, les amateurs de théâtre, les universités de théâtre, les académies et les écoles célèbrent aussi cette journée. Chaque année, une personnalité exceptionnelle du théâtre ou d'un autre domaine est invitée à partager ses réflexions sur le théâtre et l'harmonie internationale. En 1962, c’était Jean Cocteau ; en 2021, c’est Helen Mirren, une actrice britannique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2021
Timbre français de 1962, œuvre gravée de Claude Durrens
26 mars : le Bangladesh fête ses 50 ans
Il y a 50 ans, jour pour jour, apparaissait un nouvel État sur la carte du monde, avec un nom auquel il fallait désormais s’habituer : le Bangladesh. Jusque-là on appelait ce pays le Pakistan oriental. Celui-ci a obtenu son indépendance le 26 mars 1971.
Il y a 50 ans, jour pour jour, apparaissait un nouvel État sur la carte du monde, avec un nom auquel il fallait désormais s’habituer : le Bangladesh. Jusque-là, on appelait ce pays le Pakistan oriental. Celui-ci a obtenu son indépendance le 26 mars 1971 après une guerre qui a coûté la vie à trois millions de personnes. Le pays était ruiné, plus de 80 % de sa population vivait alors sous le seuil de pauvreté. Un demi-siècle plus tard, ils ne sont plus que 10% à vivre dans la misère. Au cours de la dernière décennie, la croissance annuelle a dépassé les 7 % et le PIB par habitant a été multiplié par plus de quatre depuis l’an 2000. Le pays fait désormais mieux que l’Inde, même dans un contexte de pandémie. C’est l’un des pays les plus dynamiques d’Asie. Un bilan économique très positif qui n’était pas évident, il y a un demi-siècle, quand on sait que ce pays est installé sur un immense delta, toujours menacé par la mer. Et que sur ce territoire grand comme un quart de la France, vivent quelque… 165 millions d’habitants.
Son évolution politique n’est pas aussi florissante. Le Bangladesh a connu des coups d’États militaires et des assassinats, notamment celui de Sheikh Mujibur Rahman (1920-1975), qualifié de père de la patrie. La situation politique avait fini par se stabiliser et l’État de droit s’est imposé. Malheureusement depuis l’arrivée au pouvoir, en 2009, de Sheikh Hasina (Ligue Awami), la fille du fondateur du pays, la démocratie bangladaise a connu un net recul, surtout depuis le début de son quatrième mandat, il y a deux ans.
Le principal parti d’opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), a été anéanti et sa cheffe, Khaleda Zia, ancienne premier ministre, est malade et emprisonnée pour corruption. En 2018, le gouvernement bangladais adoptait le controversé Digital Security Act 2018, en vertu duquel toute critique du gouvernement sur internet ou tout autre média serait passible, à divers degrés, de peines de prison. Les intellectuels critiques sont jetés en prison. Ce fut le cas de l’écrivain Mushtaq Ahmed, arrêté pour avoir posté des messages sur Facebook dans lesquels il critiquait la gestion gouvernementale de la pandémie de Covid-19. Il est mort dans sa cellule en février 2021. Son décès a déclenché une vague d’indignation et plusieurs jours de manifestations et d’affrontements avec les forces de l’ordre. C’est un pays prospère mais glissant vers la dictature qui fête aujourd’hui son anniversaire et célèbre sa fête nationale.
Le Jour de l’indépendance ou Independence Day of Bangladesh (স্বাধীনতা দিবস - Shadhinata Dibôsh), est célébré chaque année avec 31 coups de canons tirés dès le matin, suivis par défilés militaires, des discours politiques, des foires, des concerts, des cérémonies et divers autres événements publics et privés célébrant l'histoire et les traditions du Bangladesh. La fête nationale du Bangladesh est bien sûr un jour férié. Les stations de télévision et de radio diffusent des programmes spéciaux et des chansons patriotiques en l'honneur de la fête de l'indépendance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2021
Sheikh Mujibur Rahman, dont on a fêté le centenaire en 2020, fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité
25 mars : les Grecs du monde entier célèbrent le bicentenaire leur révolution
D’Odessa à Ottawa, en passant par New York et Salonique, partout les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane.
La Grèce fête les 200 ans du début de sa lutte pour l’indépendance. Cela aurait dû être une grande célébration internationale, l’épidémie de covid a tout remis en cause. Certains chefs d’État, comme le président Macron ont dû annuler leur venue. Comme chaque année, la fête nationale grecque (ελληνική εθνική εορτή) débute par une messe solennelle célébrée en l’église Saint-Deny l’Aréopagite, à Athènes, par le Primat de Grèce, à laquelle assiste toute la classe politique. Ensuite, le président de la République dépose une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Des membres de la communauté grecque de Paris font de même à l’Arc de triomphe. Il s’ensuit un défilé militaire dans les rues d’Athènes, qui débute par les evzones, mais se limitera aux troupes à pied, crise sanitaire et crise économique obligent. Cette année, comme l’année dernière, pas de défilé des étudiants au milieu de la foule. L'ambiance n'y est pas. Les Grecs sont invités à suivre la cérémonie devant leur téléviseur.
Triste bicentenaire qui aurait dû être une fête extraordinaire : cette année la traditionnelle Greek Parade sur la 5e avenue de New York est, elle aussi, annulée. D’Odessa à Ottawa, en passant par Salonique, partout pourtant les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane. Ce geste n’était pas le premier et l’indépendance ne sera acquise que bien plus tard et elle sera toujours perçue comme incomplète, ne serait-ce qu’à cause de la situation de Chypre. Ainsi, comme au Mexique, préfère-t-on célébrer un premier cri d’indépendance, fut-il mythique que les débuts de l’État grec.
Quant à la date de la commémoration nationale, le 25 mars, elle n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célèbrent aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes religieuse, l’Annonciation à Marie (ο Ευαγγελισμός της Μαρίας), notamment à Tinos.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2021
La parade du Greek Day de Melbourne, Australie, en 2019
Ce 25 mars, l’Opéra de Sydney aux couleurs de la Grèce
22 mars : la journée mondiale de l'eau
Alors qu’on célèbre la 28e Journée mondiale de l’eau, force est de constater que près un milliard des habitants de la planète n’a toujours pas accès à l’eau potable et que deux milliards et demi n’ont pas un accès suffisant à l’eau pour une hygiène élémentaire.
Alors qu’on célèbre la 28e Journée mondiale de l’eau, instituée au sommet de Rio de 1992, force est de constater que près un milliard des habitants de la planète n’a toujours pas accès à l’eau potable et que deux milliards et demi n’ont pas un accès suffisant à l’eau pour une hygiène élémentaire, notamment des toilettes équipées d’une chasse d’eau.
Résultat, 2,6 millions de personnes meurent toujours chaque année de maladies liées à l’eau, ce qui fait de l’eau insalubre une des premières causes de mortalité au monde. Les acteurs humanitaires que nous sommes menons contre ce fléau un combat quotidien, sur le terrain, mais aussi en luttant auprès des instances nationales et internationales pour faire entendre la voix de celles et ceux à qui nous venons en aide chaque jour.
"La place de l'eau dans nos sociétés et comment la protéger" est le thème de la Journée mondiale de l'eau 2021. Il s’agit d’une adaptation de la principale promesse du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : tout le monde doit pouvoir bénéficier des progrès accomplis en matière de développement durable.
Aujourd’hui sont décernés des prix encourageant les meilleures pratiques de gestion durable de cette source de vie.
#WorldWaterDay et #Water2me
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mars 2021
Mise à jour 2025 : Cette année, la thématique de la journée mondiale de l'eau retenue par l'ONU est « la préservation des glaciers ». Avec 70 % de l'eau douce de la planète stockée dans les glaciers, cette journée nous rappelle à quel point il est important de préserver cette ressource essentielle. Près de 2 milliards de personnes dépendent de l'eau des glaciers, de la fonte des neiges et du ruissellement des montagnes pour l'eau de boisson, l'agriculture et la production d'énergie.
21 mars : Journée internationale contre la ségrégation raciale
En souvenir du massacre de Sharpeville, l’ONU a fait aussi du 21 mars la Journée internationale contre la ségrégation raciale. Le 21 mars 1960, la police sud-africaine avait tiré sur une foule manifestant pacifiquement contre le pass (passeport intérieur) imposé aux Noirs.
En souvenir du massacre de Sharpeville, l’ONU a fait aussi du 21 mars la Journée internationale contre la ségrégation raciale. Il y a 61 ans, jour pour jour, le 21 mars 1960, la police sud-africaine avait tiré sur une foule manifestant pacifiquement contre le pass (passeport intérieur) imposé aux Noirs. On avait relevé 69 morts pour la plupart tués d’une balle dans le dos, parmi eux de nombreux enfants. Cet International Day for the Elimination of Racial Discrimination a été adopté par l’ONU en 1966.
En Afrique du Sud, c’est la Journée nationale des droits de l'homme. Elle commémore les vies perdues dans la lutte pour la démocratie et contre les discriminations en Afrique du Sud durant le régime Apartheid. Ce régime n’a été aboli qu’en 1994.
La journée est particulièrement célébrée en Australie, sous le nom d’Harmony Day. Il est demandé aux Australiens de s’habiller en orange ou au moins de porter un ruban de cette couleur pour marquer leur soutien à la diversité culturelle du pays. Toutefois, certains critiquent que cette journée de lutte contre le racisme se soit transformée en journée de promotion du multiculturalisme en Australie, ce qui dévie la journée de son sens premier. Le racisme à l’état brut n’a pas disparu en Australie, loin de là.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 mars 2021
Le massacre de Sharpville
18 mars : Il a 150 ans, la Commune de Paris, le clivage Paris-province déjà !
Le 18 mars 1871, les Parisiens se rebellent contre le gouvernement. C'est le début de la Commune qui durera 72 jours et se terminera dans le sang.
Le 18 mars 1871, les Parisiens se rebellaient contre le gouvernement, lequel se réfugiait à Versailles où s’était déjà établie l’Assemblée. Celle-ci est avait été élue deux mois plus tôt par un scrutin biaisé, la très grande majorité des députés est monarchiste alors que les Parisiens ont élus 37 républicains sur un total de 43 députés élus par la capitale. Parmi les élus parisiens, on trouve Louis Blanc, Georges Clemenceau, Victor Hugo… Les Parisiens ont résisté aux Prussiens, ils ne s’estiment pas vaincus. La province, sensible aux opinions des notables locaux, veut majoritairement la paix et a poussé à un armistice. Le décalage est total, même si des mouvements d’insurrections vont aussi s’organiser à Marseille, Lyon… même à Narbonne, où elles ne dureront que quelques jours voire quelques heures.
Le 18 mars 1871, le chef du gouvernement provisoire, Adolphe Thiers, fait arrêter Auguste Blanqui, l'un des leaders du mouvement, et envoie des troupes pour désarmer la Garde nationale. Mais celles-ci fraternisent avec la foule et la Garde nationale. En quelques jours, la Commune de Paris s'organise en une entité politique indépendante, avec un contre-gouvernement.
À Paris, la « Commune » s’institue sur le modèle de celle de 1792, dure 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871. Elle s’est terminée par le massacre d’au moins 20 000 insurgés, ou soupçonnés de l’être, sans autre forme de procès du 21 au 28 mai 1871, la « semaine sanglante». Sur plus de 38 000 insurgés jugés en conseil de guerre, 7 500 sont déportés en Algérie et en Nouvelle-Calédonie, comme Louise Michel. Les survivants sont amnistiés en 1880.
L’idéal d’un régime républicain, démocratique et socialiste n’aura pas le temps de se mettre en place mais l’héritage resurgira au cours des décennies suivantes : l’instruction gratuite, laïque et obligatoire, la suppression de l’enseignement religieux à l’école, la séparation de l’Église et de l’État, la valorisation du statut de l'ouvrier et de ses droits… la IIIe République y puisera une partie de ses idées et de sa politique, au bénéfice de la France toute entière.
Ce timbre-poste soviétique, émis en 1971, pour le centenaire, est un témoin de cet intérêt, encore dans l’URSS fossilisée de Brejnev.
Cette dernière révolution française du XIXe siècle a eu un grand retentissement dans le monde. Son souvenir sera plus tard cultivé, notamment, par l’URSS. Un drapeau rouge de la commune offert en 1924 par une cellule parisienne du PC a été déposé dans le mausolée de Lénine. Chaque année, le 18 mars, on célébrait à Moscou la Journée de la commune de Paris.
Dans les années 1920 et 1930, de nombreux documents et objets, témoins de la Commune de Paris, sont arrivés en URSS de diverses manières et constituent aujourd'hui un ensemble muséographique important (y compris de grandes collections de matériaux visuels) dans plusieurs collections du RGASPI. Le détour par Moscou est indispensable pour de nombreux chercheurs travaillant sur cette révolution.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 mars 2021
Une barricade boulevard Voltaire, photo de Bruno Braquehais
16 mars : manifestation ambiguë à Riga
Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie.
Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie. Ils ne sont plus que quelques survivants très âgés à être encore en vie. Cette commémoration très controversée, appelée Jour des légionnaires (Leģionāru piemiņas diena), n’est plus une date officielle depuis 2001 en Lettonie, même si des ministres y ont encore participé jusqu’en 2016, mais elle reste autorisée, faute d’être en mesure de l’interdire.
La date du 16 mars a été choisie car en 1944 les deux divisions de la Légion lettone, ont combattu côte à côte, pour la première et unique fois, contre l'Armée rouge. Traditionnellement, un service commémoratif a lieu dans la cathédrale de Riga , après quoi les participants se rendent en procession de l’église Saint-Jean de Riga au monument de la Liberté, à Riga, où ils déposent des fleurs. Une autre cérémonie, beaucoup moins médiatisée, a lieu au cimetière de guerre de Lestene , dans la dans la municipalité de Tukums.
Beaucoup de Lettons ne voient pas le défilé du 16 mars comme une manifestation pro nazie, mais comme une occasion de protester contre la colonisation russe de leur pays opérée après la guerre. Eux qui représentaient plus des trois quarts de la population avant 1940, ne sont plus aujourd’hui qu’un peu plus de la moitié face aux quelque 40 % de Russophones. Ces derniers réagissent vivement à cette journée du 16 mars. Les autorités craignent des provocations de la part des pro-Kremlin.
Si les autorités n’y prenaient pas garde les deux manifestations se termineraient pas des affrontements. À partir de 2015, ils ont accepté de décaler l’horaire de leur défilé, frustrant la horde des journalistes venue couvrir l’événement d’images d’échange d’insultes, voire de coups, entre les deux groupes. Chaque année, les télévisons russes dressent le portrait d’une Lettonie acquise au nazisme et V. Poutine se plaît à vanter les mérites du pacte Molotov-Ribbentrop qui avait permis à Staline d’occuper la Lettonie. Ce petit pays aujourd’hui membre de l’OTAN, appartient à la ligne de front face à Moscou.
Pour couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite lettone, le gouvernement de Riga a créé en 2021, une Journée de commémoration du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena), placée le 17 mars et liée aux événements de 1944, mais aussi à ceux de 1940.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mars 2021
15 mars : il y a dix ans, le début du cauchemar syrien
Le 15 mars 2011 commençait que l’on croyait être le printemps syrien, ce sera le début d’une décennie d’enfer. Les habitants de Deraa manifestaient pour réclamer la libération de leurs enfants…
Qui aurait l’idée, en Syrie, de commémorer les dix ans du soulèvement du peuple syrien contre la dictature ? Le 15 mars 2011 commençait ce que l’on croyait être le « printemps syrien », ce sera le début d’une décennie d’enfer.
Ce 15 mars, les habitants de Deraa manifestaient pour réclamer la libération de leurs enfants, des adolescents arrêtés et torturés, certains tués, pour des graffitis hostiles au régime sur le mur de leur collège. Le même jour, des centaines de personnes manifestaient à Damas contre le pouvoir. Trois jours plus tard, ils seront des milliers, dans la lignée du «printemps arabe» initié en Tunisie et en Égypte. En Syrie s’exprimaient le ressentiment et les souffrances accumulés pendant quatre décennies de dictature, celle du père (Hafez el Assad), au pouvoir pendant trente ans, puis du fils (Bachar el Assad), en poste depuis 2000. Les deux dictateurs, père et fils occupent le pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. Bachar et son clan ont préféré détruire le pays plutôt que de céder le pouvoir. Un demi-million de Syriens sont morts, plusieurs millions ont quitté le pays. Ceux qui restent vivent dans la misère, excepté les 10 % de privilégiés qui prétendent diriger un pays qui n’existe plus.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mars 2021
10 mars : la journée des Sicules de Roumanie
Oui, il existe bien un peuple Sicule au cœur de l’Europe, les Széklers dans la langue locale, un dialecte du hongrois. Chaque 10 mars, ils revendiquent en vue d’obtenir leur autonomie.
Oui, il existe bien un peuple Sicule au cœur de l’Europe, les Széklers dans la langue locale, un dialecte du hongrois. Ils vivent dans quelques vallées des Carpates au cœur de la Transylvanie, en plein centre de la Roumanie alors que la Hongrie considère ce peuple de 600 000 personnes comme faisant partie du peuple hongrois. La légende voudrait que ce soient des descendants des Huns qui ont déferlé sur l’Europe conduit par Attila. Les Turcs les revendiquent aussi comme étant des leurs. À Istanbul, une manifestation de l’extrême droite nationaliste a lieu chaque 10 mars en soutien aux Sicules.
À Budapest, le drapeau des Sicules flotte sur le Parlement depuis 2013, le gouvernement hongrois leur distribue des passeports en vertu d’une procédure de naturalisation simplifiée. Cela a le don d’irriter les autorités roumaines qui font chaque année, le 10 mars, en sorte que les manifestations soient le plus limitées possible. Le drapeau sicule est interdit en Roumanie, sous peine d’amende.
La journée du 10 mars est récente, elle date de 2012 quand le Conseil National Sicule (SzNT) a proposé que le 10 mars devienne la Journée de la Liberté Sicule en mémoire des martyrs sicules. Car la revendication est ancienne. C’est en mémoire de trois leaders d’une conspiration anti-Habsbourg exécutés le 10 mars 1854 que le Conseil National Sicule (CNS) organise depuis 2004 une commémoration au pied du Monument des Martyrs Sicules. Le massacre est connu sous le nom de Siculicidium.
Les représentants des Sicules, en particulier László Tökés, député européen, réclame un statut d’autonomie comparable à celui dont disposent les Allemands du Sud Tyrol ou les Suédois des îles Aaland. Régulièrement, et encore en 2020, le parlement roumain rejette toutes les demandes d’autonomie du pays sicule (Székelyfyföld). En 2013, László Tökés a demandé à la Hongrie d’assumer un rôle de protectrice des minorités hongroises de Roumanie ce qui a mis le feu aux poudres à Bucarest. Depuis, chaque année, un bras de fer entre les autorités roumaines (préfet, chef de la police) et les représentants sicules s’engagent pour obtenir l’autorisation du rassemblement du 10 mars de Marosvásárhely , la capitale des Sicules. Chaque année, on trouve une idée pour exprimer la revendication autonomiste : une chaîne humaine, des feux de joie…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 mars 2021
Extrême droite turque (Loups gris) manifestant à Istanbul en faveur de l’autonomie des Sicules
5 mars : fête protestante en Polynésie française
En Polynésie, ce jour est férié. Les protestants de toute la Polynésie française se rassemblent aujourd’hui pour des festivités hautes en couleurs : c’est la Fête de l'arrivée de l'évangile en Polynésie.
En Polynésie, ce jour est férié depuis 1978. Pour la 224e année consécutive, les protestants de toute la Polynésie française se rassemblent aujourd’hui pour des festivités hautes en couleurs : messes solennelles dans des lieux de culte bondés, chorales somptueuses mais aussi danses et chants traditionnels vont marquer cette journée du souvenir, c’est la Fête de l'arrivée de l'évangile en Polynésie.
En effet, c’est le 5 mars 1797 à la Pointe Vénus, sur la côte est de l’île de Tahiti que débarquèrent du Duff, 18 missionnaires protestants issus de la London Missionary Society. Un monument commémorant l’événement y a été, depuis, érigé. Les Anglais parcouraient alors les mers du sud et leur vision des populations polynésiennes est très marquée par les descriptions qu’en on fait les explorateurs tels Walli, Cook, Bligh ou Bougainville. Les mœurs de ces sociétés, notamment leur grande liberté sexuelle les encouragèrent à aller les convertir et à réformer leur mode de vie dans le sens de la morale conservatrice de l’Angleterre victorienne. Le protectorat français, imposé progressivement à l’ensemble des îles, à partir de 1843, n’y changera rien. La communauté protestante reste aujourd’hui l’une des plus importantes communautés religieuses en Polynésie française. Aujourd’hui, les catholiques se mêlent à la fête qui est devenue une grande rencontre œcuménique.
La moitié des Polynésiens se réclament de l’Église protestante ma’ohi, majoritaire aux îles Australes et de la Société. Un tiers est catholique, principalement aux Marquises, dans l’est des Tuamotu, aux Gambier. Les mormons, arrivés en 1844, représenterait 7 % de la population, l’Église adventiste du 7e Jour, 6 %, la religion sanito, 2 %… Les vieilles croyances n’ont pas disparu pour autant, les divinités locales cohabitent sans problème avec celles dont parle la Bible traduite en tahitien dès 1836.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mars 2021
3 mars : une performance sportive et patriotique suédoise
Ce matin à 7h45, pour la 100e fois 15000 skieurs vont s’élancer en 10 vagues successives pour 90 km d’une course de fond. La plus ancienne, mais aussi la plus difficile au monde. Plusieurs dizaines de nations sont représentées au départ…
La Vasaloppet se déroulera comme prévu, le 7 mars, mais avec seulement 400 participants contre jusqu'à 60 000 certaines années. Cette course mythique de ski de fond sera réservée aux champion(e)s de réputation internationale. Son annulation pour cause de Covid était difficilement envisageable étant donné le symbole, sportif mais surtout national qu’elle représente.
C’est à la fois la plus ancienne, la plus longue et la plus difficile au monde dans sa discipline. Chaque année, plusieurs dizaines de nations sont représentées au départ et sa réputation est mondiale. Pourtant à l’origine cette épreuve a été créée comme un événement propre à la Suède, l’équivalent d’une fête nationale dans un pays qui en a été longtemps dépourvue.
Sa création, en 1922, se conjuguait avec la célébration du 400e anniversaire de la libération de la Suède par Gustav Eriksson, de la noble famille des Vasa. L’histoire, un peu empreinte de légende, raconte que ce jeune noble parcourrait le pays pendant l’hiver 1521 pour tenter de provoquer un soulèvement du peuple suédois contre le joug danois. Norvège, Suède et Danemark s’étaient retrouvés regroupés sous une même couronne et étaient tous trois dirigés depuis plus d’un siècle par Copenhague. Les Suédois supportaient mal cette tutelle danoise très condescendante à leur égard.
Partout, on écoutait le jeune Gustav Eriksson avec sympathie, mais jamais personne ne bougeait. On dit qu’il prononça son dernier discours dans la petite localité de Mora. Découragé par la passivité de son auditoire, il s’est enfui seul à ski en direction de la Norvège. Mais, parvenu à Sälen, il entendit les cris de paysans de Mora qui s’étaient finalement décidés à le rejoindre. Ensemble, ils délivreront le pays… La Vasaloppet (« la course de Vasa ») reprend l’itinéraire de celui qui deviendra roi de Suède sous le nom de Gustav Ier Vasa. Et, comme cette course eut lieu, il y a exactement, 500 ans, en mars 1521, il n’était pas question d’annuler un tel anniversaire, covid ou pas.
Pour l’édition 2021, des modifications sont prévues cependant : le point de départ de Sälen sera déplacé vers le terrain de sport de Tjérnheden et la ligne d’arrivée sera aménagée vers le beffroi de Mora pour l’élite des sportifs. Pas de douche, ni de vestiaire. À la dure comme jadis !
La course se fera également sans spectateur, mesures sanitaires oblige, mais la piste reste ouverte à des groupes de 300 skieurs au maximum. Ceux-ci sont invités à prendre part à une version plus courte de la Vasaloppet. Les organisateurs l’ont appelé Vasaåket 2021, elle compte quatre distances - 10, 30, 45 et 90 km - qui peuvent être parcourues du vendredi 12 février au dimanche 7 mars. 25 000 personnes se sont inscrites.
En 1521, Gustav aidé des habitants de la Dalécarlie a entrepris la reconquête du pays. La bataille contre l’armée du roi Christian de Danemark a duré deux ans et demi. Finalement, le 6 juin 1523, lors d'une assemblée nationale réunie à Strängnäs, Gustav Eriksson Vasa a été élu roi d'une Suède, désormais libre. La date du 6 juin a été choisie en 1983 comme fête nationale de la Suède, mais elle n’est fériée que depuis 2005. La Vasaloppet, créée en 1922, à l’initiative d’un journaliste, est une célébration nationale finalement bien plus ancienne. Cette année, c’est la 100e éditions.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 mars 2021
1er mars : il y a 500 ans, Magellan débarquait sur l'île de Guam
Comme chaque premier lundi de mars, l’île de Guam, dans le Pacifique, commémore sa « découverte » du pays par l'explorateur européen Ferdinand Magellan. Cette fête est connue sous le nom de Magellan Day, jour férié où l'île est pavoisée du drapeau national. C’est aussi la Journée du Patrimoine Chamorro.
Comme chaque premier lundi de mars, l’île de Guam, dans le Pacifique, commémore sa « découverte » par l'explorateur européen Ferdinand Magellan. Cette fête est connue sous le nom de Magellan Day, jour férié où l'île est pavoisée du drapeau national. Ce jour est l'occasion de rejouer la scène. La reconstitution se tient chaque année dans la baie Umatac (où la tradition situe le débarquement).
Cette année, la fête a une dimension particulière, puisque c’est presque exactement le 500e anniversaire. C’est en effet le 6 mars 1521 que le navire de Magellan a aperçu l’île. Découverte inespérée par un équipage affamé et épuisé par la traversée du Pacifique. Le navigateur portugais était parti le 20 septembre 1519, avec 5 navires financés par le roi d’Espagne pour un premier tour du monde. Que Magellan ne termine pas car il est assassiné quelques jours plus tard, sur l’île de Cebu dans l’archipel des Philippines.
Quelques années auparavant, Magellan avait acheté un esclave lors d’un voyage en Malaisie. Il l’avait prénommé Enrique et l’a emmené dans tous ses voyages, y compris ce tour du monde. Lors d’une escale en Malaisie, l’homme a disparu, On ne sait pas ce qu’il est devenu. Mal du pays ? Toujours est-il que c’est bien Enrique, le premier homme connu pour avoir accompli la première circonvolution autour du globe.
Depuis quelques années, les autochtones chamorro un peu lassés de commémorer leur « découverte » ont fait de cette fête de début mars, une Journée du patrimoine chamorro (CHamoru Heritage Day). Ils sont les premiers habitants de l’archipel des Mariannes mais ne représentent aujourd’hui qu’un tiers de la population totale. L’île est peuplée de nombreux Philippins (un quart de la population) mais aussi d’Américains (le personnel de l’énorme base militaire américaine). L’île de Guam a été occupée en 1944 par les Américains, ils ne l’ont jamais quitté. Cet autre débarquement n’est pas commémoré.
26-27 février : guerre de mémoire entre Azéris et Arméniens
Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Hasard du calendrier, le 27 février, les Arméniens commémorent le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne d’Azerbaïdjan.
Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Les autorités azéries dénoncent la mort de 613 personnes dont 106 femmes et 83 enfants, des villageois pris au piège d’un conflit qui les dépassaient. Bakou accuse du massacre les forces armées arméniennes, aidées par le régiment no 366 de l'armée russe. Les Arméniens se défendent en accusant l’Azerbaïdjan d’être directement responsable de ce massacre, les soldats azéris auraient reçu l’ordre de tirer sur les civils de Khodjaly. Bakou a tenté en vain, à plusieurs reprises de faire reconnaître un « génocide » opéré par les Arméniens, dénonçant la désinformation de la diaspora arménienne plus influente en Occident que celle des Azéris même si ces derniers disposent à présent de relais médiatiques importants et d’un pouvoir d’influence qui repose sur l’argent du pétrole.
Hasard du calendrier, demain, le 27 février, les Arméniens vont comme chaque année, commémorer le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne de cette banlieue industrielle de Bakou. Le nombre des victimes n’est pas connu : des dizaines de morts et des centaines de blessés. Il s'agit d'un événement historique et d'un tournant dans l'aggravation du conflit ethnique qui a provoqué les premiers flux de réfugiés arméniens de Soumgaït vers le Karabakh (Artsakh) et l'Arménie. Le caractère prémédité et organisé de ce pogrom n’a jamais été pleinement reconnu par Bakou. Une des conséquences de cette impunité fut que d’autres massacres d’Arméniens eurent lieu à Kirovabad (Gandja) en novembre 1988 et à Bakou en janvier 1990, provoquant l’exode de la minorité arménienne de l’Azerbaïdjan, comme d’ailleurs, l’exode de la minorité azérie d’Arménie.
Le pogrom était la réponse aux premiers troubles provoqués par les Arméniens du Haut-Karabagh. Il sera le déclencheur de la guerre de conquête du sud-ouest de l’Azerbaïdjan, dans les années 1992-1994, par les forces arméniennes mieux équipées et plus aguerries à l’époque. À l’automne 2020, la situation s’est retournée. Les Arméniens ont perdu toutes leurs conquêtes en 2023.
Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2025
22 février : la date qui fait peur aux autorités algériennes
C’est la date anniversaire de la première manifestation de grande ampleur dans tout le pays, en 2019, contre l’annonce d’un cinquième mandat du président Boutéflika. Ce jour-là 800 000 personnes, peut-être un million, ont envahi les rues d’Alger alors que toute manifestation était interdite depuis… 2001.
C’est la date anniversaire de la première manifestation de grande ampleur dans tout le pays, en 2019, contre l’annonce d’un cinquième mandat du président Boutéflika. Ce jour-là 800 000 personnes, peut-être un million, ont envahi les rues d’Alger alors que toute manifestation était interdite depuis… 2001. À partir de ce 22 février 2019, les Algériens vont manifester tous les vendredis, avec l’idée d’un total changement de régime. L’annonce de la démission de Boutéflika en avril n’a en rien désamorcé la connotation qui a pris le nom de Hirak. Certes après l’élection d’Abdeldmadjid Tebboune, en décembre 2019, la tension est un peu retombée. L’épidémie de Covid-19 a suspendu les manifestations de rue, mais la demande du peuple algérien d’un changement total de régime est toujours vivante. Un référendum constitutionnel boudé par les électeurs (plus des trois quarts n’ont pas voté), n’a modifié le régime qu’à la marge. Deux ans après le début du Hirak, ce mouvement inédit et pacifique, les espoirs sont déçus.
Le président Tebboune de retour en Algérie après avoir été hospitalisé en Allemagne pendant trois mois, d’abord en raison de la Covid-19 puis à la suite de “complications” au pied droit, a fait sa réapparition sur la scène politique ce jeudi 18 février avec un discours lénifiant mais assorti de l’annonce de libérations de prisonniers d’opinion parmi lesquels le journaliste Khaled Drareni (correspondant à Alger de TV5 Monde), l’enseignante Dalila Touat, l’opposant Rachid Nekkaz ou encore le militant Brahim Laalami. Ils ont été libérés vendredi en Algérie, provoquant joie et soulagement à travers le pays. Mais cela pas empêché des appels à manifester dans tout le pays, le 22 février, la date symbolique qui rappelle au pouvoir que rien n’a été fait que ce qu’attend le peuple : un changement de régime. Or, celui-ci est figé depuis l’indépendance, les élections et même le gouvernement ne sont qu’une façade : le vrai pouvoir est dans les mains de l’armée. On en plaisante, comme l’exprime la boutade qui circule en Algérie : “Dans tous les pays du monde, l’État a une armée. Mais en Algérie, c’est l’armée qui a un État”, tout en le déplorant. Voilà, l’unique objet de la révolte du Hirak, lancée un 22 février.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 février 2021
Mise à jour 2023 : 4 ans après le soulèvement pacifiste de 2019, la répression a pris le dessus, la situation est bien pire que sous Boutéflika. Le climat politique s’est assombri en Algérie alors que le régime intensifie sa traque des derniers noyaux protestataires.
« le régime a bénéficié d’un double effet d’aubaine. Le premier secours est venu du Covid-19, qui a justifié fort opportunément l’interdiction des rassemblements protestataires au nom de la sécurité sanitaire. Privés de la protection de foules en marche, les noyaux les plus militants du Hirak se sont alors brusquement retrouvés à découvert. Puis éclata la guerre en Ukraine, providentielle pour l’Algérie gazière et pétrolière. Le conflit allait doper le prix des hydrocarbures, offrant au pouvoir de ce pays producteur une bouffée d’oxygène permettant d’acheter la paix sociale, tout en imposant l’Algérie comme une alternative au gaz russe, à ce titre courtisée par des Occidentaux subitement moins concernés par les droits de l’homme. » Le Monde, 10 février 2023
21 février : avenue Ibrahim Ali, Marseille, en mémoire d'un adolescent victime du racisme
Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. Cette année pour la première fois la commémoration est officielle.
Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. L’habitude avait été prise ce jour-là de fabriquer des plaques de rue à son nom et de les accrocher avenue des Aygalades, un axe du 15e arrondissement de Marseille où il vivait et où il a été tué d’une balle dans le dos alors qu’il courrait pour attraper son bus le 21 février 1995.
Ce dimanche 21 février 2021, ce sera chose faite très officiellement, en présence du maire de Marseille, Benoît Payan (PS) : l’avenue des Aygalades devient l’avenue Ibrahim Ali. La demande avait été relayée par Sami Ghali, alors sénatrice PS, et aujourd’hui maire de l’arrondissement et maire adjointe de Marseille. C’est le dénouement d'un long combat, entamé par la famille et les proches de la victime.
Le 21 février 1995, en pleine campagne présidentielle, trois militants du Front national collent des affiches pour le candidat Jean-Marie Le Pen : Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio. Deux des colleurs sont armés. L’un d’eux fait feu sur un jeune qui court. C’était Ibrahim Ali, un lycéen qui sortait d’une répétition de son groupe de rap, B.Vice. Le tireur sera puni de 15 ans de prison.
Pendant 26 ans la mairie de Marseille fait la sourde oreille à toute commémoration. Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de 1995 à 2020, ne répond a aucune des lettres. Il faut attendre 2015, pour qu’une plaque soit finalement posé à l’endroit de l’assassinat, mais la mairie n’organise aucune cérémonie. Le lycée de l'Estaque, ancien établissement scolaire de l'adolescent, a également dévoilé une plaque hommage en 2018.
En 2020, la mairie de Marseille est passée de justesse à gauche, mais le Rassemblement national a tout de même obtenu 26% des voix aux municipales de 2020 dans le 15e arrondissement. Quant à l’avocat des parties civiles, Gilbert Collard, il s’est engagé par la suite au Front National ! Il est aujourd’hui eurodéputé RN. Finalement, le 8 février 2021, le conseil municipal de Marseille vote le changement de nom de l’avenue, les élus LR se sont résignés à voter la motion avec la gauche, mais contre le RN, l’héritier du FN qui continue a coller ses affiches dans le quartier sans se poser de question. Hommage est rendu à un adolescent de 17 ans victime d’un crime purement gratuit et surtout raciste.
20 février : les Chins, peuple des montagnes de Birmanie, célèbre sa fête nationale
Chaque 20 février, depuis 1951, le peuple Chin fête son État. Un pays, un peu plus grand que la Belgique, situé dans le nord de la Birmanie, à la frontière de l’Inde.
Chaque 20 février, depuis 1951, le peuple Chin fête son État. Un pays, un peu plus grand que la Belgique, situé dans le nord de la Birmanie, à la frontière de l’Inde. Les Chins vivent dans une région montagneuse du nord-ouest de la Birmanie. L’État chin est l’un des sept qui composent théoriquement l’Union birmane (ou Union du Myanmar, selon le nom adopté par la junte militaire), avec la région centrale qui, elle, est peuplée de Bamars (ou Birmans). Beaucoup de Chins ont fui la dictature pour se réfugier en Inde (notamment à New Delhi), voire au Canada ou en Europe. Leur fête nationale est souvent célébrée avec plus de faste dans la diaspora que localement. Tout dépend des circonstances dans le pays. Et cette année, l’ambiance est à l’incertitude politique.
La date du 20 février, fête nationale des Chins, fait référence à la création de la première association politique des populations chins en 1928. En 1938, toujours un 20 février, elle présentait aux occupants anglais une série de revendications. Le 20 février 1948, l’Assemblée générale du peuple chin abolissait le régime féodal et adoptait un mode démocratique de désignation de ses dirigeants. Cette portion des Indes anglaises avait été gérée distinctement par les Anglais («Loi de régulation de 1896 des Chin Hills») du reste de l’Union birmane qui venait d’obtenir son indépendance, le 4 janvier 1948. Des représentants des Chins avaient assisté à la Conférence de Panglong, le 12 février 1947, qui prévoyait un État fédéral où chaque peuple aurait son autonomie. On sait qu’il n’en a rien été, la junte birmane arrivée au pouvoir en 1961 et qui n’a jamais vraiment quitté le pouvoir depuis, n’a jamais reconnu l’autonomie qui avait été accordée aux peuples périphériques. Au lieu de cela, elle ne reconnaît pas moins de 135 peuples ! (Sauf les Royhinga, bien sûr). Et comme on ne peut pas créer 135 États autonomes à l’intérieur du pays, autant dire qu’elle n’en reconnaît aucun. Les représentants du peuple majoritaire, les Bamars, sont tous sur la même ligne, Aug San Suu Kyi, en fait partie. Même si l’an dernier, elle a assisté à la fête nationale des Chins, la Dame de Rangoon est, tout autant que les militaires, partisane d’un pouvoir centralisé. Pas question de parler d’un Chin State Day et de pouvoir locaux.
Depuis, l’accord de cessez-le-feu signé en 2012, avec l’armée birmane, l’État Chin peut célébrer ouvertement sa fête nationale. Cela n’a pas toujours été le cas. La fête avait été interdite par la junte et les Chins avaient repris les armes en 1988.
La junte militaire qui a récemment confisqué la totalité du pouvoir en Birmanie a invité le président de la Ligue nationale Chin pour la démocratie (CNLD) à rejoindre le Conseil d’État. Celui-ci a, bien sûr, décliné l’invitation. Les Chins se méfient de l’armée Birmane. Suite au coup d’État du 1er février 2021, quelques milliers de Chins ont déjà trouvé refuge dans l’État indien voisin, le Mizoram.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2021
28 février 1961, le président birman U Nu, assiste à la fête nationale Chin. C’était avant le premier coup d’État militaire
19 février : l'Amérique rend justice à ses citoyens d'origine japonaise internés dans des camps en 1942
Plusieurs États américains célèbrent une journée du souvenir (Day of Remembrance) en souvenir de l’internement dans des camps de plus de 120 000 Nippo-Américains. Le 19 février rappelle la date du décret 9066 signé par le président Franklin D. Roosevelt en 1942, soit deux mois après l'attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor.
Plusieurs États américains célèbrent une journée du souvenir (Day of Remembrance) en mémoire de l’internement dans des camps de plus de 120 000 Nippo-Américains. Le 19 février rappelle la date du décret 9066 signé par le président Franklin D. Roosevelt en 1942, soit deux mois après l'attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor. Ces internements forcés ont duré jusqu'en 1945. Pendant la Seconde guerre mondiale, ni les Américains d’origine allemande ni ceux d’origine italienne n’ont été inquiétés. Ce décret visait les seuls japonais.
Le gouvernement américain n’a reconnu ses torts qu’en 1988, lorsque Ronald Reagan a promulgué une loi qui contenait des excuses et accordait une compensation de 20 000 dollars à chaque interné, une forme de réparation sans précédent.
Il est vrai que la xénophobie à l’encontre des personnes d’ascendance japonaise était bien établie dès la fin du XIXe siècle, en particulier en Californie où on interdisait aux Japonais de posséder des terres, et à toute personne d’ascendance japonaise d’épouser un Blanc. En 1924, le Congrès prohiba l’immigration à tous les Asiatiques. Ceux qui étaient déjà installés ne pouvaient plus devenir citoyens. Seuls leurs enfants nés aux États-Unis pouvaient obtenir la nationalité (un droit constitutionnel).
En 1942, les internements dans des “centres de réinstallation” se sont faits sans procès ni avocat ni possibilité de recours en justice alors que deux tiers d’entre eux étaient de nationalité américaine. L’armée fut si efficace dans ses arrestations que l’hippodrome de Santa Anita, à Los Angeles, dû être transformé en vaste des centres provisoires, avec plus de 18 000 internés, forcés de vivre dans les écuries. Les internés y ont passé des mois, avant d’être déportés, le plus souvent en train, vers dix camps situés dans des montagnes ou des déserts reculés, battus par les vents, glacials l’hiver et brûlants l’été.
Un jeune homme de 23 ans, Fred Korematsu, eu le culot de faire appel à la Cour suprême des États-Unis. Par 6 voix contre 3, celle-ci n’a rien trouvé à redire à l’internement préventif des Japonais, fussent-ils citoyens américains. Il a fallu attendre juin… 2018, pour que la Cour suprême casse finalement sa propre décision de 1944. Son président, John G. Roberts Jr., a écrit qu’enfermer des citoyens américains dans des « camps de concentration, en se fondant uniquement et ouvertement » sur l’origine ethnique, « est objectivement illégal et ne relève pas de l’autorité du président ». Fred Korematsu est décédé le 30 mars 2005 à l'âge de 86 ans. En février 2021, le représentant Takano et le sénateur Hirono ont renouvelé leur demande de lui faire décerner la médaille d'or du Congrès.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
mars 1942
1943, dans l’Oregon
Le mémorial de Manzanar, dans le camp le plus important, au pied de la Sierra Nevada, en Californie
15 février : le Canada célèbre son drapeau
Le 15 février 1965, le Canada hissait pour la première fois son drapeau national arborant une feuille d’érable rouge sur fond blanc, sur la colline du parlement d’Ottawa. En mémoire de ce jour, le Canada célèbre le Jour du drapeau national du Canada.
Le 15 février 1965, le Canada hissait pour la première fois son drapeau national arborant une feuille d’érable rouge sur fond blanc, sur la colline du parlement d’Ottawa. On le doit à un historien canadien, George Francis Gillman Stanley (1907-2002)
C’est au XIXe siècle que la feuille d’érable apparaît comme symbole de l’identité canadienne. On la retrouve partout dans la culture populaire : dans les livres et les chansons, et sur les pièces de monnaie, les insignes, les bannières et bien d’autres objets. Les couleurs du Canada, le rouge et le blanc, ont été officiellement adoptées en 1921. Mais, il a fallu plusieurs décennies encore pour que le Canada rompe le cordon symbolique qui le reliait au Royaume-Uni. Jusque-là, le drapeau du Canada arborait un Union Jack (drapeau britannique sur fond rouge) et était connu sous le nom de Red Ensign. Mais d’être confondus avec des Anglais créait des situations compliquées. En 1956, par exemple, les casques bleus canadiens (représentant un pays neutre dans la crise de Suez), se sont fait refouler par le gouvernement égyptien sous prétexte que leur drapeau figurait celui de l’un des pays agresseurs : le Royaume-Uni. Cet événement fit prendre conscience qu’il était temps, pour ce dominion de changer de symbole. Il est vrai que la nationalité canadienne n’existe que depuis 1947 et que le Canada n’est totalement souverain que depuis… 1982, date du rapatriement de la constitution canadienne de Londres à Ottawa.
Le Jour du drapeau national du Canada (National Flag of Canada Day) a été instauré en 1996. Depuis, la journée du 15 février est, chaque année, marquée par des cérémonies publiques et des programmes éducatifs dans les écoles sur l’histoire de l'Unifolié, comme on surnomme le drapeau à feuille d’érable (The Maple Leaf Flag en anglais).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 février 2021