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Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

8 janvier : Bredouxia, une fête des femmes sans les hommes en Grèce

Loin d’être une manifestation féministe, cette fête païenne est dédiée à la maternité. Toujours vivante dans le nord de la Grèce, son origine remonte à l’Antiquité.

 

Dans certains villages de Grèce du nord subsiste une fête aux racines très anciennes, organisée par les femmes entre elles, sans les hommes. Ce jour-là, les femmes quittent la maison laissant aux hommes les tâches ménagères et elles vont faire la fête. Elles se rendent chez la plus vieille femme du village pour lui rendre hommage, au son de la cornemuse ou d’autres instruments de musique. On boit du vin, on chante des chansons lestes, voire obscènes… qu’importe, on est entre femmes. Les hommes, par tradition, sont consignés chez eux ce jour-là.

Cette journée qui tombe le 8 janvier, a été perçue comme un jeu d’inversion des rôles au sein du couple et a été réactivée à partir des années 1970 par des mouvements féministes grecs. En réalité, cette fête de la Yinekokratia (Γυναικοκρατίας) n’avait rien d’une manifestation féministe, elle était plutôt la subsistance d’un cérémonial lié à la fertilité venant tout droit de l’Antiquité. Il a traversé les siècles dans des communautés villageoises de Thrace orientale qui, en 1923, à la faveur de l’expulsion des Grecs de Turquie, l’ont importé en Grèce du nord. Certains villages du département de Serres, comme Sapes, Nea Petra, Monokklisia, Charopos… l’ont conservé et cultivé jusqu’à nos jours. Mais, cette coutume a aussi essaimé dans toute la Grèce avec l’arrivée des réfugiés d’Asie mineure, il y a un siècle. De nombreuses localités, un peu partout en Grèce, la réactivent aujourd’hui sous le nom de Bredouxia (Βρεξούδια) ou de fête des Babos .

Elle a lieu chaque 8 janvier qui, en Grèce, est le jour de la Sainte-Dominique (αγίας Δομνίκης), dédiée à une religieuse très pieuse qui n’a jamais eu d’enfant et n’a rien à voir avec le cérémonial. Simplement la fête tombait jadis le 25 du mois de Poséïdon, un jour qui se situe au début du mois de janvier de notre calendrier actuel. Les festivités étaient connues dans l’Antiquité sous le nom de Thesmophories (Θεσμοφόρια). C’était un hommage à la déesse Déméter qui aurait enseigné aux hommes l’agriculture et donc permis leur sédentarisation. Mais celle-ci aurait aussi institué le mariage et donc donné un statut social aux femmes. Les festivités, à l’époque, duraient trois jours et comprenaient un cérémonial pour encourager la fertilité.

De nos jours, dans les villages du nord-est de la Grèce, les femmes enceintes sont mises à l’honneur ce jour-là. La coutume veut qu’elles apportent serviette et savon (symbole de naissance) chez les babos (Μπάμπως), les femmes les plus âgées du village. Jusqu’à une époque récente, c’étaient les vieilles femmes qui avaient le rôle d’accoucheuses, d’où le cérémonial de l’eau, des serviettes et du savon. Mais cette journée s’adresse aussi aux femmes en attente de maternité, d’où les chansons paillardes lors de ses fêtes arrosées de vin, où on s’échange des symboles phalliques et des propos volontiers obscènes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2022

 

Dans le village de Nea Petra, les hommes jouent le jeu en participant aux travaux ménagers

Thesmophories, fresque du peintre Francis David Millet, fin XIXe siècle

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Fête des morts, Arménie Bruno Teissier Fête des morts, Arménie Bruno Teissier

7 janvier : la première fête des morts des Arméniens

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots, le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier.

 

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots (Մեռելոց), le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier. Il en sera de même tout au long de l’année : après Pâques, la fête de la Transfiguration, l'Assomption de la Vierge et la fête de l'Exaltation de la Croix. Ainsi, ce jour du souvenir est célébré cinq fois, soit après chacune des cinq fêtes religieuses majeures de l’Église apostolique arménienne. Depuis 2008, ce premier Merelots de  l’année est un jour de congé officiel en Arménie, ce qui n’est pas le cas des suivants.

Cette fête est dédiée aux morts de chaque famille, mais aussi à tous ceux qui ont perdu la vie lors des drames qu’à connu la nation arménienne, du génocide du 1915 aux conflits récents : la guerre des Quarante-quatres-jours en 2020 et la guerre du Haut-Karbagh, en 2023 ; ainsi ue les victimes des catastrophes naturelles.

Ce jour-là, les prêtres célèbrent une liturgie spéciale, suivie d'une cérémonie commémorative en mémoire des personnes décédées. Après la fin de la cérémonie, chacun peut se rendre sur les tombes de ses proches et de ses amis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2025

 
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Christianisme, 6 janvier Bruno Teissier Christianisme, 6 janvier Bruno Teissier

6 janvier : les chrétiens fêtent l’Épiphanie

Cette fête chrétienne ne fait pas appel à la même symbolique en Occident et en Orient. Les uns ont principalement retenu l'adoration des Rois mages devant la crèche où Jésus vient de naître. Les autres commémorent le baptême du Christ dans le Jourdain.

 

Cette fête chrétienne ne fait pas appel à la même symbolique en Occident et en Orient. L’Épiphanie serait la toute première fête célébrée par les chrétiens orientaux, dès le IIe siècle en Égypte, alors que Noël ne sera inventée que plus tard en Occident. C’est le concile de Chalcédoine en 451 qui en fait deux fêtes distinctes, sauf pour les arméniens et les coptes. Sur le plan religieux, l’Épiphanie, (du grec épiphaneia, « manifestation ») commémore la première manifestation de la divinité de Jésus-Christ aux gentils (les non-croyants), représentés par les Rois mages. Selon le dogme de l’Église, cette révélation a également eu lieu lors de son baptême dans le Jourdain.

L’Église latine a principalement retenu l'adoration des trois Rois mages devant la crèche où Jésus vient de naître. D’où l’usage, principalement en Espagne et en Italie d’offrir des cadeaux aux enfants dans la nuit du 5 au 6 janvier, plutôt qu’à Noël qui n’a surpassé l’Épiphanie que très récemment.

En revanche, pour le christianisme oriental, cette fête commémore le baptême de Jésus dans le Jourdain. Selon la coutume un prêtre lance ensuite une croix dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fête s'appelle généralement Théophanie (θεοφάνια) ou Boboteaza (en roumain). Les orthodoxes qui suivent le calendrier grégorien, comme les Grecs, les Roumains, les Ukrainiens, les Bulgares…, fêtent la Théophanie le 6 janvier. Les autres, Russes, Serbes, Géorgiens…, mais aussi à Jérusalem et au Mont Athos, la célèbrent le 19 janvier (soit le 6 janvier du calendrier julien). Pour les plus pratiquants, un jeûne a débuté hier.

Les anglicans et d’autres protestants restent attaché au symbole de l’arrivée des Rois mages, mais d’autres obédiences du Protestantisme mettent en avant la bénédiction des eaux, comme chez les orthodoxes. Pour ne pas être en reste, l’Église catholique a rajouté récemment à son calendrier liturgique une fête du baptême du Christ, le dimanche qui suit l’Épiphanie.

Le 6 janvier est férié dans de nombreux pays (en Autriche, en Espagne, en Grèce, en Croatie, en Suède, à Rome, dans les länders catholiques allemands…) mais pas en France ni en Belgique. Dans les pays où l’Épiphanie n’est pas fériée, l’Église célèbre cette fête lithurgique le deuxième dimanche après Noël, soit ce 5 janvier 2025, mais, sans avoir bouleversé la tradition de la galette du 6 janvier.

Bonne fête donc aux Tiphaine et Tiffanie. Mais, il va de soi que l’on fête aussi les Balthazar, les Gaspard et les Melchior qui sont les noms des trois Rois mages que la tradition fait arriver aujourd’hui même dans la crèche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2025

L’adoration des Rois Mages, une œuvre de Josef Moroder-Lusenberg (vers 1880)  

Le baptême du Christ par Giotto

 
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1477, France, fête régionale, 5 janvier Bruno Teissier 1477, France, fête régionale, 5 janvier Bruno Teissier

5 janvier : la fête de la Lorraine

Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisqu’elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de bien fâcheuses circonstances…

 

Les Lorrains savent-ils qu’ils ont une fête nationale ? Une des plus anciennes au monde puisque elle date du XVe siècle. Ils ont failli l’apprendre en ce début d’année 2025 dans de fâcheuses circonstances. En effet, Aurora, un groupe héritier de Génération Identitaire, raciste, antisémite et homophobe avait appelé à une marche aux flambeaux le 5 janvier dans les rues de Nancy pour célébrer cette date. Comme l’Action française et plusieurs autres groupes de l’ultra droite se sont joints à cette initiative, des mouvements d’extrême gauche et des groupes antifa avaient, à leur tour, annoncé une contre-manifestation le même jour… La préfecture a jugé bon d’interdire ces deux manifestations qui risquaient de dégénérer en violences dans les rues de la capitale historique de la Lorraine.

Si les Lorrains ont presque totalement oublié cette fête, c’est que sa célébration a été totalement interdite à partir du moment où la Lorraine a été intégrée au royaume de France en 1766. Pays très centralisateur, la France n’a jamais vu d’un bon œil les fêtes régionales. Les rares dates ont été souvent récupérées par les pires mouvements identitaires, comme la Sainte-Geneviève à Paris, et de ce fait sont ignorées par le reste de la population.

En Lorraine, seul, un petit parti régionaliste, le Parti Lorrain, fondé en 2010, tente de réactiver la fête de la Lorraine. Chaque année, il organise une un rassemblement place Saint-Epvre, devant la statue du duc René II de Lorraine. Et cette manifestation, elle, n’a pas été interdite par le préfet ce 5 janvier. Le choix de ce lieu est une manière de se démarquer des mouvements d’extrême droite qui pris avaient l’habitude de se manifester, chaque 5 janvier, place de la Croix-de-Bourgogne devant le monument commémorant la bataille de Nancy du 5 janvier 1477.

C’est cette victoire lorraine qui a été célébrée chaque 5 janvier, jusqu’à son interdiction. Ce fait d’armes est situé à la marge du roman national français car il concerne des États qui n’existent plus, en premier lieu le duché de Bourgogne. C’était un État puissant à l’époque, il dominait le territoire de la Bourgogne et la Franche comté actuelles ainsi que les Pays-Bas bourguignon, soit l’actuel Benelux. La conquête du Duché de Lorraine, État indépendant, aurait permis à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, de relier tous ses domaines et de devenir un sérieux rival du roi de France.

Face à la menace, le duc de Lorraine, René II, finit par prendre les devants et déclara la guerre au Téméraire, en mai 1475. Vite défait, René II se réfugie en Suisse. Le duc de Bourgogne se retourne alors contre la Suisse et là son destin va chavirer : il est battu à la célèbre bataille de Morat, le 22 juin 1476. Les Lorrains en profitent alors pour se révolter contre l’occupant bourguignon. Le duché de Lorraine recouvre son indépendance, René II reprend Nancy le 7 octobre 1476. Mais le Téméraire n’a pas dit son dernier mot, et ce sera bien le dernier. Il lance toute son armée contre Nancy qui est assiégée. Mais René II, soutenu par les Alsaciens et des mercenaires suisses, écrase son ennemis lors d’une bataille décisive devant Nancy, le 5 janvier 1477. Charles Téméraire y laisse la vie, on ne retrouvera son cadavre que trois jours plus tard.

La Lorraine conserve son indépendance. L’héritage du duc de Bourgogne fera l’objet d’affrontements entre la France et les Habsbourg lesquels récupèrent les Pays-Bas. La Lorraine sera plus tard cédée à la France par le dernier descendant des ducs de Lorraine. Elle sera ensuite donnée en viager au roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski. À la mort de ce dernier, en 1766, elle est intégrée définitivement au royaume de France. Il ne sera plus question de célébrer son indépendance chaque 5 janvier comme l’avait ordonné René II qui organisait un grand défilé dans les rues de Nancy pour l’occasion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2025

Commémoration de la Fête nationale de la Lorraine par le Parti Lorrain, place Saint-Epvre, à Nancy, le 6 janvier 2019 (source : Wikipedia)

Ce monument commémoratif dit Croix de Bourgogne a été érigé en 1928 à l’emplacement où on a retrouvé le corps de Charles le Téméraire. L’extrême droite locale en avait fait un lieu de rassemblement chaque 5 janvier.

 
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1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier 1596, esclavagisme, 4 janvier, Sao-Tomé et Principe Bruno Teissier

4 janvier : Amador, héros de la lutte anti-esclavagiste

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci avait mené une révolte d'esclaves et avait tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais…

 

Le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe célèbre aujourd'hui son héros national : Amador. Celui-ci, au XVIe siècle, a mené une révolte d'esclaves et a tenu tête durant plusieurs mois aux Portugais. Mais, Lisbonne ayant envoyé du renfort, Amador a fini par être capturé et exécuté, le 4 janvier 1596. Depuis 2005, l'anniversaire de ce jour est férié sous le nom de Jour du martyre (Dia dos Mártires) ou Jour du Roi Amador (Dia do Rei Amador)

La révolte a débuté le 9 juillet 1595 avec le meurtre de plusieurs Portugais lors de la messe de l'église de la Trinité, et s'est terminée le 29 de ce mois avec la défaite de son chef. Au cours des trois semaines du soulèvement, les esclaves ont détruit de nombreuses plantations de canne à sucre et des moulins. La dernière bataille a eu lieu le 28 juillet quand Amador a attaqué la ville avec une armée de 5 000 hommes (soit la moitié des esclaves de Sao Tomé), un effectif plus important que celui des colons mais bien moins armés. Suite à la défaite des mutins, les principaux commandants d'Amador ont été arrêtés et pendus. Amador Rei, lui, ne sera rattrapé que quelques mois plus tard. Pendant le soulèvement, plus des deux tiers des sucreries ont été détruites. La production de sucre à Sao Tomé-et-Principe n'atteindra jamais son niveau d'avant la révolte. La révolte n’a fait qu’accélérer un déclin engagé dès 1580. 

Nous n'avons de lui aucun portrait authentique, il n'empêche que la tête d’Amador Rei (une légende fait de lui un roi) figure sur tous les billets de banque du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2025

 
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1833, Argentine, revendications territoriale, 3 janvier Bruno Teissier 1833, Argentine, revendications territoriale, 3 janvier Bruno Teissier

3 janvier : l’Argentine ne se lasse pas de réclamer les Malouines

Inlassablement, chaque 3 janvier le gouvernement argentin demande de renégocier le statut de l'archipel des Malouines conformément aux recommandations de l’ONU. Les arguments sont géographiques, historiques et juridiques mais tous demeurent contestables.

 

Inlassablement, chaque 3 janvier le gouvernement argentin demande de renégocier le statut de l'archipel des Malouines conformément aux recommandations de l’ONU. Les arguments sont géographiques, historiques et juridiques mais tous demeurent contestables.

L'Argentine fonde sa revendication sur le principe de l'uti possidetis iuris (principe d'intégrité territoriale), puisque les îles sont situées à l'intérieur du plateau continental argentin. Avec un tel principe, la Turquie serait en mesure d’annexer une quinzaine d’îles grecques. En réalité, aucun élément du droit international ne permet de s’appuyer sur des considérations géologiques ni même géographique, car la proximité n’est pas non plus un argument. Car dans ce cas, le Maroc pourrait revendiquer les Canaries.

Le Royaume-Uni fait systématiquement appel au principe de l'autodétermination des peuples, qui est un des fondements des Nations unies. Mais, l’Argentine estime qu’il ne s'applique pas à la question des Malouines car il s'agit d'une population implantée par le même État qui a pris possession de l’archipel. Or, ici, aucun peuple autochtone n’a été dépossédé. Les premiers occupants sont des Français, originaires de Saint-Malo (d’où le nom de l’archipel), en 1764, installés par Louis-Antoine de Bougainville. Suivis de peu par des Anglais dans une autre partie de l’archipel. John Byron prend à son tour possession des îles au nom du roi d’Angleterre et des colons britanniques débarquent en 1766. Au bout de quelques années, ils quitteront l’archipel, lequel restera quasiment désert pendant plusieurs décennies. Les Français ont renoncé à leurs droits sur les îles pas les Anglais.

Le principal argument des Argentins est juridique. Bougainville avait pris possession des îles au nom du roi de France qui, dans le cadre d’une police de bon voisinage, avait cédé ses droits à l’Espagne et évacué les colons français, lesquels d’ailleurs, n’ont jamais été remplacés par des colons espagnols. L’Argentine ayant hérité de l’Espagne, le 6 novembre 1820, le colonel de la marine argentine David Jewett prend officiellement possession des îles Malvinas (Malouines) au nom des Provinces-Unies du Río de la Plata, hissant pour la première fois le drapeau argentin. Hormis une poignée de militaires, il n’y a pas eu de peuplement argentin. Le continent étant bien plus hospitalier que ces îles perdues.

En 1833, le 3 janvier précisément, des troupes britanniques débarquent et occupent les îles sans combat, la présence argentine n’étant que symbolique. L’archipel des Malouines (Falkland Islands) va commencer à se peupler de colons britanniques.

Mais, l’Argentine n’a jamais abandonné sa revendication. En 1982, la junte au pouvoir à Buenos Aires tente une conquête de l’archipel qui se termine en déroute avec plus de 900 morts surtout argentins. Ils sont honorés chaque 2 avril. Il y a un consensus national sur cette question, car la guerre des Malouines est un traumatisme argentin. « la souveraineté de l'Argentine sur les îles Malouines n'est pas négociable». Affirme le président Milei, en plein processus de réhabilitation de la dictature, sauf qu’il a d’emblée écarté l’option militaire.

L’objectif de Milei est d’obtenir un processus de rétrocession comme pour Hong Kong. La comparaison, toutefois n’est pas très pertinente, la majeure partie de la colonie britannique reposait sur un bail de 99 ans qui touchait à sa fin et la population de la ville est chinoise pour l’essentiel. D’ailleurs les Hongkongais n’ont pas été consultés ni par Pékin ni par Londres. En revanche, les Malouins l’ont été en 2013 : 99,8 % des 3000 habitats pour conserver leur statut de territoire britannique d'outre-mer.

Chaque 3 janvier, la Journée de confirmation de notre souveraineté sur les îles Falkland, les îles Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les environs maritimes (el Día de la reafirmación de nuestra soberanía sobre las Islas Malvinas, Georgias del Sur, Sandwich del Sur y los espacios marítimos circundantes) est l’occasion d’adresser une réclamation au Royaume-Uni, en s’appuyant sur les institutions de l’ONU qui ont classé l’archipel des Malouines parmi les territoires à décoloniser.

On peut d’ailleurs s’interroger sur cette liste de territoires à décoloniser où ne figurent ni le Tibet ni la Tchétchénie ni le nord de Chypre ni la Yakoutie ni le Cachemire ni l’Irian Jaya ni l’Ostéite du Sud… et sur la composition du Comité spécial de la décolonisation chargé d’élaborer cette liste. Aucun pays européen n’y figure à l’exception de la Russie dont l’empire colonial reste encore considérable. Quant à l’Asie, elle est représentée par la Chine, l’Indonésie et l’Inde… on comprend mieux les oublis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2025

 
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carnaval, Afrique du Sud, 2 janvier Bruno Teissier carnaval, Afrique du Sud, 2 janvier Bruno Teissier

2 janvier : en Afrique du Sud, le second Nouvel An du Cap

Au Cap, on célèbre le 2 janvier, un second Jour de l’An lié à l’histoire de l’esclavage. Avec la fin de l’apartheid et des restrictions aux festivités organisées par les Noirs et les Métis, la fête a pris l’allure d’un véritable carnaval emblématique de la culture de la ville.

 

Les festivités liées au changement d’année, qui ont lieu au cœur de l’été austral, durent plusieurs jours au Cap, en Afrique du Sud. Depuis plus de deux siècles un Second Nouvel An (Tweede Nuwe Jaar) est célébré le 2 janvier. Avec la fin de l’apartheid et des restrictions aux festivités organisées par les Noirs et les Métis, la fête a pris l’allure d’un véritable carnaval emblématique de la culture de la ville, le Cape Town Minstrel Carnival qui cette année se terminera par la grande parade du 4 janvier 2025. De nombreuses rues du centre-ville seront fermées jusqu’au 5 janvier 2025 à minuit.

Ce second Nouvel An est un héritage de l’époque de l’esclavage (aboli en 1834) et d’une société ségrégationniste qui a persisté jusqu’en 1994. Les populations d’origine européenne célébraient la nouvelle année le 1er janvier avec une grande fête. Le lendemain, il était d’usage de laisser leur journée libre aux esclaves. Ces derniers avaient pris l’habitude de fêter leur propre Jour de l’An en organisant chaque 2 janvier, une fête très colorée, toute en musique. Les Blancs désignaient l’évènement comme le Coon Carnival (« Carnaval noir »), une appellation méprisante qui n’a plus court aujourd’hui pour le Cape Town Minstrel Carnival (« Carnaval des ménestrels du Cap »). À l’origine, la fête débutait dans le quartier malais de Signal Hill (Boo-Kaap) avec les chants des chœurs malais et des tambours ghoema. Peu à peu la fête s’est institutionnalisée, des troupes de chanteurs et musiciens (les klopses) de sont formées. Si bien que la fête est aussi connue familièrement sous le nom de Kaapse Klopse ou simplement de Klopse.

À l’époque de l’apartheid,  les lois sur la circulation et sur les « rassemblements illégaux » étaient utilisées pour imposer des obstacles aux organisateurs du festival des ménestrels qui était cantonné à certains quartiers et finalement confiné au stade Athlone, celui qui était utilisé pour les spectateurs « non blancs ». Pas question à l’époque de traverser le District Six, celui d’où ont été expulsés 60 000 Coloureds en vue d’en faire un quartier réservé aux Blancs.

La fête a repris de son importance avec la chute de la dictature et l’abolition de l’apartheid en 1994. Elle débute l’après-midi du 1er janvier, les chorales malaises du Cap (nagtroepe) commencent leur parade qui se poursuit le 2 janvier et le samedi qui suit. Ensuite, la compétition entre troupes de ménestrels a lieu les cinq samedis de suite (cette année jusqu’au 1er février).

Des milliers de personnes en uniformes scintillants, le visage peint, des chapeaux et des ombrelles défilent dans les rues de la ville, jouant leur musique ghoema caractéristique sur des banjos, des trompettes et des tambours. Les troupes sont espacées de manière que chaque représentation se déroule séparément, ce qui permet aux spectateurs d'entendre chaque troupe. Chaque troupe a également sa propre structure, avec des membres non-instrumentistes appelés voorlopertjies qui ouvrent la voie avec des mouvements de danse extravagants tandis que le groupe fournit la bande sonore de fond.

La parade attire chaque année une foule de 80 000 à 100 000 spectateurs, désireux de découvrir plus de 18 troupes de ménestrels et 20 000 artistes. Elle commencera sur Hanover Street au cœur du District Six, les équipes étant déposées près de Russell Street. Le cortège officiel débutera à Sir Lowry Road et Hanover Street. Après la prière du jeudi (midi), la première troupe lancera les festivités à 13h15. Ce 4 janvier 2025, les 20 troupes défileront sur l'ensemble du parcours, en commençant par Darling Street, en passant par le Hollywoodbets Purple Mile et en continuant sur Adderley Street. Le défilé remontera ensuite Wale Street, passera devant les jardins de la Compagnie et traversera Buitengracht Street avant d'entrer dans le quartier historique de Bo-Kaap (Schotsche Kloof). Le parcours se terminera sur Rose Street.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2025

Kaapse Klopse défilant à Cape Town, le 2 janvier 2017 (photo Olga Ernst)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

1er janvier : le traditionnel bain du Nouvel An en mer du Nord et ailleurs

La pratique des bains de mer du Nouvel An connaît un engouement spectaculaire depuis une dizaine d’années. C’est en mer du Nord, là où les conditions sont souvent les plus difficiles, qu’il attire les plus grosses foules.

 

Tous les ans, aux Pays-Bas, la Nieuwjaarsduik (le plongeon du Nouvel an) attire des dizaines milliers de nageurs intrépides prêts à affronter une eau à 7 ou 8 degrés. En principe, 226 spots de baignade étaient prévus aux seuls Pays-Bas mais cette année les conditions seront difficiles en mer du Nord.

Tout a commencé à Scheveningen, la grande station balnéaire de La Haye, en 1965 à l’initiative de Jan van Scheijindel, ancien du club de natation de La Haye Sport Na Arbeid (SNA). Chaque année cette plage accueille, à elle seule, quelque 10 000 baigneurs, sponsorisés par Unox, une marque de plats cuisinés qui distribue aux participants un bonnet orange et une soupe chaude. Mais, cette année, la plongée du 1er janvier 2025 à Scheveningen est annulée en raison de vents forts, de courants forts et de hautes vagues.

On se baigne aussi sur la côte belge. À Ostende, le bain des Ours polaires réunit chaque année quelque 6000 personnes. En France, à Dunkerque, le bain des Givrés, le plus grand rassemblement de la région, attire des milliers de personnes dans une ambiance de carnaval. Cette année, le rendez-vous est fixé à 11h devant le Malouin, digue de mer. Le top départ du bain du Nouvel An est donné à midi pile. L’an dernier, malgré une température extérieure de 7°C et un ressenti à 3°C, en raison d’un vent un peu glacial, ils étaient près de 2 000 baigneurs à avoir pris d’assaut la mer du Nord.

De nombreux bains collectifs sont prévus également sur la côte normande. Mais les mercredi 1er et jeudi 2 janvier 2025, un fort coup de vent est attendu sur l’ensemble des côtes de la Manche. Les rafales pourraient atteindre les 100/120 km/h le long des côtes. Certains bains pourraient donc être annulés en raison de conditions météorologiques défavorables voire dangereuses.

Cette pratique connaît malgré tout un engouement spectaculaire depuis une dizaine d’années en France, on se baigne aussi dans les lacs et les rivières et bien sûr en Méditerranée dans une eau à 10 à 12 degrés, ce qui est un peu moins héroïque. Martigues a organisé hier un bain de la Saint-Sylvestre, aujourd’hui, c’est au tour de Marseille sur la plage du Petit-Roucas.

Cette tradition du XXe siècle, comme beaucoup d’autres, vient en fait des États-Unis. Fondés à une année d’intervalle, le Coney Island Polar Bear Club et le L Street Brownies organisent des bains d’hiver dès 1903 et 1904, respectivement à New York (à l’initiative de Bernarr Macfadden) et à Boston. Limités à l’époque à quelques membres des clubs, ces bains du Nouvel Ans attirent désormais des milliers de baigneurs inscrits (et souvent costumés) et de de nombreux curieux.

Au Canada, les membres du Polar Bear Swim Club de Vancouver plongeaient dans l'eau glacée Plage de la Baie des Anglais, le jour de Noël (comme le font les Anglais). Plus tard, cette tradition née en 1920, s’est portée sur le jour de l'An. Cette nage hivernale, sous la glace, est appelée la nage avec l'ours polaire (polar bear plunge). Plus d’un millier de personnes s’y adonnent chaque année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2024

Nieuwjaarsduik, Scheveningen 2010 (photo : Alexander Fritze)

Le 1er janvier 2018, sur la plage de Haeundae, à Busan, en Corée du Sud (photo : municipalité de Busan)

 
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1813, Suisse, restauration, république, 31 décembre Bruno Teissier 1813, Suisse, restauration, république, 31 décembre Bruno Teissier

31 décembre : la restauration de la République de Genève

L'anniversaire de la Restauration de la République est un jour férié et chômé  dans le canton de Genève. La métropole de la Suisse romande se souvient qu’elle a été française pendant quelques années et commémore chaque 31 décembre le départ des Français en 1813 et la restauration de son ancien statut de ville libre, la République de Genève.

 

L'anniversaire de la Restauration de la République est un jour férié et chômé  dans le canton de Genève. La métropole de la Suisse romande se souvient qu’elle a été française pendant quelques années et commémore chaque année le départ des Français (le 31 décembre 1813) et la restauration de son ancien statut de ville libre, la République de Genève (le 1er janvier 1814).

Après une visite de courtoisie de Napoléon Bonaparte en 1797, la France gouvernée par les cinq membres du Directoire avait annexé Genève le 15 avril 1798. Entièrement encerclés par la France depuis que celle-ci avait absorbé la Savoie, en 1792, les Genevois n’étaient pas en mesure de résister. Le 25 août 1798, le ville de Genève est devenue une simple préfecture et le chef-lieu du département du Léman. Parmi les nouveautés apportées par le régime français figure le Code civil qui place la cité de Calvin sous un régime totalement nouveau, notamment en ce qui concerne la séparation du civil et du religieux.

L’aventure napoléonienne ne dure qu’une quinzaine d’années. Après la déroute de l’armée française en Allemagne, écrasée à la Bataille de Leipzig (octobre 1813), les troupes autrichiennes traversent la Suisse et le 30 décembre, entre dans Genève : la garnison française quitte la ville. Le lendemain, 31 décembre 1813, le préfet français quitte définitivement la cité. Un gouvernement dirigé par l'ancien syndic Ami Lullin proclamera, le 1er janvier 1814, la restauration de la république de Genève.

La ville ne restera pas longtemps une ville-État indépendante et isolée, ce qu’elle était depuis 1648, avant d’être annexée à la France. Par précaution Genève demandera à entrer dans la Confédération helvétique. Son rattachement sera effectif le 19 mai 1815. Toujours en tant que république, elle est acceptée comme le 22e canton. La Suisse n’accepte plus de nouveaux candidats, les nouveaux cantons ne seront que des scissions de cantons existants.

Chaque année depuis 1814, la Restauration est fêtée le matin du 31 décembre, jour férié dans le canton. Elle commence, à l'aube, par un tir de 26 coups de canon, un par canton suisse, tirés par la Société d'artillerie de Genève à trois endroits de la ville, la promenade de la Treille, la promenade Saint-Antoine et la rotonde du Mont-Blanc, suivi par une cérémonie officielle en présence des autorités cantonales. La commémoration se poursuit avec le culte de la Restauration en la cathédrale Saint-Pierre.

Les festivités, comme chaque année, ont commencées le 30 décembre, à 17h. Une cérémonie s’est déroulée sur la Treille, devant la Tour Baudet, sur laquelle on accroche une couronne. La première commémoration, organisée par la Société militaire de Genève, remonte à 1887. Au pied de la tour, le corps de musique de Landwehr a interprété le Cè qu'è lainô et le président du Conseil d'Etat, Antonio Hodgers, a présenté ses voeux à la population.

Le 31 décembre, les Genevois enchaînent les festivités avec le réveillon, des concerts sont donnés un peu partout dans la ville. Comme le veut la tradition, le Grand Hôtel Fairmont Geneva offre le feu d’artifice à minuit pour marquer le passage à l’an 2025, après un décompte en compagnie de Mme Christina Kitsos, Maire de la Ville de Genève.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2024

La salve tirée de la Treille (photo Charnaux Frères & Cie)

 
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1977, Slovaquie, Tchécoslovaquie, Église, 30 décembre Bruno Teissier 1977, Slovaquie, Tchécoslovaquie, Église, 30 décembre Bruno Teissier

30 décembre : la Journée de la déclaration de la Slovaquie comme province ecclésiastique indépendante

La République de Slovaquie a fait de l’anniversaire de la création une province ecclésiastique slovaque indépendante, une commémoration officielle. C’est une étape importante de l’indépendance des Slovaques à l’égard des Tchèques.

 

Cela peut paraître surprenant que la république de Slovaquie ait fait de l’anniversaire de la création une province ecclésiastique slovaque indépendante, une commémoration officielle. Cette décision du Pape Paul VI a été prise à l’époque de la Tchécoslovaquie communiste, le 30 décembre 1977. La petite ville de Trnava devenait le siège métropolitain de l'archevêque.

L’affaire était importante pour les Slovaques qui partageait à l’époque un même État avec les Tchèques, lesquels avaient pris leurs distances avec la religion, bien avant l’instauration d’une dictature communiste. Les Slovaques sont plus attaché à la relgion et très majoritairement catholiques, seules leurs élites s’appliquaient à parler slovaque et à cultiver un sentiment national alors que les luthériens slaves prônaient une assimilation entre les deux peuples Slaves qui aurait effacé la spécificité slovaque. Avant 1918, il n’existait pas de Slovaquie, le pays était appelé la Haute-Hongrie, il constituait la marge en partie slave du Royaume de Hongrie, État catholique dont la hiérarchie ecclésiastique s’imposait à l’ensemble du pays, même à ceux dont le hongrois n’était pas la langue maternelle. La Slovaquie aurait très bien pu ne jamais exister et demeurer au sein de la Hongrie. C’est la naissance de la Tchécoslovaquie qui a permis aux Slovaques d’échapper à la tutelle Budapest pour tomber ensuite sous celle de Prague, assorti de la condescendance des Tchèques à leur égard. La création de la Tchécoslovaquie a conduit à la nomination d'évêques tchécoslovaques et à la création d’une première province ecclésiastique séparée de la Hongrie. Entre 1939 et 1945, une Slovaquie inféodée a l’Allemagne nazie a été dirigée par un prêtre nationaliste, Jozef Tiso. C’est la première indépendance slovaque, mais c’est un épisode que la Slovaquie préfère oublier.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste au pouvoir a lancé le processus de déchristianisation de la Tchécoslovaquie mais, après le Printemps de Prague en 1968, la situation s'est améliorée entre le pouvoir et l’Église. Ce qui a conduit en 1977 à la décision de Paul VI de séparer Églises tchèque et slovaque,  après de longues négociations entre le Saint-Siège et le gouvernement de l'ancienne République socialiste tchécoslovaque (RSS). Cette décision anticipait de quinze ans, le divorce politique entre Tchéquie et Slovaquie qui interviendra le 1er janvier 1993.

Pour célébrer cette étape importante de l’indépendance des Slovaques à l’égard des Tchèques, on marque chaque 30 décembre, la Journée de la déclaration de la Slovaquie comme province ecclésiastique indépendante (Deň vyhlásenia Slovenska za samostatnú cirkevnú provinciu). Il s'agit d'une célébration officielle, mais ce n'est pas un jour férié.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 décembre 2024

Saint-Jean-Baptiste, l’église cathédrale de l'archidiocèse de Trnava

 
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1998, Cambodge, accords de paix, 29 décembre Bruno Teissier 1998, Cambodge, accords de paix, 29 décembre Bruno Teissier

29 décembre : la Journée de la Paix au Cambodge

Le gouvernement inaugure une nouvelle date pour célébrer la paix au Cambodge, bien plus confortable car au moins, elle ne fait plus référence à une exigence de démocratie dont le régime fait totalement défaut.

 

Jusqu’en 2021, le Cambodge célébrait la fin de la guerre chaque 23 octobre, qui correspondait à l’anniversaire des accords de paix de Paris signés en 1991 et qui mettaient fin à 21 ans de guerre. Le pouvoir de Phnom Penh a toujours été mal à l’aise avec ce jour férié, car il célébrait un accord qui prévoyait outre la paix, des élections démocratiques qui n’ont jamais eu lieu. La date du 29 décembre, plus valorisante pour Hun Sen, le leader historique, est aussi plus confortable pour le pouvoir en place.

Le conflit avait débuté en décembre 1978 par l’invasion du pays par l’armée vietnamienne visant à faire tomber le régime génocidaire des Khmers rouges. Arrivé dans les fourgons des Vietnamiens, un ancien khmers rouge nommé Hun Sen est mis au pouvoir. D’abord en tant que ministre des Affaires étrangères, aux ordres de Hanoï, puis de chef du gouvernement. Plus de quatre décennies plus tard, le pays demeure un protectorat vietnamien. Hun Sen est toujours au pouvoir, directement jusqu’en 2023 et aujourd’hui par l’intermédiaire de son fils Hun Manet qui lui a succédé. Les journalistes sont persécutés. Les leaders de l’opposition obligés de s’exiler pour échapper à la prison ou à la mort… L’état de droit n’a jamais été respecté au Cambodge, les accords de Paris non plus. Par conséquent, le jour férié le célébrant a fini par être supprimé au profit d’une journée de la Paix, décidée en janvier 2024 et fixée le 29 décembre.

L’argument des autorités pour le changement de date est qu’après 1991 des foyers de guérilla khmers rouges ont subsisté aux marges du pays, entretenant un conflit de faible intensité jusqu’à ce que le gouvernement mette en œuvre une « politique gagnant-gagnant » élaborée par Hun Sen. Cette politique garantissait la préservation de la vie et des biens des Khmers rouges qui se rendaient volontairement aux forces gouvernementales. Si bien que l’on peut considérer que la guerre civile au Cambodge a officiellement pris fin le 29 décembre 1998. En 2022, le 29 décembre a d’abord été déclaré Journée de la politique gagnant-gagnant (ថ្ងៃនយោបាយឈ្នះ-ឈ្នះ) pour souligner l'importance de cette politique dans la résolution finale du conflit cambodgien, mais sans en faire un jour férié. Le 1er janvier 2024, finalement, le gouvernement cambodgien l’a rebaptisé Journée de la Paix au Cambodge (ទិវាសន្តិភាពនៅកម្ពុជា) et l'a déclarée fête nationale. Le gouvernement parle du 26e anniversaire de la paix, mais on le fête cette année pour la première fois.

Pour l’occasion est prévu, un défilé militaire et des cérémonie au mémorial Gagnant-Gagnant ainsi qu’au stade national Morodok Techo, en présence du vice-premier ministre et ministre de la Défense, le général Tea Seiha et du premier ministre, Samdech Moha Borvor Thipadei Hun Manet. Dans la soirée, ce dernier a organisé un match de football amical au stade national, devant quelque 40 000 spectateurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2024

Le 1er janvier 2024, devant le Monument de la Victoire

Le mémorial Gagnant-Gagnant

Hun Manet passant ses troupes en revue (source gouvermentale)

 
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1945, États-Unis, 28 décembre, fête patriotique Bruno Teissier 1945, États-Unis, 28 décembre, fête patriotique Bruno Teissier

28 décembre : le serment d’allégeance des États-Unis d’Amérique

Aux États-Unis, l’idée d’un serment d’allégeance à la patrie remonte à la fin du XIXe siècle, quand l’arrivée massive de migrants nécessita de former de jeunes patriotes américains. La cérémonie a été modifiée à plusieurs reprises et, plus récemment, une référence à Dieu a été rajoutée.

 

Aux États-Unis, l’idée d’un serment d’allégeance à la patrie remonte à la fin du XIXe siècle, à l’époque où l’arrivée massive de migrants nécessita de former de jeunes patriotes américains. Dans les écoles, on se mit à faire réciter ce serment aux écoliers en leur présentant le drapeau.

Ce n’est toutefois qu’en 1945, le 28 décembre précisément, que ce serment a été reconnu par le Congrès. L’anniversaire de cette reconnaissance officielle, le Pledge of Allegiance Day, est fêté par l’armée mais elle n’est pas une célébration fédérale. Depuis 2004, elle fait l’objet de cérémonies locales et selon les États, elle est marquée avec plus ou moins de ferveur.

En voici la dernière version du serment mais ce n’est pas celle de 1945 : « Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation sous l’autorité de Dieu, indivisible, avec liberté et justice pour tous. »

Le texte de ce serment a, en effet, été modifié plusieurs fois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser la référence à Dieu : « under God », que l’on peut traduire par « sous l'autorité de Dieu » n’a été introduite qu’en 1954, en pleine guerre froide. Il s’agissait, disait-on à l’époque, de se distinguer de l’athéisme imposé par les États communistes. Le président Eisenhower venait, un an plus tôt, de se faire baptiser presbytérien. Il appuya fortement cette initiative, contestée et contestable, qui venait des milieux conservateurs.

En effet, cette allégeance à Dieu contredit pleinement l’article premier de la déclaration des Droits : « Le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d'expression… » Habilement, la Cour suprême s’est toujours débrouillée pour ne pas avoir à statuer sur la conformité de ce serment avec la constitution américaine. Tout juste a-t-elle admis que l’on puisse avoir la liberté de refuser de prononcer ce serment sans être sanctionné. Rares sont les écoliers qui s’y risquent.

Les Américains se sont habitué à cette injonction de croire en Dieu, « In God we trust » n’est-elle pas la devise du pays. Les premiers timbres-poste où figure cette devise sont apparus en 1954. Depuis 1955, elle est également inscrite sur les billets de banque… ceci en dépit de la séparation (officielle) de l’État et des Églises.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2024

Photo : Rebecca Westfall, une infographie de l’Armée américaine (2020)

Outre le texte du serment, la gestuelle aussi a changé plusieurs fois. Dans les année 1930, le bras tendu vers le drapeau s’apparentait trop à celui de l’Allemagne nazie. En 1942, on lui préféra la main sur le cœur, un geste qui a ensuite traversé l’Atlantique pour s’imposer aujourd’hui en Europe lorsqu’on joue les hymnes nationaux.

Le salut dit de Bellamy, dans les années 1920 et 1930

Des écoliers récitent le serment d'allégeance en 1899, Washington, DC

 
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27 décembre : une commémoration patriotique en Pologne

Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un nouveau jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne. Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande.

 

Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un 13e jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne (Narodowy Dzień Pamięci Zwycięskiego Powstania Wielkopolskiego). Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement militaire des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande. Il ne permet toutefois pas de constituer un super pont de Noël, après le 25 et le 26 décembre, car le 27 décembre n’est pas chômé contrairement aux deux jours précédents qui le sont en Pologne.

La Grande-Pologne (Wielkopolska) n’est qu’une petite partie de la Pologne dont elle constitue, ajoute de Poznan et de Gniezno , le cœur historique le plus ancien. En 1795, lorsque la Pologne a disparu de la carte de l’Europe, partagée entre la Russie, l’Autriche et la Prusse, c’est cette dernière qui hérita de la Grande Pologne. L’Unité allemande de 1871 en fit un territoire du IIe Reich. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la majorité de la population espérait naturellement que la région rejoindrait le nouvel État polonais prévu par la Conférence de paix de Versailles, tandis que l'Allemagne ne voulait pas s'en séparer.

C’est dans ce contexte qu’une insurrection a éclaté le 27 décembre 1918, après le discours patriotique prononcé à Poznań par le musicien et diplomate Ignacy Paderewski. La plupart des insurgés étaient des membres de l'Organisation militaire polonaise, qui combattaient l'armée régulière allemande et les unités paramilitaires irrégulières (Freikorps). À la mi-janvier 1919, les insurgés avaient pris le contrôle de la majeure partie de la province avec relativement peu de pertes. En février, l'Allemagne signa un armistice avec l'Entente et les combats cessèrent en grande partie, bien que des escarmouches occasionnelles se poursuivissent jusqu'à la signature du traité de Versailles. Grâce au succès de l'insurrection, la Grande-Pologne fut finalement incorporée à la Deuxième République polonaise.

Le 1er octobre 2021, le Sejm de la république de Pologne adoptait une loi, présentée par le président Andrzej Duda, et réclamé par les autorités locales de la Grande Pologne, établissant le 27 décembre comme jour férié (non chômé), en souvenir de cet évènement. « L’idéal de l’héroïsme polonais a repris des formes visibles. Il nous donne une puissance et une foi inépuisables en l’avenir. C'est pourquoi le souvenir du 27 décembre sera toujours vivant et sacré", écrivait le Kurier Poznański en 1919.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2024

 
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2004, 26 décembre, catastrophe naturelle Bruno Teissier 2004, 26 décembre, catastrophe naturelle Bruno Teissier

26 décembre : l’anniversaire du tsunami de l’Océan indien

Le tsunami survenu dans l'océan Indien le 26 décembre 2004, l'une des catastrophes les plus meurtrières de l'histoire récente, qui a coûté la vie à plus de 230 000 personnes. Pour ce 20e anniversaire, la commémoration est marquée par diverses institutions internationales, notamment l’Unesco.

 

Le tsunami survenu dans l'océan Indien le 26 décembre 2004, l'une des catastrophes les plus meurtrières de l'histoire récente, qui a coûté la vie à plus de 230 000 personnes. La mémoire de cette catastrophe mondiale est marquée chaque année dans les régions les plus touchées, de l’Indonésie au Sri Lanka et à la Thaïlande. Pour ce 20e anniversaire, la commémoration est officiellement marquée par diverses institutions internationales, notamment l’Unesco.

Le dimanche matin 26 décembre 2004 à 00:58:53 UTC, un tremblement de terre massif mesurant 9,1 sur l'échelle de Richter a frappé la côte ouest de Sumatra, en Indonésie. L'épicentre se trouvait à 30 kilomètres sous le fond marin et à environ 250 kilomètres au sud-sud-ouest de Banda Aceh. Le séisme a généré une série de vagues gigantesques pouvant se propager à 80 km/h en eaux peu profondes, les plus fortes répercussions ayant été ressenties en Indonésie et au Sri Lanka. Dans les neuf heures qui ont suivi le séisme, 14 répliques d'une magnitude comprise entre 5,7 et 7,3 se sont produites le long de l'arc allant de Sumatra vers Nicobar et les îles Andaman.

Quinze minutes après le séisme, des vagues ont commencé à frapper les côtes du nord de Sumatra et des îles Nicobar. Des vagues atteignant jusqu'à 30 mètres ont été enregistrées alors que le tsunami balayait Aceh, la région la plus touchée d'Indonésie.

Environ deux heures après le séisme, les vagues ont atteint le Sri Lanka, l'Inde et la Thaïlande. Une heure plus tard, elles ont atteint les Maldives et, plus de sept heures après le séisme initial, le tsunami a été observé à l'île Maurice et le long de la côte est de l'Afrique. La Somalie a déploré plus des 300 victimes.

Les vagues du tsunami ont fait de nombreux morts et blessés, déplacé des milliers de personnes, détruit des villes, des maisons, des moyens de subsistance, des infrastructures et ravagé des zones côtières.

En raison de l'ampleur des dégâts, les estimations du nombre total de victimes varient. Selon les Nations Unies, environ 227 000 personnes ont perdu la vie dans quatorze pays. Les données publiées par la Coalition pour l'évaluation des tsunamis indiquent qu'au moins 275 000 personnes ont perdu la vie.

À l’échelle internationale, il existe une Journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis, chaque 5 novembre. Certains pays sont depuis très longtemps sensibilisés aux risques de catastrophes naturelles, en particulier comme le Japon qui y consacre une journée chaque 1er septembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 décembre 2024

Des timbres postes émis par le Sri Lanka pour le 1er anniversaire de la catastrophe qui a particulièrement touché ce pays.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

25 décembre : Taïwan fête Noël beaucoup plus que sa constitution

Les jeunes taïwanais sont souvent surpris d’apprendre que le 25 décembre a été longtemps un jour férié dans leur pays et qu’il ne l’est plus depuis le début du siècle en dépit des festivités qui s’y déroulent au moment de Noël. Très officiellement, c’est seulement le Jour de la Constitution.

 

Les jeunes taïwanais sont souvent surpris d’apprendre que le 25 décembre a été longtemps un jour férié dans leur pays et qu’il ne l’est plus depuis le début du siècle en dépit des festivités qui s’y déroule chaque années. Depuis une génération, le Noël occidental est pourtant devenu une fête incontournable à Taïwan. Chaque année, les rues de cette île subtropicale sont décorées de sapins de Noël, de pères Noël et de lumières colorées. L’odeur du vin chaud flotte dans l'air du marché de Noël de Taipeh. Dans les rues des quartiers de Pingling et Shiding de nombreux établissements proposent des soirées de Noël. Quant à Christmasland, à New Taipei, c’est un véritablement parc à thème avec des manèges pour toute la famille.

En vérité, si le 25 décembre a été férié de 1963 à 2001, cela n’a rien à voir avec Noël, mais avec la constitution adoptée à Nankin, en 1946 par la Chine et qui est entrée en vigueur, un an plus tard, le 25 décembre 1947.

Une première constitution de la République de Chine avait été adoptée en 1912 après la révolution Xinhai qui a renversé la dynastie Qing. Il s'agissait d'une constitution provisoire élaborée par le gouvernement de Sun Yat-sen. Une autre constitution, provisoire elle aussi, a été promulguée en 1931 par le gouvernement nationaliste dirigé par Tchang Kaï-chek. En 1946, l’imminence d’une guerre civile avait poussé Tchang Kaï-chek à promulguer une constitution démocratique qui mettrait fin au régime à parti unique du Kuomintang. Peine perdu puisque que les communistes vont prendre le pouvoir en 1949 et que  le gouvernement de Tchang Kaï-chek se réduira à Taïwan. Cependant, dès le départ, cette constitution ne devait pas s’appliquer à Taïwan, car l’île restait sous administration militaire et elle vivra ensuite de 1947 à 1987 sous la loi martiale. Bien que la constitution prévît des élections démocratiques régulières, celles-ci n'ont pas eu lieu à Taïwan avant les années 1990. 

On comprend que les Taïwanais ne soient pas très attachés à commémorer une constitution qui ne leur a pas épargné presque un demi-siècle d’une dictature d’extrême droite (sous prétexte que le contient est dirigé par une dictature d’extreme gauche). Le Jour de la Constitution (行憲紀念日) à Taïwan est toujours célébré chaque 25 décembre, mais ce n’est plus qu’un anniversaire national, largement éclipsé par une fête de Noël sans dimension religieuse, sauf pour la modeste minorité chrétienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2024

 
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Noël, 24 décembre, chrétiens Bruno Teissier Noël, 24 décembre, chrétiens Bruno Teissier

24 décembre : la veille de Noël, une grande partie du monde s'échange des cadeaux

Au fil des années, le soir de Noël (ou le lendemain matin) est devenu la principale occasion de s’échanger des cadeaux. Cette coutume, aujourd’hui mondialisée, est relativement récente.

 

Au fil des années, le soir de Noël (ou le lendemain matin)  est devenu la principale occasion de s’échanger des cadeaux, même les Chinois et les Japonais s’y sont mis. La coutume, toutefois, est relativement récente, même dans le monde chrétien où, autrefois, les cadeaux s’offraient le 6 décembre ou le 6 janvier selon les régions ou encore pour le jour de l’An, mais jamais à Noël.

La tradition a commencé à poindre dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec l’invention des coutumes de Noël, telles qu’on les connaît aujourd’hui. On doit cela à la bourgeoisie anglaise qui a fait d’une fête religieuse, Noël, une fête familiale, visant en particulier les enfants auxquels la société de l’époque commençait à s’intéresser.

La coutume a vite traversé la Manche et en décembre 1893, Le Bon Marché, le grand magasin parisien, inaugurait la première vitrine de Noël. C’est à la même époque, que la figure de Saint Nicolas a inspiré la création du Père Noël, dont l’image sera récupérée au début du XXe siècle par la firme Coca-Cola qui lui donnera une notoriété mondiale. C’est ainsi, qu’en un siècle, la nuit du 24 au 25 décembre s’est imposée comme la principale date de distribution des cadeaux. Cette coutume s’est surtout installée après la Seconde Guerre mondiale pour devenir peu à peu incontournable dans tous les pays à la fin du XXe siècle.

Longtemps dans l’est de la France et dans tout le monde germanique, c’était le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, que l’on offrait cadeaux et friandises aux enfants. La date existe toujours, mais elle est aujourd’hui bien moins importante que Noël. Dans d’autres régions de France, c’était au jour de l’An, selon une tradition qui remonte aux Romains, que les enfants recevaient des étrennes. Ce mot provient de Strenia, le nom de la déesse romaine fêtée le premier jour de l’année. En Grèce, c’est toujours le 1er janvier, jour de la Saint-Basile de Césarée que l’on s’offre des présents. Mais en Russie, par mimétisme avec la tradition occidentale (mais avec le calendrier Julien), c’est traditionnellement dans la nuit du 6 au 7 janvier que sont déposés les cadeaux. Pour ne plus rien à voir avec le monde ruse, en 2023, les Ukrainiens ont abandonné cette date pour la nuit du 24 au 25.

Selon la coutume religieuse, l’échange de cadeaux rappelle les offrandes des Rois mages au Jésus nouveau né. C’est la raison pour laquelle, les enfants espagnols ne recevaient leurs cadeaux que dans la nuit du 5 au 6 janvier, avec l’arrivée des Rois mages. En Italie, c’est la même nuit qu’une sorcière du nom de Befana, dépose des présents destinés aux enfants. Befana serait une déformation du mot Épiphanie. Ces coutumes existent toujours, mais en Italie comme en Espagne, le poids symbolique de Noël a pris le dessus pour les dernières générations d’enfants. Seuls les Arméniens sont restés fidèles à la nuit du 5 au 6 janvier, assimilée à leur nuit de Noël. Mais pour ne pas frustrer leurs enfants, ils marquent aussi le 24 décembre.

Pour contrer l’hégémonie symbolique du Père Noël, l’Église catholique a longtemps suggéré de faire dire aux enfants que c’était le Petit-Jésus qui distribuait des cadeaux. L’argument n’a guère tenu et l’Église a fini par abdiquer face au personnage hégémonique. Noël est aujourd’hui une fête mondialisée au point que même les Iraniens ou les Coréens s’échangent eux aussi des cadeaux à Noël, fête perçue comme une coutume occidentale, à vocation consumériste, sans signification culturelle ou religieuse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2024

 

Une mosaïque du VIe siècle dans une église de Ravenne, Italie

La befana

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1956, Égypte, victoire, 23 décembre Bruno Teissier 1956, Égypte, victoire, 23 décembre Bruno Teissier

23 décembre : en Égypte, c’est le jour de la Victoire

Le 23 décembre 1956, les derniers soldats français et britanniques qui occupaient Port Saïd, quittaient définitivement l’Égypte après avoir vaincu son armé. Mais, le sens de l’Histoire a plaidé pour le vaincu, leur défaite diplomatique fut retentissante. Depuis cette date l’Égypte commémore sa victoire.

 

Le 23 décembre 1956, les derniers soldats français et britanniques qui occupaient Port Saïd, quittaient définitivement l’Égypte. Depuis ce jour, ce port méditerranéen situé à l’entrée du canal de Suez, célèbre sa libération. Deux ans plus tard, le 23 décembre 1958, un monument  commémoratif, sous la forme d’un obélisque, était inauguré à Port Saïd, sur la place de Martyrs, en présence de Gamal Abdel Nasser, le leader égyptien qui a  tenu tête aux Européens. Chaque année une cérémonie rappelle cet événement. À l’échelle du pays, le 23 décembre n’est pas férié mais il est désigné comme la Journée de la Victoire.

Et quelle victoire ! Celle du plus faible, comme c’est généralement le cas, sur les plus forts. On se souvient que la France et le Royaume uni, épaulés par Israël, avaient décidé de réagir militairement à un projet de nationalisation du canal de Suez par l’Égypte. Une expédition militaire fut lancée. Les parachutistes britanniques et français débarquèrent à Port-Saïd le 5 novembre et occupèrent la ville. Le lendemain, les Royal Marines débarquèrent à Port-Saïd, renforçant ainsi l'administration britannique et française. Les deux États européens n’avaient pas compris que l’ère des colonisations touchait à sa fin. Leur victoire militaire fut rapide, car l’armée égyptienne n’a été en mesure de résister, mais leur défaite militaire fut retentissante. Washington et Moscou ont fait pression de concert pour dissuader Paris et Londres de persister dans leur aventure et ces dernières furent contraintes à une retraite peu glorieuse. En raison de pressions politiques et économiques américaines, la Grande-Bretagne dut cesser le feu le 6 novembre 1956, sans prévenir ni la France ni Israël au préalable. La Grande-Bretagne et la France commencèrent à retirer leurs troupes de Port-Saïd en décembre. Le retrait s’est  terminé le 23 décembre. Gamal Abdel Nasser y gagna un prestige évident auprès de toutes les nations luttant contre l’occupation coloniale. Depuis ce jour, Paris et Londres ont perdu pied aux Proche-Orient, au profit de Washington et de Moscou. Ce 23 décembre marquait la fin d’une époque.

Depuis 1977, la ville de Port-Saïd est jumelée avec le port tunisien de Bizerte qui vécu un épisode comparable.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 décembre 2024

 
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1620, États-Unis, colonisation, 22 décembre Bruno Teissier 1620, États-Unis, colonisation, 22 décembre Bruno Teissier

22 décembre : la célébration des premiers colons nord-américains

La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins. C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth, une fête est en lien direct avec Thanksgiving.

 

La ville américaine de Plymouth, dans le Massachusetts, commémore chaque 22 novembre le débarquement, en 1620, des premiers colons qui, bien plus tard, seront appelés les Pères pèlerins (Pilgrim fathers). Cette fête, célébrée pour la première fois en 1769, est connue comme la fête des ancêtres (Forefathers' Day). Cette commémoration annuelle a un retentissement dans tout le pays car, par tradition, ces premiers colons européens considérés comme les premiers « Américains ».

Comment s’étonner du poids de la religion aux États-Unis, quand on sait que des fondamentalistes protestants sont considérés comme à l’origine de la future fédération. Ce groupe de puritains anglais s’était d’abord réfugié aux Provinces-Unies (Pays-Bas), avant de se lancer dans une traversée de l’Atlantique dans le seul but de conserver son intégrité religieuse sur une terre que l’on disait vierge. Ils étaient guidés par une stricte observance de la foi et du culte calviniste, la vie communautaire basée sur la discipline et une morale des plus austère. Même s’ils ont été précédés par les Français, des Espagnols et même des Anglais, plus au nord, ou plus au sud, ils sont sans doute à l’origine de la première colonie européenne d’Amérique du Nord, du moins celle dont on a gardé la mémoire car ils ont su affronter le terrible hiver nord-américain.

Le folklore états-unien a popularisé le nom de leur vaisseau, le Mayflower. Après un voyage de deux mois, le navire jeta l'ancre à Cape Cod, dans ce qui est aujourd'hui le port de Provincetown. Comme ils n'avaient pas d’autorisation pour s'installer dans cette zone, les colons explorèrent la région et décidèrent de s'installer dans ce qui est aujourd’hui le port de Plymouth. Un premier groupe a débarqué sur le site de Plymouth le 21 décembre 1620. Après une erreur de conversion de calendrier, la commémoration annuelle avait été fixée au 22 décembre. Cette date, ancrée dans la tradition, a été conservée après la découverte de l’erreur historique.

La célébration, organisée par le Old Colony Club, commence tôt le matin. Les membres du club marchent jusqu'au sommet de Cole's Hill (un monument situé en face de Plymouth Rock), lisent une proclamation en l'honneur des Pères pèlerins et tirent le canon du club. La veille ou le lendemain, la Société du Mayflower qui regroupe les descendant du Mayflower, Organise un dîner où l’on sert le succotash est un plat composé de maïs sucré et de haricots que l’on pense avoir été consommé par les Aïeux que l’on célèbre ce jour.

C’est l’un des mythes fondateurs de l’Amérique qui est rejoué chaque 22 décembre à Plymouth. Cette fête est en lien direct avec Thanksgiving qui, avant de devenir une fête commerciale, était une célébration de la première récolte, synonyme de survie, et donc juste le fait que l’on va passer l’hiver. Dans ce récit, il n’y a guère de place faite aux autochtones qui évoluaient hors du monde chrétien, ce qui ne leur donnaient aucune existence réelle aux yeux des colons.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2024

Le Débarquement des pèlerins, une œuvre de Charles Lucy

 
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21 décembre, vie de saint Bruno Teissier 21 décembre, vie de saint Bruno Teissier

21 décembre : la Saint-Thomas inaugure le temps de Noël

Plusieurs pays ont conservé les traditions populaires de la Saint-Thomas qui marque le début du temps de Noël.

 

Ce jour est le plus court de l’année, il était connu jadis comme la Saint-Thomas. En 1969, l’Église catholique a déplacé la Saint-Thomas au 3 juillet (date de la translation de ses reliques à Édesse), mais de nombreuses Églises occidentales ont conservé la date du 21 décembre qui avait été fixé au IXe siècle et qui commémore son martyre. C’est le cas des catholiques espagnols ou des luthériens allemands, pour eux la période de Noël commence aujourd’hui.

Dans certains pays, la tradition était de se lever tôt et d’arriver à l'école ou au travail plus tôt que d’habitude. En Angleterre et en Belgique, les élèves se précipitaient à l'école pour arriver avant les enseignants et verrouiller la porte pour échapper à leur cours. En Allemagne et aux Pays-Bas, les enfants qui étaient les derniers à arriver à l'école étaient surnommés Domesesel (« âne de Thomas »).

En Autriche, les anciennes coutumes païennes associées au solstice d'hiver se confondaient avec la célébration de la Saint-Thomas. Les gens sonnaient des cloches ou faisaient d'autres bruits  pour chasser les mauvais esprits . Il était également de coutume pour le chef de famille de traverser la maison en l’aspergeant d'eau bénite, en brûlant de l'encens et en priant pour protéger le reste de la famille. Des coutumes similaires existaient en Allemagne et en Tchéquie. Elles sont liées aux l’angoisses générées par cette période hivernale héritée de l’antique Yule.

Dans les pays nordiques, la Saint-Thomas est considérée comme le premier jour de la saison de Noël . Tous les préparatifs de Noël, de la coupe du bois de chauffage au brassage de la bière, devaient avoir été terminés avant le 21 décembre. La tradition n'est plus respectée aussi strictement, mais le marché de Noël d'Helsinki sur la place du Sénat est toujours appelé le marché de Saint-Thomas (Tuomaan Markkinat), même si aujourd’hui, il commence bien avant la Saint-Thomas.

En Angleterre, c'était un jour de charité, quand les pauvres femmes allaient mendier de porte en porte, on appelait cela un Thomasing. Le 21 décembre était le jour où le blé était cuit et distribué aux pauvres. La tradition s’est perdue au début du XXe siècle.

Thomas figure parmi les apôtres de Jésus. Il est connu comme celui qui a douté de sa résurrection.  Ainsi, il est invoqué par les personnes qui doutent. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 décembre 2024

 

Le marché de Saint-Thomas à Helsinki

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Bruno Teissier Bruno Teissier

20 décembre : la fête d'Ezid, célébration yézidie

La fête d'Ezid est une fête des Kurdes adeptes du yésidisme. Comme beaucoup de célébrations qui ont lieu à cette période de l’année, elle est liée au solstice d’hiver.

 

La plupart des religions ont une fête liée au solstice d’hiver (Noël, Yule, Hanoucca…), pour les Yézidis, c’est la fête d'Ezid (Cejna Êzîd ou Eyda Êzîd), ce vendredi 20 novembre 2024. Cette fête mobile pour le calendrier grégorien, tombe le dernier vendredi avant le 21 décembre.

Sultan Êzîd est une figure religieuse importante pour les Kurdes adeptes du yézidisme. Il est considérée comme la manifestation terrestre de Dieu. Les historiens font remonter le nom de cette figure divine au calife ommeyade Yazid 1er . Un mouvement pro-ommeyade particulièrement favorable à Yazid existait dans les montagnes kurdes avant le XIIe siècle, lorsque Cheikh Adi, un soufi d'origine omeyyade s'y est installé et a attiré des adeptes. Ces derniers ont été appelés les Yazidi ou Yézidis. Aujourd’hui, la protection de Cheikh Adi est très importante dans l'existence des Yézidis et son tombeau est un lieu de pèlerinage dans le temple de Lalish .

Toutes les fêtes yézidies commence par un jeûne de trois jours. Celui-ci commence mardi matin - avant le lever du soleil et dure jusqu'au coucher du soleil. Le quatrième jour, qui tombe vendredi, commence la fête. Les gens installent de grandes tables, se rendent visite et se félicitent.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2024

 
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