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Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1931, Canada, indépendance, 11 décembre Bruno Teissier 1931, Canada, indépendance, 11 décembre Bruno Teissier

11 décembre : le jour où le Canada est devenu presque indépendant

Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique. C’est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster, adopté par le Parlement britannique en 1931, qui accorde au Canada une quasi indépendance.

 

Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique, sans pour autant retirer le drapeau à la feuille d’érable. Cela concerne les immeubles fédéraux, les aéroports, les bases militaires et autres établissements fédéraux… tous se doivent d’arborer l’Union Jack, en même temps que le drapeau national, pour rendre hommage à une loi britannique votée en 1931.

Le 11 décembre est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster adopté par le Parlement britannique. Ce jour-là, les dominions autonomes de l'Empire britannique, dont le Canada, sont devenus des nations quasi souveraines à part entière. Cette date fait un peu figure, pour le Canada, de l’obtention de l’indépendance. Enfin, presque, car la rupture de 1931 est loin d’être totale puisque le roi d’Angleterre demeure celui du Canada. L’indépendance ne sera que graduelle. Par exemple, jusqu’en 1949, c’est le comité judiciaire du Conseil privé, un organisme britannique, qui reste la dernière cour d’appel pour les Canadiens. Ce pouvoir sera ensuite transféré à la Cour suprême du Canada. Autre exemple, le Parlement britannique conserve le pouvoir de modifier la Constitution du Canada, jusqu’en 1982, année de son rapatriement outre Atlantique… En revanche, sur la scène internationale, le Canada n’avait pas attendu le statut de Westminster pour agir sans en référer à Londres. Dès 1923, il signait un accord de pêches avec les États-Unis. En 1926, un premier ambassadeur canadien prenait son poste à Washington…

La Confédération canadienne a été fondée en 1867 et a acquis le statut de nation à la bataille de la Crête de Vimy, le 9 avril 1917. Il lui restait d’obtenir la reconnaissance de son autonomie, à la fois sur les scènes nationale et internationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024

 
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2017, Irak, Victoire militaire, 10 décembre Bruno Teissier 2017, Irak, Victoire militaire, 10 décembre Bruno Teissier

10 décembre : la victoire de l’Irak sur l’État islamique

Il y a 7 ans, le 10 décembre 2017, le premier ministre irakien annonçait la fin de la guerre contre Daech et la victoire de l’armée irakienne, célébrée désormais par un jour férié. L’État islamique n’a néanmoins pas été totalement anéanti, quelques djihadistes cachés dans le désert lancent encore des attaques sporadiques.

 

Le 10 décembre 2017, Haidar al-Abadi, le premier ministre irakien de l’époque annonçait la « victoire » de l’armé irakienne sur le groupe jihadiste État islamique (EI) et donc « la fin de la guerre contre Daech ». Pour célébrer cette victoire, le 10 décembre a été désigné jour férié sous le nom de Jour de la grande victoire contre l'État islamique (يوم النصر العظيم على داعش). Cette journée est marquée par des défilés militaires et d'autres événements festifs en l'honneur des forces armées irakiennes ainsi que par des interventions pédagogiques dans toutes les écoles.

La célébration n’a rien perdu de son importance. Samedi dernier, l’actuel premier ministre, Muhammad Shiaa Al-Sudani donnait ses directives pour les cinq jours de fête marquant le septième anniversaire de la victoire (du 8 au 12 décembre), demandant aux ministères mais aussi aux syndicats, associations et autres organisations de la société civile d’organiser des évènements pour l’occasion, en particulier le 10 décembre, jour chômé en Irak dans toutes les institutions gouvernementales.

Daech (l’État islamique) avait pris le contrôle d’une partie du pays en 2014 : d’abord Falloujah, et d’autres villes clé, puis Mossoul, la deuxième ville du pays, tombée le 9 juin 2014… Falloujah ne sera reprise par l’armée gouvernementale qu’en 2016 et Mossoul, le 10 juillet 2017. Il fallut encore quelques mois pour les dernières portions du territoire irakien, encore aux mains de Daech, tombent à leur tour.

Cela dit malgré cette victoire, célébrée chaque 10 décembre, l’éradication de Daech n’a jamais été totale ni en Irak ni en Syrie. L’EI aurait encore des armes et des caches dans le désert et continue d’attaquer sporadiquement les effectifs de l’armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes. Ce qui engendre des ripostes de l’armée gouvernementale. Dernièrement, le 22 octobre 2024, les autorités irakiennes annonçaient avoir tué 9 membres de l'État islamique dont Jassim al-Mazrouei, connu sous le nom d'Abou Abdel Qader, le chef de l’organisation en Irak depuis moins d'un an. Aujourd’hui encore, en dépit des dénégations de Donald Trump, les États-Unis déploient environ 2 500 militaires en Irak et près de 900 en Syrie, au sein de la coalition internationale créée en 2014 pour combattre Daech. L’alliance comprend des effectifs de plusieurs autres pays, notamment la France ou la Grande-Bretagne. Preuve que le danger n’a toujours pas été définitivement écarté, surtout depuis que le voisin syrien a sombré dans le chaos.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024

 
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9 décembre : les 200 ans d’indépendance du Pérou, la gloire de son armée

Le Pérou célèbre chaque 9 décembre son Jour de l’armée par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse est à l’origine du Pérou actuel.

 

Chaque 9 décembre, le Pérou célèbre son Jour de l’armée (Día del Ejército) par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse servit de prétexte à glorifier chaque année l’armée péruvienne.

Le 9 décembre 1824, une armée composée de soldats péruviens, argentins, vénézuéliens, colombiens et chiliens, sous le commandement du général Antonio José de Sucre, écrasait l’armée royaliste, fidèle au vice-roi du Pérou qui se battait pour le maintien de la domination espagnole sur l’Amérique du Sud. Cette victoire des indépendantistes à Pampa de Ayacucho, dans la banlieue d'Ayacucho, est importante car elle met un terme au dernier affrontement important des guerres d'indépendance en Amérique du Sud commencées par la révolution de Chuquisaca en 1809 dans le Haut-Pérou et s’achevant avec l'occupation des forteresses de Callao en 1826.

La bataille d'Ayacucho est généralement considérée comme la fin de la guerre d'indépendance péruvienne. Elle a ouvert la voie à l’existence du pays et lui a donné ses contours actuels. L’indépendance avait été proclamée le 28 juillet 1821 mais pour qu’elle soit effective, il fallait écarter la menace militaire de l’Espagne. C’est ce qu’à permis cette victoire. Mais celle-ci a eu une autre conséquence : une scission va très vite séparer le pays en un Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (qui va adopter le nom de Bolivie) et un Bas-Pérou (le Pérou actuel). C’est bien aujourd’hui que l’on peut célébrer le bicentenaire du Pérou. Pour l’occasion, les cérémonies durent plusieurs jours en présence de la présidente Dina Boluarte.

Aujourd’hui, le Pérou n’a plus faire face à la moindre menace militaire. Si l’armée est toujours officiellement une institution engagée dans la défense de la patrie, aujourd’hui, elle est avant tout une force mobilisable pour venir en aide à la population face à des événements naturels ou à des urgences majeures, comme le phénomène El Niño, les tremblements de terre, les glissements de terrain et les débordements de rivières… L’armée est fière d’affirmer que sur le terrain des catastrophes, les soldats péruviens sont toujours les premiers arrivés et les derniers repartis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2024

Le début des cérémonies, hier, en présence de la présidente Dina Boluarte

Batalla de Ayacucho, œuvre de Martín Tovar y Tovar (1827-1902)

 
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1735, France, Corse, 8 décembre Bruno Teissier 1735, France, Corse, 8 décembre Bruno Teissier

8 décembre : la fête nationale des Corses

Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse. Ses racines remontent au XVIIIe siècle mais la tradition, oubliée pendant deux siècles, n’a été réinventée que récemment.

 

Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse (a Festa di a nazione corse). Les racines toutefois sont beaucoup plus anciennes. Tout remonte à la révolte des Corses contre Gênes qui a débuté en 1729. La Corse à l’époque dépendait de la République de Gênes. Après avoir appelé la France et l’Autriche sans grand succès pour mater l’insurrection, Gênes finit par lâcher prise en 1735.

Selon la légende, le 8 décembre 1735, les principaux chefs de la lutte corse contre l'occupation génoise, se seraient réunis dans un couvent franciscain de Castagniccia, formant une assemblée qui prononçait la volonté d'indépendance de l’île. C’est une légende car il ne s’est rien passé précisément le 8 décembre de cette année-là.

C’est au début de l’année 1735 que la Corse se proclame indépendante et promulgue une constitution qui place l’île sous la protection de la Vierge, celle-ci était patronne de l’île depuis 1736. Ce texte du 30 janvier 1735 déclarait alors  : « (...) nous décidons que tous, les armes et les drapeaux dans notre dit royaume, soient empreints de l'image de l'Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête soient célébrés dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion (...) ». Ainsi le 8 décembre (l’Ottu di dicembri) devenait la fête de la nation corse. C’est à cette occasion qu’un chant religieux célébrant la Vierge Marie fut choisi comme hymne national, le Dio vi Salvi Regina (« Dieu vous garde, Reine »), composé au début du XVIIIe siècle par le jésuite napolitain Francesco de Geronimo.

Cet attachement de la Corse à l’Immaculée conception (Immaculata Cuncezziò) est d’ailleurs bien antérieure à celle du reste de l’Église catholique car c’est en 1854 seulement que cette  vieille fête, un peu oubliée, a été érigée en dogme par le pape Pie IX, avec la date du 8 décembre. 

Pourquoi ce choix de la Vierge qui contrarie ceux qui préféreraient une référence plus laïque ? Probablement est-ce un emprunt à la République de Gênes où elle était particulièrement vénérée. Ensuite, plus tard, quand la République française s’est voulue laïque, la Corse restée très catholique, a vu dans cette référence religieuse un moyen de se distinguer du continent et d’affirmer son identité propre.

On le sait, l’indépendance de la Corse a tourné court, après quelques retournements de situation, la France prit le contrôle de l’île de Beauté en 1769. Cette fête du 8 décembre tombera alors quasiment dans l’oubli pendant deux siècles, pour ne réapparaître que très discrètement dans les années 1970, dans le cadre du Riacquistu, « la réappropriation » par les Corses de leur passé culturel. Un semblable processus a eu lieu dans de nombreuses régions de France à cette époque, mais en Corse, il a évolué en revendication politique. C’est en 1981 que le mouvement autonomiste Unione di u populu corsu (« Union du peuple corse ») a commencé à revendiquer la date du 8 décembre et à lui donner une valeur politique.

L’adhésion à cette date ne fut pas immédiate, beaucoup auraient préféré fêter le 15 juillet, jour anniversaire de la proclamation de Pasquale Paoli comme chef de la nation corse en 1755, ce qui était politiquement beaucoup plus fort qu’une fête religieuse ressortie de la naphtaline. Mais les mouvements nationalistes, toujours très divisés, s’en sont tenus à la tradition, même s’il s’agit d’une tradition réinventée. Il y a quelques années, l’historien bastiais, Hubert Lenziani a exhumé une autre date dans un article qui relatait l'Assemblée d'Orezza de 1790 : « Une proposition émanant d’un représentant dénommé Pietri propose que le 30 novembre, faisant allusion à l’année 1789, date d’adhésion de la Corse à l’Imperium français, soit décrété fête nationale de la Corse. Ceci est voté à l’unanimité ». D’autres dates auraient pu s’imposer…

L’attachement à faire du 8 décembre un jour férié ne date véritablement que du début du XXIe siècle. Depuis quelques années, beaucoup de commerces corses tirent leur rideau ce jour-là. L'université de Corse-Pascal-Paoli de Corte a été pionnière en accordant la journée du 8 décembre aux étudiants dès 1998. Appuyée par les tenants locaux de la laïcité, l’Éducation nationale n’a jamais cédé pour les autres établissements. Mais face à l’absentéisme des lycéens les plus militants, elle a fini par accepter, en 2004, qu’au sein des établissements scolaires la journée du 8 décembre soit consacrée au patrimoine linguistique et culturel de la Corse, tout en laissant une grande autonomie aux lycéens pour l’organiser. C’est aussi une manière d’intégrer à la culture locale les nombreux lycéens issus de l’immigration, d’autant qu’en Corse le 8-Décembre a aujourd’hui largement perdu son caractère religieux. Même si, désormais, c’est généralement autour du 8 décembre que s’ouvrent les marchés de Noël, une tradition récemment importée du continent.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2024

 
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1975, Timor-Oriental, 7 décembre, occupation Bruno Teissier 1975, Timor-Oriental, 7 décembre, occupation Bruno Teissier

7 décembre : le Timor oriental se souvient de la terrible occupation indonésienne

Le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et occuperont pendant 24 ans, multipliant exactions et massacres. Au Timor oriental, le 7 décembre est désormais un jour férié dédié aux victimes de cette période noire de l’Histoire du pays.

 

Au Timor oriental, le 7 décembre est un jour férié dédié aux victimes de l'occupation indonésienne qui a duré de 1975 à 1999.

Le 28 novembre 1975, le Front révolutionnaire du Timor-Leste avait prononcé l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. Neuf jours plus tard, le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et l'occuperont pendant 24 ans. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, en mémoire des victimes de cette période : exécutions, massacres, tortures et famine délibérée : quelque 250 000 personnes ont perdu la vie du fait de l’occupation indonésienne.

L’ONU a vigoureusement dénoncé cette agression militaire et ne reconnaîtra jamais l’annexion indonésienne du Timor oriental. Mais l’Indonésie, dont le dictateur Suharto avait le soutien total des États-Unis encourageront l’annexion du Timor-Leste par cette dernière. Quant à l’Australie, elle reconnaîtra cette annexion et en profitera pour piller ses ressources pétrolières du Timor oriental. Il faudra attendre la chute du dictateur indonésien, en 1998, et une évolution de l’attitude de l’Australie pour que l’emprise indonésienne se desserre à partir de 1999.

Aussitôt après l’indépendance, rétablie le 20 mai 2002, la journée du 7 décembre avait été déclarée Jour des héros nationaux. En 2016, celui-ci a été déplacé au 31 décembre et le 7-Décembre est devenu le Jour de mémoire des victimes de l'invasion indonésienne (Dia em Memória das Vítimas da Invasão Indonésia). Le 7 décembre 2020, un mémorial dédié aux victimes a été inauguré dans le port de Dili, la capitale. C’est là que se déroule les commémorations du 7-Décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2024

Parachutage indonésiens au dessus de Dili le 7 décembre 1975 (Photo : Archives du musée de la Résistance du Timor-Leste)

 
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1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier 1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre :  la mémoire du siège de Dubrovnik

La Journée des défenseurs de Dubrovnik est liée au long siège de la ville lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991-1992. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade contre la Croatie.

 

Cette journée est connue sous le nom de Journée des défenseurs de Dubrovnik (Dan branitelja Dubrovnika) et sa célébration est liée au long siège de Dubrovnik lors de l'éclatement de la Yougoslavie.

Le siège de Dubrovnik avait débuté le 1er octobre 1991 lorsque les unités de l'Armée populaire yougoslave lancèrent une attaque contre la ville. Le siège dura jusqu'au 31 mai 1992. Le conflit rappelle celui que vit l’Ukraine aujourd’hui. Belgrade n’avait pas accepté que la Croatie fasse sécession, et a lancé contre elle, l’Armée yougoslave, une armée essentiellement composée de Serbes puisque Slovènes, Croates et Bosniaques l’avaient quitté. Ces forces commanditées par l’ultra nationaliste serbe Slobodan Milosevic ont bombardé les principales villes croates pour tenter d’empêcher l’éclatement de la Yougoslavie communiste, avec la même fureur que Poutine a tenté de prendre Kiev ou Karkiv en 2022, en souvenir de la défunte URSS.

Une centaine de civils sont morts pendant le siège de Dubrovnik, 70 % des bâtiments de la vieille ville (classée au patrimoine mondial de l'UNESCO) furent endommagés. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade.

Chaque année, du 3 au 7 décembre, la ville organise tout un programme de commémorations dont la partie centrale a lieu le 6 décembre. La journée commence à 8h au cimetière de Boninovo, avec un hommage aux anciens combattants tombés au combat, en particulier les pompiers, les policiers… À 11h15, c’est un récital d'enfants du primaire à l'amphithéâtre Srđ et, à 12h, un dépôt de fleurs avec allumage de bougies au pied de la croix de Srđ (la montagne qui domine la ville). À 13h, dans le port de la vieille ville, on rend hommage aux marins et vétérans tués en mer. À 15h30, les officiels se rendent au Mémorial des martyrs de Sustjepan, dans le cimetière de ce village côtier situé au nord de Dubrovnik. À 15h45, une messe est dite dans l’église de St. Nikola de Sustjepan. À 17h, retour à Dubrovnik pour le défilé de la fanfare de la ville sur le vieux port, le Stradun et devant l'église Saint-Pierre. À 18h, dans la cathédrale de Dubrovnik, c’est la traditionnelle messe solennelle à la mémoire de tous les anciens combattants tombés au combat. La soirée se termine par des concerts : à 20h, sur le Stradun, la célèbre rue centrale de la vieille ville, Đani Stipanićev & Klapa More & Klapa Ragusavecchia et, à 21h, Marko Perković, dit Thompson, le célèbre chanteur de la mouvance nationaliste croate. Le maire de Dubrovnik, Mato Franković (HDZ, droite) a toutefois interdit d’arborer les symboles du mouvement oustachi (fasciste) lors de cette journée du 6 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024

Cette année, pour le 6 décembre, le maire de Dubrovnik, Mato Franković, au centre, a fait confectionner des tee-shirts arborant le drapeau croate et l’effigie de saint Blaise, le patron de la ville. Ceci afin d’éviter d’être débordé par la symbolique nationaliste et fasciste qui tente de s’imposer lors de chaque commémoration liée au conflit yougoslave des années 1990.

 
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632, Iran, islam, chiisme Bruno Teissier 632, Iran, islam, chiisme Bruno Teissier

5 décembre : le monde chiite pleure Fatima az-Zahrâ

Ce jour est un jour de deuil dans le monde chiite. En Iran et en Irak, l’anniversaire du martyre de Fatima est célébré chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Les chiites, en effet, sont convaincus que la fille du prophète Mahomet a été assassinée.

 

En Iran, en Irak et dans tout le reste du monde chiite, on célèbre le Martyre de Fâtima az-Zahrâ  (شهادت حضرت فاطمه(س

Fatima (ou Fatimah) est la plus jeune fille de Mahomet, le prophète des musulmans. Fatimah az-Zahra (dite la brillante) est décédée vers 632, seulement quelques mois après son père. Pour les sunnites, la fille inconsolable serait morte de chagrin. Mais pour les chiites, elle n’aurait pas perdu la vie de manière naturelle mais des suites de ses blessures après l’attaque de sa maison commanditée par le calife Omar qu’elle tenait pour un usurpateur. Ce qui fait d'elle une martyre. Cet assassinat aurait eu lieu le 3 du mois de Joumada al-Thani en l’an 11 de l’Hégire (soit en 632 du calendrier chrétien) dont l’anniversaire tombe ce 5 décembre 2024.

Fatimah Zahra était la plus jeune fille du prophète des musulmans, Mahomet (ou Muhammad) et de sa première épouse Khadijah. Elle est très vénérée par tous les musulmans (chiites comme sunnites) car elle était très proche de son père et lui a offert son soutien quand il était en difficulté. Elle est également le seul membre de la famille du prophète à avoir eu une descendance. Elle était mariée à Ali, un cousin de Mahomet, qui fut donc le premier jeune homme à adhérer à l’islam, le premier imam aux yeux des chiites. Leurs deux fils Hassan et Hussein (Husayn) sont considérés comme les deuxième et troisième imams de l'islam chiite et les musulmans sunnites les considèrent également comme des personnalités importantes.

L'anniversaire du martyre de la fille du Prophète (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Pour le commémorer, on hésite entre deux dates : le 13 Jumâda Ath-Thânîya (du calendrier musulman) et le 3 Jumâdâ al-Âkhira. La seconde date, qui tombe aujourd’hui pour le calendrier grégorien, est la plus importante des deux. Le premier Fâtimîyya (الفاطِميَّة) tombe vingt jours plus tôt. Les cérémonies durent donc 20 jours, mais seul le second Fâtimîyya est un jour férié en Iran depuis 2001.  Ce jour-là, deux processions sont organisées, l’une dans la ville de Qom, vers le mausolée de Sayyida Ma’sûma, et l’autre dans la ville de Mechhed, vers le sanctuaire de l’Imam ar-Ridâ. Les villes saintes des chiites d’Irak, Najaf et Kerbala, organisent également de grande cérémonies. Ces célébrations sont précédées par trois nuits de la cérémonie de deuil.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024

 

Cérémonie au sanctuaire Alavi, à Najaf, l’une des villes saintes du chiisme, située en Irak

 Qom, en Iran

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Bruno Teissier Bruno Teissier

3 décembre : la journée panaméricaine de la médecine

Cette journée panaméricaine de la médecine est le jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, un médecin cubain. C’est lui qui a démontré que la propagation de la fièvre jaune se faisait par le  moustique Aedes aegypti. Sa découverte a sauvé des centaines de milliers de vies.

 

Une journée latino-américaine de la médecine (Día de la Medicina Latinoamericana) avait d’abord été instituée et placée le 3 décembre, jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, médecin cubain en 1833. Pendant les guerres d'indépendance cubaine, il a été engagé par l'armée américaine pour analyser les pertes de soldats dues à la fièvre jaune. C’est lui qui a démontré que la propagation de cette maladie se faisait par le moustique Aedes aegypti. Ce qui contredisait la théorie du médecin états-unien Walter Reed qui assurait qu’elle était d’origine bactérienne.

Quand Carlos Juan Finlay se rend aux États-Unis, en février 1881, pour présenter son ouvrage Le moustique hypothétiquement considéré comme un agent de transmission de la fièvre jaune, il est totalement ignoré par les milieux scientifiques restés fidèles à la théorie de Reed. Il faudra attendre 1911, quand la France décide de décerner à Finlay la Légion d'honneur pour sa découverte qui a sauvé des milliers de vies et que l'Angleterre lui décerne la médaille Mary Kinsley, pour que Finlay soit reconnu internationalement comme le vrai découvreur de l’agent de la fièvre jaune. Finlay a été proposé sept fois pour le prix Nobel de médecine, mais les États-Unis, mauvais joueurs, ont fait à chaque fois capoté l’affaire. Ce n’est que dans les années 1950 que la vérité historique fut enfin clarifiée.

Finalement une Journée panaméricaine des médecins de la médecine (Día Panamericano del Médico y la Medicina - Pan American Day of Doctors and Medicine Day) a été proposée par la Fédération médicale argentine par l'intermédiaire du professeur Remo Bergoglio lors du Congrès panaméricain de médecine qui s’est tenu en 1953 à Dallas, au Texas, organisée par l' Organisation panaméricaine de la santé (OPS). 

La journée du 3 décembre (Día Nacional del Médico en Cuba) en l’honneur du médecin cubain Carlos Juan Finlay Barrés est particulièrement célébrée à Cuba où est né ce médecin (de parents écossais et français), mort à La Havane en 1915. La médecine, si elle n’est plus à Cuba ce qu’elle fut il y a quelques décennies, reste un secteur majeur dans le pays, à la fois produit de propagande pour le régime et aide réelle à de très nombreux pays parmi les les plus pauvres de la planète. Actuellement, quelque 28000 professionnels de la santé travaillent dans 58 pays. Depuis les années 1960, ils ont été plus de 400 000 à travailler un peu partout dans le monde. C’est une des grandes fiertés de Cuba dont le régime est aujourd’hui en déliquescence.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024

Timbre poste cubain émis en 1981 à l’occasion du centenaire de la découverte scientifique de Finlay

 
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1975, Laos, abolition de la monarchie, 2 décembre Bruno Teissier 1975, Laos, abolition de la monarchie, 2 décembre Bruno Teissier

2 décembre : la fête nationale du Laos

La fête nationale au Laos commémore l’abolition de la monarchie et la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.

 

La fête nationale au Laos (ວັນຊາດ) commémore la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.

Les 17 et 30 avril 1975, suite au retrait américain, Phnom Penh et Saigon sont tombés aux mains des communistes. Au Laos, une guerre civile durait depuis plus de deux décennies. Les combats impliquaient également les forces nord-vietnamiennes, sud-vietnamiennes, américaines et thaïlandaises. Les accords de paix de Paris de 1973 avaient temporairement arrêté les combats. En 1975, le Pathet Lao (le Parti communiste) a rompu le cessez-le-feu. Le 2 décembre 1975, le roi du Laos Savang Vatthana est contraint d'abdiquer et la République démocratique populaire lao est proclamée. L'anniversaire de l’abolition de la monarchie (ການ​ຍົກ​ເລີກ​ລັດ​ທິ​ປະ​ຊາ​ທິ​ປະ​ໄຕ​) est célébré comme la principale fête nationale au Laos. Kaysone Phomvihane, secrétaire général du parti, devient le Premier ministre du nouveau régime.

La fête nationale du Laos est largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des cérémonies solennelles, des défilés et d'autres événements et activités festifs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024

 
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1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier 1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, la fin d’un déni français

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après 80 ans de déni, la France commémore enfin cette journée honteuse du 1er décembre.

 

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après plusieurs décennies de déni, la France et notamment plusieurs localités comme Morlaix, où ils avaient été cantonnés, commémorent cette journée honteuse du 1er décembre.

Fin novembre 1944, plus de 1 600 soldats africains (officiellement 1 280) issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. On les appelle les « tirailleurs sénégalais » mais ils sont aussi originaires Dahomey (actuel Bénin), du Soudan français (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Côte d'Ivoire, de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Niger, du Gabon et du Togo. Ils ont aidé la France à vaincre l’occupant allemand, leur mission étant terminée, ils ont été rapatriés pour être démobilisés.

Ils n’ont été payés que très partiellement et la plupart refusent de quitter le camp tant que leur solde n’aura pas été versée intégralement, en outre ils réclament que leur pécule en francs français soit changé en franc de l’AOF au cours officiel de 500 pour 1000 FF au lieu de 250 comme on le leur propose. En réponse à ce mouvement de protestation, le camp est investi par les troupes du général Dagnan au matin du 1er décembre et les Français tirent sur les soldats africains rassemblés. L’armée française a d’abord reconnu 35 morts, puis 70… sans compter les très nombreux blessés. Les historiens parlent de plusieurs centaines de morts, probablement entre 300 et 400. 80 ans après, la majeure partie des archives françaises concernant ce crime de guerre ne sont toujours pas publiques.

Le président Hollande en 2014 est le premier à reconnaître une “répression sanglante”, mais en s’en tenant au bilan  officiel de 1945 : 35 morts, sans les nommer ni révéler le lieu de leur sépulture ni reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre. Le 28 novembre 2024, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le ‘massacre’ de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, anticipant de trois jours ce 80e anniversaire. À l’assemblée nationale française, on annonce une commission d’enquête… En parallèle, côté sénégalais, un groupe d’historiens, de documentalistes et d’archivistes a été missionné pour tenter de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre autour de ce massacre qui a profondément marqué les populations d’Afrique de l’Ouest. Son évocation auprès des plus jeunes est une illustration de l’époque terrible de la colonisation française et participe au discrédit de la France dans la région. Est-ce une coïncidence si deux jours avant ce 80e anniversaire le gouvernement sénégalais annonçait que l’armée française était invitée à quitter le Sénégal. Le Tchad venait de faire de même. Les nouvelles autorités du Sénégal veulent en faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France, l'ancienne puissance coloniale. Le président sénégalais a annoncé dimanche que l'histoire du massacre serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".

Au Sénégal, le massacre est aussi commémoré chaque 23 août , mais une autre Journée du tirailleur est désormais instituée le 1er décembre. Ce 1er décembre 2024, une cérémonie officielle se déroule au cimetière en présence de six chefs d’État (Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Gambie, Gabon, Comores) ainsi que le Président de l’Union africaine. Les putschistes au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, trois pays dont beaucoup de « tirailleurs » étaient pourtant originaire, ne sont pas venus. Côté français, Emmanuel Macron s’est fait représenter par son ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

À lire :
Le massacre de Thiaroye - 1er décembre 1944. Histoire d’un mensonge d'État, Armelle Mabon, Le Passager clandestin, novembre 2024.

Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Martin Mourre, PUR, mars 2017.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2024

Mise à jour fin 2024 : le 1er décembre, lors des célébrations du 80e anniversaire, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, déclarait « Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n’accepte pas qu’une telle injustice entache son histoire », estimant que l’épisode est une « plaie béante dans notre histoire commune ».

Cela dit, la figure des tirailleurs est aussi l’objet de polémiques. « Les tirailleurs sont des traîtres. Ils se sont battus contre leurs frères », a déclaré le 31 décembre 2024, le ministre Cheikh Oumar Diagne, sur une chaîne de télévision, ce qui lui a tout de même valu un limogeage.

Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944. (photo Erica Kowal)

 
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Afrique du Sud, 30 novembre Bruno Teissier Afrique du Sud, 30 novembre Bruno Teissier

30 novembre : la journée Regina Mundi à Soweto

L’église catholique Regina Mundi de Soweto fut un refuge pendant la lutte contre l’apartheid. Nelson Mandela lui a dédié une journée de fête chaque 30 novembre.

 

Conçue par l’architecte Anthony Noel Errol Slaven, Regina Mundi est la plus grande église catholique d’Afrique du Sud, elle peut accueillir jusqu’à 5 000 personnes. Elle est située à Soweto, un quartier résidentiel urbain noir proche de Johannesburg.

Pendant les années de lutte contre l’apartheid, les réunions politiques étaient interdites dans la plupart des lieux publics, mais le gouvernement ne pouvait pas interdire la fréquentation de l’église. C'est pourquoi Regina Mundi est devenue le lieu où les gens pouvaient se rencontrer et discuter en toute sécurité.

Regina Mundi a aussi été le refuge des étudiants, qui avaient été attaqués lors du soulèvement de Soweto, le 16 juin 1976. De nombreux manifestants se sont réfugiés dans l'église. La police est entrée dans l’église et a commencé à tirer à balles réelles. Il y eut beaucoup de blessés, mais personne n'a été tué dans l’église.

C’est Nelson Mandela, en 1997, qui a déclaré le 30 novembre : Journée Regina Mundi (Regina Mundi Day). Ce n’est pas un jour férié, mais c’est une journée de mémoire importante pour le peuple sud-africain.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2024

Les vitraux de l’église Regina Mundi de Soweto montrent des scènes de l'histoire de la libération du township et de l'Afrique du Sud. (photo Willem van Valkenburg)

 
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1944, Albanie, libération, 29 novembre Bruno Teissier 1944, Albanie, libération, 29 novembre Bruno Teissier

29 novembre : le jour de la libération de l’Albanie, une date controversée

Ce 29 novembre 2024, l’Albanie célèbre le 80e anniversaire de sa libération. Un événement mémorable puisque les partisans albanais sont parvenus à libérer seul le pays mais une date controversée car elle est fausse nous affirment ses détracteurs.

 

Ce 29 novembre 2024, le lendemain de sa fête nationale, l’Albanie célèbre le 80e anniversaire de sa libération. Un événement mémorable puisque les partisans albanais sont parvenus à libérer seul le pays sans l’aide ni des Soviétiques ni des Anglo-Américains. Si la date fait controverse en Albanie, c’est qu’elle est fausse. C’est le 28 novembre 1944, en réalité, qu’a eu lieu le grand défilé de la victoire dans les rues de Tirana, alors que Shkodër, la deuxième ville du pays, venait à son tour d’être libérée. Et c'était une occasion particulière, car ce jour coïncidait aussi avec la fête de l'indépendance.

D’où sort alors la date du 29 novembre qui a été adoptée dès l’année suivante pour célébrer la victoire ? C’est celle de la proclamation de la République populaire de Yougoslavie, en 1945, qui elle-même faisait référence au congrès des partisans communistes de Jajce, en 1943, lequel établissait les fondements d’une Yougoslavie nouvelle, communiste et fédérale. Enver Hoxha, en grand admirateur de Tito, avait un instant rêvé d’une intégration de l’Albanie à ce nouvel État où d’ailleurs vivent beaucoup d’Albanais. Le choix de cette date était une manière d’allégeance. La rupture viendra vite entre les deux pays frères, mais la date du 29 novembre est restée.

Ses détracteurs proposent soit de la déplacer au 28 novembre, mais c’est déjà la fête de l’indépendance et la libération du pays risquerait d’être occultée ; soit de la déplacer au 17 novembre qui est la date de la libération de Tirana que les Allemands ont abandonné pour ne pas s’y retrouver piégés. C’est le jour où le drapeau national a été hissé dans la capitale en remplacement de celui des nazis. La date est symbolique, mais elle mettrait trop en avant Mehmet Shehu, commandant de la première brigade des partisans, le grand vainqueur de la bataille pour la libération de la capitale. C’est sans doute ce que pensa Enver Hoxha craignant que ce pilier du régime ne lui fasse de l’ombre jusqu’à que ce dernier finalement ne se « suicide » en 1981. Mais Mehmet Shehu est aussi un criminel de guerre au palmarès que le pays n’a guère envie d’étaler. Autant d’épisodes que les Albanais préfèrent oublier. Certains suggèrent alors d’adopter le 8 mai, une date célébrée par une vingtaine des membres de l’OTAN. Un autre option symbolique. Passé ce 80e anniversaire, le débat reste ouvert.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 novembre 2024

 
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27 novembre : le Maaveerar Naal, journée de deuil pour les Tamouls du Sri Lanka

Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent les soldats tombés pendant la guerre qui les a opposé pendant un quart de siècles aux autorités de Colombo dominées par les Cinghalais. La période précédant le 27 novembre, célébrée sous le nom de Maveerar Naal ou Journée des héros, est une période importante pour les Tamouls de l'Eelam, car elle leur permet de se souvenir et d'honorer ceux qui ont fait le sacrifice ultime dans leur lutte pour l'autodétermination.

 

Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent leurs soldats tombés pendant la guerre qui les a opposés pendant un quart de siècle aux forces armées de Colombo dominées par les Cinghalais. Ce conflit s’est terminé en 2009 par l’écrasement total des Tigres de libération de l’Eelam (le territoire défendu et revendiqué par les Tamouls, au nord de l’île), le LTTE, au prix de quelque 100 000 morts. L’armée tamoule est aujourd’hui dissoute et les manifestations liées à la Journée des héros ont été longtemps interdites au Sri Lanka. Seule la diaspora tamoule, en particulier dans les grandes métropoles occidentales, manifestait librement à l’occasion du Maaveerar Naal (மாவீரர் நாள்) organisé chaque 27 novembre. Tout récemment, suite à la victoire de l’opposition aux élections, l’ambiance politique a radicalement changé au Sri Lanka. Les manifestations commémoratives sont désormais tolérées mais à condition de ne pas utiliser des logos, des uniformes ou des photos de cadres des LTTE. 

Malgré de fortes pluies, plusieurs commémorations ont eu lieu cette semaine à Jaffna. Une commémoration a également eu lieu au Chatty Thuyilum Illam - ou lieu de repos des héros - dans le district de Jaffna. Les événements ont commencé par une cérémonie poignante dans le cimetière détruit, où des personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux héros tombés au combat. Des fleurs ont été déposées au mémorial en signe de respect et de solidarité.

La date du 27 novembre est celle de la mort au combat du premier cadre du LTTE, le lieutenant Shankar (alias Sathiyanathan Suresh) en 1982. Le Maaveerara est célébré depuis 1989, traditionnellement, on allume des lampes à huile pendant trois jours (jusqu’au 27 novembre). Dans toute la diaspora, on arbore des drapeaux de l’Eelam tamoul aussi bien lors des cérémonies que des manifestations de rue ou sur les vitrines des magasins tenus par des Tamouls, un peu partout dans le monde.

Depuis sa mort en 2009, tombé dans une embuscade de l’armée sri lankaise, l’anniversaire de Velupillai Prabhakaran, qui tombe le 26 novembre, est inclus dans les commémorations. C’était le chef suprême, mythique et controversé, des Tigres de libération de l’Eelam, une organisation qu’il a créé en 1976. Sa mort avait sonné la défaite des Tamouls.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024

 
Mémorial discret et improvisé au Sri Lanka

Mémorial discret et improvisé au Sri Lanka

Velupillai Prabhakaran, le chef mégalomane et charismatique des Tigres Tamouls devant la flamme du souvenir et la silhouette de l’État revendiqué : photomontage invitant au Maaveerar Naal 2020

Manifestation à Londres

Manifestation à Londres

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Mémorial tamoul situé en Allemagne

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1924, Mongolie, 26 novembre, république Bruno Teissier 1924, Mongolie, 26 novembre, république Bruno Teissier

26 novembre : le centenaire de la république mongole

La Mongole célèbre chaque année le jour où elle est devenue un satellite de l’URSS, une drôle de fête qui rappelle beaucoup de mauvais souvenirs mais au moins la Mongolie n’a pas été que partiellement absorbée par la Chine et comme l’URSS a disparu... Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont très largement négatives…

 

Le Grand Khural de Mongolie (l’assemblée nationale) se réunit aujourd’hui en session commémorative du 100e anniversaire de l'adoption de la Première Constitution mongole. Des festivités ont lieu dans tout le pays.

Le 26-Novembre était autrefois appelée Fête de l’indépendance. Celle-ci a été remplacée en 2011 par le 29 décembre, mais la fête du 26 novembre a été conservée comme Jour de la République (Бүгд найрамдах өдөр). La république mongole dont on fête cette année le centième anniversaire. Chaque année, c’est une journée à la gloire du pays, de son drapeau, de son hymne. Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. Des étudiants venus de tout le pays sont en costume traditionnel. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont déjà très largement négatives… mais que commémore-t-on en ce Jour de la république ?

Le 26 novembre 1924, la Mongolie adoptait une nouvelle constitution qui faisait d’elle un pays communiste, concrètement le premier État satellite de la future URSS. Les autorités ont attendu la mort du souverain, Bogdo Khan, qui était en même temps chef religieux. Devenant une « république populaire », le lamaïsme y était bientôt interdit, les terres et troupeaux collectivisés et de purges en purges, ses élites complètement asservies par le grand voisin russe. En sommes cela ne rappelle pas de très bons souvenirs, si ce n’est que la Mongolie a échappé, au moins en partie, à la tutelle chinoise.

Cette Mongolie soviétisée n’a survécu que quelques semaines à la disparition de l’URSS. En 1992, une nouvelle constitution, démocratique cette fois, a été adoptée. Mais ce changement de régime n’a donné naissance à aucune fête nationale, pourtant cette démocratie coincée entre deux dictatures, est bien la seule de la région et elle tient bon. Ce sont les journées du 11-12 juillet (le Naadam) qui célèbre l’indépendance à l’égard de la Chine et font figure de fête nationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 novembre 2024

 
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1975, Suriname, indépendance, 25 novembre Bruno Teissier 1975, Suriname, indépendance, 25 novembre Bruno Teissier

25 novembre : la fête nationale du Suriname

Au Suriname, c’est le Jour de l'indépendance (Srefidensi Dey) qui est aussi la fête nationale, jour anniversaire de l’indépendance obtenue en 1975 après deux décennies d’un régime d’autonomie à l’égard des Pays-Bas, ancienne puissance coloniale.

 

Chaque 25 novembre, on célèbre le Jour de l'indépendance (Srefidensi Dey) qui est aussi la fête nationale du Suriname. Les principaux événements marquant cette journée se déroulent au Palais présidentiel de Paramaribo, la capitale. Le président du Suriname prononce un discours, qui est suivi d'un défilé militaire devant le palais et d'une réception présidentielle et une soirée de gala.

L’an dernier, en 2023, le Srefidensi Dey avait été marqué par une catastrophe minière qui a fait de nombreux morts cinq jours plus tôt. Il avait été célébré dans une ambiance morose de crise économique et de fuite des cerveaux. Cette année tout le monde a en tête le 50e anniversaire de l’indépendance qui sera fêté en 2025, avec sans doute un nouveau gouvernement puisque le printemps prochain sera marqué par des élections législatives. Cette fête est également célébrée au Pays-Bas, au sein de l’importante communauté surinamaise.

On célèbre l’anniversaire de l’indépendance obtenue le 25 novembre 1975 après deux décennies d’un régime d’autonomie à l’égard des Pays-Bas, ancienne puissance coloniale qui occupait le pays depuis la fin du XVIIe siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024

 
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1997, 24 novembre Bruno Teissier 1997, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : des fleurs sur la tombe de Barbara

Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ?

 

Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ? En juillet 1964, Barbara est invitée par le directeur du Jungen Theater de Göttingen, une petite ville de Basse-Saxe. Elle refuse d’abord, puis se laisse convaincre à aller chanter en Allemagne. La jeune femme d’origine juive a échappé à la déportation en vivant cachée pendant l’occupation allemande de la France. La guerre s’est terminée il y a moins de vingt ans. Ce qui la fait changer d’avis c’est qu’on lui dit qu’elle a beaucoup de fans parmi les étudiants cette ville universitaire. Beaucoup n’ont même pas vingt ans. Le récital a failli ne pas avoir lieu parce que Barbara avait exigé un piano à queue, elle refuse le piano droit qu’on lui présente. Mais finalement quelques étudiants costauds finissent par leur ramener celui d’une vieille dame. La soirée connaît un tel succès que le directeur du théâtre prolonge son contrat de huit jours. Barbara tombe amoureuse de la ville et de ses « enfants blonds ». Après avoir griffonné les premières paroles de Göttingen, elle interprète cette nouvelle chanson le dernier soir, devant un public conquis. « Bien sûr, ce n’est pas la Seine. Ce n’est pas le bois de Vincennes. Mais c’est bien joli tout de même à Göttingen.» " Cet hymne célébrant l’amitié franco-allemande est resté une chanson culte. « Et tant pis pour ceux qui s’étonnent. Et que les autres me pardonnent. Mais les enfants, ce sont les mêmes. À Paris ou à Göttingen.» Barbara a fait ensuite une version allemande de cette ode à la réconciliation franco-allemande.

La France et l’Allemagne ont scellé leur réconciliation un peu plus d’un an plus tôt, le 22 janvier 1963. La visite de Barbara à Göttingen, suivie de plusieurs autres, et sa chanson sont de ces petits gestes qui rapprochent les peuples.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024

Barbara en 1965 (photo Ron Kroon)

 
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1932, 1933, Ukraine, URSS, novembre, génocide Bruno Teissier 1932, 1933, Ukraine, URSS, novembre, génocide Bruno Teissier

23 novembre : Holodomor, le génocide des Ukrainiens voulu par Moscou

Entre 19h32 et 19h33, ce 23 novembre, les Ukrainiens observent une minute de silence en mémoire de la plus grave tragédie de leur histoire : la mort de 7 à 10 millions de leurs compatriotes lors de la grande famine de 1932-1933.

 

Ce jour, entre 19h32 et 19h33, les Ukrainiens observent une minute de silence en mémoire de la plus grave tragédie de leur histoire : la mort de 7 à 10 millions de ses habitants lors de la grande famine de 1932-1933, soit quelque 25 % à 30 % de sa population de l'époque.

À Kiev, un cortège se rend au mémorial de l'Holodomor (голодомо́р « mort de faim » en ukrainien, го́лод, holod, la faim ; мор, mor, l’extermination), par la rue Ivan Mazepa. Des milliers d'Ukrainiens en famille viennent y déposer une bougie.

Une cérémonie a également lieu à Bykivnia, localité de la banlieue de Kyiv où de très nombreux morts ont été inhumés. En 2006, Kyiv reconnaissait le caractère génocidaire de l’Holodomor, pas Moscou où les autorités arguent que la collectivisation forcée, visant à éliminer les koulaks, a provoqué des famines partout en URSS, et que l’Ukraine n’était pas spécialement visée. Kyiv y voit, au contraire, la volonté de Staline de casser la fierté ukrainienne et de détruire à jamais toute tentation d’émancipation, car ailleurs en URSS, la famille n’a pas entrainé la mort d’une telle proportion de la population. La seule exception est le Kazakhstan où l’hécatombe fut pire encore. Le génocide y est connu sous le nom d’Acharchylyk.

Le Canada où vivent un million de descendants d'Ukrainiens, organise ce même jour, quatrième samedi de novembre, des cérémonies dans plusieurs villes. À New York, également, on commémore le crime de masse, comme dans la plupart des pays d’Europe.

À Paris, l’Union des Ukrainien de France organise ce samedi une marche boulevard Saint-Michel (rdv 15h30, place du Panthéon). Comme chaque année, Comité représentatif de la communauté ukrainienne en France avait, il y a quelques jours, organisé une cérémonie du dépôt de gerbes sur la tombe du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe. Un rassemblement a lieu également dans le Square Taras Chevchenko (angle rue des Saints-Pères et Bd St Germain Paris 6e)…

Une trentaine de pays reconnaissent l’Holodomor comme un génocide : États-Unis, Canada, Brésil, Portugal, Vatican… dernièrement, la Roumanie, la Moldavie et l’Irlande, l’Allemagne, le Parlement européen, la Belgique et la France, en mars 2023, puis la Suisse en septembre 2024…

#Holodomor #Ukraine #URSS #1923 #1933 #ActForUkraine

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2024

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

11 novembre : Lhabab Duchen, fête bouddhique tibétaine

La fête de Lhabad Duchen au Tibet, tombe le 22e jour du neuvième mois lunaire du calendrier tibétain, qui en 2024 correspond au 22 novembre du calendrier grégorien. Cette fête bouddhiste célébre la descente du Bouddha du ciel vers la terre.

 

La fête de Lhabad Duchen (ལྷ་བབས་དུས་ཆེན་), au Tibet, tombe le 22e jour du neuvième mois lunaire du calendrier tibétain qui, en 2025, correspond au 11 novembre du calendrier grégorien.

Cette fête bouddhiste célébre la descente du Bouddha du ciel vers la terre après avoir enseigné à sa mère pendant trois mois dans le monde des dieux. Ce jour est férié et chômé au Bhoutan, au Sikkim, dans le nord du Népal… Les monastères restent ouverts. De nombreux pèlerins se rendent à Lhassa, sous la surveillance des autorités chinoises qui occupent le pays.

Les lamas et les moines passent la journée à lire des écrits sacrés et à chanter des mantras pour purifier l’air. Il est d’usage de peindre des échelles sur les rochers autour de nombreux monastères pour symboliser l'événement. Lors de Lha Bab Duchen, les effets des actions positives ou négatives se multiplient, dit-on, par dix millions. Ce jour-là, il fait partie de la tradition bouddhiste tibétaine de s'engager dans des activités vertueuses et de prier.

Cette fête existe aussi dans d'autres pays bouddhistes d'Asie, notamment au Sri Lanka, au Myanmar, en Thaïlande et au Laos, où elle est célébrée quelques semaines plus tôt.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2025

La descente du Bouddha du Ciel des Trente-Trois vers le monde humain

 
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1995, Bosnie-Herzégovine, accords de paix, 21 novembre Bruno Teissier 1995, Bosnie-Herzégovine, accords de paix, 21 novembre Bruno Teissier

21 novembre : les Serbes de Bosnie-Herzégovine célèbrent la paix et reconnaissance de leur république

Le 21 novembre est un jour férié et chômé en Republika Srpska. Celle-ci, en 1995, obtenait sa reconnaissance internationale mais dans le cadre d’une fédération de Bosnie-Herzégovine dont elle s’applique à saper les fondements. C’est tout le paradoxe de ce jour férié serbe.

 

Le 21 novembre est un jour férié et chômé en Republika Srpska. La république serbe qui avait été fondée illégalement le 9 janvier 1992, obtenait le 21 novembre 1995 sa reconnaissance internationale mais dans le cadre d’une fédération de Bosnie-Herzégovine dont elle s’applique à saper les fondements. C’est tout le paradoxe de ce jour férié serbe.

Le 14 décembre 1995, un accord de paix signé au Palais de l'Élysée à Paris, mettait officiellement fin à quatre années de guerre en Bosnie-Herzégovine. La signature de cet accord a été précédée par un accord-cadre signé le 21 novembre de la même année à Dayton, dans l'Ohio, aux États-Unis. Ce document organisait la Bosnie-Herzégovine en tant qu'État composé de trois peuples constitutifs et d'autres.

L’accord comprend 11 annexes, dont l’annexe 4 – Constitution de la Bosnie-Herzégovine. Elle confirme la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’État. Il est établi que la Bosnie-Herzégovine est constituée de deux entités autonomes de taille à peu près égale, la Fédération de Bosnie-Herzégovine (Federacija Bosne i Hercegovine, FBH) et l’entité de la République serbe (Republika Srpska, RS), et qu’elle est composée des peuples bosniaques, croates et serbes, ainsi que d’autres peuples. La présidence de l’ensemble est composée de trois membres : un représentant bosniaque, un représentant croate et un représentant serbe. Voilà comment fonctionne la Bosnie-Herzégovine depuis 1995.

Des deux entités, seule la république autonome serbe commémore sa création par un jour férié, le 21 novembre : Jour de la création de l'Accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine (Дан успоставе Општег оквирног споразума за мир у Босни и Херцеговини). Mais tout en faisant en sorte qu’un jour, le fragile édifice politique mis en place le 21 novembre finisse par s’effondrer. Les dirigeants serbes y travaillent depuis des années avec le soutient de la Serbie et de la Russie. Début 2021, Milorad Dodik, le dirigeant ultranationaliste de la république serbe annonçait une série de mesures visant à séparer la république dont il a pris la tête de l’État fédéral bosnien, notamment en termes de justice, d’armée et d’imposition. L’objectif ultime des dirigeants serbes est l’indépendance totale, voire un rattachement à la Serbie. Les États-Unis, cosignataires de l’accord, ont aussitôt pris des sanctions financières à l’encontre du dirigeant d’extrême droite qui trahit les accords de Dayton que sa république fêtent ce jour, une célébration aussi modeste que paradoxale, tant les dirigeants serbes rêvent de voir un jour ces accords voler en éclat.

Plusieurs signataires dont la France condamnant plus particulièrement l’adoption par l’Assemblée nationale de la Republika Srpska, le 19 avril 2024, des projets de loi sur les élections, les référendums et sur l’immunité, y voyant une atteinte à l’ordre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine. 

La rupture du fragile équilibre géopolitique mettrait inévitablement la paix en péril, car cela déboucherait sur un éclatement de la Bosnie-Herzégovine, cela ressusciterait les ambitions nationalistes croates, donnerait des idées aux Albanais et aux Kosovars, menacerait l’existence du Monténégro et de la Macédoine du Nord… mettrait à nouveau l’ex-Yougoslavie à feu et à sang. Les guerres yougoslaves sont déjà à l’origine de quelque 150 000 morts, d’où le souci de la majorité des signataires de Dayton de les empêcher de reprendre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2024

Signature des accords de Dayton à l’Élysée (source de la photo :  l’OTAN)

 
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1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier 1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier

20 novembre : le rendez-vous des nostalgiques du fascisme en Espagne

La journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire espagnole, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco. C’est l’occasion pour tous les nostalgiques que compte le pays de manifester au mépris de la loi de 2022 qui interdit toute promotion du fascisme.

 

Commémorée par l’extrême droite espagnole, la journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire du pays, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco. Le premier, fils de l’ex-dictateur Miguel Primo de Rivera, est le fondateur du parti fasciste la Phalange espagnole. Il a été fusillé le 20 novembre 1936 à Alicante après avoir été jugé par un tribunal de la Deuxième République espagnole pour complot et rébellion. La guerre civile espagnole avait déjà commencé, suite au coup de force du général Franco, figure de l’extrême droite. Celui-là même qui imposera son pouvoir autoritaire à l’issue de la guerre d’Espagne, avec l’aide de la phalange et des nazis. Sa dictature ne se terminera que le 20 novembre 1975, jour de son décès. La date était déjà célébrée sous le régime franquiste, comme le “Jour de la douleur”. D’ailleurs, on se demande si l’annonce du décès de Franco dont l’agonie a duré des semaines, n’a pas été repoussée de quelques heures pour coïncider avec cette date déjà mythique pour le monde fasciste.

Chaque 20 novembre, parfois la veille ou le lendemain, tout ce qui reste de nostalgiques du régime du général Franco ou de la phalange espagnole manifeste dans diverses villes du pays, en particulier à Alicante et à Madrid. À Madrid, comme le 20 novembre tombe en milieu de semaine, c’est dimanche 24 novembre à 12h, place d’Orient que les franquistes se rassembleront. C’est sur cette place que Franco avait fait sa dernière apparition publique, le 1er octobre 1975, avant d’entamer une longue agonie. Chaque année, des militants de gauche se mobilisent pour protester contre ces manifestations hors la loi. Longtemps ces manifestations ont été tolérées par les autorités, aujourd’hui, elles tombent sous le coup des lois mémorielles, en particulier celle de 2022 qui interdit toute promotion du fascisme et du franquisme, sa variante locale. Ce qui n’a pas dissuadé un certain nombre d’églises partout en Espagne, et même en France, d’annoncer des messes à la mémoire de ces deux héros de l’extrême droite espagnole. La Conférence des évêques espagnols est totalement muette sur le sujet, car divisée. On se souvient que l’Église catholique, avec l’armée, a été l’un des principaux soutiens du régime franquiste et une partie du clergé n’a toujours pas renié cet engagement en dépit d’une levée des tabous sur les crimes de ce régime autoritaire et l’ouverture des fosses communes où reposent plus de 100 000 victimes. 

Chaque année, le Mouvement catholique espagnol (MCE) appelle à un pèlerinage à la Vallée des morts (la Valle de los Caídos) d’où la dépouille de Franco a été retirée en 2019 mais où repose toujours José Antonio Primo de Rivera. Chaque année autour du 20 novembre, la Phalange organise sa traditionnelle Marche bleue en l’honneur de son héros, cette année elle aura lieu vendredi soir. Le bleu en référence à la division des volontaires espagnols, mieux connue sous le nom de Division bleue, qui a été la contribution de  l'Espagne de Franco  à  l'armée allemande d' Hitler  pendant la  Seconde Guerre mondiale !

La date du 20 novembre demeure une date symbole pour l’extrême droite espagnole. Est-ce un hasard si le nationaliste basque Santiago Brouard a été assassiné le 20 novembre 1984, puis cinq ans plus tard, Jusu Muguruza, à nouveau un 20 novembre. En 1992, c’est une fusillade contre un groupe d’immigrés qui cause la mort de la dominicaine Lucrecia Pérez, encore un 20 novembre… L’an dernier, en 2023, le nouveau gouvernement d’Aragon, une coalition du Parti populaire (conservateur) et de Vox (extrême droite) qui a succédé aux socialistes, a choisi le 20 novembre pour engager une procédure d’abolition de la loi mémorielle d’Aragon qui bannissait toute promotion du fascisme.

Chaque année se rejoue le 20 novembre les affrontements politiques qui ont ensanglantés l’Espagne, il y a plus de 80 ans. Longtemps, les nostalgiques du fascisme sont restés discrets et très minoritaires. Depuis peu tout a changé, les tabous sont tombés aussi bien du côté des républicains qui osent évoquer les victimes et demander réparation, que du côté de l’extrême droite, aujourd’hui représenté par Vox, un parti qui en quelques années s’est imposé comme la quatrième force politique du pays.

#N20

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2021

 

Le fasciste espagnol José Antonio Primo de Rivera lors d'un congrès de la Phalange à Madrid

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