L’Almanach international

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680, Iran, chiisme, martyrs Bruno Teissier 680, Iran, chiisme, martyrs Bruno Teissier

4 mars : en Iran, on martyrise la jeunesse pendant qu'on vénère un martyr du VIIe siècle

Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse. Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on vénère le jeune Ali al-Akbar mort en martyr en 680, alors que le régime des mollahs multiplie les martyrs parmi la jeunesse iranienne en révolte, depuis près de 6 mois. Mais, outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !

 

Aujourd’hui, en Iran, c’est la Journée de la jeunesse (روز جوان). Comme chaque 11 Sha’ban du calendrier iranien, on célèbre l’anniversaire du jeune Ali al-Akbar, le fils aîné d’Hussein, lui-même fils d’Ali et de Fatima, la fille du Prophète. Ali est l’un des petit-fils de Mahomet (ou Muhammad). S’il est vénéré par les chiites, c’est qu’il passe pour avoir été la toute première victime du massacre de Kerbala, cette fameuse bataille qui a eu lieu en 680 et que les chiites commémorent chaque année, le jour de l’Achoura. Ce massacre des descendants du gendre et de la fille du Prophète, ainsi que de leurs partisans, est à l’origine de la rupture entre chiites et sunnites.

Le jeune Ali al-Akbar, première victime supposée du massacre, avait 28 ans. Les chiites qui, comme les catholiques attachent une grande importance aux martyrs, lui vouent un culte. Aujourd’hui ceux qui le peuvent vont se rendre en pèlerinage sur sa tombe situé dans la mosquée dédiée à son père Hussein. Cette mosquée est située à Kerbala, dans le nord de l’Irak, la ville sainte du chiisme.

De cette célébration religieuse chiite, la république islamique d’Iran a fait, en 1979, une journée officielle dédiée à la jeunesse. Cette année la célébration a lieu dans un contexte de révolte de la jeunesse, révolte très durement réprimée au point que le régime est en train de créer une multitude de martyrs. Le premier est une jeune Kurde Mahsa Amini, 22 ans, qui a péri entre les mains de la police des mœurs de Téhéran, le 16 septembre 2022, après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », déclenchant un mouvement d’opposition sans précédent qui appelle à la chute du régime théocratique de Téhéran.

Ces manifestations ont engendré des arrestations en masse qui débouchent sur des séries d’exécutions destinées à semer la terreur. Le but des dirigeant iraniens est de faire taire le soulèvement de cette jeunesse, avant qu’elle ne parviennent à entrainer l’ensemble de la population à rejeter le régime. Mohsen Shekari, 23 ans, exécuté le 8 décembre, est le premier manifestant assassiné, une cinquantaine d’autres ont suivi. À ce jour, plusieurs dizaines d’opposants, raflés parmi la jeunesse manifestante, sont menacés de la peine capitale par pendaison publique.

À ces menaces d’exécution, s’ajoutent les tentatives d’empoisonnement visant les filles, les étudiantes. Le premier empoisonnement a eu lieu le 30 novembre 2022, il visait 18 élèves de l'école technique Nour, dans la ville de Qom, la capitale religieuse du pays. Selon des rapports publiés la semaine dernière, au moins 194 filles ont été empoisonnées dans quatre écoles différentes de la ville de Borujerd, dans la province occidentale de Lorestan… Les cas d’intoxication de jeunes filles se sont multipliés ces derniers temps. Depuis novembre, le nombre de cas s’élèverait à plus de 650 depuis novembre. C’est ainsi que l’Iran traite sa jeunesse.

Le problème de la jeunesse iranienne est son poids démographique. Alors que celle qui avait pris le pouvoir en 1978, dans le sillage de Khomeiny, était issue de familles de 6 enfants en moyenne, la jeunesse d’aujourd’hui est bien moins nombreuse. En 1998, le taux de fécondité était tombé à 2,2 enfants par femme et aujourd’hui, il est inférieur à 1,8. Les 20-25 ans en Iran appartiennent à une classe creuse, d’où leur difficulté à émerger face à une masse de quadragénaire bien plus importante. En Iran, les quinquagénaires sont aussi nombreux que les vingtenaires et les sexagénaires (et plus) qui ont pris le pouvoir en 1978 n’ont toujours pas décroché. Outre les conservatismes, la jeunesse iranienne doit aussi se battre contre la pyramide des âges !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Image de propagande du régime concernant la Journée de la jeunesse

Jeunes étudiantes

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Iran, Irak, chiisme Bruno Teissier Iran, Irak, chiisme Bruno Teissier

23 avril : jour de deuil dans le monde chiite, anniversaire de l'assassinat de l'imam Ali

Les chiites célèbrent l’anniversaire du Martyre de l'imam Ali, gendre et successeur de Mahomet

 

Le 21e jour du mois islamique du ramadan est l’anniversaire de la mort de l'imam Ali, cousin et gendre du prophète Mahomet. Cette journée n’est célébrée que dans le monde chiite, en particulier en Iran et il est observé comme le Martyre de l'imam Ali (سالگرد شهادت امام علی).

Gendre de Mahomet, Ali ibn Abi Talib a été le premier homme à accepter l'islam et a été le quatrième calife en 656 (après Abou Bakr, Omar et Othman. Son califat a duré quatre ans et neuf mois, il a vu naître les premières divisions de l’islam et il dût se retirer à Koufa (aujourd’hui en Irak) dont il a fait sa capitale. C’est dans la grande mosquée de cette ville qu’il a été attaqué par les kharidjites (branche dissidente de l’islam). Blessé par une épée empoisonnée le 19 ramadan, son agonie a duré deux jours et il est finalement mort le 21 ramadan, en 661 de l’ère chrétienne.

Après la mort d’Ali, ses partisans ont choisi l’un de ses fils, Hassan, pour devenir le deuxième Imam (pour les chiites, Ali est le premier imam). La majorité des chiites considèrent qu'il est enterré dans le Nadjaf (Irak) où son mausolée est un grand lieu de pèlerinage pour les chiites. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le tombeau d’Ali

Le mausolée d’Ali à Najdaf (Irak)

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632, Iran, islam, chiisme Bruno Teissier 632, Iran, islam, chiisme Bruno Teissier

7 janvier : l’Iran commémore la mort de Fatima, fille du Prophète

L'anniversaire de son martyre (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions.

 

Fatimah Zahra était la plus jeune fille du prophète des musulmans, Mahomet (ou Muhammad) et de sa première épouse Khadijah. Elle est très vénérée par tous les musulmans (chiites comme sunnites) car elle était très proche de son père et lui a offert son soutien quand il était en difficulté. Elle est également le seul membre de la famille du prophète à avoir eu une descendance. Elle était mariée à Ali, un cousin de Mahomet, qui fut donc le premier jeune homme à accepter l’islam. Leurs deux fils Hassan et Hussein (Husayn) sont considérés comme les deuxième et troisième imams de l'islam chiite et les musulmans sunnites les considèrent également comme des personnalités importantes.

Fatima (Fatimah) est décédée en 632, plusieurs mois après la mort de son père et les musulmans chiites pensent qu'elle a été tuée par le calife Omar (Umar), ce qui fait d'elle une martyre. L'anniversaire de son martyre (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Pour commémorer son martyre, on hésite entre deux dates : le 13 Jumâda Ath-Thânîya (du calendrier musulman) et le 3 Jumâdâ al-Âkhira. La seconde date, qui tombe aujourd’hui pour le calendrier grégorien, est la plus importante des deux. Le premier Fâtimîyya (الفاطِميَّة) tombe vingt jours plus tôt. La prochaine date tombera le 7 décembre 2022. Les cérémonies durent donc 20 jours, mais seul le second Fâtimîyya est un jour férié en Iran depuis 2001.  Ce jour-là, deux processions sont organisées, l’une dans la ville de Qom, vers le mausolée de Sayyida Ma’sûma, et l’autre dans la ville de Mechhed, vers le sanctuaire de l’Imam ar-Ridâ.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Iran, chiisme, armée Bruno Teissier Iran, chiisme, armée Bruno Teissier

9 octobre : l’Iran célèbre ses pasdarans, protecteurs du régime des mollahs

C’est la Journée du Corps des gardiens de la révolution islamique , un corps de soldats d’élite créé par le Khomeiny.

 

Nous sommes le 17 Mehr du calendrier iranien, c’est la Journée du Corps des gardiens de la révolution islamique (Sepah-e Pasdaran-e Enghelab-e Islami) qui honore le corps d’élite créé par le Khomeiny dès sa prise de pouvoir pour faire contrepoids à l’armée officielle, l’Artesh, dont il se méfiait. La constitution a ensuite entériné les deux armées. L’une protège le pays de toute agression extérieure. L’autre, celle des pasdarans (les gardiens de la révolution), défend le régime, en appuyant les éléments les plus conservateurs, et assure des missions spéciales à l’étrangers contre les ennemis du régime. Pour cela a été Al-Qods, une milice spéciale qui porte le nom de Jérusalem, en arabe. Pour assurer l’indépendance des pasdarans, le président Rasfandjani les avait autorisés à participer à activités lucratives. Favorisés par le régime, les gardiens qui seraient quelque 150 000, ont bâti un véritable empire industriel, une sorte d’État dans l’État qui les rend très puissants.

Pour leur donner une légitimité historique, les pasdarans sont célébrés le jour anniversaire de l’imam Hussein, le second fils d’Ali (gendre du prophète), mort en martyr en 680 lors de la fameuse bataille de Kerbala. Considéré comme le troisième imam chiite, il avait refusé de prêter allégeance au calife Yazid. Le destin tragique de Hussein est à l’origine du chiisme. L’anniversaire de sa mort est commémorée chaque année. Celle de sa naissance sert de Journée des pasdarans (روز سپاه پاسداران انقلاب اسلامی). Quel meilleur symbole pour légitimer ce corps d’armée au service de la théocratie iranienne ?

 
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