L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
10 décembre : feux de joie dans les Marches en souvenir d’une maison qui vole
Par de curieux détours, c’est à l’initiative de sa diaspora argentine que la célébration de Notre Dame de Lorette, selon une légende qui a ses racines en Palestine, est devenue une fête identitaire pour les Marches italiennes.
Chaque région italienne a une date pour sa fête régionale. La région des Marches a choisi le 10 décembre pour fêter la Journée des Marches (Giornata delle Marche) dont c’est la 21e édition. Le slogan de 2025 « Generazione Marche: i giovani protagonisti » (« Génération des Marches : Jeunes Protagonistes »). Pour l’occasion, une cérémonie dédiée aux jeunes d’aujourd’hui et de demain se déroule au théâtre La Fenice de Senigallia. Comme chaque année, le Picchio d’Oro 2025 et le Prix du Président de la région sont remis lors de cet événement. est décerné aux habitants des Marches « qui se sont distingués dans leurs secteurs professionnels respectifs ou qui ont apporté du prestige à la communauté régionale par leur nom » (le pic est le symbole de la région).
L’idée est née à l’étranger, parmi les associations de Marchigiani (habitants originaires des Marches, en Italie) présentes en Argentine, en hommage aux nombreux émigrés originaires des Marches installés en Argentine entre XIXᵉ et XXᵉ siècle. D’ailleurs, Pour sa toute première édition, le thème choisi était « Le Marche nel mondo » (Les Marches dans le monde), et la communauté visée en priorité était celle des Italo-argentins. La date correspond à celle d’une célébration traditionnelle.
La Venuta (« L'Arrivée ») est une fête traditionnelle de la région des Marches, également répandue dans certaines parties de l'Ombrie et des Abruzzes, qui se déroule depuis plus de quatre cents ans le soir entre le 9 et le 10 décembre, avec l'allumage de grands feux de joie (les focarracci). Ils sont allumés aux premières lueurs du jour, le matin du 10 décembre, dans les campagnes, les villes et les villages, y compris dans la capitale, Ancône, où les différents quartiers rivalisent pour allumer le feu le plus haut et le plus beau. Lorsque les focaracci commencent à faiblir, les garçons lancent des pétards et se lancent le défi de sauter par-dessus les braises, neuf fois, selon la tradition, en invoquant la protection de la Vierge.
Quant à la date, c’est celle de la fête catholique de Notre-Dame de Lorette, qui célèbre « la translation de la Sainte Maison ». Cette Sainte Maison (La Santa Casa), c’est celle où est née la Vierge Marie à Nazareth, là où elle a vécu sa jeunesse et où elle a reçu l’Annonciation par l’ange Gabriel. C’est du moins ce que disent les textes religieux. À Nazareth, une maison était désignée comme celle de la Vierge et a fait pendant des siècles l’objet d’un pèlerinage. Profitant que les Européens occupaient la Palestine, sous prétexte de croisade, François d’Assise en 1213 et le roi de France Louis IX, en 1251, y ont prié ; mais, peu de temps après, en 1263, la ville a été prise par les troupes du sultan turc.
Selon la légende, la Sainte maison aurait été démontée en 1291 (avant que les croisés ne perdent le contrôle de la région), débarquée à Tersatta (actuelle Trsat, une banlieue de Rijeka), et finalement reconstruite à Lorette (Loreto), en 1294. Il existe une autre version selon laquelle la Sainte Maison aurait été transportée dans les airs par des anges de Terre sainte jusqu’à la côte dalmate où se trouve aujourd’hui un sanctuaire qui lui est dédié. Elle aurait mystérieusement disparu de la côte dalmate pour réapparaître dans la région des Marches, à Loreto précisément. Sur la base de cette légende, la Vierge de Lorette a été proclamée, en 1920, patronne universelle de tous les voyageurs aériens. À Lorette, une une ville s’est construite autour de la basilique laquelle contient ce qu’on désigne comme la maison de la Vierge et que l’on fête le 10 décembre. En 1624, le Vatican a officialisé la fête de Notre-Dame de Lorette.
C’est en hommage à cette maison qui vole que des exilés italiens d’Argentine ont cultivé le souvenir de leur région d’origine, en organisant eux aussi des focaracci (ou fogari) chaque 10 décembre, sous le patronage de la Madonna di Loreto (patron des Marches). En décembre 2025, une délégation officielle des Marches s’est rendue en Argentine, reçue à Buenos Aires par l’ambassade d’Italie, en vue de promouvoir la gastronomie, le « Made in Marche », le tourisme, l’éducation et les liens culturels.
Aujourd’hui, la Journée des Marches se déroule également sous le signe de la paix (journée instituée par le Conseil régional des Marches) et des droits humains dont c’est la journée mondiale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2025
Translation de la Sainte Maison (détail), d’Annibale Carracci (1605), église Sant'Onofrio au Janicule de Rome
10 décembre : la victoire de l’Irak sur l’État islamique
Il y a 7 ans, le 10 décembre 2017, le premier ministre irakien annonçait la fin de la guerre contre Daech et la victoire de l’armée irakienne, célébrée désormais par un jour férié. L’État islamique n’a néanmoins pas été totalement anéanti, quelques djihadistes cachés dans le désert lancent encore des attaques sporadiques.
Le 10 décembre 2017, Haidar al-Abadi, le premier ministre irakien de l’époque annonçait la « victoire » de l’armé irakienne sur le groupe jihadiste État islamique (EI) et donc « la fin de la guerre contre Daech ». Pour célébrer cette victoire, le 10 décembre a été désigné jour férié sous le nom de Jour de la grande victoire contre l'État islamique (يوم النصر العظيم على داعش). Cette journée est marquée par des défilés militaires et d'autres événements festifs en l'honneur des forces armées irakiennes ainsi que par des interventions pédagogiques dans toutes les écoles.
La célébration n’a rien perdu de son importance. Samedi dernier, l’actuel premier ministre, Muhammad Shiaa Al-Sudani donnait ses directives pour les cinq jours de fête marquant le septième anniversaire de la victoire (du 8 au 12 décembre), demandant aux ministères mais aussi aux syndicats, associations et autres organisations de la société civile d’organiser des évènements pour l’occasion, en particulier le 10 décembre, jour chômé en Irak dans toutes les institutions gouvernementales.
Daech (l’État islamique) avait pris le contrôle d’une partie du pays en 2014 : d’abord Falloujah, et d’autres villes clé, puis Mossoul, la deuxième ville du pays, tombée le 9 juin 2014… Falloujah ne sera reprise par l’armée gouvernementale qu’en 2016 et Mossoul, le 10 juillet 2017. Il fallut encore quelques mois pour les dernières portions du territoire irakien, encore aux mains de Daech, tombent à leur tour.
Cela dit malgré cette victoire, célébrée chaque 10 décembre, l’éradication de Daech n’a jamais été totale ni en Irak ni en Syrie. L’EI aurait encore des armes et des caches dans le désert et continue d’attaquer sporadiquement les effectifs de l’armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes. Ce qui engendre des ripostes de l’armée gouvernementale. Dernièrement, le 22 octobre 2024, les autorités irakiennes annonçaient avoir tué 9 membres de l'État islamique dont Jassim al-Mazrouei, connu sous le nom d'Abou Abdel Qader, le chef de l’organisation en Irak depuis moins d'un an. Aujourd’hui encore, en dépit des dénégations de Donald Trump, les États-Unis déploient environ 2 500 militaires en Irak et près de 900 en Syrie, au sein de la coalition internationale créée en 2014 pour combattre Daech. L’alliance comprend des effectifs de plusieurs autres pays, notamment la France ou la Grande-Bretagne. Preuve que le danger n’a toujours pas été définitivement écarté, surtout depuis que le voisin syrien a sombré dans le chaos.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
10 décembre : les cérémonies des Nobel
En Suède et en Norvège, c’est très officiellement le Nobeldagen (le jour des Nobel). Depuis 1901, chaque 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, les prix Nobel sont décernés aux lauréats lors d’impressionnantes cérémonies.
En Suède et en Norvège, c’est très officiellement le Nobeldagen (le jour des Nobel).
Depuis 1901, en effet, les prix Nobel sont décernés aux lauréats lors des cérémonies du 10-Décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel. Comme stipulé dans le testament de Nobel, les prix Nobel de physique, de chimie, de physiologie ou de médecine et de littérature sont décernés à Stockholm, en Suède, tandis que le prix Nobel de la paix est décerné à Oslo, en Norvège.
À Oslo, la cérémonie a lieu a lieu à l'hôtel de ville. Le lauréat reçoit son prix des mains du président du Comité Nobel norvégien en présence du roi Harald V de Norvège. À Stockholm, les lauréats reçoivent la médaille et le diplôme du prix Nobel des mains du roi Carl XVI Gustaf de Suède. La cérémonie au Stockholm Concert Hall. Après la cérémonie, un grand banquet est offert en soirée à l'hôtel de ville de Stockholm.
Depuis 1969, un prix supplémentaire est décerné lors de la cérémonie à Stockholm : le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques à la mémoire d’Alfred Nobel.
Une tradition de la Semaine Nobel pour les lauréats consiste à visiter les écoles locales et à faire des présentations sur leurs travaux. La lauréate de littérature 2022, Annie Ernaux a visité une école de Rinkeby, une banlieue défavorisée de Stockholm. Ces visites et conférences scolaires incluent également les conférences du prix Nobel, où les lauréats présentent leurs recherches devant un public d'étudiants, d'habitants et de membres de la communauté scientifique.
Alfred Nobel est décédé le 10 décembre 1896. Le 29 juin 1900, la Fondation Nobel a été créée pour gérer les finances et l'administration des prix Nobel, et la toute première cérémonie de remise des prix Nobel a eu lieu en 1901, le 10 décembre. Les premiers lauréats furent Jacobus Henricus van’t Hoff (chimie), Emil Adolf von Behring (physiologie ou médecine), Sully Prudhomme (littérature), Henry Dunant et Frédéric Passy (paix) et Wilhelm Conrad Röntgen (physique).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2023
10 décembre : la Journée internationale des droits des animaux
Avoir placé la Journée du droit des animaux le 10 décembre, le même jour que l’anniversaire de la déclaration des droits humains de 1948, est une manière militante de mettre humains et animaux à égalité sur le plan du droit. Mais quels droits est-on prêt à leur concéder ?
La Journée internationale des droits des animaux (International Animal Rights Day, IARD) tombe ne même jour que l’anniversaire de la Déclaration des Droits de l’homme par les Nation unies en 1948. C’est voulu, c’est une manière militante de mettre humains et animaux à égalité sur le plan du droit.
Pour discréditer le fait de réserver des droits aux seuls humains, on a inventé la notion de « spécisme » au début des années 1970. Le terme est claqué sur le mot racisme et fait référence aux espèces ; réfutant l’idée que l’homme est d’une espèce supérieure pouvant utiliser à la guise les autres espèces.
La journée du 10 décembre, est l’occasion aujourd’hui de bien plus de manifestations d’antispécistes que de rassemblements de militants défendant les droits d’homme, pourtant bien bafoués sur une grande partie de la planète. Entre une certaine droite bien pensante qui dénonce le « droitdel’hommisme » et une certaine gauche qui a oublié les combats sociaux au profit de la défense des animaux, les droits humains ne sont plus une valeur très tendance aujourd’hui.
En ce 10 décembre 2022, des manifestations de défense du droit des animaux sont prévues dans la plupart des villes du monde. Plusieurs dizaines de pays y participent. En France, l’association animaliste 269 Life France en a programmé dans de nombreuses villes. Les organisateurs invitent, bien sûr, les personnes souhaitant se joindre aux manifestations, à ne porter ni fourrure ni cuir, ni leurs imitations.
Déjà, une Déclaration universelle des droits de l’animal (DUDA) avait été adoptée en 1977 à Londres par la Ligue internationale des droits de l’animal et a été proclamée solennellement le 15 octobre 1978 à la Maison de l'UNESCO à Paris. Mais elle n’a aucune valeur juridique, c’est juste une prise de position philosophique.
La Journée internationale des droits des animaux a été officiellement établie en 1998 à l'occasion du 50e anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme pour souligner que tous les êtres vivants de la Terre ont droit au respect, à la vie et à la protection contre l'exploitation et la souffrance. C’est aujourd’hui un véritable phénomène international.
On ne peut pourtant pas dire que les droits et les mentalités n’aient pas fait, récemment, des progrès importants. En France, par exemple, le 28 janvier 2015, le Code civil a enfin reconnu l’animal comme étant un être vivant doué de sensibilité. En novembre 2021, une loi contre la maltraitance animale a été promulguée : les peines ont été aggravées en cas d’abandon et de maltraitance. Il a été décidé l’interdiction de vente de chiens et chats en animalerie dès janvier 2024 (seuls les élevages et refuges pourront désormais le faire). Les spectacles de dauphins ou d'orques seront interdits partir de 2026. Les cirques itinérants ne pourront plus produire de spectacle d'animaux sauvages à partir de 2028… En revanche, pour les corridas, où on utilise des animaux d’élevage, rien n’a été encore arrêté. Pas de décision non plus pour les animaux de laboratoire. Ces derniers ont d’ailleurs une journée (World Day for Laboratory Animals) qui leur est consacrée le 24 avril.
Ce n’est qu’un tout début, pour les antiscépistes les plus radicaux, qui réclament ni plus ni moins que la fermeture des boucheries et l’interdiction du métier de fourreur. Le but du combat antirspéciste est de mettre fin à l'exploitation et au meurtre de tous les êtres vivants. À leurs yeux la Journée mondiale des animaux du 4 octobre, inspirée par saint François d’Assise, paraît bien mièvre. Quant à la Journée mondiale de la vie sauvage, proposée par l’ONU, chaque 3 mars, elle est laissée aux écologistes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2022
10 décembre : la Journée mondiale des droits humains
C’est la Journée mondiale des droits de l'homme, jour anniversaire de la déclaration universelle adoptée le décembre 1948, à Paris, au Palais de Chaillot. Un 74e anniversaire un peu morose, même si les progrès sont considérables depuis cette époque.
C’est la Journée mondiale des droits de l'homme, jour anniversaire de la déclaration universelle adoptée le 10 décembre 1948, à Paris, au Palais de Chaillot. Le texte rédigé par René Cassin est le plus traduit au monde : 512 langues de l'abkhaze au zoulou, symbole de son universalité.
Les 193 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont, au fil des décennies, adopté la Déclaration universelle. Mais aucun ne l’applique totalement. La Déclaration universelle n’est pas un traité. En l’adoptant, les États proclament des droits sans avoir à se conformer à des obligations juridiques.
Le succès du modèle chinois de développement, qui se construit contre les droits humains, gagne hélas du terrain dans les esprits, notamment dans les pays émergents. Dans les pays autoritaires, comme la Russie, la Turquie, la Chine, le Venezuela, Égypte…(la liste est longue), la violation des droits humain n’est plus sanctionnée. Israël refuse ses visas au personnel de l’ONU en charge des droits de l’homme… Un bien morose 74e anniversaire donc, même si les progrès sont considérables depuis 1948.
Critiquée sur le thème des droits de l’homme, la Chine riposte en organisant chaque année un forum des droits de l’homme Sud-Sud qui réunit des officiels de plusieurs dizaines de pays afin d’imposer sa propre conception des droits de l’homme basée sur le développement économique et non sur les libertés individuelles. La 10e édition a eu leu à Pékin, le 26 juillet dernier.
Le thème de la Journée des droits de l’homme de cette année 2022 : “Dignité, liberté et justice pour tous”. Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme sera célébré le 10 décembre 2023. En préparation de cet événement phare sera lancée le 10 décembre 2022 une campagne d’une durée d’un an pour mettre à l’honneur la Déclaration en mettant l’accent sur son héritage, sa pertinence et le militantisme qu’elle inspire. Le 10 décembre est l’occasion de réaffirmer l’importance des droits de l’homme dans la reconstruction du monde auquel nous aspirons, d’insister sur la nécessité d’une solidarité mondiale et de rappeler notre interconnexion et l’humanité que nous partageons en tant qu’êtres humains.
En Tunisie, Attayar, Ettakatol, Al Jomhouri, Al Qotb et le parti des Travailleurs ont lancé un appel aux Tunisiens à participer à une marche ce 10 décembre 2022. La marche a pour thème « La défense de la démocratie, le refus de la mascarade électorale et la préservation des droits et des libertés publiques et individuelles ». La marche débute à 11h devant le jardin Habib Thameur, à côté de la station de métro "Le Passage" et se dirigera vers l’avenue Habib Bourguiba. La même source a indiqué que le slogan de la marche était « Libertés ! Libertés ! C’en est fini du régime tyrannique ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2022
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