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Mexique, fête traditionnelle, 16 décembre Bruno Teissier Mexique, fête traditionnelle, 16 décembre Bruno Teissier

16 décembre : début des fêtes de Noël au Mexique

Traditionnellement, c’est le 16 décembre que les Mexicains installent la crèche, soit exactement neuf jours avant Noël. Ces neuf jours symbolisent les neuf mois de grossesse de Marie… Cette période est une intense période de fête au Mexique où la convivialité a largement remplacé la religiosité.

 

Traditionnellement, c’est le 16 décembre que les Mexicains installent la crèche, soit exactement neuf jours avant Noël. Ces neuf jours symbolisent les neuf mois de grossesse de Marie et évoque les difficultés qu’auraient eues le couple Joseph et Marie à se loger pendant son périple de Nazareth à Bethléem. On raconte que le voyage a été long et difficile, chaque nuit, ils eurent besoin d’un endroit pour se reposer. Ils se mirent donc à frapper aux portes pour trouver quelqu’un qui les accueillerait pour la nuit. Au Mexique, et dans les pays voisins, ces neuf jours de fêtes sont appelés les posadas. En langage populaire, « posada » est un endroit où passer la nuit.

Aujourd’hui au Mexique, posadas désigne toute fête non religieuse programmée au cours des jours précédent Noël, par exemple les fêtes de fin d’année organisées dans chaque école du pays et auxquelles les élèves participent en tenue décontractée, sans uniforme scolaire. Les posadas ont quitté les églises et sont devenues des fêtes de quartier où la convivialité et le partage de spécialités culinaires sont devenus la norme. Pendant cette période (16-24 décembre) les enfants s’acharnent sur les piñatas, les adultes trinquent et festoient.

Cette tradition a été instituée au Mexique en 1586 dans un but d’évangélisation. Afin de faciliter la conversion de la population, les autorités catholiques, comme elles l’ont toujours fait, ont établi des festivités aux dates où il en existait déjà. À cette époque de l’année, les Aztèques célébraient la naissance de Huitzilopochtli, dieu de la guerre. Ces fêtes commençaient le 6 décembre et duraient 20 jours, jusqu’au solstice d’hiver qui en marquait la fin. Cette fête a été phagocytée par des célébrations d’origine biblique importées d’Europe et qui ont également survécu dans le monde germanique, là où il est resté catholique. Cette série de neuf jours de fête et, en principe, de prière y est appelée Herbergsuche.

Cette période de fête souligne l’importance de la crèche dans la culture catholique mexicaine. Traditionnellement, c’est le Petit Jésus qui apporte des cadeaux aux enfants pendant la nuit du 24 au 25. Même si le Père Noël a fait une percée significative ces dernières années.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2025

Enfant s’attaquant à une piñata traditionnelle lors d’une fête de posada à Mexico (photo : Yavidaxiu )

La piñata a la forme d’une étoile à sept branches (chaque branche représentant un péché capital) dont les couleurs vives et les guirlandes séduisent l’âme innocente et la conduisent au péché. C’est ce que nous raconte la tradition catholique importée par les Conquistador. La personne aux yeux bandés représente le croyant qui, par la vertu théologale de la foi (souvent représentée ainsi dans l'iconographie catholique), triomphe du péché et recouvre le don surnaturel de la grâce (dons de Dieu nécessaires au salut), symbolisé par les fruits et les bonbons qui tombent.

 
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Suède, Norvège, Finlande, 9 décembre, fête traditionnelle Bruno Teissier Suède, Norvège, Finlande, 9 décembre, fête traditionnelle Bruno Teissier

9 décembre : bière et lutefisk, éléments de l’identité scandinave

Autrefois, on préparait soi-même le lutefisk (un plat composé de poisson séché) au lieu de l'acheter. Afin qu’il soit prêt pour Noël, on commençait sa préparation le jour de la Sainte-Anne (fêtée localement le 9 décembre).

 

Autrefois, on préparait soi-même le lutefisk (un plat composé de poisson séché) au lieu de l’acheter. Afin qu’il soit prêt pour Noël, on commençait sa préparation le jour de la Sainte-Anne (fêtée localement le 9 décembre). Ce plat traditionnel nordique est très apprécié en Suède, en Norvège et dans certaines régions de Finlande (mais pas au Danemark). La Journée du Lutefisk (Lutefiskdagen ou Lutefisk-päivä) est autant une célébration du patrimoine nordique et de l’esprit communautaire que du plat lui-même.

Le lutefisk est fait de poisson blanc, généralement de la morue (mais en Suède, aussi de lieu noir et en Finlande, de brochet), que l’on fait tremper dans de l’eau froide pendant plusieurs jours. Le poisson subit ensuite un traitement à la soude caustique, fabriquée à partir de cendres de bouleau, qui lui donne une consistance gélatineuse. On le fait ensuite tremper dans de l’eau douce pour éliminer la soude et le rendre comestible. Le lutefisk ainsi obtenu est traditionnellement servi avec des pommes de terre bouillies, des petits pois et du beurre fondu. Cette pratique garantissait une conservation du poisson durant les mois les plus froids, lorsque la pêche était impossible. En Scandinavie, la préparation du poisson pour l'hiver a toujours été bien plus qu’une simple nécessité culinaire : c'est un rituel qui rassemble les communautés, transmettant savoir-faire et techniques de génération en génération.

En Suède, le 9 décembre est aussi appelé le Jour d’Anne (Annadag). Pour les catholiques la Sainte-Anne est fêtée le 26 juillet mais dans les Églises orthodoxes et orientales, c’est le 9 décembre. La Finlande et l’Islande ont gardé cette date dans leur calendrier. La Suède ou la Norvège, mentionnent les deux dates. En vérité, les pays nordiques, luthériens, pratiquent très peu le culte des saints mais dans la culture populaire héritée de traditions médiévales, Anna-dagen (la Sainte-Anne) marquait souvent le début de la période de préparation de Noël. Même si la Sainte-Lucie joue un rôle bien plus important.

Dans la tradition chrétienne orientale, le 9 décembre célèbre la Conception de la Vierge Marie par Sainte Anne, mais sans affirmer qu’elle a été conçue de manière "immaculée" (sans rapports sexuel), un dogme inventé par les catholiques qui célèbre cette fête le 8 décembre (car la naissance de marie est célébrée le 8 septembre). En rupture avec le monde catholique, les pays nordiques ont conservé la date du 9 décembre.

La tradition du Lutefisk a aussi été exportée aux Canada et aux États-Unis. Dans des États comme le Minnesota et le Wisconsin, c’est est un prétexte à se réunir. Les familles se retrouvent pour le consommer. Madison, dans le Minnesota s’est même autoproclamé “capitale mondiale du lutefisk”, titre disputé par Kingman dans l’Alberta (au Canada). En Amérique du Nord, les fêtes du lutefisk  ont généralement lieu en novembre.

Autrefois, le lutfisk (ou lutfisk en suédois ou lipeäkala en finnois) était un mets de fête, plat traditionnel de Noël mais il était aussi souvent servi à Pâques, au solstice d'été et lors des funérailles.

Quant au 9 décembre (Anna namnsdag), c’était jadis aussi le jour de fin du brassage de la bière de Noël et une occasion de la déguster. Si bien que ce jour était appelé « Anne à la cruche » (Anna med kanna) et, sur les anciens symboles runiques, il était représenté par l’image d’un récipient à boire. Aujourd'hui, c’est aussi la Journée du pain d'épice. Les traditions évoluent et s’entremêlent.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2025

 
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France, Fêtes traditionnelles, 6 décembre Bruno Teissier France, Fêtes traditionnelles, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre : le défilé de la Saint-Nicolas à Nancy

Que reste-il de la Saint-Nicolas depuis le passage du Père Noël ? Fête traditionnelle lorraine, c’est à Nancy que la Saint-Nicolas est fêtée avec le plus de faste : défilés, musique et animation touristique, chaque année autour d’un thème différent tiré d’une page d’histoire de la Lorraine…

 

Fête traditionnelle lorraine, c’est à Nancy que la Saint-Nicolas est fêtée avec le plus de faste : journées de liesse populaire, de défilés, de musique, de chars, de bonbons, chaque année autour d’un thème différent tiré d’une page d’histoire de la Lorraine.

Le parcours du défilé de la Saint-Nicolas à Nancy suit un trajet classique dans le centre-ville : les chars s’élancent de la place Carnot pour arriver jusqu’à la place Stanislas de Nancy, en passant par les places Saint-Epvre et de la Carrière. C’est là que le public attend l’apparition de ce cher Saint Nicolas, en haut de l’Hôtel de Ville de Nancy. Des projections vidéo et lumineuses sur la façade de cet imposant bâtiment du XVIIIe siècle sont aussi au programme de ce défilé festif. 

Cette tradition qui remonte à 1457, est inscrite à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Officiellement, la Saint-Nicolas est le 6 décembre, mais à Nancy la fête se déroule le premier week-end de décembre.

Nicolas, ancien évêque de Myre au IVe siècle, est célébré dans tout le monde germanique de la Lorraine aux Pays bas et à l’Autriche en passant par l’Allemagne… Son culte se retrouve aussi en Pologne, en Italie, en Grèce, en Russie…

Au Xe siècle, la ville lorraine de Port a hérité d’une relique du saint. Devenue Saint Nicolas-du-Port, la cité s’est ensuite dotée d’une grande basilique, d’où part chaque 6 décembre, une procession à travers la ville. Au XVe, le duc de Lorraine René II, chassé de ses terres par les Bourguignons tentait de récupérer son duché avec l’aide des Suisses. À la veille de la bataille contre Charles le Téméraire, il annonça que s’il gagnait la bataille, il mettra la Lorraine sous le protectorat de Saint-Nicolas. La bataille de Nancy a lieu le 5 janvier 1477. Les troupes de René II ont surpris les Bourguignons, l’emportèrent et tuèrent Charles le Téméraire.  Depuis cette victoire inespérée, les Lorrains vouent un culte à saint Nicolas. Il est particulièrement célébrée à Nancy, capitale de la Lorraine.

Quant au père fouettard qui accompagne Nicolas, sa légende est née à Metz, en 1552, alors que la cité était occupée par les troupes de Charles Quint. C’est la corporation des tanneurs de la ville qui a créé le Père Fouettard qui « tannait les fesses » des jeunes gens désobéissants. Le personnage symbolisait l’occupant. Depuis, la tradition fait distribuer par saint Nicolas des récompenses aux enfants sages  et des coups de triques par le Père fouettard. 

Jusqu’à une époque récente, en Lorraine et dans le reste du monde germanique, Saint Nicolas était censé passer dans la nuit du 5 au 6 décembre pour déposer des cadeaux pour les enfants. Des présents devaient être laissés près de la cheminée pour le remercier. Cette coutume a été reprise pour construire la légende du Père Noël. Au cours du XXe siècle, la fête de la Saint-Nicolas a été largement phagocytée par la célébration de Noël, devenu une fête mondialisée. Les petits Lorrains reçoivent désormais leurs cadeaux le 25 décembre et se contentent d’un saint-nicolas en pain-d’épice, le 6 décembre.

D’autres traditions, en Italie ou en Espagne, ont elles aussi subi le rouleau compresseur du Noël international tel qu’il a été formaté au cours du dernier siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2025

 
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Sur la place Stanislas de Nancy

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Bruno Teissier Bruno Teissier

25 décembre : Taïwan fête Noël beaucoup plus que sa constitution

Les jeunes taïwanais sont souvent surpris d’apprendre que le 25 décembre a été longtemps un jour férié dans leur pays et qu’il ne l’est plus depuis le début du siècle en dépit des festivités qui s’y déroulent au moment de Noël. Très officiellement, c’est seulement le Jour de la Constitution.

 

Les jeunes taïwanais sont souvent surpris d’apprendre que le 25 décembre a été longtemps un jour férié dans leur pays et qu’il ne l’est plus depuis le début du siècle en dépit des festivités qui s’y déroule chaque années. Depuis une génération, le Noël occidental est pourtant devenu une fête incontournable à Taïwan. Chaque année, les rues de cette île subtropicale sont décorées de sapins de Noël, de pères Noël et de lumières colorées. L’odeur du vin chaud flotte dans l'air du marché de Noël de Taipeh. Dans les rues des quartiers de Pingling et Shiding de nombreux établissements proposent des soirées de Noël. Quant à Christmasland, à New Taipei, c’est un véritablement parc à thème avec des manèges pour toute la famille.

En vérité, si le 25 décembre a été férié de 1963 à 2001, cela n’a rien à voir avec Noël, mais avec la constitution adoptée à Nankin, en 1946 par la Chine et qui est entrée en vigueur, un an plus tard, le 25 décembre 1947.

Une première constitution de la République de Chine avait été adoptée en 1912 après la révolution Xinhai qui a renversé la dynastie Qing. Il s'agissait d'une constitution provisoire élaborée par le gouvernement de Sun Yat-sen. Une autre constitution, provisoire elle aussi, a été promulguée en 1931 par le gouvernement nationaliste dirigé par Tchang Kaï-chek. En 1946, l’imminence d’une guerre civile avait poussé Tchang Kaï-chek à promulguer une constitution démocratique qui mettrait fin au régime à parti unique du Kuomintang. Peine perdu puisque que les communistes vont prendre le pouvoir en 1949 et que  le gouvernement de Tchang Kaï-chek se réduira à Taïwan. Cependant, dès le départ, cette constitution ne devait pas s’appliquer à Taïwan, car l’île restait sous administration militaire et elle vivra ensuite de 1947 à 1987 sous la loi martiale. Bien que la constitution prévît des élections démocratiques régulières, celles-ci n'ont pas eu lieu à Taïwan avant les années 1990. 

On comprend que les Taïwanais ne soient pas très attachés à commémorer une constitution qui ne leur a pas épargné presque un demi-siècle d’une dictature d’extrême droite (sous prétexte que le contient est dirigé par une dictature d’extreme gauche). Le Jour de la Constitution (行憲紀念日) à Taïwan est toujours célébré chaque 25 décembre, mais ce n’est plus qu’un anniversaire national, largement éclipsé par une fête de Noël sans dimension religieuse, sauf pour la modeste minorité chrétienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2024

 
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Noël, 24 décembre, chrétiens Bruno Teissier Noël, 24 décembre, chrétiens Bruno Teissier

24 décembre : la veille de Noël, une grande partie du monde s'échange des cadeaux

Au fil des années, le soir de Noël (ou le lendemain matin) est devenu la principale occasion de s’échanger des cadeaux. Cette coutume, aujourd’hui mondialisée, est relativement récente.

 

Au fil des années, le soir de Noël (ou le lendemain matin)  est devenu la principale occasion de s’échanger des cadeaux, même les Chinois et les Japonais s’y sont mis. La coutume, toutefois, est relativement récente, même dans le monde chrétien où, autrefois, les cadeaux s’offraient le 6 décembre ou le 6 janvier selon les régions ou encore pour le jour de l’An, mais jamais à Noël.

La tradition a commencé à poindre dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec l’invention des coutumes de Noël, telles qu’on les connaît aujourd’hui. On doit cela à la bourgeoisie anglaise qui a fait d’une fête religieuse, Noël, une fête familiale, visant en particulier les enfants auxquels la société de l’époque commençait à s’intéresser.

La coutume a vite traversé la Manche et en décembre 1893, Le Bon Marché, le grand magasin parisien, inaugurait la première vitrine de Noël. C’est à la même époque, que la figure de Saint Nicolas a inspiré la création du Père Noël, dont l’image sera récupérée au début du XXe siècle par la firme Coca-Cola qui lui donnera une notoriété mondiale. C’est ainsi, qu’en un siècle, la nuit du 24 au 25 décembre s’est imposée comme la principale date de distribution des cadeaux. Cette coutume s’est surtout installée après la Seconde Guerre mondiale pour devenir peu à peu incontournable dans tous les pays à la fin du XXe siècle.

Longtemps dans l’est de la France et dans tout le monde germanique, c’était le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, que l’on offrait cadeaux et friandises aux enfants. La date existe toujours, mais elle est aujourd’hui bien moins importante que Noël. Dans d’autres régions de France, c’était au jour de l’An, selon une tradition qui remonte aux Romains, que les enfants recevaient des étrennes. Ce mot provient de Strenia, le nom de la déesse romaine fêtée le premier jour de l’année. En Grèce, c’est toujours le 1er janvier, jour de la Saint-Basile de Césarée que l’on s’offre des présents. Mais en Russie, par mimétisme avec la tradition occidentale (mais avec le calendrier Julien), c’est traditionnellement dans la nuit du 6 au 7 janvier que sont déposés les cadeaux. Pour ne plus rien à voir avec le monde ruse, en 2023, les Ukrainiens ont abandonné cette date pour la nuit du 24 au 25.

Selon la coutume religieuse, l’échange de cadeaux rappelle les offrandes des Rois mages au Jésus nouveau né. C’est la raison pour laquelle, les enfants espagnols ne recevaient leurs cadeaux que dans la nuit du 5 au 6 janvier, avec l’arrivée des Rois mages. En Italie, c’est la même nuit qu’une sorcière du nom de Befana, dépose des présents destinés aux enfants. Befana serait une déformation du mot Épiphanie. Ces coutumes existent toujours, mais en Italie comme en Espagne, le poids symbolique de Noël a pris le dessus pour les dernières générations d’enfants. Seuls les Arméniens sont restés fidèles à la nuit du 5 au 6 janvier, assimilée à leur nuit de Noël. Mais pour ne pas frustrer leurs enfants, ils marquent aussi le 24 décembre.

Pour contrer l’hégémonie symbolique du Père Noël, l’Église catholique a longtemps suggéré de faire dire aux enfants que c’était le Petit-Jésus qui distribuait des cadeaux. L’argument n’a guère tenu et l’Église a fini par abdiquer face au personnage hégémonique. Noël est aujourd’hui une fête mondialisée au point que même les Iraniens ou les Coréens s’échangent eux aussi des cadeaux à Noël, fête perçue comme une coutume occidentale, à vocation consumériste, sans signification culturelle ou religieuse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2024

 

Une mosaïque du VIe siècle dans une église de Ravenne, Italie

La befana

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21 décembre, vie de saint Bruno Teissier 21 décembre, vie de saint Bruno Teissier

21 décembre : la Saint-Thomas inaugure le temps de Noël

Plusieurs pays ont conservé les traditions populaires de la Saint-Thomas qui marque le début du temps de Noël.

 

Ce jour est le plus court de l’année, il était connu jadis comme la Saint-Thomas. En 1969, l’Église catholique a déplacé la Saint-Thomas au 3 juillet (date de la translation de ses reliques à Édesse), mais de nombreuses Églises occidentales ont conservé la date du 21 décembre qui avait été fixé au IXe siècle et qui commémore son martyre. C’est le cas des catholiques espagnols ou des luthériens allemands, pour eux la période de Noël commence aujourd’hui.

Dans certains pays, la tradition était de se lever tôt et d’arriver à l'école ou au travail plus tôt que d’habitude. En Angleterre et en Belgique, les élèves se précipitaient à l'école pour arriver avant les enseignants et verrouiller la porte pour échapper à leur cours. En Allemagne et aux Pays-Bas, les enfants qui étaient les derniers à arriver à l'école étaient surnommés Domesesel (« âne de Thomas »).

En Autriche, les anciennes coutumes païennes associées au solstice d'hiver se confondaient avec la célébration de la Saint-Thomas. Les gens sonnaient des cloches ou faisaient d'autres bruits  pour chasser les mauvais esprits . Il était également de coutume pour le chef de famille de traverser la maison en l’aspergeant d'eau bénite, en brûlant de l'encens et en priant pour protéger le reste de la famille. Des coutumes similaires existaient en Allemagne et en Tchéquie. Elles sont liées aux l’angoisses générées par cette période hivernale héritée de l’antique Yule.

Dans les pays nordiques, la Saint-Thomas est considérée comme le premier jour de la saison de Noël . Tous les préparatifs de Noël, de la coupe du bois de chauffage au brassage de la bière, devaient avoir été terminés avant le 21 décembre. La tradition n'est plus respectée aussi strictement, mais le marché de Noël d'Helsinki sur la place du Sénat est toujours appelé le marché de Saint-Thomas (Tuomaan Markkinat), même si aujourd’hui, il commence bien avant la Saint-Thomas.

En Angleterre, c'était un jour de charité, quand les pauvres femmes allaient mendier de porte en porte, on appelait cela un Thomasing. Le 21 décembre était le jour où le blé était cuit et distribué aux pauvres. La tradition s’est perdue au début du XXe siècle.

Thomas figure parmi les apôtres de Jésus. Il est connu comme celui qui a douté de sa résurrection.  Ainsi, il est invoqué par les personnes qui doutent. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 décembre 2024

 

Le marché de Saint-Thomas à Helsinki

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Congo, Noël, RDC, 25 mai Bruno Teissier Congo, Noël, RDC, 25 mai Bruno Teissier

25 mai : les Kimbanguistes fêtent Noël en mai !

Quelques millions de chrétiens fêtent Noël aujourd’hui même ! Depuis 1992, Papa Diangienda Kuntima, chef spirituel et représentant légal de l’Église kimbanguiste (et fils de son fondateur) en a décidé ainsi…

 

Quelques millions de chrétiens fêtent Noël aujourd’hui même, 25 mai ! Depuis 1992, Papa Diangienda Kuntima, chef spirituel et représentant légal de l’Église kimbanguiste (et fils de son fondateur) en a décidé ainsi après une étude approfondie de la Bible et une révélation. Il est vrai que cette date est aussi celle de son propre anniversaire !

Depuis lors, cette journée est l’occasion de rappeler le message central de kimbanguisme : Amour, travail et discipline. L’Église de Jésus-Christ sur la terre, son vrai nom, a été fondée au Congo belge en 1921 par le prophète Simon Kimbangu. Ce Congolais , prédicateur et guérisseur, se présentait comme l’envoyé de Dieu sur terre. Condamné à mort par le pouvoir colonial puis gracié, il passera trente ans en prison, jusqu’à sa mort, en 1951. L’Église kimbanguiste a survécu à la disparition de son prophète et obtenu le statut d’Église officielle en RDC. Néanmoins tous n’ont pas suivi le fils du fondateur. Un certain nombre de fidèles est parti créer la nouvelle « Église » kimbanguiste à Monkoto, dans la commune de Ngiri-Ngiri, à Kinshasa» qui fête également Noël le 25 mai. Avec tambours et flûtes, le défilé kimbanguiste du 25 mai est un véritable carnaval.

Elle compterait dix-sept millions de fidèles en RDC, aux États-Unis, mais également en Belgique, en France (12 000 fidèles répartis en une dizaine de paroisses), en Suisse où elle a été admise, dès 1969, au Conseil œcuménique des Églises, à Genève. C’est aujourd’hui, l’une des églises les plus dynamiques d’Afrique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mai 2024

 
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Suède, 13 janvier, Noël Bruno Teissier Suède, 13 janvier, Noël Bruno Teissier

13 janvier : les Suédois jettent leur arbre de Noël

En Suède et en Finlande, c’est la Saint-Knut, le jour où l’on dépouille l’arbre de Noël de ses décorations avant de le jeter par la fenêtre. Cette fête marque la fin des festivité de Noël.

 

En Suède et en Finlande, c’est la Saint-Knut (Knutsfest ou Knutsdans), le jour où on pille l’arbre de Noël (julgransplundring) et on se partage les friandises qui s’y trouvaient encore. Par tradition, on jetait ensuite le sapin dépouillé de toute décoration , par la fenêtre. Si on le fait encore, c’est pour l’emporter ensuite vers un cimetière de sapin mis en place par la municipalité en vue de son recyclage ou alors, on le garde dans un coin du jardin pour le brûler la nuit de Walpurgis. Chaque année, depuis le XVIIe siècle, le 13 janvier marque la fin de la période ds fêtes de Noël. Jadis les enfants courraient de maison en maison en criant ropa ut julen, annonçant que Noël était fini et mendiant quelques friandises. Au XXe siècle, la Saint-Knut est devenue une fête des enfants et des bonbons. C’est aussi le jour où les municipalités éteignent le sapin public tout en organisant une fête. Dans certaines régions, la fête est connue sous le nom de Julgransskakning (“secouer l'arbre de Noël”).

La fête était à l'origine destinée à célébrer le duc danois Canute Lavard. Au Moyen Âge, la célébration s'est déplacée vers le roi martyr Canut IV du Danemark (Knut en danois), saint patron du Danemark et des Knutsgillen (" les guildes de Knut "), une forme de sociétés commerciales médiévales. Les corporations organisaient parfois des bals.

Canute Lavard ( Knud Lavard en danois et Knut Levard en suédois) était un prince danois chevaleresque et populaire et le premier duc de Schleswig. Il a été assassiné par son cousin Magnus (qui serait plus tard couronné roi Magnus I de Suède) qui voulait usurper le trône danois. La mort de Canut a provoqué une guerre civile qui a été remportée par le fils posthume de Canut, Valdemar, qui a été couronné roi Valdemar Ier de Danemark.

Le sort de Canut et le triomphe de son fils conduisent à sa canonisation en 1170. Le jour de sa mort, le 7 janvier, devient la Saint-Knut. Comme le jour de la fête de Saint-Knut coïncidait à peu près avec l'Épiphanie célébrée le 6 janvier, les deux jours fériés se confondaient. Pour éviter une nouvelle confusion, le jour de la Saint-Knut a été déplacé au 13 janvier en 1680. Cette date serait une référence à d’ancienne fêtes vikings, dit-on.

La Saint-Knut n’est pas fêtée au Danemark, elle l’est en Suède et en Finlande, même si aujourd’hui, elle ne l’est plus avec la même ferveur qu’au milieu du XXe. Ce jour est aussi appelé « Tjugondag jul » (le vingtième jour après Noël), mais il est plus souvent désigné sous les termes « Tjugondag Knut », « Knutomasso » ou encore « Knutsdagen ».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 janvier 2024

 

source : royal djurgarden

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Serbie, 5 janvier Bruno Teissier Serbie, 5 janvier Bruno Teissier

5 janvier : en Serbie, c'est Tucindan, on tue le cochon

Selon le calendrier traditionnel serbe, c’est l’avant-veille de Noël, autrefois par tradition, on tuait le cochon.

 

La Serbie, à l’instar de la Russie, fait partie de ces pays où l’on fête encore Noël Elon l’ancien calendrier (celui de Jules César), par conséquent ce 5 janvier du calendrier grégorien, correspond pour les Serbes à l’avant-veille de Noël. Aujourd’hui, c’est Tucindan (Туциндан) qui signifie le « jour du massacre ».

La Serbie qui détient le record européen du nombre d’armes en circulation par habitant, souffre d’une violence endémique contre laquelle l’opposition politique se mobilise. D’ailleurs, la coalition d’opposition au régime du président Aleksandar Vucic s’appelle « Serbie contre la violence ». Elle s’est mobilisée notamment pour réagir à de récent massacre dans des écoles. Malheureusement, le trucage des élections du 17 décembre 2023 a permis une fois de plus au président d’extrême droite de rester au pouvoir.

Mais aujourd’hui, c’est fête, le massacre dont il est question est celui des cochons. D’ailleurs de violence, il ne sera pas du tout question aujourd’hui. Selon la tradition, on ne doit pas punir les enfants pour leur mauvaise conduite. On pense que la punition de Tucindan rendra les enfants méchants pendant une année entière.

Traditionnellement, dans les campagnes on tuait le cochon qui sera consommé le jour de Noël. La fête, comme tout ce qui entoure Noël, a d’évidentes racines païennes. Aujourd’hui, Serbes servent du cochon de lait ou de l'agneau fraîchement abattu comme plat principal lorsqu'ils servent une table de fête. Mais, ils peuvent aussi être remplacés par une oie au four ou de la dinde farcie.

Il existe des coutumes semblables en Croatie, Macédoine, au Monténégro, en Bulgarie… sous le nom de Straži dan , ou Zdraži dan (le jour de la veille) mais qui sont observées le 23 décembre (du calendrier grégorien).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2024

 
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Ukraine, Noël, 25 décembre Bruno Teissier Ukraine, Noël, 25 décembre Bruno Teissier

25 décembre : c’est désormais Noël pour tous les Ukrainiens

Pour la première fois de son histoire, l’Ukraine fête Noël un 25 décembre. En juillet 2022, la Rada (le Parlement) a voté un texte reconnaissant officiellement cette date comme la fête de Noël, remplaçant celle du 7 janvier. Ce changement marque une rupture culturelle et politique de plus avec la Russie.

 

Pour la première fois de son histoire, l’Ukraine fête Noël un 25 décembre (exception faite des régions qui ont été jadis sous juridiction de la Pologne ou de la Hongrie). En juillet 2022, la Rada (le Parlement) a voté un texte reconnaissant officiellement cette date comme la fête de Noël, remplaçant celle du 7 janvier, basée sur le calendrier julien. Ce changement de calendrier est rupture très symbolique avec l’usage de l’église orthodoxe russe. En Europe, il n’y a plus guère que les Églises russe et serbe a ne pas avoir adopté le calendrier grégorien qui rythme le temps. Le calendrier julien a 13 jours de “retard” sur le calendrier grégorien, d’où la date du 7 janvier. 

La rupture est antérieure l’agression russe du 24 février 2022. Lors de la révolution de Maïdan, en 2014, l’Église orthodoxe, rattachée au patriarcat de Kiev, ainsi que l'Église gréco-catholique s'étaient rapprochées des manifestants proeuropéens, tandis que l'Église orthodoxe, liée au patriarcat de Moscou, soutenait naturellement les idées de ses parrains russes. La rupture a été consommée quand, en 2019, l’Église orthodoxe ukrainienne a obtenu son autocéphalie (indépendance par rapport à l’Église de Moscou). En mai 2022, la branche l’Église ukrainienne restée fidèle à Moscou, a elle aussi pris ses distances en réaction au soutien à la guerre exprimé par le patriarche russe Kirill. La généralisation de la date du 25 décembre pour fêter Noël était la suite logique de cette rupture culturelle et politique avec la Russie, dont même la langue perd aujourd’hui du terrain en Ukraine.

En Ukraine, le 7 janvier qui était jusqu’à présent férié, continuera de l’être. Mais ceux qui veulent fêter Noël le 25 décembre, comme le font les catholiques, pourront donc le faire aussi, dans les mêmes conditions, compte tenu de la réforme du Code du travail. 

Hier soir, les Ukrainiens ont réveillonné avec, selon la tradition, un repas de 12 plats sans viande, dont la koutia, un entremets composé de grains de blé bouillis, de miel, de raisins secs, de noix concassées et de graines de pavot.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2023

Mise à jour 2024 : Moscou a fait vivre à Kiev un Noël d’enfer : le matin du 25 décembre, la Russie a lancé plus de 70 missiles et plus de 100 drones explosifs sur l'Ukraine en prenant son système énergétique pour cible.

 

Un défilé de Noël  - photo : Alexandre Vodolasskiy, 2017

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fête populaire, Mexique, 23 décembre Bruno Teissier fête populaire, Mexique, 23 décembre Bruno Teissier

23 décembre : la nuit des radis à Oaxaca, au Mexique

La Nuit des radis (Noche de Los Rábanos) est une tradition que remonte à la colonisation espagnole, elle se déroule chaque nuit du 23 au 24 décembre.

 

Chaque année, la veille de Noël, à Oaxaca, ville du sud du Mexique, c’est la Nuit des radis (Noche de Los Rábanos), une tradition que remonte à la colonisation espagnole, le radis étant originaire d'Asie du Sud-Est.

On raconte que peu avant Noël, deux moines ayant arraché des radis oubliés de la récolte, ont découvert qu'ils étaient surdimensionnés et de forme étrange. Ils ont apporté ces radis à la fête de Noël locale qui se tenait le 23 décembre, et où les légumes difformes ont attiré beaucoup d'attention. Comme la sculpture sur bois était une activité et un passe-temps populaires à Oaxaca, les agriculteurs locaux ont commencé à sculpter ces radis en diverses figures afin d'attirer plus de clients au marché de Noël. Avec le temps, les figurines de radis sont devenues un incontournable du marché de Noël d’Oaxaca. Si bien qu’en 1897, le maire d'Oaxaca a lancé le concours officiel de sculpture sur radis qui a eu lieu chaque année le 23 décembre.

Comme les radis flétrissent peu de temps après la coupe, les œuvres ne peuvent être exposées que pendant quelques heures, ce qui entraîne de très longues files d'attente dans la soirée du 23 au 24 pour ceux qui souhaitent voir les œuvres. En parallèle sont organisées des expositions et des concours d'œuvres réalisées avec des enveloppes de maïs et des fleurs séchées, créées sur les mêmes thèmes que pour les radis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2022

 
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3 décembre : l’Avent en attendant Noël

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). C’est le début d’une période, l’Avent, qui se terminera la veille de Noël.

 

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). L’Avent débute le quatrième dimanche avant Noël et marque aussi le début de l’année liturgique. La date du 3 décembre est la plus tardive possible, car l’Avent peut aussi débuter fin novembre. De fait, l’Avent 2023 sera particulièrement court : 22 jours contre 28, l’année dernière. Cela dit, les calendriers de Noël, vendus dans le commerce, proposant une image ou de plus en plus souvent un chocolat, commencent tous au 1er décembre qui est la date intemporelle de l’Avent dans le monde laïque, et ne proposent que 24 cases. Plutôt que des cases à ouvrir, en Allemagne, on allume une bougie chaque dimanche, un rituel qui n’est pas sans rappeler la fête juive de Hanoucca qui se déroule à la même période.

Jadis, l’Avent commençait juste après 11 novembre, jour de la Saint-Martin, et faisait l’objet d’un jeûne, trois jours par semaine. L’Église occidentale a réduit l’Avent à quatre semaines au lieu de six et aujourd’hui ne préconise ni jeûne ni abstinence pendant cette période d’attente de Noël. En revanche, les Églises orientales ont conservé un Jeûne de la Nativité qui débute le 15 décembre (du calendrier grégorien) pour se terminer le 6 janvier. Sauf chez les melkites où ce jeûne commence le 10 décembre et les Arméniens qui jeûnent, en principe, du 30 décembre au 5 janvier.

Avent vient du latin Adventus (arrivée). Jadis, le français l’écrivait Advent, orthographe transmise à l’anglais qui l’a conservé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2023

 
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Italie, 5 janvier, Épiphanie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Italie, 5 janvier, Épiphanie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

5 janvier : les Italiens, petits et grands, attendent la Befana

Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana, une sorcière bienveillante, y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Une tradition en lien avec l’Épiphanie, fêtée le lendemain, et avec des cultes païens qui remontent au moins à l’époque romaine.

 

Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Pour la remercier, on déposera près de la chaussette, une mandarine ou quelques biscuits. Autrefois, on prévoyait même une assiette de soupe. En effet, selon la légende, la Befana munie d’une hotte, à califourchon sur son balai, va de toit en toit pour distribuer des présents aux enfants en cette nuit du 5 au 6 janvier. Mais, cette gentille sorcière est aujourd’hui de plus en plus supplantée par le Père Noël.

Jusqu’aux années 1960, dans une bonne partie de l’Italie, c’était le matin de l’Épiphanie que les enfants découvraient leurs cadeaux et non le matin de Noël. Il fallait donc s’y préparer la veille, le soir du 5 janvier. Cette coutume était très présente à Rome et dans toute l’Italie centrale et septentrionale, même si dans d’autres régions, comme en Vénétie, c’était la nuit, précédant la Sainte-Lucie, le 13 décembre qui jouait ce rôle. Ou encore, celle qui précédait la Saint-Nicolas, le 7 décembre, dans les régions proches de l’Autriche… Mais la popularité mondiale du Babo Natale (le Père Noël) a eu raison de la bonne sorcière. Il est vrai que le soir du 24 décembre arrive avant celui du 5 janvier, l’impatience des enfants aidant.

La tradition a tout de même survécu. Le gros des cadeaux a déjà été offert, mais en Italie, on garde toujours quelque chose censé être déposé dans la nuit du 5 au 6 janvier, comme en Espagne, où le même jour, on raconte aux enfants que ce sont les Rois mages qui leur ont apporté des cadeaux. À Rome, règne toute une ambiance festive tout au long de la journée du 5 janvier. Autrefois, le cœur de la fête était situé autour de la piazza Sant’Eustachio, aujourd’hui, c’est place Navonne bien plus vaste que se tient le principal marché de Noël de la capitale. On y trouve des stands pour adultes et enfants, remplis de friandises, de jeux et d’objets artisanaux, en bien sûr les fameuses chaussettes à déposer le soir même, près de la cheminée si on en a une. Attention, pour les enfants qui n'ont pas été gentils, la Befana remplit les chaussettes de charbon ! Pour avoir un avant-goût de ce que l’on risque on pourra goûter ce charbon sur le marché de Noël. Il s'agit bien sûr de sucre noir comestible ou des morceaux de réglisse qui ressemble à du charbon. L'icône de la petite vieille est présente partout, dans les vitrines des magasins, les publicités… On vend des déguisements, avec les fameux balais de sorcière et même des poupées de la Befana avec les yeux qui clignotent !

L’Église a bien tenté de résister au Père Noël en racontant que c’était le Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apportait les cadeaux. La Befana elle-même a dû être raccrochée à une fête : l’Épiphanie (Befana est d’ailleurs une déformation populaire du nom de la fête). On raconte alors que les Rois mages, avançant sur la route de Bethléem pour offrir des cadeaux à l’Enfant Jésus, demandèrent leur chemin à une vieille femme. Alors qu’ils lui demandèrent de les guider, la vieille dame refusa. Mais rapidement, elle fut prise de remords et pour se faire pardonner, elle prépara un panier rempli de petits gâteaux et de fruits secs et parti à leur recherche. Comme elle ne retrouva jamais la caravane des Rois mages, elle s’en alla de maison en maison distribuer ses friandises aux enfants.

Des bonnes fées survolant les maisons et les champs existaient déjà dans l’Antiquité romaine, elles s’appelaient Diane, Satia ou Abundia. Leur passage célébrait la renaissance de la nature en vue du printemps. Elles survolaient les champs cultivés pour favoriser leur fertilité. Selon les cultes païens, c’est la douzième nuit après le solstice d’hiver, que la mort et la renaissance de la nature étaient célébrées à travers Mère Nature. À partir du IVe siècle l’Église a intégré tous ces cultes dans sa propre tradition. C’est ainsi que Noël et L’Épiphanie ont été placés sur le calendrier religieux. Cette nuit du 5 au 6 janvier sera la dernière de celles que l’Église appelle les Douze nuits de Noël. Et la déesse Diane est devenue la Befana. Une figure de femme moins idéalisée, il est vrai. Demain matin, à partir de 10h, aura lieu le traditionnel défilé « Viva la Befana », sur Via della Conciliazione (l’avenue qui conduit au Vatican). Des décors et des costumes colorés sont conçus chaque année par une ville différente pour représenter l’universalité de l’Épiphanie, sous forme à la fois religieuse et folklorique. Cette année c’est la ville ombrienne de Foligno, qui fera défiler de mille personnages costumés avec la célèbre Giostra della Quintana, des porte-drapeaux, des fanfares, des majorettes, des butteri, des chevaux et des décors originaux.

En provinces, il y a des variantes , comme dans la province de Grosseto, où des hommes, les befani (sur l’île d’Elbe, ils s’appellent befanotti), accompagnent les befana dans les rues des villages pour interpréter des chants traditionnels de la Maremme. À Venise, se déroule la 45e Befana Regatta, au cours de laquelle des concurrents habillés en Befana, s’affrontent à coups d’avirons sur le Canal Grande, vêtus de jupe, châle en laine, bonnet et foulard sur la tête. Dans les régions germaniques du Nord, toutefois, elle est en concurrence avec Berchta.

Même la politique s’en est mêlée. En 1928, Mussolini avait institué des célébrations autour d’une « Befana fasciste », en encourageant la distribution de cadeaux aux enfants pauvres. En 1929, dans le Tessin (Suisse) et dans les cercles de l’émigration antifasciste italienne, on a célébré un « Befana rouge » jusque dans les années 1970.

Ainsi se termine en Italie la séquence des fêtes de fin d’année. « L’Epifania tutte le feste si porta via ! »

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2023

 

Aujourd’hui, sous l’influence d’Halloween, la Befana a troqué dans l’iconographie, son traditionnel fichu pour un chapeau pointu.

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26 décembre : la Saint-Étienne, la fête qui prolonge Noël

La Saint-Étienne est fériée dans tous les pays protestants ainsi que dans quelques pays catholiques et orthodoxes. C’est une fête d’origine païenne en lien avec le solstice d’hiver, devenue une célébration du mercantilisme et une occasion de rencontres sportives.

 

D’origine païenne, Noël a toujours été une fête plus importante dans les mondes germanique et celtique que dans le monde latin, la célébration s’y fait sur deux jours si bien que la Saint-Étienne est un jour férié dans tous les pays protestants ainsi que dans quelques pays catholiques (Irlande, Luxembourg, Pologne…). En France, le 26 décembre n’est férié qu’en Moselle (Schdéffesdaa) et en Alsace (Steffesdaa) ; c’est un héritage de leur annexion par l’Allemagne entre 1871 et 1918, où le Stefanitag est férié. En Suisse, la Saint-Étienne n’est pas fériée dans les cantons francophones. Dans le monde latin, la journée n’est fériée qu’en Italie, Catalogne et Baléares. C’est aussi le cas de certains pays orthodoxes (Grèce, Roumanie, Bulgarie).

Chaque 26 décembre, on célèbre saint Étienne, un prédicateur juif du Ier siècle qui passe pour avoir été le premier martyr du christianisme. Il a été accusé de blasphème, reconnu coupable par les autorités juives et lapidé à mort. Les Grecs le dénomment Stéphanos (Στέφανος, « le Couronné »). Bonne fête donc aussi aux Stéphane, Esteban, Steve, Stefanos, Étiennette, Stéphanie, Steffi, Fanny, Fanette...

En Catalogne, la Saint-Étienne (Sant Esteve) est une fête traditionnelle célébrée avec un grand repas. Celui-ci comprend généralement des cannellonis permettant de recycler les restes du repas de Noël (généralement de la dinde ou du chapon). 

En Autriche, en Bavière et en Suisse alémanique, les coutumes de la fête prévoient la bénédiction des chevaux et des promenades à cheval lors de cérémonies. Localement, Stephen est le saint patron des chevaux.

En Irlande, le 26 décembre est connu sous le nom de Wren Day (Lá an Dreoilín). Des coutumes d’origine celtique, sans doute liées au solstice d’hiver, invite à se déguiser d’un costume de paille pour parader dans les villages après avoir capturé un roitelet (wren). Cet oiseau est connu pour son habitude de chanter même au milieu de l'hiver, ce qui en a fait un symbole de la continuité de la nature même au cœur de la saison la plus froide. En hiver, le roitelet se fait entendre dans les ajoncs, d’où la paille répandue aujourd’hui dans les rues des villages de la péninsule de Dingle, en Irlande, qui ont gardé vivante cette coutume festive, sauf que de nos jours, on ne capture plus les roitelets pour les exhiber de maison en maison.

Les gens, ainsi déguisés de paille sont connus sous le nom de wrenboys ou de mummers. Ils peuvent aussi s’habillent de vieux vêtements et aller de porte en porte, chantant, dansant et jouant de la musique, en échange d’un petit cadeau ou quelques sous. En effet, dans le monde anglo-saxon, St Stephen's Day, le 26 décembre est appelé Boxing Day. Au XIXe siècle, nombre d'églises conservaient l'argent de la quête dans des boîtes, qui étaient ouvertes le jour de Noël. Le lendemain, l'argent était distribué aux nécessiteux. C’était aussi le jour où les familles riches autorisaient leurs domestiques à rendre visite à leurs familles le lendemain de Noël et donnaient à chacun une boîte contenant des cadeaux et un peu d’argent. Boxing Day a pris aujourd’hui un tout autre sens…

En Afrique du Sud, le 26 décembre est appelé Day of Goodwill. C’est le Family Day au Vanuatu, le National Day of Thanksgiving aux Îles Salomon…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 décembre 2022

 

Dans un village d’Irlande, comté de Kerry

Bénédiction des chevaux à la sortie de la messe, en Carinthie

La lapidation de saint Étienne, œuvre d’Annibale Carracci (début XVIIe siècle), Le Louvre

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Islande, chrétiens, 23 décembre, Noël, vie de saint Bruno Teissier Islande, chrétiens, 23 décembre, Noël, vie de saint Bruno Teissier

23 décembre : les Islandais préparent Noël

Pour les Islandais, c’est aujourd'hui la Saint-Thorlak, du nom d'un évêque du XIIe siècle, l’unique saint du pays. Ce jour marque localement le début des préparatifs de Noël. On nettoie toute la maison et on prépare le fameux hangiket, plat à base de mouton fumé, qui sera consommé pour le réveillon.  

 

Pour les Islandais, c’est aujourd'hui la Saint-Thorlak, du nom de  Thorlakur Thorhallsson (Þorlákur Þórhallsson), un évêque du XIIe siècle dont les Islandais ont fait leur saint patron, mais le Vatican a attendu 1984 pour le reconnaître.  La principale coutume est de manger un simple repas de skata, la raie faisandée, plat traditionnel du 23 décembre en Islande pour marquer le deuil de l’unique saint du pays.

Ce jour marque aussi localement le début des préparatifs de Noël qui est connu en Islande sous le nom de Jól (ou Yule), l’ancien nom des fêtes de fin d’année liées au solstice d’hiver. On nettoie toute la maison et on prépare le fameux hangiket (ou Hangikjöt), plat à base de mouton fumé, qui sera consommé pour le réveillon.  L'arbre de Jól (Noël) est généralement décoré ce jour-là. C'est également une grande journée de shopping pour les cadeaux de dernière minute, les magasins restant ouverts jusqu'à minuit.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2022

 
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Espagne, Noël, 22 décembre Bruno Teissier Espagne, Noël, 22 décembre Bruno Teissier

22 décembre : la fameuse loterie de Noël des Espagnols

Le tirage de Noël (El Gordo de Navidad) du 22 décembre en Espagne est la plus grande loterie du monde et l’une des plus anciennes.

 

S’il est une institution immuable en Espagne, c’est la loterie de Noël dont le tirage est organisé chaque année le 22 décembre. Le nombre de billets vendus est en hausse par rapport à l’an dernier et on totalise 3,5 milliards d’euros à répartir. Comme le Trésor public en prélève 30%, la somme mise en jeu est de 2,4 milliards d’euros. Les premiers prix sont de 4 millions d’euros, mais les chances de gagner sont limitées car vous serez sans doute plus de 20 millions à avoir acheté un billet. Ce serait aujourd'hui la plus grande loterie du monde. Presque toutes les familles espagnoles participent à cet événement national. Le billet coûte 200 euros, mais on peut acheter un dixième de billet, à 20 euros. 

Depuis plusieurs semaines, la presse élabore des pronostics. Le chiffre apparaissant le plus souvent serait le 5, qui l’a emporté 32 fois en 127 ans d’existence de la loterie de Noël. La finale 85 serait sortie 7 fois gagnante… Certains numéros de séries sont très convoités lors des ventes sur internet. Cette année c’est le 14320 qui a été le plus demandé, il a été épuisé en 48h lors des ventes de billets en ligne. Pourquoi ce numéro  ? Parce qu’il correspond à la date de 14 mars 2020, jour où le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire ! Comme quoi, une mauvaise nouvelle peut aussi porter chance. Du moins, on l’espère ! L’an dernier, c’était la date de l’exhumation, tant attendue, du dictateur Franco…  En 2020, le 31120 a aussi été très demandé, c’est le jour où le premier cas positif de la covid a été confirmé en Espagne ; comme le 21520 (le premier jour, le masque est devenu obligatoire sur la voie publique) ou le  03820 (le jour où le Juan Carlos a annoncé qu’il quittait le pays)… Si on ne fait pas figurer l’année, on a aussi le 02511 (le jour de la mort de Diego Armando Maradona) qui s’est arraché ou encore, le 01711 (le jour où l'Espagne a battu l'Allemagne 6-0)… toutes les nouvelles, bonnes comme mauvaises, sont un moyen de tenter sa chance. Bien sûr, comme dans toutes les loteries, certains se contentent de tenter leur chance avec leur date de naissance ou de celle de leurs enfants. Cette bourse aux bons numéros, est un résumé de toutes les passions du moment dans le pays.

À l’inverse, les superstitieux devraient éviter certaines fins de série, car il n'est jamais tombé de numéros qui se terminent par 09, 10, 21, 25, 31, 34, 41, 42, 43, 51, 54, 59, 67 , 78 et 82. De plus, le 1 est la fin la moins chanceuse, puisqu'il n'est sorti que 8 fois. On notera également qu’aucun jackpot n'a jamais commencé par 27, 37, 39, 41, 44, 51, 64, 67 à 75, 77 ou même des nombres entre 80 et 99…

On raconte que cette tradition remonterait au règne de Carlos III, lorsqu’un premier tirage a été organisé, en 1763, pour récolter des fonds pour les hôpitaux et les œuvres caritatives.  La Lotería  est une institution depuis 1812, elle a été créée pour renflouer les caisses de l’État. Ce qui fonctionne très bien puisque qu’en 2020, l’État espagnol empochera plus d’un milliard d’euros, soit vingt fois plus que ce plus que rapporte le téléthon en France ! Le tirage de Noël (El Gordo de Navidad), tel qu’il existe aujourd’hui, existe que depuis 1892. Et il n’a jamais cessé, même pendant la guerre civile. Toutefois, en 1938, deux tombolas avaient eu eu lieu : une républicaine, à Barcelone; et une autre, pour camp fasciste, à Burgos.

Depuis 2011, le tirage se déroule au Teatro Real de Madrid, il est effectué par des élèves du Colegio de San Ildefonso (une école fondée en 1543 qui accueille des orphelins). Il aura lieu mercredi : débutera dès 9 heures et durera environ 4 heures. Il est bien sûr diffusé en direct à la télévision (sur la première chaîne de la RTVE). Le résultat est publié sur internet 45 minutes plus tard.

Le site pour savoir si vous avez gagné : www.laloterianavidad.com/buscar-numeros/

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 décembre 2022

 
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Scandinavie, Noël, Fête des lumières, 21 décembre Bruno Teissier Scandinavie, Noël, Fête des lumières, 21 décembre Bruno Teissier

21 décembre : Yule, l’ancienne fête germanique du solstice d’hiver, qui inspire Noël

Dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver se produit ce soir à 22h30 (heure de Paris), il est à l'origine d’une fête païenne, Yule, dont les principaux symboles ont été récupérés par la fête de Noël, à commencer par le culte de l’arbre décoré de lumière.

 

Dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver se produit ce soir à 22h30 (heure de Paris), il est à l'origine une fête païenne, Yule ou Yuletide, célébrée par les peuples germaniques dont l’essentiel des symboles occupe aujourd’hui la fête de Noël, à commencer par le culte de l’arbre décoré de lumière. L’ancien nom de la fête a été conservé en Scandinavie où le jour de Noël, on se souhaite « God jul ! » (« Joyeux Noël ! »)

On retrouve l’arbre dans la symbolique de la bûche de Noël, perpétuée sans les régions francophones sous forme de pâtisserie depuis le milieu du XXe siècle. Jadis, il était de coutume de placer une très belle bûche dans la cheminée, en fait un grand bloc de bois qui devait brûler 12 jours et 12 nuits afin de perpétuer la lumière qui faisait défaut en ce cœur de l’hiver. À Riga, en Lettonie, on conservé la coutume de trainer une grande bûche dans les rues de la ville et pour finir de la brûler, sur la place Doma, et ainsi voir partir en fumée les problèmes de l’année écoulée.

En Allemagne, les quatre bougies de la couronne de l’Avant, qui rappelle le chandelier d’Hanoucca des juifs ashkénazes, sont là pour souligner l’importance de la continuité de la lumière que l’on craignait, un peu chaque hiver, de ne jamais voir revenir. La hanoukia ne comporte que 8 bougies, symbole repris par les Chrétiens avec l’octave de Noël, mais pour les peuples germaniques, c’était une série de 12 nuits dangereuses et perturbées qu’il s’agissait d’affronter.

La maison était jadis décorée de plantes à feuilles persistantes comme le gui et le houx, symbole de continuité de la nature, car il fallait se persuader que tout allait renaître au printemps. Ces éléments décoratifs ont été conservés pour symboliser le temps de Noël.

Un autre symbole qui a persisté en Scandinavie, mais n’a pas atteint le monde latin, c’est la chèvre de Yule (Julbock). Dans la mythologie antique, la chèvre était liée au dieu Thor qui montait un char tiré par deux chèvres nommées Tanngrisnir et Tanngnjóstr. Aujourd’hui, elles se contentent de tirer le traîneau du père Noël et de distribuer des cadeaux. On trouve ces petites chèvres, en paille comme il se doit, chez Ikea au rayon déco de Noël. En Suède, la ville de Gävle installe chaque année sur la place centrale un Julbock géant en paille, 13 mètres de haut, 7 mètres de long et pèse environ 3,5 tonnes. La paille est aujourd’hui imprégnée d'un retardateur de feu pour éviter que de petits malins y mettre le feu comme cela a été le cas plusieurs années de suite car par tradition, la période est synonyme de chahut. Cette chèvre géante rappelle aussi le bouc fertilisateur qui selon la légende ancienne passait de maison en maison pendant cette période un peu folle. Ce bouc était de bon augure tout en faisant un peu peur. D’ailleurs dans les villages, il était d’usage que des jeunes gens se déguisent en bouc le 21 décembre pour provoquer une sorte de carnaval avant l’heure.

Le christianisme s’est efforcé de canaliser toutes ces coutumes en plaçant la fête de Noël à cette période  afin aussi de remplacer le culte du dieu romain Sol Invictus ou celui du dieu Mithra importé d’Orient. L’Église a, dès l’origine, célébré une octave de Noël, mais dans le monde germanique, on est resté attaché aux symboles 12 nuits. Le célèbre chant de Noël anglais The Twelve Days of Christmas rappelle cette tradition que l’Église a aussi reprise à son compte d’autant plus facilement que ces douze jours, à partir du 25, conduisent à la veille de l’Épiphanie.

On retrouve des fêtes du solstice d’hiver dans toute l’Europe et l’Orient ancien. En Iran par exemple, elle porte le nom de Yalda et est héritée de la religion zoroastrienne qui vouait un culte à la victoire de la lumière sur les ténèbres. Cette fête du 21 décembre a survécu à l’islamisation du pays. L’évènement a perdu sa valeur religieuse au fil des siècles et est devenu une occasion sociale permettant de se retrouver en famille ou entre amis. La télévision officielle et la radio de la république islamique offrent des programmes spéciaux à cette occasion, même si ce jour n’est pas officiellement férié.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2022

 

Le bouc, assagi, s’est mis au service du Père Noël

Sapin, bûche, houx…

Le Julbock géant de Gävle, en Suède. En 2021, il avait une nouvelle fois péri dans les flammes.

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Éthiopie, chrétiens, Épiphanie, orthodoxes Bruno Teissier Éthiopie, chrétiens, Épiphanie, orthodoxes Bruno Teissier

19 janvier : les Éthiopiens fêtent Timket dans un climat très tendu

Timket (ou Timqat) célèbre le baptême du christ, c’est l’Épiphanie de l’Église orthodoxe locale, une véritable fête nationale en Éthiopie.

 

Les trois couleurs du drapeau éthiopien pavoisent les rues des grandes villes du pays, c’est Timket, la célébration chrétienne la plus importante de l’année. En Éthiopie, les chrétiens représentent qu’une petite moitié de la population (contre un tiers de musulmans) mais cette cérémonie qui dure trois jours est quasiment une fête nationale, chômée dans la plupart des régions. 

Timket (ou Timqat) célèbre le baptême du christ, c’est l’Épiphanie selon l’Église orthodoxe locale, laquelle comme celle des Russes ou des Coptes, suit un calendrier religieux calqué sur le calendrier julien, lequel est en retard de 13 jours sur le calendrier grégorien.

Cette année, comme en 2021, Timket est fêté dans une ambiance très martiale. Le pays vit depuis plus d’un an sous la menace d’une guerre civile généralisée. La situation est très tendues, notamment à Gondar, une ville où les célébrations de l’Épiphanie sont les plus remarquables. Gondar est située au nord du pays non loin du Tigré que les forces pro-gouvernementales assiègent depuis décembre.

Timket (ጥምቀት) se déroule sur trois jours. Le 18 janvier, appelé Ketera, est le jour des préparatifs. Ce jour-là, les tabots, des coffres en bois symbolisant l'Arche d'Alliance (que l’Église d’Éthiopie prétend détenir) sont sortis des églises, enveloppés de tissu et de soie. Au cours d’une cérémonie grandiose, le prêtre le plus ancien de chaque église conduit la procession jusqu’à la rivière ou à un bassin (timkete-bahir), en portant les tabots sur la tête.

Le tabot symbolise les coffres contenant les tablettes sur lesquelles les 10 commandements ont été écrits et présentés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï. Les participants passent la nuit à prier et à chanter lors de différents offices, dont la liturgie eucharistique. 

La messe commence aux petites heures du matin du 19 janvier, le jour du baptême (timket) proprement dit et se poursuit jusqu'à environ 7 heures du matin. Les habitants portent des vêtements blancs et se couvrent la tête de foulards. Après la messe, des discours sont prononcés par des personnalités importantes de l’Église et l'eau est bénie. Des participants se plongent ensuite dans l'eau, renouvelant les vœux qu'ils ont prononcés lors du baptême.

Le troisième et dernier jour de Timkat, le 20 janvier. Les tabots qui avaient été portés à l'eau sont ramenés aux églises lors d’une procession similaire.

En 2019, les cérémonies du Timket, ont été inscrites sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2022

 
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5 janvier : les Espagnols accueillent les Rois mages

Ce soir en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne.

 

Ce soir, en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne. Depuis la fin du XIXe siècle, les municipalités organisent chaque année une « cavalcade des Rois mages » (cabalgata de los Reyes Mágos) particulièrement populaire à Barcelone où le défilé est suivi par des milliers de personnes.

Les figurants arrivent par bateau vers 15h30 heures, à ce moment, 21 coups de canons sont tirés du fort de Monjuic. Les Rois mages et leur suite composée de musiciens en costumes, de saltimbanques en tout genre, remontent les Ramblas jusqu’à la place de Catalogne, tout en distribuant des friandises.

Voici l’itinéraire pour ce 5 janvier 2022 : Le public ne pourra pas assister à cette arrivée, ceci étant l'une des restrictions du défilé 2022. Pour le public, le défilé débute à 18.15, avenue Marqués de l'Argentera - Pla de Palau- Paseo de Isabelle II - Via Laietana - Place Urquinaona - Fontanelle - Place de Catalogne - Pelai - Place de l'Université - Ronda de Sant Antoni - Sépulvéda - Avenida del Paral - Place d'Espagne - arrivée : Avenida de la Reina Maria Cristina (Avenida de Rius i Taulet), vers 21h.

En France, Perpignan organise aussi sa cavalcade qui va du Castillet au parvis de la cathédrale où l'on distribue des chocolats chauds.

À Madrid, chaque quartier a son défilé auquel participent aussi les maires d'arrondissement et le personnel politique. La télévision publique (TVE)  en diffuse les images en direct.

Ce soir, les enfants sont invités à se coucher tôt, en laissant leurs chaussures près de la fenêtre, sans oublier de prévoir un bol d’eau pour les chameaux et quelques friandises pour les Rois mages. Demain, au réveil, ils trouveront des cadeaux, en complément de ceux qu’ils ont déjà reçus à Noël, et mangeront du Roscon de Reyes, une brioche aux fruits confits.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2022

 
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25 décembre : dans le monde entier, ou presque, c'est Noël !

Cette fête chrétienne commémore la naissance du Christ. La date n'est certainement pas celle de la naissance de Jésus dont l'année même n'est pas connue.

 

Cette fête chrétienne commémore la naissance du Christ. La date n'est certainement pas celle de la naissance de Jésus dont l'année elle-même n'est pas connue avec certitude. Au vu des éléments historiques et de ce que nous en disent les Évangiles, de l'an 5 av. J.-C. à l'an 5 ap. J.-C. semble être la fourchette la plus probable. Quant au 25 décembre, il correspond à celle du culte du dieu Mithra, dieu de la lumière, très populaire à l'époque et qu'il s'agissait de concurrencer. C'est au IVe siècle que cette date fut choisie, antérieurement, elle avait été fixée au 6 janvier, une date que seuls les Arméniens ont conservé.

Avec le temps, Noël est devenue une fête vraiment internationale. Au Japon, on s'offre des cadeaux ; en Iran, on décore les vitrines de Pères Noël ; au Pakistan, le jour est férié, comme dans d'autres pays musulmans : le Bangladesh ou Indonésie ; c'est aussi le cas à Taïwan, en Inde en Birmanie, à Singapour... autant de pays où, pourtant, les chrétiens sont très minoritaires. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2021

 
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L’ayatollah Khamenei chez lui, à droite le portrait de Khomeiny, à gauche le sapin de Noël

À Séoul, Corée

Décorations de Noël dans une rue de Dakar

Un sapin de Noël fait de pelote de laine exposé rue Qianmen à Pékin

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