L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1898, Malawi, Père de la nation, dictateur, 14 mai Bruno Teissier 1898, Malawi, Père de la nation, dictateur, 14 mai Bruno Teissier

14 mai : au Malawi, l’anniversaire de l’ancien dictateur

31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ».

 

31 ans après sa destitution, le Malawi célèbre toujours l’anniversaire de son ancien dictateur par un jour férié et chômé. Il est vrai que Hastings Kamuzu Banda est aussi le « père de l’indépendance ». Ce médecin établi en Écosse, où il a passé 40 ans de sa vie, était rentré dans son pays natal, le Nyassaland en 1958 pour prendre la tête de la fronde contre la création par les Anglais, d’une grande fédération regroupant son pays et les deux Rhodésies. En 1959, Banda fut arrêté et emprisonné pendant quelques mois avant d’être catapulté Premier ministre. En 1964, le Nyassaland obtiendra à son indépendance et c’est Kamuzu Banda qui lui choisira un nouveau nom : Malawi.

Kamuzu Banda en sera le premier président et il s’accrochera au pouvoir pendant encore trois décennies. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le poussent vers la sortie à l’âge de 96 ans. Quand il est mort, en exil en Afrique du Sud, il était encore poursuivi pour le meurtre de quatre parlementaires de l'opposition. Nelson Mandela n’a pas assisté à ses funérailles, non en raison de sa gouvernance autoritaire, mais pour ses liens avec l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid. Car Banda était un ultraconservateur proche des régimes soutenus par les États-Unis.

Cette histoire appartient à un passé révolu, mais une bonne partie peuple Malawi garde une tendresse pour ce vieux président mort presque centenaire et qui a dirigé le pays pendant près d’un demi-siècle. Hastings Kamuzu Banda est né en mars ou en avril 1898. On ne sait pas trop car il n'y avait pas d'enregistrement de naissance à l'époque, mais sous le règne de Banda, son anniversaire officiel était célébré le 14 mai. Le Kamazu Day célébrant son anniversaire n’a jamais été aboli.

Cette année la principale cérémonie a lieu à Blantyre, dans le stade Kamuzu, bien sûr. La thématique de l’année 2024 : « Kamuzu, l’héritage du patriotisme, de l’intégrité et du travail acharné ». On lui sait gré de ces trois qualificatifs, non usurpés, qui font oublier son autoritarisme, dans un pays où sévit une corruption endémique, en dépit des promesses du président actuel Lazarus Chakwera, alors que le Malawi est un des plus pauvres du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024

 
Lire la suite
1948, Israël, Palestine, indépendance, 14 mai Bruno Teissier 1948, Israël, Palestine, indépendance, 14 mai Bruno Teissier

13 mai : Israël compte ses morts et fête son indépendance en pleine crise existentielle

Israël célèbre sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. La fête nationale d'Israël est précédée d'un hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Mais comment se recueillir puis faire la fête, quand plus de 35 000 Palestiniens sont morts juste de l’autre côté du mur et que le massacre semble sans fin ?

 

Chaque année, le 5 lyar, soit cette année le 14 mai, Israël célèbre sa fête nationale en souvenir de sa proclamation d’indépendance du 14 mai 1948. Comme les jours du calendrier hébreu commencent et se terminent au coucher du soleil, la célébration du Jour de l’Indépendance d’Israël commence la veille dans le calendrier civil, autrement dit, les festivités débutent ce lundi 13 mai au soir.

Cependant, le Jour de l'Indépendance (Yom Haʿatzmaout, יום העצמאות) est toujours précédé du Jour du souvenir (Yom haZikaron, יום הזכרון), un jour de commémoration solennel rendant hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes civiles du terrorisme. Cette commémoration a commencé ce dimanche 12 mai au coucher du soleil.

Donc dimanche, à 19h, conformément à la loi de 1963 qui a formalisé le rituel, les entreprises de tout le pays ont fermé (le dimanche est un jour ouvré en Israël). À 20h, une première sirène, d'une durée d'une minute, a retenti dans tout Israël et la cérémonie nationale a commencé sur l’esplanade du Mur occidental (mur des lamentations) à Jérusalem, en présence du président Isaac Herzog, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi. À21h15, la Knesset organisait un événement spécial à la mémoire des morts, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahou, du président de la Knesset, Amir Ohana, et du président par intérim de la Cour suprême, Uzi Vogelman. 

On rend hommage aux morts de l’année 2023, selon les chiffres du ministère de la Défense, 711 membres des forces de sécurité sont tombés dans le cadre du conflit israélo-Palestinien et 822 civils (dont 37 enfants) ont été assassinés au cours de la même période, principalement lors du massacre du 7 octobre. Soit le pire bilan depuis qu’Israël existe.

Selon les données officielles, 25 039 membres des forces de sécurité sont tombés et 5 100 civils ont été tués dans des attaques terroristes depuis 1860. Curieusement, les statistiques israéliennes, publiées et révisées chaque année, remonte à une époque bien antérieure à la fondation d’Israël. Malheureusement dans leur aveuglement, les Israéliens font bien peu de cas des quelque 100 000 Palestiniens tués depuis le 14 mai 1948. Leur évocation serait pourtant totalement légitime, sachant que plus de 20% des citoyens israéliens sont des Palestiniens. Mais leur mémoire à eux n’a aucune place dans le discours officiel.

Une cérémonie du Jour du souvenir israélo-palestinien est tout de même organisée par Combattants pour la Paix et le Cercle des Parents-Forum Familles. Faute d’un soutien des autorités, elle est retransmise en ligne depuis plusieurs sites à travers le pays, notamment Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Acre. La cérémonie a débuté dimanche à 20h30, elle est diffusée sur les pages Facebook des organisations.

Ce lundi 13 mai, à 8h30, les noms des soldats tombés au combat sont lus au mont Herzl à Jérusalem. À 11h, une seconde sirène, d'une durée de deux minutes, retentit dans tout Israël. Aussitôt après, des avions de l'armée de l'air survolent le mont Herzl, donnant le coup d'envoi de la cérémonie principale, en présence notamment de Herzog, Netanyahou, Ohana et Vogelman. À 13h, une cérémonie commémorative pour les victimes du terrorisme se déroule au mont Herzl. Elle se clôturera à 19h30.

Mardi 14 mai, sera fêté l’anniversaire du 14 mai 1948 (5 Iyar 5708 selon le calendrier juif). Ce jour-là, huit heures avant l'expiration du mandat britannique sur la Palestine, le futur Premier ministre David Ben Gourion déclara la création de l'État d'Israël. Le nouvel État fut rapidement reconnu par de nombreux pays, dont les États-Unis et l’Union soviétique. Cependant, les États arabes environnants, considérant cette implantation juive comme un vestige de la colonisation britannique, ne l’ont pas reconnu et ont aussitôt attaqué l’État juif nouvellement formé. Ainsi, le 15 mai 1948, débutait la première guerre israélo-arabe, connue en Israël sous le nom de Guerre d’indépendance car elle s’est soldée par une victoire des Israéliens.

Traditionnellement, les familles israéliennes célèbrent Yom Ha'atzmaut avec des barbecues et des pique-niques. Les gens décorent leurs balcons avec des drapeaux israéliens et attachent de petits drapeaux aux vitres des voitures. Certains drapeaux restent hissés jusqu'à la Journée de Jérusalem célébrée le 28 Iyar (le 5 juin prochain). Mais cette année, six mois après les massacres du 7 octobre, l’ambiance n’est pas du tout à la fête. Ce jour-là, Israël s’était réveillé en découvrant l’horreur de la tuerie de plusieurs centaines de civils et la prise en d’otage par le Hamas de plus d’une centaine d’autres. Ils découvraient la défaillance de leurs services de renseignement (au courant de la préparation d’une attaque, mais qui en a largement sous-estimé l’ampleur). Ils déploraient la désorganisation de l’armée (qui a mis des heures à intervenir pour neutraliser les terroristes) et devaient admettre que les murs n’apportent en rien la sécurité. Les Israéliens s’affligeaient l’incurie de son gouvernement d’extrême droite, lequel a eu l’idée folle de participer au financement du Hamas et de l’encourager secrètement afin de pousser les Palestiniens à la faute. Pensant, en réaction, anéantir toute velléité de revendication de ce peuple sans droit. Le drame du 7 octobre, repose sur le sordide jeu d’apprenti sorcier d’un premier ministre élaborant des stratégies pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible afin d’échapper à la prison pour corruption, quitte à mener son pays vers l’abîme.

Car, en ce 75e anniversaire d’Israël, c’est bien l’existence même d’Israël qui, pour la première fois, est questionnée si une solution définitive n’est pas trouvée à la question palestinienne. Les 35 000 morts (dont 12 300 enfants), peut-être 50 000 quand on fera vraiment le compte des victimes des bombes, des blessés qui n’ont pas survécu, des morts de malnutritions ou de manque de soin. L’horreur des bombardement sur Gaza a depuis longtemps occulté celle du du 7 Octobre. Netanyahou, décidant de bombarder une ville de deux millions d’habitants pour tuer quelques milliers de terroristes, a entrainé son pays dans le piège fatal, tendu par le Hamas. Face à un tel massacre, dont le bilan est bien pire que celui de la Nakba, la communauté internationale ne pourra plus ignorer la colonisation galopante des territoires occupés depuis 1967. Faute d’accepter de les lâcher en totalité, Israël, risque de tout perdre (c’est à dire le territoire reconnu en 1948) et de ne jamais fêter son centenaire.

En dépit d’une belle prestation à l’Eurovision, fête à laquelle les Palestiniens n’ont jamais été invités à participer, l’ambiance de la journée de Yom Ha'atzmaut n’a jamais été aussi peu sereine. Même si le pays, comme toujours, va s’efforcer de faire comme si… L’aveuglement et le dénie sont des maladies mortelles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2024

 
Lire la suite
Géorgie, chrétiens Bruno Teissier Géorgie, chrétiens Bruno Teissier

12 mai : la Géorgie fête la Saint-André

La journée est connue  comme Le jour de l'arrivée du Saint Apôtre André le Premier Appelé en Géorgie. Il commémore l'arrivée de saint André en Géorgie, marquant le début de la christianisation du Caucase.

 

Cette année, la Saint-André tombe un dimanche mais c’est un jour férié officiel, chômé s’il tombe en semaine. La journée est connue  comme Le jour de l'arrivée du saint apôtre André le Premier appelé en Géorgie  (წმინდა მოციქულის ანდრია პირველწოდებულის საქართველოში შემოსვლის დღე). Il commémore l'arrivée de saint André en Géorgie, marquant le début de la christianisation du Caucase.

André est originaire de Bethsaïde, en Galilée, sur les bords du lac de Tibériade. Lui et son frère Simon, pêcheur de profession. C’est lui qui présente Simon à Jésus qui le nommera Pierre et en fera un de ses principaux disciples, André est néanmoins considéré, notamment par les Géorgiens, comme le premier apôtre du Christ. Alors que selon la tradition Simon-Pierre aurait terminé sa vie à Rome, ville de son martyre, symbole l’Église d’Occident, André serait parti prêcher l’Évangile lors d’un long voyage autour de la mer Noire, avant de mourir martyrisé à Patras, en Grèce.

Il aurait débarqué en Géorgie, dans la région de l’Adjarie actuelle. La tradition ecclésiale de Géorgie considère saint André comme le premier prédicateur du christianisme en Géorgie et comme le fondateur de l'Église orthodoxe géorgienne. En 2008, une grande statue représentant saint André a été installée devant une cascade près du village de Sarpi, en Adjanie, où André serait venu. Les jeunes mariés ont pris l’habitude de venir se faire photographier devant.

Jadis, il était fêté le 13 novembre par les Églises d’Orient (et il l’est encore dans maints endroits), avant que sa fête soit déplacée au 12 mai. L’Occident, de son côté, le fête le 30 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 mai 2024

La statue de saint André devant une cascade de Sarpi

 
Lire la suite
1924, Mongolie, arbres, 11 mai Bruno Teissier 1924, Mongolie, arbres, 11 mai Bruno Teissier

11 mai : en Mongolie, on plante des arbres

La forêt, en Mongolie, a presque disparu et la déforestation continue. Pour renverser la tendance, le président de la Mongolie Khurelsukh Ukhnaa a lancé en 2021 le programme ambitieux de planter « un milliard d’arbres » qui a démarré en 2022. Cette année, la jOurnée nationale de plantation des arbres se prolonge jusqu’au 31 mai 2024. 2024, le 11 mai, marque le 100e anniversaire de la création de l'industrie forestière moderne en Mongolie.

 

La forêt, en Mongolie, a presque disparu. Elle ne représente plus que 6,5% de la surface du pays et n’a guère été protégée jusqu’à ces dernières années. Pour renverser la tendance, le président de la Mongolie Khurelsukh Ukhnaa a lancé en 2021 le programme ambitieux de planter « un milliard d’arbres » qui a démarré en 2022. La préoccupation existait déjà puisque c’est en 2010, qu’a été créée une Journée nationale de la plantation d'arbres (Монгол Улсад мод тарих үндэсний өдөр) qui a lieu chaque année, le 11 mai. Depuis le démarrage du programme, on s’est contenté, d’une quarantaine de jeunes arbres.

En 2024, l’ambition sera plus importante, on a préparé 60 millions de plants de jeunes arbres. Car la Journée nationale annuelle de la plantation d'arbres est organisée du 11 au 31 mai 2024, sous la forme d'une campagne d'un mois. 2024, le 11 mai, marque le 100e anniversaire de la création de l'industrie forestière moderne en Mongolie. Mais des efforts plus ambitieux pour lutter contre la désertification se sont finalement heurtés à la nécessité d'augmenter les revenus (environ 28,5 % des 3,2 millions d'habitants de Mongolie vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon l'Office national des statistiques de Mongolie) et il est peu probable que les mesures de soutien existantes les incitent à mettre l'environnement en danger. au-dessus de leur qualité de vie. Beaucoup, dans ce pays au climat rigoureux, se chauffent encore au bois. La négligence des semis et la plantation par des personnes non qualifiées sont courantes en Mongolie.

Parmi les principaux projets actuels : le reboisement de la montagne Bayanzurkh, à l'est d'Oulan-Bator, avec 13 000 arbres soigneusement plantés et entretenus. La montagne sacrée était presque entièrement boisée d'espèces d'arbres naturelles (mélèze) jusqu'en 1989. Au cours de la croissance de la ville d'Oulan-Bator et de l'utilisation accrue des ressources, elle a été défrichée par de massifs déplacements de bétail et des incendies de forêt, fréquents en Mongolie, qui empêche reboisement naturel.

En Mongolie, les forêts boréales de conifères de Sibérie s'étendent sur le nord du pays. Le mélèze est l'espèce d'arbre qui caractérise le paysage avec le pin, le bouleau et le peuplier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mai 2024

 
Lire la suite
Thaïlande, bouddhisme Bruno Teissier Thaïlande, bouddhisme Bruno Teissier

10 mai : la cérémonie du labour royal en Thaïlande

La cérémonie annuelle du Labour royal, en Thaïlande, marque officiellement le début de la saison du riz. Selon de très anciennes traditions, elle permet de prévoir les tendances en matière de production agricole voire de commerce international.

 

Cette cérémonie annuelle marque officiellement le début de la saison du riz. Elle a généralement lieu en mai mais la date n'est pas fixe car elle est choisie par l’astrologue brahmane du roi. Le nom thaïlandais de cette fête est assez long : Charot Phra Nangkhan Raek Na Khwan » (จรดพระนังคัลแรกนาขวัญ) signifie « placer une charrue sur la terre pour marquer un début propice à la saison de culture du riz ».

Cette cérémonie est une synthèse de fêtes de tradition bouddhiste et hindouiste qui se déroulaient jadis à des dates différentes. La cérémonie, présidée par le roi en personne, se déroule sur deux jours. D’abord une bénédiction bouddhique au temple d’Émeraude de Bangkok, des graines qui seront plantées le lendemain. Le lendemain, c’est le jour du labour proprement dit, une célébration hindouiste qui se déroule à Sanam Luang, une place située devant le Palais royal. Une fois exécuté, on présente aux bœufs sacrés des écuelles contenant de l’herbe, du riz, du maïs, des haricots, du sésame, de l’alcool et d’eau. Le choix des bovins va donner la tendance, bonne ou mauvaise, des prochaines récoltes. S’ils ne touchent à rien et se contentent d’une lampée d’alcool, ils garantissent un commerce fructueux avec l’étranger et donc une économie florissante.

La cérémonie royale s'est poursuivie pendant des siècles jusque dans les années 1930. Abandonnée à la faveur de la modernisation du pays, elle a été relancée en 1960 afin de conforter le prestige du roi Bhumibol qui reprenait du poids politique. Son fils et successeur, depuis 2021, le roi Vajiralongkorn dit roi Rama X a poursuivi cette tradition du Labour royal. Depuis1966, le jour de la cérémonie royale est aussi désignée comme la Journée des agriculteurs.

À des dates différentes, des cérémonies comparables sont également organisées au Cambodge, présidée par le roi, ou au Japon, par l’empereur… Elles ont pour origine d’anciens rites de fertilité commun aux différents pays de la région.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 mai 2024

 
Lire la suite
1950, Europe, 9 mai Bruno Teissier 1950, Europe, 9 mai Bruno Teissier

9 mai : la Journée de l'Europe, 80 ans de paix !

Hier, nous avons célébré 80 années de paix en Europe (occidentale). Jamais dans l’histoire, cette région du monde n’avait connu une période de paix aussi longue et on peut espérer que cela se perpétue. La construction européenne engagée il y a 73 ans y est largement pour quelque chose ! Le 9 juin, ne confions pas les clés de notre Europe à des personnes qui n’ont pas conscience de cet héritage et qui soutiennent des fauteurs de guerre !

 

Hier, nous avons célébré 80 années de paix en Europe (occidentale). Jamais dans l’histoire, cette région du monde n’avait connu une période de paix aussi longue et il faut se mobiliser pour que cela se perpétue. La construction européenne, engagée il y a 73 ans, y est évidemment pour quelque chose. Alors que la Russie ravage impunément l’Ukraine, que des dizaines de milliers d’Arméniens ont dû abandonner leur pays pour fuir la guerre, alors la situation demeure tendue dans les Balkans et qu’au Proche-Orient des descendants d’Européens martyrisent un autre peuple, la Journée de l’Europe se doit d’être fêtée avec conviction comme chaque 9 mai. 

Chaque année, le 9 mai, nous célébrons l’anniversaire de la « déclaration Schuman ». Ce jour-là, en 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose dans un discours historique prononcé à Paris, dans le salon de l’horloge du Quai d’Orsay, une nouvelle forme de coopération politique pour l'Europe, qui rendrait impensable toute guerre entre les nations du continent. Son ambition était de créer une institution européenne qui rassemblerait et gérerait la production de charbon et d'acier. Un traité établissant un tel organisme est signé moins d'un an plus tard. La proposition de Robert Schuman est considérée comme l'acte de naissance de ce qui est aujourd'hui l'Union européenne.

Cette déclaration débouche sur la signature par six États européens - l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas - du traité de Paris, le 18 avril 1951. Ensemble, ils fondent la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), première des institutions européennes qui donnera naissance à ce qu’on appelle à présent l’Union européenne.

Pour célébrer la Journée de l'Europe, les institutions de l'Union européenne ouvrent leurs portes au public dès le début du mois de mai à Bruxelles et Strasbourg. Ce soir, à paris, l'Arc de Triomphe va s'illuminer et se draper de bleu.

Le 9 juin, ne confions pas les clés de notre Europe à des personnes qui n’ont pas conscience de cet héritage et qui soutiennent des fauteurs de guerre !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mai 2024

 
9mai.png
Lire la suite
1769, Corse, 8 mai, bataille célèbre, défaite militaire Bruno Teissier 1769, Corse, 8 mai, bataille célèbre, défaite militaire Bruno Teissier

8 mai : le jour où la Corse est devenue française

Dans les milieux nationalistes corses, l’habitude a été prise de venir le 8 mai sur le Ponte Novu (Ponte-Novo) pour jeter des couronnes de fleurs dans le fleuve Golo. Il s’agit d’un hommage aux quelques centaines de partisans de Pascal Paoli tombés il y a 255 ans pour défendre la république indépendante de Corse qui livrait là sa dernière bataille avant l’intégration de l'île à la France.

 

Depuis quelques années, dans les milieux nationalistes corses, l’habitude a été prise de venir le 8 mai sur le Ponte Novu (Ponte-Novo) pour jeter des couronnes de fleurs dans le fleuve Golo. Il s’agit d’un hommage aux quelques centaines de partisans de Pascal Paoli tombés pour défendre la république indépendante de Corse proclamée en novembre 1755, mais que ses divisions internes et une ultime bataille, ont perdu. Le jour où la France toute entière célèbre la victoire de 1945, c’est une défaite des Corses face aux armée du roi de France, en 1769, qui est commémorée.

La Corse était depuis quatre siècles une possession de la République de Gènes. Sous la conduite de Pasquale Paoli, Babbu di a Patria, une révolution inspirée des idées de Voltaire et Rousseau mais aussi de la naissance d’un sentiment national, a éclaté en Corse et en novembre 1755, une république de Corse est proclamée avec Corte (Corti) pour capitale. Les Génois ne contrôlant plus quelques ports, ont tenté de reprendre le contrôle de l’île qui s’était organisé en État indépendant avec sa constitution et sa monnaie. N’y parvenant pas, Gênes a fini par céder « provisoirement » ses droits sur la Corse à la France qu’elle charge de « pacifier » l’île et est de lui restituer en échange de 40 millions de livres, le paiement de son intervention. Les premières batailles ont tourné en faveur des indépendantistes mais le royaume de France a envoyé de gros renforts, épaulés par des mercenaires prussiens. Les partisans de Pascal Paoli ont finit par être écrasés à la bataille de Ponte Novu, les 8 et 9 mai 1769. Paoli va s’exiler à Londres et la France prendre le contrôle de toute l’île qui devient une province française en 1770.

C’est un jour sombre pour les nationalistes corses qui est marqué aujourd’hui. Les représentants des principaux partis nationalistes sont présents à la commémoration de la bataille de Ponte Novu, mais aussi de nombreux jeunes qui s’intéressent à leur histoire nationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2024

Pascal Paoli à la bataille de Ponte Novu, 1769, œuvre de Henry Benbridge

Le fameux pont, théâtre de la bataille du 8-9 mai 1769. Ce n’est pas lors de cet affrontement que ce pont génois fut détruit mais en septembre 1943, lors de la retraite de l'armée allemande vers Bastia.

 
Lire la suite
1954, Vietnam, bataille célèbre, Victoire militaire, 7 mai Bruno Teissier 1954, Vietnam, bataille célèbre, Victoire militaire, 7 mai Bruno Teissier

7 mai : les Vietnamiens célèbrent leur victoire de Dien Bien Phu

Les Vietnamiens célèbrent le 70e anniversaire de leur victoire sur les forces françaises, le 7 mai 1954, une étape déterminante vers l’indépendance du pays. Pour la première fois la France, représentée par Sébastien Cornu, ministre de La Défense, est invitée officiellement à la cérémonie.

 

Le Jour de la victoire de Dien Bien Phu (Ngày Chiến thắng Điện Biên Phủ) est observé au Vietnam le 7 mai. Il célèbre la victoire du Vietnam sur les forces françaises en 1954, une étape déterminante vers l’indépendance.

En 1945, le Vietnam avait déclaré son indépendance à l’égard de la France, ce que malheureusement Paris n’avait pas accepté, préférant s’engager dans une guerre d'Indochine. Celle-ci avait officiellement débuté le 19 décembre 1946, bien que les combats entre les forces du Viet Minh et leurs adversaires français eussent commencé dès septembre 1945.

Sous-estimant la capacité de leurs adversaires, les Français se sont laissé encercler dans une cuvette. À partir du 13 mars 1954, ils ont été assiégés par le Viet Minh qui a coupé tout ravitaillement et bombardé les positions françaises en une série d'assauts. L'assaut massif final contre ce qui restait des unités françaises a eu lieu le 7 mai 1954. La garnison est tombée et la bataille de Dien Bien Phu a abouti à une défaite complète de la France. Peu de temps après, un nouveau gouvernement français, sous la conduite de Pierre Mendes-France, acceptera le retrait d'Indochine.

La victoire du Viet Minh à la bataille de Dien Bien Phu va déboucher sur la signature des accords de Genève qui mettent fin à la guerre et divisent le Vietnam au 17e parallèle, pour quelques années...

En France, cette défaite reste le symbole d’une guerre à la fois meurtrière, destructrice et parfaitement inutile. Pour le 70e anniversaire, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, a été invité par le Vietnam aux commémorations de la bataille. Cette invitation officielle faite au gouvernement Français, est une première. La visite du site par le président Mitterrand, en 1993, avait été qualifiée à l’époque de simple voyage privé.

Hier, une cérémonie a eu lieu au mausolée du président Hô Chi Minh, à Hanoï, ainsi qu’au Mémorial dédié aux Héros morts pour la Patrie, situé dans la rue Bac Son.

La bataille racontée par les Vietnamiens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2024

 
Lire la suite
1916, Liban, lutte pour l'indépendance, 6 mai, martyrs Bruno Teissier 1916, Liban, lutte pour l'indépendance, 6 mai, martyrs Bruno Teissier

6 mai : le Liban commémore ses martyrs d’un autre temps

La fête des martyrs du Liban commémore la pendaison, à Beyrouth, de six nationalistes libanais, le 6 mai 1916 sur les ordres du pouvoir ottoman. La date a permis ensuite une union sacrée de tous les Libanais contre les Français. Une concorde qui n’a duré q’un temps…

 

Chaque 6 mai, sur la place des Martyrs (ساحة الشهداء), la place emblématique du centre de Beyrouth, des représentants des autorités viennent déposer des couronnes de fleurs au pied des statues occupant le centre de cet espace témoin des tragédies vécues par le Liban. Pendant la guerre civile, la place était traversée par une ligne de démarcation entre deux camps ennemis et le groupe de statues symbolisant les martyrs de l’indépendance a été maintes fois mitraillé. Car ces martyrs ne sont pas ceux de la guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts entre 1975 et 1990, ni ceux de Sabra et Chatila, en 1982, ou de Cana, en 1996, ni bien sûr les victimes de l’explosion du port, en 2020, et de l’incurie du régime.

En vérité, la fête des martyrs (عيد الشهداء) commémore la pendaison de six nationalistes libanais sur la place des Canons (l’ancien nom de la place des Martyrs), le 6 mai 1916 sous les ordres de Jamal Pacha, qui représentait à Beyrouth le pouvoir ottoman. L’insurrection avait été encouragée par les Français dans le but d’affaiblir l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la Grande Guerre. Mais elle avait pour origine la famine qui provoquait des dizaines de milliers de mort au Liban, en raison du blocus maritime mis en place par les Français et les Britanniques, aggravé par les réquisitions de denrées alimentaires opérées par les Ottomans ainsi qu’une invasion de sauterelles. Un tiers de la population y perdit la vie, la mémoire de cette tragédie a été longtemps occultée au profit de la glorification des héros de la lutte pour l’indépendance que, pourtant, le sacrifice des martyrs de 1916 n’a pas permis d’obtenir.

Car le Liban, tel qu’il a été voulu par la France, est demeuré sous statut d’occupation française jusqu’en 1943. Et la commémoration du 6 mai, qui ne fut acceptée par la puissance mandataire qu’en 1937, a été une journée pour réclamer une véritable indépendance. D’abord boudée par le camp chrétien, la fête du 6 mai a peu à peu rassemblé toutes les obédiences libanaises, les communistes y compris. Le 6 mai 1944, le président maronite Béchara el-Khoury, le président du Conseil sunnite Riad el-Solh, les chiites, les druzes, les Arméniens, les najjadah et les phalanges…  tout le monde participait à la première commémoration du Liban indépendant. Cette concorde en mémoire des luttes pour l’indépendance, ne durera qu’un temps.

Aujourd’hui, toutefois, l’attention est avant tout portée sur les « martyrs » des bombardements israéliens au sud du Liban : hier encore, la mort d’un couple et de ses deux enfants, dans le village de Mays al-Jabal. Même si les Libanais ne font pas tous bloc derrière le Hezbollah, l’émotion est forte dans tout le pays. En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 390 personnes, parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils, ont été tuées au Liban.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2024

 
Lire la suite
Japon, enfants, 5 mai Bruno Teissier Japon, enfants, 5 mai Bruno Teissier

5 mai : au Japon, c’est la journée des enfants

Aujourd’hui, c’est Kodomo no hi, la Journée des enfants au Japon. Une fête traditionnelle ancienne qui clôt chaque année une série de jours fériés appelée la Golden week.

 

C’est Kodomo no hi (子供の日), la Journée des enfants. Cette fête traditionnelle, appelée autrefois Tango no Sekku (端午の節句), était autrefois dédiée aux seuls garçons. Une autre fête s’adresse aux filles : Hina matsuri  (雛祭り), le 3 mars. Ce sont deux fêtes saisonnières, celle des garçons avait lieu le cinquième jour du cinquième mois lunaire, comme la fête des bateaux dragon en Chine. Mais quand le Japon a adopté le calendrier grégorien, elle a été placée le 5 mai (5-5). En 1948, son nom a changé et elle est devenue la fête nationale de tous les enfants. Le Kodomo no hi clôt chaque année une série de jours fériés appelée la Golden-week.

La Journée des enfants est également appelée Fête des bannières en raison d'une tradition qui consiste à faire voler les manches à air koinobori (鯉幟) en forme de carpe. En japonais, la carpe ( koi ) est un symbole de force, de détermination, de courage. Dès le 4 mai, les familles japonaises installent un koinobori, un pour chaque enfant (ou pour chaque fils dans les familles les plus conservatrices). 

Jadis, cette fête des garçons avait une tonalité guerrière. dans les familles de samouraïs, on offrait au petit garçon une partie de sa future armure. Aujourd’hui, certains ont conservé l’usage d’offrir un mini casque traditionnel appelé kabuto (兜, 冑).

Le 5 mai japonais, fête saisonnière, est aussi la « Fête de l'Iris ». Jadis, à cette saison,  on dormait avec des feuilles d’iris sous leurs oreillers pour éloigner les mauvais esprits. On croyait que les iris avaient des pouvoirs spéciaux et que les dieux les utilisaient comme repères.

Les plats traditionnels de cette journée du 5 mai sont le Kashiwa mochi (かしわ餅) : gâteaux de riz fourrés à la pâte de haricots rouges et enveloppés dans des feuilles de chêne Kashiwa) et le chimaki (粽) : raviolis sucrés à base de farine de riz et enveloppés dans des feuilles de bambou ou, bien sûr, d’iris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2024

 
Lire la suite
1990, Lettonie, indépendance, 4 mai, armée Bruno Teissier 1990, Lettonie, indépendance, 4 mai, armée Bruno Teissier

4 mai : la Lettonie fête le rétablissement de son indépendance

Ce samedi 4 mai, on célèbre le 34e anniversaire de l’annonce du rétablissement de l'indépendance de la république de Lettonie. C’est l’une des deux journées patriotiques importantes du pays, avec le 18 novembre. Deux dates en rupture avec son histoire soviétique. C’est aussi un week-end de trois jours, bienvenu avec l’arrivée du printemps.

 

Ce samedi 4 mai, on célèbre le 34e anniversaire du rétablissement de l'indépendance de la république de Lettonie. Les Lettons tiennent tout particulièrement à ce que la proclamation d’indépendance prononcée par le Soviet suprême de Lettonie le 4 mai 1990 soit considéré comme une restauration. Car ils insistent sur le caractère illégal de l’occupation militaire soviétique du 17 juin 1940, suivie un mois plus tard par de fausses élections entérinant la disparition de la république de Lettonie fondée le 18 novembre 1918. L'indépendance totale ne sera, en fait, rétablie que le 21 août 1991, après la fin d’une période de transition. Mais le 4-Mai, célébré sous le nom de Jour de la Restauration de l'Indépendance (Neatkarības atjaunošanas diena), est un jour férié majeur pour les Lettons.

Les festivités de ce 34e anniversaire commencent à 10h30 par une cérémonie solennelle de dépôt de fleurs au Monument de la Liberté, à Riga . De 12h à 13h30, un défilé de fanfares scolaires dédié au Jour de l'Indépendance se déroule sur la place Brīvības . 

Puis, de 13h00 à 20h00, un rassemblement de personnes portant le costume national a lieu à Rātslaukum, dans le vieux Riga, accompagné d’un concert festif. À partir de 13h20, une procession festive suit l'itinéraire Kalķu iela - Brīvības laukums, pour, à nouveau, déposer des fleurs au Monument de la Liberté. Pour l’occasion, tout le monde est invité à porter le costume national en l'honneur de la Lettonie.  

Ce même jour se déroule la Journée des forces armées nationales (Nacionālo bruņoto spēku diena) qui cette année a lieu à Rezekne. Traditionnellement, le 4 mai, les Forces armées nationales organisent un défilé militaire dans l'un des lieux historiques de Lettonie. L'année dernière, l'événement avait eu lieu à Alūksne, en Vidzeme, mais cette année, l'honneur d'accueillir l'événement revient à Rezekne, en Latgale.

L'événement débute à 9h00 avec un service dans la cathédrale catholique romaine du Très Sacré-Cœur de Jésus, à Rezekne, suivi, à 11h. d’un défilé militaire des forces armées lettones et étrangères, des gardes-frontières de l'État, du service national d'incendie et de secours, de la police… Une cérémonie est prévue au d'État et de la Jeune Garde au Monument de la Libération de Latgale « Unis pour Lettonie ".

Comme cette année, le 4 mai tombe un samedi, lundi sera férié et chômé, ce qui offre aux Lettons un week-end de trois jours alors que le printemps pointe son nez. Ce samedi est presque estival, mais ce sera moins le cas lundi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mai 2024

Le le 4 mai 2002, (de gauche à droite) : Indulis Bērziņš (alors ministre des Affaires étrangères), Jānis Straume (alors président de la Saeima), Vaira Vīķe-Freiberga (alors président de la République) et Andris Bērziņš (alors Premier ministre) déposent des fleurs au Monument de la Liberté, à Riga, lors des célébrations du 4 mai.

 
Lire la suite
1944, Turquie, nationalisme, 3 ami Bruno Teissier 1944, Turquie, nationalisme, 3 ami Bruno Teissier

3 mai : la journée du panturquisme, vitrine du nationalisme turc le plus controversé

Chaque 3 mai, tout ce que la Turquie compte de militants de l’extrême droite nationaliste célèbre la Journée du turquisme. Le 3-Mai est aussi célébré, de manière plus folklorique, dans certains cercles politiques et culturels des Balkans à l’Asie centrale, en passant par le Caucase.

 

Cette manifestation annuelle rassemble toute l’extrême droite nationaliste turque, notamment les membres des milices fascistes et racistes que sont les Loups gris.

L'idéologie du panturquisme a commencé à émerger dans la seconde moitié du XIXe siècle parmi les intellectuels turcs de l'Empire ottoman et de l'Azerbaïdjan, ce dernier faisant alors partie de l'Empire russe. L'un des éminents idéologues du panturquisme de la première moitié du XXe siècle était l'auteur utra-nationaliste turc Hüseyin Nihal Atsiz, un admirateur du nazisme. Ce dernier critiquant la politique étrangère de la Turquie, notamment ses relations avec l’URSS, a fini par accuser directement certains membres du gouvernement turc de travailler pour Moscou. Le romancier Sabahattin Ali, qu'Atsız accuse de trahison, a porté plainte contre lui. Lui-même, Nihal Atsız et quelques autres militants nationalistes comme Zeki Velidi Togan, Nejdet Sançar et Reha Oğuz, ont été arrêtés et incarcéré à la prison militaire de Tophane (Istanbul). Lors de la deuxième séance du tribunal chargé de les juger, le 3 mai 1944, un groupe de nationaliste est venu manifester devant le tribunal pour les soutenir. L’année suivante, le 3 mai, Atsiz et d'autres nationalistes qui étaient toujours détenus dans une prison militaire ont célébré l'anniversaire de cette manifestation et l’habitude fut conservée, à tel point que le 3 mai a été déclaré Journée du turquisme (Türkçülük Günü).

Ce courant de pensée est représenté au parlement par Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP), ainsi que le Bon Parti (İyi Parti). Deux formations qui représentent chacune environ 10% de l’électorat. La journée du 3-Mai est aussi célébrée par certains courants de l’AKP (le parti islamiste au pouvoir) et, bien sûr, les membres des Foyer turcs (Türk Ocakları).

Le turquisme est l'un des courants de pensée qui a émergé au dernier siècle de l'Empire ottoman et a constitué l'une des philosophies fondatrices de la République de Turquie. Certes Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, avait dit un jour « Le père de mon corps est Ali Rıza Efendi, le père de mes sentiments est Namık Kemal, le père de mes idées est Ziya Gökalp ». Ce dernier, Ziya Gökalp, est un des principaux promoteurs du pantouranisme, visant à rassembler tous les peuples de culture turque des Balkans à la Chine. Mais sa vision était avant tout culturelle et non raciste comme c’est de cas, pour l’essentiel de la mouvance nationaliste turque du XXIe siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2024

 

Manifestation des Loups gris à Ankara, un 3 mai

Le signe de ralliement des loups gris. En médaillon, Alparslan Türkeş (1917-1997), le fondateur du Parti d'action nationaliste.

Militants nationalistes azéris devant le mausolée d’Atatürk à Ankara

Lire la suite
Bruno Teissier Bruno Teissier

2 mai : la Pologne fête sa diaspora et son drapeau

Cette journée qui fait un pont entre deux jours fériés est à la fois la fête du drapeau national et celle de la diaspora, en particulier aux États-Unis où les festivités sont nombreuses.

 

Cette journée n’est pas fériée même si beaucoup de Polonais la prennent en congé car elle est située entre deux jours fériés : le 1er mai et la fête nationale polonaise qui sont deux jours chômés en Pologne.

En 2004, en vue du 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Parlement a institué une Journée du drapeau polonais (Dzień Flagi Polskiej) afin de commémorer le jour où des soldats polonais ont placé leur drapeau national sur la colonne de la victoire (Siegessäul) à Berlin ainsi que sur le Reichtag. L'Armée rouge et l'Armée populaire polonaise ont, ensemble, occupé Berlin après de violents combats contre les nazis allemands. À l’époque communiste, le drapeau polonais était chaque année arboré ce jour-là afin d’éviter qu’il ne soit brandi le 3 mai, dont la commémoration a été interdite de 1947 à 1990.

En 2002, le Parlement polonais (Sejm) avait aussi créé une Journée de la diaspora polonaise (Dzień Polonii i Polaków za Granicą , littéralement « la Journée de la diaspora polonaise et des Polonais à l'étranger »). Cette fête est célébrée dans toute la diaspora, en particulier aux États-Unis où vit la plus grandes communautés polonaises, mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne, au Brésil, en Biélorussie, en France, au Canada et en Israël (principalement des Juifs polonais et des membres de leurs familles venus en Israël sous la loi du retour)... Cette fête est relativement récente alors que le drapeau de la Pologne qui date du XIXe siècle, a été officiellement adopté en 1919.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mai 2024

Berlin, le 2 mai 1945

 
Lire la suite
1886, 1er mai, fête du travail Bruno Teissier 1886, 1er mai, fête du travail Bruno Teissier

1er mai : la Journée des travailleurs

Pourquoi le 1er mai ? Aux États-Unis c’était la date de renouvellement des contrats d’embauche, donc l’occasion de formuler des réclamations, qui pouvait prendre localement un tour dramatique… Paradoxalement, cette journée n’est pas fériée dans ce pays.

 

Pourquoi le 1er mai ? Aux États-Unis, c’était la date de renouvellement des contrats d’embauche, donc l’occasion de formuler des réclamations, ce qui pouvait prendre localement un tour dramatique comme à Chicago en 1886. Le même drame se reproduit en France, le 1er mai 1891, à Fourmies, où la police tire sur la foule des manifestants, faisant 9 morts. En France, dès 1905, la CGT prend la direction du 1er mai, organisant des défilés en province, plus difficilement à Paris, très contrôlée par la police. La date sera ensuite récupérée par les régimes communistes qui en font la principale célébration de l’année.  Quant au Vatican, pour pas être en reste, il a instauré une fête de la Saint-Joseph, patron des travailleurs, qui tombe le 1er mai.

Au Royaume-Uni et en Irlande, le jour férié dédié aux travailleurs est toujours placé un lundi, le 3 mai cette année. Même chose aux États-Unis et au Canada où la fête du travail sera le 6 septembre en Australie, le 4 octobre dans plusieurs États, d’autres l’ont célébré  le 1er ou le 15 mars ; en Nouvelle-Zélande, ce sera le 25 octobre... Dans ces pays, pas de manifestations syndicales massives, mais l’assurance d’un week-end prolongé, ce qui n’est pas toujours le cas des pays restés fidèles au 1er mai si celui-ci tombe un samedi, comme cette année, ou un dimanche.

Ce jour n’est pas férié au Danemark ni au Pays-Bas et dans la plupart des cantons suisses (sauf Bâle, Fribourg, Schaffhouse, Soleure, Tessin, Thurgovie et Zurich) ; ni non plus au Japon, en Israël, à Taïwan, en Corée du Sud... mais les manifestations sont nombreuses,  traditionnellement, au Japon ce jour-là, sauf cette année pour cause de pandémie galopante dans l’archipel. Enfin, Ouzbékistan et Turkménistan, bien qu’héritiers de l’URSS où le 1er mai était une célébration importante, ont aboli cette date comme jour férié.

Quant au Vatican, il avait lui aussi fait du 1er mai, la fête des travailleurs, en plaçant astucieusement ce jour-là une fête de la Saint-Joseph, le patron des… travailleurs.

En France, en contrepoint aux traditionnels défilés syndicaux de la gauche, l’extrême droite lepéniste a instauré (à partir de 1988) un rassemblement du 1er mai, autour de la figure du Jeanne d’Arc, jusque-là célébrée le 8 mai, au prétexte de saluer la libération d’Orléans, le 1er mai 1429. Cette année le rassemblent de la place des Pyramides a été troqué par un meeting électoral à Perpignan, un de ses fiefs politiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
1ermai.jpg
Lire la suite
1975, Vietnam, 30 avril Bruno Teissier 1975, Vietnam, 30 avril Bruno Teissier

30 avril : la réunification du Vietnam

Le 30 avril est un jour férié au Vietnam connu sous le nom de Jour de la Libération ou Jour de la Victoire. Il commémore la chute de Saigon, la fin de la guerre du Vietnam et la réunification du pays.

 

Le 30 avril est un jour férié au Vietnam connu sous le nom de Jour de la Libération, Jour de la Réunification (Ngày thống nhất) ou Jour de la Victoire. Il commémore la chute de Saigon, la fin de la guerre du Vietnam et le début de la période de transition vers la réunification du pays en 1975.

Le 30 avril 1975, les forces nord-vietnamiennes s'emparaient de Saigon, la capitale du Sud-Vietnam. Après avoir hissé leur drapeau sur le palais présidentiel, les forces communistes ont renommé Saigon, Ho Chi Minh Ville. Cet événement marqua la fin de la guerre. La réunification officielle du Vietnam aura lieu le 2 juillet 1976.

Au Vietnam, le Jour de la Réunification est marquée par des événements spéciaux organisés à cette date ou aux alentours de cette date.

Pour la diaspora vietnamienne, c’est au contraire une journée de deuil dédiée à ceux qui ont dû fuir le pays après la chute de Saigon et l'établissement du régime communiste. Ils l’appellent Journée nationale du ressentiment, Journée nationale de la honte ou Avril noir.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 avril 2024

La prise du palais présidentiel

 
Lire la suite
1901, Japon, Seconde Guerre mondiale, 29 avril, monarchie Bruno Teissier 1901, Japon, Seconde Guerre mondiale, 29 avril, monarchie Bruno Teissier

29 avril : le jour où les Japonais honorent un criminel de guerre

Le 29 avril, au Japon, c’est le Jour de l’ère de Showa, une période qui va de 1926, année de l’avènement de Hiro Hito à sa mort en 1989. C’est aussi le premier jour de la Golden Week, période de congés tant attendue par les Japonais.

 

Le 29 avril, c’est le Jour de l’ère de Showa, ou Shōwa no hi (昭和の日) une période qui va de 1926, année de l’avènement de Hiro Hito à sa mort en 1989. Le jour est férié depuis 1985. Le 29 avril est l’anniversaire de l’empereur Hiro Hito, né en 1901. Il est l’un des grands criminels de la Seconde Guerre mondiale. Il fut épargné par les Américains qui l’ont laissé sur le trône dépouillé de tous ses pouvoirs. Seuls son premier ministre, Hideki Tojo, et quelques hauts dignitaires furent condamnés à mort et exécutés. Chaque année, au Japon, des manifestants dénoncent cette célébration du personnage qui a mené le Japon et l’ensemble de l’Extrême-Orient, au désastre.

De 1989 à 2006, le 29 avril avait été instituée fête de la verdure (Midori no hi, みどりの日) car l’empereur s’intéressait à la botanique. Mais cette fête ayant été déplacée au 4 mai, le 29 avril ne fait plus, aujourd’hui, référence qu’à l’empereur Hiro Hito. D’où la colère d’une partie de l’opinion publique qui préférait la référence à la nature. Des militants manifestent ce jour-là contre le 4-29.  D’autres, au contraire, se félicitent simplement d’être en congés ce jour-là.

Le 29 avril est en effet le premier d’une série de  jours fériés que l’on appelle la Golden Week (ゴールデンウィーク) et que les Japonais attendent chaque année avec impatience. Lors de cette « semaine dorée » qui comprend quatre jours fériés répartis entre le 29 avril et le 6 mai, les écoles et les universités sont fermées, les entreprises tournent au ralenti et les routes aussi bien que les gares sont encombrées car les Japonais en profitent pour prendre plusieurs jours de congé.

Selon les autorités, conscientes de l’ambiguïté de ce jour férié, Shōwa no hi est avant tout une journée pour réfléchir à l’Histoire du pays, à son redressement après une période terrible, et à son avenir. Il est important que chacun se souvienne de l’ère Showa afin d’éviter que les différents événements ne soient oubliés et d’encourager l’élan en faveur de la paix.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 avril 2024

 
Manifestation l’opposant à la célébration de Hiro Hito, à Tokyo, en 2016

Manifestation l’opposant à la célébration de Hiro Hito, à Tokyo, en 2016

Troupes japonaises, drapeau japonais impérial et drapeau nazi

Troupes japonaises, drapeau japonais impérial et drapeau nazi

Hiro Hito, photo officielle (détail)

Lire la suite
1794, Italie, Sardaigne, 28 avril, révolution Bruno Teissier 1794, Italie, Sardaigne, 28 avril, révolution Bruno Teissier

28 avril : la fête du peuple sarde en souvenir d’une émancipation ratée

C’est la trentième édition de la fête de la Sardaigne qui a été instituée pour commémorer les Vêpres sardes. Ce soulèvement des Sardes contre la Maison de Savoie à la fin du XVIIIe siècle n’aboutira pas à l’émancipation de l’île. Mais sa célébration fait figure de fête nationale sarde.

 

C’est la trentième édition de la fête de la Sardaigne (Sa die de sa Sardigna). Elle a été instituée pour commémorer les Vêpres sardes, un soulèvement des Sardes contre la Maison de Savoie à la fin du XVIIIe siècle.

La Sardaigne appartenait depuis 1720 au royaume de Piemont-Sardaigne sur lequel régnait la Maison de Savoie. Celle-ci été rentrée en guerre contre la France révolutionnaire. En 1793, les Sardes repoussent avec succès une flotte française qui tente de conquérir l'île. Ils espéraient que cette victoire amènerait le roi à reconnaître leurs griefs. Ils exigeaient, entre autres, que la plupart des postes soient réservés aux locaux et que des représentants sardes soient envoyés au parlement de Turin. C’est le refus catégorique du roi Victor Amédée III opposé à toutes ces demandes qui entraîna une rébellion appelée les Vêpres sardes.

La rébellion dura trois ans entre 1793 et 1796, mais son événement le plus important eut lieu le 28 avril 1794. C’est la date qui a été retenue, en 1993, pour célébrer la lutte des Sardes pour leur indépendance. Ce jour-là, deux avocats avaient été arrêtés à Cagliari et accusés de sédition. En réponse, les habitants capturèrent tous les fonctionnaires et soldats piémontais soit plus de 500 personnes, puis les mirent sur un bateau pour les renvoyer sur le continent. L’épisode est connu sous le nom de “desa dii de s'aciappa”. Comme beaucoup d'entre eux avaient enfilé des habits locaux pour se fondre dans la foule, toute personne soupçonnée d'être originaire du continent italien se voyait demander par la population de dire « nara cixiri » (pois chiche en sarde). La prononciation du mot révélait inévitablement l’origine de la personne.

Les villes de Sassari et d'Alghero emboîtèrent bientôt le pas et le soulèvement mené par Giovanni Maria Angioy se répandit dans toute l'île. Ses principaux objectifs étaient de mettre fin au féodalisme sur l’île et de déclarer une république de Sardaigne. Celle-ci n’existera pas.

La Maison de Savoie a fini par mater la révolte, avec l’aide de la France, avec laquelle elle s’était réconciliée. La Sardaigne sera ensuite intégrée à l’Italie. Faute d’indépendance, elle dispose aujourd’hui d’un simple statut d’autonomie.

En 1993, pour le bicentenaire, le gouvernement de la Région Autonome de Sardaigne a déclaré  le 28 avril fête nationale de la Sardaigne. La Journée de la Sardaigne est marquée par divers événements festifs commémorant le soulèvement de Cagliari. Ce jour-là les écoliers et lycéens n’ont pas classe.

Aujourd’hui, à 10h30, dans la salle du Conseil Régional de Cagliari, es étudiants de l'institut polyvalent de Cabras et de l'institut global de Sant'Antioco doivent prendront la parole. La célébration sera ouverte par le Premier ministre sarde, Piero Comandini, suivi des salutations du sénateur Marco Meloni, commissaire du Sénat de la République et délégué du Président du Sénat. Ensuite, le groupe musical de la Brigade Sassari chantera l'hymne officiel de la Région Sardaigne Procurade 'e modéréere.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 avril 2024

La fête du peuple sarde en 2019 dans la ville d'Amaretti

 
Lire la suite
1994, Afrique du Sud, Démocratie, 27 avril Bruno Teissier 1994, Afrique du Sud, Démocratie, 27 avril Bruno Teissier

27 avril : l'Afrique du Sud célèbre une démocratie qui n’a pas tenu ses promesses

Le jour est férié en Afrique du Sud, en mémoire des premières élections démocratiques, le 27 avril 1994. Trente ans après, même si une bourgeoisie noire a émergé, les contrastes économiques sont toujours aussi criants que sous l’apartheid. Au point qu’en contrepoint à la Journée de la liberté (Freedom Day), une UnFreedom Day est célébrée en parallèle, pour crier que la misère ne permet pas de profiter de la liberté.

 

Le jour est férié en Afrique du Sud, en mémoire des toutes premières élections démocratiques en Afrique du Sud, le 27 avril 1994. Ce jour-là, il y a 30 ans, 16 millions d’électeurs noirs (sur 22 millions) votaient pour la première fois. Ces premières élections démocratiques marquaient l’abolition de la politique d’apartheid instaurée en 1948. Antérieurement dans certaines parties du pays (la colonie du Cap), des hommes noirs ayant un certain niveau d’éducation avaient eu le droit de vote. Celui-ci leur avait été confisqué en 1948 par la minorité blanche qui a imposé sa dictature.

L’ANC (Congrès national africain) remporta 252 sièges sur 400 dans la nouvelle Assemblée et la majorité des suffrages dans sept des neuf nouvelles provinces. Nelson Mandela est devenu le premier président noir d’une Afrique du Sud, désormais démocratie multiraciale. Contrairement aux craintes de violences politiques, l'élection s'est déroulée dans une ambiance festive. C’était la fin de plus de trois cents ans de colonialisme, de ségrégation raciale au profit des Européens et de leurs descendants.

L’ambiance de cet anniversaire est un peu désenchantée car les élections du 29 avril 2024, pourraient mettre un terme au pouvoir sans partage de l'ANC.

Le 27-Avril est le Jour de la Liberté (Freedom Day ou Vryheidsdag), il est férié depuis 1995. La Journée de la liberté honore ceux qui se sont battus pour la libération du pays, ainsi que les nombreux hommes et femmes qui ont souffert d'incarcération, de bannissements et de torture au nom des opprimés pendant l'apartheid.

En parallèle est célébré le UnFreedom Day (Journée de la non-liberté), un événement annuel non officiel coïncidant avec la Journée de la liberté du 27 avril. Lancée en 2005 par Abahlali baseMjondolo à Durban, la journée a pour but de démontrer que les pauvres ne sont toujours pas libres en Afrique du Sud et de célébrer la force croissante des mouvements de lutte. Tant que la majorité noire en Afrique du Sud vivra dans la pauvreté, a fait valoir Abahlali, la liberté n'est pas une réalité en Afrique du Sud. Chaque année, des manifestations ont lieu dans des régions différentes, toujours sous la conduite d’Abahlali. En 2024, la première marche a lieu à Durban, partant de la fontaine Curries pour se terminer à l'hôtel de ville. Les deuxième et troisième marches ont lieu à Volksrust, Mpumalanga et à Germiston sur l'East Rand. 

Trente ans après l’instauration de la démocratie, le taux de chômage de 32 %, est un des plus élevés au monde ; plus de 16 millions de Sud-Africains (sur 60 millions) dépendent des allocations sociales mensuelles pour survivre.

Même si une bourgeoisie noire a émergé, les contrastes économiques sont toujours aussi criants que sous l’apartheid. Sandton, une banlieue aisée de Johannesburg, qui abrite de de luxueuses maisons, est un exemple de la réussite économique dont jouit une minorité (blanche) de la population du pays. Situé à quelques kilomètres de Sandton, le township (bidonville) d'Alexandra, est le reflet frappant des conditions de vie de la majorité noire du pays, majoritairement pauvre, où les eaux usées des canalisations éventrées coulent dans les rues et les déchets non collectés s'entassent sur les trottoirs. Cette situation est le fruit de décennies de gabegies et de détournement d’argent public. L’ANC qui a perdu le soutien de la majorité de la population est aujourd’hui en passe de perdre le pouvoir.

Les quelque 27,5 millions de Sud-Africains inscrits doivent voter le 29 mai 2024 pour renouveler leur Parlement, qui désignera ensuite le prochain président.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 avril 2024

 
happy.png
Amabuto parade dans le cadre de  UnFreedom Day à Durban. Photo : Rajesh Jantilal

Amabuto parade dans le cadre de UnFreedom Day à Durban. Photo : Rajesh Jantilal

Lire la suite
1937, Espagne, Nazisme, 26 avril, massacre Bruno Teissier 1937, Espagne, Nazisme, 26 avril, massacre Bruno Teissier

26 avril : la mémoire de Guernica

Guernica, petite ville du Pays basque a été victime d’un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Une stratégie adoptée par Vladimir Poutine en Tchétchénie, en Syrie et aujourd’hui en Ukraine. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ?

 

Volodimir Zelenski n’avait manqué de le faire remarquer quand il s’était adressé aux députés espagnols : ce que la petite ville de Guernica a vécu en 1937, de nombreuses localités d’Ukraine sont en train de le vivre tant l’acharnement des forces russe à tout détruire pour soumettre l’ennemi parait sans limite. L’armée russe a aussi à son palmarès la destruction presque totale de Grozny et d’une bonne partie d’Alep… Dans plusieurs décennies toutes ces villes commémoreront leur anéantissement comme le fait Guernica chaque 26 avril. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ? Le 8 décembre 2023, la ville martyre du Pays basque espagnole s’est transformée en mosaïque humaine géante aux couleurs du drapeau de la Palestine. Un symbole fort, 86 ans après les bombardements du régime nazi sur la ville de Guernica. Les participants n’avaient qu’un seul mot d’ordre : « Le monde et l’Histoire ne doivent pas accepter un nouveau Guernica ». Ils n’ont, hélas, pas été entendus.

Cet après-midi, 15h45 toutes les cloches de la petite ville de Guernica vont sonner et à 16h15 précise, une sirène retentira en souvenir du terrible bombardement de 1937 qui fit 1650 morts (selon le gouvernement basque) sur les 5000 habitants que comptait la petite ville de Biscaye (Pays basque espagnol).

Pour la Commémoration du bombardement de Guernica (Conmemoracion del bombardeo de guernica) les autorités procèdent à un dépôt de gerbes au cimetière de Zallo pour rendre hommage aux morts et ce soir, à 21h30, une marche silencieuse va parcourir comme chaque année les rues de la ville. En 2022, pour le 85e anniversaire, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, avait participé aux commémorations, lui aussi avait cité Vladimir Poutine sans son message.

Ce 26 avril était jour de marché, en deux heures quelque 22 tonnes de bombes ont été lâchées sur la ville par l’aviation allemande venue tester de nouveaux appareils et surtout une méthode de guerre inédite : un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Le Pays basque était resté fidèle à la république (voir 14 avril). Sa soumission était une aide appréciable, réclamée par le général Franco en train d’imposer sa dictature à l’ensemble de l’Espagne. Par miracle, l’arbre de Guernica, symbole de l’autonomie du Pays basque, est sorti indemne des bombardements, mais le pays n’allait pas tarder à être soumis par les franquistes. Dès le début du XVIIIe siècle, Guernica était devenue un véritable emblème de la démocratie et de la liberté, surtout après la fin de la Première Guerre carliste (1833-1840). C’est aussi cela que Franco avait demandé à Hitler d’abattre.

Un Musée de la paix a été inauguré en 2003 et l’on décerne, aujourd’hui, un Prix Guernica pour la paix et la réconciliation. En 2020, un hommage particulier avait été fait à José de Laubaria, le maire de la ville à l’époque et à George L. Steer, journaliste sud-africain arrivé à Guernica quelques heures après le bombardement et qui câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre. C’est son article publié le 28 avril 1937, à la une du Times et du New York Times, qui a frappé l'opinion publique mondiale en révélant l'implication secrète de l’Allemagne nazie dans la destruction de la ville. En 2022, Guernica a été reconnu comme un “lieu de mémoire” par le gouvernement espagnol.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 avril 2024

 
Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.

Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.

Lire la suite
1945, Italie, 25 avril, libération Bruno Teissier 1945, Italie, 25 avril, libération Bruno Teissier

25 avril : les Italiens fêtent l'anniversaire de la libération

Le 25 avril 1945, la résistance lançait une offensive générale qui permit de libérer Milan et Turin, de l’occupant nazi et du contrôle de ses alliés fascistes, alors que les forces alliées avançaient dans la plaine du Pô. La commémoration de la libération fait néanmoins, chaque année, l’objet d’attaques de la part de la droite et de l’extrême droite… Et, depuis 2022, pour la première fois, l’Italie est dirigée par des héritiers des vaincus de 1945...

 

Chaque année, la commémoration du 25 avril est sujette à débat. Depuis quelques années, elle fait l’objet d’attaques de la part de la droite et de l’extrême droite qui y voient un clivage inutile. Aujourd’hui, c’est la Festa Della Liberazione, le jour est férié pour une célébration qui mobilise principalement les villes du nord de l’Italie.

Le 25 avril 1945, la résistance lançait une offensive générale qui permit de libérer Milan et Turin, de l’occupant nazi et du contrôle de ses alliés fascistes, alors que les forces alliées avançaient dans la plaine du Pô. L’Italie était réunifiée. Depuis la chute du régime de Mussolini, le 25 juillet 1943, l’Italie était coupée en deux : un régime sous tutelle anglo-américaine au Sud ; une république fantoche repliée sur la localité de Salò et dirigée par les fascistes les plus radicaux  rassemblés autour du Duce, mais sous la tutelle de l’Allemagne nazie qui avait envahi le nord de l’Italie. Le 25 avril est fêté comme une libération à la fois du fascisme et du nazisme par toute l’Italie. 

À Rome le Président vient déposer une gerbe sur le monument du soldat inconnu. Mais certains voudraient effacer ce souvenir qui à leurs yeux valorise trop le combat de la gauche contre le fascisme, pour le remplacer par une commémoration du 18 avril 1948, premier scrutin démocratique de l’Italie (et surtout la victoire électorale de la Démocratie chrétienne face à la gauche).

On célèbre aussi le 25 avril avec des drapeaux et des chansons partisanes en commençant par Bella Ciao. Pour participer à la fête virtuelle, suivez le mots-dièse : #iorestolibera #iorestolibero

La situation est un peu particulière aujourd’hui, car le gouvernement italien est, depuis 22 octobre 2022, dirigé par Gorgia Meloni, héritière politique lointaine des vaincus de 1945. Elle s’est longtemps affichée comme une nostalgique de l’Italie de Mussolini. Les néofascistes tentent de profiter de la situation pour saboter la fête de la libération du 25 avril. Chaque année, à l’approche du 25 avril, des symboles fascistes et même des croix gammées prolifèrent sur les murs de certaines villes (Gênes, Ferrare, Rome, Gallarate, Genzano…).

Cet année, l’anniversaire est marqué par une affaire de censure dans la télévision publique impliquant la Première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni. La RAI, la radio et télévision publique italienne, a annulé au dernier moment un monologue sur le fascisme d'un célèbre écrivain, Antonio Scurati, qui devait être diffusé samedi dernier en amont des célébrations du 25 avril. Grand spécialiste du fascisme italien, Antonio Scurati, devait intervenir dans l’émission Chesarà… sur RAI 3. Dans son texte, il accusait le parti post-fasciste de Mme Meloni, Fratelli d'italia, de réécrire l'Histoire.

À Milan, la journée commence par le dépôt de gerbes à la mémoire des martyrs de la Guerre de Résistance, à 9 heures du matin, sur la Piazza Tricolore, près du monument de la Guardia di Finanza. Le dernier dépôt a lieu sur la Piazzale Loreto, où, à l'aube du 10 août 1944, 15 partisans furent fusillés. La manifestation traditionnelle du 25 avril débute ensuite à 14 heures, avec la procession du Corso Venezia à la Piazza Duomo et des discours de célébration.

À Bologne, les célébrations débutent à 9h30 dans le cloître de la basilique Santo Stefano, avec le dépôt d'une gerbe sur la pierre tombale des morts de la guerre. À 10h15, sur la Piazza Nettuno, est prévue la levée du drapeau avec piquet d'honneur militaire et le dépôt d'une gerbe au Sanctuaire des Partisans tombés, suivis d'un moment institutionnel. À midi, dans le jardin de la Villa Cassarini à Porta Saragozza, une gerbe est déposée sur la plaque à la mémoire des victimes homosexuelles des camps d'extermination nazis.

À Gênes, les célébrations débutent à 20 heures au cimetière monumental de Staglieno, où se formera une procession qui déposera des gerbes dans le carré juif, aux monuments dédiés aux internés et déportés des camps de concentration nazis, et au sanctuaire de Trente et de Trieste. Les commémorations se poursuivent à 10h00, avec un rassemblement sur la Piazza della Vittoria.

Trieste célébre ce 79e anniversaire de la Libération avec une cérémonie solennelle dans la cour intérieure du monument national San Sabba Risiera, prévue à 11 heures du matin, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses. Ensuite, à midi, le rendez-vous sera avec le concert traditionnel du Chœur des Partisans de Trieste-Trzaski Partizanski Pevski Zbor 'Pinko Tomazic'.

Le président de la République Sergio Mattarella passe ce 25 avril à Civitella dans le Val di Chiana, au-dessus d'Arezzo, lieu d'un des massacres nazis-fascistes les plus brutaux avec 244 victimes. À Florence, les célébrations commencent à 10 heures du matin avec le dépôt d'une couronne de laurier en l'honneur des morts sur la Piazza Unità Italiana. De là part la procession et atteindra le Palazzo Vecchio.

À Naples, le rendez-vous est à 9h30 au Largo Berlinguer pour une lecture des articles de la Constitution par les travailleurs, les étudiants, les représentants de la politique, de la culture et des associations. Et après sa censure à RAI, le texte de l'écrivain Antonio Scurati est lu en public et des exemplaires de la Constitution distribués. Ils ont été imprimés en édition limitée pour célébrer le 130e anniversaire de la Chambre métropolitaine du travail de Naples. Le 25 avril marque également le début de la collecte de signatures pour les quatre référendums présentés par la CGIL sur les licenciements, les contrats et la précarité.

À Palerme, c’est une journée de lutte pour la paix, de soutien à la Constitution et de lutte contre les nouveaux fascismes. La cérémonie habituelle avec les autorités civiles et militaires a lieu à 9h, dans le parc Piersanti Mattarella. À 9h30, c’est le dépôt de couronnes de laurier et de fleurs sur la pierre tombale des morts de Céphalonie et sur la pierre commémorative de Pompeo Colajanni, le commandant Barbato, qui a contribué à la libération de la ville de Turin des nazis-fascistes. La procession traditionnelle part à 10h15 du Jardin Anglais et parcourt via Libertà et via Ruggero Settimo. Arrivée prévue à 11h15 sur la Piazza Verdi, devant les marches du Teatro Massimo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 avril 2024

 
25av.png
Lire la suite