L’Almanach international

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1944, France, 9 juin, résistance Bruno Teissier 1944, France, 9 juin, résistance Bruno Teissier

9 juin : la mémoire des pendus de Tulle

Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 d’entre eux ne reviendront pas.

 

Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 ne reviendront pas. Le lendemain, 10 juin, aura lieu le massacre d'Oradour qui a plus profondément encore marqué les mémoires.

Ce massacre a été ordonné par le général SS Heinz Lammerding. En 1953, celui-ci sera condamné à mort par contumace, en France, mais l'Allemagne de l'Ouest ne l'extradera jamais ni ne le jugera. Outre le massacre de Tulle, celui-ci est aussi responsable de ceux d'Oradour-sur-Glane et d’Argenton-sur-Creuse en 1944. Il est mort en 1971 à Bad Tölz, haut lieu de la culture SS, en 1971. Ses funérailles ont rassemblé plusieurs centaines d'anciens officiers nazis. Il dirigeait la division Das Reich qui avait œuvré sauvagement dans les Balkans et sur le Front de l’Est. Heinz Lammerding avait pour mission de réduire les maquis de Corrèze alors que le débarquement allié en Normandie venait juste d’avoir lieu. En fait de combattants, ses victimes ont principalement été des populations civiles.

Des tresses de fleurs sont accrochées aux balcons et aux réverbères, là où les victimes ont été suppliciées. Dans l'après-midi, comme chaque année depuis 1988, François Hollande qui a été maire de Tulle, prend part aux commémorations.

Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au 9 juin s’étendent sur trois jours : le 7 juin, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victime des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de Cueille.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juin 2025

 
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1944, URSS, Ukraine, 18 mai, déportations Bruno Teissier 1944, URSS, Ukraine, 18 mai, déportations Bruno Teissier

18 mai : un peuple oublié, les Tatars de Crimée

Le 18 mai 1944, sur ordre de Staline, quelque 238 000 Tatars étaient déportés de la péninsule de Crimée, leur terre ancestrale… Certains sont revenus mais, ils n’ont plus leur place dans la Crimée occupée par les Russes.

 

Le 18 mai 1944, sur ordre de Staline, quelque 238 000 Tatars étaient déportés de la péninsule de Crimée, leur terre ancestrale. Avant l’arrivée des Russes, à partir du XVIIIe siècle, la Crimée était leur pays.  Environ 100 000 sont morts pendant leur  déportation. En 1944, ils avaient été accusés d’avoir collaboré avec les Allemands pendant la brève occupation de la péninsule par les troupes nazies. Cette accusation a été retirée qu’en 1967 par les autorités soviétiques, mais ils n’ont été autorisés à revenir en Crimée qu’à la fin des années 1980, sous Gorbatchev. Très peu ont pu, en réalité, se réinstaller dans la péninsule où ils ne représentent plus que 12% de la population et sont totalement marginalisés et persécutés. En 2014, la Crimée a été envahie par les troupes russes et cette région de l’Ukraine a été, illégalement, annexée à la Russie.

Même si Poutine a signé un décret en 2014 confirmant leur réhabilitation, la Cour internationale de justice a condamné la Russie en 2017, pour le traitement qui leur est infligé : enlèvements, assassinats… et, globalement, l’obligation de devenir russe ou de s’exiler comme l’a fait Refat Choubarov, le président du Majlis, l’assemblée des Tatars de Crimée dissoute par les autorités russes,  qui continue de s’opposer à l’annexion de la péninsule ukrainienne à la Russie. Quant à leur leader historique, le député ukrainien Moustafa Djemilev, il est toujours interdit d’entrée dans son pays et vit, lui aussi,  à Kiev.

Aujourd'hui, le 18 mai, c’est la Journée de commémoration des victimes du génocide du peuple tatar de Crimée (День пам'яті жертв геноциду кримськотатарського народу) une commémoration créée en 2015 par la Verkhovna Rada (le parlement) de l’Ukraine, ainsi que la Journée de lutte pour les droits des Tatars de Crimée (День боротьби за права кримськотатарського народу), instituée en 2014, à la veille du 70e anniversaire de la déportation de 1944.

Le 14 mai 2025, la Verkhovna Rada a adopté une résolution exhortant la communauté internationale à honorer la mémoire des victimes du génocide du peuple tatar de Crimée et à consolider les efforts pour mettre fin à la violation des droits et des libertés du peuple tatar de Crimée par la Fédération de Russie. Les députés ont souligné l'importance de mettre fin à la répression en Crimée, de participer à la Plateforme de Crimée, de lever l'interdiction illégale du Majlis, de développer la langue et la culture tatares de Crimée, de libérer les prisonniers politiques, de surmonter les conséquences de l'occupation, de préserver l'environnement, de soutenir les études tatares de Crimée à l'étranger, l'intégration européenne de l'Ukraine et de renforcer la sécurité dans la région de la mer Noire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mai 2025

 
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1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier 1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, la fin d’un déni français

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après 80 ans de déni, la France commémore enfin cette journée honteuse du 1er décembre.

 

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après plusieurs décennies de déni, la France et notamment plusieurs localités comme Morlaix, où ils avaient été cantonnés, commémorent cette journée honteuse du 1er décembre.

Fin novembre 1944, plus de 1 600 soldats africains (officiellement 1 280) issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. On les appelle les « tirailleurs sénégalais » mais ils sont aussi originaires Dahomey (actuel Bénin), du Soudan français (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Côte d'Ivoire, de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Niger, du Gabon et du Togo. Ils ont aidé la France à vaincre l’occupant allemand, leur mission étant terminée, ils ont été rapatriés pour être démobilisés.

Ils n’ont été payés que très partiellement et la plupart refusent de quitter le camp tant que leur solde n’aura pas été versée intégralement, en outre ils réclament que leur pécule en francs français soit changé en franc de l’AOF au cours officiel de 500 pour 1000 FF au lieu de 250 comme on le leur propose. En réponse à ce mouvement de protestation, le camp est investi par les troupes du général Dagnan au matin du 1er décembre et les Français tirent sur les soldats africains rassemblés. L’armée française a d’abord reconnu 35 morts, puis 70… sans compter les très nombreux blessés. Les historiens parlent de plusieurs centaines de morts, probablement entre 300 et 400. 80 ans après, la majeure partie des archives françaises concernant ce crime de guerre ne sont toujours pas publiques.

Le président Hollande en 2014 est le premier à reconnaître une “répression sanglante”, mais en s’en tenant au bilan  officiel de 1945 : 35 morts, sans les nommer ni révéler le lieu de leur sépulture ni reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre. Le 28 novembre 2024, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le ‘massacre’ de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, anticipant de trois jours ce 80e anniversaire. À l’assemblée nationale française, on annonce une commission d’enquête… En parallèle, côté sénégalais, un groupe d’historiens, de documentalistes et d’archivistes a été missionné pour tenter de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre autour de ce massacre qui a profondément marqué les populations d’Afrique de l’Ouest. Son évocation auprès des plus jeunes est une illustration de l’époque terrible de la colonisation française et participe au discrédit de la France dans la région. Est-ce une coïncidence si deux jours avant ce 80e anniversaire le gouvernement sénégalais annonçait que l’armée française était invitée à quitter le Sénégal. Le Tchad venait de faire de même. Les nouvelles autorités du Sénégal veulent en faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France, l'ancienne puissance coloniale. Le président sénégalais a annoncé dimanche que l'histoire du massacre serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".

Au Sénégal, le massacre est aussi commémoré chaque 23 août , mais une autre Journée du tirailleur est désormais instituée le 1er décembre. Ce 1er décembre 2024, une cérémonie officielle se déroule au cimetière en présence de six chefs d’État (Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Gambie, Gabon, Comores) ainsi que le Président de l’Union africaine. Les putschistes au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, trois pays dont beaucoup de « tirailleurs » étaient pourtant originaire, ne sont pas venus. Côté français, Emmanuel Macron s’est fait représenter par son ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

À lire :
Le massacre de Thiaroye - 1er décembre 1944. Histoire d’un mensonge d'État, Armelle Mabon, Le Passager clandestin, novembre 2024.

Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Martin Mourre, PUR, mars 2017.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2024

Mise à jour fin 2024 : le 1er décembre, lors des célébrations du 80e anniversaire, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, déclarait « Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n’accepte pas qu’une telle injustice entache son histoire », estimant que l’épisode est une « plaie béante dans notre histoire commune ».

Cela dit, la figure des tirailleurs est aussi l’objet de polémiques. « Les tirailleurs sont des traîtres. Ils se sont battus contre leurs frères », a déclaré le 31 décembre 2024, le ministre Cheikh Oumar Diagne, sur une chaîne de télévision, ce qui lui a tout de même valu un limogeage.

Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944. (photo Erica Kowal)

 
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Guatemala, 1944, 20 octobre, révolution Bruno Teissier Guatemala, 1944, 20 octobre, révolution Bruno Teissier

20 octobre : la démocratie perdue du Guatemala

Le Guatemala célèbre aujourd’hui les 80 ans de sa révolution démocratique. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent le président élu démocratiquement pour le remplacer par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains…

 

Le Guatemala célèbre aujourd’hui sa révolution de 1944 qui a mis fin à une dictature. Mais la démocratie ne dura que 10 ans. En 1954, Les États-Unis renversèrent un président élu démocratiquement par une junte militaire. Il avait eu le tort de s’attaquer aux intérêts commerciaux américains. 

La Révolution guatémaltèque de 1944 , également appelée Révolution d’octobre ou du 20 octobre, est un mouvement civilo-militaire qui s’est déclenché au Guatemala le 20 octobre 1944, mené par des militaires, des étudiants et des travailleurs, qui ont renversé le gouvernement de facto du général Federico Ponce Valdes. Cela a donné lieu aux premières élections libres dans ce pays et inauguré une période de dix ans de modernisation de l'État au profit des majorités de la classe ouvrière. L'historiographie qualifie cette période des « dix années de printemps » et parle d’un « âge d'or » au Guatemala. En 1945, Juan José Arévalo, président nouvellement élu, lancera une politique sociale ambitieuse visant à réformer le Code du travail en instaurant le droit de grève et accordant des droits aux indigènes. En 1954, son successeur, Jacobo Árbenz Guzmán, instaurera une taxe sur les exportations et mène une réforme agraire qui contraint la United Fruit Company (entreprise bananière américaine) à céder ses terres en friche. C’est ce qui signera sa perte. Un coup d’État organisé par la CIA reverse Árbenz et met en place une junte militaire. Le Guatemala vira ensuite 25 ans de guerre civile et de répression qui feront 200 000 morts.

Le 20 octobre est aujourd’hui une fête nationale dans ce pays d'Amérique centrale, commémoré comme le Jour de la révolution de 1944 (Día de la Revolución de 1944).

Cette année pour le 80e anniversaire de la Révolution, le gouvernement du Guatemala a organisé une série d'activités gratuites tout au long du mois d'octobre, parmi lesquelles une promenade nocturne (à partir de 18h) à travers les points emblématiques du centre historique et du centre civique, dont les façades seront éclairées par des projections cartographiques. Ce dimanche 20 octobre, un concert est donné devant le Palais national de la culture, auquel participeront l'orchestre symphonique et l'orchestre Marcial. Grâce au site Revolución Viva, le ministère de la Culture et des Sports (MCD) a programmé une série d'événements qui auront lieu jusqu’au 31 octobre.

Le jour férié tombant le dimanche, la journée de lundi 21 octobre a aussi été déclarée fériée et chômée.

Après des mois d'incertitude et des tensions politiques, l’entrée en fonction, le 15 janvier 2024, de Bernardo Arévalo, un président de la République élu avec plus de 60% des suffrages une ère nouvelle au Guatemala. Bien qu’assez conservateur, sur le plan sociétal, et libéral en matière économique, Bernardo Arévalo se dit social-démocrate. Il moins marqué à droite ou à l’extrême droite que ses prédécesseurs et s’applique à rétablir l’État de droit et les libertés publiques bien malmenés dans ce pays depuis 80 ans et de lutter contre une corruption endémique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 octobre 2024

 
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1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier 1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier

29 septembre : la mémoire de Marzabotto

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

 

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, du 29 septembre au 3 octobre 1944, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et des fascistes italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

Triste épilogue :

Le chef du commando SS, l’Autrichien Walter Reder réussit à se réfugier en Bavière et fut arrêté par les Américains et extradé en 1948 en Italie sous l’accusation de crimes de guerre. Jugé en 1951, il fut condamné à la perpétuité par le Tribunal de Bologne, peine à accomplir au pénitencier de Gaeta. Le gouvernement autrichien réussit toutefois à obtenir la libération du criminel de guerre le 24 janvier 1985. Reder fut remis en liberté grâce à une lettre envoyée aux habitants de Marzabotto en décembre 1984 dans laquelle il exprimait un profond repentir et le regret de son geste. Immédiatement transféré à Vienne, il fut accueilli avec les honneurs militaires et fut par le ministre de la Défense autrichien de l’époque ce qui provoquera un scandale international. D’autant plus que Reder reviendra aussitôt sur les excuses adressées au peuple italien qu’il n’avait prononcées – selon ses propres dires – que par opportunisme politique ! Il est mort à Vienne en 1991.

Une cérémonie a eu lieu dimanche 29 septembre 2024 pour les 80 ans du crime de guerre, le président italien Sergio Mattarella et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se sont rendus ensemble sur le site du massacre pour une cérémonie commémorative. Le président autrichien n’a pas fait le déplacement. Le fait est que l’Autriche n’a pas fait la même démarche instroptectives à l’égard de son passé nazi. Le même jour à Marzabotto, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, a dirigé une messe commémorative dans l'église de Marzabotto, dont la crypte abrite les corps des civils tués il y a 80 ans.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024

 
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1944, 1811, Islande Bruno Teissier 1944, 1811, Islande Bruno Teissier

17 juin : fête nationale de l'Islande

La république d’Islande célèbre aujourd’hui ses 80 ans. Un pique-nique géant est organisé sur le site de Thingvellir, là où fut fondé au Xe siècle le premier parlement islandais, et où fut proclamé l’indépendance, le 17 juin 1944… C’est la fête nationale islandaise.

 

Aujourd’hui, un pique-nique géant est organisé sur le site de Thingvellir, là où fut fondé au Xe siècle le premier parlement islandais, et où fut proclamé l’indépendance, le 17 juin 1944. La date qui avait été choisie en 1944 est l’anniversaire de la naissance, en 1811, de Jón Sigurds­son, le chef du mouvement indépendantiste et pacifiste islandais du XIXe siècle. Il y a 80 ans, l’Islande devenait une république indépendante. Jusque-là, l’île appartenait au royaume du Danemark qui dominait le pays depuis 1380.

La fête nationale de l’Islande (Þjóðhátíðardagurinn) commence par une cérémonie patriotique, le matin, à Reykjavik, comprenant notamment un défilé dirigé par les cavaliers à cheval, suivis par la fanfare et les porte-drapeaux du mouvement scout. Le défilé part d'Austurvöllur pour rejoindre le cimetière de Suðurgata, où Þórdís Lóa Þórhallsdóttir, président du conseil municipal, dépose une couronne de fleurs sur les tombes de Jón Sigurðsson et de son épouse Ingibjörg Einarsdóttir, au nom des habitants de Reykjavík. 

Après le défilé, des discours sont prononcés en plein air, dont celui de Fjallkonan (la femme de la montagne), vêtue de Skautbúningur, qui récite un poème. Elle exprime l'esprit combatif de la nation islandaise et la dureté de la nature islandaise. Un rappel d’esprit romantique qui régnait lorsque furent faits les premiers pas vers l’indépendance.

Ensuite la fête se pousuit dans tout le pays jusque tard dans la nuit, laquelle est extrêmement courte à cette période de l’année. L’ambiance de fête foraine qui prévaut l’après-midi, avec musique et barbe à papa, se mue peu à peu en beuverie au cours de la soirée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 juin 2024

 
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1944, Turquie, nationalisme, 3 ami Bruno Teissier 1944, Turquie, nationalisme, 3 ami Bruno Teissier

3 mai : la journée du panturquisme, vitrine du nationalisme turc le plus controversé

Chaque 3 mai, tout ce que la Turquie compte de militants de l’extrême droite nationaliste célèbre la Journée du turquisme. Le 3-Mai est aussi célébré, de manière plus folklorique, dans certains cercles politiques et culturels des Balkans à l’Asie centrale, en passant par le Caucase.

 

Cette manifestation annuelle rassemble toute l’extrême droite nationaliste turque, notamment les membres des milices fascistes et racistes que sont les Loups gris.

L'idéologie du panturquisme a commencé à émerger dans la seconde moitié du XIXe siècle parmi les intellectuels turcs de l'Empire ottoman et de l'Azerbaïdjan, ce dernier faisant alors partie de l'Empire russe. L'un des éminents idéologues du panturquisme de la première moitié du XXe siècle était l'auteur utra-nationaliste turc, Hüseyin Nihal Atsiz, un admirateur du nazisme. Ce dernier critiquant la politique étrangère de la Turquie, notamment ses relations avec l’URSS, a fini par accuser directement certains membres du gouvernement turc de travailler pour Moscou. Le romancier Sabahattin Ali, qu'Atsız accuse de trahison, a porté plainte contre lui. Lui-même, Nihal Atsız et quelques autres militants nationalistes comme Zeki Velidi Togan, Nejdet Sançar et Reha Oğuz, ont été arrêtés et incarcéré à la prison militaire de Tophane (Istanbul). Lors de la deuxième séance du tribunal chargé de les juger, le 3 mai 1944, un groupe de nationaliste est venu manifester devant le tribunal pour les soutenir. L’année suivante, le 3 mai, Atsiz et d'autres nationalistes qui étaient toujours détenus dans une prison militaire ont célébré l'anniversaire de cette manifestation et l’habitude fut conservée, à tel point que le 3 mai a été déclaré Journée du turquisme (Türkçülük Günü).

Ce courant de pensée est représenté au parlement par Le Parti d’action nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi ou MHP), ainsi que le Bon Parti (İyi Parti). Deux formations qui représentent chacune environ 10% de l’électorat. La journée du 3-Mai est aussi célébrée par certains courants de l’AKP (le parti islamiste au pouvoir) et, bien sûr, les membres des Foyer turcs (Türk Ocakları).

Le turquisme est l'un des courants de pensée qui a émergé au dernier siècle de l'Empire ottoman et a constitué l'une des philosophies fondatrices de la République de Turquie. Certes Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie, avait dit un jour « Le père de mon corps est Ali Rıza Efendi, le père de mes sentiments est Namık Kemal, le père de mes idées est Ziya Gökalp ». Ce dernier, Ziya Gökalp, est un des principaux promoteurs du pantouranisme, visant à rassembler tous les peuples de culture turque des Balkans à la Chine. Mais sa vision était avant tout culturelle et non raciste comme c’est de cas, pour l’essentiel de la mouvance nationaliste turque du XXIe siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2024

 

Manifestation des Loups gris à Ankara, un 3 mai

Le signe de ralliement des loups gris. En médaillon, Alparslan Türkeş (1917-1997), le fondateur du Parti d'action nationaliste.

Militants nationalistes azéris devant le mausolée d’Atatürk à Ankara

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Bruno Teissier Bruno Teissier

24 mars : la Journée nationale du souvenir des Polonais qui ont sauvé des Juifs

Il y a exactement 80 ans, le 24 mars 1944, les Allemands assassinaient une famille polonaise et des juifs qu’elle cachait. Derrière la célébration parfaitement légitime de l’action des héros polonais qui ont sauvé des compatriotes juifs pendant la Shoah, se cache le souci d’infléchir l’image de la Pologne, pays où la population n’a pas partout été aussi bienveillante.

 

Il y a exactement 80 ans, le 24 mars 1944, les Allemands assassinaient une famille polonaise et les juifs qu’elle cachait. L'exécution, qui a eu lieu à la suite d'une perquisition de la maison Józef et Wiktoria Ulma, était le résultat d'une dénonciation.

Cette célébration a lieu chaque année depuis 2018, à l’initiative d’Andrzej Duda, le président de la république polonaise et militant d’extrême droite. Derrière la célébration parfaitement légitime de l’action des héros polonais qui ont sauvé des compatriotes juifs pendant la Shoah, se cache le souci d’infléchir l’image de la Pologne, pays où la population n’a pas partout été aussi bienveillante. De très nombreux juifs ont été dénoncés, voire assassinés par leurs voisins, avec l’approbation des autorités polonaises sous occupation allemande. Une politique, moins meurtrière, mais toujours franchement antisémite a subsisté sous le régime communiste. Les gouvernements d’extrême droite des années 2010 ont fait voter des lois interdisant la publication de travaux explorant ce versant peu glorieux de l’histoire de la Pologne. Le pays a perdu 90% de sa communauté juive pendant l’occupation. En vertu d’une loi controversée sur l’Holocauste, il est maintenant interdit à quiconque d’accuser la « nation polonaise » de la moindre complicité dans les crimes commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le texte “punit par des amendes ou des peines de prison allant jusqu’à trois ans de réclusion ceux qui attribuent ‘à la nation ou à l’État polonais’ des crimes commis par les nazis allemands en Pologne occupée”. Cette loi a été votée en 2018, l’année où a été instaurée la Journée nationale du souvenir des Polonais qui ont sauvé des Juifs (Narodowy Dzień Pamięci Polaków ratujących Żydów) qui est célébrée aujourd’hui.

La date choisie pour le jour du souvenir fait référence à l'histoire tragique de Józef et Wiktoria Ulma, de leurs enfants (Stanisława, 8 ans, Barbara, 6 ans, Władysław, 5 ans, Franciszek, 4 ans, Antoni, 3 ans, et Maria, un an et demi) et les juifs qui se sont cachés pendant deux ans dans le grenier de la maison Ulma. Il s'agissait de Saul Goldman, de ses quatre fils (Baruch, Mechem, Joachim et Moses), de la petite-fille de Chaim Goldman - Lea (Layca) Didner, de sa fille Resszla et de Genia (Gołda) Grünfeld née Goldman. Cette histoire tragique s’est déroulée dans le village de Markowa, dans la région de Rzeszów, dans les Basses-Carpates.

En 1995, Józef et Wiktoria Ulma ont reçu à titre posthume le titre de Justes parmi les Nations de la part de l'Institut Yad Vashem de Jérusalem. Mais l’Église catholique ne voulant pas être en reste, le couple Ulma a été béatifié  par décret du pape Françoi, en septembre 2023, après près de vingt ans de processus de béatification enclenché par le pape Jean Paul II.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024

Mémorial de Markowa, installé en 2018

 
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1944, Russie, Ukraine, URSS, 18 mai Bruno Teissier 1944, Russie, Ukraine, URSS, 18 mai Bruno Teissier

18 mai : la déportation des Tatars de Crimée

Cette journée commémore la déportation des Tatars de Crimée, le 18 mai 1944 sur ordre de Staline. Aujourd’hui, des Tatars de Crimée militent pour que ce drame, connu sous le nom de Sürgünlik, soit reconnu comme un génocide.

 

Cette journée commémore la déportation des Tatars de Crimée, le 18 mai 1944, sur ordre de Staline. Le transfert de population et leur accueil furent tellement mal organisés que la moitié des déportés sont morts pendant le trajet ou au cours des mois qui suivirent. Aujourd’hui, des Tatars de Crimée militent pour que ce drame, dénommé Sürgünlik, soit reconnu comme un génocide. Aujourd’hui, toute commémoration est interdite. Leur menace sur l’avenir de la Crimée demeure pourtant très limitée. En fait, très peu ont eu la possibilité de revenir dans cette péninsule aujourd'hui totalement dominée par les Russes. Les Tatars ne représentent plus aujourd'hui que 12% de la population de la Crimée. 

Occupant la région pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont tenté d’embrigader les Tatars contre les troupes soviétiques. Une petite minorité s’est laissé convaincre. Au début du mois d’avril 1944, l’entrée en Crimée de l’Armée rouge est aussitôt suivie une chasse aux « traîtres à la patrie ». C’est ainsi que les Tatars ont été frappés par une punition collective qui a consisté en une déportation massive vers l’Asie Centrale (principalement l’Ouzbékistan) ou la Sibérie. En deux jours du 18 au 20 mai 1944 environ 180 000 Tatars ont été déportés. La république soviétique de Crimée, créée en 1921, a été supprimée en 1945. Neuf ans plus tard, la péninsule est rattachée à l’Ukraine. Khrouchtchev, un Ukrainien, est alors à la tête de l’URSS. Les traces de l'ancienne présence tatare ont alors quasiment disparu. En 1967, un décret annule les accusations de collaboration avec les nazis, portées contre les Tatars de Crimée, mais seule une toute petite minorité d’en eux sera autorisée à revenir. La majorité devra attendre la perestroïka et surtout le démantèlement de l'Union soviétique en 1991. Quelque 250 000 Tatars sont retournés en Crimée, luttant pour rétablir leurs vies et leurs droits culturels dans une Ukraine qui elle-même devient indépendante et se soucie peu de leur sort. En 2014, la Russie confisque la région à l’Ukraine en s’appuyant sur un référendum truqué dans la plus pure tradition soviétique. Vladimir Poutine tente d’amadouer les Tatars avec des mesures valorisant leurs langues et leurs coutumes. Ceux-ci demeurent des citoyens de seconde zone dans un territoire sous contrôle russe où la démocratie est absente. En 2017, la Cour internationale de justice condamne la Russie pour avoir violé les droits politiques et culturels de Tatars.

En 1944, les déportations soviétiques ont aussi touché les Allemands, les Karatchaïs, les Kalmouks, les Tchétchènes et les Ingouches, les Balkars et d’autres minorités criméennes (Bulgares, Grecs et Arméniens) ou caucasiennes (Meskhètes, Kurde et Khemchine), tous déplacés de force en Sibérie ou en Asie centrale. Les Tatars de Crimée ont aussi été victimes des visées géopolitiques russes sur la péninsule de Crimée. Celles-ci aboutiront à l’annexion de la Crimée par Poutine en 2014 presque 70 ans jour pour jour après le nettoyage ethnique opéré par Staline.

À l'occasion du 79e anniversaire de l'exil et du génocide des Tatars de Crimée, le siège de l'Association de Crimée en Turquie a organisé un programme de commémoration et une cérémonie de prière à la mosquée Hacı Bayram-ı Veli, à Ankara, après la prière du soir du 17 mai 2023. Le programme de prière a été diffusé en direct sur la page Facebook de Crimea News Agency. Le 18 mai, les cérémonies commencent à 15h.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 mai 2023

 
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Le drapeau bleu des Tatars de Crimée

Le drapeau bleu des Tatars de Crimée

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1944, Hongrie, Shoah, Seconde Guerre mondiale, 16 avril Bruno Teissier 1944, Hongrie, Shoah, Seconde Guerre mondiale, 16 avril Bruno Teissier

16 avril : la Hongrie commémore la Shoah

Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.

 

Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.

Dans les années 1930, les dirigeants hongrois ont choisi de s'aligner sur les gouvernements fascistes d'Italie et d'Allemagne. Ainsi, à partir de 1938, le régent hongrois Miklós Horthy a adopté une série de mesures anti-juives inspirés des lois allemandes de Nuremberg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Hongrois juifs ont été utilisés comme travailleurs forcés pour nettoyer les champs de mines, construire des aéroports et réparer les chemins de fer bombardés. Horthy, cependant, a refusé la déportation des Hongrois juifs vers les camps d'extermination. La situation a changé à partir du 19 mars 1944, lorsque les troupes allemandes ont occupé la Hongrie en réponse aux contacts de Horthy avec les Alliés dans l'espoir de négocier une reddition. 

Dès les premiers jours de l’occupation allemande, 437 000 juifs hongrois ont été enfermés dans quelque 70 ghettos. Le ministère de l'Intérieur du gouvernement hongrois contrôlé par les nazis a ensuite ordonné leur déportation vers des camps d'extermination. Le 16 avril 1944, la déportation des juifs de Ruthénie a commencé (aujourd'hui en Ukraine, la Ruthénie a été occupée par la Hongrie de 1939 à 1944). Ce n’est que quand des informations sur les horreurs d’Auschwitz sont arrivées que Horthy a arrêté les expulsions, début juillet 1944. Après la chute d’Horthy, en octobre, quelque 50 000 juifs de Budapest ont encore été déportés en novembre et décembre 1944. Le ghetto de la capitale ne sera libéré qu’en janvier 1945. On estime que 70 % des juifs hongrois n'ont pas survécu à la Shoah.

La Journée du souvenir de l'Holocauste (A holokauszt áldozatainak emléknapja ) a été instituée par le gouvernement hongrois en 2000 et a été célébrée pour la première fois le 16 avril 2001. Les commémorations se déroulent principalement dans les lycées.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2023

 
Chaussures au bord du Danube (Cipők un Dunaparton) est un mémorial installé par le sculpteur Gyula Pauer et le réalisateur Can Togay, 60 paires de chaussures et souliers, en fonte, placé à l’endroit où des juifs hongrois ont été abattus et jetés dan…

Chaussures au bord du Danube (Cipők un Dunaparton) est un mémorial installé par le sculpteur Gyula Pauer et le réalisateur Can Togay, 60 paires de chaussures et souliers, en fonte, placé à l’endroit où des juifs hongrois ont été abattus et jetés dans le Danube par les membres du Parti des Croix fléchées (fasciste) en 1944.

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1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier 1944, Roms, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier

16 mai : les Rroms célèbrent leur résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani.

 

Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani (International Rromani Resistance Day). Cette année, la Fête de l’insurrection gitane qui devait avoir lieu à Saint-Denis, en région parisienne, n’aura pas lieu ; tout comme les manifestations prévues simultanément à Budapest, Prague, Rome, Madrid, Paris, Londres...  

C’est dix-sept mois avant cette journée du 16 mai, que, sur ordre de Heinrich Himmler, le responsable des camps de la mort, les Rroms provenant de toute l’Europe centrale ont été transférés à Auschwitz-Birkenau. Un camp familial spécial - le Zigeunerlager (camp gitan) - a été mis en place où hommes, femmes, enfants et vieillards vivaient ensemble. Environ 23 000 Roms y ont été successivement détenus, parmi eux, environ 20 000 sont morts dans les chambres à gaz, souvent sans même être correctement enregistrés. Le médecin du camp était SS-Hauptsturmführer, le docteur Josef Mengele, le fameux « ange de la mort » et de nombreux détenus, en particulier des enfants, ont été utilisés dans d’horribles expériences pseudo-médicales. 

Parmi les manifestations de la résistance des Rroms et Sintis dans les camps, un moment fort a été la révolte de la section B IIe du camp d'Auschwitz-Birkenau, le «camp de gitans». Le 16 mai 1944, lorsque les SS voulaient gazer les prisonniers sintis et roms qui y vivaient encore, ces derniers se sont armés de pierres et de divers outils. Lorsque les soldats allemands sont arrivés dans le camp, ils ont reçu des pierres, des tuyaux en fer, des panneaux de bois, du fil de fer barbelé qui avaient été ramassés dans la caserne. Les Rroms ont réussi à repousser la première attaque d’une centaine de soldats allemands arrivés tôt le matin, mais les assaillants se sont regroupés et ont lancé une nouvelle offensive sanglante. Les armes des Rroms n'étaient pas à la hauteur face aux canons allemands… Ce qui les a momentanément sauvés c’est que des trains transportant les remplaçants potentiels des Rroms sont arrivés pendant l'affrontement et les autorités allemandes craignaient que la révolte ne se propage à travers tout le camp d’Auschwitz-Birkenau. Si bien que le Lagerkommandant a annulé l'a dernière attaque et a retiré ses hommes. 

Au cours des semaines suivantes, des mesures ont été prises pour garantir qu'un tel défi à l'autorité nazie ne puisse plus se reproduire. Un millier de jeunes Rroms valides ont été transférés à Buchenwald, en juillet, mille autres ont été transférés dans d’autres camps, tandis que des femmes ont été envoyées à Ravensbrück, ne laissant que la moitié des 6000 habitants d’origine du Zigeunerlager, principalement des personnes âgées, des faibles et des enfants. . Toutes ces personnes ont été assassinées et brûlées dans les incendies du crématoire le 2 août. Une fois de plus, elles ont résisté, mais leurs tentatives ont été vaines et le Zigeunerlager a été vidé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mai 2020

 
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6 avril : en souvenir des enfants d'Izieu

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.

 

Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.  

En 1994, le président Mitterrand a inauguré le « Musée-mémorial des enfants d’Izieu », qui deviendra en 2000 « Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ».

« Le message d’Izieu, c’est celui de l’engagement, l’engagement qui fut celui des hommes et des femmes qui ont accueilli ces enfants et qui nous adressent finalement une terrible leçon : ne jamais laisser personne de côté, accueillir celles et ceux qui sont les plus fragiles, les éduquer, les former, les accompagner, les élever. Le message d’Izieu, c’est aussi celui de la République. » Extrait du discours d’inauguration du président François Hollande le 6 avril 2015 à Izieu.

Chaque 6 avril, l’association commémore la rafle de 1944 par une cérémonie en hommage aux enfants et adultes déportés. Elle rassemble autour des anciens de la colonie un grand nombre de personnes (membres de l’association, élus, représentants de l’État et des collectivités territoriales, etc.).

Les jeunes générations sont étroitement associées au déroulement de la cérémonie. Des élèves lisent des lettres des enfants accueillis alors à Izieu, d’autres présentent des réalisations faites en classe autour du travail de mémoire mais le moment le plus poignant reste peut-être la lecture du nom des 44 enfants et leur âge, plusieurs avaient en effet moins de 6 ans !

La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Le Musée-mémorial d’Izieu est, avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs, l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2020

 
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