L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

25 février : le Jour de l’armée dominicaine

La Journée des forces armées en République dominicaine est célébrée le 25 février, jour de l'anniversaire de Matías Ramón Mella, le héros national, né le 25 février 1816.

 

La Journée des forces armées (Día de las Fuerzas Armadas) en République dominicaine est célébrée le 25 février, jour de l'anniversaire de Matías Ramón Mella, le héros national, né le 25 février 1816.

Matías Ramón Mella est l'un des fondateurs de La Trinitaria, une société secrète destinée à lutter pour l'indépendance de Saint-Domingue vis-à-vis d'Haïti. C’est le 27 février 1844, que les patriotes dominicains proclamèrent l'indépendance de la République dominicaine. On raconte que c'est Matías Ramón Mella qui tira le premier coup de feu pour mettre fin aux hésitations et encourager ses frères d'armes à proclamer l'indépendance. L’armée est en réalité née le 27 février 1844, mais  comme c’est l’anniversaire de l’indépendance, on la célèbre deux jours plus tôt, le jour anniversaire de Mella.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2025

Matías Ramón Mella, sur une pièce de 10 pesos

 
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1821, Mexique, drapeau, 24 février Bruno Teissier 1821, Mexique, drapeau, 24 février Bruno Teissier

24 février : le Jour du drapeau mexicain

Ce Jour du drapeau mexicain a été institué par le président Lázaro Cárdenas, le 24 février 1934, mais la bannière mexicaine remonte à plus de deux ans.

 

Ce Jour du drapeau mexicain (Día de la bandera mexicana) a été institué par le président Lázaro Cárdenas, le 24 février 1934. À ceux qui affirment que le drapeau de l’Italie et celui du Mexique sont semblables, mis à part l’aigle qui figure au centre du second, les Mexicains font remarquer que leur drapeau est celui d’un État plus ancien. C’est celui du Premier Empire du Mexique d’Agustín de Iturbide, fondé en 1821 et qu’il sera vraiment fixé pour la république en 1823, à quelques détails près. En revanche, le Royaume d’Italie n’a été fondé en 1860, mais le drapeau italien est un bien antérieur. Le débat de l’antériorité reste ouvert et ne sera jamais tranché.

La date choisie est celle du premier projet de constitution formulé pour le Mexique à l’issue de la guerre d’indépendance et annoncé le 24 février 1821. Ce projet constitutionnel est connu comme le plan d'Iguala ou plan des Trois Garanties (Plan Trigarante). 

Dans la déclaration du plan d'Iguala, Iturbide décrivait le drapeau trigarante : vert, blanc et rouge, mais en bandes diagonales. Les couleurs du drapeau garantissaient certains droits : le blanc symbolisait la religion catholique ; le vert affirmait l'indépendance du Mexique vis-à-vis de l'Espagne et le rouge représentait l'égalité des Mexicains et des Espagnols.

À la fin de l'Empire d'Agustín de Iturbide en 1823, le Congrès constituant, en vue d’établir une république fédérale, fixe officiellement le drapeau national, en conservant les couleurs verte, blanche et rouge, mais cette fois en bande verticale, comme le drapeau italien. La couronne impériale sur l’aigle est supprimée et les symboles républicains que sont les branches de laurier et de chêne sont ajoutés.

Au milieu du XIXe siècle, avec l'arrivée de Benito Juárez à la présidence du pays, la signification de ses couleurs a été modifiée, conséquence de la séparation de l'État et de l'Église. Le vert symbolise désormais l’espoir ; le blanc : l'unité et le rouge, le sang des héros nationaux.

Le 30 décembre 1880, le président Porfirio Díaz décréta que l'aigle serait représenté tourné vers l'avant avec les ailes déployées, dans le style français de l'époque.

Pendant la Révolution mexicaine, le président Venustiano Carranza décida, le 20 septembre 1916, que l'aigle soit représenté de profil gauche, perché sur un cactus qui pousse sur un rocher entouré d'eau et orné dans le bas de branches de chêne et de laurier. Tel qu’il est aujourd’hui.

La dernière loi sur les armoiries et le drapeau du Mexique est entrée en vigueur le 24 février 1984. Elle prévoit notamment que Le 24 février est solennellement institué Jour du Drapeau. Ce jour-là, des programmes spéciaux de radio et de télévision doivent être diffusés pour diffuser l’histoire et la signification du drapeau national. À cette date, les autorités organisent des événements civiques pour commémorer, vénérer et exalter le drapeau national. Les honneurs doivent être rendus au Drapeau national de manière obligatoire les 24 février, 15 et 16 septembre et 20 novembre de chaque année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 février 2025

Le lever du drapeau sur la place du Zocalo, à Mexico, devant le Palais présidentiel

 
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1981, Espagne, coup d'État raté, 23 février Bruno Teissier 1981, Espagne, coup d'État raté, 23 février Bruno Teissier

23 février : une date qui fait toujours frémir en Espagne

C’est l’anniversaire de la tentative de coup d’État du 23 février 1981, marquée par une intrusion armée en pleine chambre des députés. Dans un contexte de résurgence des idées franquistes, incarnées par le parti politique Vox, son souvenir est toujours bien vivant.

 

Chaque année la date du 23 février est toujours évoquée avec un certain frisson en Espagne où elle est connue sous l’appellation de 23-F. Chaque décennie, elle fait l’objet d’une commémoration plus importante. Dans un contexte de résurgence des idées franquistes, incarnées par le parti politique Vox (12% des voix en 2023 et 33 députés sur 350), son souvenir est toujours bien vivant.

C’est l’anniversaire de la tentative de coup d’État du 23 février 1981, marquée par une intrusion armée en pleine chambre des députés (Congreso de los Diputados) sous les caméras de la télévision espagnole. C’est le jour de l’investiture de Leopoldo Calvo-Sotelo qui succédait alors à Adolfo Suarez au poste de premier ministre. L’idée des putschistes était de profiter de l’intervalle politique pour mettre en place un autre régime, à tendance militariste et franquiste.

Ce n’est pas un hasard, si c’est un 23 février que la toute dernière statue du dictateur Francisco Franco encore présente dans l’espace public espagnol a été retirée de la ville de Melilla, une enclave située au nord du Maroc. C’était à l’occasion du 40e anniversaire du putsch manqué. Localement, Vox avait voté contre et le Parti populaire (conservateur) s’était abstenu. La statue avait été érigée en 1978, trois ans seulement avant la mort du dictateur en hommage au rôle du général Franco dans la guerre du Rif (les rebelles berbères à la colonisation espagnole avaient été matés à l’aide de gaz de combat !).

Une loi votée en 2007 sous le gouvernement du socialiste José Luis Rodríguez Zapatero oblige les mairies à retirer de l’espace public les symboles faisant l’apologie de la dictature ou du camp franquiste pendant la guerre civile. De nombreuses administrations locales de droite ont mis des années avant de l’appliquer.

Le 23-F avait rendu très populaire le jeune roi Juan Carlos, présenté en sauveur de la démocratie espagnole. On raconte qu’il avait appelé l’un après l’autre, les généraux de l’armée espagnole pour les convaincre de rester fidèles au régime. Les convaincre ou tester leur position face à l’événement ? Le doute persiste quant à l’implication du jeune monarque choisi par Franco pour lui succéder. Était-il au courant de ce qui se tramait et comptait-il en profiter, comme l’affirme le lieutenant-colonel Antonio Tejero, l’homme à la moustache et au tricorne qui est monté à la tribune de l’Assemblée nationale pour menacer les députés ? L’homme est toujours en vie et, après quelques années de prison, évolue dans les milieux franquistes. Il était là pour protester quand, en 2018, la dépouille de Franco a été déterrée de sa sépulture officielle pour être transférée dans le caveau privé de sa famille.

L’Espagne tourne laborieusement la page de la dictature. La monarchie n’est plus que le dernier héritage. La dernière commémoration d’envergure du F-23 a eu lieu en 2021, l’ancien roi Juan Carlos brillait par son absence.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 février 2025

Commémoration sur les marches du Congrès des députés (Congreso de los Diputados) du 30e anniversaire du coup d'État manqué. Au premier rang, au centre, le président des Cortes de l'époque, José Bono . À sa gauche, le président du gouvernement, également socialiste José Luis Rodríguez Zapatero. À sa droite, le leader du PP, Mariano Rajoy . À l'extrême gauche de la première rangée se trouvent Felipe González , Santiago Carrillo et Miquel Roca, députés de la législature pendant laquelle a eu lieu l'agression de Tejero. (photo du gouvernement espagnol, 23 février 2011)

 
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1979, Sainte-Lucie, indépendance, 22 février Bruno Teissier 1979, Sainte-Lucie, indépendance, 22 février Bruno Teissier

22 février : l’indépendance de Sainte-Lucie

Ce jour férié n’est pas la fête nationale de Sainte-Lucie, mais l’anniversaire de l’indépendance obtenue le 22 février 1979.

 

Ce jour férié n’est pas la fête nationale de Sainte-Lucie, celle-ci est fêtée le jour de la Sainte-Lucie, le 13 décembre, mais la Fête de l’indépendance. Cette année, en 2025, pour le 46e anniversaire de l’émancipation de l’île, le thème choisi est « Douvan Ansanm : Santé et bien-être pour une nation prospère ». Avec la chanson à succès de Sly, Damn Proud Lucian, déclarée hymne officiel des festivités de cette année.

Le régime colonial britannique avait été instauré à Sainte-Lucie en 1815. Tout au long du XXe siècle, l’île a gagné en autonomie, participant à la Fédération des Antilles de 1958 jusqu'à sa dissolution en 1962. Avec les autres îles du Vent, Sainte-Lucie est devenue un État fédéré associé au Royaume-Uni en 1967. Bien qu'elle ait obtenu son indépendance le 22 février 1979, Sainte-Lucie reste membre du Commonwealth britannique.

Les célébrations ont débutées par le Relais du bâton de l'indépendance, un événement symbolique qui traverse les 18 circonscriptions de l’île. Ce relais a débuté à Babonneau, le 29 janvier, et s’est terminé à Castries Central, le 18 février.

Hier, 21 février, c’était la Journée des couleurs,  marquée par la cérémonie de lever du drapeau et qui se termine par le feu d’artifice traditionnel au Heroes Park de Castries, la capitale.

Ce 22 février , c’est le défilé militaire et le rassemblement pour l'indépendance au parc Mindoo Philip ; suivi du festival des fruits de mer, aux pêcheries de Castries et le Super Motor, sur front de mer de la capitale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 février 2020

Le jaune, le bleu et le noir sont les trois couleurs du drapeau national

 
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1924, Zimbabwe, Zimbabwé, jeunesse, héros national, 21 février Bruno Teissier 1924, Zimbabwe, Zimbabwé, jeunesse, héros national, 21 février Bruno Teissier

21 février : le Zimbabwe célèbre sa jeunesse en souvenir d’un vieillard autoritaire

La Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe est un jour férié au Zimbabwe qui célèbre le premier président du pays. Celui qui est cause de sa ruine et du désespoir de la jeunesse à qui la journée est dédiée.

 

La Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe (Robert Mugabe National Youth Day) est un jour férié au Zimbabwe célébré le 21 février. Elle célèbre l'anniversaire du premier président du pays, Robert Mugabe (1924-2019). Du temps de son long règne, il était d’usage de lui fêter son anniversaire. Le Mouvement du 21 février a été créé en 1986 pour cela.

Robert Mugabe est l’homme de l’indépendance, mais c’est aussi un président autoritaire qui s’est accroché au pouvoir pendant trois décennies. Il approchait des 94 ans quand il a été poussé à la démission par Emmerson Mnangagwa, le président actuel. C’est ce dernier qui a fait, en 2017, du 21 février un jour férié après avoir poussé son mentor à la retraite. Pourtant, il n’y avait pas de quoi célébrer un homme qui a ruiné le Zimbabwe et détruit les rêves de nombreux jeunes à qui la journée du 21 février est dédiée.

« C’est une insulte à la jeunesse zimbabwéenne qui souffre et qui travaille que de déclarer le 21 février Journée nationale de la jeunesse. Qu'a fait Robert Mugabe pour la jeunesse, à part ruiner ses rêves et détruire ses espoirs et ses aspirations à travers des décennies de mauvaise gouvernance, de mauvaise gestion de l'économie nationale et de corruption généralisée ? Nous sommes convaincus qu'un gouvernement véritablement démocratique et progressiste au Zimbabwe interviendra très rapidement pour supprimer ce jour férié immérité et fasciste appelé Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe. » ainsi s’exprimait Obert Gutu,du temps où il était vice-président du MDC-T un parti d’opposition. Il a depuis, retourné sa veste et rejoint le ZANU–PF.

Ce jour férié dédié à Mugabe a été instauré à la demande de la Ligue de la jeunesse de l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique (ZANU–PF), le parti au pouvoir au Zimbabwe, au sein du quel Emmerson Mnangagwa a fait toute sa carrière. L’heure toutefois est à la sobriété, fini les fêtes somptueuses du 21 février. Parmi les excès des célébrations précédentes du temps de Mugabe, on peut citer les énormes gâteaux d'anniversaire, alors même que les pénuries alimentaires touchaient des millions de Zimbabwéens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 février 2025

 
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1956, Malaisie, lutte pour l'indépendance, 20 février Bruno Teissier 1956, Malaisie, lutte pour l'indépendance, 20 février Bruno Teissier

20 février : l’annonce de l’indépendance de la Malaisie

Devant une foule en liesse, le 20 février à Malacca, Tunku Abdul Rahman annonçait l’indépendance prochaine de la Malaisie. La ville du détroit commémore, chaque année, cet événement.

 

Ce n’est pas la déclaration d’indépendance de la Fédération de Malaisie, laquelle ne sera prononcée que l’année suivante à Kuala Lumpur, mais son annonce faite par Tunku Abdul Rahman, le premier ministre de retour d’un séjour à Londres où il était parti pour négocier le retrait des Anglais. Dès son retour, le 20 février 1956, il a débarqué en voiture à Malacca pour informer ses concitoyens de la fin de la colonisation britannique. C’est devant une foule en liesse de 100 000 personnes à Padang Bandar Hilir, que Tunku Abdul Rahman annonce que le jour de l'indépendance de la Malaisie serait le 31 août 1957.

Même si, c’est une date très importante pour l’histoire de la Malaisie, Le jour de l’annonce de l'indépendance (Hari pengumuman kemerdekaan) n’est un jour férié que dans le seul État de Malacca (Melaka). Ailleurs, c’est juste un jour de mémoire.

Le choix de Malacca pour une telle annonce n’est pas un hasard, c’est tout à fait symbolique. Malacca était la capitale d’un puissant sultanat, une véritable puissance maritime jusqu’à ce que la ville du détroit tombe sous la coupe des Portugais, en 1511. C’est à Malacca qu’à débuter la colonisation, celle des Portugais, puis des Hollandais et enfin des Anglais, à partir de 1824, soit quatre siècles est demi d’occupation Européenne de la région. En y ajoutant une période d’occupation japonaise entre 1941 et 1945 qui a prouvé au Malais que les Européens n’étaient pas invincibles.

De plus, Tunku Abdul Rahman qui sera surnommé le père de l’indépendance, était le bienvenu à Malacca. Son parti, l’UMNO Malaya, avait obtenu quasiment 100% des suffrages lors du scrutin qui l’a porté au pouvoir.

L’accord d'indépendance malais a été signé le 8 février 1956 à Lancaster House (Londres), par Tunku Abdul Rahman Putra au nom du gouvernement malais et Alan Lennox-Boyd, secrétaire britannique aux Colonies au nom du gouvernement britannique. Le groupe  revenant de Londres a reçu un accueil chaleureux à son arrivée à l'aéroport de Batu Berendam, Melaka. De là, ils ont défilé accompagnés d'un groupe de jeunes à moto et de dizaines de voitures jusqu’au site de Padang Banda Hilir, à Malacca. C’est là que le premier cri de « Merdeka » (indépendance) a retenti. Le 31 août 1985, Tunku Abdul Rahman Putra Al-Haj y a inauguré mémorial vise à commémorer et honorer les contributions et les sacrifices des combattants de la liberté qui ont libéré le pays des dirigeants coloniaux successifs. La lutte, qui a commencé dès 1511, a duré 446 ans et a abouti à la déclaration d'indépendance du 31 août 1957.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 février 2025

 
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1913, Mexique, Armée, 19 février Bruno Teissier 1913, Mexique, Armée, 19 février Bruno Teissier

19 février : l'anniversaire de l’armée mexicaine

Une armée bien peu menaçante pour le voisinage puisque la constitution lui interdit d’aller combattre hors des frontières. Sa déroute face aux zapatistes dans les années 1990 avait contribué à la discréditer. Mais AMLO lui a confié une nouvelle mission.

 

C’est une armée bien peu menaçante pour le voisinage puisque la constitution lui interdit d’aller combattre hors des frontières. Sa déroute face aux zapatistes dans les années 1990 avait contribué à la discréditer.  D’ailleurs l’expression “une armée mexicaine” n’évoque pas l’efficacité mais plutôt une organisation où les décisionnaires sont plus nombreux que les exécutants. En 1910, les troupes qui ont renversé le régime de Porfirio Diaz étaient, en effet, composées d’un trop grand nombre d’officiers  par rapport à celui des hommes à commander et ne brillaient pas par leur discipline. Les ordres contradictoires créaient une véritable confusion. Les Américains qui avaient battu les Mexicains quelques décennies plus tôt pour amputer leur territoire d’un bon tiers, se gaussaient. Mexican army  est devenue une expression péjorative adoptée par plusieurs langues. On pourra toutefois noter que le Mexique n’a effectivement jamais utilisé son armée pour attaquer l’un de ses voisins et cela mériterait plutôt le respect.

Cela dit, dans les années 2000, une nouvelle mission a été confiée à l’armée mexicaine, celle de combattre les narcotrafiquants, plutôt que d’en charger la police. Mais, au fil des années, la violence meurtrière quasi-quotidienne des groupes criminels de trafiquants de drogue mexicains, entre eux mais aussi contre les forces de l’ordre, a pris des proportions alarmantes.

En arrivant au pouvoir, en 2018, le président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador dit AMLO, avait annoncer de miser désormais sur la prévention des crimes plutôt que sur la confrontation violente armée/cartels qui avait les faveurs de ses prédécesseurs et qui n’ont fait qu’aggraver les violences. Ce projet s’est heurté à la réalité du terrain. AMLO n’a pas démilitarisé le pays comme annoncé, bien au contraire, il a déployé un nombre record de forces de l’ordre – près de 300 000 –, y compris la nouvelle garde nationale issue de l’ancienne police fédérale et commandée par les militaires. Afin d’obtenir une certaine paix sociale, telle que le Mexique la connaissait il y a trente ans, il a permis une coexistence entre l’armée et les narcotrafiquants, cantonné à certains espaces. Forte de cette mission d’encadrement, l’armée n’est pas devenue une institution transparente. Elle a conservé ses méthodes et son opacité, ne rendant de comptes à personne, pas même au président. Le seul endroit du Mexique où la délinquance a baissé est la ville de Mexico, administrée par Claudia Sheinbaum, qui a mis en œuvre une politique sans les militaires. Celle-ci a succédé à AMLO en octobre, à la présidence du Mexique. Nous ferons le bilan de son action dans quelques années.

Quant à la date du 19 février, retenue par les autorités pour célébrer une armée en manque de gloire militaire, elle  correspond seulement à un décret du 19 février 1913 de l'État de Coahuila donnant mission à Venustiano Carranza de créer une armée digne de ce nom pour remplacer les diverses troupes qui combattaient depuis 1910.

On s’en doute, ce 112e anniversaire de l’armée mexicaine (aniversario del ejercito mexicano) sera comme chaque année, l’occasion de défilés militaires et de discours patriotiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2025

 
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1965, Gambie, 18 février Bruno Teissier 1965, Gambie, 18 février Bruno Teissier

18 février : la fête nationale de la Gambie

La Gambie célèbre son indépendance obtenue des Britanniques le 18 février 1965. Après deux sévères dictatures, sa démocratie reste fragile.

 

Ce pays d’Afrique, le plus petit du continent, a été l’un des premiers à être occupé par les Européens, les Portugais puis les Anglais. Son indépendance, le 18 février 1965, a été relativement tardive. On la célèbre chaque 18 février. Independance Day est aussi la fête nationale de la Gambie.

La Gambie a été le premier pays d’Afrique de l'Ouest à être conquis par les Britanniques, son territoire se limite au fleuve du même nom et à ses rives. Intégrée à l’Empire britannique le 25 mai 1765, elle sera la dernière des colonies britanniques d'Afrique de l'Ouest à obtenir son indépendance, trois siècles plus tard à quelques semaines près. 

Contrairement à la plupart des États africains, la Gambie a connu une transition pacifique vers l'indépendance. En 1963, soit deux ans auparavant, le Royaume-Uni a accordé au pays une autonomie interne. Le 18 février 1965, le duc et la duchesse de Kent étaient présents pour commémorer l'événement qui a mis la fin de 300 ans de domination coloniale britannique. Le couple princier représentant la reine a rejoint le Premier ministre gambien Dawda Jawara et le gouverneur Sir John Paul dans le mansa bengo (« le rassemblement des rois ») l’assemblée des chefs traditionnels gambiens, présidée par le chef le plus âgé, Touré Sagnaing. Cette cérémonie traditionnelle qui a eu lieu à Brikama, l'une des grandes villes de Gambie, fut un événement mondial regroupant des dignitaires de 30 pays différents.

La célébration de la fête de l'indépendance de la Gambie a permis la levée du drapeau national rouge, bleu, vert et blanc de la Gambie. Conçu par Louis Thomasi, gagnant d’un concours, ce drapeau n'a aucune base politique. Dawda Jawara, le père de l’indépendance a dirigé le pays pendant trois décennies : d’abord comme Premier ministre de 1962 à 1970, puis comme président de 1970 à 1994, en s’appuyant sur un régime à parti unique non démocratique. Durant son règne, la Gambie et le Sénégal voisin ont formé une confédération connue sous le nom de Sénégambie qui a duré 7 ans avant d'être dissoute en 1989. La Gambie, anglophone, craignait de se faire totalement absorber par le Sénégal. 

Dawda Jawaras a été renversé par coup d’État qui a mis Yahya Jammeh au pouvoir en 1994, pour deux décennies encore de régime autoritaire. Toutefois, le dictateur a finalement accepté de se prêter au jeu d’un scrutin démocratique, en 2016, le premier de l’histoire du pays. Il est vrai qu’il a eu un certain mal à reconnaître sa défaite : seule la menace militaire des États voisins lui a fait quitter la scène. Il s’est réfugié chez un autre dictateur, en Guinée équatoriale, mais il devrait être jugé prochainement. En fin de compte, la transition démocratique en Gambie s’est déroulée de manière pacifique. Mais la démocratie reste encore fragile dans ce pays dirigé par Adama Barrow, réélu en décembre 2021, lors d’un scrutin contesté par l’opposition. Son ambition pour 2015 est de changer la constitution, ce qui lui permettrait deux mandats supplémentaires.

La principale célébration du Jour de l'Indépendance a lieu sur la place McCarthy à Banjul, la capitale du pays. Il s'agit d'un défilé de l'armée, mais aussi des fonctionnaires, des écoliers, des enseignants… devant le Président et d'autres dignitaires.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 février 2025

 
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Porto Rico, héros national Bruno Teissier Porto Rico, héros national Bruno Teissier

17 février : les Portoricains célèbrent leurs héros

Alors que les États-Unis, comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre aussi la Journée des illustres Portoricains.

 

Alors que les États-Unis comme chaque troisième lundi de février, fêtent Presidents' Day, à Porto Rico, on célèbre la Journée des illustres Portoricains (Día de los Próceres Puertorriqueños).

Ce jour férié existe depuis 2014. Cette année-là, le gouvernement de Porto Rico avait fusionné les anniversaires de trois Portoricains éminents (Luis Muñoz Rivera, José Celso Barbosa et Luis Muñoz Marín), qui étaient autant de jours fériés, en une seule célébration, le troisième lundi de février. Cette mesure a été prise pour réduire le nombre de jours fériés à Porto Rico.

C’est Grace à Luis Muñoz Rivera (1859–1916), poète et journaliste que les Portoricains ont obtenu la citoyenneté américaine (des citoyens de seconde zone puisqu’ils ne participent pas au choix du président américain). Le docteur José Celso Barbosa (1857–1921) fut le premier Portoricain à obtenir un diplôme de médecine aux États-Unis, il a participé au mouvement politique pour améliorer le sort politique de ses compatriotes. Luis Muñoz Marín (1898–1980) fut le premier gouverneur démocratiquement élu de Porto Rico, poste qu’il a occupé pendant 16 ans à partir de 1949. Il est considéré comme « l'architecte du Commonwealth de Porto Rico » (qui jusque-là n’était qu’une colonie américaine).

La Journée des Héros Portoricains rend hommage à quatre autres personnes qui ont joué un rôle important dans l'histoire de l'île : Ramón Emeterio Betances (1827–1898), l’un des héros de la lutte contre l’occupation espagnole. Román Baldorioty de Castro (1822–1889) qui a milité pour l’abolition de l’esclavage, Ernesto Ramos Antonini (1898-1963) cofondateur du Parti démocratique populaire, qui prône le statu quo du Commonwealth. Luis A. Ferré (1904-2003), le fondateur du Nouveau Parti progressiste, qui plaide pour que Porto Rico devienne un État des États-Unis d'Amérique.

Cette liste n’étant, au départ, que masculine, une femme a été rajoutée à la liste. Isabel Rosado (1907-2015), une militante indépendantiste qui a passé dix années de sa vie en prison pour son militantisme. Ensuite la liste s’est rallongée : Lola Rodríguez de Tió, Nilita Vientós Gastón, Julia de Burgos, Mariana Bracetti, Ana Roque de Duprey, Luisa Capetillo, María Luisa Arcelay, Sœur Isolina Ferré, Felisa Rincón de Gautier, María Libertad Gómez, ainsi que deux autres hommes, Roberto Clemente Walker et Rafael Hernández Colón.

Désormais, cette journée est désignée comme le Día de Jorge Washington, Día de los Presidentes y Día de las Mujeres y Hombres Próceres de Puerto Rico.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 février 2025

 
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1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier 1942, Corée du Nord, dictateur, 16 février Bruno Teissier

16 février : le Jour de l’étoile brillante en Corée du Nord

Cette célébration est celle de l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime nord-coréen et le père du dictateur actuel. Ce jour férié national, chaque 16 février, est une manière de célébrer toute la dynastie régnante.

 

Cette célébration, en Corée du Nord, porte le nom de Jour de l'étoile brillante (Gwangmyeongseongjeol, 김정일의 날), c’est l’anniversaire de Kim Jon-il, fils du fondateur du régime et le père du dictateur actuel.

Né officiellement le 16 février 1942 (la vraie date reste mystérieuse), selon la légende, au sommet du mont Paektu, la montagne sacrée des Coréens, Kim Jon-il est le fils de Kim Il-Sung, le fondateur du régime totalitaire imposé à la Corée du Nord depuis 1948. Il en a été le deuxième leader, au pouvoir de 1994, à la mort de son père jusqu’à son propre décès en 2011, remplacé par son fils, Kim Jong-un, le n°1. Une telle succession dynastique, la lignée de Paektu, est unique à l’époque contemporaine. Elle puise aux sources mythologiques, le mont  Paektu étant le lieu de naissance de Tangun, le fondateur mythique du premier royaume coréen.

En 2013, Kim Jong-un a institutionnalisé la théorie de la vie éternelle de ses prédécesseurs, Kim Il-sung et de Kim Jong-il, formalisé dans le « Code de vie éternelle de Suryong ». À l’imitation de la sainte  Trinité chrétienne, le régime nord-coréen repose sur la logique selon laquelle Kim Il-sung et Kim Jong-il existent au sein de Kim Jong-un, comme Dieu et le Saint-Esprit dans la personne du Christ. Ce jour férié national, chaque 16 février, est aussi une manière de célébrer, au sens religieux du terme, toute la dynastie régnante.

S’il ne s’effondre pas subitement, comme beaucoup de dictatures, le régime va devoir innover car Kim Jong-un est en mauvaise santé et on doit imaginer sa succession. Déjà est mise en avant une fillette de 11 ou 12 ans (sa naissance avait été tenue secrète), Kim Ju Ae, fille cadette de l’actuel leader (il a aussi un fils, caché). En mars 2024, les médias officiels ont commencé à désigner Kim Ju Ae avec le titre très honorifique de « hyangdo » (personne d’un grand conseil ), laissant penser qu'elle pourrait succéder à son père. En attendant, elle doit être unique. Tout Nord-Coréen portant le même prénom d’elle, Ju Ae, a été prié d’en changer. À présent qu’elle est médiatisée, il est bien sûr interdit de chercher à s’habiller ou à se coiffer comme elle.

L'anniversaire de Kim Jong-il a commencé à être officiellement célébré le 16 février 1975, pour son 33e anniversaire. L’année suivante, en 1976, le 16 février fut désigné jour férié. À partir de 1986, la fête a été prolongé au lendemain de l'anniversaire, ce qui en fait une fête de deux jours. C’est bien le moins, pour une date qui a été désignée par les autorités comme le jour le plus important de l’année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 février 2025

Statues de Kim Il-sung et de Kim Jong-il sur la place Mansudae à Pyongyang (photo J.A. de Roo)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

15 février : saint Sarkis, le saint Valentin des Arméniens

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident.

 

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident. De nos jours, les jeunes s'offrent des cartes et des bonbons à l'occasion de la fête. Sa fête tombe 63 jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile. La date, généralement un samedi, varie entre le 18 janvier et le 23 février. Cette année, la Saint-Sarkis, Sourp Sargis (Սուրբ Սարգիս) tombe ce 15 février. De nombreuses localités organisent des fêtes avec musique et un saint Sarkis bien vivant  en costume d’époque paradant sur son cheval.

Pour les plus religieux, il convient de suivre un jeûne de cinq jours  (dit jeûne de Saint-Sargis). La veille de la fête, dans la soirée du vendredi, selon la tradition, les jeunes gens mangent des biscuits salés et s'abstiennent de boire de l'eau, afin, dit-on, de faire apparaître dans leurs rêves leur futur époux ou épouse, qui leur apporterait de l'eau. Ces biscuits salés sont appelés St Sarkis Aghablit. Le jour de la Saint-Sarkis, l’usage veut que les jeunes hommes et filles aillent à l'église, participent au service sacré, prient et demandent l'intercession du saint, après quoi ils reçoivent la bénédiction du prêtre. Le jour de la fête, le halva de Saint-Sarkis, une pâtisserie sucrée fourrée de fruits et de noix, est largement consommée dans les communautés arméniennes pour symboliser les bénédictions offertes par le saint.

La cathédrale de Erevan lui est dédiée, ainsi que de très nombreuses églises dans toute l’Arménie et dans la diaspora. Au XXe siècle, par exemple, quand Téhéran a été doté d’une cathédrale apostolique arménienne, elle a été baptisée Saint-Sarkis.

Sarkis (Սուրբ Սարգիս Զoրաւար) était un général romain d’origine grecque (de Cappadoce) qui s’était réfugié en Arménie avec son fils pour échapper aux retours des persécutions des chrétiens sous l’empereur Julien dit l’Apostat (IVe siècle). Du fait de sa réputation de bon soldat, l’empereur de Perse, Shapur II, le nomme à la tête de l'armée sassanide. Général victorieux, face aux Romains, et fervent chrétien, Sarkis réussit à convertir au christianisme une partie de ses troupes ce qui mit en colère l’empereur sassanide, adepte du zoroastrisme (l’ancienne religion de l’Iran, avant son islamisation). Sarkis ayant détruit de nombreux temples du feu, l’empereur fera mettre à mort son fils Mardiros, plusieurs de ses compagnons et finalement Sarkis lui-même, nous racontent ses hagiographies. Le père et le fils seront élevés au rang de saints et martyrs.

On raconte qu’au Ve siècle, c’est saint Mesrob qui a ramené les reliques de saint Sarkis en Arménie, dans la province d’Arakadzotsen, pas très loin de la ville d’Achtarag, dans le village d’Ouchi où ils furent enterrées. Sur ces restes, un monastère fut construit et porta le nom de Saint-Sarkis.

Sarkis est également vénéré par l’Église assyrienne le 5 janvier et, très discrètement, par les catholiques le 7 janvier. Ne pas confondre saint Sarkis avec saint Serge et son compagnon Bacchus, deux militaires romains du IVe siècle, eux d’origine syrienne, également morts en martyrs et vénérés le 7 octobre.

Les prochaines dates : 31 janvier 2026, 27 janvier 2027, 12 février 2028, 27 janvier 2029, 16 février 2030…

 Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024

Saint Sarkis est toujours accompagné de son fils, Martyros

 
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1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier 1991, Bangladesh, Inde, fête du printemps Bruno Teissier

13-14 février : Pohela Falgun, le premier jour du printemps des Bengalis

Pohela Falgun est le premier jour du printemps du mois de Falgun, le onzième mois du calendrier bengali.  Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées comme les vêtements traditionnels que portent les jeunes gens ce jour-là.

 

En bengali, pohela signifie « premier » et Falgun est le onzième mois du calendrier bengali. Au Bangladesh Pohela Falgun (পহেলা ফাল্গুন) tombait autrefois le 13 février, mais depuis une modification locale du calendrier bengali (en 2020), elle est célébrée le 14 février, soit le même jour que la Saint-valentin. Depuis les deux fêtes ont tendance à fusionner chez les Bangalais. D’autant que l’une a été inventée alors que l’autre commençait seulement être connue en Asie. En effet, Pohela Falgun est une fête récente, elle a été lancée en 1991 par des étudiants de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Dhaka, capitale du Bangladesh où ont lieu chaque année divers événements culturels.

Pohela Falgun est également fêtée en Inde et connue sous le nom de Basanta Utsab (বসন্ত উৎসব, littéralement, la « Fête du Printemps ») au Bengale Occidental mais aussi dans les autres États indiens qui ne sont pas de culture bengalie, notamment l'Assam, le Tripura, le Jharkhand et l'Orrisa. En Inde, on a conservé la date du 13 février.

Pohela Falgun est le premier jour du printemps. Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser à nouveau sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées. Les femmes ont pris l’habitude de s’habiller de saris de couleur bashonti (jaune ou orange) et ornées d'ornements floraux, tandis que les garçons portent des panjabis colorés. Vêtus de tenues traditionnelles, les gens, surtout les jeunes, se pressaient en grand nombre dans les magasins de fleurs et les lieux de sortie. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2025

 
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1990, Tadjikistan, URSS, 12 février Bruno Teissier 1990, Tadjikistan, URSS, 12 février Bruno Teissier

12 février : il y a 35 ans les émeutes de Douchanbé

Cet événement, un peu oublié aujourd’hui est un des soubresauts qui ont accompagné le démantèlement partiel de l’empire colonial russe en 1990-1991. Bien avant les réseaux sociaux, l’origine de ces émeutes est un exercice de désinformation digne du savoir-faire russe en la matière.

 

Cet événement, un peu oublié aujourd’hui est un des soubresauts qui ont accompagné le démantèlement partiel de l’empire colonial russe en 1990-1991. Mais l’affaire fut bien plus confuse qu’à Vilnius ou Bakou.

Le 12 février 1990, plusieurs milliers de personnes ont commencé à affluer vers la place Lénine à Douchanbé (capitale de la république soviétique du Tadjikistan). Ils exigeaient une répartition équitable des appartements à Douchanbé, mais le soir même, leurs slogans s'étaient transformés en « À bas Makhkamov ! » (le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste du Tadjikistan). N'ayant reçu aucune réponse, les gens ont commencé à prendre d'assaut le bâtiment du Comité central. Des tireurs d'élite du KGB ont tiré sur un groupe de manifestants tuant plusieurs personnes. La foule en colère, se dispersant dans toute la ville, commença à tout détruire sur son passage. Pris de panique, les dirigeants de la République ont accepté de démissionner. Deux jours plus tard, l’armée soviétique appelée en renfort reprenait le contrôle de capitale tadjike. Suite à ces émeutes, 25 personnes ont été tuées et 565 blessées.

Les dernières années de l’existence de l’URSS (qui disparaît en décembre 1991) furent chaotiques voire sanglantes pour plusieurs républiques composant l’URSS. D'avril 1989 à janvier 1991, des troupes de l'armée soviétique et du groupe spécial Alpha du KGB ont été introduites dans cinq capitales : Tbilissi, Bakou, Douchanbé, Riga et Vilnius.

L’origine de ces émeutes est un exercice de désinformation digne de ce qui s’est toujours pratiqué en Russie et dans l’espace colonial russe. Suite au pogrom anti-arménien de Soumgaït en Azerbaïdjan, en 1988, le Tadjikistan a accueilli quelques dizaines de familles arméniennes. La plupart ont trouvé refuge chez des proches, certaines même n’ont fait que transiter par Douchambé avant de s’installer en Arménie. Le bruit pourtant a couru qu’elle avait été prioritaire pour l’attribution d’appartements alors que beaucoup de Tadjiks étaient sur des listes d’attente depuis des années. En même temps, des rumeurs se répandent à Douchanbé selon lesquelles le chauffeur du premier secrétaire du PC, Kakhhor Makhkamov est arménien, et que l'épouse du président du Présidium du Conseil suprême de la République Goibnazar Pallaev, est arménienne, ce qui correspondait à la réalité, mais sans lien avec l’accueil des quelques familles arméniennes. En surestimant le nombre de réfugiés arméniens, 2000, 5000 et même parfois 20 000, les rumeurs distillées en ville ont été habilement utilisées contre les dirigeants de la république. Ces derniers ont commencé à être accusés de se soucier davantage des Arméniens que de leurs compatriotes tadjiks. Il était important pour le KGB de discréditer des dirigeants qui s’étaient rapprochés des nationalistes Tadjiks et de monter la population contre le parti Rastokhez, un parti d’opposition fondé en 1989 qui menaçait l’hégémonie du Parti communiste local.

En effet, Kakhhor Makhkamov était arrivé à la tête du PC du Tadjikistan (autrement dit, au pouvoir dans ce régime à parti unique) en 1985, en évinçant Rahmon Nabiev, accusé de corruption et d’alcoolisme. Pendant le règne de Mahkamov, le Tadjikistan connut une montée du nationalisme, qui culmina avec l'adoption de la « loi linguistique » de 1989 qui désigna le tadjik comme langue officielle de la république, ce qui mécontenta fortement les Russes et autres non Tadjiks. La chute de Mahkamov à la suite des émeutes de février 1990 a permis le retour en grâce de Rahmon Nabiev, réputé proche des Russes, et le renforcement des communistes pro-russes au soviet (assemblée) local. Nabiev deviendra en 1991 président du Tadjikistan.

Sur moment, l’émotion était forte, en 1992, par décret du président Rakhmon Nabiyev, la place où des manifestants ont été abattus, a été rebaptisée Shahidon (place des Martyrs). Un obélisque a été érigé entre le palais présidentiel et le salon de thé Rohat en mémoire des victimes du 12 février 1990. Ce jour est devenu un jour de deuil dans la république. Mais au début du nouveau millénaire, ce jour de deuil officiel a disparu sans laisser de trace. Il faut dire que Makhkamov a été réhabilité au début des années 2000 sur ordre du président Emomali Rahmon (le successeur de Nabiyev). Makhkamov a retrouvé sa place à l’Assemblée nationale, dont il a été le doyen jusqu’à son décès en 2016. Les émeutes de Douchambés et leurs victimes ne sont plus commémorées officiellement, mais sont restées dans les mémoires des habitants de Douchambé (ou Douchanbé), en particulier celle des familles des victimes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2025

Véhicules blindés face aux manifestants dans la perspective Lénine à Douchamabé, le 14 février 1990 (photo Vladimir Fedorenko, Novotsi)

 
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Inde, Hindouisme Bruno Teissier Inde, Hindouisme Bruno Teissier

11 février : Thaipusam, la fête tamoule de la pleine lune

Thaipusam est une fête hindoue célébrée par les Tamouls lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai. C'est un événement important pour les communautés tamoules d'Inde, du Sri Lanka, de Malaisie, de Singapour, de Maurice et de quelques autres pays. 

 

Thaipusam (தைப்பூசம்) est une fête hindoue célébrée par les Tamouls lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai (fin janvier-début février du calendrier grégorien). Cette fête est connues sous le nom de Thaipooyam (en tamoul) ou de Thaippooyam (en malayalam). C'est un événement important dans les communautés tamoules d'Inde, du Sri Lanka, de Malaisie, de Singapour, de Maurice et de certains autres pays. Thaipusam est un jour férié à Maurice ainsi qu’au Tamil Nadu, au Kerala et à Pondichéry.

Selon la légende, la fête de Thaipusam commémore l'une des batailles entre les Asura et les Deva. Les Asura et les Deva sont deux classes d'êtres divins dans la mythologie hindoue, ces derniers étant considérés comme plus bienveillants. À un moment donné, les Devas ont été vaincus à plusieurs reprises par les Asura, alors ils se sont approchés de Shiva et lui ont demandé son aide. Shiva accéda à leur demande et créa Skanda, un puissant guerrier qui devint le chef des forces célestes et vainquit le maléfique asura Surapadma.

Thaipusam commémore l'occasion où Parvati, l'épouse de Shiva, a donné à Skanda une lance qu'il a utilisée pour tuer Surapadma. Skanda, également connu sous le nom de Murugan, est vénéré comme le dieu de la guerre dans l'hindouisme. Thaipusam est la célébration de ses victoires. Le rituel central du festival est le Kavadi Attam (« danse du fardeau »). Il symbolise un sacrifice à Murugan en signe de gratitude et en demande d'aide et de protection.

Certains fidèles prient et jeûnent 48 jours précédant la fête. Le jour de la fête, ils se rasent la tête et entreprennent un pèlerinage en portant un fardeau physique nommé kavadi. Il existe différents types de kavadi, le plus simple étant un simple pot de lait, souvent en métal. Mais la plupart des kavadi ressemblent à des dais décorés de fleurs et de plumes de paon. Ils sont portés par les fidèles sur leurs épaules jusqu'au temple.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2025

La fête de Thaipusam à Singapour où vit une importante communauté tamoule (photo : William Cho) 

 
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10 février : le naufrage de Saint Paul, fête religieuse et nationale à Malte

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel et qu’il a évangélisé leur pays. La commémoration de l’événement, jour férié et chômé, est une grande fête populaire.

 

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel (et non au large des côtes croates comme l’affirment les historiens) et qu’il a évangélisé Malte et Gozo. Cet événement est considéré comme l'un des plus grands moments de l'histoire de Malte au point que la Fête du naufrage de Saint Paul (San Pawl Nawfragu) a été déclarée jour férié officiel. 

La célébration principale a lieu, bien sûr, en l'église du Naufrage de Saint-Paul à La Valette, la capitale de Malte, avec trois messes successives à 8h 10h et 11h suivi d’une grande procession. Chaque 10 février, l’effigie en bois de l'apôtre Paul (une statue du XVIIe siècle) défile dans les rues de la ville, sous les applaudissements du public et les confettis lancés des fenêtres.  À 12h00, c’est le tir des canons de la batterie de salut pour commémorer la fête du naufrage de St Paul (Feast of St. Paul's Shipwreck). Après la cérémonie religieuse, la procession prend vite l’allure d’un véritable carnaval parcourant la capitale.

En effet, selon la légende, saint Paul (Paul de Tarse) aurait fait naufrage à Malte, en l’an 60. Il venait de passer deux années en prison à Césarée, siège de l’autorité romaine en Palestine et naviguait vers Rome pour être jugé (comme citoyen romain), en compagnie d’autres prisonniers. Une terrible tempête se déchaîna qui laissa penser à l’équipage aussi bien qu’aux prisonniers que le naufrage était inévitable et son issue fatale. Mais Paul les rassura et leur dit : « Vous sortirez tous sains et saufs de ce naufrage. Cette nuit, un ange m’est apparu et m’a dit : « Paul, tu n’as rien à craindre ; il faut que tu comparaisses devant l’empereur romain. Et Dieu sauvera tous tes compagnons » De fait, les 276 occupants du bateau parvinrent à rejoindre la côte maltaise sans dommage, selon les promesses de l’ange ! Trois mois plus tard, Paul était embarqué sur un autre bateau vers Rome où il devait être jugé puis décapité.

Timbre-poste de 1919

Le passage de Paul à Malte, s’il fut bref, a laissé de nombreuses traces car on lui attribue plusieurs miracles. Ainsi, accueilli à Mdina, dans le palais du gouverneur romain Publius, il guérit miraculeusement le père de ce dernier atteint de la dysenterie. Publius se convertit et devient le premier évêque catholique de Malte. Mais Paul prêcha aussi l’Évangile à une population qui affluait, intriguée par cet homme, tout à la fois faiseur de miracles et ardent prédicateur ! Tout cela, c’est ce que dit la légende, car pour les historiens Paul aurait plutôt fait naufrage sur la côte dalmate.

De nos jours, la figure de saint Paul hante encore l’archipel, à commencer par l’imposante statue du saint, érigée en 1845 sur la côte même où le bateau est censé avoir échoué. Tout près de la grotte où il aurait séjourné durant trois mois, on peut visiter les catacombes qui portent son nom, peu n’importe si elles datent des IVe et Ve siècles. Légende ou pas, il est avéré que Malte fut la première colonie romaine à se convertir au christianisme. Paul est le saint patron de Malte, bien sûr, et celui de différentes paroisses de l’île.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2025

 

Photos : Agustína Gava

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1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier 1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier

9 février : la Journée mondiale de la langue grecque

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue. La date de cette Journée de la langue grecquea été choisie en mémoire du poète national Dionysios Solomos décédé le 9 février 1857, auteur de l’hymne national et grand défenseur de la langue grecque.

 

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue, imitant en cela de nombreux pays. La date du 9 février pour cette Journée mondiale de la langue grecque (Παγκόσμια Ημέρα Ελληνικής Γλώσσας) a été choisie en mémoire du poète national Dionýsios Solomós, décédé le 9 février 1857.

L’objectif de cette journée de l’hellénophonie est de souligner la contribution de la langue grecque au développement de la culture européenne et mondiale. La valeur de la langue grecque est inestimable. C'est une langue parlée sans interruption depuis 40 siècles et écrite avec le même alphabet depuis 28 siècles ! C'est la langue dans laquelle de grands philosophes, poètes et écrivains nous ont laissé leur œuvre. Homère, Platon, Thucydide, Eschyle, Aristophane, Hippocrate, Évangélistes, Pères de l'Église et tant d'autres. La langue grecque a façonné l'histoire de la civilisation humaine. C'est la langue riche de la littérature et la langue précise de la science.

Dionýsios Solomós est né en 1798 dans une famille crétoise réfugiée à Zante pour échapper à l’occupation ottomane. Zante est l’une des îles Ioniennes possession vénitienne. Imprégné de culture italienne, il avait commencé à écrire en italien, avant de se mettre au grec dont Solomós sera un ardant défenseur, en particulier dans sa version démotique. En 1823, c’est en grec qu’il écrit son Hymne à la Liberté, inspiré par les débuts de la guerre d’indépendance de la Grèce contre les Ottomans. 

L’Hymne à la Liberté (Ύμνος εις την Ελευθερίαν) est un poème de 158 strophes écrit il y a exactement deux siècles, la musique fut composée par Nikólaos Mántzaros en 1828. Les vingt-quatre premières strophes forment depuis 1865, l’hymne national de la Grèce (toutefois, seules les deux premières sont jouées et chantées lors de l'élévation du drapeau).

La promotion et le renforcement de la langue grecque, tant dans les écoles grecques que dans la communauté grecque au sens large, sont aujourd'hui plus que jamais un objectif de la plus haute priorité pour le gouvernement grec. On le sait, le grec est la langue officielle de la Grèce et de Chypre, ainsi que l'une des 23 langues officielles de l'Union européenne. Mais, c'est aussi une langue minoritaire officiellement reconnue en Albanie, Arménie, Italie, Hongrie, Roumanie, Turquie et Ukraine. Dans ce dernier pays, par exemple, Marioupol et sa région étaient habités par de très nombreux Hellénophones, aujourd’hui dispersés ou massacrés par les Russes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2025

 

Dionýsios Solomós : « Μήγαρις πὼς ἔχω ἄλλο τὶ στὸ νοῦ μου πάρεξ ελευθερία καὶ γλώσσα » (Mais puisque j'ai autre chose en tête, donnez-moi la liberté et le langage ?)

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Inde, 8 février Bruno Teissier Inde, 8 février Bruno Teissier

8 février : le jour de la demande en mariage en Inde

Aujourd'hui, en Inde, pour une classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde, c’est Propose Day, le Jour de la demande en mariage, deuxième jour de la semaine de la Saint-Valentin, une fête honnie par les autorités.

 

Les Indiens comme un peu partout dans le monde ont adopté la Saint-Valentin. En Inde, cette fête désuète en Occident, est prise très au sérieux dans une partie de la population, la classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde. Mais, dans les milieux conservateurs, le 14-Février est vue comme une fête qui va à l’encontre de la culture indienne. À tel point que des extrémistes hindouistes font régulièrement des descentes dans les magasins pour brûler les cartes de vœux et détruire fleurs de la Saint-Valentin. 

Est-ce par réaction, qu’en Inde ceux qui célèbrent cette fête, la déclinent sur toute une semaine du 7 au 14 février ? Hier c'était la « Journée de la Rose », le jour où l'on offre des roses à son amoureuse(eux) potentielle. Aujourd’hui, 8 février, deuxième jour de la fameuse semaine, c’est Propose Day, la Journée de la proposition (la demande en mariage), प्रपोज डे (en hindi), প্রস্তাব দিবস (en bengali), ਪ੍ਰਸਤਾਵ ਦਿਵਸ (en penjabi)… La demande ne se fait pas à légère. En Inde, la plupart des mariages sont arrangés entre deux familles qui y consacrent des efforts et des ressources financières considérables tant pour leur préparation que pour leur célébration.

La semaine de la Saint-Valentin se poursuit avec la journée où on s’offre des chocolats (9 février) ou des nounours (10 février), la peluche étant un symbole de réconfort et d’attention. Le 11 février est plus sérieux, c’est la Journée des promesses ; suivi de la Journée des câlins (12 février) puis des baisers (13 février)… Là, on s’approche de l’indécence. Un simple baiser en public pour être l’objet de poursuite pour « acte obscène ». C’est une des missions de la police indienne que de veiller aux « bonnes mœurs ». Dans ce pays toute relation sexuelle avant le mariage est totalement prohibée. L’Inde a produit le Kamasutra et les sculptures érotiques de Khajuraho, mais la colonisation anglaise a rendu le pays très pudibond. Quand les autorités indiennes font référence aux traditions, c’est à celles héritées de la morale victorienne et non la culture indienne ancienne qu’elles font allusion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

 
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1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier 1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier

7 février  : la mémoire du roi Hussein de Jordanie

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II et la reine Rania se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein.

 

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II, la reine Rania et plusieurs membres de la famille royale jordanienne se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein au Cimetière royal à Amman. Celui qu’on surnommait le « Petit Roi » avait préservé l’unité de son pays au milieu d’une succession de crises et de guerres qui n’ont jamais cessé depuis qu’existe ce petit royaume créé en 1921 par les Anglais pour être un État tampon.

Cet anniversaire est l’occasion de faire appel aux mânes du roi qui a régné 46 ans  sur la Jordanie, après avoir vu son grand-père, Abdallah Ier, assassiné à bout portant, sous ses yeux, en sortant de la mosquée de Jérusalem. Lui-même avait eu la vie sauve grâce à une médaille portée autour de son cou, sur laquelle une des balles avait ricoché. Deux ans plus tard, en 1953, il montait sur le trône de Jordanie à l’âge de 17 ans.

Hussein Ier a survécu à des dizaines de tentatives d'assassinat et de complots, au terrorisme palestinien et à trois guerres contre Israël. Il a joué le rôle d'intermédiaire conciliant entre les différents rivaux du Moyen-Orient et a été considéré comme l'artisan de la paix dans la région. Il était vénéré pour avoir gracié des dissidents et des opposants politiques et leur avoir accordé des postes de haut niveau au sein du gouvernement. La baraka n’aura pas accompagné jusqu’au bout le très populaire roi Hussein : il est décédé à l'âge de 63 ans des suites d'un cancer le 7 février 1999. Au moment de son décès, il était le chef d’État en exercice le plus ancien au monde. C’est dire l’émotion qui a accompagné sa disparition. C’est son fils aîné, Abdullah II, qui lui a succédé.

Ce 7 février 2025, alors qu’il se recueille sur la tombe de son père, le roi Abdallah II fête ses 26 ans sur le trône. Son jubilé d’argent a été célébré le 9 juin dernier, à l’occasion du 25e anniversaire de sa cérémonie d’intronisation.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

Des Jordaniens en deuil de leur roi, le 8 février 1999.

 
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1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier 1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier

6 février : la fête nationale contestée de la Nouvelle Zélande

L’ambiance de la fête nationale de Nouvelle Zélande n’est pas des plus sereine depuis le retour de la droite au pouvoir. C’est l’anniversaire d’un traité controversé entre les autochtones maoris et les colons anglais que l’on célèbre aujourd’hui. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840.

 

La Nouvelle Zélande a le mérite de ne pas avoir choisi comme fête nationale l’anniversaire de l’arrivée des premiers Euro­péens, comme le très controversé Australia Day. L’ambiance n’est pas pour autant plus sereine car on a opté pour la date d’un traité entre les autochtones maoris et les colons anglais. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840. C’était, il a 185 ans jour pour jour. D’année en année, les activistes maoris ont fait de Waitangi Day (Te Rā o Waitangi) une journée de protestation contre l’iniquité du traité qui leur a été imposé par le Royaume Uni. Beaucoup sont, en effet, convaincus que ce traité qui devait les protéger, les a en réalité grandement défavorisés. Surtout, depuis qu’ils ont pris conscience que les deux versions du texte en anglais et en maoris ne disaient pas vraiment la même chose.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les Maoris ont perdu le contrôle d’une grande partie des terres qu’ils possédaient, le plus souvent après des confiscations. Le fameux traité, était alors totalement ignoré. À partir des années 1950, les Maoris ont de plus en plus cherché à utiliser le Traité comme une base pour revendiquer des droits et récupérer les terres perdues. Les gouvernements des années 1960 et 1970 ont répondu en donnant au Traité un rôle de plus en plus central mais selon l'interprétation qu’en ont faite les Anglais. Car, comme on l’a vu, les deux versions divergent.

De fait, peu de commémorations importantes sont organisées pour l’anniversaire de ce jour fondateur de la Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais profitent généralement de ce jour férié qui tombe à la période la plus chaude de l’été, pour aller à la plage. Ceux qui ne partent pas, pourront se rendre au Summer Vibes North Shore Waitangi Day Festival à Auckland.

À Waitangi, lieu de signature du traité, les commémorations commencent généralement la veille, le 5 février. Dans les années 2000, des violences avaient régulièrement lieu, au point que la cérémonie avait été, un temps, déplacée à Wellington. Aujourd’hui, la protestation se limite à des débats vigoureux auxquels des politiciens néo-zélandais sont invités à participer. L'année dernière, on a connu un afflux sans précédent, quelque 80 000 personnes sont venues à Wataingi, soit quatre fois plus que lors des célébrations précédentes. C’était une réponse aux politiques du nouveau gouvernement de droite qui a succédé aux travaillistes. Le parti libertarien ACT (Association of Consumers and Taxpayers) membre de la coalition gouvernementale, milite même pour supprimer tout droit spécifique aux Maoris. D’ailleurs, cette année, Christopher Luxon, le premier ministre, a annoncé qu’il ne viendrait pas.

Célébré depuis 1934 seulement, car le traité avait été oublié et redécouvert au début des années 1930, ce jour n’est férié que depuis 1974, d’abord sous le nom de New Zealand Day puis de Waitangi Day ou te Tiriti o Waitangi.

Les Maoris forment une population d’un peu plus d’un million de personnes (en comptant la diaspora) et quelque 17% de la population néo-zélandaise actuelle.

À Londres, la ville où vivent le plus d’expatriés néo-zélandais, la fête nationale est célébrée par le Waitangi Day Charitable Ball, organisé par la New Zealand Society et lors duquel on décerne le prix du Néo-Zélandais de l'année au Royaume-Uni. Par ailleurs, il est aussi d’usage de faire la tournée des pubs en utilisant la Circle Line du métro londonien. Ce “Kiwi barathon”, comme on l’appelle, aura lieu ce samedi, le 8 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 février 2025

 
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1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier 1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier

5 février : la Finlande célèbre son poète national

Aujourd’hui, les pâtisseries de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, la « tarte de Runeberg », le poète, auteur de l’hymne national dont c’est l’anniversaire. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe…

 

Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, avec de la confiture de framboise, c’est la Runebergintorttu, la « tarte de Runeberg », du nom de Johan Ludvig Runeberg. Celui-ci n’était pas pâtissier, on dit que c’est Fredrika, son épouse, bonne pâtissière qui aurait créé ce gâteau. Johan Ludvig Runeberg (1804-1877), est considéré comme le poète national de la Finlande, même s’il écrivait en suédois, sa langue maternelle. Il fut de ceux qui éveillèrent les Finlandais à la conscience de leur identité nationale.

Sa statue se dresse à Helsinki, au milieu des jardins de l’Esplanade. À ses pieds, une femme, allégorie de la nation, tient une tablette de pierre où sont gravées les paroles de l’hymne national finlandais Maamme (Notre pays) dont il est l’auteur. L’anniversaire du poète, né en 1804, le Runebergsdagen (le Jour de Runeberg) est célébré chaque 5 février.

Son œuvre la plus connue est Les Récits de l'enseigne Stål, écrit entre 1848 et 1860, que l'on considère comme le plus grand poème épique finlandais, après le Kalevala, bien sûr. Le texte de Runeberg raconte la guerre perdue par la Suède contre la Russie ce qui fit basculer  la Finlande dans le giron du tsar de Russie, une situation qui dura jusqu’au 6 décembre 1917, quand l’État finlandais s’est émancipé de l’Empire russe. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe, une chance que n’ont pas eu d’autres peuples vivant à la périphérie du monde russe. D’où les inquiétudes actuelles face au réveil violent de l’impérialisme russe.

Le premier poème de cette œuvre est devenu l’hymne national de la Finlande : Vårt land (en suédois) ou Maamme (en finnois).

Porvoo, où le poète a vécu une grande partie de sa vie (de 1837 jusqu'à sa mort en 1877), organisera ce soir la traditionnelle procession aux flambeaux en l'honneur du Runebergsdagen, dans les rues de la cité. Hier soir, un concert a été donné dans sa maison, transformée en musée (gratuit aujourd’hui). Quant à Jakobstad, sa ville natale, elle propose une Semaine de Runeberg.

Le prix Runeberg de littérature est décerné le jour de Runeberg et il existe un prix Runeberg Junior de littérature pour enfants est attribué à peu près à la même période. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025

 

La version finnoise de l’hymne national (première strophe) et sa traduction :

Oh, notre pays, Finlande, pays natal !
Résonne, ô parole d'or !
Nulle vallée, nulle colline,
nulle eau, nulle rive, n'est plus aimée
que cette demeure dans le Nord,
cher pays de nos pères.

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