L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
13 décembre : le Jour du Souvenir acadien
Les Acadiens commémorent une opération de nettoyage ethnique qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle au Canada, connue sous le nom de Grand Dérangement. La date du 13 décembre est celle d’un terrible naufrage qui a englouti des centaines d’Acadiens déportés par les Anglais.
Français et Anglais se sont affrontés pour le contrôle de ce qui est devenu le Canada. Les Anglais qui ont remporté la seconde guerre intercoloniale, vont chercher à angliciser leurs conquêtes, en particulier l’Acadie dont une grande partie des habitants français a refusé de prêter allégeance au roi d’Angleterre. Ils seront donc évincés de leur région (qui correspond aux provinces maritimes du Canada actuel, renvoyés brutalement en Europe ou chassés vers le Québec. Cette opération de nettoyage ethnique, qui a eu lieu au milieu du XVIIIe siècle, est connue sous le nom de Grand Dérangement.
Les descendants Acadiens, vivant toujours en Amérique du Nord, célèbrent cette mémoire chaque 15 août mais récemment, en 2004, ils ont rajouté une date désignée comme le Jour du Souvenir acadien qui est célébré chaque année le 13 décembre. Il a été institué pour rendre hommage à plus de 3 000 Acadiens qui ont été déportés de l'Île-du-Prince-Édouard en 1758, ainsi qu'aux autres victimes du Grand Dérangement.
La date du 13 décembre est celle du naufrage du Duke William, en 1758, faisant 362 victimes. Ce fut le pire de trois naufrages survenus dans l’espace de cinq jours, provoquant la mort de plus de 850 Acadiens. À ces décès, s’ajoutent ceux qui n’ont pas survécu à la pénible traversée de l’Atlantique des îles Royale et Saint-Jean vers l’Europe. Ce 13-Décembre n’oublie pas non plus ceux qui sont morts au Québec durant l’hiver 1757-1758, sont décédés de faim et de misère, surtout durant la grande disette sur la rivière Miramichi… Un hommage est rendu à toutes les victimes de la déportation du peuple Acadien (environ 11500 personnes) qui a débuté en 1755 pour laisser place à un repeuplement britannique des provinces orientales de la colonie anglaise : la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'île-du-Prince-Édouard.
Le Jour du souvenir acadien est marqué à l’Île-du-Prince-Édouard par une cérémonie qui se déroule, cette année pour la vingtième fois, autour du Monument de l’Odyssée acadienne, inauguré le 13 décembre 2008, année où on marquait le 250e anniversaire de la déportation de l’île Saint-Jean, qui a été si meurtrière. Il existe près d’une vingtaine de monuments sont déjà érigés à la mémoire des Acadiens déportés, dont cinq au Nouveau-Brunswick, trois en Nouvelle-Écosse, un à l'Île-du-Prince-Édouard, un à Terre-Neuve-et-Labrador, quatre au Québec, un en Louisiane et un à Miquelon (France).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2024
Le drapeau acadien (photo Rémi Jouan)
12 décembre : le Jour de la constitution russe
La Russie commémore aujourd’hui une constitution qui a été tellement remaniée pour offrir à Poutine un pouvoir absolu et sans limite qu’elle ne ressemble plus guère à celle qui avait été adoptée en 1993 et qui était destinée à faire de la Russie une démocratie inspirée d’un régime semi-présidentiel à la française.
La Russie commémore aujourd’hui une constitution qui a été tellement remaniée pour offrir à Poutine un pouvoir absolu et sans limite qu’elle ne ressemble plus guère à celle qui avait été adoptée en 1993 et qui était destinée à faire de la Russie une démocratie inspirée d’un régime semi-présidentiel à la française.
La Constitution est approuvée lors d'un référendum constitutionnel organisé le 12 décembre 1993. L’année suivante Boris Elstine avait fait du 12 décembre un jour férié et chômé en l’honneur du nouveau régime. La Russie indépendante de l’URSS moribonde en 1991, ne pouvait pas continuer à vivre avec la constitution soviétique de 1978. La Constitution de 1993 fait une large place au respect du droit international, y compris des droits de l’homme, et consacre les principes de la séparation des pouvoirs, de l’État de droit et du respect de la démocratie. Au moins sur le papier.
Depuis 2005, le Jour de la Constitution russe (День Конституции России) n’est plus qu’un jour commémoratif officiel. Il est généralement marqué par des discours publics et des cérémonies, notamment la remise de leur premier passeport aux jeunes citoyens ayant atteint l'âge de quatorze ans. Comme chaque année, les tours de télévision du réseau de télévision et de radio russe sont illuminées aux couleurs de la Russie de 17h à minuit, en l'honneur du Jour de la Constitution.
Lors de ses premiers mandats, Vladimir Poutine affirmait régulièrement que la Constitution était sacrée et qu’il n’y toucherait jamais. En 2012, il affirmait encore « J’ai toujours défendu et je défends la Constitution de la Fédération de Russie. Et il y est clairement inscrit : pas plus de deux mandats successifs. ». L’avenir prouvera le contraire. Sentant le soutien populaire lui échapper, son propre parti Russie Unie ayant fait une contre-performance aux municipales de 2019, notamment à Moscou, Poutine décide d’adapter la constitution à son projet politique. La révision constitutionnelle de 2020 inscrit dans le marbre le droit de Vladimir Poutine à briguer deux mandats supplémentaires de six ans, pour 2024-2030 et 2030-2036. C’est la présidence à vie, ou presque, car Poutine aura 84 ans en 2036. Le référendum s’étale sur sept jours, du 25 juin au 1er juillet, pour approuver le fait accompli : les urnes ont été aux mains des présidents de bureaux de vote pendant sept jours et sept nuits, sans observateurs indépendants.
Le dictateur russe en profite pour façonner la culture politique du pays dans un sens à la fois souverainiste et ultra conservateur. Cette révision de la constitution de 1993 introduit la référence à Dieu et à la religion alors que jusque-là, la Russie se présentait comme un État laïc. Le nouveau texte impose les valeurs dites « traditionnelles » au droit de la famille, à l’éducation des enfants, à la sexualité… Il place également la loi russe au-dessus du droit international. On ajoute également l’interdiction de contester l’intégrité territoriale de la Russie ainsi que des références à l’héritage de l’URSS.
La consultation populaire demandait une réponse par oui ou non à un paquet de quarante-six révisions. Et il n’y avait pas de seuil de participation pour valider le vote. Par ce plébiscite de 2020, Vladimir poutine impose un régime de dictature personnelle dont le caractère autoritaire s’aggravera avec l’état de guerre instauré en février 2022, au moment de l’agression de l’Ukraine décidée par lui-même. L’interdiction de toute opposition est désormais totale et le champ médiatique est totalement muselé. On est passé, en très peu d’années d’un régime autoritaire qui se voulait soucieux du respect des normes constitutionnelles, du moins en façade, à un régime totalitaire digne de celui que les Russes ont connu jadis. Le plus inquiétant est que le projet du dictateur Poutine consiste aujourd’hui à un anéantissement de la démocratie à l’échelle du continent.
Cette tradition de fêter la constitution, sans la respecter, est héritée de l’URSS. Jusqu’en 1977, on célébrait chaque 5 décembre, la constitution de 1936. De 1978 à 1993, le Jour de la constitution était marqué le 7 octobre, jour de l’adoption de la constitution dite « de Brejnev » en 1977 .
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2024
Vladimir Poutine prêtant serment sur la Constitution le 7 mai 2000, au côté de Boris Eltsine, auquel il succède comme président de la Russie (il occupait en réalité le poste, par intérim, depuis le 31 décembre 1999 suite à la démission d’Eltsine).
Image de propagande en faveur du Jour de la constitution de la fédération de Russie
11 décembre : le jour où le Canada est devenu presque indépendant
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique. C’est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster, adopté par le Parlement britannique en 1931, qui accorde au Canada une quasi indépendance.
Chaque 11 décembre, du lever du soleil, les bâtiments officiels du Canada hissent le drapeau britannique, sans pour autant retirer le drapeau à la feuille d’érable. Cela concerne les immeubles fédéraux, les aéroports, les bases militaires et autres établissements fédéraux… tous se doivent d’arborer l’Union Jack, en même temps que le drapeau national, pour rendre hommage à une loi britannique votée en 1931.
Le 11 décembre est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Westminster adopté par le Parlement britannique. Ce jour-là, les dominions autonomes de l'Empire britannique, dont le Canada, sont devenus des nations quasi souveraines à part entière. Cette date fait un peu figure, pour le Canada, de l’obtention de l’indépendance. Enfin, presque, car la rupture de 1931 est loin d’être totale puisque le roi d’Angleterre demeure celui du Canada. L’indépendance ne sera que graduelle. Par exemple, jusqu’en 1949, c’est le comité judiciaire du Conseil privé, un organisme britannique, qui reste la dernière cour d’appel pour les Canadiens. Ce pouvoir sera ensuite transféré à la Cour suprême du Canada. Autre exemple, le Parlement britannique conserve le pouvoir de modifier la Constitution du Canada, jusqu’en 1982, année de son rapatriement outre Atlantique… En revanche, sur la scène internationale, le Canada n’avait pas attendu le statut de Westminster pour agir sans en référer à Londres. Dès 1923, il signait un accord de pêches avec les États-Unis. En 1926, un premier ambassadeur canadien prenait son poste à Washington…
La Confédération canadienne a été fondée en 1867 et a acquis le statut de nation à la bataille de la Crête de Vimy, le 9 avril 1917. Il lui restait d’obtenir la reconnaissance de son autonomie, à la fois sur les scènes nationale et internationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
10 décembre : la victoire de l’Irak sur l’État islamique
Il y a 7 ans, le 10 décembre 2017, le premier ministre irakien annonçait la fin de la guerre contre Daech et la victoire de l’armée irakienne, célébrée désormais par un jour férié. L’État islamique n’a néanmoins pas été totalement anéanti, quelques djihadistes cachés dans le désert lancent encore des attaques sporadiques.
Le 10 décembre 2017, Haidar al-Abadi, le premier ministre irakien de l’époque annonçait la « victoire » de l’armé irakienne sur le groupe jihadiste État islamique (EI) et donc « la fin de la guerre contre Daech ». Pour célébrer cette victoire, le 10 décembre a été désigné jour férié sous le nom de Jour de la grande victoire contre l'État islamique (يوم النصر العظيم على داعش). Cette journée est marquée par des défilés militaires et d'autres événements festifs en l'honneur des forces armées irakiennes ainsi que par des interventions pédagogiques dans toutes les écoles.
La célébration n’a rien perdu de son importance. Samedi dernier, l’actuel premier ministre, Muhammad Shiaa Al-Sudani donnait ses directives pour les cinq jours de fête marquant le septième anniversaire de la victoire (du 8 au 12 décembre), demandant aux ministères mais aussi aux syndicats, associations et autres organisations de la société civile d’organiser des évènements pour l’occasion, en particulier le 10 décembre, jour chômé en Irak dans toutes les institutions gouvernementales.
Daech (l’État islamique) avait pris le contrôle d’une partie du pays en 2014 : d’abord Falloujah, et d’autres villes clé, puis Mossoul, la deuxième ville du pays, tombée le 9 juin 2014… Falloujah ne sera reprise par l’armée gouvernementale qu’en 2016 et Mossoul, le 10 juillet 2017. Il fallut encore quelques mois pour les dernières portions du territoire irakien, encore aux mains de Daech, tombent à leur tour.
Cela dit malgré cette victoire, célébrée chaque 10 décembre, l’éradication de Daech n’a jamais été totale ni en Irak ni en Syrie. L’EI aurait encore des armes et des caches dans le désert et continue d’attaquer sporadiquement les effectifs de l’armée et de la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées, hors des grandes villes. Ce qui engendre des ripostes de l’armée gouvernementale. Dernièrement, le 22 octobre 2024, les autorités irakiennes annonçaient avoir tué 9 membres de l'État islamique dont Jassim al-Mazrouei, connu sous le nom d'Abou Abdel Qader, le chef de l’organisation en Irak depuis moins d'un an. Aujourd’hui encore, en dépit des dénégations de Donald Trump, les États-Unis déploient environ 2 500 militaires en Irak et près de 900 en Syrie, au sein de la coalition internationale créée en 2014 pour combattre Daech. L’alliance comprend des effectifs de plusieurs autres pays, notamment la France ou la Grande-Bretagne. Preuve que le danger n’a toujours pas été définitivement écarté, surtout depuis que le voisin syrien a sombré dans le chaos.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2024
9 décembre : les 200 ans d’indépendance du Pérou, la gloire de son armée
Le Pérou célèbre chaque 9 décembre son Jour de l’armée par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse est à l’origine du Pérou actuel.
Chaque 9 décembre, le Pérou célèbre son Jour de l’armée (Día del Ejército) par de grands défilés militaires montrant une armée glorieuse. Cette année 2024 est particulière puisqu’on fête le 200e anniversaire de la bataille d’Ayacucho dont l’issue victorieuse servit de prétexte à glorifier chaque année l’armée péruvienne.
Le 9 décembre 1824, une armée composée de soldats péruviens, argentins, vénézuéliens, colombiens et chiliens, sous le commandement du général Antonio José de Sucre, écrasait l’armée royaliste, fidèle au vice-roi du Pérou qui se battait pour le maintien de la domination espagnole sur l’Amérique du Sud. Cette victoire des indépendantistes à Pampa de Ayacucho, dans la banlieue d'Ayacucho, est importante car elle met un terme au dernier affrontement important des guerres d'indépendance en Amérique du Sud commencées par la révolution de Chuquisaca en 1809 dans le Haut-Pérou et s’achevant avec l'occupation des forteresses de Callao en 1826.
La bataille d'Ayacucho est généralement considérée comme la fin de la guerre d'indépendance péruvienne. Elle a ouvert la voie à l’existence du pays et lui a donné ses contours actuels. L’indépendance avait été proclamée le 28 juillet 1821 mais pour qu’elle soit effective, il fallait écarter la menace militaire de l’Espagne. C’est ce qu’à permis cette victoire. Mais celle-ci a eu une autre conséquence : une scission va très vite séparer le pays en un Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (qui va adopter le nom de Bolivie) et un Bas-Pérou (le Pérou actuel). C’est bien aujourd’hui que l’on peut célébrer le bicentenaire du Pérou. Pour l’occasion, les cérémonies durent plusieurs jours en présence de la présidente Dina Boluarte.
Aujourd’hui, le Pérou n’a plus faire face à la moindre menace militaire. Si l’armée est toujours officiellement une institution engagée dans la défense de la patrie, aujourd’hui, elle est avant tout une force mobilisable pour venir en aide à la population face à des événements naturels ou à des urgences majeures, comme le phénomène El Niño, les tremblements de terre, les glissements de terrain et les débordements de rivières… L’armée est fière d’affirmer que sur le terrain des catastrophes, les soldats péruviens sont toujours les premiers arrivés et les derniers repartis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2024
Le début des cérémonies, hier, en présence de la présidente Dina Boluarte
Batalla de Ayacucho, œuvre de Martín Tovar y Tovar (1827-1902)
8 décembre : la fête nationale des Corses
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse. Ses racines remontent au XVIIIe siècle mais la tradition, oubliée pendant deux siècles, n’a été réinventée que récemment.
Le 8 décembre s’est imposé depuis deux ou trois décennies comme la fête nationale de la Corse (a Festa di a nazione corse). Les racines toutefois sont beaucoup plus anciennes. Tout remonte à la révolte des Corses contre Gênes qui a débuté en 1729. La Corse à l’époque dépendait de la République de Gênes. Après avoir appelé la France et l’Autriche sans grand succès pour mater l’insurrection, Gênes finit par lâcher prise en 1735.
Selon la légende, le 8 décembre 1735, les principaux chefs de la lutte corse contre l'occupation génoise, se seraient réunis dans un couvent franciscain de Castagniccia, formant une assemblée qui prononçait la volonté d'indépendance de l’île. C’est une légende car il ne s’est rien passé précisément le 8 décembre de cette année-là.
C’est au début de l’année 1735 que la Corse se proclame indépendante et promulgue une constitution qui place l’île sous la protection de la Vierge, celle-ci était patronne de l’île depuis 1736. Ce texte du 30 janvier 1735 déclarait alors : « (...) nous décidons que tous, les armes et les drapeaux dans notre dit royaume, soient empreints de l'image de l'Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête soient célébrés dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion (...) ». Ainsi le 8 décembre (l’Ottu di dicembri) devenait la fête de la nation corse. C’est à cette occasion qu’un chant religieux célébrant la Vierge Marie fut choisi comme hymne national, le Dio vi Salvi Regina (« Dieu vous garde, Reine »), composé au début du XVIIIe siècle par le jésuite napolitain Francesco de Geronimo.
Cet attachement de la Corse à l’Immaculée conception (Immaculata Cuncezziò) est d’ailleurs bien antérieure à celle du reste de l’Église catholique car c’est en 1854 seulement que cette vieille fête, un peu oubliée, a été érigée en dogme par le pape Pie IX, avec la date du 8 décembre.
Pourquoi ce choix de la Vierge qui contrarie ceux qui préféreraient une référence plus laïque ? Probablement est-ce un emprunt à la République de Gênes où elle était particulièrement vénérée. Ensuite, plus tard, quand la République française s’est voulue laïque, la Corse restée très catholique, a vu dans cette référence religieuse un moyen de se distinguer du continent et d’affirmer son identité propre.
On le sait, l’indépendance de la Corse a tourné court, après quelques retournements de situation, la France prit le contrôle de l’île de Beauté en 1769. Cette fête du 8 décembre tombera alors quasiment dans l’oubli pendant deux siècles, pour ne réapparaître que très discrètement dans les années 1970, dans le cadre du Riacquistu, « la réappropriation » par les Corses de leur passé culturel. Un semblable processus a eu lieu dans de nombreuses régions de France à cette époque, mais en Corse, il a évolué en revendication politique. C’est en 1981 que le mouvement autonomiste Unione di u populu corsu (« Union du peuple corse ») a commencé à revendiquer la date du 8 décembre et à lui donner une valeur politique.
L’adhésion à cette date ne fut pas immédiate, beaucoup auraient préféré fêter le 15 juillet, jour anniversaire de la proclamation de Pasquale Paoli comme chef de la nation corse en 1755, ce qui était politiquement beaucoup plus fort qu’une fête religieuse ressortie de la naphtaline. Mais les mouvements nationalistes, toujours très divisés, s’en sont tenus à la tradition, même s’il s’agit d’une tradition réinventée. Il y a quelques années, l’historien bastiais, Hubert Lenziani a exhumé une autre date dans un article qui relatait l'Assemblée d'Orezza de 1790 : « Une proposition émanant d’un représentant dénommé Pietri propose que le 30 novembre, faisant allusion à l’année 1789, date d’adhésion de la Corse à l’Imperium français, soit décrété fête nationale de la Corse. Ceci est voté à l’unanimité ». D’autres dates auraient pu s’imposer…
L’attachement à faire du 8 décembre un jour férié ne date véritablement que du début du XXIe siècle. Depuis quelques années, beaucoup de commerces corses tirent leur rideau ce jour-là. L'université de Corse-Pascal-Paoli de Corte a été pionnière en accordant la journée du 8 décembre aux étudiants dès 1998. Appuyée par les tenants locaux de la laïcité, l’Éducation nationale n’a jamais cédé pour les autres établissements. Mais face à l’absentéisme des lycéens les plus militants, elle a fini par accepter, en 2004, qu’au sein des établissements scolaires la journée du 8 décembre soit consacrée au patrimoine linguistique et culturel de la Corse, tout en laissant une grande autonomie aux lycéens pour l’organiser. C’est aussi une manière d’intégrer à la culture locale les nombreux lycéens issus de l’immigration, d’autant qu’en Corse le 8-Décembre a aujourd’hui largement perdu son caractère religieux. Même si, désormais, c’est généralement autour du 8 décembre que s’ouvrent les marchés de Noël, une tradition récemment importée du continent.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2024
7 décembre : le Timor oriental se souvient de la terrible occupation indonésienne
Le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et occuperont pendant 24 ans, multipliant exactions et massacres. Au Timor oriental, le 7 décembre est désormais un jour férié dédié aux victimes de cette période noire de l’Histoire du pays.
Au Timor oriental, le 7 décembre est un jour férié dédié aux victimes de l'occupation indonésienne qui a duré de 1975 à 1999.
Le 28 novembre 1975, le Front révolutionnaire du Timor-Leste avait prononcé l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. Neuf jours plus tard, le 7 décembre 1975, les forces militaires indonésiennes envahissaient le Timor oriental et l'occuperont pendant 24 ans. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, en mémoire des victimes de cette période : exécutions, massacres, tortures et famine délibérée : quelque 250 000 personnes ont perdu la vie du fait de l’occupation indonésienne.
L’ONU a vigoureusement dénoncé cette agression militaire et ne reconnaîtra jamais l’annexion indonésienne du Timor oriental. Mais l’Indonésie, dont le dictateur Suharto avait le soutien total des États-Unis encourageront l’annexion du Timor-Leste par cette dernière. Quant à l’Australie, elle reconnaîtra cette annexion et en profitera pour piller ses ressources pétrolières du Timor oriental. Il faudra attendre la chute du dictateur indonésien, en 1998, et une évolution de l’attitude de l’Australie pour que l’emprise indonésienne se desserre à partir de 1999.
Aussitôt après l’indépendance, rétablie le 20 mai 2002, la journée du 7 décembre avait été déclarée Jour des héros nationaux. En 2016, celui-ci a été déplacé au 31 décembre et le 7-Décembre est devenu le Jour de mémoire des victimes de l'invasion indonésienne (Dia em Memória das Vítimas da Invasão Indonésia). Le 7 décembre 2020, un mémorial dédié aux victimes a été inauguré dans le port de Dili, la capitale. C’est là que se déroule les commémorations du 7-Décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2024
Parachutage indonésiens au dessus de Dili le 7 décembre 1975 (Photo : Archives du musée de la Résistance du Timor-Leste)
6 décembre : la mémoire du siège de Dubrovnik
La Journée des défenseurs de Dubrovnik est liée au long siège de la ville lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991-1992. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade contre la Croatie.
Cette journée est connue sous le nom de Journée des défenseurs de Dubrovnik (Dan branitelja Dubrovnika) et sa célébration est liée au long siège de Dubrovnik lors de l'éclatement de la Yougoslavie.
Le siège de Dubrovnik avait débuté le 1er octobre 1991 lorsque les unités de l'Armée populaire yougoslave lancèrent une attaque contre la ville. Le siège dura jusqu'au 31 mai 1992. Le conflit rappelle celui que vit l’Ukraine aujourd’hui. Belgrade n’avait pas accepté que la Croatie fasse sécession, et a lancé contre elle, l’Armée yougoslave, une armée essentiellement composée de Serbes puisque Slovènes, Croates et Bosniaques l’avaient quitté. Ces forces commanditées par l’ultra nationaliste serbe Slobodan Milosevic ont bombardé les principales villes croates pour tenter d’empêcher l’éclatement de la Yougoslavie communiste, avec la même fureur que Poutine a tenté de prendre Kiev ou Karkiv en 2022, en souvenir de la défunte URSS.
Une centaine de civils sont morts pendant le siège de Dubrovnik, 70 % des bâtiments de la vieille ville (classée au patrimoine mondial de l'UNESCO) furent endommagés. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade.
Chaque année, du 3 au 7 décembre, la ville organise tout un programme de commémorations dont la partie centrale a lieu le 6 décembre. La journée commence à 8h au cimetière de Boninovo, avec un hommage aux anciens combattants tombés au combat, en particulier les pompiers, les policiers… À 11h15, c’est un récital d'enfants du primaire à l'amphithéâtre Srđ et, à 12h, un dépôt de fleurs avec allumage de bougies au pied de la croix de Srđ (la montagne qui domine la ville). À 13h, dans le port de la vieille ville, on rend hommage aux marins et vétérans tués en mer. À 15h30, les officiels se rendent au Mémorial des martyrs de Sustjepan, dans le cimetière de ce village côtier situé au nord de Dubrovnik. À 15h45, une messe est dite dans l’église de St. Nikola de Sustjepan. À 17h, retour à Dubrovnik pour le défilé de la fanfare de la ville sur le vieux port, le Stradun et devant l'église Saint-Pierre. À 18h, dans la cathédrale de Dubrovnik, c’est la traditionnelle messe solennelle à la mémoire de tous les anciens combattants tombés au combat. La soirée se termine par des concerts : à 20h, sur le Stradun, la célèbre rue centrale de la vieille ville, Đani Stipanićev & Klapa More & Klapa Ragusavecchia et, à 21h, Marko Perković, dit Thompson, le célèbre chanteur de la mouvance nationaliste croate. Le maire de Dubrovnik, Mato Franković (HDZ, droite) a toutefois interdit d’arborer les symboles du mouvement oustachi (fasciste) lors de cette journée du 6 décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024
Cette année, pour le 6 décembre, le maire de Dubrovnik, Mato Franković, au centre, a fait confectionner des tee-shirts arborant le drapeau croate et l’effigie de saint Blaise, le patron de la ville. Ceci afin d’éviter d’être débordé par la symbolique nationaliste et fasciste qui tente de s’imposer lors de chaque commémoration liée au conflit yougoslave des années 1990.
5 décembre : le monde chiite pleure Fatima az-Zahrâ
Ce jour est un jour de deuil dans le monde chiite. En Iran et en Irak, l’anniversaire du martyre de Fatima est célébré chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Les chiites, en effet, sont convaincus que la fille du prophète Mahomet a été assassinée.
En Iran, en Irak et dans tout le reste du monde chiite, on célèbre le Martyre de Fâtima az-Zahrâ (شهادت حضرت فاطمه(س
Fatima (ou Fatimah) est la plus jeune fille de Mahomet, le prophète des musulmans. Fatimah az-Zahra (dite la brillante) est décédée vers 632, seulement quelques mois après son père. Pour les sunnites, la fille inconsolable serait morte de chagrin. Mais pour les chiites, elle n’aurait pas perdu la vie de manière naturelle mais des suites de ses blessures après l’attaque de sa maison commanditée par le calife Omar qu’elle tenait pour un usurpateur. Ce qui fait d'elle une martyre. Cet assassinat aurait eu lieu le 3 du mois de Joumada al-Thani en l’an 11 de l’Hégire (soit en 632 du calendrier chrétien) dont l’anniversaire tombe ce 5 décembre 2024.
Fatimah Zahra était la plus jeune fille du prophète des musulmans, Mahomet (ou Muhammad) et de sa première épouse Khadijah. Elle est très vénérée par tous les musulmans (chiites comme sunnites) car elle était très proche de son père et lui a offert son soutien quand il était en difficulté. Elle est également le seul membre de la famille du prophète à avoir eu une descendance. Elle était mariée à Ali, un cousin de Mahomet, qui fut donc le premier jeune homme à adhérer à l’islam, le premier imam aux yeux des chiites. Leurs deux fils Hassan et Hussein (Husayn) sont considérés comme les deuxième et troisième imams de l'islam chiite et les musulmans sunnites les considèrent également comme des personnalités importantes.
L'anniversaire du martyre de la fille du Prophète (Al-Fâtimîyya) est marqué chaque année par des cérémonies de deuil et des processions. Pour le commémorer, on hésite entre deux dates : le 13 Jumâda Ath-Thânîya (du calendrier musulman) et le 3 Jumâdâ al-Âkhira. La seconde date, qui tombe aujourd’hui pour le calendrier grégorien, est la plus importante des deux. Le premier Fâtimîyya (الفاطِميَّة) tombe vingt jours plus tôt. Les cérémonies durent donc 20 jours, mais seul le second Fâtimîyya est un jour férié en Iran depuis 2001. Ce jour-là, deux processions sont organisées, l’une dans la ville de Qom, vers le mausolée de Sayyida Ma’sûma, et l’autre dans la ville de Mechhed, vers le sanctuaire de l’Imam ar-Ridâ. Les villes saintes du chiite d’Irak, Najaf et Kerbala, organisent également de grande cérémonies. Ces célébrations sont précédées par trois nuits de la cérémonie de deuil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024
Cérémonie au sanctuaire Alavi, à Najaf, l’une des villes saintes du chiisme, située en Irak
Qom, en Iran
4 décembre : la Journée de l'artillerie ukrainienne
Les Ukrainiens qui souhaitent éradiquer toute référence à leur passer commun avec les Russes et sous-entendre leur appartenance à l’Occident ont changé deux fois la date de la Journée des forces de fusée et de l'artillerie, désormais fêtée à la Sainte-Barbe.
La « Journée des forces de fusée et de l'artillerie » (День ракетних військ і артилерії) est une fête nationale en Ukraine, mais ce n’est pas un jour chômé. Elle tire son origine dans la fête du même nom instaurée en URSS et qui est toujours fêté en Russie le 19 novembre. En 1997, le président ukrainien Leonid Koutchma l’avait déplacé au 3 novembre. Ce jour-là de 1943 commençait la libération de Kyiv des envahisseurs nazis, au cours de laquelle, l’artillerie avait joué un très grand rôle. Le 3 novembre 1943, lors de la bataille du Dnipro, l’artillerie soviétique , dans des conditions difficiles, assura une percée de la défense allemande fortement fortifiée au nord de Kiev par les troupes de la 38e armée (commandant de l'armée - K.S. Moskalenko, commandant de l'artillerie de l'armée - V.M. Likhachev )
Mais cette date qui fait référence à la Seconde Guerre mondiale est encore trop liée au passé aux yeux des Ukrainiens qui souhaitent éradiquer toute référence à leur passer commun avec les Russes et sous-entendre leur appartenance à l’Occident. En 2024, le président Zelensky a pris la décision de ne plus fêter le 3-Novembre mais de déplacer cette fête professionnelle au 4 décembre qui est le jour de la Sainte-Barbe. Barbara, comme ont la nomme ici, est considérée comme la patronne des artilleurs en Ukraine, mais également dans les forces armées polonaises, françaises mais aussi espagnoles et états-uniennes. De leur côté, les Russes fêtent sainte Barbara le 17 décembre du calendrier grégorien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 décembre 2024
Le 3 novembre 2017 quelque par en Ukraine (photo de l’armée ukrainienne)
3 décembre : la journée panaméricaine de la médecine
Cette journée panaméricaine de la médecine est le jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, un médecin cubain. C’est lui qui a démontré que la propagation de la fièvre jaune se faisait par le moustique Aedes aegypti. Sa découverte a sauvé des centaines de milliers de vies.
Une journée latino-américaine de la médecine (Día de la Medicina Latinoamericana) avait d’abord été instituée et placée le 3 décembre, jour anniversaire de la naissance du docteur Carlos Juan Finlay, médecin cubain en 1833. Pendant les guerres d'indépendance cubaine, il a été engagé par l'armée américaine pour analyser les pertes de soldats dues à la fièvre jaune. C’est lui qui a démontré que la propagation de cette maladie se faisait par le moustique Aedes aegypti. Ce qui contredisait la théorie du médecin états-unien Walter Reed qui assurait qu’elle était d’origine bactérienne.
Quand Carlos Juan Finlay se rend aux États-Unis, en février 1881, pour présenter son ouvrage Le moustique hypothétiquement considéré comme un agent de transmission de la fièvre jaune, il est totalement ignoré par les milieux scientifiques restés fidèles à la théorie de Reed. Il faudra attendre 1911, quand la France décide de décerner à Finlay la Légion d'honneur pour sa découverte qui a sauvé des milliers de vies et que l'Angleterre lui décerne la médaille Mary Kinsley, pour que Finlay soit reconnu internationalement comme le vrai découvreur de l’agent de la fièvre jaune. Finlay a été proposé sept fois pour le prix Nobel de médecine, mais les États-Unis, mauvais joueurs, ont fait à chaque fois capoté l’affaire. Ce n’est que dans les années 1950 que la vérité historique fut enfin clarifiée.
Finalement une Journée panaméricaine des médecins de la médecine (Día Panamericano del Médico y la Medicina - Pan American Day of Doctors and Medicine Day) a été proposée par la Fédération médicale argentine par l'intermédiaire du professeur Remo Bergoglio lors du Congrès panaméricain de médecine qui s’est tenu en 1953 à Dallas, au Texas, organisée par l' Organisation panaméricaine de la santé (OPS).
La journée du 3 décembre (Día Nacional del Médico en Cuba) en l'honneur du médecin cubain Carlos Juan Finlay Barrés est particulièrement célébrée à Cuba où est né ce médecin (de parents écossais et français), mort à La Havane en 1915. La médecine, si elle n’est plus à Cuba ce qu’elle fut il y a quelques décennies, reste un secteur majeur dans le pays, à la fois produit de propagande pour le régime et aide réelle à de très nombreux pays parmi les les plus pauvres de la planète. Actuellement, quelque 28000 professionnels de la santé travaillent dans 58 pays. Depuis les années 1960, ils ont été plus de 400 000 à travailler un peu partout dans le monde. C’est une des grandes fiertés de Cuba dont le régime est aujourd’hui en déliquescence.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024
Timbre poste cubain émis en 1981 à l’occasion du centenaire de la découverte scientifique de Finlay
2 décembre : la fête nationale du Laos
La fête nationale au Laos commémore l’abolition de la monarchie et la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.
La fête nationale au Laos (ວັນຊາດ) commémore la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.
Les 17 et 30 avril 1975, suite au retrait américain, Phnom Penh et Saigon sont tombés aux mains des communistes. Au Laos, une guerre civile durait depuis plus de deux décennies. Les combats impliquaient également les forces nord-vietnamiennes, sud-vietnamiennes, américaines et thaïlandaises. Les accords de paix de Paris de 1973 avaient temporairement arrêté les combats. En 1975, le Pathet Lao (le Parti communiste) a rompu le cessez-le-feu. Le 2 décembre 1975, le roi du Laos Savang Vatthana est contraint d'abdiquer et la République démocratique populaire lao est proclamée. L'anniversaire de l’abolition de la monarchie (ການຍົກເລີກລັດທິປະຊາທິປະໄຕ) est célébré comme la principale fête nationale au Laos. Kaysone Phomvihane, secrétaire général du parti, devient le Premier ministre du nouveau régime.
La fête nationale du Laos est largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des cérémonies solennelles, des défilés et d'autres événements et activités festifs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024
1er décembre : le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, la fin d’un déni français
Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après 80 ans de déni, la France commémore enfin cette journée honteuse du 1er décembre.
Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après plusieurs décennies de déni, la France et notamment plusieurs localités comme Morlaix, où ils avaient été cantonnés, commémorent cette journée honteuse du 1er décembre.
Fin novembre 1944, plus de 1 600 soldats africains (officiellement 1 280) issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. On les appelle les « tirailleurs sénégalais » mais ils sont aussi originaires Dahomey (actuel Bénin), du Soudan français (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Côte d'Ivoire, de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Niger, du Gabon et du Togo. Ils ont aidé la France à vaincre l’occupant allemand, leur mission étant terminée, ils ont été rapatriés pour être démobilisés.
Ils n’ont été payés que très partiellement et la plupart refusent de quitter le camp tant que leur solde n’aura pas été versée intégralement, en outre ils réclament que leur pécule en francs français soit changé en franc de l’AOF au cours officiel de 500 pour 1000 FF au lieu de 250 comme on le leur propose. En réponse à ce mouvement de protestation, le camp est investi par les troupes du général Dagnan au matin du 1er décembre et les Français tirent sur les soldats africains rassemblés. L’armée française a d’abord reconnu 35 morts, puis 70… sans compter les très nombreux blessés. Les historiens parlent de plusieurs centaines de morts, probablement entre 300 et 400. 80 ans après, la majeure partie des archives françaises concernant ce crime de guerre ne sont toujours pas publiques.
Le président Hollande en 2014 est le premier à reconnaître une “répression sanglante”, mais en s’en tenant au bilan officiel de 1945 : 35 morts, sans les nommer ni révéler le lieu de leur sépulture ni reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre. Le 28 novembre 2024, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le ‘massacre’ de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, anticipant de trois jours ce 80e anniversaire. À l’assemblée nationale française, on annonce une commission d’enquête… En parallèle, côté sénégalais, un groupe d’historiens, de documentalistes et d’archivistes a été missionné pour tenter de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre autour de ce massacre qui a profondément marqué les populations d’Afrique de l’Ouest. Son évocation auprès des plus jeunes est une illustration de l’époque terrible de la colonisation française et participe au discrédit de la France dans la région. Est-ce une coïncidence si deux jours avant ce 80e anniversaire le gouvernement sénégalais annonçait que l’armée française était invitée à quitter le Sénégal. Le Tchad venait de faire de même. Les nouvelles autorités du Sénégal veulent en faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France, l'ancienne puissance coloniale. Le président sénégalais a annoncé dimanche que l'histoire du massacre serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".
Au Sénégal, le massacre est aussi commémoré chaque 23 août , mais une autre Journée du tirailleur est désormais instituée le 1er décembre. Ce 1er décembre 2024, une cérémonie officielle se déroule au cimetière en présence de six chefs d’État (Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Gambie, Gabon, Comores) ainsi que le Président de l’Union africaine. Les putschistes au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, trois pays dont beaucoup de « tirailleurs » étaient pourtant originaire, ne sont pas venus. Côté français, Emmanuel Macron s’est fait représenter par son ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
À lire :
Le massacre de Thiaroye - 1er décembre 1944. Histoire d’un mensonge d'État, Armelle Mabon, Le Passager clandestin, novembre 2024.
Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Martin Mourre, PUR, mars 2017.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2024
Mise à jour fin 2024 : le 1er décembre, lors des célébrations du 80e anniversaire, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, déclarait « Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n’accepte pas qu’une telle injustice entache son histoire », estimant que l’épisode est une « plaie béante dans notre histoire commune ».
Cela dit, la figure des tirailleurs est aussi l’objet de polémiques. « Les tirailleurs sont des traîtres. Ils se sont battus contre leurs frères », a déclaré le 31 décembre 2024, le ministre Cheikh Oumar Diagne, sur une chaîne de télévision, ce qui lui a tout de même valu un limogeage.
Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944. (photo Erica Kowal)
30 novembre : la journée Regina Mundi à Soweto
L’église catholique Regina Mundi de Soweto fut un refuge pendant la lutte contre l’apartheid. Nelson Mandela lui a dédié une journée de fête chaque 30 novembre.
Conçue par l'architecte Anthony Noel Errol Slaven, Regina Mundi est la plus grande église catholique d'Afrique du Sud, elle peut accueillir jusqu'à 5 000 personnes. Elle est située à Soweto, un quartier résidentiel urbain noir proche de Johannesburg.
Pendant les années de lutte contre l’apartheid, les réunions politiques étaient interdites dans la plupart des lieux publics, mais le gouvernement ne pouvait pas interdire la fréquentation de l'église. C'est pourquoi Regina Mundi est devenue le lieu où les gens pouvaient se rencontrer et discuter en toute sécurité.
Regina Mundi a aussi été le refuge des étudiants, qui avaient été attaqués lors du soulèvement de Soweto, le 16 juin 1976. De nombreux manifestants se sont réfugiés dans l'église. La police est entrée dans l'église et a commencé à tirer à balles réelles. Il y eut beaucoup de blessés, mais personne n'a été tué dans l’église.
C’est Nelson Mandela, en 1997 qui a déclaré le 30 novembre : Journée Regina Mundi (Regina Mundi Day). Ce n'est pas un jour férié, mais c'est une journée de mémoire importante pour le peuple sud-africain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2024
Les vitraux de l’église Regina Mundi de Soweto montrent des scènes de l'histoire de la libération du township et de l'Afrique du Sud. (photo Willem van Valkenburg)
29 novembre : le jour de la libération de l’Albanie, une date controversée
Ce 29 novembre 2024, l’Albanie célèbre le 80e anniversaire de sa libération. Un événement mémorable puisque les partisans albanais sont parvenus à libérer seul le pays mais une date controversée car elle est fausse nous affirment ses détracteurs.
Ce 29 novembre 2024, le lendemain de sa fête nationale, l’Albanie célèbre le 80e anniversaire de sa libération. Un événement mémorable puisque les partisans albanais sont parvenus à libérer seul le pays sans l’aide ni des Soviétiques ni des Anglo-Américains. Si la date fait controverse en Albanie, c’est qu’elle est fausse. C’est le 28 novembre 1944, en réalité, qu’a eu lieu le grand défilé de la victoire dans les rues de Tirana, alors que Shkodër, la deuxième ville du pays, venait à son tour d’être libérée. Et c'était une occasion particulière, car ce jour coïncidait aussi avec la fête de l'indépendance.
D’où sort alors la date du 29 novembre qui a été adoptée dès l’année suivante pour célébrer la victoire ? C’est celle de la proclamation de la République populaire de Yougoslavie, en 1945, qui elle-même faisait référence au congrès des partisans communistes de Jajce, en 1943, lequel établissait les fondements d’une Yougoslavie nouvelle, communiste et fédérale. Enver Hoxha, en grand admirateur de Tito, avait un instant rêvé d’une intégration de l’Albanie à ce nouvel État où d’ailleurs vivent beaucoup d’Albanais. Le choix de cette date était une manière d’allégeance. La rupture viendra vite entre les deux pays frères, mais la date du 29 novembre est restée.
Ses détracteurs proposent soit de la déplacer au 28 novembre, mais c’est déjà la fête de l’indépendance et la libération du pays risquerait d’être occultée ; soit de la déplacer au 17 novembre qui est la date de la libération de Tirana que les Allemands ont abandonné pour ne pas s’y retrouver piégés. C’est le jour où le drapeau national a été hissé dans la capitale en remplacement de celui des nazis. La date est symbolique, mais elle mettrait trop en avant Mehmet Shehu, commandant de la première brigade des partisans, le grand vainqueur de la bataille pour la libération de la capitale. C’est sans doute ce que pensa Enver Hoxha craignant que ce pilier du régime ne lui fasse de l’ombre jusqu’à que ce dernier finalement ne se « suicide » en 1981. Mais Mehmet Shehu est aussi un criminel de guerre au palmarès que le pays n’a guère envie d’étaler. Autant d’épisodes que les Albanais préfèrent oublier. Certains suggèrent alors d’adopter le 8 mai, une date célébrée par une vingtaine des membres de l’OTAN. Un autre option symbolique. Passé ce 80e anniversaire, le débat reste ouvert.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 novembre 2024
28 novembre : Thanksgiving contre Unthanksgiving, quatre siècles de mémoires antagonistes
Aux États-Unis, Thanksgiving est un jour de rassemblement familial, on se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde. Ce même jour, les Amérindiens tiennent à rappeler ce qu’ils ont subi à cause de l'arrivée des Européens.
Depuis des générations, aux États-Unis, Thanksgiving (action de grâce) est un jour de rassemblement familial pour lequel on a parfois traversé tout le pays. On se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde à la sauce aux airelles, accompagnée de pommes de terre et de l’inévitable tarte au potiron (pumpkin pie). Depuis une tradition lancée par Harry Truman en 1947, le président des États-Unis et son épouse vont eux-mêmes découper la dinde en public et en distribuer aux pauvres de Washington. Beaucoup de villes organisent aujourd’hui un grand défilé qui aura du mal à rivaliser avec celui de New-York et ses ballons géants, sponsorisé par la chaine de magasins Macy’s, suivi par plus de 2,5 millions de spectateurs et 45 millions de téléspectateurs.
Cette fête trouve son origine dans l’histoire des premiers pèlerins anglais, débarqués du Mayflower dans la baie de Plymouth, au Massachusetts en 1621. Malades et sans ressources, ils survivent grâce au soutien des populations amérindiennes qui les initient à la culture du maïs. La première récolte donne lieu à une grande fête des moissons et une journée d’action de grâce pour remercier Dieu des bienfaits reçus et de la bonne entente avec les autochtones.
C’est Abraham Lincoln qui en a fait une fête nationale en 1863, pour encourager l’unité pendant la guerre de Sécession. En 1941, le Congrès a officiellement arrêté la date de Thanksgiving au quatrième jeudi de novembre. Le choix du jeudi était pour ne pas empiéter sur les fêtes religieuses.
Les mauvaises langues font remarquer que depuis quatre siècles, les Américains ont surtout rendu grâce à Dieu, beaucoup plus qu’aux Indiens, les grands oubliés de l’histoire officielle américaine. Si le sort des Indiens n’a jamais mobilisé les foules, le sort des dindes si ! Thanksgiving est aussi un jour mobilisation de la part des associations de défense des animaux, au point que le président américain a coutume depuis G. Bush, très officiellement, d’en gracier au moins une ce jour-là. Joe Biden en a sauvé deux vendredi dernier.
Ce même jour, une cérémonie du lever du soleil des peuples autochtones se déroule sur l'île d'Alcatraz le quatrième jeudi de novembre, coïncidant avec Thanksgiving. Ce Unthanksgiving, tel qu’il a été baptisé, a pour but d’honorer les Amérindiens et promouvoir leurs droits.
Le 20 novembre 1969, un groupe d'Amérindiens, pour la plupart des étudiants, occupait l'île d'Alcatraz. Ils revendiquaient l'île en appuyant sur le traité de Fort Laramie, également connu sous le nom de traité des Sioux de 1868. L'occupation a duré dix-neuf mois. Pendant l'occupation, de nombreux Amérindiens ont rejoint ce mouvement des droits civiques. Le gouvernement des États-Unis a mis fin de force à l'occupation le 11 juin 1971.
Le premier Unthanksgiving Day a eu lieu le 27 novembre 1975. Il a été créé pour célébrer la survie des peuples autochtones des Amériques malgré la colonisation européenne. C’est intentionnellement que les organisateurs ont choisi le quatrième jeudi de novembre, jour où la plupart des États-uniens célèbrent Thanksgiving, pourt rappeler les pertes que les Indiens ont dû subir à cause de l'arrivée des Européens.
La cérémonie est organisée par le Conseil international des traités indiens et American Indian Contemporary Arts. La célébration a lieu avant le lever du soleil et est ouverte au public. Le même jour, une manifestation annuelle connue sous le nom de Journée nationale de deuil (National Day of mourning) est organisée dans le Massachusetts.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024
27 novembre : le Maaveerar Naal, journée de deuil pour les Tamouls du Sri Lanka
Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent les soldats tombés pendant la guerre qui les a opposé pendant un quart de siècles aux autorités de Colombo dominées par les Cinghalais. La période précédant le 27 novembre, célébrée sous le nom de Maveerar Naal ou Journée des héros, est une période importante pour les Tamouls de l'Eelam, car elle leur permet de se souvenir et d'honorer ceux qui ont fait le sacrifice ultime dans leur lutte pour l'autodétermination.
Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent leurs soldats tombés pendant la guerre qui les a opposés pendant un quart de siècle aux forces armées de Colombo dominées par les Cinghalais. Ce conflit s’est terminé en 2009 par l’écrasement total des Tigres de libération de l’Eelam (le territoire défendu et revendiqué par les Tamouls, au nord de l’île), le LTTE, au prix de quelque 100 000 morts. L’armée tamoule est aujourd’hui dissoute et les manifestations liées à la Journée des héros ont été longtemps interdites au Sri Lanka. Seule la diaspora tamoule, en particulier dans les grandes métropoles occidentales, manifestait librement à l’occasion du Maaveerar Naal (மாவீரர் நாள்) organisé chaque 27 novembre. Tout récemment, suite à la victoire de l’opposition aux élections, l’ambiance politique a radicalement changé au Sri Lanka. Les manifestations commémoratives sont désormais tolérées mais à condition de ne pas utiliser des logos, des uniformes ou des photos de cadres des LTTE.
Malgré de fortes pluies, plusieurs commémorations ont eu lieu cette semaine à Jaffna. Une commémoration a également eu lieu au Chatty Thuyilum Illam - ou lieu de repos des héros - dans le district de Jaffna. Les événements ont commencé par une cérémonie poignante dans le cimetière détruit, où des personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux héros tombés au combat. Des fleurs ont été déposées au mémorial en signe de respect et de solidarité.
La date du 27 novembre est celle de la mort au combat du premier cadre du LTTE, le lieutenant Shankar (alias Sathiyanathan Suresh) en 1982. Le Maaveerara est célébré depuis 1989, traditionnellement, on allume des lampes à huile pendant trois jours (jusqu’au 27 novembre). Dans toute la diaspora, on arbore des drapeaux de l’Eelam tamoul aussi bien lors des cérémonies que des manifestations de rue ou sur les vitrines des magasins tenus par des Tamouls, un peu partout dans le monde.
Depuis sa mort en 2009, tombé dans une embuscade de l’armée sri lankaise, l’anniversaire de Velupillai Prabhakaran, qui tombe le 26 novembre, est inclus dans les commémorations. C’était le chef suprême, mythique et controversé, des Tigres de libération de l’Eelam, une organisation qu’il a créé en 1976. Sa mort avait sonné la défaite des Tamouls.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024
Mémorial discret et improvisé au Sri Lanka
Velupillai Prabhakaran, le chef mégalomane et charismatique des Tigres Tamouls devant la flamme du souvenir et la silhouette de l’État revendiqué : photomontage invitant au Maaveerar Naal 2020
Manifestation à Londres
Mémorial tamoul situé en Allemagne
26 novembre : le centenaire de la république mongole
La Mongole célèbre chaque année le jour où elle est devenue un satellite de l’URSS, une drôle de fête qui rappelle beaucoup de mauvais souvenirs mais au moins la Mongolie n’a pas été que partiellement absorbée par la Chine et comme l’URSS a disparu... Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont très largement négatives…
Le Grand Khural de Mongolie (l’assemblée nationale) se réunit aujourd’hui en session commémorative du 100e anniversaire de l'adoption de la Première Constitution mongole. Des festivités ont lieu dans tout le pays.
Le 26-Novembre était autrefois appelée Fête de l’indépendance. Celle-ci a été remplacée en 2011 par le 29 décembre, mais la fête du 26 novembre a été conservée comme Jour de la République (Бүгд найрамдах өдөр). La république mongole dont on fête cette année le centième anniversaire. Chaque année, c’est une journée à la gloire du pays, de son drapeau, de son hymne. Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. Des étudiants venus de tout le pays sont en costume traditionnel. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont déjà très largement négatives… mais que commémore-t-on en ce Jour de la république ?
Le 26 novembre 1924, la Mongolie adoptait une nouvelle constitution qui faisait d’elle un pays communiste, concrètement le premier État satellite de la future URSS. Les autorités ont attendu la mort du souverain, Bogdo Khan, qui était en même temps chef religieux. Devenant une « république populaire », le lamaïsme y était bientôt interdit, les terres et troupeaux collectivisés et de purges en purges, ses élites complètement asservies par le grand voisin russe. En sommes cela ne rappelle pas de très bons souvenirs, si ce n’est que la Mongolie a échappé, au moins en partie, à la tutelle chinoise.
Cette Mongolie soviétisée n’a survécu que quelques semaines à la disparition de l’URSS. En 1992, une nouvelle constitution, démocratique cette fois, a été adoptée. Mais ce changement de régime n’a donné naissance à aucune fête nationale, pourtant cette démocratie coincée entre deux dictatures, est bien la seule de la région et elle tient bon. Ce sont les journées du 11-12 juillet (le Naadam) qui célèbre l’indépendance à l’égard de la Chine et font figure de fête nationale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 novembre 2024
25 novembre : la fête nationale du Suriname
Au Suriname, c’est le Jour de l'indépendance (Srefidensi Dey) qui est aussi la fête nationale, jour anniversaire de l’indépendance obtenue en 1975 après deux décennies d’un régime d’autonomie à l’égard des Pays-Bas, ancienne puissance coloniale.
Chaque 25 novembre, on célèbre le Jour de l'indépendance (Srefidensi Dey) qui est aussi la fête nationale du Suriname. Les principaux événements marquant cette journée se déroulent au Palais présidentiel de Paramaribo, la capitale. Le président du Suriname prononce un discours, qui est suivi d'un défilé militaire devant le palais et d'une réception présidentielle et une soirée de gala.
L’an dernier, en 2023, le Srefidensi Dey avait été marqué par une catastrophe minière qui a fait de nombreux morts cinq jours plus tôt. Il avait été célébré dans une ambiance morose de crise économique et de fuite des cerveaux. Cette année tout le monde a en tête le 50e anniversaire de l’indépendance qui sera fêté en 2025, avec sans doute un nouveau gouvernement puisque le printemps prochain sera marqué par des élections législatives. Cette fête est également célébrée au Pays-Bas, au sein de l’importante communauté surinamaise.
On célèbre l’anniversaire de l’indépendance obtenue le 25 novembre 1975 après deux décennies d’un régime d’autonomie à l’égard des Pays-Bas, ancienne puissance coloniale qui occupait le pays depuis la fin du XVIIe siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024
24 novembre : des fleurs sur la tombe de Barbara
Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ?
Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ? En juillet 1964, Barbara est invitée par le directeur du Jungen Theater de Göttingen, une petite ville de Basse-Saxe. Elle refuse d’abord, puis se laisse convaincre à aller chanter en Allemagne. La jeune femme d’origine juive a échappé à la déportation en vivant cachée pendant l’occupation allemande. La guerre s’est terminée il y a moins de vingt ans. Ce qui la fait changer d’avis c’est qu’on lui dit qu’elle a beaucoup de fans parmi les étudiants cette ville universitaire. Beaucoup n’ont même pas vingt ans. Le récital a failli ne pas avoir lieu parce que Barbara avait exigé un piano à queue, elle refuse le piano droit qu’on lui présente. Mais finalement quelques étudiants costauds finissent par leur ramener celui d’une vieille dame. La soirée connaît un tel succès que le directeur du théâtre prolonge son contrat de huit jours. Barbara tombe amoureuse de la ville et de ses « enfants blonds ». Après avoir griffonné les premières paroles de Göttingen, elle interprète cette nouvelle chanson le dernier soir, devant un public conquis. « Bien sûr, ce n’est pas la Seine. Ce n’est pas le bois de Vincennes. Mais c’est bien joli tout de même à Göttingen.» " Cet hymne célébrant l’amitié franco-allemande est resté une chanson culte. « Et tant pis pour ceux qui s’étonnent. Et que les autres me pardonnent. Mais les enfants, ce sont les mêmes. À Paris ou à Göttingen.» Barbara a fait ensuite une version allemande de cette ode à la réconciliation franco-allemande.
La France et l’Allemagne ont scellé leur réconciliation un peu plus d’un an plus tôt, le 22 janvier 1963. La visite de Barbara à Göttingen, suivie de plusieurs autres, et sa chanson sont de ces petits gestes qui rapprochent les peuples.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024
Barbara en 1965 (photo Ron Kroon)