L’Almanach international

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Bruno Teissier Bruno Teissier

8 mai : la Journée de Yerkrapah, les défenseurs de la terre arménienne

Le Jour de Yerkrapah est toujours dans la liste des commémorations officielles en Arménie mais cet hommage à une milice paramilitaire n’est plus célébré que dans les milieux les plus nationalistes.

 

Le Jour de Yerkrapah (Երկրապահի օր) est toujours dans la liste des commémorations officielles en Arménie mais n’est plus célébré que dans les milieux les plus nationalistes.

L'Union des volontaires de Yerkrapah a été créée en 1993. C’est une organisation paramilitaire formée d’anciens de la première guerre du Karabagh (1988-1994), celle qui a été remportée haut la main par les Arméniens. La date du 8 mai, fait référence à la prise de Chouchi (les 8 et 9 mai 1992). Cette ville qui fut la capitale culturelle des Arméniens du Haut-Karabagh, avait été le théâtre d’un massacre en 1920 opéré les Tatars (Azéris). Ce fait d’armes était hautement symbolique, la ville est redevenue arménienne jusqu’en novembre 2020, puis reprise par les Azéris.

Yerkrapah (les défenseurs de la terre) a été fondé par un chef de guerre charismatique, Vazgen Sarkissian qui poussera le président Levon Ter Petrossian. Le premier était partisan d’une politique maximaliste dans la région du Karabagh alors que le second était partisan de négocier avec l’Azerbaïdjan une solution acceptable par les deux partis.

Dans le sillage de Robert Kotcharian, des leaders politiques du Haut-Karabagh ont fini par prendre le pouvoir à Erevan, Vazgen Sarkissian est nommé premier ministre, mais sera assassiné au bout de quelques mois, le 27 octobre 1999.

Sur la scène politique, Yerkrapah s’est fondu dans le Parti républicain d'Arménie (conservateur et nationaliste) qui règnera sur la politique arménienne jusqu’en 2018. Mais cette milice est demeurée une branche informelle des forces armées arméniennes, qui a participé activement à l'occupation des territoires azerbaïdjanais par l'Arménie entre 1992 et 2020. Les membres de Yerkrapah ont combattu lors de la guerre des Quatre Jours d'avril 2016, ainsi que lors de la guerre du Karabagh de 2020. Yerkrapah assure être toujours opérationnel mais a perdu toute influence politique depuis la déconfiture, en 2020, des forces de la république arménienne autoproclamée de l’Artsakh (Haut-Karabagh) face à l’armée de l’Azerbaïdjan qui a repris le contrôle de son territoire et a chassé tous les Arméniens de leurs terres ancestrales. Aujourd’hui, des volontaires de Yerkrapah (les gardiens de la terre) sont toujours actifs aux frontières du pays faisant face à l’Azerbaïdjan.

La décision de célébrer le 8 mai comme la Journée Yerkrapah avait été prise par le 3e congrès de l'Université d'État d'Erevan (YSU) en novembre 1997. C’est le président Kotcharian qui en fera un jour férié de la République d’Arménie en 2002. Chaque 8 mai, on remet de la plus haute distinction de l'YSU, l'Ordre « Sparapet Vazgen Sargsyan ». Le Commandant (Sparapet) Vazgen Sarkissian demeure populaire notamment dans la diaspora. Les autorités arméniennes lui rendent hommage chaque 5 mars, jour de son anniversaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mai 2025

Timbre émis en 2000 en hommage à Vazgen Sarkissian

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

15 février : saint Sarkis, le saint Valentin des Arméniens

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident.

 

Saint Sarkis (ou Sargis, la traduction arménienne de Serge) est l'un des saints les plus populaires en Arménie, le patron de la jeunesse et de l’amour, un peu comme saint Valentin en Occident. De nos jours, les jeunes s'offrent des cartes et des bonbons à l'occasion de la fête. Sa fête tombe 63 jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile. La date, généralement un samedi, varie entre le 18 janvier et le 23 février. Cette année, la Saint-Sarkis, Sourp Sargis (Սուրբ Սարգիս) tombe ce 15 février. De nombreuses localités organisent des fêtes avec musique et un saint Sarkis bien vivant  en costume d’époque paradant sur son cheval.

Pour les plus religieux, il convient de suivre un jeûne de cinq jours  (dit jeûne de Saint-Sargis). La veille de la fête, dans la soirée du vendredi, selon la tradition, les jeunes gens mangent des biscuits salés et s'abstiennent de boire de l'eau, afin, dit-on, de faire apparaître dans leurs rêves leur futur époux ou épouse, qui leur apporterait de l'eau. Ces biscuits salés sont appelés St Sarkis Aghablit. Le jour de la Saint-Sarkis, l’usage veut que les jeunes hommes et filles aillent à l'église, participent au service sacré, prient et demandent l'intercession du saint, après quoi ils reçoivent la bénédiction du prêtre. Le jour de la fête, le halva de Saint-Sarkis, une pâtisserie sucrée fourrée de fruits et de noix, est largement consommée dans les communautés arméniennes pour symboliser les bénédictions offertes par le saint.

La cathédrale de Erevan lui est dédiée, ainsi que de très nombreuses églises dans toute l’Arménie et dans la diaspora. Au XXe siècle, par exemple, quand Téhéran a été doté d’une cathédrale apostolique arménienne, elle a été baptisée Saint-Sarkis.

Sarkis (Սուրբ Սարգիս Զoրաւար) était un général romain d’origine grecque (de Cappadoce) qui s’était réfugié en Arménie avec son fils pour échapper aux retours des persécutions des chrétiens sous l’empereur Julien dit l’Apostat (IVe siècle). Du fait de sa réputation de bon soldat, l’empereur de Perse, Shapur II, le nomme à la tête de l'armée sassanide. Général victorieux, face aux Romains, et fervent chrétien, Sarkis réussit à convertir au christianisme une partie de ses troupes ce qui mit en colère l’empereur sassanide, adepte du zoroastrisme (l’ancienne religion de l’Iran, avant son islamisation). Sarkis ayant détruit de nombreux temples du feu, l’empereur fera mettre à mort son fils Mardiros, plusieurs de ses compagnons et finalement Sarkis lui-même, nous racontent ses hagiographies. Le père et le fils seront élevés au rang de saints et martyrs.

On raconte qu’au Ve siècle, c’est saint Mesrob qui a ramené les reliques de saint Sarkis en Arménie, dans la province d’Arakadzotsen, pas très loin de la ville d’Achtarag, dans le village d’Ouchi où ils furent enterrées. Sur ces restes, un monastère fut construit et porta le nom de Saint-Sarkis.

Sarkis est également vénéré par l’Église assyrienne le 5 janvier et, très discrètement, par les catholiques le 7 janvier. Ne pas confondre saint Sarkis avec saint Serge et son compagnon Bacchus, deux militaires romains du IVe siècle, eux d’origine syrienne, également morts en martyrs et vénérés le 7 octobre.

Les prochaines dates : 31 janvier 2026, 27 janvier 2027, 12 février 2028, 27 janvier 2029, 16 février 2030…

 Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024

Saint Sarkis est toujours accompagné de son fils, Martyros

 
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Fête des morts, Arménie Bruno Teissier Fête des morts, Arménie Bruno Teissier

7 janvier : la première fête des morts des Arméniens

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots, le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier.

 

Le lendemain des grandes fêtes religieuses, les Arméniens se souviennent de leurs morts. C’est Merelots (Մեռելոց), le Jour des morts qui fait suite à la fête du 6 janvier. Il en sera de même tout au long de l’année : après Pâques, la fête de la Transfiguration, l'Assomption de la Vierge et la fête de l'Exaltation de la Croix. Ainsi, ce jour du souvenir est célébré cinq fois, soit après chacune des cinq fêtes religieuses majeures de l’Église apostolique arménienne. Depuis 2008, ce premier Merelots de  l’année est un jour de congé officiel en Arménie, ce qui n’est pas le cas des suivants.

Cette fête est dédiée aux morts de chaque famille, mais aussi à tous ceux qui ont perdu la vie lors des drames qu’à connu la nation arménienne, du génocide du 1915 aux conflits récents : la guerre des Quarante-quatres-jours en 2020 et la guerre du Haut-Karbagh, en 2023 ; ainsi ue les victimes des catastrophes naturelles.

Ce jour-là, les prêtres célèbrent une liturgie spéciale, suivie d'une cérémonie commémorative en mémoire des personnes décédées. Après la fin de la cérémonie, chacun peut se rendre sur les tombes de ses proches et de ses amis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2025

 
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1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier 1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier

20 février : la date fétiche des Arméniens du Haut-Karabagh

Le 20 février est célébré comme la Journée de la renaissance de l'Artsakh. Une guerre avait permis de créer une République de l’Arstakh, une autre guerre a acté sa totale disparition et le départ des Arméniens qui y vivaient… Le 20 février était leur fête nationale.

 

Ce jour-là, le 20  février 1988, à la faveur de la perestroïka de Gorbatchev, le Soviet suprême (l’assemblée) du Haut-Karabagh a voté sa séparation d’avec la république soviétique d’Azerbaïdjan et son unification avec l’Arménie. En Azerbaïdjan, on a réagi en s’en prenant aux Arméniens qui vivaient nombreux dans les grandes villes de cette république. Aux pogroms, les Arméniens ont répondu militairement… 400 000 Arméniens quittaient le pays et les Azéris quittaient l’Arménie ainsi que le Haut-Karabagh, région de l’Azerbaïdjan à majorité arménienne. La guerre qui débute en 1988, s’arrêtera en 1994 sur une victoire arménienne. L’unification n’a pas lieu, elle n’était pas possible en droit international. Les forces arméniennes occupent 15% du territoire azerbaïdjanais et une république de l’Artsakh s’autoproclame, elle occupe non seulement le Haut-Karabagh, très majoritairement arménien depuis des siècles, mais aussi tout un glacis territorial qui a été vidé de sa population azérie. Le statu quo se maintient pendant trois décennies. En 2017, l’Artsakh se dote d’une constitution, adoptée par référendum le 20 février… Bakou qui n’ a jamais accepté cette situation, finit par réagir militairement. Cette nouvelle guerre du Haut-Karabagh va tourner à son avantage, avec l’aide de la Turquie et la bienveillance de Moscou qui a retourné sa veste. En septembre 2020, une partie des territoires perdus sont reconquis. Les Arméniens se sont épuisés dans une guerre très meurtrière. Le 20 février 2023 sera le dernier Jour de la renaissance de l'Artsakh (Արցախի վերածննդի օր) à être fêté à Stepanakert, la capitale de la petite république.

En septembre 2023, les Azerbaïdjanais prennent le contrôle total des territoires qui leur échappaient. Sur les 120 000 Arméniens de l’Arstakh, 100 000 ont fui vers l’Arménie. Le 28 septembre 2023, les autorités de la république de l’Artsakh annoncent sa dissolution d'ici le 1er janvier 2024. Le gouvernement en exil à Erevan reviendra sur sa dissolution, mais le pays demeure virtuel. Le 20 -Février n’est plus qu’une journée du souvenir d’un pays dont les Azéris s’acharnent à effacer les vestiges.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2024

« Nous sommes nos montagnes » (Մենք ենք մեր սարերը), une sculpture monumentale de Sarkis Baghdassarian, située à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh. Ce monument est devenu le symbole de l’ex-république auto-proclamée de l’Artsakh.

 
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Arménie, alphabet, 2 juillet Bruno Teissier Arménie, alphabet, 2 juillet Bruno Teissier

2 juillet : les Arméniens célèbrent leur alphabet

Créé en 405, l'alphabet a largement contribué à forger une identité religieuse et nationale arménienne en faisant de l’arménien une langue écrite. La journée est célébrée comme la fête des Saint-Traducteurs, une fête à la fois culturelle et religieuse.

 

L'Église arménienne célèbre aujourd'hui le créateur de l'alphabet arménien au début du Ve siècle, Mesrop Machtot (Մեսրոպ Մաշտոց), dit saint Mesrop (ou Mesrob). Créé en 405, l'alphabet a largement contribué à forger une identité religieuse et nationale arménienne en faisant de l’arménien une langue écrite. Le premier livre traduit sera la Bible.

Machtots, sur l'ordre du roi Vram Châhpouh, a commencé à enseigner dans la région de Mark. Ce territoire, situé sur les rives de l’Araxe, est aujourd’hui au Nakhitchevan. Après « avoir convaincu de la justesse de l'alphabet créé », il fonde en collaboration avec le catholicos le séminaire de Vagharchapat, la première « école supérieure » de l'Arménie chrétienne qui attire des étudiants de toute l’Arménie. L’enseignement s’y fait en arménien, désormais la langue lue par l’église locale.

Sur sa longue histoire, l’Arménie a rarement disposé d’un État (du XIVe au début du XXe siècle, notamment, elle en a été privée), c’est l’Église apostolique arménienne et la langue arménienne dotée d’un alphabet spécifique qui ont permis la continuité de la nation.

En 2005, l’alphabet arménien a célébré son 1600e anniversaire. Pour honorer son travail, l'architecte arménien J. Torosyan a créé les sculptures en pierre de chaque lettre près de la dernière demeure de Mashtots à Byurakan.

Pour en savoir plus lire : Géopolitique de l’Arménie de Tigrane Yégavian dont la deuxième édition vient de paraître !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er juillet 2023

 
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L’œuvre de J. Torosyan

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1918, 2006, Arménie, drapeau, 15 juin Bruno Teissier 1918, 2006, Arménie, drapeau, 15 juin Bruno Teissier

15 juin : l'Arménie célèbre son drapeau

Ce drapeau qui date de 1918, n’a plus été utilisé de 1921 à 1988. Il a été réinstauré juste avant la chute de l’URSS et symbolise l’indépendance du pays, puis qu’il évoque une filiation avec le dernier État arménien disparu au XIVe siècle.

 

C’est le 15 juin 2006 qu’une loi régissant l’utilisation du drapeau arménien a été adoptée par l’Assemblée nationale. Depuis 2010, la Journée du drapeau national arménien (Հայաստանի ազգային դրոշի օր)  en rappelle chaque année l’anniversaire.

Pourtant celui que les Arméniens appellent le Tricolore (Yeraguyn, Երագույն) est bien plus ancien. L’Arménie a proclamé son indépendance le 28 mai 1918, suite à la Révolution russe. Le 1er août de la même année, la nouvelle constitution officialisait un drapeau, nouvellement créé, rayé horizontalement rouge-bleu-orange (ou abricot). Le texte constitutionnel affirmait que le rouge représente les hautes terres arméniennes et la lutte du peuple pour la survie, le bleu symbolise la volonté du peuple arménien de vivre sous un ciel paisible et l'orange représente le talent créatif et la nature travailleuse des Arméniens.

En vérité, les couleurs choisies sont celle des Lusignan (rouge, bleu, jaune). Cette famille de la noblesse française, originaire du Poitou, a contrôlé, à différentes époques, de nombreux États d'Europe et du Levant, notamment les terres de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie. Un temps, ils ont été à la tête du tout dernier royaume arménien, fondé en Cilicie et disparu en 1375. C’est cette filiation qu’ont voulu souligner les dirigeants arméniens de 1918, créateur du tout premier État arménien depuis la disparition du précédant, au XIVe siècle.

Ce drapeau de 1918 a continué à flotter jusqu'au 2 avril 1921, lorsque l'Armée rouge russe a conquis l'Arménie qui deviendra soviétique. Pendant cette période l’Arménie a eu un drapeau rouge, inspiré de celui de l’URSS, puis rouge et bleu à partir de 1952.  Le drapeau arménien de 1918 est réapparu en mai 1988 (pour le 60e anniversaire de la création de la république), d’abord simplement toléré par le nouveau chef du parti communiste arménien, à la faveur de la Perestroïka. Puis, ce drapeau a finalement été autorisé et officiellement adopté le 24 août 1990 comme drapeau de la Troisième République d’Arménie, avant même la disparition de l’URSS.

Le gouvernement exige légalement l'affichage du drapeau national les jours suivants : Nouvel An (1er et 2 janvier), Noël (6 janvier), Journée internationale de la femme (8 mars), Journée de la maternité et de la beauté (7 avril), Journée internationale de solidarité des travailleurs ( 1er mai), Jour de la victoire et de la paix (9 mai), Jour de la Première République arménienne (28 mai), Jour de la Constitution (5 juillet), Jour de l'indépendance (21 septembre) et Jour commémoratif du tremblement de terre de Spitak (7 décembre).

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 juin 2023

 

Atterrissage d'un vol Armavia à l'aéroport de Vnukovo (photo d’Eduard Heisterkamp).

Le village de Lusignan, en France dans la Vienne, affiche les couleurs de la maison de Lusignan sur ses remparts (photo : Emmanuel Dissais).

Léon VI de Lusignan fut le dernier roi d’Arménie. Détrôné par les Mamelouk le 14 avril 1375, il a vécu quelques année en exilé forcé au Caire, puis parvenant à rejoindre l’Europe, il a terminé sa vie à Paris comme conseiller du roi de France, Charles VI.

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1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier

28 mai : Azerbaïdjan et Arménie célèbrent leur première indépendance

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour et dans la même ville de Tiflis. Mais, les projets territoriaux de chacun État en formation, se chevauchaient largement. La naissance de ces nations se fera dans la violence et la frustration, par des processus de nettoyage ethnique qui, un siècle après, ne sont malheureusement pas terminés.

 

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour, dans la même ville de Tiflis (la future Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie). Rien détonant, car à l’époque, les Tatars y étaient nombreux et c’était aussi la plus grande ville arménienne (après Bakou qui deviendra la capitale de l’Azerbaïdjan). Erevan était une ville secondaire, peuplée elle aussi de nombreux Tatars, que l’on appelle aujourd’hui les Azéris. C’est dire la complexité géographique et politique qui prévalait dans la région à la chute de l’Empire des tsars.

L’enjeux était de taille, car il n’y avait jamais eu d’État azéri dans l’Histoire et le dernier État arménien remontait au XIVe siècle (et n’était même pas situé dans le Caucase). Les deux États proclamé n’avait aucune référence territoriale évidente à faire valoir. La région était peuplée en taches de léopard de Géorgiens, Tatars et Arméniens, auxquels il fallait ajourer de nombreux Kurdes, des Russes, des Grecs… Le tout était compliqué par un afflux de réfugiés de l’Empire ottoman, rescapés du Génocide. Une offensive turque qui s’est soldé par la victoire arménienne de Saratrapat. Une présence militaire anglaise tentant de remplacer les Russes… La Fédération de Transcaucasie, État multiethnique, fondée en février 1918 sur les décombres de l’Empire russe,  aurait pu regrouper tous ces peuple et les faire vivre ensemble..

Mais les logiques nationalistes ont pris le dessus et n’ont laissé aucune chance au jeune État dont la mort a été prononcée le 26 mai 1918. Le même jour la Géorgie proclamait son indépendance. Évidemment, les projets territoriaux de chacun des trois pays se chevauchaient largement et la naissance de ces trois États se fera dans la violence et la frustration. Les processus de nettoyage ethnique, un siècle après, ne sont toujours pas terminés. Les craintes aujourd’hui, concernent le Haut-Karabagh, assiégé et asphyxié par les Azéris depuis l’automne 2022.

La région va, en 1920, tomber sous le contrôle de Moscou (dans le cadre de l’URSS) qui a joué les peuples les uns contre les autres afin de conserver sa tutelle coloniale héritée des tsars. L’idée était de brider le peuple ayant l’identité la plus forte et la plus ancienne, en l’occurrence, les Arméniens. Ceux-ci ont tous été chassés du Nakhitchevan, exclave que Staline a attribué à l’Azerbaïdjan. De leur côté les Tatars (Azéris) sont chassés du Zanguézour, la région qui sépare le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan. D’où les visées actuelles de Bakou sur cette région. Le Haut-Karabagh, très majoritairement peuplé d’Arméniens, aurait pu être une exclave de l’Arménie, Staline l’a placé sous la tutelle de Bakou avec un vague statut d’autonomie.

Ce statut d’autonomie sera aboli par Bakou à la chute de l’URSS, en 1991. En réaction, les Arméniens de la république autonome du Haut-Karbagh ont pris les armes et le contrôle d’un territoire deux fois plus vaste que leur enclave et en ont chassé les Azéris. Ce statu quo a tenu qu’en 2020, année où l’Azerbaïdjan a reconquis tout son territoire, à l’exception d’une partie de l’enclave du Haut-Karabagh aujourd’hui tenue par l’Armée russe.

En 2020, Moscou a laissé les Arméniens être écrasés par les Azerbaïdjanais, mais ne souhaitait pas une victoire totale de Bakou. Le souci des Russes était conserver une présence militaire  dans le Caucase, mais jusqu’à quand ? L’agression de l’Ukraine ayant largement tournée au fiasco, la puissance russe ne joue plus son rôle de médiateur. L’inquiétude est grand au Haut-Karabagh. Le souvenir des pogroms de Bakou, en 1988, visant les Arméniens est encore vif dans les mémoires…

La date du 28 mai, célébrée chaque année à Erevan et à Bakou est très lourde de mémoire et de contentieux. Ces jours fériés arménien, le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր), et azerbaïdjanais (İlk Respublika Günü) n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils n’ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Après que deux républiques aient obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Des pourparlers de paix ont débuté très récemment, l’Arménie propose de reconnaître les frontières de son voisin. L’Azerbaïdjan garantira-t-elle celles de l’Arménie ? Quel est l’avenir des Arméniens du Haut-Karabagh ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mai 2023

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

Le mémorial arménien de Saratrapat où se fête le 28 mai

Le discours du 28 mai du président azerbaïdjanais

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2007, Turquie, Liberté de presse, 19 janvier Bruno Teissier 2007, Turquie, Liberté de presse, 19 janvier Bruno Teissier

19 janvier : Hrant Dink, martyr de la liberté de presse

Quelques milliers de personnes défilent dans les rues d’Istanbul, des cérémonies ont lieu aussi à Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Erevan... à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. L’AKP, au pouvoir, a jusqu’à présent, bloqué toute enquête sur ce crime.

 

Des cérémonies ont lieu aussi à Istanbul, à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 à 15 heures par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. Des rassemblements ont également lieu chaque année à Paris, Marseille, Bruxelles, Erevan... à Lyon, c’est rue Hrant Dink dans le 2e arrondissement.

Hrant Dink s'est fait connaître en fondant Agos, un journal paraissant en turc et en arménien, abordant des sujets jusque-là tabous. Il était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été les victimes pendant entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Aujourd’hui encore, les autorités turques refusent toujours de reconnaître la réalité génocide. Hrant Dink a été déclaré « héros de la liberté de la presse » par l’International Press Institut (IPI).

Le journal Agos, devant lequel Hrant Dink a été tué de trois balles a aujourd’hui déménagé. Ses bureaux, rue Halaskârgazi district de Şişli à Istanbul, sont devenus un simple lieu de mémoire, ouvert au public depuis juin 2019, sous le nom “23.5 Lieu de mémoire Hrant Dink 23,5” '. Le lieu tire son nom d’un article titré 23,5 Avril publié par Hrant Dink le 23 avril 1996 dans Agos. Le 23 Avril, est la veille du 24 (le fameux 24 avril 1915), jour de sinistre mémoire pour les Arméniens. Hrant Dink s’était marié un 23 avril et le couple avait conçu son premier enfant dans la nuit qui a suivi, d’où le 23,5.

Ailleurs dans le monde, notamment dans les villes où vivent des Arméniens, le combat de Hrant Dink pour la mémoire est toujours célébré chaque 19 janvier. Par exemple, ce dimanche à Bruxelles, après un requiem à la mémoire de Hrant Dink joué en l’Église arménienne, rendez-vous est donné à 13 heures devant le monument dédié au génocide des Arméniens, Square Henri Michaux, 1050 Ixelles. Ou encore à Londres, à 18 heures, St Yeghiche Armenian Church 13b Cranley Gardens, Kensington Londres SW7 3.

Le tireur, Ogun Samast, 17 ans au moment des faits, a avoué le meurtre et a été condamné à près de 23 ans de prison en 2011. Mais l'identité de ses commanditaires continue de faire l'objet de polémiques et spéculation. Le combat n’est pas terminé pour faire éclater la vérité sur les circonstances du meurtre. À l’occasion de ce 16e anniversaire, l'Association des journalistes de Turquie (TGC) a réagis en demandant une enquête. La proposition du HDP (part d’opposition) d'"enquêter sur le meurtre de Hrant Dink sous tous ses aspects" a été rejetée récemment par les votes des députés AKP et MHP (la coalition au pouvoir) à l'Assemblée générale de la Grande Assemblée nationale de Turquie.

Expliquant sa proposition, le député du HDP Diyarbakır, Garo Paylan, a déclaré : (…) « Hrant Dink faisait la une des journaux sur le fait d'affronter le passé. Le 6 février 2004, le journal Agos a rapporté l'allégation selon laquelle Sabiha Gökçe [la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk] était une orpheline arménienne. L'apocalypse a éclaté dans le pays concernant l'affirmation selon laquelle un orphelin était arménien. Cependant, dans le passé, une personne sur cinq était arménienne, et des centaines de milliers d'orphelins ont été laissés derrière pendant que le peuple arménien était expulsé de ces terres. Il a été affirmé que Sabiha Gökçen pourrait également être une orpheline arménienne. À ce moment-là, tout l'enfer s'est déchaîné. L'état-major général a publié une déclaration très dure et pris pour cible Hrant Dink. L'état-major a considéré l'affirmation selon laquelle Sabiha Gökçen était arménienne comme une menace majeure. Ce n'était pas suffisant, deux jours plus tard, Hrant Dink a été appelé au poste de gouverneur et a été menacé par deux responsables du MİT. Il a été dit : "Attention, marche sur tes pieds". Ce n'était pas assez, Ülkü Ocakları s'est réuni devant la présidence du district de MHP Şişli, Il s'est présenté devant le journal Agos avec un discours de haine. "Hrant Dink est notre cible", a déclaré le président provincial de l'Ülkü Ocakları devant le journal Agos. Ce n'était pas suffisant, la justice a pris des mesures. Le pouvoir judiciaire a intenté une action en justice contre Hrant Dink avec l'allégation d'insulte à la turcité, ce que Hrant Dink n'a jamais voulu ou ne pouvait pas dire dans un article. Hrant Dink a été condamné, bien que certaines personnes aient dit : « Une telle chose ne peut pas arriver ».

Selon eux, Hrant Dink était désormais un ennemi déclaré des Turcs et il visait. Certains acteurs appelés « Ergenekonists » ont ciblé Hrant Dink devant le journal Agos. La presse ciblait Hrant Dink dans le linge, le titre et les gros titres. Hrant Dink a écrit l'article "Mon humeur est un malaise de pigeon" une semaine avant son assassinat le 19 janvier 2007, en disant "Je suis maintenant sur la cible". Il a expliqué dans tous les détails pourquoi il était visé, mais l'AKP était au pouvoir à ce moment-là et n'a rien fait. Il n'a pas protégé Hrant Dink. Bien que toutes les agences de renseignement de l'État savaient que Hrant Dink serait assassiné, elles n'ont pas surveillé Hrant Dink, mais le gang qui est parti de Trabzon Pelitli et les a amenés au journal Agos.» (…) Garo Paylan (député turc d'origine arménienne)

Le site du Mémorial Hrant Dink et celui du journal Argos

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2023

 
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1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier 1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier

28 mai : l'Arménie commémore sa première indépendance

Ce jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

 

Le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր) est un jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

À la suite de la révolution de février 1917 en Russie, un Commissariat de Transcaucasie est créé (novembre 1917). Il décide de réunir une assemblée générale (Sejm) et de proclamer l'indépendance. Finalement, la République fédérative démocratique transcaucasienne a été proclamée en février 1918. Mais, elle a existé pendant trois mois.

Finalement, le 28 mai 1918, le Conseil national arménien proclame l'indépendance de l'Arménie. La République d'Arménie fut le premier État arménien moderne depuis la chute du Royaume arménien de Cilicie en 1375. Malheureusement, cette république nouvellement indépendante n'a pas existé longtemps. En 1920, elle est envahie par l'Armée rouge soviétique.

Ce premier jour de la République en Arménie coïncide avec celui de la république d’Azerbaïdjan, proclamé le même jour et célébré par un jour férié. Ces jours fériés arménien et azerbaïdjanais n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Les deux républiques ont obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mai 2022

 
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1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier

26 mai : les Arméniens célèbrent la victoire de Sardarapat qui permit l’existence d’une république d’Arménie

L’issue de cette bataille de Sardarapat aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

 

L’issue de cette bataille de Sardarapat (Սարդարապատի ճակատամարտ) aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

La Révolution d’Octobre en 1917, a entraîné un désengagement des troupes russes qui ont quitté les territoires qu’elles occupaient en Arménie occidentale après la déroute des Ottomans. Profitant de cette nouvelle situation, les autorités turques ont décidé de lancer une offensive pour reprendre non seulement l'Arménie occidentale, mais aussi l'Arménie orientale et même toute la Transcaucasie, que la Russie avait intégré à son empire un siècle plus tôt.

Violant l'accord de cessez-le-feu signé avec les Russes en 1917, les troupes turques ont donc attaqué et occupé Yerznka, Erzurum, Sarighamish, Kars et, le 15 mai, Alexandropol (aujourd’hui Gyumri). Les Arméniens reculaient sous la pression d'une armée turque de 100 000 hommes dirigée par Vehib Pacha. Leurs 20 000 soldats et officiers arméniens n’étaient armés que de vieux fusils et mitrailleuses de l'armée russe. La bataille a duré 9 jours du 21 au 28 mai 1918. Les Turcs finirent par être repoussés par les Arméniens qui jouaient leur survie. L’Arménie orientale était le refuge de nombreux survivants du génocide de 1915. Il est probable qu’une occupation de toute la Transcausie par les armées turques aurait provoqué l’anéantissement du peuple arménien.

La victoire de Sardarapat (ou Sardarabad) a une énorme signification pour l'Arménie. La population arménienne dans la partie nord de la vallée de l'Ararat a été sauvée du génocide turc, une partie importante de l'Arménie orientale a été sauvée de la conquête turque et les conditions ont été créées pour la création d’un État arménien : le 28 mai 1918, la République d'Arménie était proclamée.

Le 26 mai 1918, une journée du souvenir a été instituée en l'honneur de la victoire à la bataille de Sardarapat et de la défaite de l'armée turque.  La bataille héroïque de Sardarapat est souvent appelée "Avarayr du XXe siècle".

Chaque année, le 26 mai, une cérémonie se déroule au mémorial construit en 1968 pour le 50e anniversaire de la bataille. En 2014, la rue menant au mémorial de Sardarapat a été baptisée Mosves Silikyan, et celle rue menant du village d'Araks au musée de Sardarapat porte le nom de Daniel Bek-Pirumyan, autre acteur majeur de la victoire, avec Tovmas Nazarbekyan.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mai 2022

 

Mémorial dédié à la victoire arménienne à la bataille de Sardarapat à Nos Armavic (Sardarapat) près d’Araks , en Arménie

Commémoration

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13- 14 février : Trndez, une fête arménienne de la purification

Ce soir, les Arméniens célèbrent le Trndez, une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu. le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

 

Ce soir, les Arméniens célèbrent Trndez (Տրնդեզ), une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu et du soleil et symbolisant l'arrivée du printemps et de la fertilité. Le soir du 13 février, on allume des feux de joie. Les couples sautaient par-dessus le feu pour rendre leur amour plus fort, et les femmes sans enfant le font dans l'espoir de tomber enceinte. La soirée  est faite de chansons traditionnelles et de danses autour du feu. À la fin de la soirée, avec les flammes du feu sacré les participants allument des bougies et les ramènent chez eux. Le lendemain, la fête continue et les cendres du feu seront dispersés dans les champs pour garantir une bonne récolte.

Comme c’est le cas de toutes les fêtes païennes, l’Église retenue la date pour y établir une célébration : le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

Selon la loi juive, dont le christianisme a hérité, 40 jours après la naissance de chaque enfant mâle, la mère de l'enfant se rend au temple avec son enfant, offrait un sacrifice et recevait une bénédiction du prêtre pour son enfant. Pour l’Église apostolique arménienne, Noël et l’Épiphanie sont fêtés le 6 janvier, ce qui fait que la fête de la Présentation (Tiarnendaraj - Տեառնընդառաջ) tombe le 14 février. Selon les canons de l'Église arménienne, à la fin de la cérémonie de la pré-fête, les quatre origines du monde sont bénies. Les feux tirés des lampes de l'église sont allumés comme un symbole de la lumière du Christ.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2022

 
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1992, Arménie, armée Bruno Teissier 1992, Arménie, armée Bruno Teissier

28 janvier : les 30 ans de l’armée de la République d’Arménie

Le Jour des forces armées, jour férié, est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992. Depuis la défaite de 2020, face à l’Azerbaïdjan, l’ambiance de cette journée a totalement changée.

 

Depuis 2001, l’Arménie célèbre son armée par un jour férié (et chômé depuis 2003). Le Jour des forces armées (Բանակի օր) est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992, soit un mois après la disparition de l’URSS et quatre mois après la déclaration d’indépendance de l’Arménie. Néanmoins, des forces armées arméniennes s’étaient déjà constituées dès février 1988 afin de défendre l’autonomie du Haut-Karabagh. Les deux entités, l’Arménie et le Haut-Karabagh, auront ensuite deux armées distinctes.

Jusqu’en 2020, cette journée de l’armée était l’occasion de défilés militaires triomphants. Avec le choc de la défaite, novembre 2020, de l’armée de défense de l’Astrakh (Haut-Karabakh) épaulée par l’armée arménienne face à l’armée azerbaïdjanaise, appuyée par la Turquie, l’ambiance de la journée du 28 janvier a totalement changé. Aujourd’hui, harcelée aux frontières par les forces azerbaïdjanaises, l’armée arménienne est franchement sur la défensive.

« La situation résultant de la dernière guerre bouleverse un fragile équilibre que la partie arménienne tenait pour acquis. Habituées à un schéma de guerre de tranchée et forte de son avantage sur le terrain, l’armée arménienne et l’armée de défense de l’Artsakh s’étaient retranchées derrière une sorte de ligne Maginot le long d’un territoire re- connu comme azerbaïdjanais. La nouvelle carte issue du cessez-le-feu du 9 novembre 2020 complexifie considérablement la défense du territoire. »

« Si l’Arménie n’est pas restée les bras croisés pendant que l’Azerbaïdjan poursuivait son effort de guerre, la guerre de l’automne 2020 a toutefois révélé les failles de la stratégie de défense d’Erevan. En premier lieu l’armée arménienne a négligé l’émergence d’une nouvelle doctrine d’emploi de drones et de munitions téléopérées dont l’usage massif durant le récent conflit a démontré la constante évolution. De même, les défenses sol-air (DSA) arméniennes frappées d’obsolescence se sont révélées inadaptées face à l’offensive turco-azerbaïdjanaise. 

L’Arménie a fondé sa capacité de dissuasion sur le couple défense populaire-missile à longue portée. Pour cela l’armée de conscription, ajoutée à l’appel aux volontaires et aux forces d’autodéfense de l’Artsakh, aurait pu stopper l’agression comme ce fut le cas lors de la courte guerre d’avril 2016. Mais la guerre de 2020 a montré que cette stratégie était frappée  » (deux extraits de la Géopolitique de l’Arménie de Tigrane Yégavian)

Le point sur la situation : une interview de Tigrane Yégavian

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 janvier 2022

 
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1988, URSS, Arménie, 7 décembre, séisme Bruno Teissier 1988, URSS, Arménie, 7 décembre, séisme Bruno Teissier

7 décembre : l'Arménie se souvient du séisme de 1988

Les autorités arméniennes, comme la diaspora, commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.

 

Les autorités arméniennes commémorent chaque année les presque 30 000 morts (et plus de 500 000 sans abris) causés par le séisme du 7 décembre 1988, à 11h41, de magnitude 6,9 ravageait le nord de l'Arménie, en particulier  la région de Leninakan (aujourd'hui, Gyumi). 

Le désarroi était tel que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'URSS, qui vivait ses dernières années, acceptait une assistance étrangère d'urgence.  Le séisme a presque entièrement détruit deux villes au nord de l’Arménie : Spitak et Leninakan. C’était, il y a 30 ans, jour pour jour.

En France la diaspora commémore la catastrophe, comme à Valence où le C24 Comité du 24 Avril Drôme-Ardèche appelle le public à un rassemblement devant la stèle du génocide à Valence, œuvre de Toros, square Jean-Manoug Stépanian. Au programme : allumage de bougies, dépôts de gerbes, dont celles du Maire de Valence Nicolas Daragon et du C24 et chant Pour toi Arménie, composé par les jeunes de l’Académie de danses et chants France-Ashtarak-Arménie. Prières.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2018

 
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