L’Almanach international

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2005, Liban, assassinat, 14 février Bruno Teissier 2005, Liban, assassinat, 14 février Bruno Teissier

14 février : le souvenir lointain de Rafic Hariri

Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné et plus divisé que jamais ? Son assassinat spectaculaire, opéré par des forces pro-syriennes, avait pourtant choqué le monde entier. Pour ce 19e anniversaire son fils est de retour à Beyrouth, parviendra-t-il à sortir le Liban de sa dérive mortifère ?

 

L’annonce de son assassinat spectaculaire, le 14 février 2005, dans une attaque terroriste (environ 1 800 kilogrammes de TNT explosant alors que son cortège traversait Beyrouth) avait provoqué un sursaut démocratique, une « révolution du cèdre » annonciatrice d’un nouveau Pacte national qui scellerait — enfin — la vraie réconciliation nationale après quinze ans de guerre civile… Cet élan appartient à l’histoire ancienne.

Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné, et plus divisé que jamais ? Même dans son fief de Saïda la commémoration de la mort d’Hariri se fait chaque année un peu plus discrète. Le pays n’a plus de président depuis octobre, il est menacé d’une guerre avec son voisin. Le courant politique que représentait Rafic Hariri est aujourd’hui marginalisé, son fils Saad Hariri, a quitté la vie politique en 2021, mais ce dernier est de retour à Beyrouth pour ce 14 février 2024 à l’occasion du 19e anniversaire de la mort de son père.… Certains se prennent à rêver à un retour au pouvoir du Courant du futur, pro Hariri. Pour l’heure, ce sont les milieux pro-syriens, et profondément anti-israéliens, ceux-là mêmes qui ont fomenté l’assassinat d’Hariri, qui se sont imposés à la tête d’un pays à la dérive.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024

Le mémorial de la place des Martyrs

 
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Fêtes traditionnelles, 14 février Bruno Teissier Fêtes traditionnelles, 14 février Bruno Teissier

14 février : la Saint-Valentin, une fête mondialisée décriée ou célébrée, selon les pays

Cette fête des amoureux est franchement ringarde en Occident, sauf aux États-Unis où elle reste très populaire. Dans le reste du monde, elle est au contraire perçue comme un symbole des coutumes occidentales qui fascinent les uns et que d’autres rejettent avec vigueur. La Saint-Valentin et son décorum très kitsch connaissent un grand succès en Chine et au Japon, elle est interdite en Iran, mal vue en Inde ou en Arabie…

 

La Saint-Valentin, cette fête des amoureux est franchement ringarde en Occident où elle n’est plus guère fêtée aujourd’hui, sauf aux États-Unis où elle reste très populaire. Dans le reste du monde, sans doute en raison de son succès dans le monde anglo-saxon, elle est au contraire perçue comme un symbole des coutumes occidentales qui fascinent les uns et que d’autres rejettent avec vigueur.

En Chine, les jeunes générations ont largement adopté cette fête qui éclipse aujourd’hui la traditionnelle Qīxī qui, cette année, tombera le 22 août et que les autorités tentent en vain de promouvoir. En Chine, beaucoup de couples se marient encore jour de la Saint-Valentin, comme aux Philippines où certaines localités offrent des cérémonies de masse sans frais.  Partout en Asie de l’Est, le prix des roses rouges explose ce jour-là. À Singapour, on dépense beaucoup en cadeaux entre amoureux.

Au Japon, la Saint-Valentin connaît un grand succès depuis les années 1960. Ce jour-là, ce sont les femmes qui offrent des chocolats aux hommes, giri-choco  pour les amis ou les collègues de travail (là il s’agit de bien calculer le poids de chocolat à distribuer à chacun, pour ne froisser personne) , honmei-choco pour leur amoureux, assortis parfois d’un cadeau plus personnel comme une cravate. Le 14 mars, Jour blanc, les hommes feront un cadeau en retour à leur dulcinée ou, par obligation, à leur collège de travail comme celles-ci ont fait le 14 février.  Les chocolatiers japonais réalisent la moitié de leurs ventes annuelles à cette période de l'année. Les Coréens ont adopté les mêmes traditions.

La Saint-Valentin, toutefois, n’est pas acceptée partout. Dans le monde musulman, cette fête, jugée décadente, est plutôt mal vue, comme en Malaisie voire quasiment prohibée. En Arabie saoudite, aux alentours du 14 février, la police religieuse pourchassait toute décoration rouge dans les vitrines de magasins, les emballages cadeaux à motifs de cœurs sont également interdits. Jusque vers 2018, il n’était pas question, le 14 février, pour les fleuristes de vendre des roses rouges. Du coup, elles se négociaient sous le manteau quatre ou cinq fois leur prix. Finalement, face à la déferlante de tout un commerce parallèle, les autorités saoudiennes ont lâché du lest depuis 4 ou 5 ans.

En Iran, c’est l’inverse, la Saint-Valentin selon le kitsch américain a été longtemps tolérée dans les vitrines des magasins. Depuis 2018, la vente de tout ce qui à trait à la Saint-Valentin est interdit. Pour la jeunesse des classes moyennes et aisées, la journée malgré tout est l’occasion de sortir en couple, de préférence dans des soirées privées, car ni les bars ni les boîtes de nuit ne sont mixtes en Iran. Les autorités cherchent à contrecarrer cette fête occidentale par la promotion d’une célébration d’origine zoroastrienne : Sepandārmazgān (سپندارمذگان ), le 24 février, mais sans grand succès. Au Pakistan, la Saint-Valentin, apparue dans les années 1990 , a été également interdite récemment.

En revanche, la Saint-Valentin est de retour à Mossoul. Interdite durant l’occupation de la ville par le groupe État islamique (EI), la fête des amoureux a pris possession des rues de Mossoul, l’ex-capitale irakienne de l’organisation djihadiste. À Bagdad, la ville et les magasins se parent de rouge. Même chose au Caire où les magasins arborent des ours en peluche de couleur rouge chaque 14 février.

En Inde, au contraire, la Saint-Valentin est vue comme une importation coloniale, contraire à l’identité indienne. Il y a quelques semaines, l'Animal Welfare Board of India avait invité à observer le 14 février comme le Cow Hug Day (Jour du calin avec une vache), censé être plus conforme à la tradition védique. Devant les moqueries que cette initiative a provoqué, le gouvernement indien y a finalement renoncé, il y a quelques jours.

La Saint-Valentin a des concurrents locaux :  en Espagne, la Sant-Jordi, le 23 Avril ; au pays de Galles, le 25 Janvier ; au Brésil, c’est le 12 Juin, veille de la Saint-Antoine, saint protecteur des amoureux car la Saint-Valentin, tombe souvent en période de carnaval… 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Au Caire

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13- 14 février : Trndez, une fête arménienne de la purification

Ce soir, les Arméniens célèbrent le Trndez, une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu. le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

 

Ce soir, les Arméniens célèbrent Trndez (Տրնդեզ), une fête populaire dont l’origine est antérieure au christianisme, liée au culte du feu et du soleil et symbolisant l'arrivée du printemps et de la fertilité. Le soir du 13 février, on allume des feux de joie. Les couples sautaient par-dessus le feu pour rendre leur amour plus fort, et les femmes sans enfant le font dans l'espoir de tomber enceinte. La soirée  est faite de chansons traditionnelles et de danses autour du feu. À la fin de la soirée, avec les flammes du feu sacré les participants allument des bougies et les ramènent chez eux. Le lendemain, la fête continue et les cendres du feu seront dispersés dans les champs pour garantir une bonne récolte.

Comme c’est le cas de toutes les fêtes païennes, l’Église retenue la date pour y établir une célébration : le 14 février est la fête de la Venue du Fils de Dieu au Temple (la Présentation de Jésus au Temple pour les catholiques). Autrement dit, la chandeleur pour la culture populaire.

Selon la loi juive, dont le christianisme a hérité, 40 jours après la naissance de chaque enfant mâle, la mère de l'enfant se rend au temple avec son enfant, offrait un sacrifice et recevait une bénédiction pour son enfant du prêtre. Pour l’Église apostolique arménienne, Noël et l’Épiphanie sont fêtés le 6 janvier, ce qui fait que la fête de la Présentation (Tiarnendaraj - Տեառնընդառաջ) tombe le 14 février. Selon les canons de l'Église arménienne, à la fin de la cérémonie de la pré-fête, les quatre origines du monde sont bénies. Les feux tirés des lampes de l'église sont allumés comme un symbole de la lumière du Christ.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2022

 
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