L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
9 juin : la mémoire des pendus de Tulle
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 d’entre eux ne reviendront pas.
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 ne reviendront pas. Le lendemain, 10 juin, aura lieu le massacre d'Oradour qui a plus profondément encore marqué les mémoires.
Ce massacre a été ordonné par le général SS Heinz Lammerding. En 1953, celui-ci sera condamné à mort par contumace, en France, mais l'Allemagne de l'Ouest ne l'extradera jamais ni ne le jugera. Outre le massacre de Tulle, celui-ci est aussi responsable de ceux d'Oradour-sur-Glane et d’Argenton-sur-Creuse en 1944. Il est mort en 1971 à Bad Tölz, haut lieu de la culture SS, en 1971. Ses funérailles ont rassemblé plusieurs centaines d'anciens officiers nazis. Il dirigeait la division Das Reich qui avait œuvré sauvagement dans les Balkans et sur le Front de l’Est. Heinz Lammerding avait pour mission de réduire les maquis de Corrèze alors que le débarquement allié en Normandie venait juste d’avoir lieu. En fait de combattants, ses victimes ont principalement été des populations civiles.
Des tresses de fleurs sont accrochées aux balcons et aux réverbères, là où les victimes ont été suppliciées. Dans l'après-midi, comme chaque année depuis 1988, François Hollande qui a été maire de Tulle, prend part aux commémorations.
Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au 9 juin s’étendent sur trois jours : le 7 juin, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victime des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de Cueille.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juin 2025
27 avril : les Slovènes célèbrent leur résistance à l’occupant nazi
La Journée de la résistance contre l'occupant (nazi) fait référence à une toute première réunion, en avril 1941, de politiques et d’intellectuels slovènes décidant former un front de libération.
Ce jour férié slovène fait référence à la Seconde Guerre mondiale. La Slovénie était alors partie intégrante du royaume de Yougoslavie qui fut attaqué par l’Allemagne, le 6 avril 1941. L’armée royale n’a pas résisté longtemps, Belgrade a capitulé au bout de 12 jours et la Wehrmacht n’a pas tardé à atteindre la Slovénie. Le 26 avril, Hitler était à Maribor. Le territoire slovène sera divisé entre les puissances occupantes : l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie. Une zone autour de Brežice sera également occupée par le NDH fasciste croate.
Ce même 26 avril 1941, des Slovènes décident de résister à l’occupant. Des représentants du Parti communiste de Slovénie, des chrétiens-socialistes, de Sokolov et des travailleurs culturels se réunirent dans la maison de l'écrivain Josip Vidmar à Rožna dolina, dans la banlieue de Ljubljana pour établir un Front anti-impérialiste qui, après l'attaque allemande contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941, sera rebaptisée Front de libération de la nation slovène (Osvobodilna fronta Slovenskega naroda) ou simplement OF.
À l’issue de la guerre, le 27 avril 1944, le Comité provincial de libération nationale du littoral slovène a déclaré le 27 avril jour férié national et jour de congé. Il y a eu un petit cafouillage sur la date entre le 26 et le 27 qui ne sera pas corrigé. C’est ainsi qu’a été instaurée la Journée de la résistance contre l'occupant (Dan upora proti okupatorju) aussi appelée Journée du Front de libération (Dan osvobodilne fronte). Cette journée sera ensuite confirmée par une loi de 1948. Mais, cette date a profondément irrité les Serbes car elle soulignait le fait que les Slovènes se sont entrés en résistance bien avant eux. Les communistes serbes et croates ont, en effet, attendu le 4 juillet pour se mobiliser, suite à un appel à la mobilisation de Staline.
Pour ne pas irriter Belgrade, les Slovènes vont s’abstenir de célébrer cette date à partir de 1952, son abolition officielle sera même prononcée en 1958. Arguant que les premières actions partisanes ont été organisées contre l'occupant fasciste ont commencé sur le sol slovène à partir du 22 juillet 1945, Belgrade imposera la date du 22 juillet comme Journée du Front de libération.
Finalement, en 1968 à la faveur d’une libéralisation et d’une décentralisation de la Yougoslavie, la Slovénie va pouvoir réinstaller la date du 27 avril. Elle a depuis été célébrée chaque année. La cérémonie principale se déroule dans une localité différente tous les ans. Pour ce 27 avril 2025, c’est à Tržič, en Haute-Carniole, qu’elle a lieu.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 avril 2025
28 octobre : le jour où les Grecs ont dit « non »
Ce jour est jour férié en Grèce et à Chypre en référence au “ Non ” des Grecs face à l’ultimatum de Mussolini en 1940. L’évènement est commémoré chaque année par des défilés de soldats et d’étudiants.
Il y a treize ans, le 28 octobre 2011, les Grecs défilaient dans les rues pour dire « non » à l’austérité imposée par la gestion européenne de leur dette publique. Le slogan était tout trouvé, les sentiments anti-européens étaient toujours prêts à resurgir en cette période très humiliante pour le pays. En réalité, cette fête très patriotique fait référence à un événement beaucoup plus ancien.
En 1940, le 28 octobre à 4 heures du matin, Rome demandait au président Metaxas de permettre à l’armée italienne de disposer du territoire grec dans le cadre de la stratégie de l’Axe. Metaxas opposa à Mussolini un « non » catégorique. C’est ce sursaut patriotique, face à un pays plus puissant, que la Grèce commémore aujourd’hui par un jour férié, le Jour du Non (Επέτειος του « 'Οχι »).
Cet ultimatum a été présenté à Metaxas par l'ambassadeur d'Italie en Grèce. En réalité, le président grec ne lui aurait pas répondu par un simple “non” mais par cette phrase, prononcée en français : « Alors, c'est la guerre ! »
À ce moment-là, Metaxas avait exprimé le sentiment populaire grec, le refus de la soumission. Ce refus a été transmis à la presse grecque de l'époque avec le mot « 'Οχι » (non). Le mot « NON » a figuré pour la première fois comme titre dans l'article du journal Hellenic Future de N. P. Efstratiou le 30 octobre 1940.
L'ultimatum stipulait que l'attaque débuterait à 6 heures du matin. À cinq heures et demie du matin, la guerre gréco-italienne commença par une invasion surprise.
L’histoire ne s’arrête pas là. Les Grecs ont si bien résisté face à l’offensive italienne que les Allemands ont dû prêter main-forte aux Italiens. Si bien que Hitler a dû retarder de deux mois son offensive contre la Russie. Deux mois face au « général hiver », ça ne pardonne pas. L’enlisement allemand face à la Russie a marqué le tournant de la guerre. Comme quoi, un petit “non” très déterminé…
Il est à noter que la Grèce est le seul pays au monde qui ne célèbre pas sa libération mais son entrée en guerre. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la guerre civile a éclaté, de fait le pays est resté en état de guerre. C’est la raison pour laquelle le 28 octobre a été érigé en fête nationale et non le 12 octobre (jour de la libération d’Athènes en 1944) ou le 18 octobre suivant, jour où Georges Papandreou a hissé le drapeau national sur l'Acropole. Ni même le 30 octobre 1944, date retrait des nazis de Thessalonique. Quant à la date du 8 ou 9 mai 1945, elle n’a guère de sens dans un pays qui était libéré de l’occupation nazie depuis octobre 1944.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 octobre 2021
15 août : le Japon se souvient de ses 30 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale
Le Japon commémore ses morts de la Seconde Guerre mondiale. La date choisie est celle de la reddition du Japon en 1945, il y a 79 ans.
Le Japon commémore ses morts de la Seconde Guerre mondiale. C’est Shūsen-kinenbi ( 終戦記念日), la date choisie est celle de la reddition du Japon en 1945. Celle-ci, consentie dès le 10 août par Tokyo, a été acceptée par les Alliés le 14 août 1945, mais ce n’est que le lendemain qu’elle a été signée, à bord du navire américain Missouri, et signifiée par la radio aux Japonais.
Le service commémoratif national pour les morts de la guerre (全国戦没者追悼式) débute toujours à 11 h 51 précise, de manière que la minute de silence tombe pile à midi. Cela commence par l’arrivée de l’Empereur et de son épouse, suivie de l’exécution de l’hymne national (Kimigayo) et d’un bref discours du Premier ministre. Après la minute de silence, c’est au tour du roi de prononcer un discours, suivi par ceux des présidents des chambres. L’empereur se retire et on procède à l’offrande des fleurs. La cérémonie est diffusée à la télévision. L'empereur et l'impératrice sont toujours présents, ainsi que des représentants d'organisations commerciales, syndicales, politiques et religieuses, et des familles endeuillées. Le nombre de participants peu atteindre plusieurs milliers. Beaucoup moins en période de covid.
Autrefois, le service avait lieu au sanctuaire de Yasukuni, où reposent les âmes de plus de deux millions et demi de soldats japonais morts de 1868 à 1951, mais aussi quatorze criminels de guerre condamnés en 1945 dont le premier ministre Hideki Tōjō et le chef d'état-major de l'Armée Yoshijirō Umezu (transférés secrètement dans ce temple en 1978). Ce temple shintoïste est ainsi devenu un haut lieu du nationalisme et de l’extrême droite japonaise. En 1965, la cérémonie a donc été transférée au budokan (salle de sport) de Tokyo, lieu plus neutre, où elle est toujours célébrée aujourd'hui. Le service est destiné à honorer à la fois les victimes militaires japonaises et les victimes civiles de la guerre, soit plus de 30 millions de personnes décédées au total.
Cependant, des députés conservateurs, parfois des ministres, ainsi que de nombreux militants révisionnistes, continuent de venir se recueillir le 15 août dans le sanctuaire de Yasukuni. Depuis l’époque de Shinzo Abe, qui a visité le sanctuaire en 2013, le mouvement pour la « renationalisation » de Yasukuni est de plus en plus puissant, ce qui est très mal vécu à Pékin et à Séoul car ce sanctuaire symbolise le militarisme nippon des années 1930 et 1940. La nomination en avril 2024 d’un ancien militaire, l’amiral Umio Otsuka, à la tête du controversé sanctuaire, va dans ce sens. Autrefois, il dépendait directement du ministère des Armées. Ce sont les Américains, en 1945, qui ont imposé sa transformation en corporation religieuse indépendante sans lien avec l’État.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 août 2024
8 juillet : hommage à Jean Moulin en gare de Metz
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour commémorer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Comme chaque année, une cérémonie a lieu en gare de Metz pour célébrer l'anniversaire de la mort de Jean Moulin. Son décès, survenu dans le train le conduisant en Allemagne, a été enregistré en gare de Metz en 1943.
Arrêté le 21 juin par la Gestapo, le chef du Conseil national de la résistance aurait été interrogé, torturé et finalement déporté vers l'Allemagne. Il serait décédé de ses blessures dans le train, peu avant la frontière. Sa mort est enregistrée en gare de Metz... Cela dit, rien n'est moins sûr. En fait personne ne sait exactement où Jean Moulin est mort, certains se demandent même s'il était vraiment présent dans ce train-là.
Une exposition permanente en hommage à Jean Moulin, située dans la salle de réunion qui porte son nom à la préfecture de la Moselle, rappelle chaque jour le parcours de ce haut fonctionnaire qui a réuni les opposants à l’occupation nazie, jouant ainsi un rôle essentiel dans la libération de la France et la reconstruction du pays au lendemain de la guerre.
Le 8 juillet 2014, avait été inaugurée une statue en hommage à Jean Moulin. Le monument est une œuvre de l’artiste allemand, Stephan Balkenhol. Depuis le 21 juin (anniversaire son arrestation) dernier, une affiche aux traits de Jean Moulin est installée sur la façade de la préfecture.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juillet 2024
La statue de Jean Moulin en gare de Metz.
10 juillet : hommage aux 80 de Vichy
Un rassemblement officiel se déroule chaque année en hommage aux 80, les députés qui ont refusé d'accorder les pleins pouvoir à Pétain, au Casino de Vichy.
Un rassemblement officiel se déroule chaque année en hommage aux 80, les parlementaires (vingt-trois sénateurs et cinquante-sept députés ) qui ont refusé d'accorder les pleins pouvoir à Pétain, au Casino de Vichy.
Le 10 juillet 1940, Pétain demandait au Parlement de mettre fin à la République. Bien sûr, la demande n'était pas rédigée ainsi. Le héros de 1918 — vingt-deux ans plus tôt — avait travesti son dessein : il a sollicité du Parlement les pouvoirs constituants, afin de rédiger une nouvelle constitution qui devait être approuvée par de nouvelles assemblées. En réalité, fort de ce vote, il a, le lendemain, pris tous les pouvoirs. Seuls quatre-vingts parlementaires ont voté non. Le Comité est né de la volonté de Jean Marielle pour leur rendre hommage. Plus tard, les parlementaires qui avaient quitté la France pour l'Afrique du Nord où le combat pouvait continuer, ont été associés à cet hommage.
En effet, le 19 juin 1940, le gouvernement français décide de partir à Alger pour se soustraire à l’avance allemande. Les parlementaires reçoivent l’ordre de gagner le Verdon, sur l’Atlantique, où un paquebot, le Massilia, affrété sur les instructions du gouvernement, est mis à leur disposition. Vingt-sept parlementaires - vingt-six députés et un sénateur - embarquent le 21 juin 1940 à destination de Casablanca. Ils espèrent voir transférer le siège des pouvoirs publics dans les départements d’Algérie, afin de poursuivre la lutte contre l’ennemi sur les terres africaines françaises. Pétain fera un autre choix, celui de demeurer en France et de collaborer.
Outre la cérémonie annuelle du 10 juillet à Vichy qui a désormais pris un éclat particulier depuis que le Président de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat la président alternativement, le Comité entretient la mémoire de ces parlementaires.
http://www.80-vichy.fr
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 juillet 2024
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22 avril : la mémoire de la Shoah en Serbie et de toutes les victimes du régime des oustachis
Le Jour du souvenir de l'Holocauste en Serbie commémore la tentative d'évasion du camp de concentration de Jasenovac, le 22 avril 1945. Cette journée est aussi l’occasion de se souvenir de toutes les victimes du régime des oustachis croates.
La Journée internationale du souvenir de l'Holocauste (ou Shoah) est célébrée le 27 janvier, mais certains pays ont une date qui leur est propre comme la Serbie où le Jour du souvenir de l'Holocauste en Serbie est observé le 22 avril.
Le nom complet de cette célébration est « Jour de mémoire pour les victimes de l'Holocauste, du génocide et des autres victimes du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale » (Дан сећања на жртве холокауста, геноцида и других жртава фашизма у Другом светском рату). Elle est dédiée à la mémoire des Serbes, des Roms et des Juifs qui ont été victimes de crimes contre l'humanité dans l'État indépendant de Croatie (un État fantoche de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne ) et dans la Yougoslavie occupée par les nazis.
La date du 22 avril a été choisie car elle commémore la tentative d'évasion du camp de concentration de Jasenovac, tenu par les oustachis (fascistes croates). Le 22 avril 1945, plus de 1 000 prisonniers se révoltèrent et tentèrent de s'évader. La plupart ont été tués et moins d’une centaine a réussi à s'échapper. Le lendemain, des unités partisanes (résistants) se sont approchées du camp et la libération de Jasenovac a commencé. Mais ils n’ont pu entrer dans le camp qu'au début du mois de mai 1945.
Le terrible bilan de la Shoah en Serbie est d’environ 14 500 juifs assassinés, soit plus de 90 % de la population juive totale. Des milliers de Roms et de Serbes ont également été tués. Le 22 avril, de nombreuses cérémonies commémoratives sont organisées dans tout le pays pour honorer la mémoire des victimes du régime nazi et de leurs complices oustachis.
À Paris, l'association française "Enfants de Jasenovac", a organisé, pour la seconde fois, une commémoration qui s’est tenue samedi 20 avril 2024, place de Colombie, à 11 heures.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2024
11 avril : l’anniversaire de la libération du camp de Buchenwald
Le 11 avril 1945, les Américains libéraient 21 000 personnes, dont 9 000 enfants de ce camp de concentration allemand établi par les nazis près de Weimar. Environ 250 000 personnes y ont été internées. C’est aujourd’hui le 79e anniversaire de la libération de Buchenwald, situé dans une région aujourd’hui rongée par une extrême droite toujours tentée par les mêmes démons.
Le 11 avril 1945, les Américains libéraient 21 000 personnes, dont 9 000 enfants de ce camp de concentration allemand établi par les nazis près de Weimar. Environ 250 000 personnes de tous les pays d'Europe furent internées entre juillet 1937 et avril 1945 à Buchenwald. Au total, 34 375 décès sont enregistrés dans les dossiers du camp. Mais ne sont officiellement pas recensés les prisonniers de guerre soviétiques, assassinés d'une balle dans la nuque, les prisonniers de la Gestapo achevés dans le crématoire de Buchenwald (estimés à 1100), les victimes des convois d'évacuation des camps de l'Est arrivées à Buchenwald ou celles évacuées du camp dans des marches de la mort par les SS au printemps 1945. Parmi les survivants célèbres de ce camp : Jorge Semprun, Stéphane Hessel, Elie Wiesel…
Le Mémorial de Buchenwald, inauguré le 14 septembre 1958, aux environs de Weimar, est le plus grand site commémoratif des camps de concentration allemands et un témoignage fondamental sur les crimes nazis. Il se situe dans le Land de Thuringe, où, avec 23,4 % des voix aux élections législatives d’octobre 2019, l’extrême droite incarnée par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) occupe la deuxième place au Parlement régional. Le chef de file régional de l'AfD, autrefois proche des milieux néonazis, incarne le visage le plus extrémiste du parti. En avril 2024, la formation est créditée en Thuringe de 35 % des intentions de vote, loin devant la CDU et surtout le SPD du chancelier Scholz, qui a pratiquement disparu du paysage local. Des élections régionales sont prévues en septembre 2024 dans ce Land, ainsi que dans deux autres Länder d'ex-RDA, le Brandebourg et la Saxe. Lors d’une élection locale dans un district de Thuringe, en janvier 2024, le candidat de l’AfD a recueilli 47,6 %. En septembre 2023, on a même craint que l’AfD remporte la mairie de Nordhausen, la commune où se situe le camp de Buchenwald. Si finalement, le maire sortant, sans étiquette, a été reconduit avec près de 55% des voix, son adversaire d’extrême droite a tout de même fait 45%...
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 avril 2024
19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie
Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.
Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.
Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).
Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblinka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.
À Paris, le Réseau d'actions contre l'antisémitisme et tous les racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 avril 2021
Le monument érigé à la gloire des héros du ghetto de Varsovie
13 février : comment faire cesser le traditionnel rassemblement néonazi de Dresde ?
La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine.
La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et une autre partie de la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine. Plusieurs milliers de policiers sont mobilisés pour éviter les affrontements dans une région où l’extrême droite représente un bon quart de l’électorat.
Traditionnellement, le maire de la ville dépose des roses blanches sur le site commémoratif de l'Altmarkt, au cœur de la ville de Dresde, mais cette année, le site est en travaux. Il ne sera pas non plus accessible aux représentants de l’extrême droite, le AfD qui avait pris l’habitude d’organiser elle aussi une cérémonie ainsi qu’une marche rassemblant des néo-nazis venus de toute l’Europe pour l’occasion. Pour contrecarrer cette manifestation, quelque 20 000 habitants de Dresde organisent une chaîne humaine dans toute la ville. Elle fait sa jonction à 18h sur le Neumarkt, en présence du maire, Dirk Hilbert (CDU). Les cloches de Dresde sonnent alors quelques minutes en mémoire des morts et en rappel aux vivants. Chaque année, la police est sur les dents pour éviter les affrontements entre les néonazis venus pour leur marche et Dresden Nazifrei, une association d’extrême gauche qui s’y oppose. Cette année, c’est une association au spectre politique beaucoup plus large qui a pris les devants : Dresden Resist, regroupant une large société civile, de l'extrême gauche au centre de la société, en passant par le SPD, les Verts, le Parti pirate… pour contrer les manifestations de force de l’extrême droite. La chaîne humaine, introduite par maire Helma Orosz (CDU), il y a de nombreuses années, n’est plus adaptée face à la violence politique.
Cette tension politique éclipse les 25 000 victimes de la « tempête de feu », trois jours de bombardement au phosphore (du 13 au 15 février 1945) sur Dresde, la Florence allemande, dont il ne restera plus que ruines. Après ceux d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit du bombardement aérien le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Dresde n’était pas un objectif stratégique majeur et, en février 1945, l’Allemagne était déjà à genoux. Un demi-siècle plus tard, les Anglais et les Américains ont finalement prononcé des excuses pour tant de victimes civiles inutiles. Mais, comme il s’agissait de punir un pays et un peuple à l’origine de plusieurs millions de morts en Europe, l’histoire a finalement relégué ce drame au rang de simple épisode de la guerre.
Avec moins de victimes, ce fut aussi le sort de Varsovie, Rotterdam, Londres, Coventry… autant de villes bombardées par la Luftwaffe (l'armée de l'air allemande) qui fut à l’origine, ne l’oublions pas, de la stratégie consistant à s’en prendre au cœur des villes pour déstabiliser l’ennemi. Cette année, Kevin Maton, le maire de Coventry ville jumelle de Dresde, est présent aux commémorations.
Le martyre de Dresde est un thème récurrent des discours du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) et du mouvement xénophobe PEGIDA, lesquels affirment régulièrement qu’on aurait caché le nombre réel des victimes en avançant des chiffres fantaisistes allant de 100 000 à 250 000 morts... Ce parti d’extrême droite a connu de gros succès lors des élections régionales de l’automne 2019 en Saxe (27,5 %) dont Dresde est la capitale.
Le parcours commémoratif de cette année 2023 commence à 18h15 au mémorial de la destruction de l'ancienne synagogue et de la Shoah à Hasenberg, en face de la nouvelle synagogue. Il mène ensuite à la sculpture du Grand Homme en deuil, le morceau de débris du dôme de la Frauenkirche du côté nord, puis du côté sud-est de l'Altmarkt près du mémorial des victimes des raids aériens sur Dresde les 13 et 14 février 1945 à la Kreuzkirche au monument et mémorial puis à l'espace de réflexion pour la Sophienkirche et enfin à la Frauenkirche.
Enfin, pour ce qui restent chez eux, le traditionnel concert de l'Orchestre philharmonique de Dresde pour commémorer la destruction de la ville est diffusé en direct par Sachsen Fernsehen à partir de 18h30 et plus tard sur Radio Dresden. Cette année, l’orchestre d'État de Saxe, dirigé par Philippe Herreweghe, joue la Messe monumentale en si mineur de Jean-Sébastien Bach.
Dresde est considérée comme un symbole des horreurs de la guerre moderne. Mais l'avenir de la commémoration des raids aériens dévastateurs des 13 et 14 février 1945 est contesté. Les traditionalistes veulent continuer à commémorer les victimes. D’autres veulent faire de Dresde une ville de paix. Mais aujourd’hui, est-il possible de parler du 13 février 1945 dans ce présent sans parler de la guerre en Ukraine ?
Quelques images d’époque
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2023
17 juillet : Il y a 80 ans, la rafle du Vel d'Hiv
La date commémore la rafle dite du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, opérée par la police française, collaborant ainsi au programme de la solution finale décidée et planifiée par les nazis. En France, la journée est chaque année dédiée à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l'État français.
En France, chaque année, la journée est officiellement dédiée à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l'État français. La date commémore la rafle du Vel d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942 opérée par la police française, collaborant ainsi au programme de la solution finale décidée et planifiée par les nazis.
Le gouvernement français a non seulement accepté de prêter main-forte à ce projet criminel mais en a durcit les conditions. Les Allemands n'entendaient, au départ, déporter que les juifs de 16 à 55 ans. C’est Pierre Laval qui a proposé d'abaisser cette limite d'âge à 2 ans et d'autoriser la déportation des hommes jusqu'à 60 ans. La consigne donné à la police sera également de laisser les animaux à la concierge mais d’emmener les enfants, même de nationalité française.
13 152 personnes, dont plus de 4 000 de moins de 18 ans, furent finalement arrêtées et détenues au Vélodrome d'Hiver (le Vél' d'Hiv, qui a donné son nom à cette rafle), au camp de la Muette à Drancy (Seine-Saint-Denis), mais aussi à celui de Pithiviers (Loiret). Compte tenu de l'ampleur du projet, 6 000 agents de police furent mobilisés pour ces deux journées.
En 1995, Jacques Chirac fut le premier président à reconnaître la responsabilité de la France dans les persécutions antisémites, et non celle du seul régime de Vichy. En juillet 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu président, avait également réaffirmé cette responsabilité et prononcé un plaidoyer contre l’antisémitisme et le racisme, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Cette présence n'a pas été sans susciter des polémiques, tant est contestable la politique du gouvernement israélien à l'égard des populations non juives autant en Israël que dans les territoires occupés par ce pays.
Ce dimanche 17 juillet 2022, Emmanuel Macron inaugure à Pithiviers un nouveau lieu de mémoire de la Shoah dans l'ancienne gare SNCF, désaffectée depuis 1969, d'où six convois sont partis vers le camp de concentration d'Auschwitz en 1942.
Situé au bout de la rue Nélaton, dans le 15e arrondissement de Paris, le palais des sports du Vélodrome d’Hiver n’existe plus aujourd’hui. Il a été détruit en 1959 et remplacé par un immeuble occupé par le ministère de l’Intérieur jusqu’en 2011. Ce lieu est aujourd’hui le siège du groupe Les Echos-Le Parisien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 juillet 2022
Une rafle à Paris, opérée par des policiers français
7 juin : il y a 80 ans, les juifs de France se voyaient imposer l'étoile jaune
Il y a quatre-vingts ans, le 29 mai 1942, le port de l'étoile jaune était imposé par les nazis aux juifs et juives, y compris les enfants, dans la zone qu’ils occupaient en France, à partir du 7 juin 1942. Deux jours plus tôt un même décret avait été signé pour les juifs de Belgique.
Un rassemblement est organisé à Paris, le 7 juin à 18h sur un des lieux où des milliers de personnes furent contraintes de la porter, au Parvis des 260 enfants juifs déportés (place adjacente à la rue des Rosiers, 4e arrondissement).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2022
8 mai : le 80e anniversaire de la capitulation de 1945
La France célèbre la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale par un jour férié. À Paris, la journée commence par un dépôt de gerbe au pied de la statue du général De Gaulle, sur les Champs-Élysées, et se poursuit place de l’Étoile avec un ravivage de la flamme du soldat inconnu par le président de la République.
La France célèbre la fin (officielle) des combats de la Seconde Guerre mondiale par un jour férié. À Paris, la journée commence par un dépôt de gerbe au pied de la statue du général De Gaulle, sur les Champs-Élysées, et se poursuit place de l’Étoile avec un ravivage de la flamme du soldat inconnu par le président de la République qui fait ensuite une revue des troupes présentes. La cérémonie, comme celles qui se déroulent en province, se font, cette année sans public. Les Français sont invités à pavoiser leurs balcons ou fenêtres aux couleurs de la France. Ce qui n’est guère une tradition française.
Cette date n’a pas toujours été une évidence pour les français, même si aujourd’hui, elle fait partie des ponts possibles du mois de mai. Le 8 mai a été férié de 1953 à 1959, puis à nouveau de 1969 à 1975, mais en restant un jour travaillé. En 1959, il est remplacé par le 2e dimanche du mois de mai jusqu’en 1968. Au nom de la réconciliation franco-allemande, le président Giscard d’Estaing avait supprimé la Fête de la victoire des commémorations officielles, au grand dam des associations d’anciens combattants. Elle a été rétablie par le président Mitterrand en 1982 qui, en outre, a fait du 8 mai un jour chômé, ce qu’il n’était pas jusque-là. La date, il st vrai n’est pas aussi mémorable pour la France que celle du débarquement, le 6 juin 1944, ou celle de la libération de Paris, le 25 août 1944.
En fait, le 8 mai, n’est pas date la libération de la France. Celle-ci a eu lieu beaucoup plus tôt pour l’essentiel du territoire (dès 1943 pour la Corse). Et à cette date, le territoire n’est pas totalement reconquis puisque à Lorient ou à Dunkerque, les Allemand résistent encore en dépit de la capitulation.
Le 8 mai, la séquence de la guerre n’est pas terminé, beaucoup d’« absents » ne sont pas encore rentrés, ou rentreront jamais, on ne le sait pas encore. On attend encore les prisonniers de guerre, les membres du STO, les déportés politiques, les juifs et tziganes. On découvre les horreurs de la déportation, mais on ne fait pas encore la distinctions entre camps de concentration et camps d’exterminations. D’autres dates, d’autres commémorations seront nécessaires pour liquider cette guerre, le 8 mai ne remplit que très partiellement cette fonction.
Après plus de cinq années d'une guerre en Europe qui a coûté la vie à des dizaines de millions de personnes, les forces alliées pénètrent en Allemagne en février 1945. Trois jours après le suicide d’Adolf Hitler dans son bunker, le 30 avril, les troupes nazies qui défendent Berlin capitulent, le 2 mai 1945. Le 7 mai, à 2h41 du matin, le général Alfred Jodl – chef d'état-major de la Wehrmacht – signe à Reims la capitulation sans condition de l’Allemagne. L'acte de capitulation fixait la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01. Pour faire plaisir à Staline, un nouvel acte de capitulation du IIIe Reich est signé à Berlin entre les commandements militaires allemands et alliés à 00h16 (d’où la date du 9 mai retenue par les Russe). La guerre prend officiellement fin sur le continent européen.
En Belgique, le 8 mai a été un jour férié de 1953 à 1983, ce n’est plus le cas, cette date n’ayant pas de lien direct avec l’Histoire de la Belgique, laquelle été libérée fin 1944. En 2011, la Norvège a cessé de célébrer la libération pour faire du 8-Mai, la Journée des anciens combattants (Veterandagen). Aux Pays-Bas, la fin de la guerre est fêtée le 5 mai, jour de la libération totale du territoire national. Ce pays célèbre un jour de deuil chaque 4 mai dédié aux victimes du conflit. En Italie, la Fête de la libération est le 25 avril. En Finlande, le 27 avril. Quant aux Russes, c’est le 9 mai qu’ils fêtent la victoire sur l’Allemande nazie… un grande célébration à la gloire de Poutine et de Staline.
Le 8 mai 1945, débutait la Guerre d’Algérie, mais ça, on ne le savait pas encore.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2025
22 juin : il y a 80 ans des partisans croates se soulevaient contre le fascisme
Le jour est férié en Croatie, c’est la Journée de la lutte antifasciste (Dan antifašističke borbe). Elle commémore la création du Détachement partisan de libération du peuple de Sisak le 22 juin 1941. Ce fut la première unité antifasciste non seulement en Croatie, mais aussi dans cette partie de l'Europe.
Le jour est férié en Croatie, c’est la Journée de la lutte antifasciste (Dan antifašističke borbe). Elle commémore la création du Détachement partisan de libération du peuple de Sisak le 22 juin 1941. Ce fut la première unité antifasciste non seulement en Croatie, mais aussi dans cette partie de l'Europe.
En 1941, l'occupation de la Yougoslavie par l'Axe avait permis de proclamer un “État indépendant” de Croatie, qui n’était qu’un État fantoche collaborateur de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste. En réaction, un mouvement partisan antifasciste a commencé à se développer dans la Yougoslavie occupée par l'Axe.
Une première unité de résistance yougoslave a été formée le 22 juin 1941 dans la forêt de Brezovica près de la ville de Sisak (aujourd'hui la Croatie). Parmi ses membres fondateurs figurait Janko Bobetko, qui deviendra en 1991 l'un des généraux les plus éminents de la guerre d'indépendance croate, exactement un demi siècle plus tard. Le Détachement partisan de libération du peuple de Sisak était composé de 79 membres, principalement des Croates. Alors que le mouvement partisan commençait à se répandre, les Croates ont eu le soutien d'autres nations yougoslaves. Le même jour, dans les environs de Vrgorac, également en Croatie, des communistes se mobilisaient. Le Conseil national antifasciste de libération du peuple de Croatie (ZAVNOH) a exercé la fonction législative et exécutive suprême, et en 1945, le ZAVNOH est devenu le Parlement national de Croatie. Ainsi, pendant la lutte de libération nationale, les Croates considèrent que la continuité historique de la souveraineté de l'État croate a été préservée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la République populaire de Croatie a été constituée en tant qu'unité fédérale de l'ancienne République populaire fédérale de Yougoslavie, qui est sortie de la Seconde Guerre mondiale dans le camp des vainqueurs aux côtés des forces alliées.
Aujourd'hui, le 22 juin est célébré en Croatie comme la Journée de la résistance antifasciste. C'est un jour férié non travaillé marqué par des événements festifs dans tout le pays. Ce jour férié n’est célébré que depuis 2002. Dans la Yougoslavie communiste, c’était le 27 juillet que l’on fêtait chaque année le début de la résistance contre les nazis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 juin 2021
14 juin : jour de deuil dans les républiques baltes
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour par les autorités soviétiques.
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées par les Soviétiques à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour.
Ce jour-là, et au cours des trois jours qui suivirent, quelque 10 000 Estoniens, des familles entières, principalement des citadins, furent déportés vers la Sibérie dans des conditions atroces, au point qu’une partie d’entre eux sont morts avant d’arriver à destination. Les familles étaient divisées : les hommes furent majoritairement emprisonnés dans des camps en Sibérie d’où très peu sont revenus alors que les femmes et enfants furent emprisonnées à Kirov, Tomsk, Omsk, Novossibirsk, Krasnovarsk ou encore dans le Krai de l’Altaï. Quelques semaines plus tard, d’autres vagues de déportations ont eu lieu et concernent encore plusieurs milliers de personnes. C’est ce triste anniversaire que les Estoniens célèbrent par un jour de commémoration annuel appelé leinapäev.
Les Lettons déplorent la même tragédie : dans la nuit du 13 au 14 juin, ce sont plus de 5 000 citoyens qui ont été déportés. Le 14 juin est célébré chaque année comme le Jour de la commémoration des victimes de la terreur communiste (Komunistiskā genocīda upuru piemiņas dienā).
En Lituanie, cette date est appelée Jour de deuil et d'espoir (Gedulo ir vilties diena). Elle est jalonnée de cérémonies solennelles et de manifestations en mémoire des 18 500 déportations de cette sinistre journée… Au total, pour cette seule journée du 14 juin 1941 et lors des jours qui suivirent, en Lettonie, en Estonie et en Lituanie ce sont plus de 43 000 Baltes parmi lesquels plus de 3 000 enfants, qui sont déportés en Sibérie. Une majorité y laissera leur vie.
Selon le pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 signé par les dictateurs allemands et soviétiques, les deux États totalitaires se partageaient l’Europe ce qui ouvrait la voie à une occupation soviétique des républiques baltes en octobre et novembre 1939. Ensuite, le 22 juin 1941, le Troisième Reich allemand envahit l'URSS et occupe en quelques semaines les territoires baltes, mettant fin aux déportations vers la Sibérie et d’autres exactions encore plus terribles les remplaceront très vite. Sous l’occupation allemande, des centaines de milliers d’autres Baltes seront déportées ou tués, principalement des juifs exterminés par les nazis ou par des milices baltes dans le cadre de la Shoah. En 1944, l’URSS va ensuite réoccuper les républiques baltes pour un demi-siècle et reprendre de plus belle les déportations vers la Sibérie. Celles-ci dureront jusqu’en mars 1949 et concerneront encore 90 000 personnes. Les commémorations du 14 juin les concernent aussi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 juin 2021
27 mai : journée de la Résistance en France, mémoire du CNR et de son programme
À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance, autour de Jean Moulin.
À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR), autour de Jean Moulin.
Créé en 1943, le CNR était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises.
Réuni pour la première fois le 27 mai 1943 au 48 rue du Four dans le 6e arrondissement de Paris, le Conseil national de la Résistance regroupe représentants des mouvements de Résistance (Libération-nord et sud, Combat, Franc-tireur, OCM, Front national, Ceux de la Libération et Ceux de la Résistance) des partis politiques (PCF, SFIO, Parti radical-socialiste, Parti démocrate Populaire, Fédération républicaine, Alliance démocratique) et des confédérations syndicales (CGT et CFTC). Présidé par Jean Moulin, il adopte, après débat, une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l'âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n'a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées ».
Ces dernières années, il était de bon ton dans les milieux de la droite française de vouloir liquider l’héritage du CNR en matière de gestion du pays (sécurité sociale, régime de retraite, droit du travail…). À l’heure de la « guerre » contre la Covid-19, cette démarche semble pour le moins incongrue.
Le "modèle social français" est en effet issu d'un texte, présenté par le Conseil national de la Résistance (CNR), d'une douzaine de pages, vieux de plus de 75 ans, à la diffusion clandestine et au titre improbable, "Les jours heureux". Le CNR est à l'origine de la création de l'ENA (octobre 1945), des premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945), de la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945), de la nationalisation du gaz et de l'électricité et des grandes compagnies d'assurances (avril 1946), de la loi sur les Comités d'entreprise, de la création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946), de la loi sur les prestations familiales (août 1946), sur les assurances vieillesse (septembre 1946), sur le statut de la Fonction Publique (octobre 1946). Le projet a lancé le rétablissement de la semaine de 40 heures, la suppression de l'abattement de 10% sur les salaires des femmes - mais le droit de vote et d'éligibilité des femmes, effectif pourtant en 1945, n'était pas prévu dans le programme du CNR -, une augmentation de 130% des retraites, 3 semaines de congés payés pour les jeunes travailleurs. Des syndicats indépendants sont reconstitués… Le patronat est mécontent mais, discrédité pour avoir largement collaboré pendant l'Occupation avec les Allemands, il n'a pas eu les moyens de s'y opposer. Depuis une trentaine d’années, les tentatives de le liquider se sont multipliées.
Denis Kessler, le vice-président du MEDEF, né en 1952, proposait en 2007, de liquider tous ces acquis. « La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Affirmait-il dans un éditorial publié dans Chalenges le 4 octobre 2007.
Sources : fondationresistance.org, L’Express, Médiapart…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mai 2020
16 mai : les Rroms célèbrent leur résistance pendant la Seconde Guerre mondiale
Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani.
Les Rroms commémorent le soulèvement du camp tsigane d’Auschwitz, le 16 mai 1944. Le souvenir de cet épisode longtemps oublié de l’histoire des camps nazis est à l’origine de la Journée de la résistance rromani (International Rromani Resistance Day). Cette année, la Fête de l’insurrection gitane qui devait avoir lieu à Saint-Denis, en région parisienne, n’aura pas lieu ; tout comme les manifestations prévues simultanément à Budapest, Prague, Rome, Madrid, Paris, Londres...
C’est dix-sept mois avant cette journée du 16 mai, que, sur ordre de Heinrich Himmler, le responsable des camps de la mort, les Rroms provenant de toute l’Europe centrale ont été transférés à Auschwitz-Birkenau. Un camp familial spécial - le Zigeunerlager (camp gitan) - a été mis en place où hommes, femmes, enfants et vieillards vivaient ensemble. Environ 23 000 Roms y ont été successivement détenus, parmi eux, environ 20 000 sont morts dans les chambres à gaz, souvent sans même être correctement enregistrés. Le médecin du camp était SS-Hauptsturmführer, le docteur Josef Mengele, le fameux « ange de la mort » et de nombreux détenus, en particulier des enfants, ont été utilisés dans d’horribles expériences pseudo-médicales.
Parmi les manifestations de la résistance des Rroms et Sintis dans les camps, un moment fort a été la révolte de la section B IIe du camp d'Auschwitz-Birkenau, le «camp de gitans». Le 16 mai 1944, lorsque les SS voulaient gazer les prisonniers sintis et roms qui y vivaient encore, ces derniers se sont armés de pierres et de divers outils. Lorsque les soldats allemands sont arrivés dans le camp, ils ont reçu des pierres, des tuyaux en fer, des panneaux de bois, du fil de fer barbelé qui avaient été ramassés dans la caserne. Les Rroms ont réussi à repousser la première attaque d’une centaine de soldats allemands arrivés tôt le matin, mais les assaillants se sont regroupés et ont lancé une nouvelle offensive sanglante. Les armes des Rroms n'étaient pas à la hauteur face aux canons allemands… Ce qui les a momentanément sauvés c’est que des trains transportant les remplaçants potentiels des Rroms sont arrivés pendant l'affrontement et les autorités allemandes craignaient que la révolte ne se propage à travers tout le camp d’Auschwitz-Birkenau. Si bien que le Lagerkommandant a annulé l'a dernière attaque et a retiré ses hommes.
Au cours des semaines suivantes, des mesures ont été prises pour garantir qu'un tel défi à l'autorité nazie ne puisse plus se reproduire. Un millier de jeunes Rroms valides ont été transférés à Buchenwald, en juillet, mille autres ont été transférés dans d’autres camps, tandis que des femmes ont été envoyées à Ravensbrück, ne laissant que la moitié des 6000 habitants d’origine du Zigeunerlager, principalement des personnes âgées, des faibles et des enfants. . Toutes ces personnes ont été assassinées et brûlées dans les incendies du crématoire le 2 août. Une fois de plus, elles ont résisté, mais leurs tentatives ont été vaines et le Zigeunerlager a été vidé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mai 2020
6 avril : en souvenir des enfants d'Izieu
Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.
Triste anniversaire que celui qui est fêté aujourd’hui dans la colonie d’Izieu, située dans une petite commune de l’Ain, en hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes arrêtés un matin du 6 avril 1944 par la gestapo, sur ordre de Klaus Barbie.
En 1994, le président Mitterrand a inauguré le « Musée-mémorial des enfants d’Izieu », qui deviendra en 2000 « Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ».
« Le message d’Izieu, c’est celui de l’engagement, l’engagement qui fut celui des hommes et des femmes qui ont accueilli ces enfants et qui nous adressent finalement une terrible leçon : ne jamais laisser personne de côté, accueillir celles et ceux qui sont les plus fragiles, les éduquer, les former, les accompagner, les élever. Le message d’Izieu, c’est aussi celui de la République. » Extrait du discours d’inauguration du président François Hollande le 6 avril 2015 à Izieu.
Chaque 6 avril, l’association commémore la rafle de 1944 par une cérémonie en hommage aux enfants et adultes déportés. Elle rassemble autour des anciens de la colonie un grand nombre de personnes (membres de l’association, élus, représentants de l’État et des collectivités territoriales, etc.).
Les jeunes générations sont étroitement associées au déroulement de la cérémonie. Des élèves lisent des lettres des enfants accueillis alors à Izieu, d’autres présentent des réalisations faites en classe autour du travail de mémoire mais le moment le plus poignant reste peut-être la lecture du nom des 44 enfants et leur âge, plusieurs avaient en effet moins de 6 ans !
La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Le Musée-mémorial d’Izieu est, avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs, l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2020
29 avril : en France, le souvenir des déportés
On estime à plus de 155 000 le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale… des cérémonies sont organisées à leur mémoire.
On estime à plus de 155 000 le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, quelque 80 000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des résistants, mais aussi des homosexuels) et plus de 75 000 juifs, victimes de mesures de persécution qui ont aussi touché les Rroms.
La cérémonie qui a lieu aujourd’hui se déroule en trois étapes : un hommage est d’abord rendu au mémorial du martyr juif inconnu, rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4e, puis au Mémorial des martyrs de la déportation, dans l’île de la Cité. La commémoration se termine par le ravivage de la flamme à l'Arc de Triomphe.
Une autre cérémonie a lieu au mont Valérien, à Suresnes, et d’autres dans de nombreuse villes de France.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 avril 2019