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Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1991, Ukraine, LGBT, 12 décembre Bruno Teissier 1991, Ukraine, LGBT, 12 décembre Bruno Teissier

12 décembre : souvenir des homosexuels victimes du régime soviétique

Ce 12 décembre 2025 marque le 34e anniversaire de l'adoption de la loi ukrainienne dépénalisant les relations homosexuelles consenties entre hommes adultes. Cette mesure a constitué un tournant dans l’histoire des droits de l'homme en Ukraine.

 

Il existe en Europe une ligne de front qui n’est pas militaire, c’est celle qui sépare l’Occident de cette autre Europe, comme l’on disait autrefois, cette Europe où le droit et les libertés sont conditionnés par une morale religieuse rétrograde au service de régimes autoritaires. Cette ligne de front traverse la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et l’Ukraine. C’est dans cette dernière que l’on célèbre chaque 12 décembre la Journée du souvenir des homosexuels victimes du régime soviétique totalitaire (День пам'яті гомосексуалів, які стали жертвами тоталітарного радянського режиму). Une célébration adoptée en 2006 par des organisations LGBTIQ+ ukrainiennes.

Ce 12 décembre 2025 marque le 34e anniversaire de l’adoption de la loi ukrainienne dépénalisant les relations homosexuelles consenties entre hommes adultes. Cette mesure a constitué un tournant dans l’histoire des droits de l’homme en Ukraine. La loi, qui a supprimé une partie de l'article 122 du Code pénal de la RSS d’Ukraine, a été adoptée par la Verkhovna Rada (assemblée) d’Ukraine le 12 décembre 1991, parmi les premières lois votées après la confirmation de l’indépendance de l’Ukraine par référendum le 1er décembre de la même année. Elle a été signée par le président ukrainien Leonid Kravtchouk et est entrée en vigueur le 20 janvier 1992.

Bien que les relations sexuelles entre femmes lesbiennes n’aient jamais été légalement criminalisées, le système soviétique persécutait aussi les lesbiennes par le biais de traitements forcés dans des institutions psychiatriques utilisant des méthodes cruelles telles que l’électrochoc ou les interventions hormonales.

Cette célébration du 12 décembre n’a rien d’officielle. La communauté LGBT doit toujours batailler pour exister. Elle parvient tout de même à organiser des événements comme la « Marche pour l’égalité » qui a eu lieu chaque année à Kyiv.  La KyivPride est aujourd’hui reconnue comme une manifestation pacifique pour les droits humains, incarnant le droit de la communauté LGBT+ à la liberté de réunion pacifique, d’expression et de parole. Elle se tient chaque année à la mi juin.

L’Ukraine fut la première république de l’ex-URSS à abolir toute sanction pénale pour l’homosexualité. La Russie et la Biélorussie, l’ont fait en 1993 et 1994. Mais récemment, elles ont renforcé leur répression administrative et judiciaire contre les personnes LGBT+. Les Gay Pride y sont interdites depuis 2018. En 2023, la Cour suprême russe a même classé le « mouvement international LGBT » comme organisation extrémiste, ce qui permet de criminaliser toute activité de défense des droits LGBT+ et d’engager des poursuites pénales contre les militants ou les organisateurs d’événements LGBT. Les autorités multiplient les arrestations, les perquisitions et les poursuites pour « extrémisme » ou « atteinte aux valeurs traditionnelles », notamment contre les artistes, les activistes et les propriétaires de lieux accueillant des événements LGBT+. L’Azerbaïdjan est sur la même pente. Quant à l’Ouzbékistan, au Turkménistan et au Tadjikistan, ils n’ont jamais cessé la répression qui prévalait à  l’époque soviétique en la matière.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2025

La KyivPride dans une rue de la capitale ukrainienne (photo Oskar Iansons)

 
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1991, Ouzbékistan, draoeau, 18 novembre Bruno Teissier 1991, Ouzbékistan, draoeau, 18 novembre Bruno Teissier

18 novembre : le Jour du drapeau ouzbèke

L’Ouzbékistan célèbre son drapeau national adopté le 18 novembre 1991, alors que l’URSS était agonisante.

 

En Ouzbékistan, le 18 novembre est la Journée de célébration du drapeau national (Davlat bayrog'ini nishonlash kuni). Elle correspond à l’anniversaire de l’adoption du drapeau ouzbèke, le 18 novembre 1991, alors que l’URSS est agonisante.  Ce qui faisant de l'Ouzbékistan la première république nouvellement indépendante d'Asie centrale à remplacer l'ancien drapeau soviétique par un nouvel étendard qui lui soit propre.

Lors de la conquête de l'Asie centrale par l'Empire russe au XIXe siècle, trois États ouzbeks existaient sur le territoire de l'actuel Ouzbékistan : l'émirat de Boukhara, le khanat de Kokand et le khanat de Khiva. Chacun arborait un drapeau distinct, aucun n’a été remis au goût du jour l’idée était de s’en inspirer. un croissant figurait sur les drapeaux du khanat de Khiva et d’Émirat de Boukhara, comme dans nombre de bannières du monde musulman. La couleur bleu azur est largement utilisée par les peuples turcophones à des fins héraldiques, et le vert dans le monde musulman. Quant à la bande blanche, elle est, dans la perception du peuple ouzbek, la couleur de la paix, ce qui se reflète même dans l'expression ouzbèke courante « ok yul ! » (allez en paix !). Les lignes rouges symbolisent l'énergie vitale, la nouvelle demi-lune reflète à la fois l'indépendance nationale de la république. Enfin, les douze étoiles symbolisent les douze régions du pays ainsi que l'ancien calendrier solaire.

Un concours fut organisé pour définir le nouveau modèle et le lauréat fut sélectionné par une commission spéciale parmi plus de 200 propositions. Dans sa version officielle, il mesure 250 centimètres de long et 125 centimètres de large. Les bandes bleue, blanche et verte ont la même largeur, soit 40 centimètres chacune. Une bordure rouge de 2,5 centimètres de large part du milieu de la bande blanche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2025

Le drapeau de l’Ouzbékistan

 
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1991, Croatie, Yougoslavie, 8 octobre Bruno Teissier 1991, Croatie, Yougoslavie, 8 octobre Bruno Teissier

8 octobre : il y a 34 ans la Croatie enterrait la Yougoslavie

La Croatie célèbre l’anniversaire de son indépendance arrachée en 1991 et la disparition de la Yougoslavie qui en a résulté. Mais aussi le début d’une terrible guerre.

 

La Croatie célèbre l’anniversaire de son indépendance, arrachée en 1991, et la disparition de la Yougoslavie qui en a résulté. Slovénie et Croatie avaient déjà proclamé leur souveraineté le 25 juin 1991 (jour célébré comme fête nationale par les deux pays), ce qui avait déclenché une guerre avec la Serbie. Le 7 juillet, Zagreb avait finalement accepté un moratoire de trois mois qui s’était terminé le 7 octobre.

Le 8 octobre 1991, l’armée fédérale (en réalité serbe) qui occupe une partie de la Croatie bombarde le palais présidentiel de Zagreb, tentant d’éliminer à la fois le président croate Franco Tudjman et Stipe Mesic, le président de la Fédération yougoslave, présent sur les lieux. Ce dernier étant d’origine croate, comme le premier ministre yougoslave Ante Marcovic, n’avait plus le soutien des Serbes., mené par le leader d’extrême droite Slobodan Milosevic. Le Parlement croate, réuni dans un lieu tenu secret proclame alors l’indépendance de la Croatie, alors qu’au nord du pays, Vukovar est assiégée et au sud, Dubrovnik bombardée. Ce n’était que le début d’une terrible guerre qui allait ravager une Yougoslavie déclarée morte. Quelques mois plus tard, la Commission d'arbitrage internationale présidée par Robert Badinter confirmera la mort de la Fédération yougoslave.

Depuis 2020, le 8 octobre, désormais Jour du Parlement croate (Dan Hrvatskog sabora), n’est plus un jour férié, seulement une journée commémorative. La dénomination de “Jour de l’indépendance” (Dana neovisnosti) a été attribué au 25 juin.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 octobre 2025

 
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1991, Kighizistan, 31 août, indépendance Bruno Teissier 1991, Kighizistan, 31 août, indépendance Bruno Teissier

31 août : la fête nationale du Kighizistan

Le Jour de l’indépendance (Эркин күнү) du Kighizistan est la fête nationale du pays. Elle a été proclamée le 31 août 1991.

 

Le Jour de l’indépendance (Эркин күнү) du Kighizistan est la fête nationale du pays. Elle a été proclamée le 31 août 1991, suite au coup d’État avorté contre Mikhaïl Gorbatchev. Le Kighizistan, jadis appelé la Kirghizie, était occupé par les Russes depuis 1876. En 1936, la République socialiste soviétique kirghize était créée. C’est cette entité qui est devenue indépendante en 1991.

Le jour de l'indépendance est célébré dans tout le pays avec des discours officiels, des cérémonies solennelles, des démonstrations militaires, des spectacles en plein air, des concerts en plein air, des compétitions sportives, des feux d'artifice. La plus grande célébration a lieu dans la capitale Bichkek.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 août 2025

 
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1991, Lettonie, 21 août, indépendance Bruno Teissier 1991, Lettonie, 21 août, indépendance Bruno Teissier

21 août : la Lettonie fête son indépendance

Le 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État et la restauration effective de la République de Lettonie.

 

Ce jour commémoratif officiel n’est pas férié ni chômé, la date du 21 août n’est pas aussi fêtée que le 18 novembre qui commémore la première indépendance, celle de 1918 ; ni même que le 4 mai, qui rappelle la proclamation d’indépendance, la seconde, celle de 1990. Néanmoins, le 21 août est l’anniversaire de la restauration officielle de l’indépendance en 1991.

Chaque 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État (Konstitucionālā likuma pieņemšana par Latvijas Republikas kā valsts statusu) et la restauration effective de la République de Lettonie. L’opportunité leur en a été donnée, suite au coup d'État avorté du 19 août 1991 mené à Moscou par les durs du régime soviétique contre Gorbatchev. Cela a permis à la Lettonie de franchir le dernier pas : Anatolijs Gorbunovs, le président du parlement letton, déclara officiellement la fin de la période transitoire et la restauration de la République d'avant-guerre, fondé sur la constitution de 1922. Ce jour-là, la Lettonie quittait officiellement l’URSS. Cette dernière n’avait plus les moyens de la retenir, elle allait disparaître avant la fin de l’année 1991.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 août 2021

 
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1991, Ukraine, Crimée, drapeau, 26 juin Bruno Teissier 1991, Ukraine, Crimée, drapeau, 26 juin Bruno Teissier

26 juin : le jour du drapeau tatar de Crimée

Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée en 1917, puis rétabli le 26 juin 1991, peu avant la chute de l’URSS. À nouveau sous occupation russe, la Crimée n’est actuellement pas en mesure de célébrer son drapeau national, celui du peuple qui y vivait avant l’arrivée des Russes.

 

Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée (kurultai ou qurultay) en 1917, peu après la Révolution de février dans l'Empire russe. Leur pays était occupé depuis un peu plus d’un siècle par les Russes. La Révolution russe de février 1917 leur donna pour la première fois l’occasion d’exprimer leur identité nationale et leur aspiration à s’autogouverner.

Toute expression nationale des Tatars sera ensuite interdite pendant l’époque soviétique, il faudra attendre le 26 juin 1991, pour qu’un deuxième kurultai se réunisse. Deux ans auparavant, les Tatars de Crimée avaient commencé à revenir en Crimée après leur expulsion de 1944. Ce 26 juin 1991, le kurultai a officiellement rétabli le drapeau tatar de Crimée comme comme leur drapeau national. C’est cet anniversaire qui est célébrée chaque 26 juin, Jour du drapeau tatar de Crimée (Sinda qirimtatar bayraginiñ künü). La célébration, toutefois, se limite à la diaspora (en Turquie, au Canada…) car l’expression de l’identité tatare est aujourd’hui à nouveau brimée dans la Crimée occupée par l’armée russe.

Le drapeau tatar de Crimée est une bannière bleu clair avec un emblème jaune (doré) dans le coin supérieur gauche. La couleur bleue est traditionnellement associée aux peuples turcs, alors que l'emblème est un tamga, un sceau abstrait utilisé par les peuples nomades eurasiens. Ce tamga particulier était autrefois le symbole officiel de la maison de Giray, la dynastie qui a régné sur le khanat de Crimée du début du XVe siècle jusqu'à son annexion par l'Empire russe en 1783. Au XXe siècle, les Tatars de Crimée ont adopté le tamga de Giray comme symbole national.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juin 2023

Mise à jour 2025 : La Crimée étant sous occupation russe, la cérémonie se tient à Kyiv. Elle sert non seulement de célébration culturelle, mais aussi de déclaration politique.

Un grand drapeau, mesurant 5 mètres sur 6, a été déployé le 26 juin 2025 sur la place Saint-Michel, au son de l'hymne national tatar de Crimée. L'événement a rassemblé les autorités locales, des membres de la communauté tatare de Crimée, des militaires et des représentants de la société civile.

En Crimée occupée par la Russie, l'usage du drapeau est strictement réglementé. Les autorités interdisent son déploiement s'il n'est pas accompagné du drapeau tricolore russe.

 

À gauche, l’emblème des Tatars et leur drapeau ; à droite, ceux de l’Ukraine. Image publiée par Refat Chubarov, président du Mejli.

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Inde, terrorisme, 21 mai, 1991 Bruno Teissier Inde, terrorisme, 21 mai, 1991 Bruno Teissier

21 mai : la Journée antiterroriste en Inde

Cette journée n’a rien à voir avec le terrorisme pakistanais, elle a été instituée en 1992 en mémoire de Rajiv Gandhi, le premier ministre indien assassiné le 21 mai 1991, par une femme kamikaze tamoule.

 

L’Inde a été frappé récemment par une attaque terroriste faisant 26 victimes, perpétrée au Cachemire par un commando d’origine pakistanaise. Cela fait un quart de siècle, depuis l’attaque de juillet 2001, déjà au Cachemire indien, qui fait 12 morts, que le terrorisme frappe cette région et même un peu plus.

Cette Journée antiterroriste (आतंकवाद विरोधी दिवस) est toutefois plus ancienne. Elle a été instituée en 1992 en mémoire de Rajiv Gandhi, le premier ministre indien assassiné le 21 mai 1991. Une femme s’était approchée de lui, se pencha pour lui toucher les pieds et fit exploser une ceinture d'explosifs dissimulée sous sa robe. L'explosion tua Rajiv Gandhi, la kamikaze tamoule, ainsi que 25 autres personnes. La séquence actuelle, qui n’a plus rien à voir avec la situation au Sri Lanka, a provoqué une dangereuse tension entre l’Inde et la Pakistan. Cet Anti-Terrorism Day du 21 mai ne peut que relancer l’hostilité de l’Inde à l’égard de son voisin.

Ce Journée vise avant tout à sensibiliser le public au caractère destructeur et antisocial du terrorisme, et à encourager l'unité contre la violence et l'extrémisme sous toutes leurs formes. Elle est également l'occasion de rendre hommage aux victimes du terrorisme et à leurs familles pour leurs sacrifices.

À cette occasion, de nombreuses ONG et organisations sociales et culturelles organisent également leurs propres programmes pour mettre en lumière les effets néfastes de la violence et du terrorisme. L'engagement antiterroriste et antiviolence est pris dans tous les services gouvernementaux, entreprises publiques et autres institutions publiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2025

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

26 mars : le Mali célèbre une démocratie qui a disparu

Le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé un dictateur. Mais ce moment démocratique, même, imparfait, appartient au passé. Le Mali est aujourd’hui dirigé par une junte militaire.

 

Chaque 26 mars, le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé le dictateur Moussa Traoré au pouvoir depuis 23 ans. Le nouveau pouvoir a permis l’adoption d’une nouvelle constitution rétablissant le multipartisme, la liberté des médias et des élections démocratiques. L’esprit du 26 mars a entretenu au Mali, dans les années 1990 et 2000, une démocratie imparfaite mais a fonctionné pendant deux décennies. En 2002, le Mali a vécu une alternance pacifique au pouvoir entre Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Elle est restée la seule à ce jour, le coup d’État militaire opéré en 2012 ayant mis un terme au régime du 26-Mars.

Aujourd’hui ce moment démocratique n’est plus qu’un lointain souvenir, anéanti par l’insécurité persistante dans le nord du pays et les coups d’État successifs de 2020 et 2021. Le pays est aujourd’hui dirigé de manière autoritaire par le général putschiste Assimi Goïta. Après la rupture des accords de paix avec les rebelles du nord, l’armée au pouvoir n’a pas été en mesure de rétablir la sécurité, au contraire l’insécurité a progressé au cours de l’année 2024. Quant à la promesse de rendre le pouvoir aux civils il a été oublié. En novembre dernier, le premier ministre Choguel Koala Maïga a été limogé par le chef de la junte et remplacé par un militaire à ses ordres. Le projet d’élections en 2025 semble abandonné, la dictature se renforce en faisant taire toute voix discordante.

La « transition vers la démocratie» s’éternise. Elle court depuis le 18 août 2020, date du renversement du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Toute activité politique est interdite depuis avril 2024. Les leaders des partis politiques sont emprisonnés. Les médias traditionnels (terrorisés ou interdits) ont été remplacés par des « vidéomans », des influenceurs utilisant les réseaux sociaux qui reprennent le discours du pouvoir en place et relaient des éléments de désinformation élaborés par Moscou.

Faute de démocratie, la junte au pouvoir cultive la thématique de la souveraineté. La Mali a rompu avec la France, ancienne puissance coloniale, restée longtemps influente, pour ouvrir son territoire et offrir ses ressources à des miliciens russes sans scrupule et sans contrôle. Le Nord et de centre du pays échappe aujourd’hui au pouvoir central. Les groupes djihadistes et rebelles, profitant du retrait progressif de l'État dans certaines régions, renforcent leur contrôle sur des territoires entiers, transformés en bastions d'insurrection. Pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie, le régime militaire malien mise aujourd’hui sur un rapprochement avec la Turquie. Mais, il n’est pas sûr qu’Ankara lui offre son expertise en matière de fonctionnement démocratique.

Ce 26 mars 2025, Jour de la démocratie ou Jour des martyrs, les dépôts de gerbes au monument à la mémoire des  martyrs de la révolution de 1991 se font dans un contexte particulièrement dégradé en matière de démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2025

Le mémorial du 22 mars à Bamako

La sanglante répression du soulèvement populaire de 1991 s’est déroulée du du 22 au 24 mars 1991, causant plus de 200 morts.

Le stade du 26-Mars, à Bamako, inauguré en 2001 et baptisé en référence au coup d’État ayant mis fin au règne de Moussa Traoré

 
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1991, 1986, Kazakhstan, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier 1991, 1986, Kazakhstan, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier

16 décembre : le Kazakhstan affirme son indépendance

Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre. Aujourd’hui, le Kazakstan revisite sa longue période d’occupation russe puis soviétique et prend nettement ses distances avec Moscou.

 

Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre avant sa dissolution. Comme la plupart des républiques soviétiques, elle avait déclaré sa souveraineté dès le 25 octobre 1990, un jour dont l’anniversaire sert de fête nationale. Le 16 décembre n’en est pas moins une date importante car le Jour de l’indépendance (Тәуелсіздік күні) est tout de même gratifié de deux jours fériés, les festivités se prolongeant le 17 décembre.

Le Kazakhstan est resté longtemps proche de Moscou, au point l’appeler à l’aide lors des émeutes de janvier 2022. Les Russes avait aidé à rétablir l’ordre et Noursoultan Nazarbaïev, le président qui était arrivé à la tête du pays avant l’indépendance et qui s’était incrusté au pouvoir pendant près de trois décennies, avait été mis à l’écart. L’agression de l’Ukraine par la Russie va refroidir le Kazakhstan qui, depuis, prend ses distances, préférant décliner l’invitation de Moscou à intégrer les Brics.

Le 16 décembre est chaque année l’occasion pour les nationalistes, qui ont le vent en poupe, de dénoncer le colonialisme russe de jadis, la terrible famine de 1932 et la répression politique à l’époque soviétique, notamment celle l’insurrection de décembre 1986 dont le souvenir est réactivé par la coïncidence des dates d’anniversaire. Le 16 décembre 1986, le secrétaire général du PC kazakh, Guennadj Kolbin, prenait ses fonctions. Ce Russe parachuté par Moscou remplaçait Kunaev, un Kazakh, corrompu mais populaire. Cette nomination a provoqué les émeutes dites de Jeloqsan (décembre en langue kazakhe), violemment réprimées, mais perçue a posteriori comme le début de la renaissance kazakhe, d’où l’importance donnée aujourd’hui à ce double anniversaire du 16 décembre.

La météo annonçait des tempêtes et des chutes de neige pour ces deux jours fériés, la saison n’est jamais propice aux festivités en plein air. Dans les villages, on construit des yourtes y faire la fête. À Astana, la capitale, une grande réception est organisée au Palais présidentiel lors de laquelle le président Kassym-Jomart Tokaïev distribue médailles et décorations aux citoyens méritants. Pour l’occasion, beaucoup d’invités ont revêtu des costumes traditionnels.

À Almaty, ce 16 décembre, une cérémonie de dépôt de couronnes a lieu au monument de l'Indépendance sur la place de la République (ancienne place Brejnev). L'événement réunit des représentants du conseil des anciens combattants, de l'administration municipale, des organismes publics, des associations ethnoculturelles et des participants de l'événement de décembre 1986.

Le 17 décembre, des couronnes de fleurs seront déposées devant le monument « L'aube de l'indépendance », célébrant le 38e anniversaire de l'événement de décembre 1986. L’assistance marquera une minute de silence en souvenir des morts de la répression et les représentants religieux réciteront des versets du Coran.

Toute la semaine dernière, des concerts et des conférences ont été donnés. Dans un des principaux lycées de la ville, une réunion intitulée "Mes grands-pères aspiraient à l'indépendance », s’adressait aux lycéens. Tout un passé de lutte nationale et anticoloniale est en train de se construire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2024

 
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1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier 1991, Croatie, Guerre d'indépendance, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre :  la mémoire du siège de Dubrovnik

La Journée des défenseurs de Dubrovnik est liée au long siège de la ville lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991-1992. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade contre la Croatie.

 

Cette journée est connue sous le nom de Journée des défenseurs de Dubrovnik (Dan branitelja Dubrovnika) et sa célébration est liée au long siège de Dubrovnik lors de l'éclatement de la Yougoslavie.

Le siège de Dubrovnik avait débuté le 1er octobre 1991 lorsque les unités de l'Armée populaire yougoslave lancèrent une attaque contre la ville. Le siège dura jusqu’au 31 mai 1992. Le conflit rappelle celui que vit l’Ukraine aujourd’hui. Belgrade n’avait pas accepté que la Croatie fasse sécession, et a lancé contre elle, l’Armée yougoslave, une armée essentiellement composée de Serbes puisque Slovènes, Croates et Bosniaques l’avaient quitté. Ces forces commanditées par l’ultra nationaliste serbe Slobodan Milosevic ont bombardé les principales villes croates pour tenter d’empêcher l’éclatement de la Yougoslavie communiste, avec la même fureur que Poutine a tenté de prendre Kiev ou Karkiv en 2022, en souvenir de la défunte URSS.

Une centaine de civils sont morts pendant le siège de Dubrovnik, 70 % des bâtiments de la vieille ville (classée au patrimoine mondial de l'UNESCO) furent endommagés. La journée du 6 décembre 1991 fut particulièrement meurtrière, c’est pour cela qu’elle fut choisie pour honorer la mémoire des anciens combattants et des victimes de l’agression de Belgrade.

Chaque année, du 3 au 7 décembre, la ville organise tout un programme de commémorations dont la partie centrale a lieu le 6 décembre. La journée commence à 8h au cimetière de Boninovo, avec un hommage aux anciens combattants tombés au combat, en particulier les pompiers, les policiers… À 11h15, c’est un récital d'enfants du primaire à l'amphithéâtre Srđ et, à 12h, un dépôt de fleurs avec allumage de bougies au pied de la croix de Srđ (la montagne qui domine la ville). À 13h, dans le port de la vieille ville, on rend hommage aux marins et vétérans tués en mer. À 15h30, les officiels se rendent au Mémorial des martyrs de Sustjepan, dans le cimetière de ce village côtier situé au nord de Dubrovnik. À 15h45, une messe est dite dans l’église de St. Nikola de Sustjepan. À 17h, retour à Dubrovnik pour le défilé de la fanfare de la ville sur le vieux port, le Stradun et devant l'église Saint-Pierre. À 18h, dans la cathédrale de Dubrovnik, c’est la traditionnelle messe solennelle à la mémoire de tous les anciens combattants tombés au combat. La soirée se termine par des concerts : à 20h, sur le Stradun, la célèbre rue centrale de la vieille ville, Đani Stipanićev & Klapa More & Klapa Ragusavecchia et, à 21h, Marko Perković, dit Thompson, le célèbre chanteur de la mouvance nationaliste croate. Le maire de Dubrovnik, Mato Franković (HDZ, droite) a toutefois interdit d’arborer les symboles du mouvement oustachi (fasciste) lors de cette journée du 6 décembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2024

Cette année, pour le 6 décembre, le maire de Dubrovnik, Mato Franković, au centre, a fait confectionner des tee-shirts arborant le drapeau croate et l’effigie de saint Blaise, le patron de la ville. Ceci afin d’éviter d’être débordé par la symbolique nationaliste et fasciste qui tente de s’imposer lors de chaque commémoration liée au conflit yougoslave des années 1990.

 
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1991, Timor-Oriental, massacre, 12 novembre Bruno Teissier 1991, Timor-Oriental, massacre, 12 novembre Bruno Teissier

12 novembre : le massacre de Dili au Timor oriental

Le Timor oriental commémore l'un des jours les plus sanglants de son histoire récente, un épisode majeur de sa lutte pour l’indépendance.

 

Chaque 12 novembre, le Timor oriental célèbre la Journée nationale de la jeunesse (Dia Nacional da Juventude), un jour férié qui commémore un terrible massacre opéré par l’armée indonésienne à l’époque où elle occupait le pays.

On est en 1991, l’Indonésie alors dirigée par le dictateur Suharto, occupait l’ancienne colonie portugaise depuis 1975. Régulièrement, elle devait affronter des mouvements de résistance, réprimés dans la violence. Sebastião Gomes, un militant indépendantiste, vient d’être capturé et exécuté par l’armée. Le 12 novembre 1991, une foule assiste à ses funérailles à Dili, dans l’église Motael, et se dirige ensuite vers le cimetière de Santa Cruz. Sur la route des militants brandissent des drapeaux, la procession rassemble des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, formant la plus importante manifestation indépendantiste depuis 1975. 200 soldats indonésiens ont surgi et ont tiré sur la foule tuant quelque 250 Timorais. Le massacre a été filmé par deux journalistes américains et un présentateur de télévision britannique. Il a ensuite été diffusé à la télévision britannique et a provoqué une vague d'indignation dans le monde entier.

Le massacre de Santa Cruz est commémoré le 12 novembre au Timor oriental comme l'un des jours les plus sanglants de l'histoire du pays et comme marquant un tournant dans le regard de la communauté internationale sur la question timoraise. L’Indonésie ne lâchera toutefois le Timor oriental qu’en 2002, le 20 mai.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 novembre 2024

Une reconstitution du massacre de Santa Cruz en novembre 1998 (photo : Mark Rhomberg/ETAN)

 
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1991, Ukraine, indépendance, 24 août, URSS Bruno Teissier 1991, Ukraine, indépendance, 24 août, URSS Bruno Teissier

24 août : l’Ukraine célèbre le 33e anniversaire de son indépendance

L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, provoquant le démantèlement complet de l’URSS.

 

L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, le 22 août, provoquant le démantèlement complet de l’URSS. Cependant, comme l’avaient fait la plupart des républiques soviétiques, le parlement de la RSS d'Ukraine avait déjà adopté une Déclaration de souveraineté de l'État de l'Ukraine le 16 juillet 1990, mais sans avoir jusque à ce 24 août 1991, sauté le pas de la séparation totale. Laquelle était justifiée par le fait que la Russie en faisait autant. L’URSS devait disparaître moins de quatre mois plus tard.

Est-ce une résurgence d’un État ukrainien ? Entre 1917 et 1920, plusieurs États ukrainiens distincts avaient vu le jour, mais chacun de manière éphémère. En 1921, la majeure partie de l'Ukraine a été intégrée à l'Union soviétique sous le nom de République socialiste soviétique d'Ukraine. Pendant les soixante-dix années suivantes, l'Ukraine a fait partie de l'URSS. 

Le Jour de l'indépendance de l'Ukraine (День Незалежності України) est célébré chaque 24 août depuis 1992. Cette année, les célébrations publiques dans la capitale sont annulées en raison des risques de bombardement russe. En 2014, début de l’occupation russe du territoire ukrainien, Moscou avait choisi le 24 août pour lancer une offensive sur la ville de Ilovaisk. Et, il y a 6 mois jour pour jour, le dictateur Poutine lançait la destruction de l’Ukraine.

Le 24 août 2023, a été marqué par un fait d’armes symbolique, néanmoins très important. Des soldats d’élite ukrainiens sont parvenus à mettre pied sur le sol de la Crimée, détruisant quelques cibles bien choisies, et surtout plantant le drapeau ukrainien, le premier depuis 2014 sur ce territoire occupé par la Russie. En 2024, l’Ukraine occupe depuis plusieurs semaines, une portion du territoire russe…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 août 2024

 
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1991, 1958, Hongrie, 19 juin Bruno Teissier 1991, 1958, Hongrie, 19 juin Bruno Teissier

19 juin :  fête paradoxale en Hongrie où l’on célèbre l’indépendance du pays à l’égard de Moscou

C’est une commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ, le 19 juin 1991, des forces militaires imposées par URSS alors que la Hongrie, bien que membre de l’Union européenne, se comporte à nouveau comme un satellite de Moscou.

 

Le Jour de la Hongrie indépendante (Független Magyarország napja) est un jour de commémoration officiel,  observé le 19 juin. Il commémore la fin de l'occupation soviétique de la Hongrie et honore les martyrs de la Révolution hongroise de 1956. La date choisie pour cette commémoration est l’anniversaire du départ du dernier soldat soviétique, le 19 juin 1991, rétablissant l’indépendance du pays après un demi-siècle d’occupation russe.

Cette commémoration nationale a été adoptée en 2001, elle y associe la mémoire des dirigeants de cette révolution manquée exécutés secrètement pour trahison, le 16 juin 1958. Ceux-ci ont été jetés dans une fosse commune sous de fausses identités. Les autorités ont attendu trois décennies que l’emprise de Moscou se desserre, pour autoriser la résurgence de cette mémoire. Le 16 juin 1989, environ un quart de million de personnes ont participé à la réinhumation solennelle d'Imre Nagy, Géza Gimes Miklós Losonczy, Pál Maléter, József Szilágyi et le combattant de la liberté inconnu de la révolution. Le pays tout entier a regardé la cérémonie de plusieurs heures sur les écrans de télévision. La cérémonie de deuil organisée par la Commission de justice historique, mais avec le soutien de toute l'opposition, est devenue un symbole de l'effondrement du régime Kádár - et de tout le bloc soviétique. Deux ans plus tard, presque jour pour jour, le lieutenant-général Viktor Silov, dernier soldat soviétique occupant la Hongrie, quittait le pays.

Cette commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ des forces militaires imposées par Moscou alors que la Hongrie est aujourd’hui le principal soutien de Moscou au sein de l’Union européenne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 juin 2024

 

La tombe d’Imre Nagy après la réinhumation du 16 juin 1989 au nouveau cimetière municipal de Budapest.

Le départ de Viktor Silov sous l’œil des journalistes

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1991, Koweït, libération Bruno Teissier 1991, Koweït, libération Bruno Teissier

26 février : le Koweït  fête sa libération

La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février que la libération du pays est fêtée chaque année, car la veille l’émirat célèbre sa dynastie lors de la fête nationale.

 

Le Koweït avait été envahi par l’Irak en août 1990. Il a fallu quelques mois à une coalition internationale pour se constituer et procéder à la libération de ce petit émirat que le dictateur irakien, Saddam Hussein entendait annexer à son pays. Le 24 février 1991, les troupes menées par les Américains entraient au Koweït et marchaient sur la capitale. Le 27 février, Saddam Hussein ordonnait à ses troupes de battre en retraite.

La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février qu’elle est fêtée chaque année. La raison, est que la veille, le 25 février, est le jour de la fête nationale du Koweït. Ce qui permet deux jours de fête consécutifs et cette année, un week-end prolongé de quatre jours, du 23 au 26 février, car la semaine de travail au Koweït s’étend du samedi matin au mercredi soir.

Le Jour de la libération (يوم تحرير الكويت) est célébré par un rassemblement à la Tour du Koweït où les gens expriment leur gratitude et leur patriotisme envers leur nation. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2024

 
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1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier 1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre : la journée canadienne contre la violence faite aux femmes

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un individu affirmant lutter contre le féminisme.

 

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes ou, plus simplement, à la Journée du ruban blanc.

La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un homme affirmant lutter contre le féminisme. Ce meurtre de masse, véritable acte terroriste antiféministe, a été perpétré à l’École polytechnique de Montréal, par un individu lourdement armé. Chaque 6 décembre, l’université organise une cérémonie du souvenir des victimes (Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz). Dix autres ont été gravement blessées. 

La commémoration ne se limite pas au Québec. Depuis 1990, chaque 6 décembre, les drapeaux canadiens sont mis en berne sur les bâtiments fédéraux, y compris la Tour de la Paix sur la Colline parlementaire (Parliament Hill).  La commémoration a également des échos ailleurs, notamment à Paris où, place du Québec, 6e arrond., un rassemblement féministe a lieu chaque année à 19h.

La mémoire a dû faire son chemin, il a fallu attendre 2019, le 30e anniversaire de la tuerie pour qu’une nouvelle plaque commémorative, place du 6-décembre-1989 à Montréal, mentionne enfin que « quatorze femmes ont été assassinées lors d’un attentat antiféministe ». La première plaque, rédigée en 1999, ne mentionnait qu’une « tragédie survenue à l’École polytechnique », sans préciser le caractère antiféministe du massacre. 

Mais, les féminicides au Canada ne se limitent pas à ce crime de masse. D’après l'Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité, 184 femmes ont été tuées en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 20 % par rapport à 2019. Près de 60 % des victimes ont été tuées par leur compagnon ou par un ancien partenaire, note encore l'Observatoire. Le rapport souligne également la surreprésentation en la matière des femmes autochtones, qui constituent 36 % des victimes de féminicides et seulement 5 % de la population canadienne.

Le 6 décembre s’inscrit dans le cadre des Seize Jours de militantisme contre la violence faite aux femmes, qui se déroulent chaque année entre le 25 novembre et le 10 décembre. Pendant cette période, les ONG Canadienne encouragent leurs membres et militant(e)s à prendre part aux conversations sur les réseaux sociaux sur le sujet et de participer à la lutte pour mettre fin à la violence sexiste, en utilisant le mot-clic #16Jours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2023

 
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20 juin : la journée des martyrs de la guerre de libération de l'Érythrée

En Érythrée, c’est la Journée des martyrs, un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays de l’emprise éthiopienne entre 1961 et 1991, un conflit qui a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque), mais qui a légué au pays une des dictatures les plus terribles au monde. 

 

En Érythrée, c’est la Journée des martyrs (Mealti Sematat), un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays entre 1961 et 1991.

La guerre de libération a pour origine la décision de l’ONU, en 1952, de rattacher cette ancienne colonie italienne à l’Éthiopie. L'Érythrée aurait dû jouir d’une large autonomie dans le cadre d’une fédération, mais l'empereur éthiopien Hailé Selassié, n’a pas joué le jeu. Il réduit très vite l’autonomie promise. Le pouvoir éthiopien a imposé l'amharique comme langue officielle à la place du tigrinya, interdit l'usage du drapeau érythréen, imposé la censure et déplacé les centres d'affaires hors de l'Érythrée… Finalement, le parlement érythréen a été dissous unilatéralement et l’Érythrée a été annexée en 1962, en toute illégalité. 

La guerre de libération des Érythréens contre l’Éthiopie a commencé il y a 62 ans, en 1961, avec les premières opérations militaires du FLE (Front de libération de l’Érythrée) et a duré jusqu’au 24 mai 1991, soit une guerre de 30 ans qui s’est terminée il y a 32 ans tout juste. Le conflit a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque). 

Mais cette longue et terrible guerre a militarisé le pays et permis l’accession au pouvoir d’Isaias Afwerki, le chef du FLE. Celui-ci dirige le pays d’une main de fer depuis trois décennies. Le dictateur érythréen est, aujourd’hui, l’un des plus anciens au monde. Le pays a récemment retrouvé la paix, mais le service militaire qui dure trois ans sous un régime de terreur a fait de très nombreuses victimes, or celles-ci ne font pas partie des martyrs commémorés chaque 20 juin. De fait, ce régime a aussi provoqué l’exode de près d’un demi-million de jeunes gens qui fuit le pays pour y échapper. Le résultat, c’est que les Érythréens sont surreprésentés parmi les demandeurs d’asile en Europe, pour un pays peuplé d’à peine 6 millions d’habitants.

D’ailleurs, une nouvelle guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie s'est déroulée de mai 1998 à juin 2000 pour quelques arpents de terres désertiques provoquant la mort de quelques dizaines de milliers de personnes. Les escarmouches frontalières ont continué, augmentant chaque année (souvent en juin) le nombre des martyrs. Cela jusqu’en 2018, quand a été conclu, soudainement, un accord de paix entre les deux pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 juin 2023

 
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Le Parc national des martyrs, situé à l'extérieur de la capitale, Asmara, inauguré le 20 juin 1997.

Le Parc national des martyrs, situé à l'extérieur de la capitale, Asmara, inauguré le 20 juin 1997.

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1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier 1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier

24 mai : l’Érythrée célèbre sa fête nationale

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen libérait la capitale érythréenne d'Asmara. Son chef Issaias Afeworki et ses sbires, n’ont jamais quitté le pouvoir.

 

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur, au point que ce pays de 3 millions d’habitants est à l’origine d’un  des principaux flux de demandeurs d’asile politique en provenance de l’Afrique.

L’Érythrée avait été colonisée par les Italiens à la toute fin du XIXe sicle, puis avait été occupée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le pays a été revendiqué par l’Éthiopie, dépourvue de façade maritime. Avec le parrainage des Nations unies, l’Érythrée a été intégré en 1952 dans une fédération avec l’Éthiopie qui dure 10 ans et se termine par une confiscation de toute autonomie par Addis Abeba. En réaction, l’Érythrée est entrée en rébellion dès 1961 sous la conduite du Front de libération de l'Érythrée  (FLE), puis du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). La guerre d'indépendance érythréenne a entraîné la mort de 10 % de la population du pays, mais s'est soldée par une victoire érythréenne décisive. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen a libéré la capitale érythréenne d'Asmara. L'anniversaire de cet événement est maintenant célébré comme le Jour de l'indépendance de l'Érythrée, bien que le référendum sur l'indépendance n'ait eu lieu que deux ans plus tard, après que l'indépendance du pays ait été reconnue internationalement, le 24 mai 1993. C’est cet anniversaire qui est fêté par les autorités de ce pays reclus, où toute voix dissidente disparaît au goulag. La constitution n’est pas appliquée, aucune élection ne fait même mine de singer la démocratie. Ce régime totalitaire est comparable à la Corée du Nord. Il est dirigé d'une main de fer depuis 30 ans par le président Issaias Afeworki, le dictateur actuel qui a émergé de la guerre d’indépendance. Il n'y a ni presse libre ni opposition politique ni même de société civile.

Le pays n’a jamais cessé d’entretenir une guerre larvée. Les civils sont enrôlés dans un service militaire si terriblement contraignant et dangereux que beaucoup fuient le pays pour y échapper. L’Érythrée a, à nouveau, affronté l’Éthiopie entre 1998 et 2000 pour un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts. Accusé de déstabiliser la Corne de l'Afrique en soutenant des groupes armés comme les shebabs somaliens, le pays a fini par signer un accord de paix en 2018 avec le nouveau Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed, puis de soutenir ce dernier  dans la guerre d’Addis Abeba contre le Tigré entre 2020 et 2022. En février 2022, l’Érythrée est un des très rares pays du monde à avoir soutenu l’agression de l’Ukraine par Poutine.

Le jour de l'indépendance est un jour férié et chômé. Les festivités durent une semaine jusqu'au 24 mai, c'est la Semaine de l'Indépendance (qinyat natsnet). Elle est marquée par des carnavals, des spectacles de rue, des compétitions sportives, des courses cyclistes, des concerts de musique, des défilés, des fêtes sous tente, de nombreux drapeaux et de nombreuses manifestations de patriotisme ferments encadrées par les autorités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2023

 

Des cérémonies dignes de celle de la Corée du Nord

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1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier 1991, Arménie, indépendance, 21 septembre Bruno Teissier

21 septembre : l’Arménie célèbre son indépendance, toujours très menacée

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance, celle de 1991.

 

Alors que l’Azerbaïdjan profite de la faiblesse russe pour harceler le territoire de l’Arménie, les Arméniens célèbrent leur indépendance. Celle-ci avait été déclarée le 23 août 1990 par le Conseil suprême de l’Arménie qui déclarait dissoute la République socialiste soviétique de d’Arménie et la formation d’un nouvel État. Ce n’est toutefois que le 21 septembre 1991 que le peuple arménien a voté, par référendum,  en faveur de la sortie de l’URSS. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui, décrété Jour de l’Indépendance (Հայաստանի Անկախության օրը) En 1991, la nouvelle république élisait son premier président : Levon Ter-Petrossian. Cependant, l’Arménie n’a obtenu sa totale indépendance que le 26 décembre de la même année, à la faveur de la dissolution de l’URSS. L’Arménie avait été absorbée par l’immense entité soviétique en 1922, après quatre années d’une première indépendance très chaotique, obtenu en 1918.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 septembre 2022

 
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1991, Russie, drapeau, 22 août Bruno Teissier 1991, Russie, drapeau, 22 août Bruno Teissier

22 août : les Russes fêtent leur drapeau

La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale car elle est étroitement liée à la disparition de l’URSS, la construction nationale que vénèrent le dictateur Poutine et son régime. La propagande du régime est là pour camoufler ce choix fait à l’époque d’Elstine.

 

La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale. Ce Jour du drapeau national (День Государственного флага России) a été créée en 1994 pour commémorer le jour où le drapeau actuel de l'État russe a été hissé sur le bâtiment du Soviet suprême de Russie après une tentative de coup d'État en août 1991. Ces événements ont déstabilisé l'Union soviétique et ont contribué à la fois à la disparition du Parti communiste de l'Union soviétique et à la dissolution de l'Union soviétique elle-même. Elstine, le président de la république de Russie en avait profité pour proclamer « l’indépendance ». D’autre république l’avait précédée, mais la Russie étant la composante la plus importante, ce geste allait entraîner la disparition de l’URSS. Celle-ci sera effective en décembre de la même année. Le paradoxe, c’est que le régime de Poutine (héritier d’Eltsine) cultive la nostalgie de la défunte Union soviétique. Sa disparition a été qualifiée par le dictateur Poutine de principale catastrophe géopolitique du XXe siècle. De fait, il est difficile pour son régime d’expliquer la célébration annuelle de cette date du 22 août. La propagande doit faire des efforts d’interprétation pour justifier cette date qui ne correspond pas à celle de son adoption. Le jour n’est pas férié, mais on organise des festivités dans toutes les villes.

Pour revenir à l’objet de cette fête. On rappelle à cette occasion que le tsar Pierre le Grand, déjà très ambitieux pour son empire, rêvait de construire une puissante marine russe. Le monarque s'est rendu aux Pays-Bas, pour y observer la construction navale de pointe. Ainsi le drapeau qu’il a choisi le 13 janvier 1720 pour les navires marchands russes ressemblait au drapeau tricolore hollandais (rouge, blanc et bleu) mais dans un ordre des couleurs différent (blanc, bleu et rouge). L’URSS avait adopté un drapeau rouge. C’est le 11 décembre 1993 que le drapeau tricolore est à nouveau officialisé en Russie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 août 2022

Mise à jour 2025 : À compter du 1er janvier 2025, les plaques d'immatriculation russes devront obligatoirement comporter le drapeau tricolore national.

La Douma d'État de la Fédération de Russie examine la possibilité d'introduire un uniforme sportif unifié, conçu aux couleurs du drapeau national russe, pour les écoliers de tout le pays.

De son côté, la Banque centrale de Russie évalue une proposition visant à faire figurer le drapeau russe sur les futurs billets de banque du pays

 
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1991, Estonie, URSS, 20 août, indépendance Bruno Teissier 1991, Estonie, URSS, 20 août, indépendance Bruno Teissier

20 août : les Estoniens fêtent leur indépendance

Le 20 août 1991, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS… Depuis 1992, le 20 août est un jour férié en Estonie.

 

Le 19 août 1991, alors que Moscou est en pleine tentative de putsch (les durs du régime soviétique tentant de renverser Gorbatchev), le soviet suprême de la petite Estonie, après de longs débats, finit par voter le rétablissement de l’indépendance de 1918 (24 février). Il est 23h03. L’armée soviétique qui est entrée en Estonie le matin même, hésite pendant plusieurs heures, avant de renoncer à prendre d’assaut la tour de la télévision défendue par les citoyens. Finalement, le 20 août, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS, laquelle se résoudra le 6 septembre à reconnaître l’émancipation de l’Estonie. Ébranlée par le putsch raté, l’URSS va finalement disparaître le 25 décembre de la même année. L’armée russe ne quittera toutefois la république balte que 3 ans plus tard.

Le 20 août est, depuis 1992, un jour férié en Estonie. La journée est connue comme le Jour du rétablissement de l'indépendance (Taasiseseisvumispäev). En Russie, le souvenir de l’émancipation de l’un des nombreux peuples qui lui été soumise est vécu par les nationalistes comme l’une des nombreuses humiliations subie depuis 30 ans et que l’invasion de l’Ukraine était sensé laver.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 août 2022

 
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