L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
31 août : la fête nationale du Kighizistan
Le Jour de l’indépendance (Эркин күнү) du Kighizistan est la fête nationale du pays. Elle a été proclamée le 31 août 1991.
Le Jour de l’indépendance (Эркин күнү) du Kighizistan est la fête nationale du pays. Elle a été proclamée le 31 août 1991, suite au coup d’État avorté contre Mikhaïl Gorbatchev. Le Kighizistan, jadis appelé la Kirghizie, était occupé par les Russes depuis 1876. En 1936, la République socialiste soviétique kirghize était créée. C’est cette entité qui est devenue indépendante en 1991.
Le jour de l'indépendance est célébré dans tout le pays avec des discours officiels, des cérémonies solennelles, des démonstrations militaires, des spectacles en plein air, des concerts en plein air, des compétitions sportives, des feux d'artifice. La plus grande célébration a lieu dans la capitale Bichkek.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 août 2025
21 août : la Lettonie fête son indépendance
Le 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État et la restauration effective de la République de Lettonie.
Ce jour commémoratif officiel n’est pas férié ni chômé, la date du 21 août n’est pas aussi fêtée que le 18 novembre qui commémore la première indépendance, celle de 1918 ; ni même que le 4 mai, qui rappelle la proclamation d’indépendance, la seconde, celle de 1990. Néanmoins, le 21 août est l’anniversaire de la restauration officielle de l’indépendance en 1991.
Chaque 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État (Konstitucionālā likuma pieņemšana par Latvijas Republikas kā valsts statusu) et la restauration effective de la République de Lettonie. L’opportunité leur en a été donnée, suite au coup d'État avorté du 19 août 1991 mené à Moscou par les durs du régime soviétique contre Gorbatchev. Cela a permis à la Lettonie de franchir le dernier pas : Anatolijs Gorbunovs, le président du parlement letton, déclara officiellement la fin de la période transitoire et la restauration de la République d'avant-guerre, fondé sur la constitution de 1922. Ce jour-là, la Lettonie quittait officiellement l’URSS. Cette dernière n’avait plus les moyens de la retenir, elle allait disparaître avant la fin de l’année 1991.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 août 2021
26 juin : le jour du drapeau tatar de Crimée
Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée en 1917, puis rétabli le 26 juin 1991, peu avant la chute de l’URSS. À nouveau sous occupation russe, la Crimée n’est actuellement pas en mesure de célébrer son drapeau national, celui du peuple qui y vivait avant l’arrivée des Russes.
Le drapeau des Tatars de Crimée a été adopté par l'Assemblée nationale des Tatars de Crimée (kurultai ou qurultay) en 1917, peu après la Révolution de février dans l'Empire russe. Leur pays était occupé depuis un peu plus d’un siècle par les Russes. La Révolution russe de février 1917 leur donna pour la première fois l’occasion d’exprimer leur identité nationale et leur aspiration à s’autogouverner.
Toute expression nationale des Tatars sera ensuite interdite pendant l’époque soviétique, il faudra attendre le 26 juin 1991, pour qu’un deuxième kurultai se réunisse. Deux ans auparavant, les Tatars de Crimée avaient commencé à revenir en Crimée après leur expulsion de 1944. Ce 26 juin 1991, le kurultai a officiellement rétabli le drapeau tatar de Crimée comme comme leur drapeau national. C’est cet anniversaire qui est célébrée chaque 26 juin, Jour du drapeau tatar de Crimée (Sinda qirimtatar bayraginiñ künü). La célébration, toutefois, se limite à la diaspora (en Turquie, au Canada…) car l’expression de l’identité tatare est aujourd’hui à nouveau brimée dans la Crimée occupée par l’armée russe.
Le drapeau tatar de Crimée est une bannière bleu clair avec un emblème jaune (doré) dans le coin supérieur gauche. La couleur bleue est traditionnellement associée aux peuples turcs, alors que l'emblème est un tamga, un sceau abstrait utilisé par les peuples nomades eurasiens. Ce tamga particulier était autrefois le symbole officiel de la maison de Giray, la dynastie qui a régné sur le khanat de Crimée du début du XVe siècle jusqu'à son annexion par l'Empire russe en 1783. Au XXe siècle, les Tatars de Crimée ont adopté le tamga de Giray comme symbole national.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juin 2023
À gauche, l’emblème des Tatars et leur drapeau ; à droite, ceux de l’Ukraine. Image publiée par Refat Chubarov, président du Mejli.
21 mai : la Journée antiterroriste en Inde
Cette journée n’a rien à voir avec le terrorisme pakistanais, elle a été instituée en 1992 en mémoire de Rajiv Gandhi, le premier ministre indien assassiné le 21 mai 1991, par une femme kamikaze tamoule.
L’Inde a été frappé récemment par une attaque terroriste faisant 26 victimes, perpétrée au Cachemire par un commando d’origine pakistanaise. Cela fait un quart de siècle, depuis l’attaque de juillet 2001, déjà au Cachemire indien, qui fait 12 morts, que le terrorisme frappe cette région et même un peu plus.
Cette Journée antiterroriste (आतंकवाद विरोधी दिवस) est toutefois plus ancienne. Elle a été instituée en 1992 en mémoire de Rajiv Gandhi, le premier ministre indien assassiné le 21 mai 1991. Une femme s’était approchée de lui, se pencha pour lui toucher les pieds et fit exploser une ceinture d'explosifs dissimulée sous sa robe. L'explosion tua Rajiv Gandhi, la kamikaze tamoule, ainsi que 25 autres personnes. La séquence actuelle, qui n’a plus rien à voir avec la situation au Sri Lanka, a provoqué une dangereuse tension entre l’Inde et la Pakistan. Cet Anti-Terrorism Day du 21 mai ne peut que relancer l’hostilité de l’Inde à l’égard de son voisin.
Ce Journée vise avant tout à sensibiliser le public au caractère destructeur et antisocial du terrorisme, et à encourager l'unité contre la violence et l'extrémisme sous toutes leurs formes. Elle est également l'occasion de rendre hommage aux victimes du terrorisme et à leurs familles pour leurs sacrifices.
À cette occasion, de nombreuses ONG et organisations sociales et culturelles organisent également leurs propres programmes pour mettre en lumière les effets néfastes de la violence et du terrorisme. L'engagement antiterroriste et antiviolence est pris dans tous les services gouvernementaux, entreprises publiques et autres institutions publiques.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2025
26 mars : le Mali célèbre une démocratie qui a disparu
Le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé un dictateur. Mais ce moment démocratique, même, imparfait, appartient au passé. Le Mali est aujourd’hui dirigé par une junte militaire.
Chaque 26 mars, le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé le dictateur Moussa Traoré au pouvoir depuis 23 ans. Le nouveau pouvoir a permis l’adoption d’une nouvelle constitution rétablissant le multipartisme, la liberté des médias et des élections démocratiques. L’esprit du 26 mars a entretenu au Mali, dans les années 1990 et 2000, une démocratie imparfaite mais a fonctionné pendant deux décennies. En 2002, le Mali a vécu une alternance pacifique au pouvoir entre Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Elle est restée la seule à ce jour, le coup d’État militaire opéré en 2012 ayant mis un terme au régime du 26-Mars.
Aujourd’hui ce moment démocratique n’est plus qu’un lointain souvenir, anéanti par l’insécurité persistante dans le nord du pays et les coups d’État successifs de 2020 et 2021. Le pays est aujourd’hui dirigé de manière autoritaire par le général putschiste Assimi Goïta. Après la rupture des accords de paix avec les rebelles du nord, l’armée au pouvoir n’a pas été en mesure de rétablir la sécurité, au contraire l’insécurité a progressé au cours de l’année 2024. Quant à la promesse de rendre le pouvoir aux civils il a été oublié. En novembre dernier, le premier ministre Choguel Koala Maïga a été limogé par le chef de la junte et remplacé par un militaire à ses ordres. Le projet d’élections en 2025 semble abandonné, la dictature se renforce en faisant taire toute voix discordante.
La « transition vers la démocratie» s’éternise. Elle court depuis le 18 août 2020, date du renversement du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Toute activité politique est interdite depuis avril 2024. Les leaders des partis politiques sont emprisonnés. Les médias traditionnels (terrorisés ou interdits) ont été remplacés par des « vidéomans », des influenceurs utilisant les réseaux sociaux qui reprennent le discours du pouvoir en place et relaient des éléments de désinformation élaborés par Moscou.
Faute de démocratie, la junte au pouvoir cultive la thématique de la souveraineté. La Mali a rompu avec la France, ancienne puissance coloniale, restée longtemps influente, pour ouvrir son territoire et offrir ses ressources à des miliciens russes sans scrupule et sans contrôle. Le Nord et de centre du pays échappe aujourd’hui au pouvoir central. Les groupes djihadistes et rebelles, profitant du retrait progressif de l'État dans certaines régions, renforcent leur contrôle sur des territoires entiers, transformés en bastions d'insurrection. Pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie, le régime militaire malien mise aujourd’hui sur un rapprochement avec la Turquie. Mais, il n’est pas sûr qu’Ankara lui offre son expertise en matière de fonctionnement démocratique.
Ce 26 mars 2025, Jour de la démocratie ou Jour des martyrs, les dépôts de gerbes au monument à la mémoire des martyrs de la révolution de 1991 se font dans un contexte particulièrement dégradé en matière de démocratie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2025
Le mémorial du 22 mars à Bamako
La sanglante répression du soulèvement populaire de 1991 s’est déroulée du du 22 au 24 mars 1991, causant plus de 200 morts.
Le stade du 26-Mars, à Bamako, inauguré en 2001 et baptisé en référence au coup d’État ayant mis fin au règne de Moussa Traoré
16 décembre : le Kazakhstan affirme son indépendance
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre. Aujourd’hui, le Kazakstan revisite sa longue période d’occupation russe puis soviétique et prend nettement ses distances avec Moscou.
Le 16 décembre 1991, le Kazakhstan fut la toute dernière des républiques soviétiques à proclamer son indépendance à l’égard d’une URSS qui n’avait plus que dix jours à vivre avant sa dissolution. Comme la plupart des républiques soviétiques, elle avait déclaré sa souveraineté dès le 25 octobre 1990, un jour dont l’anniversaire sert de fête nationale. Le 16 décembre n’en est pas moins une date importante car le Jour de l’indépendance (Тәуелсіздік күні) est tout de même gratifié de deux jours fériés, les festivités se prolongeant le 17 décembre.
Le Kazakhstan est resté longtemps proche de Moscou, au point l’appeler à l’aide lors des émeutes de janvier 2022. Les Russes avait aidé à rétablir l’ordre et Noursoultan Nazarbaïev, le président qui était arrivé à la tête du pays avant l’indépendance et qui s’était incrusté au pouvoir pendant près de trois décennies, avait été mis à l’écart. L’agression de l’Ukraine par la Russie va refroidir le Kazakhstan qui, depuis, prend ses distances, préférant décliner l’invitation de Moscou à intégrer les Brics.
Le 16 décembre est chaque année l’occasion pour les nationalistes, qui ont le vent en poupe, de dénoncer le colonialisme russe de jadis, la terrible famine de 1932 et la répression politique à l’époque soviétique, notamment celle l’insurrection de décembre 1986 dont le souvenir est réactivé par la coïncidence des dates d’anniversaire. Le 16 décembre 1986, le secrétaire général du PC kazakh, Guennadj Kolbin, prenait ses fonctions. Ce Russe parachuté par Moscou remplaçait Kunaev, un Kazakh, corrompu mais populaire. Cette nomination a provoqué les émeutes dites de Jeloqsan (décembre en langue kazakhe), violemment réprimées, mais perçue a posteriori comme le début de la renaissance kazakhe, d’où l’importance donnée aujourd’hui à ce double anniversaire du 16 décembre.
La météo annonçait des tempêtes et des chutes de neige pour ces deux jours fériés, la saison n’est jamais propice aux festivités en plein air. Dans les villages, on construit des yourtes y faire la fête. À Astana, la capitale, une grande réception est organisée au Palais présidentiel lors de laquelle le président Kassym-Jomart Tokaïev distribue médailles et décorations aux citoyens méritants. Pour l’occasion, beaucoup d’invités ont revêtu des costumes traditionnels.
À Almaty, ce 16 décembre, une cérémonie de dépôt de couronnes a lieu au monument de l'Indépendance sur la place de la République (ancienne place Brejnev). L'événement réunit des représentants du conseil des anciens combattants, de l'administration municipale, des organismes publics, des associations ethnoculturelles et des participants de l'événement de décembre 1986.
Le 17 décembre, des couronnes de fleurs seront déposées devant le monument « L'aube de l'indépendance », célébrant le 38e anniversaire de l'événement de décembre 1986. L’assistance marquera une minute de silence en souvenir des morts de la répression et les représentants religieux réciteront des versets du Coran.
Toute la semaine dernière, des concerts et des conférences ont été donnés. Dans un des principaux lycées de la ville, une réunion intitulée "Mes grands-pères aspiraient à l'indépendance », s’adressait aux lycéens. Tout un passé de lutte nationale et anticoloniale est en train de se construire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2024
12 novembre : le massacre de Dili au Timor oriental
Le Timor oriental commémore l'un des jours les plus sanglants de son histoire récente, un épisode majeur de sa lutte pour l’indépendance.
Chaque 12 novembre, le Timor oriental célèbre la Journée nationale de la jeunesse (Dia Nacional da Juventude), un jour férié qui commémore un terrible massacre opéré par l’armée indonésienne à l’époque où elle occupait le pays.
On est en 1991, l’Indonésie alors dirigée par le dictateur Suharto, occupait l’ancienne colonie portugaise depuis 1975. Régulièrement, elle devait affronter des mouvements de résistance, réprimés dans la violence. Sebastião Gomes, un militant indépendantiste, vient d’être capturé et exécuté par l’armée. Le 12 novembre 1991, une foule assiste à ses funérailles à Dili, dans l’église Motael, et se dirige ensuite vers le cimetière de Santa Cruz. Sur la route des militants brandissent des drapeaux, la procession rassemble des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, formant la plus importante manifestation indépendantiste depuis 1975. 200 soldats indonésiens ont surgi et ont tiré sur la foule tuant quelque 250 Timorais. Le massacre a été filmé par deux journalistes américains et un présentateur de télévision britannique. Il a ensuite été diffusé à la télévision britannique et a provoqué une vague d'indignation dans le monde entier.
Le massacre de Santa Cruz est commémoré le 12 novembre au Timor oriental comme l'un des jours les plus sanglants de l'histoire du pays et comme marquant un tournant dans le regard de la communauté internationale sur la question timoraise. L’Indonésie ne lâchera toutefois le Timor oriental qu’en 2002, le 20 mai.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 novembre 2024
Une reconstitution du massacre de Santa Cruz en novembre 1998 (photo : Mark Rhomberg/ETAN)
24 août : l’Ukraine célèbre le 33e anniversaire de son indépendance
L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, provoquant le démantèlement complet de l’URSS.
L'indépendance complète de l'Ukraine a été proclamée le 24 août 1991, suite de l’a déclaration de l’indépendance de la Russie elle-même, deux jours plus tôt, le 22 août, provoquant le démantèlement complet de l’URSS. Cependant, comme l’avaient fait la plupart des républiques soviétiques, le parlement de la RSS d'Ukraine avait déjà adopté une Déclaration de souveraineté de l'État de l'Ukraine le 16 juillet 1990, mais sans avoir jusque à ce 24 août 1991, sauté le pas de la séparation totale. Laquelle était justifiée par le fait que la Russie en faisait autant. L’URSS devait disparaître moins de quatre mois plus tard.
Est-ce une résurgence d’un État ukrainien ? Entre 1917 et 1920, plusieurs États ukrainiens distincts avaient vu le jour, mais chacun de manière éphémère. En 1921, la majeure partie de l'Ukraine a été intégrée à l'Union soviétique sous le nom de République socialiste soviétique d'Ukraine. Pendant les soixante-dix années suivantes, l'Ukraine a fait partie de l'URSS.
Le Jour de l'indépendance de l'Ukraine (День Незалежності України) est célébré chaque 24 août depuis 1992. Cette année, les célébrations publiques dans la capitale sont annulées en raison des risques de bombardement russe. En 2014, début de l’occupation russe du territoire ukrainien, Moscou avait choisi le 24 août pour lancer une offensive sur la ville de Ilovaisk. Et, il y a 6 mois jour pour jour, le dictateur Poutine lançait la destruction de l’Ukraine.
Le 24 août 2023, a été marqué par un fait d’armes symbolique, néanmoins très important. Des soldats d’élite ukrainiens sont parvenus à mettre pied sur le sol de la Crimée, détruisant quelques cibles bien choisies, et surtout plantant le drapeau ukrainien, le premier depuis 2014 sur ce territoire occupé par la Russie. En 2024, l’Ukraine occupe depuis plusieurs semaines, une portion du territoire russe…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 août 2024
19 juin : fête paradoxale en Hongrie où l’on célèbre l’indépendance du pays à l’égard de Moscou
C’est une commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ, le 19 juin 1991, des forces militaires imposées par URSS alors que la Hongrie, bien que membre de l’Union européenne, se comporte à nouveau comme un satellite de Moscou.
Le Jour de la Hongrie indépendante (Független Magyarország napja) est un jour de commémoration officiel, observé le 19 juin. Il commémore la fin de l'occupation soviétique de la Hongrie et honore les martyrs de la Révolution hongroise de 1956. La date choisie pour cette commémoration est l’anniversaire du départ du dernier soldat soviétique, le 19 juin 1991, rétablissant l’indépendance du pays après un demi-siècle d’occupation russe.
Cette commémoration nationale a été adoptée en 2001, elle y associe la mémoire des dirigeants de cette révolution manquée exécutés secrètement pour trahison, le 16 juin 1958. Ceux-ci ont été jetés dans une fosse commune sous de fausses identités. Les autorités ont attendu trois décennies que l’emprise de Moscou se desserre, pour autoriser la résurgence de cette mémoire. Le 16 juin 1989, environ un quart de million de personnes ont participé à la réinhumation solennelle d'Imre Nagy, Géza Gimes Miklós Losonczy, Pál Maléter, József Szilágyi et le combattant de la liberté inconnu de la révolution. Le pays tout entier a regardé la cérémonie de plusieurs heures sur les écrans de télévision. La cérémonie de deuil organisée par la Commission de justice historique, mais avec le soutien de toute l'opposition, est devenue un symbole de l'effondrement du régime Kádár - et de tout le bloc soviétique. Deux ans plus tard, presque jour pour jour, le lieutenant-général Viktor Silov, dernier soldat soviétique occupant la Hongrie, quittait le pays.
Cette commémoration est très paradoxale : la Hongrie célèbre la restauration de sa souveraineté suite au départ des forces militaires imposées par Moscou alors que la Hongrie est aujourd’hui le principal soutien de Moscou au sein de l’Union européenne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 juin 2024
La tombe d’Imre Nagy après la réinhumation du 16 juin 1989 au nouveau cimetière municipal de Budapest.
Le départ de Viktor Silov sous l’œil des journalistes
26 février : le Koweït fête sa libération
La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février que la libération du pays est fêtée chaque année, car la veille l’émirat célèbre sa dynastie lors de la fête nationale.
Le Koweït avait été envahi par l’Irak en août 1990. Il a fallu quelques mois à une coalition internationale pour se constituer et procéder à la libération de ce petit émirat que le dictateur irakien, Saddam Hussein entendait annexer à son pays. Le 24 février 1991, les troupes menées par les Américains entraient au Koweït et marchaient sur la capitale. Le 27 février, Saddam Hussein ordonnait à ses troupes de battre en retraite.
La campagne de libération du Koweït n’a pris fin que le 28 février 1991, mais c’est bien le 26 février qu’elle est fêtée chaque année. La raison, est que la veille, le 25 février, est le jour de la fête nationale du Koweït. Ce qui permet deux jours de fête consécutifs et cette année, un week-end prolongé de quatre jours, du 23 au 26 février, car la semaine de travail au Koweït s’étend du samedi matin au mercredi soir.
Le Jour de la libération (يوم تحرير الكويت) est célébré par un rassemblement à la Tour du Koweït où les gens expriment leur gratitude et leur patriotisme envers leur nation.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2024
20 juin : la journée des martyrs de la guerre de libération de l'Érythrée
En Érythrée, c’est la Journée des martyrs, un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays de l’emprise éthiopienne entre 1961 et 1991, un conflit qui a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque), mais qui a légué au pays une des dictatures les plus terribles au monde.
En Érythrée, c’est la Journée des martyrs (Mealti Sematat), un jour férié pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour la libération du pays entre 1961 et 1991.
La guerre de libération a pour origine la décision de l’ONU, en 1952, de rattacher cette ancienne colonie italienne à l’Éthiopie. L'Érythrée aurait dû jouir d’une large autonomie dans le cadre d’une fédération, mais l'empereur éthiopien Hailé Selassié, n’a pas joué le jeu. Il réduit très vite l’autonomie promise. Le pouvoir éthiopien a imposé l'amharique comme langue officielle à la place du tigrinya, interdit l'usage du drapeau érythréen, imposé la censure et déplacé les centres d'affaires hors de l'Érythrée… Finalement, le parlement érythréen a été dissous unilatéralement et l’Érythrée a été annexée en 1962, en toute illégalité.
La guerre de libération des Érythréens contre l’Éthiopie a commencé il y a 62 ans, en 1961, avec les premières opérations militaires du FLE (Front de libération de l’Érythrée) et a duré jusqu’au 24 mai 1991, soit une guerre de 30 ans qui s’est terminée il y a 32 ans tout juste. Le conflit a fait 100 000 victimes (pour une population de 5 millions, à l’époque).
Mais cette longue et terrible guerre a militarisé le pays et permis l’accession au pouvoir d’Isaias Afwerki, le chef du FLE. Celui-ci dirige le pays d’une main de fer depuis trois décennies. Le dictateur érythréen est, aujourd’hui, l’un des plus anciens au monde. Le pays a récemment retrouvé la paix, mais le service militaire qui dure trois ans sous un régime de terreur a fait de très nombreuses victimes, or celles-ci ne font pas partie des martyrs commémorés chaque 20 juin. De fait, ce régime a aussi provoqué l’exode de près d’un demi-million de jeunes gens qui fuit le pays pour y échapper. Le résultat, c’est que les Érythréens sont surreprésentés parmi les demandeurs d’asile en Europe, pour un pays peuplé d’à peine 6 millions d’habitants.
D’ailleurs, une nouvelle guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie s'est déroulée de mai 1998 à juin 2000 pour quelques arpents de terres désertiques provoquant la mort de quelques dizaines de milliers de personnes. Les escarmouches frontalières ont continué, augmentant chaque année (souvent en juin) le nombre des martyrs. Cela jusqu’en 2018, quand a été conclu, soudainement, un accord de paix entre les deux pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 juin 2023
Le Parc national des martyrs, situé à l'extérieur de la capitale, Asmara, inauguré le 20 juin 1997.
24 mai : l’Érythrée célèbre sa fête nationale
C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen libérait la capitale érythréenne d'Asmara. Son chef Issaias Afeworki et ses sbires, n’ont jamais quitté le pouvoir.
C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur, au point que ce pays de 3 millions d’habitants est à l’origine d’un des principaux flux de demandeurs d’asile politique en provenance de l’Afrique.
L’Érythrée avait été colonisée par les Italiens à la toute fin du XIXe sicle, puis avait été occupée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le pays a été revendiqué par l’Éthiopie, dépourvue de façade maritime. Avec le parrainage des Nations unies, l’Érythrée a été intégré en 1952 dans une fédération avec l’Éthiopie qui dure 10 ans et se termine par une confiscation de toute autonomie par Addis Abeba. En réaction, l’Érythrée est entrée en rébellion dès 1961 sous la conduite du Front de libération de l'Érythrée (FLE), puis du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). La guerre d'indépendance érythréenne a entraîné la mort de 10 % de la population du pays, mais s'est soldée par une victoire érythréenne décisive. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen a libéré la capitale érythréenne d'Asmara. L'anniversaire de cet événement est maintenant célébré comme le Jour de l'indépendance de l'Érythrée, bien que le référendum sur l'indépendance n'ait eu lieu que deux ans plus tard, après que l'indépendance du pays ait été reconnue internationalement, le 24 mai 1993. C’est cet anniversaire qui est fêté par les autorités de ce pays reclus, où toute voix dissidente disparaît au goulag. La constitution n’est pas appliquée, aucune élection ne fait même mine de singer la démocratie. Ce régime totalitaire est comparable à la Corée du Nord. Il est dirigé d'une main de fer depuis 30 ans par le président Issaias Afeworki, le dictateur actuel qui a émergé de la guerre d’indépendance. Il n'y a ni presse libre ni opposition politique ni même de société civile.
Le pays n’a jamais cessé d’entretenir une guerre larvée. Les civils sont enrôlés dans un service militaire si terriblement contraignant et dangereux que beaucoup fuient le pays pour y échapper. L’Érythrée a, à nouveau, affronté l’Éthiopie entre 1998 et 2000 pour un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts. Accusé de déstabiliser la Corne de l'Afrique en soutenant des groupes armés comme les shebabs somaliens, le pays a fini par signer un accord de paix en 2018 avec le nouveau Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed, puis de soutenir ce dernier dans la guerre d’Addis Abeba contre le Tigré entre 2020 et 2022. En février 2022, l’Érythrée est un des très rares pays du monde à avoir soutenu l’agression de l’Ukraine par Poutine.
Le jour de l'indépendance est un jour férié et chômé. Les festivités durent une semaine jusqu'au 24 mai, c'est la Semaine de l'Indépendance (qinyat natsnet). Elle est marquée par des carnavals, des spectacles de rue, des compétitions sportives, des courses cyclistes, des concerts de musique, des défilés, des fêtes sous tente, de nombreux drapeaux et de nombreuses manifestations de patriotisme ferments encadrées par les autorités.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2023
Des cérémonies dignes de celle de la Corée du Nord
22 août : les Russes fêtent leur drapeau
La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale car elle est étroitement liée à la disparition de l’URSS, la construction nationale que vénèrent le dictateur Poutine et son régime. La propagande du régime est là pour camoufler ce choix fait à l’époque d’Elstine.
La date choisie pour célébrer le drapeau russe est très paradoxale. Ce Jour du drapeau national (День Государственного флага России) a été créée en 1994 pour commémorer le jour où le drapeau actuel de l'État russe a été hissé sur le bâtiment du Soviet suprême de Russie après une tentative de coup d'État en août 1991. Ces événements ont déstabilisé l'Union soviétique et ont contribué à la fois à la disparition du Parti communiste de l'Union soviétique et à la dissolution de l'Union soviétique elle-même. Elstine, le président de la république de Russie en avait profité pour proclamer « l’indépendance ». D’autre république l’avait précédée, mais la Russie étant la composante la plus importante, ce geste allait entraîner la disparition de l’URSS. Celle-ci sera effective en décembre de la même année. Le paradoxe, c’est que le régime de Poutine (héritier d’Eltsine) cultive la nostalgie de la défunte Union soviétique. Sa disparition a été qualifiée par le dictateur Poutine de principale catastrophe géopolitique du XXe siècle. De fait, il est difficile pour son régime d’expliquer la célébration annuelle de cette date du 22 août. La propagande doit faire des efforts d’interprétation pour justifier cette date qui ne correspond pas à celle de son adoption. Le jour n’est pas férié, mais on organise des festivités dans toutes les villes.
Pour revenir à l’objet de cette fête. On rappelle à cette occasion que le tsar Pierre le Grand, déjà très ambitieux pour son empire, rêvait de construire une puissante marine russe. Le monarque s'est rendu aux Pays-Bas, pour y observer la construction navale de pointe. Ainsi le drapeau qu’il a choisi le 13 janvier 1720 pour les navires marchands russes ressemblait au drapeau tricolore hollandais (rouge, blanc et bleu) mais dans un ordre des couleurs différent (blanc, bleu et rouge). L’URSS avait adopté un drapeau rouge. C’est le 11 décembre 1993 que le drapeau tricolore est à nouveau officialisé en Russie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 août 2022
20 août : les Estoniens fêtent leur indépendance
Le 20 août 1991, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS… Depuis 1992, le 20 août est un jour férié en Estonie.
Le 19 août 1991, alors que Moscou est en pleine tentative de putsch (les durs du régime soviétique tentant de renverser Gorbatchev), le soviet suprême de la petite Estonie, après de longs débats, finit par voter le rétablissement de l’indépendance de 1918 (24 février). Il est 23h03. L’armée soviétique qui est entrée en Estonie le matin même, hésite pendant plusieurs heures, avant de renoncer à prendre d’assaut la tour de la télévision défendue par les citoyens. Finalement, le 20 août, l’Estonie se réveille libre. Son indépendance sera reconnue dès le lendemain par Boris Elstine, président de la Russie, heureux de voir se disloquer l’URSS, laquelle se résoudra le 6 septembre à reconnaître l’émancipation de l’Estonie. Ébranlée par le putsch raté, l’URSS va finalement disparaître le 25 décembre de la même année. L’armée russe ne quittera toutefois la république balte que 3 ans plus tard.
Le 20 août est, depuis 1992, un jour férié en Estonie. La journée est connue comme le Jour du rétablissement de l'indépendance (Taasiseseisvumispäev). En Russie, le souvenir de l’émancipation de l’un des nombreux peuples qui lui été soumise est vécu par les nationalistes comme l’une des nombreuses humiliations subie depuis 30 ans et que l’invasion de l’Ukraine était sensé laver.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 août 2022
30 août : au Kazakhstan, c’est le jour de la Constitution
Le Kazakhstan a proclamé son indépendance le 16 décembre 1991, soit quelques jours à peine avant la disparition de l’URSS. Sa constitution actuelle a été adoptée le 30 août 1995.
Le Kazakhstan a proclamé son indépendance le 16 décembre 1991, soit quelques jours à peine avant la disparition de l’URSS. On fête cette année, les 30 ans d’un pays qui n’avait jamais existé auparavant. Dans un premier temps, il a fonctionné avec une constitution calquée sur la constitution soviétique de 1977 dont l’interprétation a suscité d’importants débats et dissensions politiques. Une nouvelle constitution a donc été rédigée. Le 30 août 1995, le référendum constitutionnel kazakh a eu lieu. La nouvelle constitution de la République du Kazakhstan a été approuvée par 90 % des électeurs, entrera en vigueur le 5 septembre suivant, mais ne fera pas du Kazakhstan un État démocratique.
Les festivités du Jour de la Constitution (Конституция күні) comprennent des cérémonies officielles, des expositions, des concerts en plein air, des foires et festivals en plein air, des compétitions sportives, des feux d'artifice. Les plus grandes célébrations ont lieu dans la capitale Astana et à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan et ancienne capitale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 août 2021
27 août : les 30 ans d'une drôle d'indépendance moldave
Le jour de l'indépendance est la fête nationale de la Moldavie commémorant l'adoption de la déclaration d'indépendance à l’égard de l' Union soviétique le 27 août 1991.
Le Jour de l'indépendance (Ziua Independenței) est la fête nationale de la Moldavie commémorant l'adoption de la déclaration d'indépendance à l’égard de l' Union soviétique le 27 août 1991.
La république de Moldavie est un territoire enlevé par l’URSS au royaume de Roumanie à la faveur du Pacte germano-soviétique de 1939. L’URSS s’affaiblissant, les premières élections démocratiques locales ont finalement eu lieu en Moldavie en février et mars 1990. En juin 1990, le parlement a adopté la Déclaration de souveraineté. Mais, la Moldavie n'a accédé à l'indépendance que le 27 août 1991, après l'échec du coup d'État à Moscou. C’est cet anniversaire que l’on célèbre aujourd’hui en Moldavie par des cérémonies, des événements sportifs, des expositions…
Le pays existe bien mais est-il indépendant pour autant ? L’ombre de Moscou est toujours aussi pesante. Le projet de rejoindre un jour l’UE ou l’OTAN serait immédiatement récusé par la Russie qui considère toujours la Moldavie comme une zone tampon sous sa tutelle. Évidemment, l’idée d’une réunification avec la Roumanie est totalement taboue, même si certains partis politiques l’expriment ouvertement.
Ce jour-là, le président de la République prononce un discours public et des fonctionnaires déposent des fleurs au monument Étienne le Grand, un prince moldave du XVe siècle, héros du moldovénisme (un nationalisme distinguant la Moldavie du reste des pays roumains). Chaque 27 août, un concert est également organisé sur la place de la Grande Assemblée nationale. Tous les 5 ans, un défilé militaire a lieu dans le centre de Chisinau. C’est le cas pour ce 30e anniversaire. Un défilé militaire aura lieu sur la place de la Grande Assemblée nationale (PMAN) avec la participation des subdivisions de l'armée nationale du ministère de l'Intérieur (MIA) et de la Direction de l'information et de la sécurité. Service de la République de Moldavie (SIS).
En 2020, en raison de la pandémie de COVID-19 en Moldavie, une cérémonie nationale s’était tenue sans public dans la salle historique du palais présidentiel. Une délégation turque, dirigée par le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, avait inauguré ce jour-là, le consulat général de Turquie en Gagaouzie, le premier consulat ouvert dans la région. Il était accompagné de son homologue moldave Oleg Țulea et de la gouverneure de Gagaouzie Irina Vlah. Une manière de contrebalancer le poids de Moscou ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 août 2021
25 juin : il y a 30 ans, les indépendances slovène et croate
Pourquoi le même jour ? Parce que les deux républiques fêtent le même évènement : la proclamation, le 25 juin 1991, de leur indépendance respective, entrainant de fait la disparition de la Yougoslavie…
Slovénie et Croatie célèbrent toutes deux leur fête nationale le 25 juin. Pourquoi le même jour ? Parce que les deux républiques fêtent le même évènement : la proclamation, le 25 juin 1991, de leur indépendance respective, entraînant de fait la disparition de la Yougoslavie, un État né en 1918, et surtout un événement qui a engendré une décennie de guerre. D’où un certain malaise existant en arrière-fond de ces deux fêtes nationales.
En Slovénie, c’est chaque année la même histoire. Doit-on inviter les anciens partisans (les résistants communistes au nazisme) aux cérémonies ? Pour certains, il n’est pas question d’associer à l’indépendance du pays d’anciens combattants qui se réfèrent toujours au drapeau d’une armée (yougoslave) qui a attaqué la Slovénie deux jours après sa déclaration d’indépendance. La guerre n’a duré que 10 jours, fait quelques dizaines de morts néanmoins et s’est soldée par un retrait de l’armée yougoslave. L’opinion adverse fait valoir que les anciens partisans, même nostalgiques de la Yougoslavie de Tito, ont risqué leur vie pour libérer le pays de l’occupation nazie et par là même ont contribué à la liberté dont jouit la Slovénie aujourd’hui.
En Croatie, la décision du 25 juin n’a pas entraîné 10 jours de guerre, mais 10 ans d’un conflit bien plus meurtrier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 juin 2021
18 mai : l'anniversaire d'un pays que personne ne connaît ni ne reconnaît, le Somaliland
Il y a 30 ans, le 18 mai 1991, un nouvel État tentait d’émerger sur la carte du monde : le Somaliland. Il célèbre aujourd’hui sa fête nationale.
Il y a 30 ans, le 18 mai 1991, un nouvel État tentait d’émerger sur la carte du monde : le Somaliland. Quelque mois auparavant, le dictateur somalien Mohamed Siad Barre, avait été renversé. Ce dernier avait jusque-là très brutalement réprimé toute tentative de sécession de cette région du nord du pays. En 1988, Hargeisa, sa capitale, avait été bombardée par l'aviation gouvernementale. La répression fait 50 000 morts et près de 500 000 déplacés (sur un million d’habitants à l’époque)… En janvier 1991, le dictateur était enfin destitué, cet État du nord de la fédération de Somalie, proclamait son indépendance. Depuis, le 18 mai est célébré chaque année comme la fête nationale du Somaliland.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mai 2021
Cette déclaration d’indépendance du Somaliland n’a, cependant, jamais été reconnue par la communauté internationale. Ce qui n’empêche pas des délégations étrangères (djiboutiennes, éthiopiennes, françaises…) de se rendre régulièrement au Somaliland. En mai 2001, l'indépendance a même été entérinée par un référendum qui remporte 97,1 % de oui. Le Somaliland a pourtant un argument : ce territoire était celui d’une colonie anglaise alors que le reste de la Somalie était italien. La reconnaissance d’un Somaliland indépendant ne contredit donc pas la règle sacrée en Afrique qui consiste à ne pas toucher aux frontières issues de la colonisation car cela risquerait de mettre le contient à feu et à sang. D’ailleurs, c’est avec le même argument que l’Érythrée voisine a fini par obtenir son indépendance, reconnue par l’ONU en 1993. Le Somaliland n’a pas eu cette chance. Aujourd’hui, il n’a de relations diplomatiques qu’avec Taïwan, autre exclu important du concert des nations.
Le Somaliland dispose de richesses minières et pétrolières, d’un port important Berbera qui sert aussi de débouché à l’Éthiopie. Mais, faute de reconnaissance, le pays est exclu des circuits financiers mondiaux. Il ne reçoit aucune aide au développement mais n’a aucune dette. Sans moyen financier pour investir dans son économie, le pays de contente pour vivre d’exporter du bétail, près de 5 millions d’animaux sont exportés chaque année dans les pays arabes. Le pays a des administrations qui fonctionnent, financées par la fiscalité (TVA et droits de douane)… Le Somaliland est parmi les plus pauvres d’Afrique. Mais, contrairement au reste de la Somalie, le pays est sûr et croit très fort en son avenir. Somaliland s'en tire en effet bien mieux que la Somalie, toujours en proie au terrorisme islamiste et à un régime autoritaire.
Muse Bihi Abdi, le président de la république du Somaliland depuis 2017
3 mai : la Journée mondiale de la liberté de la presse
La Journée mondiale de la liberté de la presse trouve son origine dans la conférence de l'UNESCO à Windhoek en 1991. L'événement s'est terminé, le 3 mai 1991, par l'adoption de la Déclaration de Windhoek
Il y a 30 ans, jour pour jour, la Déclaration de Windhoek insistait sur le pluralisme et l'indépendance des médias.
La Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque année, trouve son origine dans la conférence de l'UNESCO à Windhoek en 1991. L'événement s'est terminé, le 3 mai 1991, par l'adoption de la Déclaration de Windhoek pour le développement d'une presse libre, indépendante et pluraliste. Trente ans plus tard, le lien historique établi entre la liberté de rechercher, de communiquer et de recevoir des informations et la notion de bien public reste aussi pertinent qu'il l'était au moment de sa signature. Des commémorations spéciales pour ce 30e anniversaire sont prévues pendant la conférence internationale de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Le 3 mai sert à rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse et constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle. Tout aussi importante, la Journée mondiale de la liberté de la presse est une journée de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l'abolition de la liberté de la presse. C'est aussi une journée de commémoration pour les journalistes qui ont perdu la vie dans la poursuite d'une histoire.
"Cette année (2021), le thème retenu pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse, « L’information comme bien public », souligne la valeur incontestable d’une information vérifiée et fiable. Il appelle l’attention sur le rôle essentiel que jouent les journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion de ces informations, luttant contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables." Audrey Azoulay, directrice générale, par la Journée mondiale de la liberté de la presse 2021. Source : Unesco
#journeedelalibertedelapresse
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mai 2021
13 janvier : Il y a 30 ans, le bloody Sunday des Lituaniens
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. Le but de Moscou était de mettre au pas cette république qui avait déclaré unilatéralement son indépendance le 11 mars 1990 (elle avait été la première république soviétique à le faire).
La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation des principaux édifices stratégiques de la capitale et du Parlement. De brefs combats devant la tour de la télévision, le 13 janvier, ont fait 14 morts et quelques milliers de blessés. C’est à eux que ce jour de commémoration rend hommage, notamment lors d’une cérémonie au cimetière d’Antakalnis. La détermination pacifique des habitants de Vinius a payé : les troupes sont rappelées en Russie ; elles ne reviendront plus. L’URSS allait disparaitre avant la fin de l’année.
Hier soir une cérémonie nocturne a eu lieu. Les passionnés de course à pied ont honoré la mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté de la Lituanie sur la traditionnelle « route de la vie et de la mort » allant du cimetière d'Antakalnis à la tour de télévision. Le même jour, une opération de don de sang est organisée à la bibliothèque nationale Martynas Mažvydas pour commémorer les défenseurs de la liberté. La journée s’est terminée par une cérémonie nocturne devant un grand bûché.
Ce 13 janvier, Journée des défenseurs de la liberté (Laisvės gynėjų diena), des fleurs seront déposées sur la place de l'Indépendance de la capitale au mémorial du 11 mars, après une levée du drapeau national. Le Seimas (Parlement lituanien) organise la cérémonie de remise du Prix de la liberté. Une messe est dite en la cathédrale de Vilnius. D’habitude, c’est journée portes ouvertes au Parlement, au Musée des victimes du génocide et au complexe commémoratif Tuskulėnai Peace Park. Ce ne sera pas le cas cette année pour raison sanitaire.
En souvenir de ces journées sanglantes, le myosotis est devenu le symbole de la résistance aux troupes soviétiques. En 2019, après un procès qui a duré 10 ans, une soixantaine de hauts responsables soviétiques impliqués dans la répression des journées sanglantes de janvier 1991, ont été condamnés pour crime contre l’humanité par contumace.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 janvier 2021
Mise à jour 2022 : Le 30 juin 2022, la Cour suprême de Lituanie a rendu son verdict définitif dans l’affaire du 13 janvier. Soixante-sept personnes, dont l’ancien ministre de la Défense soviétique, ont été condamnées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le plus souvent par contumace. Les descendants des victimes ont longtemps demandé à entendre Mikhaïl Gorbatchev durant ce procès, en vain.