L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
19 décembre : Goa fête sa libération
La journée est fériée dans l’État indien de Goa, elle commémore la prise par l’armée indienne, de ce petit territoire, portugais depuis quatre siècles et demi. Goa est le 25e État de l'Inde depuis 1987.
L’opération de l’armée indienne n’a duré que 36 heures, on déplora tout de même une cinquantaine de victimes due à un début de résistance des 3000 marins portugais face aux 30 000 hommes déployés par New Delhi. Le 19 décembre 1961, les Indiens investissaient la dernière colonie européenne établie sur son territoire, 14 ans après sa propre libération des Anglais. Ainsi était mis fin à 451 ans d’occupation portugaise, l’une des plus longues de l’histoire. Les Portugais sont arrivés sur les côtes indiennes en 1498 et s’établirent à Goa en 1510. Pour le Portugal c’était le début de la fin de l’empire, l'invasion de Goa (ou sa « libération », selon les points de vue) a eu un certain retentissement dans les colonies africaines où des maquis commençaient à s’organiser. En 2011, les autorités indiennes ont entrepris la construction d’un mémorial dédié aux victimes cette opération baptisée Vijay (विजय : « victoire », en hindi).
Le Jour de la libération de Goa, Daman et Diu (Dia da libertação de Goa, गोवा मुक्ति दिवस) est férié dans l’État de Goa. Un défilé aux flambeaux, organisé à partir de trois endroits différents de Goa, aboutit à l’Azad Maidan, lieu où les participants rendent hommage aux combattants de la liberté. Pour la première fois sera aussi organisé un marathon avec pour slogan Green miles Clean Goa.
Le territoire de l'Union de Goa, Daman et Diu sera annexé à l’Union indienne. En 1967, la question de savoir si l'État devait fusionner avec le Maharashtra a été résolue par un plébiscite au cours duquel la majorité du peuple de Goa a voté contre une fusion. Il est resté un territoire de l'Union jusqu'en 1987, date à laquelle il a obtenu le statut d'État. Goa est devenu le 25e État de l'Inde, alors que Daman et Diu (deux enclaves situées dans l’État du Gujerat) continuent d'être des territoires de l'Union. Goa est aujourd’hui l’un des États plus riches par habitant.
Les relations entre le Portugal et l'Inde ne seront normalisées qu'après la révolution du 25 avril 1974. Salazar, le dictateur portugais avait demandé à ses troupes de combattre jusqu’à la mort : « Je ne prévois pas la possibilité d'une trêve ni de prisonniers portugais » avait-il demandé. Le général Vassalo e Silva a donc désobéi aux ordres qui exigeaient le sacrifice de ses hommes. Environ 3 000 soldats portugais sont faits prisonniers et finalement libérés au bout de six mois. Un accueil glacial les attendra à Lisbonne et beaucoup seront punis pour avoir désobéi aux ordres. Le gouverneur Vassalo e Silva sera traduit devant un tribunal militaire et expulsé de l'armée. Après 1974, il fera une visite officielle à Goa, où il sera chaleureusement accueilli.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 décembre 2024
Timbre de la poste indienne émis en 2011, pour le 50e anniversaire de la libération de Goa
Le mémorial de guerre du navire de la marine indienne Gomantak construit à la mémoire de sept jeunes marins courageux et d'autres membres du personnel qui ont donné leur vie le 19 décembre 1961, lors de l’opération Vijay entreprise par la marine indienne pour la libération de l'île d'Anjadiv et des territoires de Goa, Daman et Diu de la domination portugaise.
21 septembre : la Journée internationale de la paix
Son écho n’est pas considérable, elle est pourtant fêtée depuis 1981 sur décision de l’ONU. L’Assemblée générale de l’ONU en a fait, en 2001, la Journée comme « une période de non-violence et de cessez-le-feu », gageons qu’elle soit respectée comme telle dans le Caucase, en Ukraine, en Birmanie, en Éthiopie…
Son écho n’est pas considérable, la Journée internationale de la paix (IDP) est pourtant fêtée depuis 1981 sur décision de l’ONU qui pour l’occasion fait sonner la cloche de la paix.
Son drapeau arc-en-ciel, qui se décline dans toutes les langues et dont les couleurs rappellent celui de la communauté gay, a été créé à l’occasion d’un première marche pour la paix, en 1961, de Pérouges à Assise, en Italie. Le Mouvement pour la paix invite les citoyens de tous pays à le suspendre à leur fenêtre afin d’en pavoiser les villes chaque 21 septembre. De très nombreux Italiens l’avaient fait pour protester contre l’engagement de leur pays dans l’invasion de l’Irak en 2003.
Cette année marque le 25e anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration et du Programme d’action sur une culture de la paix.
La Journée internationale de la paix a été instituée en 1981. Pour son 20e anniversaire, en 2001, l’Assemblée générale a voté à l’unanimité pour désigner cette Journée comme « une période de non-violence et de cessez-le-feu ». Elle est, hélas, célébrée avec un déluge de feu sur le Liban du Sud et l’Ukraine.
À l’occasion de la Journée internationale de la paix, samedi 21 septembre, le Collectif national des marches pour la paix appelle à de nombreuses manifestations afin de « stopper une escalade des guerres et des conflits conduisant inéluctablement à encore plus de morts, de blessés et de destructions, voire à une extension mondiale de la guerre et à la folle, mais possible, utilisation d’armes nucléaires ». Partout en France et ailleurs des marches pour la paix sont organisées chaque 21 septembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 septembre 2024
La cloche de la paix a été offerte par l'Association japonaise pour les Nations Unies en 1954. C'est devenu une tradition de sonner la cloche deux fois par an : le premier jour du printemps, à l'équinoxe vernal, et le 21 septembre pour célébrer la Journée internationale de la paix. (source : ONU)
29 juillet : les Wallisiens et Futuniens célèbrent leur fête du territoire
Il y a 63 ans, le 29 juillet 1961 les îles de Wallis et Futuna accédaient au statut de territoire d'Outre-mer. Un statut garantissant la citoyenneté française aux habitants dans le respect de la coutume. La fête du territoire, chaque 29 juillet, est la principale fête de l’archipel.
Il y a 63 ans, le 29 juillet 1961 les îles de Wallis et Futuna accédaient au statut de territoire d'Outre-mer. Un statut garantissant la citoyenneté française aux habitants dans le respect de la coutume. La fête du territoire, chaque 29 juillet, est la principale fête de l’archipel.
Cette loi 61-814 transforme le protectorat des îles Wallis et Futuna en territoire d’Outre-mer français. Si le protectorat de 1887 est simplement une empreinte de la souveraineté française, en revanche, le statut de Territoire d’outre-mer est une intégration totale de l’archipel dans la République Française.
En 1959, un référendum est organisé à Wallis et Futuna (protectorat français depuis 1887). Les habitants des îles ont voté pour mettre fin à la subordination à la Nouvelle-Calédonie et devenir un territoire français d'outre-mer. Le Territoire des îles Wallis et Futuna a été officiellement créé le 29 juillet 1961. Bien qu'en 2003 il ait été transformé en collectivité française d'outre-mer, son nom officiel est resté inchangé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 juillet 2024
17 avril : Cuba célèbre l’anniversaire de la victoire de la baie des Cochons
On célèbre le 62e anniversaire de la tentative d’invasion américaine de l’île de Cuba, par la baie des Cochons. Le vainqueur Fidel Castro, qui a su mobiliser les Cubains, y a gagné un prestige considérable. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.
À Cuba on célèbre chaque année l’Anniversaire de la victoire de la baie des Cochons (Aniversario de la victoria de la Playa Girón) avec un gala commémoratif organisé sous le patronage du président cubain Miguel Díaz-Canel. Le Musée Mémorial Playa Girón de la municipalité Ciénaga de Zapata de Matanzas a préparé une nouvelle exposition pour ce 62e anniversaire de la victoire qui est un jour férié à Cuba.
En avril 1961, les autorités américaines organisaient un débarquement d’exilés cubains armés afin de renverser le régime cubain de Fidel Castro. Au Guatemala, la CIA a lancé une opération pour recruter des exilés cubains pour envahir Cuba. Plus de 1 300 volontaires se sont présentés, dont beaucoup n'avaient aucune expérience militaire. Tout commence, le 15 avril 1961, par un bombardement aérien des bases aériennes cubaines qui précède le débarquement de 1 500 exilés cubains à partir de bateaux amarrés dans la Baie des Cochons (une zone peu peuplée et peu surveillée du sud ouest de l’île). L'attaque est d’abord considérée comme un succès, car les assaillants ont rapidement contrôlé les positions de la baie et de Playa Girón. Mais dès que la nouvelle lui est parvenue, Fidel Castro a mobilisé massivement des troupes pour contenir l'invasion. Après plus de 60 heures de combats, l'armée cubaine a anéanti l'avance des combattants contre-révolutionnaires. 114 des combattants exilés cubains sont morts et plus de 1 200 ont été arrêtés. Le 17 avril, la défaite était complète pour les Américains. La rébellion contre le régime de La Havane n’a pas eu lieu, au contraire le prestige de Fidel Castro sort renforcé. En revanche, c’est un désastre médiatique considérable pour le président Kennedy et les États-Unis.
L’objectif était de renverser un régime susceptible de devenir un satellite de l’URSS à 144 km des côtes de Floride. Cela aura l’effet inverse. En réaction, aussitôt après l’attaque, Fidel Castro qualifie pour la première fois sa révolution de socialiste. Un pacte d'alliance avec l'Union soviétique de Nikita Krouchtchev sera scellé. Et, très vite, 43 000 soldats soviétiques s’installent à Cuba, pour protéger l’île et soutenir le Fidel Castro, lequel restera au pouvoir bien au-delà de l’existence de l’URSS. Il est mort en 2016, peu après avoir céder le pouvoir à son frère Raúl Castro. Lequel a annoncé hier, 16 avril 2021, son retrait du pouvoir, lors du 8e congrès du Parti communiste cubain. Il a passé le relais Miguel Díaz-Canel, nouveau premier secrétaire du parti. La veille de la commémoration, le 17 avril 2021, du 60e Aniversario de la fallida invasión de Bahía de Cochinos, une page s’est tournée.
À Miami, on célèbre également le souvenir des victimes de cette opération désastreuse. Samedi matin, une cérémonie aura lieu au pied du monument à l'Armée de l'Air de Libération de la Brigade 2506, à Little Havana quartier de Miami où vit la communauté cubaine toujours très revancharde. Le gouverneur de Floride, le républicain Ron DeSantis, qui sera l'un des orateurs, des membres du Congrès de Floride, devraient y assister ainsi que des survivants octogénaires de la Brigade 2506, le groupe de combattants cubains ayant participé à l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons (ou de la Playa Girón).
Ce 62e anniversaire cubain coïncide également avec le 77e anniversaire de la fête de l'indépendance syrienne. Les deux régimes ont organisé des célébrations communes à Damas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2023
À Cuba la victoire “de la baie des Cochons” est connue comme celle “de la Playa Girón”. Le timbre de gauche commémore la proclamation du caractère socialiste de la révolution cubaine. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.
Fidel Castro
Prisonniers états-uniens
13 octobre : le Burundi se souvient de son prince, père de l'indépendance
Le 13 octobre 1961, le prince Rwagasore, Premier ministre du Burundi, était assassiné par un tireur embusqué, alors qu'il dinait dans un restaurant près du Lac Tanganyika. Le Burundi consacre cette journée à sa mémoire, avec comme arrière fond, la responsabilité de la Belgique.
Le 13 octobre 1961, le prince Rwagasore, Premier ministre du Burundi, était assassiné par un tireur embusqué, alors qu'il dînait dans un restaurant près du lac Tanganyika. Le Burundi consacre cette journée à la mémoire de son “ héros de l’indépendance”. La responsabilité de la Belgique dans le meurtre de ce héros de l'indépendance plane depuis des années sur la Belgique sans n'avoir jamais été vraiment prouvée. Elle fait partie de l'imaginaire des Burundais et resurgit chaque 13 octobre pour la fête du prince Rwagasore qui est un jour férié au Burundi. Lors du 60e anniversersaire de l’indépendance du pays en juillet dernier, le président Evariste Ndayishimiye a une nouvelle fois fait savoir que « le Burundi attend toujours de la Belgique qu'elle reconnaisse son rôle dans l'assassinat en 1961 du père de son indépendance, le prince Louis Rwagasore ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 octobre 2022
1er octobre : le Cameroun plus divisé que jamais célèbre les 60 ans son unification
La dictature de Biya est à l’origine d’une guerre entre les deux Camerouns
Ce Jour de l’unification commémore chaque 1er octobre la réunion du Cameroun anglophone, indépendant de Londres, le 1er octobre 1961 et le Cameroun francophone, indépendant depuis le 1er janvier 1960, Cette réunion des deux anciennes colonies anglaise et française permet la proclamation de la République fédérale du Cameroun, il y a 60 ans jour pour jour. Cette fédération a néanmoins été supprimée en 1972.
La célébration de la Journée de l'Unification commence par un défilé, le reste de la journée est consacré à des activités sportives. Un marathon de 40 km est organisé chaque année, les gens participent également à des courses de canoë, à des matchs de lutte et de football.
Cet anniversaire est aussi celui du 1er octobre 2017, quand les militants séparatistes proclamaient symboliquement l’indépendance du Cameroun anglophone. Ce jour-là, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté. Au moins 40 manifestants avaient trouvé la mort dans des violences policières… à l’approche de cet anniversaire, les manifestations avait été interdites ces derniers jours dans toute la zone anglophone.
Le point de départ concernait la seule défense de la langue anglaise. Mais, le régime du président Biya a préféré tirer sur les manifestants. La crise a déjà fait 3000 morts, officiellement, sans doute le double, en réalité. La guerre contre les sécessionnistes anglophone a déjà fait entre 600 et 800 000 déplacés internes, 40 000 se sont réfugiés au Nigéria. La guerre a pris un nouveau tournant. Le pays bilingue que l’on célèbre aujourd’hui a vécu.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 septembre 2021
Le monument de la réunification à Yaoundé
17 octobre : il y a 60 ans, on noyait les Algériens dans la Seine
Le 17 octobre 1961, quelque 20 à 30 000 Algériens de Paris manifestaient pacifiquement pour protester contre le couvre-feu auquel ils étaient astreints. Sur ordre de Maurice Papon, préfet de police de Paris, les forces de l’ordre lancèrent un l’assaut qui sera sans pitié… plusieurs centaines de morts seront à déplorer.
Le 17 octobre 1961, quelque 20 à 30 000 Algériens de Paris manifestaient pacifiquement pour protester contre le couvre-feu auquel ils étaient astreints. Sur ordre de Maurice Papon, préfet de police de Paris, les forces de l’ordre lancèrent un l’assaut qui sera sans pitié : ceux qui cherchaient à rentrer chez eux furent arrêtés au pont de Neuilly et jetés dans la Seine par les policiers. Très peu savaient nager, la plupart se sont noyés. D’autres ont été retrouvés pendus près du Centre d’identification de Vincennes. La police, qui à l’époque n’avait admis que 3 morts, reconnaît aujourd’hui 140 victimes, les historiens évoquent 200 à 600 morts et disparus.
Le drame a longtemps été occulté, notamment par la tuerie policière du métro Charonne, l’année suivante, autre page noire des années De Gaulle qui couvrait la police de peur qu’elle ne le protège pas de l’OAS. Il a fallu la publication de l’ouvrage de l’historien Jean-Luc Einaudi et la manifestation anniversaire de 1991 pour que la mémoire des faits resurgisse et que les familles demandent réparation ; puis un procès (Papon contre Einaudi), en 1999, pour que l’État admette la réalité du « massacre ». Lionel Jospin s’opposera à une reconnaissance officielle. Le 17 octobre 2012, le président Hollande publie un communiqué : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ». Il oublie de préciser que la manifestation était pacifique, comme c’est indiqué sur la plaque apposée par le maire de Paris en 2001 sur le pont Saint-Michel où a lieu la commémoration annuelle, au cours de laquelle une gerbe est jetée dans la Seine. Cette plaque a été remplacée par une stèle le 17 octobre 2019. En 2021, le président Macron dénonce, pour la première fois, des « crimes inexcusables pour la République ».
Quant à l’Algérie, elle a fait du 17 octobre la Journée nationale de l’Émigration. Celle-ci est célébrée à Alger au musée national du Moudjahid, en présence de moudjahidine de la Fédération France du FLN, d’historiens, de représentants de la gendarmerie nationale et de la DGSN.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 octobre 2021
Mise à jour 2024 : L’Assemblée nationale a voté jeudi 28 mars 2024 un texte demandant au gouvernement l’instauration d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961. Sans surprise, les députés du Rassemblement national ont été les seuls à voter contre, par fidélité à l’héritage politique du FN, un parti qui a accueilli de nombreux partisans de l’Algérie française et dans membre de l’OAS.
Timbre algérien émis à l’occasion du 50e anniversaire
 
                         
             
             
             
             
             
             
             
             
             
            