L’Almanach international
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22 juin : la Lettonie se souvient de sa lutte pour l’indépendance
En Lettonie, le Jour du Souvenir des Héros commémore les victimes de la bataille de Cēsis, une victoire décisive, en 1919, contre les forces allemandes pour l'indépendance du pays.
En Lettonie, le Jour du Souvenir des Héros (Varoņu piemiņas diena), également connu sous le nom de Jour du Souvenir de la Bataille de Cēsis (Cēsu kauju atceres diena), est célébré chaque 22 juin pour rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie dans la bataille de Cēsis. Cet affrontement est connu en Estonie comme la bataille de Võnnu (Võnnu lahing) qui est commémorée chaque 23 juin.
La bataille de Cēsis s'est déroulée en 1919. Elle a opposé les forces estoniennes soutenues par le 2e régiment letton de Cēsis et les forces allemandes. Ce fut une bataille décisive pour la guerre d'indépendance de la Lettonie autant que pour celle de l'Estonie.
Le 18 novembre 1918, la proclamation de l'indépendance de la Lettonie avait immédiatement été suivie d'une guerre contre la Russie soviétique. Et l’Allemagne en avait profité pour tenter d’affirmer sa domination sur la Lettonie et l’Estonie. En juin 1919, la Baltische Landeswehr attaqua les positions estoniennes près de Cēsis, mais les forces combinées estono-lettonnes finirent par reprendre Cēsis et forcèrent les unités allemandes à se retirer vers Riga.
En 1921, l'Assemblée constituante lettone a désigné le 22 juin comme la Journée des combattants lettons de la liberté. Après le coup d’État d’Ulmans en 1934, elle fut retiré de la liste des jours fériés, puis rétablis après la seconde libération du pays, en 1995, mais ce n’est pas un jour férié. Ce jour-là, les Lettons commémorent les 13 membres du 2e régiment letton Cēsis tués au cours de la bataille.
En Estonie, l'anniversaire de la victoire de la bataille de Võnnu (Võnnu lahingu võidu aastapäev) est célébré comme une fête nationale, le Jour de la Victoire (Võidupüha), mais le 23 juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 juin 2024
Le mémorial de Cēsis
7 juin : quand les Anglais tiraient sur des Maltais en colère
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants qui protestaient contre le coût de la vie et l'occupation de leur pays : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés.
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants en colère : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés. Le jour est commémoré comme le Sette Giugno. Les cérémonies commémoratives se tiennent place Saint-Georges à La Valette.
Le 7 juin 1986, le monument Sette Giugno a été inauguré place Saint-Georges (Place du Palais). En 1989, le Parlement maltais a déclaré cette journée comme l'une des cinq journées nationales du pays. Le premier souvenir officiel de cette journée a eu lieu le 7 juin 1989. Malte n'a obtenu son indépendance du Royaume-Uni qu'en 1964.
Chaque année, le Parlement maltais commémore les événements survenus le 7 juin 1919 à la suite d'une série d'émeutes des Maltais confrontés à une extrême pauvreté due à la forte augmentation du prix du pain. Les foules se sont rebellées contre les importateurs de céréales et les meuniers qui étaient considérés comme tirant de gros profits de la hausse des prix des denrées alimentaires alors que la population mourait de faim. Les troupes britanniques ont été appelées pour contrôler les émeutiers, ce qui a conduit à des coups de feu. Quatre Maltais, Manwel Attard, Karmnu Abela, Ġużè Bajada et Wenzu Dyer ont perdu la vie au cours de ces émeutes.
Ces événements ont marqué un moment crucial dans l'histoire politique de Malte, soulignant le besoin urgent de réformes sociales et économiques. À la suite de ces événements et des efforts déployés par les autorités maltaises, Malte a obtenu la Constitution Amery-Milner de 1921, accordant, pour la première fois, le droit à l'autonomie gouvernementale dans les affaires intérieures.
Le drame est célébré chaque année depuis 1989. Le 6 juin 2021, la célébration du Sette Giugno avait été récupérée par des militants d’extrême droite. Des complotistes de plusieurs pays faisant référence à la lutte pour la liberté du Sette Giugno, s’étaient rassemblés à Balluta Bay, sur la côte nord-est de Malte, pour affirmer que le virus de la Covid-19 n’existait pas ! Les manifestants, dont beaucoup étaient intentionnellement vêtus de jaune. La manifestation a été jugée indécente par la majorité des observateurs eu égard à la mémoire des Maltais qui ont lutté pour la liberté.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 juin 2024
4 mai : place Tien an Men, la jeunesse manifeste contre les pouvoirs
Le 4 mai 1919, 3 000 étudiants manifestent à devant la porte Tien an Men à Pékin. Ils protestent conte les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles… une date mythique en Chine. Les étudiants qui se sont fait massacrer le 4 juin 1989, étaient inspiré par l’esprit du 4 mai.
Bien sûr, il ne s’agit pas de la manifestation à laquelle on pense qui est commémorée aujourd’hui, mais celle du 4 mai 1919. Ce jour-là, quelque 3 000 étudiants manifestaient à Pékin, devant la porte Tien an Men. Ils protestaient contre les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles qui avantageaient le Japon. Ce mouvement traduit l'émergence en Chine d'une conscience patriotique opposée aux Occidentaux comme aux Japonais. C’est pour cela que cette manifestation a toujours été commémorée par le pouvoir chinois. Mais, c’est aussi le premier mouvement de la jeunesse chinoise moderne. Ils protestaient aussi, et surtout, contre le pouvoir des mandarins et l’oppression des femmes. Ils considéraient que le commandement de l'armée qui dirigeait la Chine comme des dictateurs corrompus, n'avaient pas réussi à protéger la patrie chinoise. Les manifestations qui s’étaient prolongées par des grèves massives, en juin 1919, avaient fini par faire céder le pouvoir. Le gouvernement Beiyang avait ordonné à ses représentants en France de refuser de signer le traité de Versailles, de licencier les fonctionnaires que les manifestants jugeaient particulièrement corrompus et de libérer tous les étudiants emprisonnés. Le mouvement du 4-Mai (五四运动) est resté ancré dans la mémoire chinoise.
Il est commémoré chaque année en république populaire de Chine, où depuis 1949, le 4 mai est la Fête de la Jeunesse (青年节). À cette occasion, les jeunes de 14 à 28 ans ont une demi-journée de congé. Évidemment, c’est une jeunesse docile qui est célébrée, pas celle qui se soulève. Pour le 70e anniversaire, en 1989, se souvenant du Mouvement du 4-Mai, des milliers d’étudiants ont manifesté sur la même place Tien an Men qu’ils ont occupé pendant un mois dans le but de faire bouger les choses en direction de la démocratie. En réponse, le gouvernement chinois instaura la loi martiale et fit intervenir l'armée. La révolte finira en bain de sang, un 4 juin (une date qu’il est, bien sûr, absolument interdit de commémorer).
Le 4 mai est aussi célébré à Taïwan, où c'est la Fête de la Littérature (文藝節).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2023
Œuvre de Liang Yulong (1976) pour célébrer le mouvement du 4 mai
4 mai 1989, un mois avant le massacre du 4 juin…
5 avril : la journée nationale de la mer en Inde
L’Inde qui n’a jamais été une puissance maritime, au cours de sa longue histoire, ambitionne aujourd’hui de le devenir à partir de son immense littoral de plus de 7500 km. Cette journée nationale maritime commémore le voyage du premier navire commercial indien ayant mis les voiles de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril.
C’est sa marine civile que l’Union indienne célèbre aujourd’hui pour la 60e fois. Le National Maritime Day commémore le voyage inaugural du premier navire commercial indien de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril que le SS Loyalty, de Scindia Steam Navigation Company Ltd, a mis les voiles. C'était la première compagnie maritime à grande échelle entièrement détenue par des Indiens. Ce fut un moment historique pour navigation indienne car à cette époque les routes maritimes étaient sous le contrôle des Britanniques.
À l’époque Raj britannique, la marine indienne a été dissoute et remplacée par la Royal Navy britannique. Cependant, les constructeurs navals indiens ont continué à construire des navires pour la Royal Navy comme le HMS Hindostan , le HMS Ceylon , le HMS Asia , le HMS Cornwallis et le HMS Minden . Entre 1736 et 1821, le chantier naval de Bombay a produit 159 navires de plus de 100 tonnes, dont 15 navires de plus de 1 000 tonnes.
C’est en 1964 que cette Journée nationale maritime a été instaurée, en souvenir notamment de Shivaji, le fondateur de l'Empire maratha, qui avait entretenu une marine sous la direction de Kanhoji Angre, luttant avec succès contre les intérêts navals portugais, hollandais et britanniques sur la côte indienne, tout en empêchant l'Empire moghol de commercer avec l'Europe. Cela dit, excepté le très ancien Empire cholas, qui reliait au XIe siècle l’Inde du Sud à l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Indonésie, l’Inde n’a jamais été au cours de son histoire une puissance maritime. L’Inde possède un immense littoral de 7517 km et aujourd’hui, la 16e plus grande industrie maritime, il y a 12 ports majeurs et quelque 200 ports de moindre importance. Aujourd’hui, le gouvernement nationaliste de Narendra Modi, commence à comprendre que dans le cadre géopolitique de l’Indo-Pacifique, développer la puissance navale indienne est plus pertinent que jamais.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2023
10 avril : viva Zapata ! Le Mexique rend hommage à son héros
Il y a 100 ans, l’un des héros de la révolution mexicaine était assassiné : Emiliano Zapata. Il s’est juste battu toute sa vie pour que les terres confisquées par les grands propriétaires soient restituées aux petits paysans, de sa région d’origine, le Morelos. S’il est toujours un héros révolutionnaire, le Mexique en a fait un mythe.
Il y a 100 ans, l’un des héros de la révolution mexicaine était assassiné : Emiliano Zapata. Le 10 avril 1919, celui-ci tombait dans un piège tendu par un tueur à gages mandaté par le président Carrenza. Il fut abattu à bout portant et son cadavre exhibé à Cuautla petite localité de l’État du Morelos. On raconte que son cheval blanc a réussi à s'échapper, qu’il court encore dans les montagnes où les paysans l'aperçoivent parfois.
Zapata n’a pas lutté pour de grands idéaux révolutionnaires, mais il s’est battu toute sa vie pour que les terres confisquées par les grands propriétaires soient restituées aux petits paysans, les péones, de sa région d’origine, le Morelos. Lui-même était fils de petits propriétaires d’origine indienne. Aujourd’hui, il continue de symboliser la lutte des paysans mexicains.
Bien après sa mort, les gouvernements ont construit un mythe, un Zapata dont l’image a été totalement lissée effaçant les différences qu'il avait avec Madero et même Carranza, le commanditaire de son assassinat. Chaque 10 avril le Mexique officiel mets tous les drapeaux en berne en hommage au grand homme. En 1979, le président José López Portillo avait même tenté d'exhumer ses restes et de les faire déposer au monument à la Révolution à Mexico. Mais, il en a été empêché par la famille.
Le combat d’Emiliano Zapata n’a pas été vain, la constitution mexicaine de 1917 porte sa marque dans l'article 27 relatif à la réforme agraire. Même si, en 1993, le gouvernement de Carlos Salinas de Gortari a vidé de son sens cet article fondamental en matière agraire. Pas étonnant alors que le 1er janvier 1994, au cri de « ¡Ya Basta ! », surgisse dans le Chiapas, un nouveau mouvement, l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional), se référant au Zapata des origines. Ce mouvement néo zapatiste, personnalisé par la figure, devenue elle aussi mythique, du sous-comandant Marcos, le révolutionnaire au passe-montagne, a montré que le problème de la répartitions des terres et des richesses au Mexique demeurait un sujet brûlant et que le combat de Zapata restait d’actualité. Aujourd’hui, les Zapatistes du Chiapas sont toujours actifs même si la presse internationale les a un peu oubliés.
Depuis le 1er décembre 2018, le Mexique a, pour la première fois, un président de gauche, Andrés Manuel López Obrador, dit AMLO, qui entend bien honorer, lui aussi, la figure de Zapata.
L’année 2019 a été placée par l’assemblée des députés sous le patronage de saint Zapata. Il y aura des médailles commémoratives émises par la Banque du Mexique, une expo de photo dans le métro de Mexico à la station « Zapata », une billet de la loterie nationale à son nom, une série télévise raconte sa vie au grand public… Un colloque réunira des experts les 8 et 9 avril à Cuautla, la ville où il repose. Le mythe n’a pas fini d’être exploité.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2019
Emiliano Zapata