L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

19 mars, Libye, 2011 Bruno Teissier 19 mars, Libye, 2011 Bruno Teissier

19 mars : la commémoration de la victoire sur Kadhafi

Le 19 mars, en principe, est férié en Libye pour commémorer la victoire sur Kadhafi. Un événement qui semble appartenir à un passé lointain.

 

Le 19 mars, en principe, est férié en Libye pour commémorer la victoire sur Kadhafi (إحياء ذكرى الانتصار على القذافي).

Il y a 13 ans, le 19 mars 2011, une coalition emmenée par Paris, Londres et Washington lançait une intervention militaire contre le régime du colonel Kadhafi… Le dictateur est tombé, les forces de l’OTAN ont quitté le pays, laissant la place à une guerre civile qui a fracturé le pays et engendré un chaos dont les répercussions ont largement dépassé les frontières du pays. Aujourd’hui, les combats ont cessé mais la Libye en tant qu’État n’existe plus. Le pays est écartelé entre plusieurs pouvoirs où règne corruption et kleptocratie. La situation paraît très instable mais tout concourt à un maintien durable du statu quo. Treize ans après la chute de la dictature, les fractures sont multiples et ne sont toujours pas surmontées. Aux divergences tribales, s’ajoutent celles des milices, pour la plupart, parrainées par des États étrangers…

La « Géopolitique de la Libye » de Kader A. Abderrahim dresse un bilan de ses années et fait un portrait du pays tel qu’il est aujourd’hui.

La Libye est analysée et disséquée dans ses différentes composantes afin de permettre au lecteur d’appréhender les dynamiques à l’œuvre qui obèrent un retour à la stabilité. La diversité des différents protagonistes permet d’analyser le jeu et les stratégies des voisins de la Libye, comme l’Algérie et d’acteurs plus lointains : la Turquie, le Qatar, les ÉAU, les États-Unis, la Russie… Les enjeux du pétrole, les intérêts géopolitiques du Maghreb aux confins du Sahara et de l’Afrique sont décortiqués afin de restituer les réalités de ce pays fort peu connu.

 
Lire la suite
2011, Mexique, 21 janvier, musique Bruno Teissier 2011, Mexique, 21 janvier, musique Bruno Teissier

21 janvier : Au Mexique, c’est le jour des mariachis

L’anniversaire du classement des mariachis au Patrimoine immémorial de l’humanité est l’occasion, au Mexique, d’une journée du mariachi, genre musical symbole d’un Mexique profond et traditionnel.

 

C’est en 2011, un 21 janvier, l’Unesco a inscrit ce genre musical au Patrimoine immatériel de l’humanité. Selon cette organisation, « le mariachi est une musique traditionnelle et un élément fondamental de la culture mexicaine à travers lequel se transmettent les valeurs, le patrimoine, l’histoire et les différentes langues indigènes ». Pour célébrer cet événement, le Mexique a créé une Journée du mariachi (Día del Mariachi) qui marque l’anniversaire de la décision de l’Unesco.

Ce jour-là, certaines des places les plus populaires du Mexique rassemblent des mariachis qui chantent et revendiquent ce genre comme symbole de l'identité du peuple mexicain. Parmi les plus connues, figure la Plaza Garibaldi, située au centre de la ville de Mexico et où, on célèbre aussi la Sainte-Cécile, chaque 22 novembre. On peut aussi citer la Plaza de mariachis de Guadalajara, le Jardín de la Unión de Guanajuato, la Plaza de Santa Cecilia de Tijuana ou encore la Plaza del mariachi de Chihuahua…

Ce genre musical s’est imposé dans le courant du XXe siècle. Au Mexique, c’est le succès du film “Allá en el rancho grande” de Jorge Negrete, sorti en 1949, pour que la musique des mariachis s’impose comme l’un des piliers de la culture mexicaine. Son origine est à chercher dans les États de Nayarit, Colima, Jalisco, Michoacán, Aguascalientes, Zacatecas, Guerrero, Sinaloa et Guanajuato. C’est un mélange d’éléments culturels de différents lieux et patrimoines. Le genre évolue. Aujourd’hui, la plupart des groupes actuels, les mariachis dits modernes incluent dans leur répertoire des rancheras, des valses mexicaines, des corridos et tous types de musiques régionales mexicaines mais aussi une sorte de boléro adapté (le boléro ranchero) et aussi des ballades, des cumbias ou même des adaptations de hits populaires. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 janvier 2024

 
Lire la suite
2011, Norvège, 22 juillet, massacre, Extrême droite, terrorisme Bruno Teissier 2011, Norvège, 22 juillet, massacre, Extrême droite, terrorisme Bruno Teissier

22 juillet : il y a 12 ans, le massacre d'Utøya endeuillait la Norvège

Jour de recueillement en Norvège pour commémorer les terribles attentats d'un extrémiste de droite en 2011, principalement dans l'île d'Utøya, contre la jeunesse de gauche : 77 morts. Douze ans plus tard, celle-ci est au pouvoir en Norvège et le terroriste est toujours en prison.

 

Jour de recueillement en Norvège pour commémorer les terribles attentats commis par un extrémiste de droite en 2011, d’abord à Oslo puis dans l'île d'Utøya contre la jeunesse de gauche. Avec 77 morts, la petite Norvège fut bien plus terriblement touchée que les États-Unis, le 11 septembre 2001. Un carnage de masse, des victimes incarnant le multiculturalisme, un "manifeste" diffusé au moment du massacre et censé le justifier avec une idéologie qui a inspiré l’auteur de la tuerie de Christchurch, le 16 mars 2019.

Cette tuerie a en effet engendré d’autres, pas seulement en Nouvelle Zélande : le 22 juillet 2016, cinq ans jour pour jour après Utøya, un jeune homme psychologiquement fragile, décrit comme obsédé par Breivik, avait abattu neuf personnes dans un centre commercial à Munich, avant de se suicider. On le savait déjà, le nazisme n’est pas mort avec Hitler.

En attaquant Utøya, comme il l’a écrit dans son manifeste, le terroriste voulait tuer le Parti social-démocrate. C’est, en effet, la jeunesse de ce parti qui se réunissait sur l’île norvégienne. Dix ans plus tard, en octobre 2021, cette formation remportait à nouveau les élections et formait le gouvernement norvégien, qui est dirigé depuis cette date par Jonas Gahr Store. Deux des jeunes ministres sont des survivants de l’attaque d’Utøya.

Le site du mémorial : 22. juli-senteret

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
utoya.jpg
Lire la suite
2011, Libye, libération, 23 octobre Bruno Teissier 2011, Libye, libération, 23 octobre Bruno Teissier

23 octobre :  les Libyens célèbrent la libération du pays

Ce “jour de la libération" a marqué la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, le 23 octobre 2011.

 

Depuis 2012, les Libyens, tout au moins ceux qui vivent à l’Ouest du pays, célèbrent chaque année l'anniversaire du "jour de la libération" qui a marqué la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, suite à un soulèvement populaire qui a duré de plus de huit mois, épaulé par une intervention militaire étrangère. Connue sous le nom de "révolution libyenne", cette rébellion a abouti à la création du Conseil national de transition (CNT), premier gouvernement libyen post-Kadhafi. 

Le régime de Kadhafi a été renversé pendant la guerre civile libyenne qui avait commencé le 17 février 2011 dans la ville de Benghazi. Le 20 octobre, Mouammar Kadhafi a été capturé et tué dans la ville de Syrte, et les combats ont pris fin. Le 23 octobre 2011, l'ancien chef du Conseil de transition, Mustafa Abdel-Jalil, a annoncé la défaite des forces loyalistes, la chute du régime et la libération de tout le sol libyen. C’est cet anniversaire qui est célébré comme le Jour de la libération (يوم التحرير), un jour férié officiel.

La Libye n’a toutefois pas retrouvé son unité, le Conseil national de transition n’a véritablement autorité de que dans la région de Tripoli, l’instabilité demeure et la démocratie n’est pas au rendez-vous.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite
2011, Libye, révolution, 17 février Bruno Teissier 2011, Libye, révolution, 17 février Bruno Teissier

17 février : toujours divisés, les Libyens célèbrent la chute de Kadhafi

Dans un climat hautement tendu, les Libyens célèbrent le 11e anniversaire de la révolution qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi.

 

C’est dans un climat hautement tendu que les Libyens célèbrent le 11e anniversaire de la révolution (ذكرى الثورة) qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi. En effet, la semaine dernière, le Parlement situé à Tobrouk, a nommé un nouveau premier ministre. Or, le gouvernement d'unité nationale, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, qui siège à Tripoli refuse de céder la place à un gouvernement parallèle nouvellement nommé et dirigé par Fathi Bashaga. Les élections générales qui devaient avoir lieu le 24 décembre, ont été annulées, le Parlement n’a donc guère de légitimité pour prendre une telle initiative.

Chaque 17 février, dans la plupart des villes du pays, des milliers de personnes arborant les couleurs du drapeau national (rouge, vert et noir) se rassemblent sur les places publiques où les autorités organisent des concerts ou des feux d’artifice. À Tripoli, la capitale, c’est traditionnellement la place des Martyrs qui sert de lieu de commémoration. C’est d’ailleurs sur cette place que  se sont regroupés, ces derniers jours, les partisans du gouvernement Dbeibah. D’où un risque de forte tension cette année pour la commémoration du Jour de la Révolution (يوم الثورة).

Le 17 février 2011, à Benghazi, après deux jours de manifestations pour la libération de l’avocat et militant des droits de l’homme, Fathi Terbel, une foule de 600 personnes s’était massée devant le poste de police principal de la ville. En dépit de la répression, les manifestants ont été de plus en plus nombreux et la police a dû quitter la ville. Rapidement, la rébellion a gagné plusieurs villes de l’Est libyen. Des renforts envoyés de Tripoli ont été stoppés à Ras Lanouf, à quelque 600 kilomètres de Benghazi. À Misrata également, des combats opposaient les forces du régime et les révolutionnaires qui ont pris les armes. Un mois plus tard, une coalition sous mandat de l’ONU, dirigée par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, a lancé une campagne de frappes aérienne contre les positions du régime qui permit aux  multiples oppositions de remporter la partie, mais sans se préoccuper de la suite des événements. Le 20 août 2011, des révolutionnaires armées faisaient leur entrée à Tripoli. Mouammar Kadhafi se réfugit à Syrte où il sera liquidé quelques semaines plus tard. Un nouveau régime se mettra en place dans le chaos, le 23 février 2011.

La chute du dictateur, en place depuis 42 ans,  sans aucune politique d’accompagnement, provoquera une décennie de violence. Le pays est aujourd’hui fragmenté, en témoigne la dualité de gouvernement, occupé par des forces étrangères et totalement désorganisé. 

Les Libyens fêtent l’anniversaire de leur révolution, mais pour le moment, celle-ci n’a généré qu’une situation d’anarchie, de violence et de déclin économique. Le 17 février est un jour férié en Libye, mais la démocratie espérée n’est toujours pas au rendez-vous ce 17 février 2022.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde 16 février 2022

Mise à jour 2024 : le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, a organisé une fête grandiose à Tripoli, malgré une forte opposition de la population qui dénonce le gaspillage d'argent public dans un pays où règne une corruption effrénée. À l'est libyen, le gouvernement Oussama Hammad a, de son côté, annulé toutes les festivités en solidarité, a-t-il annoncé, avec la ville de Derna, victime d'intempéries qui ont causé la mort et la disparition de près de 15 000 personnes, en septembre 2023.

Lire : Géopolitique de la Libye, par Kader Abderrahim

 
Lire la suite
2011, Égypte, révolte populaire, 24 janvier, 1952 Bruno Teissier 2011, Égypte, révolte populaire, 24 janvier, 1952 Bruno Teissier

25 janvier : l’Égypte fête sa révolution, mais quelle révolution ?

L’Égypte célèbre par un jour férié le Jour de la révolution et de la police, une fête très ambiguë dont le sens a été détourné et qui sert avant tout à légitimer le régime en place.

 

Le 25 janvier est un jour férié en Égypte. C’est le Jour de la Révolution (يوم ثورة 25 يناير), il commémore la chute du régime d’Hosni Moubarak en 2011. Mais que penser d’une révolution qui, en fin de compte, n’a abouti qu’à la pérennisation et même au renforcement du régime militaire dont le président Moubarak était le représentant et dont Sissi a pris la suite. Car si le 25 janvier est censé célébrer un mouvement populaire, pas question aujourd’hui de songer à organiser une manifestation ce jour-là. La police, que l’on fête le même jour, serait aussitôt lancée à l’assaut des manifestants.

Les événements du 25 janvier 2011 s’inscrivent dans la vague des « printemps arabes ». Tout avait commencé en Tunisie le 17 décembre 2010 et avait entrainé de manière subite, la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011. Par effet d’imitation, la jeunesse égyptienne s’est  soulevée et les premières grandes manifestations anti-Moubarak se sont déroulées le 25 janvier. L’effet sera presque immédiat puisque le président en place depuis 30 ans devra se retirer le 11 février suivant sous la pression populaire.

La date du 25 janvier n’avait pas été choisie au hasard, c’est la Journée de la police (يوم الشرطة). Le 25 janvier 1952, les policiers d’’Ismaïlia refusèrent de remettre leurs armes aux forces britanniques. Pour la jeune nation égyptienne en quête d’indépendance, la résistance des policiers devient aussitôt un symbole du soulèvement des Égyptiens contre l’occupant anglais. Cela aboutira à la Révolution du 23 juillet 1952 qui, justement, a mis l’armée égyptienne au pouvoir. Et celle-ci, comme en Algérie, ne l’a jamais lâché. C’est le président Moubarak, soucieux de conforter son régime de répression où l’action de la police était déterminante qui avait fait du 25 janvier un jour férié dédié à la police (et il l’est resté). En réaction, le 25 janvier 2011 a été choisi symboliquement par les utilisateurs d'internet comme jour de protestation contre le régime, lui reprochant notamment sa répression policière. Cinquante-neuf ans plus tard, la police est devenue le symbole de la répression du régime. En 2011, elle fit donc profil bas. Le 1er février 2011, on comptait plus d'un million de manifestants dans tout  le pays. C’était une marée humaine place Tahrir, au Caire, cœur de la contestation. La révolution était en marche, le pouvoir hésitait entre répression et négociations, l’armée servant d’arbitre. 

On se souvient que c’est la mort d’un jeune Égyptien, Khaled Saïd, au cours de son arrestation par la police en juin 2010 dans un cybercafé d’Alexandrie, qui avait été l’étincelle de la révolution égyptienne. C’est la page Facebook “Nous sommes tous Khaled Saïd” qui sera l’un des principaux vecteurs de mobilisation de la révolution du 25 janvier. L’affaire de la mort de Khaled Saïd n’a été soldée devant la justice qu’en décembre 2021. La famille du jeune homme a en effet reçu un dédommagement de 1 million de livres égyptiennes (56 000 euros).

La place Tahrir (« libération ») est baptisée ainsi depuis 1952. Elle est devenue à elle seule le symbole de toutes les révolutions arabes : les grandes places de Manama (Bahreïn), Benghazi (Libye) et Homs (Syrie) ont été chacune rebaptisées place Tahrir par les manifestants se voyant tous comme des mouvements de libération du peuple face à un pouvoir qui a confisqué l’État à la Nation.

On le sait, la révolution va déboucher sur des élections libres, les premières (et les seules à ce jour) de l’histoire de l’Égypte qui vont porter au pouvoir le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, élu le 30 juin 2012, avec 51,73% des voix. Très rapidement, par sa politique d’islamisation du pays, il se met à dos tous ceux qui avaient combattu pour un pouvoir civil, démocratique et laïque. Un an plus tard, des manifestations monstres réclament le départ du président Morsi. Elle atteignent leur apogée le 30 juin. Une aubaine pour l’armée qui le destitue le 3 juillet et l’emprisonne. 

Suite à ce coup d’État militaire, une répression féroce d’abat aussitôt sur les Frères musulmans (dans les semaines qui suivent, ils seront massacrés par centaine), mais elle s’abat aussi sur le camp démocrate, la jeunesse laïque et de gauche, ceux-là mêmes qui avaient lancé la révolution du 25 janvier. Début 2014, une nouvelle Constitution, renforçant les pouvoirs de l'armée est approuvée par référendum mais dans des conditions non démocratiques. Celui que le président Morsi avait placé à la tête de l’armée, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, se fait élire président (96,9% des voix...) après avoir éliminé toute opposition, islamiste d'abord, puis libérale et laïque. Le président Sissi est aujourd’hui dans la même position et avec la même posture que son prédécesseur Moubarak. C’est un peu comme si la révolution n’avait pas eu lieu. La date du 25 janvier est toujours inscrite au calendrier officiel des commémorations mais comme Jour de la révolution et de la police (الجمعة ٠٨ يوليو - الثلاثاء ١٢ يوليوعيد الأضحى المبارك),  d’ailleurs, cette année, elle sera célébrée jeudi 27 janvier. L’événement est utilisé par le pouvoir pour rassembler ses partisans et organiser de grands rassemblements démonstratifs d’une adhésion populaire qui n’est que de façade. Le 25 janvier est une fête très ambiguë, dont le sens a été détourné et qui sert, avant tout, à légitimer le régime en place. #jan25

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 janvier 2022.

 

Un rassemblement organisé par le pouvoir pour produire des images destinées à l’opinion mondiale

Lire la suite
2011, Soudan du Sud, 9 juillet, indépendance Bruno Teissier 2011, Soudan du Sud, 9 juillet, indépendance Bruno Teissier

9 juillet : 10 ans d'indépendance du Soudan du Sud

L'une des nations les plus jeunes du monde, le Soudan du Sud célèbre son Jour de l'Indépendance le 9 juillet, une date qui est aussi sa fête nationale.

 

L'une des nations les plus jeunes du monde, le Soudan du Sud célèbre son Jour de l'Indépendance le 9 juillet, une date qui est aussi sa fête nationale.

Après deux décennies de guerre contre le pouvoir central de Khartoum et six ans d’autonomie arrachés au prix de terribles combats, le Soudan du Sud organisait, en janvier 2011, un référendum d’indépendance. L'écrasante majorité des électeurs a voté en faveur de l'indépendance. La République du Soudan du Sud a donc officiellement déclaré son indépendance le 9 juillet 2011, devenant ainsi la plus jeune nation indépendante au monde.

Le jour de l'indépendance est la fête nationale du Soudan du Sud (South Sudan Independence Day). Auparavant, elle était célébrée dans tout le pays avec des rassemblements et divers événements, la plus grande célébration ayant lieu dans la capitale, Juba. Cependant, l'indépendance n'a pas mis fin au conflit au Soudan du Sud et le pays a été déchiré par une guerre civile entre 2013 et 2020. Pendant plusieurs années consécutives, les célébrations de la fête de l'indépendance ont été annulées en raison du manque de fonds et du risque de violence. 

Le 9 juillet, le Soudan du Sud fête le 10e anniversaire de son indépendance, une commémoration qui est moins un motif de célébration que de réflexion sur l'état désastreux des affaires nationales. Le Soudan du Sud abrite environ 12 millions de personnes, issues de plus de 60 tribus ou groupes ethniques, dont les cultures, les religions et les langues sont distinctes du gouvernement arabe islamique traditionnel du Soudan, au nord.

Aujourd'hui, le Soudan du Sud est plus pauvre et dépendant de l'aide étrangère qu'il ne l'a jamais été. Malgré des milliards de dollars d'aide américaine au cours de la dernière décennie, dont près de 500 millions de dollars au cours de l'exercice 2021, les besoins d'aide humanitaire du peuple sud-soudanais ont considérablement augmenté. En 2021, le nombre de personnes ayant besoin d'aide est passé à 8,5 millions, soit environ les deux tiers de la population totale du pays, soit une augmentation de près de 1,5 million par rapport à 2019, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
photo : Steve Evans, Flick

photo : Steve Evans, Flick

Lire la suite
2011, Syrie, 15 mars Bruno Teissier 2011, Syrie, 15 mars Bruno Teissier

15 mars : il y a dix ans, le début du cauchemar syrien

Le 15 mars 2011 commençait que l’on croyait être le printemps syrien, ce sera le début d’une décennie d’enfer. Les habitants de Deraa manifestaient pour réclamer la libération de leurs enfants…

 

Qui aurait l’idée, en Syrie, de commémorer les dix ans du soulèvement du peuple syrien contre la dictature ? Le 15 mars 2011 commençait ce que l’on croyait être le « printemps syrien », ce sera le début d’une décennie d’enfer.

Ce 15 mars, les habitants de Deraa manifestaient pour réclamer la libération de leurs enfants, des adolescents arrêtés et torturés, certains tués, pour des graffitis hostiles au régime sur le mur de leur collège. Le même jour, des centaines de personnes manifestaient à Damas contre le pouvoir. Trois jours plus tard, ils seront des milliers, dans la lignée du «printemps arabe» initié en Tunisie et en Égypte. En Syrie s’exprimaient le ressentiment et les souffrances accumulés pendant quatre décennies de dictature, celle du père (Hafez el Assad), au pouvoir pendant trente ans, puis du fils (Bachar el Assad), en poste depuis 2000. Les deux dictateurs, père et fils occupent le pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. Bachar et son clan ont préféré détruire le pays plutôt que de céder le pouvoir. Un demi-million de Syriens sont morts, plusieurs millions ont quitté le pays. Ceux qui restent vivent dans la misère, excepté les 10 % de privilégiés qui prétendent diriger un pays qui n’existe plus.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
syrie.png
Lire la suite
2011, Tunisie, 14 janvier, révolution Bruno Teissier 2011, Tunisie, 14 janvier, révolution Bruno Teissier

14 janvier : en Tunisie, une révolution peut en cacher une autre

En Tunisie, c’est jour férié, pour se réjouir de la chute du dictateur, le président Zine el-Abdine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Au pouvoir depuis 1987, Ben Ali a été emporté par la révolution de Jasmin

 

En Tunisie, c’est un jour férié, un jour pour se réjouir de la chute du dictateur, le président Zine el-Abdine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Au pouvoir depuis 1987, Ben Ali a été emporté par la révolution de Jasmin, un soulèvement populaire non violent qui a débuté le 17 décembre 2010. Débordé par la foule, il s’est piteusement enfui en Arabie saoudite avec sa femme et ses enfants. Il y est mort en septembre 2019. Depuis 2012, le 14 janvier est un jour de fête nationale en Tunisie connu sous le nom de Fête de la Révolution et de la Jeunesse (عيد الثورة و الشباب). À ne pas confondre avec la Fête de la révolution qui était jadis célébrée chaque 18 janvier.

Le 18 janvier, sous le président Habib Bourguiba, on fêtait la « révolution de 1952 ». Cette Fête de la Révolution (عيد الثورة ) commémorait le lancement de la guérilla contre les autorités françaises en 1952. Laquelle aboutira à l'indépendance du pays en 1956 et à l’arrivée au pouvoir par le Parti destourien qui dirigera le pays pendant plusieurs décennies. Cette date, a été ensuite occultée par le 7 novembre, date à laquelle le président Ben Ali avait destitué Bourguiba et dont il avait fait une fête nationale (elle le fut de 1988 à 2010). Aujourd’hui, avec la Révolution du 14 janvier qui a renversé ce même Ben Ali, la date du 18 janvier est bien oubliée sauf par quelques anciens ainsi que par le Parti destourien libre (PLD), un parti moderniste et anti islamiste, l’un des rares à cultiver la mémoire de cette date qui a été une fête nationale de 1956 à 1987 et du régime, celui de Bourguiba qu'elle symbolisait. Mais là où tout se brouille, c’est que ce parti (d’opposition) est aujourd’hui dirigé par Abir Moussi, une avocate très conservatrice qui a été une ancienne dirigeante du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti aujourd’hui dissous du dictateur Ben Ali, celui-là même qui avait renversé Bourguiba…

Beaucoup de Tunisiens ne savent plus vraiment, aujourd’hui, à quelle révolution se vouer. Cela dit, même si elle est peu lisible, au moins le pays connaît une vraie vie politique, avec des débats d'idées et des enjeux de pouvoir. Quel autre pays arabe peut en dire autant ? Voilà au moins un acquit de la révolution que l'on commémore aujourd'hui.

Mise à jour décembre 2021 : le 2 décembre 2021, le président Kaïs Saïed annonce que la révolution de 2011 qui avait déposé le régime de Ben Ali, sera désormais célébrée le 17 décembre de chaque année, au lieu du 14 janvier.

Mise à jour janvier 2022 : le 14 janvier 2022, alors qu’ils couvraient une manifestation dans le centre-ville de la capitale, Tunis, des journalistes ont été “passés à tabac” par des agents de police. Alors que cette date est un symbole de liberté. Des élections législatives controversées et boudés par les principaux partis politiques doivent se tenir le 17 décembre prochain.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
jasmin.png
Lire la suite
2011, Maroc, Démocratie, 20 février Bruno Teissier 2011, Maroc, Démocratie, 20 février Bruno Teissier

20 février : au Maroc, lointain souvenir du Printemps arabe

Au Maroc, le Mouvement du 20-Février (M-20F) organise des manifestations dans plusieurs villes en souvenir d’un Printemps arabe marocain, en 2011, qui a laissé largement insatisfait nombre de Marocains qui avaient mis beaucoup d’espoir dans ce mouvement.

 

Au Maroc, le Mouvement du 20-Février (M-20F) organise des manifestations dans plusieurs villes en souvenir d’un Printemps arabe marocain, en 2011, qui a laissé largement insatisfait nombre de Marocains lesquels avaient mis beaucoup d’espoir dans ce mouvement. Apparus dans la foulée des événements de Tunisie, les indignés marocains n’ont pas eu le même poids politique que dans ce pays, mais ils ont tout de même poussé le roi à faire quelques réformes à la hâte, comme la promulgation d’une nouvelle constitution en juillet 2011. Ce toilettage politique n’a été qu’un moyen d’étouffer le mouvement. Pour beaucoup de manifestants de 2011, la révolution reste à venir. Le mouvement du Hirak en 2017, écrasé violemment, n’étant, à leurs yeux, qu’une répétition locale. Les manifestations qui secouent l’Algérie depuis un an sont un encouragement pour les Marocains.

Le mouvement du 20-Février est toujours présent dans l’esprits des Marocains. Chaque année, des syndicats et des mouvements politiques le commémorent en organisant des manifestations à Rabat et à Casablanca. Rien n’a changé depuis 2011 : la répartition très inégalitaires des richesses, comme l’absence de démocratie véritable. Les hirak du Rif, de Jerada, de Zagora n’ont pourtant pas entrainé de nouvelles révoltes généralisées par manque d’impulsion à l‘échelle du pays. Le Maroc n’a pas connu le retour à une dictature violente comme en Égypte ni l’anarchie de la Libye ou la guerre de Syrie, mais la stabilité du Maroc, basée sur l’immobilisme du système, n’est pas forcément un gage de stabilité pour l’avenir.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

Dans notre catalogue : Géopolitique du Maroc par Kader Abderrahim

 
M20F.png
Lire la suite