L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1982, ONU, enfants, 4 juin Bruno Teissier 1982, ONU, enfants, 4 juin Bruno Teissier

4 juin : la Journée internationale des enfants innocents victimes d'agression

Cette journée a été instaurée en 1982 par les Nations Unies en mémoire des 14 enfants tués lors d’un raid de l’armée israélienne sur Beyrouth le 4 juin 1982… L’actualité nous offre aujourd’hui des chiffres bien plus effroyables : plus de 16 000 enfants tués à Gaza depuis le début de l’intervention israélienne.

 

Cette journée a été instaurée en 1982 par les Nations Unies en mémoire des 14 enfants tués lors d’un raid de l’armée israélienne sur Beyrouth le 4 juin 1982. L’État hébreu réagissait en représailles à une tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israélien au Royaume-Uni, lequel avait été grièvement blessé.

L’actualité nous offre aujourd’hui des chiffres bien plus effroyables : plus de 50 000 enfants tués ou blessés à Gaza depuis le début de l’intervention israélienne (dont 16 000 tués) selon le site de l’UNICEF. Les 37 enfants israéliens victimes du Hamas ne sont pa non plus oubliés en cette journée du 4-Juin.

« Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et 3 738 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants ont été tués ou blessés depuis octobre 2023. Combien d’autres petites filles et petits garçons devront encore mourir ? Quelle atrocité devra encore être diffusée en direct pour que la communauté internationale se mobilise pleinement, use de son influence et prenne des mesures fortes et décisives pour mettre fin à ce massacre impitoyable d’enfants ? » (extrait du site de l’UNICEF)

Une seule frappe bien ciblée peut faire des dégâts considérables dans la population. La Défense civile de la bande de Gaza annonçait samedi 24 mai la mort de neuf enfants d'un couple de médecins palestiniens (Hamdi Al-Najjar et son épouse, Alaa Al-Najjar) tués dans un raid aérien israélien dans le sud du territoire assiégé et dévasté par la guerre.

La journée mondiale du 4 juin, si elle a pour origine des victimes palestiniennes et libanaises, se penche sur tous les conflits dans le monde. Le plus meurtrier est celui du Soudan dont le bilan sur les enfants est encore difficile à chiffrer car peu d’entre eux meurent sous les bombes mais plutôt de malnutrition, sont victimes de violences sexuelles ou enrôlés dans le conflit par les parties belligérantes.

L’Ukraine compte 7,5 millions d'enfants, eux aussi victimes de la guerre qui dévaste le pays. Nombre d'entre eux sont traumatisés, bouleversés par le décès d'un proche, tandis que d'autres ont été enlevés et déportés en Russie. Selon les données vérifiées par l’ONU, plus de 2 500 enfants ont été tués ou blessés depuis février 2022.

La Journée internationale des enfants innocents victimes d'agression (International Day of Innocent Children Victims of Aggression, اليوم الدولية لضحايا العدوان من الأطفال الأبرياء, Día internacional de los Niños Víctimas Inocentes de Aggresión, 受侵略戕害的無辜儿童国际日, est célébrée chaque année depuis le 4 juin 1983.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2025

De médecin transportent un enfant palestinien blessé à l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza après une frappe aérienne israélienne le 17 October 2023 (photo Fars Media Corporation)

 
Lire la suite
1989, Chine, massacre, 4 juin Bruno Teissier 1989, Chine, massacre, 4 juin Bruno Teissier

4 juin : la dissidence chinoise en exil célèbre le 35 mai en mémoire de Tiananmen

Le 35 mai correspond au 4 juin 1989, date de l'intervention de l'armée lors des manifestations de la place Tiananmen. La féroce répression avait fait quelque 10 000 victimes. Depuis une chape de plomb est tombée sur le pays. Aucune commémoration n’est possible.

 

Le 35 mai correspond au 4 juin 1989, date de l'intervention de l'armée lors des manifestations de la place Tiananmen. Il s'agit d'un mot-clé permettant de contourner la censure des autorités chinoises via des logiciels de surveillance. Évidemment toute commémoration est interdite en Chine. Jusqu’en 2019, il n’y avait que dans la ville de Hong-Kong que chaque 4 juin, plusieurs dizaines de milliers de manifestants se rassemblaient pour une veillée d’hommage aux victimes. Cette année, comme en 2020, la manifestation a été à nouveau interdite à Hong Kong et à Macao, pour raison sanitaire selon les autorités.

Sur le continent, la moindre allusion à cette «  rébellion contre-révolutionnaire » est interdite. Les autorités opèrent des arrestations préventives quelques jours avant la date, tout rassemblement est impossible. La censure est implacable « 4 juin » (六四 ) de même de même que les chiffres 6 et 4 doivent être bannis des messages, les internautes avaient pris l’habitude de parler du « 35 mai » («May 35» ou «535»). Ce qui permettait en même temps de s’affranchir du chiffre 4 qui en Chine porte malheur. Mais, l’expression du 35 mai a été à son tour rattrapée par la censure, tout comme le code 9875321, où le 4 et le 6 était sciemment retirés…

Au printemps 1989, des milliers d’étudiants et d'intellectuels, mais aussi des ouvriers étaient rassemblés depuis le 4 mai sur la place Tiananmen (la principale place de pékin) pour dénoncer la corruption et l’incapacité du régime en demandant des réformes politiques et démocratiques. Le gouvernement chinois, d’abord indécis, a fini par envoyer l’Armée pour mater cette révolte. La répression du « printemps de Pékin » a débuté le 4 juin 1989 (c’est la date qu’on commémore aujourd’hui), elle a duré plusieurs jours, faisant quelque 10 000 morts et de disparus.

Tout le monde se souvient de l’image d’un homme seul et anonyme, tentant de stopper une colonne de chars. Il a été vu comme le symbole du combat inégal entre les étudiants et le totalitarisme chinois. Pour contourner la censure qui frappe aussi les photos de char, chaque année, à l’approche du 4 juin, quelqu’un a eu l’idée de les remplacer par des canards jaunes. Lesquels sont tombés à leur tour sous le coup de la censure.

Pendant trois décennies, c’est à Hong Kong, qu’étaient organisées des veillées annuelles à la mémoire des victimes de la répression. En 2020, le rassemblement a été interdit pour des raisons de lutte contre l’épidémie, interdiction renouvelée en 2021 pour la même raison. Depuis, une chape de plomb est tombée sur l’ancienne colonie britannique devenue chinoise, plus aucune référence à Tiananmen n’y est plus possible.

Depuis une vingtaine d’années, le pays a dressé ce que l'on surnomme trivialement la « Grande muraille numérique » chinoise autour de « son » internet. Si bien que celui-ci ressemble aujourd'hui davantage à un réseau domestique qu'à un espace ouvert sur le monde. #TiananmenSquareMassacre #MilkTeaAlliance

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2024

 
Manif de protestation au Canada

Manif de protestation au Canada

Tiananmen, au printemps 1988

Tiananmen, au printemps 1988

Lire la suite
1920, Hongrie Bruno Teissier 1920, Hongrie Bruno Teissier

4 juin : Trianon, dangereuses nostalgies hongroises

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voila ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation… Victor Orban en joue et en abuse pour bâillonner l’opposition et se maintenir au pouvoir selon les mêmes recettes que celles de son homologue turc dont il se sent proche. On ne s’étonnera pas qu’il soit aussi un soutien de Poutine avec qui il partage les litanies nationalistes et victimaires.

 

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voilà ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation ! Cette litanie nationaliste et victimaire élude le fait que la Grande Hongrie perdue n’était pas un État-nation mais un empire, ou plutôt un demi-empire puisque l’Autriche et la Hongrie étaient associées sous une même couronne dans l’Empire austro-hongrois. C’est un peu comme si aujourd’hui les Autrichiens pleuraient leur royaume perdu sans se soucier des aspirations des Tchèques ou des Slovènes qui ne disposent de leur propre État que parce que l’Empire a éclaté. Il en est de même des Croates ou des Slovaques qui aspiraient, eux aussi, à leur liberté. Sans l’éclatement de la Grande Hongrie, leurs pays n’existeraient pas.

Ce jour sinistre que les Hongrois, travaillés par les mouvements nationalistes au pouvoir, commémorent aujourd’hui, c’est la signature du Traité du Trianon, le 4 juin 1918 à 16h34. Les cloches de toutes les églises de Hongrie vont sonner à cette heure-là, ce 4 juin 2020. Victor Orban a fait de cet anniversaire la Journée de l’Unité nationale (Nemzeti összetartozás napja), créée en 2010 (pour le 90e anniversaire) et célébré par de nombreuses manifestations culturelles à vocation nostalgique.

Certes, il en aurait pu en être autrement. L’État nation n’est pas forcément un idéal, une fédération de peuples aurait pu se concevoir dans le cadre d’un empire austro-hongrois rénové et surtout démocratique. Il aurait pu tenir tête à l’Allemagne de Hitler… Or la classe politique hongroise, avant 1918, avait toujours refusé le suffrage universel. Une situation intenable au début du XXe siècle. Les Hongrois ont payé à Trianon leur obscurantisme et leur posture de supériorité face aux autres peuples. Le discours nationaliste nous raconte aujourd’hui qu’en 1918 sur les 23,4 millions d’habitants que comptait la Grande Hongrie, il n’en restait plus que 7,6 millions en Hongrie (dans son contour de 1920, celui de 2020) et que 3 millions de Hongrois étaient demeurés à l’extérieur du pays. Les chiffres sont justes et on comprend le choc de ces Hongrois devenus des minorités dans tous les pays entourant la nouvelle Hongrie. Mais quid des 10 millions restant ? Des Croates, des Roumains, des Slovaques… En définitive, numériquement, le Traité de Trianon a fait bien plus d’heureux que de déçus ! Les nationalistes hongrois pleurent aujourd’hui encore la perte de leur débouché sur la mer Adriatique, mais le port de Rijeka (Fiume) était peuplé d’Italiens et ses faubourgs de Croates, pas l’ombre d’un Hongrois excepté des fonctionnaires envoyés de Budapest.  Certes, à quelques dizaines de kilomètre près, on aurait pu tailler la Hongrie un tout petit peu plus large pour y inclure les populations hongroises vivant aux abords de la frontière actuelle, mais rien à voir avec les contours revendiqués chaque 4 juin par Budapest. Voilà, la Hongrie était dans le camp des perdants, en 1918 puis à nouveau en 1945. Quel autre pays d’Europe, hormis l’Allemagne, était dans ce cas ? L’histoire a ses règles, implacables.

Il serait bien que la Hongrie profite de ce centenaire (et un peu plus) pour faire un deuil définitif d’un irrédentisme totalement anachronique, mais ce discours est tellement utile au maître des lieux pour imposer son pouvoir qu’il ne semble pas devoir s’éteindre. L’exacerbation du nationalisme a permis à Victor Orban de bâillonner les libertés en Hongrie. Il n’est pas prêt à renoncer à un discours qui semble inusable depuis plus d’un siècle, les dernières élections l’ont reconduit au pouvoir, notamment avec le vote des Hongrois de l’extérieur à qui il a distribué des passeports hongrois et des cartes d’électeurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2023

 
Trianon1.png
Trianon.png
Lire la suite
1867, Finlande, 4 juin, héros national Bruno Teissier 1867, Finlande, 4 juin, héros national Bruno Teissier

4 juin : la Finlande célèbre l'anniversaire de son héros national

L’anniversaire du maréchal Mannerheim, considéré comme le plus grand homme d’État finlandais. Une figure tutélaire invoquée par ces temps de menaces pour l’indépendance du pays.

 

Aujourd’hui, les édifices publics sont pavoisés aux couleurs du pays, c’est l’anniversaire d’un homme que l’ont parfois comparé à De Gaulle : Carl Gustaf Emil Mannerheim, né le 4 juin 1867. Le héros de l’indépendance de la Finlande.

Rien ne le prédestinait à devenir le héros des Fnlandais. Il est né dans une famille d’origine allemande qui a émigré en Suède puis qui s’est établie dans le Duché de Finlande, tombé sous la domination russe. De sa famille maternelle, de la petite noblesse suédoise, il a hérité du titre de baron. Enfant, il parlait le suédois et l’allemand. Il a pris le français comme toute personne d’un certain rang et le russe car il a intégré l’armée du tsar.  Établi à Saint-Pétersbourg, il a épousé une riche noble d'origine russo-serbe. Officier de l’armée impériale russe, il a participé à la guerre russo-japonaise de 1905. Très proche de la cour, il a eu une place d'honneur lors du couronnement du tsar Nicolas II. Ensuite, il est envoyé en mission en Chine et au Tibet.

Engagé sur le front Austro-hongrois pendant la Grande Guerre, il est finalement démis de ses fonctions par le gouvernement russe issu de la révolution de février 1917 car jugé trop proche du régime du tsar. Il  décide alors de prendre sa retraite et de retourner en Finlande, le pays où il est né. Il se met à apprendre le finnois.

La Finlande qui a déclaré son indépendance le 6 décembre 1917, peu après la révolution d’Octobre en Russie. Mais, elle sombre dans la guerre civile entre les rouges qui veulent une révolution comme à Petrograd et les blancs qui s’y opposent. Mannerheim, naturellement se range derrière ces derniers, mais sans souvenir les plus radicaux qui refusent même l’indépendance reconnue par Lénine. Mannerheim est en France et en Angleterre quand les blancs, vainqueurs, règlent leurs comptes dans le sang avec les rouges. Il essaye de faire reconnaître le pays par les puissances alliées. Rappelé, iI accepte de revenir en Finlande et devient régent du pays, pour quelques mois. En 1919, sa défaite aux élections le pousse à quitter la vie politique. En 1933, il est promu maréchal par le gouvernement. Des ligues d’extrême droite le poussent à prendre le pouvoir mais ce conservateur résiste à la tentation.

En 1939, pressentant l’imminence d’une agression de la Russie, il obtient du gouvernement la direction de l’armée nationale. Moscou déclenche la guerre le 30 novembre, la résistance des Finlandais est héroïque mais, après l'écrasement de la Pologne par l’URSS, le poids de cette dernière devient considérable sur la petite Finlande. Le 12 mars 1940, un armistice met fin à la terrible Guerre d’hiver. Mannerheim reste à la tête de l’armée.

La Finlande se retrouve ensuite engagée aux côtés de l’Allemagne nazie contre l’URSS, c’est la guerre dite de continuation (1941-1944). Le gouvernement accorde à Mannerheim le titre unique de maréchal de Finlande (Suomen Marsalkka). Celui-ci se garde se trop se rapprocher des Allemands tout en gardant contact avec les Soviétiques. Son souci est l’indépendance de la Finlande, laquelle préservée mais en cédant à la Russie une portion de son territoire. En août 1944, Carl Gustaf Emil Mannerheim est élu président de la République. C’est lui qui signera l’armistice. Finalement, la Finlande sera le seul État frontalier de l’URSS à préserver son indépendance et son modèle de société, mais au prix d’une stricte neutralité. Une ténacité qu’elle doit notamment à Mannerheim. Pendant la guerre, le maréchal a aussi, par son autorité, épargné aux juifs de Finlande toute discrimination ce que peu de dirigeants de pays alliés des Allemands ont eu le courage d’imposer.

C’est cette neutralité à la finlandaise que la folle guerre en Ukraine lancée par le dictateur Poutine est en train de remettre en cause. Les deux tiers des Finlandais sont aujourd’hui favorables à une intégration à l’OTAN, chose impossible il y a encore quelques mois et même au plus fort de la guerre froide.

Mort en 1951, en Suisse, il est considéré comme le plus grand homme d’État finlandais. Depuis 1942, la date anniversaire de Mannerheim (Mannerheimin kiitospuhe syntymäpäivillä), le 4 juin, est célébrée en Finlande comme « jour du drapeau » par les forces de défense finlandaises.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2022

 

Timbre émis à l’occasion du 150e anniversaire de Mannerheim

Lire la suite
1989, Iran, 4 juin, Homme fort Bruno Teissier 1989, Iran, 4 juin, Homme fort Bruno Teissier

4 juin : Khomeiny 30 ans après

Les Iraniens, tout au moins ceux qui continuent à soutenir le régime, se rendent en pèlerinage sur la tombe de l’imam Rouhollah Khomeyni, mort il y a exactement 30 ans, le 4 juin 1989.

 

Les Iraniens, tout au moins ceux qui continuent à soutenir le régime, se rendent en pèlerinage sur la tombe de l’imam Rouhollah Khomeyni, mort il y a exactement 30 ans, le 4 juin 1989. Le mausolée de l'ayatollah est situé à proximité du cimetière de Behesht-e Zahra, le plus grand du pays, dans la banlieue Sud de Téhéran. Le mausolée est géré par Hassan Khomeini, son petit-fils. Ce lieu très symbolique a été attaqué en juin 2017 par des terroristes de Daech.

​​Le régime instauré par le guide, il y a plus de 40 ans, vit aujourd'hui une fin de règne difficile.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2019

 
Lire la suite