L’Almanach international
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27 avril : les Slovènes célèbrent leur résistance à l’occupant nazi
La Journée de la résistance contre l'occupant (nazi) fait référence à une toute première réunion, en avril 1941, de politiques et d’intellectuels slovènes décidant former un front de libération.
Ce jour férié slovène fait référence à la Seconde Guerre mondiale. La Slovénie était alors partie intégrante du royaume de Yougoslavie qui fut attaqué par l’Allemagne, le 6 avril 1941. L’armée royale n’a pas résisté longtemps, Belgrade a capitulé au bout de 12 jours et la Wehrmacht n’a pas tardé à atteindre la Slovénie. Le 26 avril, Hitler était à Maribor. Le territoire slovène sera divisé entre les puissances occupantes : l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie. Une zone autour de Brežice sera également occupée par le NDH fasciste croate.
Ce même 26 avril 1941, des Slovènes décident de résister à l’occupant. Des représentants du Parti communiste de Slovénie, des chrétiens-socialistes, de Sokolov et des travailleurs culturels se réunirent dans la maison de l'écrivain Josip Vidmar à Rožna dolina, dans la banlieue de Ljubljana pour établir un Front anti-impérialiste qui, après l'attaque allemande contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941, sera rebaptisée Front de libération de la nation slovène (Osvobodilna fronta Slovenskega naroda) ou simplement OF.
À l’issue de la guerre, le 27 avril 1944, le Comité provincial de libération nationale du littoral slovène a déclaré le 27 avril jour férié national et jour de congé. Il y a eu un petit cafouillage sur la date entre le 26 et le 27 qui ne sera pas corrigé. C’est ainsi qu’a été instaurée la Journée de la résistance contre l'occupant (Dan upora proti okupatorju) aussi appelée Journée du Front de libération (Dan osvobodilne fronte). Cette journée sera ensuite confirmée par une loi de 1948. Mais, cette date a profondément irrité les Serbes car elle soulignait le fait que les Slovènes se sont entrés en résistance bien avant eux. Les communistes serbes et croates ont, en effet, attendu le 4 juillet pour se mobiliser, suite à un appel à la mobilisation de Staline.
Pour ne pas irriter Belgrade, les Slovènes vont s’abstenir de célébrer cette date à partir de 1952, son abolition officielle sera même prononcée en 1958. Arguant que les premières actions partisanes ont été organisées contre l'occupant fasciste ont commencé sur le sol slovène à partir du 22 juillet 1945, Belgrade imposera la date du 22 juillet comme Journée du Front de libération.
Finalement, en 1968 à la faveur d’une libéralisation et d’une décentralisation de la Yougoslavie, la Slovénie va pouvoir réinstaller la date du 27 avril. Elle a depuis été célébrée chaque année. La cérémonie principale se déroule dans une localité différente tous les ans. Pour ce 27 avril 2025, c’est à Tržič, en Haute-Carniole, qu’elle a lieu.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 avril 2025
29 septembre : Babyn Yar, la mémoire de la Shoah en Ukraine
On célèbre le 83e anniversaire du massacre de Babyn Yar, le symbole longtemps contesté, de l’extermination des juifs d’URSS, comme Auschwitz l’est pour les juifs occidentaux.
Babyn Yar (Бабин Яр) est le symbole de l’extermination des juifs d’URSS comme Auschwitz l’est pour les juifs occidentaux. Les 29 et 30 septembre 1941, 33 771 juifs sont exécutés à Babyn Yar, près de Kyïv, capitale de l’Ukraine. Aucun site de la Shoah n’a connu un nombre de victimes en si peu de temps, quelque 36 heures. Sur la durée de la guerre, on estime à plus de 100 000 victimes, presque toutes juives, dans ce ravin où ils étaient fusillés en masse.
Après la guerre, l’URSS chercha à occulter ce massacre et même à détruire le site en le noyant, ce qui provoqua une inondation catastrophique qui tua plus de 1000 personnes dans les villages alentour (tragédie de Kourenivka). C’est le poète russe Evgueni Evtouchenko et son poème Babi Yar (en russe), en 1961, qui ont fait émerger la mémoire des terribles massacres. Son retentissement fut international. En 1963, il fut même invité à Paris pour déclamer son texte devant des étudiants communistes, réunis à la Mutualité. Ses poèmes étaient traduits par le jeune comédien Laurent Terzieff.
En 1966, les autorités soviétique érigent enfin un monument sur le site de Babyn Yar mais qui ne mentionne pas le fait que les victimes étaient presque toutes juives. Ce n’est qu’en 1992 (après la chute de l'Union soviétique) que le gouvernement ukrainien autorisa la création d'un monument spécifique aux victimes juives, monument qui fut finalement inauguré le 29 septembre 2001, pour le 60e anniversaire.
Le 29 septembre 2021, à l'occasion du 80e anniversaire du massacre, tous les établissements scolaires d'Ukraine ont donné une leçon consacrée à ce crime. Le 9 octobre suivant a été inauguré un « Mur des Pleurs en cristal » de 40 mètres de long, créé par Marina Abramović, en présence des présidents ukrainiens, allemand et israélien. Chaque 29 septembre des cérémonies commémoratives ont lieu sur le site du ravin.
Un projet de centre de commémoration a été lancé en 2021, mais la guerre en Ukraine l’a suspendu. S’il voit le jour, ce grand musée de la Shoah par balle, est destiné à devenir après Berlin et Varsovie le troisième grand musée de la Shoah en Europe.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 septembre 2024
14 juin : jour de deuil dans les républiques baltes
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour par les autorités soviétiques.
C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées par les Soviétiques à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour.
Ce jour-là, et au cours des trois jours qui suivirent, quelque 10 000 Estoniens, des familles entières, principalement des citadins, furent déportés vers la Sibérie dans des conditions atroces, au point qu’une partie d’entre eux sont morts avant d’arriver à destination. Les familles étaient divisées : les hommes furent majoritairement emprisonnés dans des camps en Sibérie d’où très peu sont revenus alors que les femmes et enfants furent emprisonnées à Kirov, Tomsk, Omsk, Novossibirsk, Krasnovarsk ou encore dans le Krai de l’Altaï. Quelques semaines plus tard, d’autres vagues de déportations ont eu lieu et concernent encore plusieurs milliers de personnes. C’est ce triste anniversaire que les Estoniens célèbrent par un jour de commémoration annuel appelé leinapäev.
Les Lettons déplorent la même tragédie : dans la nuit du 13 au 14 juin, ce sont plus de 5 000 citoyens qui ont été déportés. Le 14 juin est célébré chaque année comme le Jour de la commémoration des victimes de la terreur communiste (Komunistiskā genocīda upuru piemiņas dienā).
En Lituanie, cette date est appelée Jour de deuil et d'espoir (Gedulo ir vilties diena). Elle est jalonnée de cérémonies solennelles et de manifestations en mémoire des 18 500 déportations de cette sinistre journée… Au total, pour cette seule journée du 14 juin 1941 et lors des jours qui suivirent, en Lettonie, en Estonie et en Lituanie ce sont plus de 43 000 Baltes parmi lesquels plus de 3 000 enfants, qui sont déportés en Sibérie. Une majorité y laissera leur vie.
Selon le pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 signé par les dictateurs allemands et soviétiques, les deux États totalitaires se partageaient l’Europe ce qui ouvrait la voie à une occupation soviétique des républiques baltes en octobre et novembre 1939. Ensuite, le 22 juin 1941, le Troisième Reich allemand envahit l'URSS et occupe en quelques semaines les territoires baltes, mettant fin aux déportations vers la Sibérie et d’autres exactions encore plus terribles les remplaceront très vite. Sous l’occupation allemande, des centaines de milliers d’autres Baltes seront déportées ou tués, principalement des juifs exterminés par les nazis ou par des milices baltes dans le cadre de la Shoah. En 1944, l’URSS va ensuite réoccuper les républiques baltes pour un demi-siècle et reprendre de plus belle les déportations vers la Sibérie. Celles-ci dureront jusqu’en mars 1949 et concerneront encore 90 000 personnes. Les commémorations du 14 juin les concernent aussi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 juin 2021