L’Almanach international

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2002, Timor-Oriental, 20 mai, libération, indépendance Bruno Teissier 2002, Timor-Oriental, 20 mai, libération, indépendance Bruno Teissier

20 mai : vingt ans d'indépendance, la fête nationale du Timor oriental

Le Timor oriental (Timor-Leste, en Portugais) est indépendant depuis le 20 mai 2002 seulement et c’est un miracle si ce pays existe.

 

Le Timor oriental (Timor-Leste, en portugais) est indépendant depuis 2002 seulement, le 20 mai, et c’est un miracle si ce pays existe.

Quand le Portugal set retire, en 1975, de cette moitié d’île qu’il occupait depuis près de quatre siècles, le Timor oriental se proclame indépendant le 28 novembre 1975, mais son territoire est aussitôt annexé par l’Indonésie qui occupe le pays dès le 7 décembre, avec les encouragements des États-Unis et de l’Australie voisine, laquelle en profite pour piller ses ressources pétrolières. Cette annexion ne fut jamais acceptée par l’ONU, Canberra est la seule capitale à l’avoir reconnue. Il a fallu la chute du dictateur indonésien, Suharto, en 1998, pour que l’idée d’un référendum d’autodétermination soit admise et que l’Australie cesse de bloquer toute motion à l’ONU en faveur du Timor oriental. Le référendum a  lieu en 1999, donnant un résultat massivement en faveur de l’indépendance (près de 80%), ce qui mit en fureur les autorités de Djakarta. S’en est suivi d'une période de massacres à grande échelle (quelque 1400 morts) et de saccage systématique des grandes villes par l'armée indonésienne sans que la communauté internationale ne réagisse avec une grande diligence. Les victimes attendent toujours que justice soit faite. Finalement, le pays sera sauvé par l’Australie, avec un mandat de l’ONU, et l’indépendance pourra finalement être proclamée douze ans plus tard, le 20 mai 2002. Le pays est alors dévasté et ruinée.

Un second miracle s’est ensuite produit, le petit État grand comme deux fois la Corse, peuplée de 1,3 million d’habitants, a connu une croissance économique inespérée et conservé un régime démocratique (même avec 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté). Voilà aussi ce que célèbre la fête nationale du Timor oriental. Ce jour férié est celui de la Restauration de l’indépendance (Dia da Restauração da Independência ). Par chance, ce pays un des plus jeunes au monde est aussi un des moins touchés par la Covid-19. En revanche, la chute du cours des hydrocarbures ne manquera pas de l’affecter.

Les cérémonies commencent dès le 19 mai,  avec la messe dans l'église cathédrale à 9h. Le 20 mai, le palais du président de la République reçoit les Forces armées à 7 heures du matin, passées en revue par le président de la République, José Ramos Horta (élu le 20 avril dernier), de la levée du drapeau, de la présentation des armes et de l'hommage dû aux héros « Tombados por Pátria ». Les festivités, après le cocktail, reprennent à 16h.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2022

 
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2002, Angola, 4 avril, paix Bruno Teissier 2002, Angola, 4 avril, paix Bruno Teissier

4 avril : 20 ans de paix en Angola, pas encore vraiment de démocratie

Le pays ne vit en paix que depuis 20 ans, après pas moins de 42 ans de guerre ! L’Angola a été, pour son malheur, l’un des points chauds de la guerre froide… C’est en 2002, un 4 avril, que les armes se sont tues.

 

Le pays ne vit en paix que depuis 20 ans, après pas moins de 42 ans de guerre ! En effet, l’Angola a été, pour son malheur, l’un des points chauds de la guerre froide. Les grandes puissances s’y affrontaient par procuration et la guerre s’y est prolongée bien des années après la disparition de l’URSS. Deux conflits se sont enchaînés : une guerre de décolonisation contre les Portugais, à partir de 1961 ; puis, après l’indépendance (le 11 novembre 1975), une guerre « civile » opposant un gouvernement prosoviétique à des mouvements financés et armés par le camp adverse. 

Il a fallu attendre l’assassinat, le 22 février 2002, de Jonas Savimbi, le chef de l’UNITA, la principale guérilla antigouvernementale (soutenue à la fois par les Américains et les Chinois), pour que les rebelles acceptent, le 4 avril 2002, de déposer les armes contre la promesse de leur impunité. Eduardo Do Santos, l’adversaire de Savimbi, a pu s’imposer au pouvoir jusqu’en 2017. Son parti, le MPLA (communiste, à l’origine) dirige le pays depuis 45 ans.

Le conflit a fait un demi-million de morts, pour 18 millions d’habitants. Depuis, le 4 avril est célébré comme le Jour de la paix et de la réconciliation nationale (Dia da Paz e Reconciliação Nacional). Malheureusement, la paix n'a pas permis l'instauration d'une véritable démocratie. Joao Lourenço (MPLA), le président élu en 2017 sur la promesse de lutter contre la corruption, le népotisme et l’impunité (celle des oligarques issus de la famille Do Santos qui confisquent la fabuleuse rente pétrolière). Son action n’a pas vraiment convaincu. Il va devoir affronter plusieurs candidats d’opposition, dont celui de l’UNITA, lors des élections présidentielles d’octobre 2022… à suivre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2022

 

Pièce de monnaie émise à l’occasion de cet anniversaire

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1992, Australie, 3 juin, 10 mars, aborigène, Premières nations Bruno Teissier 1992, Australie, 3 juin, 10 mars, aborigène, Premières nations Bruno Teissier

3 juin : Mabo Day, le jour où le droit australien a fini par abolir la notion de Terra Nullius

L’Australie n’était pas inhabitée avant l’arrivée des Européens. Cette évidence historique n’a été reconnue qu’en... 1992, un 3 juin, par la Cour suprême de Canberra

 

L’Australie n’était pas inhabitée avant l’arrivée des Européens. Cette évidence historique n’a été reconnue qu’en... 1992, un 3 juin, par la Cour suprême. Jusque-là, prévalait la notion de « terra nullius », d’une terre qui n’appartenait à personne. Cette révolution juridique est le fruit de 10 ans de combats d’un Aborigène de l’île de Murray, dans le détroit de Torres, un certain Eddie Mabo.

Ce concept juridique, connu sous le nom de « terra nullius », a privé les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres de leurs droits traditionnels sur leurs terres et a tenté de rompre les liens avec des cultures remontant à 65 000 ans.

Eddie Mabo est décédé en 1992, environ six mois avant qu'on ne puisse voir les résultats de sa campagne. Son épouse, Bonita Mabo, a suggéré qu’un fête nationale, un Mabo Day, soit célébré le 3 juin 2002, à l'occasion du 10e anniversaire de la décision de la Haute Cour. En 2003, les commissions des aborigènes et des insulaires de Torres ont lancé une pétition pour faire du Mabo Day un jour férié en Australie. Et en 2010, une campagne a été lancée pour faire du 3 juin une fête nationale. Il commémore le jour où les non-autochtones ont eu la possibilité de réparer les dommages causés par la colonisation, ce jour devrait être plus important pour les Australiens que l'anniversaire de la reine.

Cette « Journée de Mabo » est fériée dans la région du détroit de Torres, pas encore dans toute l’Australie où l'on a encore du mal admettre cette réalité historique. 

La décision Mabo a reconnu les droits traditionnels des peuples autochtones sur leurs terres et leurs eaux et a ouvert la voie au titre autochtone en Australie. Il a également reconnu que les peuples autochtones ont occupé l'Australie pendant des dizaines de milliers d'années avant l'arrivée des Britanniques en 1788. Le gouvernement australien a adopté le Native Title Act en 1993 après 52 heures de débat au Sénat, le débat le plus long de l'époque. La loi a établi le cadre permettant aux peuples autochtones de revendiquer un titre autochtone sur les terres de la Couronne. Cependant le Native Title Act comportait plusieurs conditions qui restreignaient la capacité des peuples autochtones à revendiquer des terres occupé en vertu d’un bail pastoral ou d'autres intérêts (minier notamment) qui sont réputés par la loi prévaloir sur le titre autochtone.

La décision Mabo a été, tout de même, saluée comme une victoire capitale pour les droits autochtones. Le Queensland avait tenté de s’en prémunir en adoptant, en 1985, la Queensland Coast Islands Declaratory Act. Cette loi abolissait rétroactivement toute revendication des insulaires sur l’espace maritime. Les gouvernements de plusieurs États ont demandé l'annulation du Native Title Act après qu'une série de revendications territoriales ont été déposées dans tout le pays, dont plusieurs ciblant les capitales.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 juin 2021

 
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