22 octobre : la mémoire d'un pontificat controversé
Les catholiques du monde entier célèbrent la mémoire de Jean-Paul II, premier pape polonais de l’histoire de l’Église qui connut aussi l’un des plus longs pontificats (plus de 26 ans). Une messe en sa mémoire est célébrée aujourd’hui dans tous les diocèses, spécialement à Rome, en la basilique Saint-Pierre et en la basilique Saint-Jean de Latran dont il était l’évêque comme tous ses prédécesseurs.
C’est finalement le 22 octobre qui a été retenu pour fêter Jean-Paul II, date de l’inauguration de son pontificat (il fut élu le 16 octobre 1978 mais intronisé le 22) et non la date de sa « naissance au ciel » (dies natalis), c’est-à-dire sa mort. C’est donc bien le pontificat de Jean-Paul II qui est reconnu à travers cette célébration (malgré toutes les critiques que l’on a pu formuler !) et pas seulement les vertus de l’homme Karol Wojtila.
Jean Paul II qui a œuvré à déstabiliser les dictature communiste n’a, au contraire, jamais condamné les dictatures d’extrême droite en Amérique latine, sous prétexte qu’elles se réclamait du catholicisme. Il a écarté tout au long de son pontificat tout clergé progressiste. Son refus d’encourager le recours aux préservatifs en Afrique, alors que le SIDA faisait des ravages est un autre reproche que l’on fait à ce pape conservateur. Il a fait preuve d’une rigueur moraliste et familialiste en décalage complet avec l’évolution de la société qui a beaucoup coûté à l’Église catholique en terme d’influence. Au cours de son long règne, une partie de l’Amérique latine a basculé vers des sectes protestantes et l’Europe, y compris la Pologne, a largement déserté les églises. S’il a su galvaniser les foules par ses talent d’orateur et mobiliser la jeunesse catholique. Ces élans ont été vain pour relancer une Église qui n’est plus en phase avec la société. Les critiques ne se limitent pas à son conservatisme et à son manichéisme politique, Jean-Paul II s’est aussi appliqué à passer sous silence le problème des prêtres pédophiles et leurs dizaines de milliers de victimes à travers le monde.
Jean-Paul II, qui offrait à la fin de sa vie l’image du martyr collant parfaitement avec l’approche catholique du christianisme, a été canonisé de manière express, neuf ans, à peine, après sa mort, survenue le 2 avril 2005.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 octobre 2019