L’Almanach international
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16 octobre : les Polonais célèbrent leur pape
Depuis 2005, année de la mort du pape Jean-Paul II, la Pologne célèbre officiellement chaque 16 octobre, l’élection en 1978 de l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła comme pape des catholiques.
Depuis 2005, année de la mort du pape Jean-Paul II, la Pologne célèbre chaque 16 octobre, l’élection en 1978 de l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła comme pape des catholiques. Cette journée du pape Jean-Paul II (Dzień Papieża Jana Pawła II ) a été instituée jour férié par la Diète (parlement) polonaise le 27 juillet 2005.
Son pontificat avait commencé par un appel, ce 22 octobre 1978 lors de sa messe d’intronisation. « N’ayez pas peur ! » lance le nouveau souverain pontife à la foule réuni sur la place Saint-Pierre. On était en pleine guerre froide, le ton était donné. L’Église polonaise sera le fer de lance de la contestation de la dictature communiste. Le pape polonais s’en fera l’écho mais il oubliera que des régimes d’extrême droite se réclamant de l’Église catholique pouvaient être tout aussi oppressifs. Par exemple, ses liens avec le général Pinochet, le dictateur chilien, avaient beaucoup choqué en son temps. Il lui avait chaleureusement rendu visite et était allé jusqu’à lui envoyer une lettre de félicitations à l’occasion de son anniversaire de mariage. Jean Paul II n’a jamais condamné les dictatures en Amérique latine, à l’exception de Cuba. Les critiques ne se limitent pas à ce manichéisme politique, Jean-Paul II est aussi appliqué tout au long de ses 27 ans de règne à passer sous silence le problème des prêtres pédophiles et leurs dizaines de milliers de victimes à travers le monde. Son refus d’encourager le recours aux préservatifs en Afrique, alors que le SIDA faisait des ravages est un autre reproche que l’on fait à ce pape conservateur. Mais beaucoup de Polonais n’ont que faire de ce bilan pour le moins mitigé, même s’ils ont déserté les églises, ils voient d’abord en lui celui qui les a encourager à se libérer.
Quant à l’Église polonaise, elle célèbre depuis 2001 l’anniversaire de l’élection de Jean-Paul II le dimanche précédent, cette année le 12 octobre. L'événement est coordonné par la Fondation « Dzieło Nowego Tysiąclecia ». Durant cette Journée pontificale (Dzień Papieski), des fonds sont collectés pour des bourses d'études destinées à de jeunes Polonais talentueux issus de familles défavorisées et démunies. Cette année, la thématique de cette 25e journée pontificale est “Saint Jean-Paul II. Prophète de l'espérance”. Ce pape a en effet été canonisé par le Vatican 9 ans après sa mort.
Cette fête est propre à la Pologne qui commémore également son décès, chaque 2 avril. Le Vatican, de son côté, célèbre chaque année l’anniversaire de son intronisation, le 22 octobre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 octobre 2025
Karol Wojtyła devenu de Jean-Paul II sur le balcon de la basilique Saint-Pierre le jour de son élection
2 avril : l’hommage des Polonais à leur pape
Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Toutefois, le culte de Jean Paul II n’est plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui reproche à l’Église catholique d’avoir soutenu des gouvernements particulièrement réactionnaires et anti-démocratiques.
Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean-Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Aujourd’hui, des messes sont dites dans toutes les villes de Pologne, des marches et processions sont organisées un peu partout ; ce soir, des veillées de prière sont prévues… Comme chaque année, des centaines de fidèles se rassemblent devant l’archevêché de Cracovie en bas de la «fenêtre papale», de laquelle Jean Paul II avait l’habitude de dialoguer avec la foule lors de ses huit visites en Pologne.
Il a été béatifié en 2011 par son successeur, puis canonisé en 2014 par le pape François, soit moins de dix ans après son décès. Un record. Karol Józef Wojtyła est un saint dont les reliques sont sorties chaque 2 avril en procession et s’il est un pays où il est toujours particulièrement vénéré, c’est la Pologne où il est né le 18 mai 1920. L’élection de l’archevêque Wojtyla à la papauté le 16 octobre 1978 avait donné à la population polonaise, majoritairement catholique, le courage de s’opposer ouvertement au régime communiste. Les Polonais lui en sont très reconnaissants. À l’étranger, celui qui a donné un élan à son Église, a aussi été critiqué de son vivant pour son conservatisme et son indulgence à l’égard des dictatures d’extrême droite, pourvu qu’elles soient catholiques. Son bilan, pour l’avenir de l’Église est aujourd’hui très discuté.
Mais, depuis quelque temps, c’est en Pologne même que l’on critique celui qui fut l’archevêque de Cracovie. En 2023, la télévision polonaise révèle que Monseigneur Wojtyla savait que des prêtres, sous son autorité, agressaient sexuellement des enfants et qu’il a tout fait pour que l’on n’en sache rien. Le futur pape les a déplacés de paroisse en paroisse dans les années 1970. L’un d’eux a même été envoyé en Autriche, après qu’il ait été accusés d’avoir agressé des mineurs. Le 2 avril 2023, en réaction, une statue de Jean Paul II a été vandalisée, ses mains ont été couvertes de peinture rouge et le socle marqué d'une inscription "Maxima culpa" ("La plus grande faute »), qui est le titre du livre d’Ekke Overbeek à l’origine des révélations.
Même avant cette affaire, le culte de Jean Paul II n’était plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas connu. Ces révélations ont causé une grande émotion en Pologne, pays où une partie de la population a pris ses distances avec l’église accusée d’avoir soutenu pendant des années un gouvernements particulièrement réactionnaire et anti-démocratique. Ce dernier a perdu les élections de novembre 2023 et son principal soutien, le PiS (Droit et Justice) est aujourd’hui dans l’opposition.
Une loi canadienne de 2014 a aussi désigné le 2 avril comme « Journée du pape Jean-Paul II », mais sans en faire un jour férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2024
Marche dans Varsovie à l’occasion du 18e anniversaire de la mort de Jean-Paul II
22 octobre : la mémoire d'un pontificat controversé
Les catholiques du monde entier célèbrent la mémoire de Jean-Paul II, premier pape polonais de l’histoire de l’Église qui connut aussi l’un des plus longs pontificats (plus de 26 ans).
Les catholiques du monde entier célèbrent la mémoire de Jean-Paul II, premier pape polonais de l’histoire de l’Église qui connut aussi l’un des plus longs pontificats (plus de 26 ans). Une messe en sa mémoire est célébrée aujourd’hui dans tous les diocèses, spécialement à Rome, en la basilique Saint-Pierre et en la basilique Saint-Jean de Latran dont il était l’évêque comme tous ses prédécesseurs.
C’est finalement le 22 octobre qui a été retenu pour fêter Jean-Paul II, date de l’inauguration de son pontificat (il fut élu le 16 octobre 1978 mais intronisé le 22) et non la date de sa « naissance au ciel » (dies natalis), c’est-à-dire sa mort. C’est donc bien le pontificat de Jean-Paul II qui est reconnu à travers cette célébration (malgré toutes les critiques que l’on a pu formuler !) et pas seulement les vertus de l’homme Karol Wojtila.
Jean Paul II qui a œuvré à déstabiliser les dictature communiste n’a, au contraire, jamais condamné les dictatures d’extrême droite en Amérique latine, sous prétexte qu’elles se réclamait du catholicisme. Il a écarté tout au long de son pontificat tout clergé progressiste. Son refus d’encourager le recours aux préservatifs en Afrique, alors que le SIDA faisait des ravages est un autre reproche que l’on fait à ce pape conservateur. Il a fait preuve d’une rigueur moraliste et familialiste en décalage complet avec l’évolution de la société qui a beaucoup coûté à l’Église catholique en terme d’influence. Au cours de son long règne, une partie de l’Amérique latine a basculé vers des sectes protestantes et l’Europe, y compris la Pologne, a largement déserté les églises. S’il a su galvaniser les foules par ses talent d’orateur et mobiliser la jeunesse catholique. Ces élans ont été vain pour relancer une Église qui n’est plus en phase avec la société. Les critiques ne se limitent pas à son conservatisme et à son manichéisme politique, Jean-Paul II s’est aussi appliqué à passer sous silence le problème des prêtres pédophiles et leurs dizaines de milliers de victimes à travers le monde.
Jean-Paul II, qui offrait à la fin de sa vie l’image du martyr collant parfaitement avec l’approche catholique du christianisme, a été canonisé de manière express, neuf ans, à peine, après sa mort, survenue le 2 avril 2005.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 octobre 2019