L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
7 décembre : en Colombie, des bougies en hommage à la Vierge ; au Guatemala, on chasse le diable
La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie à placer devant sa maison. Au Guatemala, chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan.
La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie. L’usage veut que ces bougies et lanternes puissent être vues partout. Chaque 7 décembre, au soir, on les installe devant les maisons, sur les porches, les balcons, les fenêtres, les rues, les trottoirs, les places, les parcs. Dans certaines villes, c’est un véritable de lanternes et de bougies sont organisés par les municipalités. Cette veille du 8-Décembre est connue comme El día de las velitas ou noche de las velitas, car les festivités ont lieu la nuit qui précède la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, jour férié comme dans la plupart des pays d’Amérique latine. Cette fête marque le début de la saison de Noël, on prépare les premier buñuelo (beignet de Noël). Bogota est entièrement décorée, et de nombreuses familles passent la soirée dans les rues à admirer les éclairage de Noël et à visiter des crèches des églises, des concerts de chants de Noël et d'autres spectacles ont lieu en plein air. Les magasins, centres commerciaux, musées et autres lieux publics prolongent généralement leurs heures d’ouverture le soir du 7 décembre.…
En France, la ville de Lyon organise chaque 8 décembre, une fête des lumières qui, à l’origine, se limitait à quelques bougies sur le rebord des fenêtres mais qui a prix l’allure d’un festival attirant deux millions de visiteurs.
Au Guatemala, cette veillée s’est transformée en une célébration magico-religieuse : le feu du Diable (Quema del diablo). Chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan. On pense que ce rituel purifie les maisons du mal. On laisse les enfants jouer avec le feu, les marchands de feu d’articice envahissent les rues. Ce soir-là, on brûle un peu tout et n’importe quoi ce que dénoncent les écologistes locaux.
La tradition de brûler le diable semble être apparue à l’époque coloniale, plusieurs siècles avant que l’Église n’invente la fête qui sera célébrée demain. En effet, la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, repose sur un dogme qui fut proclamé comme tel par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854. On peut citer ailleurs dans le monde d’autres cérémonials de purification comme Tchaharchanbé-Souri , Trndez ou Walpurgis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2023
Éclairage sur la rivière Medellín, Colombie
Quema del diablo, (photo : tvaztecaguate)
13 novembre : il y a 38 ans, le martyre d’Omayra, la petite colombienne
La tombe de la petite Omayra Sanchez est déjà couverte d’ex-voto, on lui prête des miracles. C’est un lieu de pèlerinage qui compte en Colombie et en ce jour anniversaire de son agonie face aux médias du monde entier, l’affluence est importante…
La tombe de la petite Omayra Sanchez est déjà couverte d’ex-voto, on lui prête des miracles. C’est un lieu de pèlerinage qui compte en Colombie et en ce jour anniversaire de sa mort, l’affluence est importante. On l’invoque pour toute sorte de problèmes (travail, santé…), l’invocation fait effet au bout de trois jours, dit-on. Pas étonnant puisque son martyre a duré trois jours.
C’était en 1985, on se souvient de cette fille de 13 ans prise dans la boue, la jambe coincée, et qu’on a vu agoniser en direct pendant 3 jours, sur toutes les télévisions du monde. Sa photo dans Paris-match avait créé un certain malaise. On avait fustigé le voyeurisme des médias. Son auteur, lui, avait voulu dénoncer le drame de l’impuissance. L’explosion d’un volcan, situé à 50 km de la petite ville d’Armero, l’avait en grande partie engloutie, tuant 25 000 personnes, soit les trois quarts de sa population. Ce jour-là, il y avait aussi une tempête et on avait demandé aux habitants de rester chez eux, ils ont été pris au piège du torrent de boue, résultant de l'éruption du volcan Nevado del Ruiz. Le pays était en plein chaos politique, le gouvernement colombien n’a pas su gérer la catastrophe. Omayra aurait pu être sauvée par une motopompe qui aurait aspiré la boue et permis de la dégager. Les autorités ont été incapables d’en trouver une et de la faire parvenir à temps. Elle est décédée le 13 novembre.
L’église locale espère sa béatification, ce qui ferait d’elle une bienheureuse, voire sa canonisation par le Vatican qui en ferait une sainte. Pour cela il faut des témoignages de miracle afin que le Tribunal Ecclésiastique de Santa Fe à Rome puisse se prononcer. Pour cela, le diocèse a créé une adresse mail afin de récolter des témoignages : dioceselibanohonondatestimoniosomaira@yahoo.com
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 novembre 2023
Quelque 700 ex-votos ont été déposés sur le mur que le cimetière a dû construire dernière la tombe d’Omayra
On dépose aussi des poupées et autres jouets en guise de don
21 mai : la journée des Afro-Colombiens
La Journée de l'Afro-Colombianité a été instaurée en 2001 pour célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage en Colombie en 1851. Elle permet aussi la mise en valeur d’une culture palenquo-antillaise qui marque profondément certaines régions de Colombie.
La Journée de l'Afro-Colombianité (Día de la Afrocolombianidad) a été instaurée en 2001 pour célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage en Colombie, décrété par la loi 21 du 21 mai 1851 par le président José Hilario López.
On l’oublie souvent, la Colombie est un pays multiculturel et l’une des composantes de sa population vient d’Afrique : au moins 10% de sa population aurait des racines héritées du continent noir, et même beaucoup plus selon certaines estimations. Elle est le produit de la traite massive d’esclave à partir de 1518, année de l’arrivée du premier galion chargé d’esclaves africain dans le port de Carthagène.
C'est aussi un hommage à tous ceux qui ont combattu pour la liberté, comme Benkos Biohó, un esclave qui s'est rebellé contre les Espagnols et qui est le fondateur de la première ville libre d'Amérique : San Basilio de Palenque. Un autre personnage historique est aussi mis à l’honneur : Juan José Nieto Gil, le premier romancier colombien qui est aussi l’unique président noir du pays. Élu en janvier 1851, il avait été renversé par un coup d’État militaire en juillet de la même année et son portrait ne figure pas dans la galerie des présidents de la Casa Nariño, la présidence de la république. Son roman, Yngermina, ou la fille de Calamar, passe pour être le premier de l’histoire littéraire du pays. L’avocate et ex-sénatrice Piedad Cordoba ou la championne olympique Maria Isabel Urruttia, ex-ministre des Sports, symbolise aujourd’hui la pleine intégration de Noirs dans la vie politique colombienne, même si une majorité d’entre eux souffrent toujours d’une certaine marginalité.
Il a fallu attendre la constitution de 1991 pour qu’une reconnaissance culturelle compensatrice soit accordée aux Afro-colombiens comme la propriété collective du sol pour les communautés vivant sur le littoral du Pacifique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2023
19 avril : jour de mémoire pour la gauche colombienne
Il y a 50 ans jour pour jour, le général Gustavo Rojas Pinilla, se faisait voler sa victoire à la présidentielle en raison d’une fraude électorale massive organisée par les conservateurs… c’était le 19 avril 1970. Ces partisans formeront ensuite le mouvement de guérilla M-19 (Mouvement du 19 avril).
Le 19 avril est une date qui est dans toutes les têtes en Colombie, elle appartient l’histoire mouvementée de la gauche dans ce pays.
Il y a 50 ans jour pour jour, le général Gustavo Rojas Pinilla, se faisait voler sa victoire à la présidentielle en raison d’une fraude électorale massive organisée par les conservateurs. Le général Pinilla avait dirigé le pays de manière autoritaire dans les années 1950 mais il avait su, à l’époque, négocier avec les guérillas d’extrême gauche. En 1970, la gauche colombienne voyait en lui celui qui pouvait mettre un terme à la violence politique (de droite comme de gauche) endémique dans le pays. C’était le 19 avril 1970
Trois ans plus tard, un groupe de ses partisans formait le M19 (Movimiento 19 de Abril), un mouvement d'e guérilla urbaine dont le fait d’armes le plus tragique fut, en 1985, l’assaut du palais de Justice de Bogota où siège la Cour suprême colombienne, prenant plus de 300 personnes en otage. Le pouvoir refusant toute négociation, l’armée colombienne a donné l’assaut faisant une centaine de victimes (parmi les guérilleros, les otages, les juges).
Le M-19 a déposé officiellement les armes en 1990 pour devenir le parti Alianza Democrática M-19 (AD/M-19), les combattants ont été amnistiés et le parti a présenté son chef Carlos Pizarro Leongómez comme candidat à l'élection présidentielle de 1990, mais… il sera assassiné juste avant le scrutin.
Aujourd’hui, la grande majorité de ses partisans militent au sein du Pole démocratique alternatif (gauche) et jouent le jeu démocratique. L’un d’eux, Gustavo Petro est devenu maire de Bogota, puis candidat à la présidentielle en 2018. Au second tour, il a obtenu 42% des voix face au candidat de la droite Ivan Duque qui a été élu.
En revanche, une petite minorité, parmi la jeunesse, a repris les armes et se réclame toujours du M-19 (le Mouvement du 19 avril), c’est le JM-19 (Juventudes del Movimiento 19 de abril) qui infiltre les université et tente quelques coups d’éclat.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 avril 2020
JM-19 : Juventudes del Movimiento 19 de abril (photo de 2019)
place Camilo Torres, du nom d’un prêtre guérilleros des années 1960
Jaime Bateman Cayón (1940-1983), chef et fondateur du M-19