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1769, Corse, 8 mai, bataille célèbre, défaite militaire Bruno Teissier 1769, Corse, 8 mai, bataille célèbre, défaite militaire Bruno Teissier

8 mai : le jour où la Corse est devenue française

Dans les milieux nationalistes corses, l’habitude a été prise de venir le 8 mai sur le Ponte Novu (Ponte-Novo) pour jeter des couronnes de fleurs dans le fleuve Golo. Il s’agit d’un hommage aux quelques centaines de partisans de Pascal Paoli tombés il y a 255 ans pour défendre la république indépendante de Corse qui livrait là sa dernière bataille avant l’intégration de l'île à la France.

 

Depuis quelques années, dans les milieux nationalistes corses, l’habitude a été prise de venir le 8 mai sur le Ponte Novu (Ponte-Novo) pour jeter des couronnes de fleurs dans le fleuve Golo. Il s’agit d’un hommage aux quelques centaines de partisans de Pascal Paoli tombés pour défendre la république indépendante de Corse proclamée en novembre 1755, mais que ses divisions internes et une ultime bataille, ont perdu. Le jour où la France toute entière célèbre la victoire de 1945, c’est une défaite des Corses face aux armée du roi de France, en 1769, qui est commémorée.

La Corse était depuis quatre siècles une possession de la République de Gènes. Sous la conduite de Pasquale Paoli, Babbu di a Patria, une révolution inspirée des idées de Voltaire et Rousseau mais aussi de la naissance d’un sentiment national, a éclaté en Corse et en novembre 1755, une république de Corse est proclamée avec Corte (Corti) pour capitale. Les Génois ne contrôlant plus quelques ports, ont tenté de reprendre le contrôle de l’île qui s’était organisé en État indépendant avec sa constitution et sa monnaie. N’y parvenant pas, Gênes a fini par céder « provisoirement » ses droits sur la Corse à la France qu’elle charge de « pacifier » l’île et est de lui restituer en échange de 40 millions de livres, le paiement de son intervention. Les premières batailles ont tourné en faveur des indépendantistes mais le royaume de France a envoyé de gros renforts, épaulés par des mercenaires prussiens. Les partisans de Pascal Paoli ont finit par être écrasés à la bataille de Ponte Novu, les 8 et 9 mai 1769. Paoli va s’exiler à Londres et la France prendre le contrôle de toute l’île qui devient une province française en 1770.

C’est un jour sombre pour les nationalistes corses qui est marqué aujourd’hui. Les représentants des principaux partis nationalistes sont présents à la commémoration de la bataille de Ponte Novu, mais aussi de nombreux jeunes qui s’intéressent à leur histoire nationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2024

Pascal Paoli à la bataille de Ponte Novu, 1769, œuvre de Henry Benbridge

Le fameux pont, théâtre de la bataille du 8-9 mai 1769. Ce n’est pas lors de cet affrontement que ce pont génois fut détruit mais en septembre 1943, lors de la retraite de l'armée allemande vers Bastia.

 
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8 mai : le « premier martyr » algérien de la guerre de libération

Le 8 mai a été décrétée Journée nationale de la Mémoire, commémorant les victimes des massacres du 8 mai 1945. Cette année, c’est la troisième édition de cette journée de mémoire.

 

La France et l’Algérie commémorent la même journée, celle du 8 mai 1945, mais sans se référer à la même mémoire. Trois quarts de siècle après l’événement, les blessures ne passent pas. En mai 2020, le président Tebboune annonçait une Journée nationale de la Mémoire, commémorant les victimes des massacres du 8 mai 1945. Cette année, c’est la troisième édition de cette journée de mémoire.

À Sétif (Algérie) en dépit du couvre-feu imposé à la population autochtone, quelque 10 000 Algériens défilent pour réclamer la liberté. Un drapeau algérien est brandi. Un officier de police français sort une arme vise le porteur du drapeau et le tue de 2 balles. Ce jeune scout s’appelait Bouzid Saâl, une  stèle honore aujourd’hui la mémoire de ce « premier martyr de la guerre de libération ». D’autres coups de feu sont tirés sur la foule en panique faisant 35 morts. Ce ne sont que les premiers d’une journée de massacre qui décimera 10 à 20 000 Algériens du Constantinois et une centaine de colons. On est en 1945, la France fête la fin de la Seconde Guerre mondiale… et en Algérie, la guerre d’indépendance commence ce même jour. Ce 8 mai 1945 est le jour où tout a basculé. Il devenait évident pour la majorité des Algériens que dorénavant la France et l’Algérie n’aurait pas la même destinée. Les Français mettront du temps à le réaliser. Les premiers mots d’excuses à propos des morts de cette funeste journée de la part des autorités françaises ne viendront que le 8 mai 2005.

Sous le slogan « Une mémoire qui refuse l'oubli », les festivités officielles doivent se dérouler samedi à Sétif, à 300 km à l'est d'Alger. La Journée de la mémoire a été instituée par une loi adoptée à l'unanimité le 23 juin 2020 par l'Assemblée populaire nationale (APN).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2023

 
Déjà en 1945, la jeunesse algérienne en quête de libertéPour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

Déjà en 1945, la jeunesse algérienne en quête de liberté

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1945, France, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier 1945, France, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier

8 mai : le 80e anniversaire de la capitulation de 1945

La France célèbre la fin des combats de la Seconde Guer­re mondiale par un jour férié. À Paris, la journée commence par un dépôt de gerbe au pied de la statue du général De Gaulle, sur les Champs-Élysées, et se poursuit place de l’Étoile avec un ravivage de la flamme du soldat inconnu par le président de la République.

 

La France célèbre la fin (officielle) des combats de la Seconde Guer­re mondiale par un jour férié. À Paris, la journée commence par un dépôt de gerbe au pied de la statue du général De Gaulle, sur les Champs-Élysées, et se poursuit place de l’Étoile avec un ravivage de la flamme du soldat inconnu par le président de la République qui fait ensuite une revue des troupes présentes. La cérémonie, comme celles qui se déroulent en province, se font, cette année sans public. Les Français sont invités à pavoiser leurs balcons ou fenêtres aux couleurs de la France. Ce qui n’est guère une tradition française.

Cette date n’a pas toujours été une évidence pour les français, même si aujourd’hui, elle fait partie des ponts possibles du mois de mai. Le 8 mai a été férié de 1953 à 1959, puis à nouveau de 1969 à 1975, mais en restant un jour travaillé. En 1959, il est remplacé par le 2e dimanche du mois de mai jusqu’en 1968. Au nom de la réconciliation franco-allemande, le président Giscard d’Estaing avait supprimé la Fête de la victoire des commémorations officielles, au grand dam des associations d’anciens combattants. Elle a été rétablie par le président Mitterrand en 1982 qui, en outre, a fait du 8 mai un jour chômé, ce qu’il n’était pas jusque-là. La date, il st vrai n’est pas aussi mémorable pour la France que celle du débarquement, le 6 juin 1944, ou celle de la libération de Paris, le 25 août 1944.

En fait, le 8 mai, n’est pas date la libération de la France. Celle-ci a eu lieu beaucoup plus tôt pour l’essentiel du territoire (dès 1943 pour la Corse). Et à cette date, le territoire n’est pas totalement reconquis puisque à Lorient ou à Dunkerque, les Allemand résistent encore en dépit de la capitulation.

Le 8 mai, la séquence de la guerre n’est pas terminé, beaucoup d’« absents » ne sont pas encore rentrés, ou rentreront jamais, on ne le sait pas encore. On attend encore les prisonniers de guerre, les membres du STO, les déportés politiques, les juifs et tziganes. On découvre les horreurs de la déportation, mais on ne fait pas encore la distinctions entre camps de concentration et camps d’exterminations. D’autres dates, d’autres commémorations seront nécessaires pour liquider cette guerre, le 8 mai ne remplit que très partiellement cette fonction.

Après plus de cinq années d'une guerre en Europe qui a coûté la vie à des dizaines de millions de personnes, les forces alliées pénètrent en Allemagne en février 1945. Trois jours après le suicide d’Adolf Hitler dans son bunker, le 30 avril, les troupes nazies qui défendent Berlin capitulent, le 2 mai 1945. Le 7 mai, à 2h41 du matin, le général Alfred Jodl – chef d'état-major de la Wehrmacht – signe à Reims la capitulation sans condition de l’Allemagne. L'acte de capitulation fixait la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01. Pour faire plaisir à Staline, un nouvel acte de capitulation du IIIe Reich est signé à Berlin entre les commandements militaires allemands et alliés à 00h16 (d’où la date du 9 mai retenue par les Russe). La guerre prend officiellement fin sur le continent européen.

En Belgique, le 8 mai a été un jour férié de 1953 à 1983, ce n’est plus le cas, cette date n’ayant pas de lien direct avec l’Histoire de la Belgique, laquelle été libérée fin 1944. En 2011, la Norvège a cessé de célébrer la libération pour faire du 8-Mai, la Journée des anciens combattants (Veterandagen). Aux Pays-Bas, la fin de la guerre est fêtée le 5 mai, jour de la libération totale du territoire national. Ce pays célèbre un jour de deuil chaque 4 mai dédié aux victimes du conflit. En Italie, la Fête de la libération est le 25 avril. En Finlande, le 27 avril. Quant aux Russes, c’est le 9 mai qu’ils fêtent la victoire sur l’Allemande nazie… un grande célébration à la gloire de Poutine et de Staline.

Le 8 mai 1945, débutait la Guerre d’Algérie, mais ça, on ne le savait pas encore.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2025

 
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