L’Almanach international

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1963, Iran, manifestation politique, 5 juin Bruno Teissier 1963, Iran, manifestation politique, 5 juin Bruno Teissier

5 juin : les Iraniens fidèles au régime célèbrent le début de la révolution islamique

Pour les partisans du régime, la révolution islamique a commencé en juin 1963 quand des émeutes contre la dictature du shah avaient conduit à l’arrestation de Khomeini, l’un des chefs de file de l'opposition religieuse. Cette arrestation a été opérée le 5 juin 1963 ou le 15 Khordad 1342 du calendrier iranien.

 

Officiellement, c’est le 11 février 1979 que l’ayatollah Khomeini a pris le pouvoir et proclamé l’instauration de la république islamique qui a conduit à la dictature religieuse toujours en place en Iran. Pour les partisans du régime, la révolution islamique a commencé en juin 1963 quand des émeutes contre la dictature du shah avaient conduit à l’arrestation de Khomeini, l’un des chefs de file de l'opposition religieuse. Cette arrestation a été opérée le 5 juin 1963 ou le 15 Khordad 1342 du calendrier iranien. Ce jour est resté une date sacrée du calendrier mémoriel du régime de Téhéran, au point que le nouveau système de missile sol-air conçu par l’Iran et rendu public en juin 2019, a été baptisé baptisé 15 Khordad (پانزده خرداد).

Ces protestations de juin 1963 visaient le programme réformateur de la révolution blanche voulu par le chah Mohammad Reza Pahlavi, en particulier la suppression de la féodalité dans le cadre d'une réforme agraire et l'introduction du droit de vote des femmes. L’empereur cherchait à moderniser son pays pour mieux assoir son régime. Le discours de Khomeini contre les réformes de la révolution blanche fut accompagné de manifestations violentes dans plusieurs villes.

Plus de 10 000 manifestants défilèrent le 5 juin 1963 dans les rues de Téhéran pour protester contre l'arrestation de Khomeini. Le Premier ministre Alam finit par appeler l'armée pour mater la contestation, et ne put quitter le siège du gouvernement qu'avec un véhicule blindé. l’État d’urgence fut mis en place à Téhéran. Les troupes furent envoyées dans les rues et tirèrent sur des manifestants. Il y eut des milliers de blessés et une trentaine de morts.

La date du 15 Khordad est largement célébrée en République islamique d'Iran par un jour férié. Parmi d'autres lieux, le carrefour du 15 Khordad et la station de métro du 15 Khordad portent son nom. Par coïncidence, Khomeini mourut vingt-six ans plus tard, le 4 juin 1989, la veille du 15 Khordad.

La cérémonie qui se tient au cimetière des 15 martyrs de Khordad à Téhéran a réunissant des personnes de différents horizons, y compris des vétérans de la lutte contre le régime Pahlavi. Des discours sont prononcés, ponctués par des chansons interprétées lors de la cérémonie en commémoration des martyrs et de la révolution islamique. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2025

15 khordad (Photo :Maryam Abolbagha, Iran press)

 
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1963, Tunisie, indépendance, 15 octobre Bruno Teissier 1963, Tunisie, indépendance, 15 octobre Bruno Teissier

15 octobre : la Tunisie commémore l’évacuation de Bizerte

Le départ du dernier soldat français le 15 octobre 1963 a été célébré par des milliers de Tunisiens comme l'aboutissement de l'indépendance totale de la Tunisie. Le président de la République, Habib Bourguiba en avait fait aussitôt une fête nationale célébrée chaque année depuis 1964

 

Le départ du dernier soldat français le 15 octobre 1963 a été célébré par des milliers de Tunisiens comme l'aboutissement de l'indépendance totale de la Tunisie. Le président de la République, Habib Bourguiba en avait fait aussitôt une fête nationale célébrée chaque année depuis 1964. En 2024, c’est la 60e édition de la Fête de l’évacuation (عيد الجلاء). Cette célébration colle parfaitement avec le discours du dictateur, le président Kaïs Saïed qui, constamment, explique que l’origine des malheurs de la Tunisie est à chercher à l’étranger.

Cette évacuation est d’abord vue comme une revanche sur ce jour de 1881 où le général français, Aimé Bréart, en provenance de Toulon, débarquait avec 8000 hommes et parvenait à contraindre le Bey de Tunis de signer le traité du Bardo qui ratifiait la fin de l’indépendance du pays.

Dans les accords du 3 juin 1955 sur l'autonomie interne de la Tunisie, prélude à l’indépendance du 20 mars 1956, il était stipulé que la France gardait deux "zones de sécurité" (en fait des bases militaires), une au sud et l’autre à Bizerte, à l'extrême nord du pays. Sous couvert de défendre le passage entre Méditerranée occidentale et orientale, dans un contexte de guerre froide, la France tenait surtout à surveiller une Algérie dont elle n’envisageait pas encore l’indépendance.

Le président Bourguiba, père de l’indépendance, était perçu par ses pairs comme trop pro-occidental, en raison de ses bonnes relations avec les États-Unis. Il voulut infléchir cette réputation en s’attaquant à la présence française à Bizerte, mais la réaction du général de Gaulle fut d’une telle violence face à une armée tunisienne encore très modeste, que la bataille de Bizerte, en juillet 1961, fut un véritable carnage y compris au sein de la population civile : quelque 650 morts et 1560 blessés militaires et civils, contre 25 morts, côté français. Comme beaucoup de victoires militaires basées sur une telle disproportion, la victoire politique ira aux vaincus des armes. La France devra se résoudre à quitter Bizerte deux ans plus tard, la base était, d’ailleurs, devenue bien peu utile à présent que l’Algérie était parvenue à arracher son indépendance.

Le 15 octobre 1963, l’amiral Vivier quittait Bizerte, escorté par deux patrouilleurs tunisiens, Destour et Djamhuriya. Des réjouissances furent organisées, en présence de dirigeants égyptiens et maghrébins, pour fêter la victoire du peuple tunisien et le départ du dernier symbole du colonialisme. Depuis le retrait des troupes françaises du territoire tunisien en 1958, Bourguiba n’avait cessé de revendiquer l’achèvement de la décolonisation par l’évacuation de la base navale.

Ce mardi, le Carré des martyrs, à Bizerte, accueille la cérémonie de commémoration du 61e anniversaire de l'évacuation, en présence du président de la République, Kaïs Saïed. Celui-ci salue le drapeau au son de l'hymne national, après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du mémorial des martyrs et récité la Fatiha. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 octobre 2024

Le cimetière des Martyrs de Bizerte et un timbre commémorant le 20e anniversaire de l'évacuation

 
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1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier 1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier

1er juin : le Kenya  fête Madaraka Day

Le 1er juin 1963, après 80 ans d’occupation du pays, les Britanniques cédaient le pouvoir (madaraka) aux leaders locaux. C’était le prélude à l’indépendance du Kenya, en décembre de la même année. Chaque année, les autorités organisent une grande fête, pour marquer ce 60e anniversaire, c’est à Embu que le président William Ruto vient fêter ce Madaraka Day.

 

Madaraka, signifie « pouvoir » en swahili. Cette fête rappelle le jour où Londres a cédé le pouvoir à un gouvernement autonome Kenyan. C’était, il y a très exactement 60 ans. Le Kenya était occupé par les Britanniques depuis la fin du XIXe siècle. Le 1er juin 1963, ceux-ci cédaient le pouvoir à la population locale, soit quelques mois avant l’indépendance du 12 décembre 1963 et l’instauration d’une république un an plus tard, avec Jomo Kenyatta comme premier président.

En 1952, le soulèvement des Mau Mau avait donné le signal de la lutte pour contre les colons européens et le gouvernement colonial. À partir de 1956, le soulèvement a été durement réprimé, mais la marche pour l’indépendance était inéluctable. Le Kenya fête cette année son 60e anniversaire.

Si la fête d’indépendance se tient chaque année à Nairobi, le 12 décembre, celle qui commémore l’autonomie du pays, le 1er juin, se déroule dans une ville de province par roulement. Cette décentralisation date seulement de 2017, quelques villes en ont bénéficié. Cette année, pour le jubilé, c’est Embu, dans le centre du pays, qui a été choisie pour ce Madaraka Day. Le stade a été rénové en l’espace de 5 mois pour accueillir quelque 10 000 personnes. Les portes du stade sont ouvertes dès 4 heures du matin, la journée est présidée par William Ruto, le président du Kenya élu en août 2022. Dans le stade, on assiste à un grand défilé des forces vives de la nation, de la musique, des spectacles...

Traditionnellement, l’opposition organiste des festivités pour faire concurrence à celles du président. Le pays est divisé, son prédécesseur Uhuru Kenyatta, dont il était le vice-président l’a lâché pendant la campagne électorale pour faire alliance avec l’opposant, Raila Odinga, qui était candidat pour la 5e fois. Ce dernier n’a toujours pas reconnu la victoire de Wiliam Ruto.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2023

 

Le Jomo Kenyatta International Stadium Kisumu rénové en vue des célébrations du Madaraka Day, le 1er juin 2023 (photo : Collins Odeur, Standard)

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1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier 1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier

25 mai : la journée mondiale de l'Afrique 

La Journée de l'Afrique est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

 

La Journée de l'Afrique, appelée autrefois Journée de la libération de l'Afrique, est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

Célébrée partout, y compris en Europe, le 25 mai est un jour férié dans certains États africains (Gambie, Ghana, Guinée, Lesotho, Mali, Mauritanie, Namibie, Zambie, Zimbabwe). Au Lesotho, la date est également connue sous le nom de Journée des héros.

L’OUA, devenue l’UA a été fondée avec 32 pays. L’organisation regroupe aujourd’hui les 55 États du continent quand l’organisation est au complet, ce qui rare. Certains États l’ont quitté pour un temps, ce fut le cas du Maroc de 1984 à 2017, pour protester contre l’admission de la République Sahraoui. D’autres en ont été exclus, généralement à la suite d’un coup d’État. C’est actuellement le cas du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Soudan. Ce qui n’empêche pas des dictateurs de présider l’institution. En février 2023, c’est le très controversé Azali Assoumani, le président des Comores, qui a pris la présidence tournante de l'UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l'État sénégalais.

Il est prévu une vaste zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) qui doit réunir, en 2025, 1,5 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population. Tous les pays de l'UA, à l'exception de l'Érythrée, y ont adhéré, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2023

 

Le drapeau de l’Union africaine

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