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11 décembre : le jour où l’Algérie a basculé vers l’indépendance

De Gaulle avait autorisé l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce 11 décembre 1960, on releva 120 morts. Une semaine plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaissait le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance.

 

On était en décembre 1960, le président de Gaulle débarque une nouvelle fois en Algérie. Il avait évoqué sans détour une « République algérienne qui existera un jour » doit affronter la colère des partisans de l’Algérie française qui manifestent dans les grandes villes. En réponse, le 11 décembre 1960, c’est au tour des Algériens de manifester massivement en brandissant leur drapeau afin de hâter le processus. Plusieurs parties des quartiers européens comme la rue Michelet et Bab El Oued sont envahies par les émeutiers. Charles de Gaulle autorise l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce qui provoque la mort de 120 personnes, dont 112 Algériens, et de centaines de blessés. Cette journée du 11 restera dans les mémoires.

Il se trouve que l’Assemblée générale des Nations unis avait inscrit depuis plusieurs mois la question algérienne à son ordre du jour. La discrétion est imminente. Le 14 décembre 1960 elle se prononce sur la nécessité de mettre fin promptement et sans condition au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations (résolution 1514) et le 19 décembre, elle reconnaît le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance (résolution 1573). Après cinq ans de discussion dans les instances internationales et quinze ans de guerre civile, le destin de l’Algérie est scellé, il se résoudra malheureusement dans la violence.

Chaque année, les autorités algériennes commémorent cette journée de manifestation du 11 décembre 1960  (مظاهرات 11 ديسمبر 1960) dont on fête cette année le 65e anniversaire. En Algérie, dans le pays des écoles, des rues, des avenues, portent de nom de « 11 décembre » pour la mémoire. La cérémonie a lieu au Mémorial du Martyr (Maqam Echahid). Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, préside la cérémonie, en présence du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, du wali d’Alger, ainsi que de parlementaires, de responsables des organisations de moudjahidine, de représentants de la société civile et des cadres de l’État. Après la levée des couleurs nationales, on procède au dépôt de gerbes de fleurs au pied de la stèle commémorative, puis c’est la lecture de la Fatiha (la sourate d’ouverture du Coran) à la mémoire des martyrs, suivie  d’une minute de silence et de quelques discours convenus… Le déroulé est le même chaque année. La commémoration de la guerre d’indépendance occupe une place centrale dans la vie publique algérienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2025

 
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1960, Chypre, indépendance, 1er octobre Bruno Teissier 1960, Chypre, indépendance, 1er octobre Bruno Teissier

1er octobre : l’amer anniversaire de l’indépendance de Chypre

C’est toujours avec une certaine amertume que la république de Chypre célèbre son indépendance. Cette année en particulier, alors que l’armée turque occupe une partie de l’île depuis exactement 50 ans dans l'indifférence générale de la communauté internationale.

 

C’est toujours avec une certaine amertume que la république de Chypre célèbre son indépendance. Cette année en particulier, alors que l’armée turque occupe une partie de l’île depuis exactement 50 ans. Chypre n’a été indépendante que très tardivement. Le Royaume-Uni qui avait pris l’île aux Ottomans en 1878, et plutôt que de la céder à la Grèce (plus de 80% de la population étant à l’époque de culture grecque), il l’a maintenu sous un statut colonial jusqu’en 1960. Quatorze ans plus tard, la Turquie envahissait le nord du pays. Et un demi-siècle plus tard, l’occupe toujours dans l’indifférence générale de la communauté internationale. L’indépendance de l’île ne fut finalement totale que de 1960 à 1974, et encore… car l’armée britannique est toujours présente sur une portion du territoire. Une présence qui s’avérée bien inutile lors de l’invasion turque alors que Londres est, selon les traités, garante de l’indépendance de l’île dans sa totalité.

Dans les années 1950, en particulier à partir du 1er avril 1955, les Chypriotes se sont très majoritairement battus pour être rattachés à la Grèce comme le furent, au cours du XXe siècle, les Crétois, les habitants de Rhodes, ceux de Corfou ou de Chios… Le conflit a duré quatre ans, ce qui a conduit le gouverneur britannique Sir Hugh Foot à déclarer l'indépendance de Chypre et non à proclamer la cession à la Grèce afin que la petite minorité turque (18% à l’époque) ne se retrouve pas encore plus minoritaire au sein de la Grèce.

C’est le 16 août 1960, un peu avant midi, que le drapeau britannique fut remplacé par le drapeau chypriote, conformément aux accords de Zurich et de Londres de 1959 (qui interdisait l’union avec la Grèce). Moins de 24 heures après la déclaration d'indépendance de Chypre, Sir Hugh Foote avait déjà quitté Chypre. La véritable date de l’indépendance de Chypre est, en effet, le 16 août 1960, mais le jour férié a été déplacé en 1963 au 1er octobre pour éviter la chaleur estivale et la saison touristique. Le souci des autorités chypriotes était que cet anniversaire soit célébré avec tous les honneurs et en présence du corps diplomatique international. Le 16 août est inclus dans la période des vacances d'été du pays, pendant laquelle les ambassadeurs étrangers sont absents.

Chaque année, dans la partie de Nicosie qui n’est pas sous occupation turque, le Jour de l’indépendance de Chypre (Ημέρα Ανεξαρτησίας της Κύπρου ) est marqué par un défilé d'unités de la Garde nationale, de forces grecques présentes à Chypre, de policiers et de pompiers. Après le défilé national, le président prononce son traditionnel discours. Les magasins et les entreprises de tout le pays peuvent être fermés pour célébrer et observer l'événement. De nombreuses personnes se rassemblent au Monument de la Liberté dans la capitale, qui a été créé en l'honneur des patriotes chypriotes qui ont lutté pour l'indépendance de leur patrie.

Une cérémonie commémorative est également organisée en l’honneur de ceux qui sont tombés en résistant au coup d’État de l’extrême droite grecque du 15 juillet 1974 qui a déclenché l’invasion turque. Des gerbes sont également disposées sur les tombes des prisonniers en l'honneur des treize combattants de la lutte de libération de 1955 à 1959 (EOKA) contre le régime britannique, ainsi que devant la statue de l'archevêque Makarios III, premier président de la République de Chypre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024

Faute d'avoir pu rejoindre la Grèce, Chypre a dû  se doter d'un drapeau national. Lequel ne devait contenir ni les couleurs bleu et rouge, symboles de la Grèce et de la Turquie ni ne figurer de croix ou de croissant. Le dessin qui a remporté le concours est celui du peintre chypriote turc Ismet Guney. Les rameaux d'olivier, sous la carte de l'île, symbolise la paix entre les deux communautés.

 
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1960, Gabon, 17 août, indépendance Bruno Teissier 1960, Gabon, 17 août, indépendance Bruno Teissier

17 août : la fête nationale du Gabon

Le Gabon célèbre une indépendance, acquise le 17 août 1960, mais qu’il n’avait, à l’époque, pas vraiment souhaitée. La fête de l’Indépendance est marquée par un grand défilé. Les festivités sont néanmoins limitées par le couvre-feu, vestige du coup d’État de 2023.

 

Le Gabon célèbre une indépendance, acquise le 17 août 1960, à l’égard de la France. Mais, à l’époque, il n’avait pas vraiment souhaité. Léon Mba, le leader local, avait réclamé la départementalisation de son pays, comme la Guadeloupe ou la Guyane. L'indépendance lui sera finalement imposée par Paris. Le président De Gaulle ayant mis son véto à la demande gabonaise.

Léon Mba est élu président de la république en 1961 (il était le seul candidat). Trois ans plus tard, il sera déposé lors d'un coup d'État puis ramené au pouvoir par une intervention militaire française. À sa mort, Albert-Bernard Bongo (qui deviendra Omar Bongo Ondimba, après sa conversion à l’islam) instaure, en 1967, une dictature soutenue par la France, qu’il lèguera à son fils, Ali Bongo. Il laissera en héritage une fortune considérable, fruit de quatre décennies de pillage de son pays. Ali Bongo a régné jusqu’en 2023, année où il a été renversé par une révolution de palais. Le pays est aujourd’hui dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui se présente comme le « président de la transition »… Le Gabon, ce meilleur élève de la Françafrique, n’a jamais connu la démocratie.

Le Gabon n’était pas une colonie comme les autres, il est devenu français dès 1839 après la signature d'un traité entre la France et un souverain de l'estuaire du Gabon, Antchuwè Kowè Rapontchombo, dit le « roi Denis ». Sa capitale, Libreville a été fondée en 1849 pour accueillir des esclaves libérés comme de Freetown en Sierra Leone. En 1886, le Gabon devient officiellement une colonie française et, malgré la résistance de quelques chefs guerriers fangs, mitsogos ou punus, avant d’être intégré à l’Afrique Equatoriale française (AEF) en 1910. Lors de sa première visite en France en tant que président, Léon Mba déclarait : « Le Gabon est indépendant, mais entre le Gabon et la France rien n’est changé, tout continue comme avant. »Ce pays qui célèbre son indépendance aujourd’hui  a-t-il jamais été vraiment indépendant ? Même si aujourd’hui, le pays se détache de la France pour s’offrir à la Chine qui ne fera qu’une bouchée de ce pays de deux millions d’habitants richement doté en matières premières.

Pour ce 64e anniversaire de l’indépendance au Gabon, le président lance les festivités en allant déposer une gerbe au Mausolée Léon Mba, avant la parade militaire proprement dite de ce mardi 17 aout, à partir de 10h., sur sur le grand boulevard du bord de mer. Les journées du 15, 16 et 17 ont été déclarées fériées. Les festivités sont néanmoins limitées par le couvre-feu, vestige du coup d’État de 2023. Alors que le Gabon s’apprête à vivre littéralement deux semaines de célébrations nationales (jusqu’au 30 août, date de la nouvelle fête de la libération), l’opposition se demande si on peut véritablement fêter la liberté quand celle-ci demeure partielle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 août 2024

 
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1960, Côte d'Ivoire, indépendance, 7 août Bruno Teissier 1960, Côte d'Ivoire, indépendance, 7 août Bruno Teissier

7 août : la fête nationale ivoirienne

La Côte d’Ivoire célèbre le 64e anniversaire de son indépendance, acquise en 1960. Ce jour est aussi sa fête nationale.

 

La Côte d’Ivoire célèbre le 64e anniversaire de l’indépendance, qui est aussi le jour de sa fête nationale. Hier soir, comme c’est la tradition, le président de la république, Alassane Ouattara s’est adressé à ses compatriotes à la télévision. C’est toujours l’occasion d’annoncer quelques mesures. Cette année, c’était l’instauration d’une prime spéciale annuelle destinée aux retraités des secteurs public et privé. Aujourd’hui, 7 août, une démonstration militaire se déroule sur l’autoroute de Grand Bassam, fermée à la circulation. Au défilé de l'armée de terre, s’ajoute une parade motorisée et aérienne ainsi qu’une démonstration de saut en parachute devant les dignitaires du régime et leurs invités étrangers.

L’indépendance a été acquise sans heurt en 1960 après un siècle d’occupation française. Elle a été obtenue sous la conduite de Félix Houphouët-Boigny qui a pris la tête du pays et s’imposera au pouvoir pendant un tiers de siècle. Fils d'un chef baoulé et agriculteur prospère. Houphouët-Boigny avait fondé en 1944, l' Union agricole africaine, premier syndicat agricole de Côte d'Ivoire, qui cherche à regrouper les agriculteurs africains et à défendre leurs intérêts. Il est ensuite devenu un député français et a siégé au gouvernement français avant de diriger son propre pays. Après l'adoption de la loi de réforme de l'outre-mer de 1956, la Côte d'Ivoire devient un État autonome de la Communauté française. Après une période de transition de deux ans, le pays proclame son indépendance le 7 août 1960, avec Houphouët-Boigny, père de l’indépendance, comme premier président.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 août 2024

abidjan.net, 2018

 
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1960, Bénin, indépendance Bruno Teissier 1960, Bénin, indépendance Bruno Teissier

1er août : l’indépendance du Bénin

La fête nationale du Bénin célèbre cette année le 64e anniversaire de l’accession à l’indépendance du Dahomey, une colonie française devenue le Bénin en 1975.

 

La fête nationale du Bénin célèbre cette année le 64e anniversaire de l’accession à l’indépendance du Dahomey, une colonie française devenue le Bénin en 1975.

En 1958, le Dahomey devint une république autonome au sein de l'Union française, entité politique créée pour remplacer l'ancien empire français. Après une période de transition, la République du Dahomey devint totalement indépendante de la France le 1er août 1960, avec Hubert Maga comme premier président du pays. L'anniversaire de cet événement est célébré comme un jour férié.

Ce jeudi 1er août, 3000 soldats défilent sur l’avenue de la Marina, devant Patrice Talon, président de la République, ses invités et la foule en liesse. C’est un peloton bénino-belge qui q pris la tête du défilé pour commémorer les 25 ans de coopération militaire entre le Bénin et la Belgique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er août 2024

 
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1960, RDC, 30 juin, indépendance Bruno Teissier 1960, RDC, 30 juin, indépendance Bruno Teissier

30 juin : la fête nationale de la RDC

La république démocratique du Congo fête son indépendance. Obtenue en 1960, après 75 ans d'occupation belge, mal préparée, elle a été accordée en catastrophe…

 

La République démocratique du Congo fête son indépendance. Obtenue en 1960 après 75 ans d’occupation belge, mal préparée, elle a été accordée en catastrophe. Onze jours plus tard, la riche province du Katanga faisait sécession, un mois plus tard, c’était le tour du Kasaï. Le 4 septembre, le premier ministre Patrice Lumumba, le héros du 30 juin, était destitué, malgré une majorité acquise à l'assemblée... la république du Congo était bien mal partie. Depuis, ce sont des présidents mal élus et contestés qui ont présidé, chaque année, aux festivités de la fête nationale. L’élection présidentielle de 2019 a toutefois offert au pays sa première alternance pacifique même si l’élection de Félix Tshisekedi a été contestée, celui-ci a néanmoins été réélu en décembre 2023 avec plus de 73 % des voix.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 juin 2024

 
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1960, Sénégal, indépendance, 22 avril Bruno Teissier 1960, Sénégal, indépendance, 22 avril Bruno Teissier

4 avril : le Sénégal plus indépendant que jamais

Cette année, la Journée de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, est célébrée sans aucun événement particulier, tout a été annulé par le président sortant. Qu’importe, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, vient de prendre ses fonctions dans une ambiance très festive compte tenu de l’espoir qui est mis dans cette alternance pour une majorité de la population.

 

C’est une célébration très sobre qui est annoncée pour la fête d’indépendance du Sénégal : cette année pas de grand défilé militaire sur le Boulevard De Gaule comme l’an dernier, pas de feux d’artifice… C’est le chef de l’État sortant, Macky Sall, face à l’incertitude sur l’issu du scrutin présidentiel, qui a annulé toutes les manifestations publiques sur l’ensemble du territoire. La fête nationale se limite à une levée des couleurs dans l’enceinte du palais présidentiel. Cet événement symbolique marque le début du mandat de Bassirou Diomaye Faye, qui a pris ses fonctions de président le 2 avril après son élection surprise au premier tour de l’élection présidentielle. Hier, il a nommé son mentor, Ousmane Sonko, à la tête du gouvernement. Cette alternance politique, qui n’était pas évidente il ya quelques semaine, a déjà donné lieu à des festivités, en particulier de la part de la jeunesse. Cette année, on refera pas la fête pour le Jour de l’indépendance.

Cette commémoration de l’indépendance coïncide très symboliquement avec l’arrivée au pouvoir d’un homme, Bassirou Diomaye Faye, qui a farouchement milité pour une rupture plus nette encore avec l’ancienne puissance coloniale qu’est la France.

Paris avait déjà pris ombrage de la non-condamnation par Dakar de l’agression russe, manière de montrer que le Sénégal n’était pas aux ordres des Occidentaux. Cela dit, arrivée au pouvoir le nouveau président a quelque peu modéré ses projets de rupture. La présence de soldat français sur le sol sénégalais n’est pas remise en cause, la disparition du franc CFA non plus, même si le nouveau président entend bien le réformer en profondeur. Le Sénégal du président Faye s’affiche plus indépendant sans toutefois tourner le dos à l’ancienne métropole comme l’ont fait le Mali ou le Niger récemment. Admirateur de Barack Obama et de Nelson Mandela, M. Faye se dit panafricaniste « de gauche » et prône le rééquilibrage des partenariats internationaux.

Cette Fête de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, fait référence à l'accord signé le 4 avril 1960 entre la France et la Fédération du Mali, qui débouchera sur une indépendance proclamée le 30 juin suivant. Cette fédération fondée en janvier 1959 rassemblait, à l’origine, les colonies françaises du Dahomey (Bénin actuel), de Haute-Volta (devenu Burkina Faso), de l’ex-Soudan Français (le Mali) et du Sénégal. L’idée de l’époque, selon l’idéal panafricanisme, était de fonder de grandes entités politiques capables de tenir tête aux impérialismes européens et américain en Afrique. Mais, très vite les deux premiers pays se sont dissociés du projet et au moment de l’indépendance, il ne restait plus que le Sénégal et le Mali entre lesquels, les projets politiques ont rapidement divergé. Léopold Sédar Senghor (le leader sénégalais) était partisan du maintien des relations étroites avec l'ancien colonisateur français alors que Modibo Keita (leader malien) envisageait une africanisation accélérée et avait une position plus radicale. La rupture eut lieu le 20 août 1960, une semaine avant la première élection présidentielle. Finalement, Léopold Sédar Senghor y sera élu premier président de la toute nouvelle république du Sénégal le 5 septembre 1960. Contrairement à ce qui s’est passé dans certains pays d’Afrique, l’indépendance, longtemps réclamée avec le cri Mom sa reew ! (l’indépendance en wolof) aura été acquise sans violence.

La fête nationale du Sénégal commémore le 4 avril, jour où l’indépendance a été négociée et non celui où elle a été proclamée, le 30 juin suivant, une date qui n’est pas commémorée, pas plus que ne l’est le 20 août qui marque la rupture avec le Mali. À l’inverse, le Mali préfère célébrer sa seconde proclamation d’indépendance, celle du 22 septembre 1960, une fois la rupture avec le Sénégal totalement consommée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2024

 

Timbre émis en 1961 à l’occasion de la première fête de l’indépendance (graveur : Pierre Gandon)

Défilé de la fête de l'indépendance (4 avril 2022) à Ngor, petite localité du Sénégal.

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1960, Tchad, indépendance, 11 août Bruno Teissier 1960, Tchad, indépendance, 11 août Bruno Teissier

11 août : la fête nationale du Tchad

Le 11 août 1960 à Fort Lamy (l'actuelle N'Djaména, capitale du Tchad), François Tombalbaye, premier président du Tchad, proclamait l'indépendance. Depuis les années 1980, le pays est néanmoins un des principaux points d’appui, peut-être le dernier, de la France au Sahel.

 

Le 11 août 1960 à Fort Lamy (l'actuelle N'Djaména, capitale du Tchad), François Tombalbaye, premier président du Tchad, proclamait l'indépendance après un discours du ministre français de la Culture, André Malraux, représentant le général de Gaulle à la cérémonie. Quelques heures plus tard, un grand défilé de l'indépendance est organisé à Fort Lamy et on va hisser le premier drapeau du nouveau pays.

La jeune démocratie ne durera pas. En janvier 1962, un régime à parti unique sera instauré par le président Tombalbaye, qui sera assassiné en 1975. Après une période troublée, c’est Idriss Déby qui prend le pouvoir en 1990. Trente ans plus tard, il profite du 60e anniversaire de l’indépendance, le 11 août 2020, pour se proclamer maréchal. Mais, il sera assassiné en 2021, au début de son 6e mandat. Un de ses fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno le remplace, comme président de transition. Des élections sont prévues en octobre prochain.

Le Tchad, colonisé par la France en 1900, est indépendant depuis 1962. Le premier président putschiste, Félix Malloum, demandera la fermeture de la base militaire française au Tchad. Mais son successeur, président Hissène Habré qui a pris le pouvoir en 1975, demandera l’aide de la France une première fois en 1983, puis à nouveau en 1986 (l’opération « Épervier » ). Ensuite, le soutien français au gouvernement tchadien sera plus discret, mais constant jusqu’à aujourd’hui. De 2014 à 2022, l’opération Barkhane, a son siège à N’Djaména. France dispose toujours d’une base militaire au Tchad, qui est son dernier vrai point d’appui dans la région depuis le récent putsch au Niger.

Le jour de l'indépendance du Tchad est célébré dans tout le pays. Il est marqué par des animations et des événements festifs, des discours publics, des défilés de rue, des concerts en plein air, des danses traditionnelles et des matchs de football associatif.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 août 2023

 
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1960, République dominicaine, Femmes, ONU, 25 novembre Bruno Teissier 1960, République dominicaine, Femmes, ONU, 25 novembre Bruno Teissier

25 novembre :  la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Cette journée internationale fixée par l’ONU fait référence à un triple assassinat perpétré il y a 62 ans par le dictateur de la République dominicaine. Sa coïncidence avec la fête des catherinettes tient du hasard.

 

La question se pose avec plus ou moins d’acuité selon les régions du monde mais aucun pays n’est vraiment épargné. C’est en 1993 que l'Assemblée générale des Nations unies a adopté la « Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes » dans laquelle elle définit les actes de violence dirigés contre le sexe féminin ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Le 17 décembre 1999, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies proclame finalement le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes. L'ONU a invité les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à organiser des activités pour sensibiliser le public au problème de cette journée comme une célébration internationale.

Un Européen de culture catholique pourrait penser que la journée avait été fixée le 25 novembre en raison de la fête des catherinettes. Laquelle pouvait être vue comme un élément de violence psychologique puisqu’elle constituait une injonction de se marier avant ses 25 ans… En réalité, la date fait référence à une histoire bien plus tragique : l’élimination de trois opposantes au dictateur dominicain, Rafael Trujillo. Il s’agit de Patria, Minerva et María Tereza Mirabal, trois sœurs dont le véhicule a été arrêté sur la route de Puerto Playa à Saint-Domingue par les hommes de main du dictateur. La rafale de balle les ayant épargnées, elles ont été assassinées à la machette, remise dans leur voiture avec leur chauffeur et le véhicule a été précipité du haut d’une falaise. C’était le 25 novembre 1960. Soit, six mois avant que le dictateur ne meure, à son tour, assassiné d’une rafale de mitraillette, lui aussi lors d’une embuscade sur une route.

C’est en 1981 que des militants en faveur des droits des femmes ont choisi la date du 25 novembre comme journée de lutte contre la violence, en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du président de la République dominicaine. L’ONU reprendra cette date à son compte. La Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes donne, en fait, le coup d'envoi de 16 jours d'activisme qui se termineront le 10 décembre, jour de la commémoration de la Journée internationale des droits humains. Ce même jour, hasard du calendrier, Annie Ernaux recevra le prix Nobel de littérature pour une œuvre empreinte de féminisme.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 novembre 2024

 

billet de 200 pesos de la République dominicaine

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1960, 1990, Mauritanie, 28 novembre, massacre, indépendance Bruno Teissier 1960, 1990, Mauritanie, 28 novembre, massacre, indépendance Bruno Teissier

28 novembre : en Mauritanie, jour de fête et jour de deuil à la fois 

C’est la fête de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 28 novembre 1960, c’est aussi l’anniversaire du massacre d’Inal, symbole des persécutions des Afro-Mauritaniens.

 

Aujourd’hui, c’est la Fête de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 28 novembre 1960 après quelque 70 ans d’occupation française. Commémorée chaque année, cette date est devenue la fête nationale de la Mauritanie. C’est l’occasion d’un défilé militaire, qui peut être perturbé par des manifestations.

Cette journée est aussi une journée de deuil pour tous les Afro-Mauritaniens et les défenseurs des droits de l’homme, bien peu respectés dans ce pays, en particulier  quand il s’agit de la communauté noire. Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, la date n’avait pas été choisie au hasard, 28 soldats mauritaniens sont pendus les uns après les autres à Inal, dans le nord-ouest du pays. Tous sont négro-africains. Ils ont été sélectionnés parmi les manifestants arrêtés au cours des jours précédents. Ce jour-là, la Mauritanie célébrait le 30e anniversaire de son indépendance.

En 1986, plusieurs cadres des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM), un mouvement d’opposition fondé clandestinement en 1983, publient un « Manifeste du Négro-Mauritanien », pour dénoncer les persécutions qu’ils subissent.

En 1989, sous prétexte d’un incident transfrontalier, les autorités avaient expulsé plus de 60 000 Afro-Mauritaniens vers le Mali et le Sénégal. Leurs papiers ont été détruits, leurs terres et maisons confisquées, très peu pourront revenir. À la fin de l’année 1990, environ 3 000 militaires afro-mauritaniens sont mis aux arrêts. Entre 500 et 600 d’entre eux sont exécutés ou décèdent des suites de tortures. Le massacre d’Inal est le symbole de cette répression sanglante, il est loin d’être le seul. En 1993, une loi d’amnistie a fini par jeter une chape de plomb sur « les années de braises » (1986-1991). Les massacres demeurent encore aujourd’hui un véritable tabou national.

Le président Mohamed Ould Ghazouani, en poste depuis août 2019, n’a pas fait bouger les choses. Ce n’est pas faute d’avoir été interpellé par des manifestants alors qu’il assistait, le 28 novembre 2020, à deuxième défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale. 36 des manifestants ont été jetés en prison et les festivités de la fête nationale ont repris leur cours. Parmi eux figuraient plusieurs orphelins de victimes du massacre d'Inal dont c’était le 30e anniversaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2021

 
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1960, Centrafrique, indépendance, 13 août Bruno Teissier 1960, Centrafrique, indépendance, 13 août Bruno Teissier

13 août : la fête d'indépendance dans une Centrafrique en proie aux violences

La Centrafrique célèbre le 61e anniversaire de son indépendance acquise en 1960. Malheureusement, elle n’a toujours pas acquis sa pleine souveraineté et ne maîtrise désormais plus totalement son territoire.

 

La Centrafrique célèbre le 61e anniversaire de son indépendance. Malheureusement, ce pays n’a toujours pas acquis sa pleine souveraineté et ne maîtrise désormais plus totalement son territoire. Certes, les forces gouvernementales ont réussi depuis le début de l’année 2021 à reprendre aux rebelles plusieurs agglomérations et une bonne partie des deux tiers du pays qu’ils contrôlaient depuis plusieurs années, essentiellement grâce au renfort de soldats rwandais et à la présence de centaines de paramilitaires russes combattant à leurs côtés. Ces derniers sont des hommes du groupe privé russe de sécurité Wagner. La Centrafrique est aujourd’hui la tête de pont de la présence russe en Afrique centrale.

C’est donc, un pays profondément marqué par la violence qui fête aujourd’hui son indépendance. La Centrafrique est, en effet, en proie à de graves troubles depuis 2013. La population y subit les exactions commises par les rebelles, mais aussi celle des forces gouvernementales et leurs alliés russes. L’ONU dénonce des exécutions sommaires et extrajudiciaires, des actes de torture et de mauvais traitements, des arrestations et détentions arbitraires, des violences sexuelles liées au conflit et des violations graves aux droits de l’enfant… Sans compter les attaques contre ses propres casques bleus.

L’ancienne colonie française de l’Oubangui-Chari, le nom colonial du pays, a obtenu son indépendance le 13 août 1960. Mais hormis quelques cadres de la trempe de Barthélémy Boganda, le père fondateur de la nation, mort avant l’indépendance, le pays était totalement dépourvu d’élites capables de le gérer. Au XIXe siècle, il avait été confié par la France à une quarantaine de compagnies concessionnaires françaises très mal surveillées qui ont soumis le pays au pillage au lieu de lui offrir les infrastructures annoncées par la puissance coloniale. Un dramatique déficit en équipement scolaire, notamment, a prévalu jusqu’à l’indépendance. La Centrafrique a subi un sort comparable à celui du Congo du roi Léopold et se trouve aujourd’hui dans une situation toute aussi dramatique.

Pour égayer ce jour de fête, ce 61e anniversaire de la proclamation de l’indépendance de la République centrafricaine est placé sous les couleurs de la première grande fête des cultures et de la solidarité nationale baptisée « Ndara ti BéAfrica ». À l’ouverture de cette journée nommée  « I yeke gui oko »,  une grande caravane de la solidarité de danseurs sillonne aujourd’hui les grandes artères de la capitale centrafricaine.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 août 2021

 
Barthélémy Boganda, le père de l'indépendance de la RCA, mort le 29 mars 1959, dans un accident d’avion

Barthélémy Boganda, le père de l'indépendance de la RCA, mort le 29 mars 1959, dans un accident d’avion

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Liberia, Unité, 14 mai Bruno Teissier Liberia, Unité, 14 mai Bruno Teissier

14 mai : au Liberia, c'est Unification Day

Un jour férié tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003.

 

Ce jour férié décrété par la présidente Elen Johnson Sirleaf en 2010 est tout à fait de bon aloi dans un pays qui a été ravagé  par deux guerres civiles consécutives entre 1989 et 2003. La date du 14 mai fait référence à un discours de 1960 prononcé par le président William VS Tubman (1944-1971), lequel était parvenu à réduire l’animosité historique entre l’élite américano-libérienne et les autochtones. Mais celle-ci est devenue explosive trente ans plus tard. Même si le Liberia a aussi subi une terrible épidémie de fièvre Ebola dans les années 2014-2015 – et par chance, la pandémie actuelle de covid-19 le touche peu –, le pays a été plus encore éprouvé par les guerres civiles. Aujourd’hui, les risques politiques liés à son histoire particulière sont toujours latents. Une rechute est toujours possible.

On se souvient que le Liberia a été fondé au XIXe siècle pour des esclaves noirs américains affranchis. Entre 1822 et 1861, des milliers de Noirs libres ont été réinstallés dans la colonie de Cape Mesurado, territoire contrôlé par les Américains.  Mais les autochtones, demeurés largement majoritaires, n’ont pas participé à la création de cet État. Ils ont même subi le travail forcé autorisé jusqu’en 1936. Même s’ils ont fini par obtenir le droit de vote, en 1944, ces derniers se sont longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone par rapport aux colons et à leurs descendants. Cette division sociopolitique est à l’origine des deux guerres civiles qui ont ravagé le pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2021

 
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1960, Madagascar, 26 juin, indépendance Bruno Teissier 1960, Madagascar, 26 juin, indépendance Bruno Teissier

26 juin : les 60 ans d’indépendance de Madagascar

L’ambiance est à la morosité en ce jour de fête nationale. Ce qui devait être une fête exceptionnelle mais l’épidémie de civid-19 en décidé autrement. Seul le défilé militaire, sans public a été maintenu sur l’avenue de L’Indépendance.

 

L’ambiance est à la morosité en ce jour de fête nationale. Ce qui devait être une fête exceptionnelle mais l’épidémie de Covid-19 en a décidé autrement.  Seul le défilé militaire, sans public a été maintenu sur l’avenue de L’Indépendance. Le site sera bouclé et n’accueillera pas de public, à l’exception des invités officiels installés sur le parvis de la Mairie.

 Les Malgaches fêtent l'indépendance de leur île vis-à-vis de la France, acquise le 26 juin 1960, 2 ans après la proclamation de la République démocratique de Madagascar au sein de la communauté française. La Grande île était occupée par les Français depuis les dernières années du XIXe siècle, soit au moins deux générations marquées par le travail forcé et des massacres notamment en 1897 et en 1947, la répression féroce de la grande insurrection de l’île. Cela dit, la Première République malgache est considérée comme une continuité de l’occupation coloniale, et pour beaucoup, ce n’est qu’à partir de 1972 que Madagascar a obtenu sa « véritable » indépendance. Une indépendance qui n’a guère profité à la Grande île, laquelle figure aujourd’hui parmi les cinq pays les plus pauvres du monde.

D’ordinaire, les marches populaires dans les nuits du 25 et 26 juin, un arendrina (lampion) à la main, éclairés par la flamme d’une bougie. Ces lampions en papier « vita malagasy », sont indissociables à la fête nationale du 26 juin.

 Habituellement, le 26 juin, les cérémonies officielles donnent lieu à un défilé militaire, tandis que des spectacles d’opéra hira gasy sont organisés dans les différents quartiers. La nuit venue, l’heure est aux bals aux rythmes du tsapiky, du salegy, et de l’incontournable afindrafindrao. Dans les autres villes du pays et dans les campagnes, la fête est organisée sous de multiples formes, la danse et la musique y ayant toujours une place essentielle. Ces festivités ont lieu dans toutes les villes de Madagascar : c’est l'occasion d'un véritable bain de foule populaire, de brochettes, de musique à tout rompre, de beuveries et d'échanges culturels... En 2020, pour les 60 ans d'indépendance, la fête devait être plus intense que d’ordinaire.

Cette année, aucun lampion ne brille. Il fait relativement froid la nuit, c’est l’hiver austral. En dépit d’un remède miracle promu par le président Andry Rajoelina (le Covid Organics, un remède à base d’artémisia), le coronavirus se propage rapidement dans la capitale selon le bilan de l’épidémie publié dimanche par le ministère de la Santé publique. Face à la recrudescence des contaminations, l’inquiétude monte. Si de son côté, les autorités martèlent que la situation est maîtrisée, les statistiques semblent dire le contraire. Si bien que les festivités sont réduites au minimum. Une déconvenue qui n’a pas empêché les bâtiments publics d’être pavoisés aux couleurs blanc rouge vert et de voir une multitude de drapeaux fleurir dans tout le pays, des fenêtres des habitations aux frontons des entreprises ou du mobilier urbain. 

Pour la fête, on se réserve pour le 14 octobre prochain, anniversaire de la Première République malgache qui a été instituée en 1958.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 juin 2020

 
L’armée fête elle aussi son 60e anniversaire

L’armée fête elle aussi son 60e anniversaire

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1960, Togo, indépendance Bruno Teissier 1960, Togo, indépendance Bruno Teissier

26 avril : 60 ans d'indépendance mais toujours pas de démocratie au Togo

Le Togo fête le 60e anniversaire de son indépendance alors que le pays est menacé par le coronavirus mais la fête nationale du Togo est également perturbée par l’arrestation, il ya quelques jours, de Agbeyomè Kodjo, ancien premier ministre et candidat à la présidentielle. Le pays est toujours en attente de démocratie.

 

Le Togo fête le 60e anniversaire de son indépendance alors que le pays est menacé par le coronavirus (une centaine de cas, après plus d’un mois d’épidémie), même s’il est beaucoup moins touché que son voisin le Ghana. Beaucoup plus que par la pandémie, la fête nationale du Togo est avant tout perturbée par l’arrestation, il y a quelques jours, d’Agbeyomè Kodjo, ancien premier ministre et candidat à la présidentielle du 22 février dernier dont il conteste les résultats et revendique la victoire. Agbeyomè Kodjo a finalement été relâché vendredi soir, mais l’affaire divise profondément  les Togolais.

C’est donc le président reconduit dans des conditions contestées, Faure Gnassingbé, qui  procède à la réanimation de la flamme de l’indépendance ce dimanche 26 avril 2020 à 18 heures, en présence des présidents des Institutions de la République et des personnalités distinguées invitées à cette cérémonie ; et ceci dans le strict respect des mesures barrières prises par le gouvernement contre la propagation du Covid-19.

Après avoir refusé de s’unir au Ghana, le Togo est devenu indépendant le 27 avril 1960  et il a obtenu un siège à l'ONU en septembre de la même année. Cette ancienne colonie allemande avait été partagée en 1914 entre Français et Anglais. Le Togo anglais s’est fondu dans le Ghana en 1956, ce qu’a refusé le Togo français qui, lui, devenait la République autonome du Togo. En février 1958, la victoire du Comité de l'unité togolaise aux élections ouvrait la voie à une indépendance complète du pays, confirmée six mois plus tard par la levée de la tutelle du pays par l'ONU.

Sylvanus Olympio est élu président contre Nicolas Grunitzy, le candidat soutenu par la France, lors d'élections supervisées par l'ONU. En 1963, Olympio sera renversé et tué lors du premier coup d’État de l’histoire du continent africain qui mettra Grunitzy au pouvoir pour quatre ans, avant d’être lui-même, à son tour, renversé. En 1967, c’est le major Gnassingbé Eyadéma qui récupère le pouvoir, il impose sa dictature au Togo durant presque quatre décennies, de 1967 à 2005. Ensuite, c’est son fils, Faure Gnassingbé qui hérite du pouvoir et s’y maintient grâce à des élections successives à l’honnêteté douteuse

Le Togo célèbre 60 ans d’indépendance, mais pas de démocratie. Le 13 janvier dernier, la famille Gnassingbé fêtait ses 53 ans de règne sur le Togo. Récemment, Faure Gnassingbé a fait modifier la constitution laquelle limite désormais le nombre de mandats à deux, mais à partir de 2020 seulement. Bébé Gnass (son surnom) acceptera-t-il de céder le pouvoir à l’issu son cinquième mandat, en 2030 pour les 70 ans de l’indépendance ?

Compte tenu de la pandémie de coronavirus et des mesures sanitaires imposées, les grandes réjouissances populaires, des bals ou des manifestations sportives et le traditionnel défilé militaire ne seront pas organisés pour cet anniversaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 avril 2020

 
Le Monument de l'Indépendance a été construit en hommage à l'indépendance du Togo vis-à-vis de la France le 27 avril 1960. Il est l’œuvre de Georges Coustère, assisté de Djato Monsila et d’un tout jeune artiste togolais, Paul Ahyi. Il marque le pays…

Le Monument de l'Indépendance a été construit en hommage à l'indépendance du Togo vis-à-vis de la France le 27 avril 1960. Il est l’œuvre de Georges Coustère, assisté de Djato Monsila et d’un tout jeune artiste togolais, Paul Ahyi. Il marque le paysage urbain de Lomé, la capitale.

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