L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

Bruno Teissier Bruno Teissier

4 avril : un anniversaire bien morose pour l’OTAN

L’OTAN qui fête aujourd'hui son anniversaire existe encore mais qu’en est-il de l’alliance sur laquelle elle repose ? Sa principale puissance militaire a-t-elle déjà totalement basculé en faveur de Moscou ? Sans la moindre festivité, ce 76e anniversaire est marqué par une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres.

 

Chaque année l’OTAN, célèbre son anniversaire le 4 avril. C’est la Journée de l'OTAN (NATO Day), une journée commémorant sa fondation par la signature du Traité de l'Atlantique Nord le 4 avril 1949. Elle est fêtée dans tous les pays alliés avec plus ou moins de conviction selon les années. En 2024, les 75 ans de l’OTAN ont été célébrés tout au long de l’année par des manœuvres militaires de grande ampleur, mais aussi des festivités, une fresque peinte à Sofia, une course à pied à Budapest, un concert dans le théâtre San Carlos de Naples… À cause de la guerre en Ukraine, l’Otan avait retrouvé du dynamisme, notamment avec les récentes adhésions de la Finlande et de la Suède. Elle compte aujourd’hui 32 États, dont 12 membres fondateurs.

En 2025, pour le 76e anniversaire, l’ambiance a totalement changé suite à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Cela faisait quelques années que la fiabilité à l’égard de ses alliés, de la principale puissance militaire de l’OTAN était interrogée. Aujourd’hui la question ne se pose plus, elle s’est évanouie en quelques semaines. Le 24 février, à l’ONU, les «États-Unis joignaient leur voix à celle de la Corée du Nord, du Nicaragua et de l’Érythrée pour soutenir la Russie contre l’Ukraine. Ostensiblement, Washington a émis un vote opposé à celui de ses autres partenaires de l’OTAN (la Hongrie exceptée).

L’article 5 du traité stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. Cet article, pivot de l’alliance fonctionnerait-il ? Le doute est permis. L’Alliance atlantique existe-t-elle encore ?

Ce 4 avril 2025, pas de festivités, mais une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, au siège de Bruxelles, pour discuter de la sécurité mondiale et prendre des décisions importantes. L’événement de la journée sera la conférence de presse du Secrétaire général. Que va annoncer Mark Rutte qui occupe ce poste depuis octobre 2024 seulement et qui s’est montré bien falot devant Donald Trump, incapable d’un mot pour défendre l’Ukraine ? Washington qui avait initié l’OTAN en 1949 pour contrer les ambitions de Moscou en Europe, a-t-elle totalement pris fait et cause pour son ancien ennemi ? Pour ses partenaires le doute s’est installé définitivement.

PS. Cet anniversaire de l’OTAN ne doit pas être confondu avec la Journée de l’OTAN qui se déroule chaque année, en septembre, à Ostrava (Tchéquie) et qui est un salon du matériel militaire (cette année, les 21 et 22/9). La Roumanie, quant à elle, célèbre chaque premier dimanche d’avril sa propre Journée de l’OTAN. Et la Lituanie, c’est le 29 mars qu’elle fête son adhésion à l’OTAN.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2025

Des soldats allemands, espagnols et américains posent pour une photo avec le drapeau de l'OTAN pendant l'exercice Steadfast Defender 24 – le plus grand exercice militaire OTAN organisé pendant l'année du 75e anniversaire, avec plus de 90 000 soldats des 32 Alliés. La photo a été prise en Pologne, en avril 2024. (Photo : US Army/Sgt Omar Joseph Sr.)

 
Lire la suite
1949, Chine, marine nationale, 23 avril Bruno Teissier 1949, Chine, marine nationale, 23 avril Bruno Teissier

23 avril : les 75 ans de la marine chinoise, l’ambition d’une puissance mondiale

La Chine dispose aujourd’hui de la deuxième flotte mondiale, en tonnage, après celle des États-Unis. Une position relativement récente pour un pays qui n’a pas de tradition maritime ancienne, qui révèle les ambitions géopolitiques que nourrie l’Empire du Milieu dans la région, mais aussi à une échelle beaucoup plus large.

 

La Chine dispose aujourd’hui de la deuxième flotte mondiale, en tonnage, après celle des États-Unis. Une position relativement récente pour un pays qui n’a pas de tradition maritime ancienne. Cela révèle les ambitions géopolitiques que nourrie l’Empire du Milieu dans la région, mais aussi à une échelle beaucoup plus large.

L'Armée populaire de libération chinoise (APL) a été fondée en 1927  mais, c’est en 1949 seulement, le 23 avril, que Mao Zedong, affirmant que son pays avait besoin d’une marine puissante pour s'opposer aux agressions impérialistes, décide de doter la République populaire de Chine d’une marine. C’est cet anniversaire qui est fêté chaque année. La Journée de la Marine en Chine (中国海军日) est marquée par des défilés militaires, des cérémonies et d'autres événements organisés dans les bases navales. Son objectif principal est de montrer au monde la puissance de la marine de guerre chinoise.

La marine de l'Armée populaire de libération comprend la Force sous-marine, la Force de surface, la Force de défense côtière, le Corps des Marines et la Force aérienne navale. Elle est divisée en trois flottes : celle de la mer du Nord (basée en mer Jaune et dans le golfe de Bohai, dont le siège est à Qingdao), la flotte de la mer de l'Est (basée en mer de Chine orientale, dont le siège est à Ningbo) et la flotte de la mer du Sud ( basée en mer de Chine méridionale et dans le golfe du Tonkin, dont le siège est à Zhanjiang). C’est la deuxième plus grande marine au monde, derrière l’US Navy.

Depuis quelques décennies, la Chine cherche à s’imposer sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une voie maritime  pour plus de 3 000 milliards de dollars de commerce maritime annuel. Mais ses revendications territoriales chevauchent celles des Philippines, du Vietnam, de la Malaisie et de Brunei. En 2016, un tribunal d'arbitrage international de La Haye a déclaré que les allégations de la Chine n'avaient aucun fondement juridique, une décision que Pékin a rejetée.

Ses ambitions, toutefois, ne se limitent pas à la mer de Chine. Celle-ci est de plus en plus présente dans le Pacifique sud, ainsi qu’en Afrique orientale, en s’appuyant sur sa base navale de Djibouti. La Chine a mené, le mois dernier, des exercices militaires conjoints avec la Russie et l’Iran dans le golfe d’Oman…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 avril 2024

 
Lire la suite
1949, Lettonie, URSS, Goulag, déportations, 25 mars Bruno Teissier 1949, Lettonie, URSS, Goulag, déportations, 25 mars Bruno Teissier

25 mars : la Lettonie commémore les déportations au Goulag

En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations opérées par Moscou et qui ont débuté le 25 mars 1949. En l’espace de trois jours, elles ont fait disparaître de Lettonie quelque 2,5% de la population du pays.

 

En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations de 1949. C’est  le jour du souvenir des victimes de la terreur communiste (komunistiskā terora upuru piemiņas diena).

Dans la nuit du 24 au 25 mars 1949, les habitants de nombreuses fermes lettones ont été réveillés par des coups de fusil ou de lourdes bottes frappant la porte. Des soldats et officiers des troupes internes du ministère soviétique de la Sécurité d'État, épaulé par des militants soviétiques locaux, se sont pointé dans de nombreux villages et ont annoncé aux victimes qu’elles avaient deux heures pour récupérer quelques affaires en vue d’un voyage vers la Sibérie. Environ 43 000 habitants ont été ainsi déportés de Lettonie vers l’est de l’URSS et une partie d’entre eux a été enfermée au Goulag sans aucune décision de justice. Épuisés certains ne sont même pas parvenus à destination, la majorité des déportés étant des enfants et des personnes âgées.

La déportation des Lettons avait été soigneusement planifiée et approuvée à Moscou le 29 janvier 1949. La mise en œuvre de ce plan a été réalisée le 25 mars et a duré jusqu'au 28 mars. 42 133 paysans et patriotes lettons ont été ainsi déportés de force. Cela représentait environ 2,5 % de la population de l’époque. Ils ont été envoyés  principalement dans les régions de Krasnoyarsk, Omsk, Tomsk, Amur, Novossibirsk. Environ 73% des déportés étaient des femmes et des enfants de moins de 16 ans. De plus, entre 136 000 et 190 000  ont été emprisonnés et déportés vers les camps de concentration soviétiques (le Goulag). Peu nombreux sont ceux qui reviendront.

À Riga, la commémoration de la déportation du 25 mars 1949 et les victimes du génocide communiste, débute à 10 heures par un moment de recueillement à la gare de Škirotava. À 12h30, il y a une procession du Musée de l'occupation lettone au Monument de la Liberté, où à 13h00 est organisée une cérémonie de relève de la garde d'honneur et de dépôt de fleurs. À 17 heures, puis à 20 h, des concert ont lieu en l'église Saint-Pierre de Riga. Une autre commémoration a également lieu chaque 14 juin en mémoire des déportations de 1941 dans les trois pays baltes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2023

 
Lire la suite