L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

6 juin : le Memorial Day de la Corée du Sud

Ce jour du souvenir célèbre les morts au combat et fait référence à une bataille fameuse qui fut un tournant de la lutte contre l’occupation japonaise.

 

Chaque 6 juin à 10 heures, une sirène retentit dans tout le pays, annonçant une minute de silence et de recueillement. Le drapeau national flotte un peu partout durant cette journée de deuil. Ce Jour du Souvenir (현충일) est un jour férié coréen, institué en 1956, qui commémore ceux qui sont morts pendant leur service militaire pendant des guerres ou des batailles, principalement pendant la guerre de Corée. Pendant ce conflit, la Corée du Sud était soutenue par une force de l'ONU dirigée par les États-Unis, tandis que la Chine et l'Union soviétique se battaient pour la Corée du Nord.

La date du 6 juin fait référence à la bataille de Fengwudong (봉오동 전투) qui a opposé les milices indépendantistes aux forces japonaises qui occupaient le pays et a eu lieu les 6 et 7 juin 1920. Cette bataille marqua un tournant de la lutte anticoloniale.

Le 6 juin est l’occasion de distinguer quelques héros. En 2021, par exemple, le gouvernement avait remis à titre posthume la plus haute distinction honorifique sud-coréenne à Hong Beom-do, un symbole de cette lutte anti coloniale qui est aussi le héros de la communauté coréenne du Kazakhstan (les Coréens déportés en 1937 par Staline, dont Hong Beom-do). Leurs descendants sont au nombre de 100 000 toujours présent au Kazakstan.

De son côté, la Corée du Nord célèbre chaque 6 juin, la Journée de la Fondation de l'Union des enfants coréens est un jour férié. C’est le jour où les nouveaux enfants de 9 ou 10 ans sont admis dans les rangs de l'Union (un mouvement d’embrigadement de la jeunesse en fondé par Kim Il-Sung, le 6 juin 1946). À 15 ans, les adolescents nord-coréens rejoignent ensuite la Ligue de la jeunesse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 juin 2024

 

Timbre émis à l’occasion du centenaire de la bataille de Fengwudong

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1920, Hongrie Bruno Teissier 1920, Hongrie Bruno Teissier

4 juin : Trianon, dangereuses nostalgies hongroises

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voila ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation… Victor Orban en joue et en abuse pour bâillonner l’opposition et se maintenir au pouvoir selon les mêmes recettes que celles de son homologue turc dont il se sent proche. On ne s’étonnera pas qu’il soit aussi un soutien de Poutine avec qui il partage les litanies nationalistes et victimaires.

 

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voilà ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation ! Cette litanie nationaliste et victimaire élude le fait que la Grande Hongrie perdue n’était pas un État-nation mais un empire, ou plutôt un demi-empire puisque l’Autriche et la Hongrie étaient associées sous une même couronne dans l’Empire austro-hongrois. C’est un peu comme si aujourd’hui les Autrichiens pleuraient leur royaume perdu sans se soucier des aspirations des Tchèques ou des Slovènes qui ne disposent de leur propre État que parce que l’Empire a éclaté. Il en est de même des Croates ou des Slovaques qui aspiraient, eux aussi, à leur liberté. Sans l’éclatement de la Grande Hongrie, leurs pays n’existeraient pas.

Ce jour sinistre que les Hongrois, travaillés par les mouvements nationalistes au pouvoir, commémorent aujourd’hui, c’est la signature du Traité du Trianon, le 4 juin 1918 à 16h34. Les cloches de toutes les églises de Hongrie vont sonner à cette heure-là, ce 4 juin 2020. Victor Orban a fait de cet anniversaire la Journée de l’Unité nationale (Nemzeti összetartozás napja), créée en 2010 (pour le 90e anniversaire) et célébré par de nombreuses manifestations culturelles à vocation nostalgique.

Certes, il en aurait pu en être autrement. L’État nation n’est pas forcément un idéal, une fédération de peuples aurait pu se concevoir dans le cadre d’un empire austro-hongrois rénové et surtout démocratique. Il aurait pu tenir tête à l’Allemagne de Hitler… Or la classe politique hongroise, avant 1918, avait toujours refusé le suffrage universel. Une situation intenable au début du XXe siècle. Les Hongrois ont payé à Trianon leur obscurantisme et leur posture de supériorité face aux autres peuples. Le discours nationaliste nous raconte aujourd’hui qu’en 1918 sur les 23,4 millions d’habitants que comptait la Grande Hongrie, il n’en restait plus que 7,6 millions en Hongrie (dans son contour de 1920, celui de 2020) et que 3 millions de Hongrois étaient demeurés à l’extérieur du pays. Les chiffres sont justes et on comprend le choc de ces Hongrois devenus des minorités dans tous les pays entourant la nouvelle Hongrie. Mais quid des 10 millions restant ? Des Croates, des Roumains, des Slovaques… En définitive, numériquement, le Traité de Trianon a fait bien plus d’heureux que de déçus ! Les nationalistes hongrois pleurent aujourd’hui encore la perte de leur débouché sur la mer Adriatique, mais le port de Rijeka (Fiume) était peuplé d’Italiens et ses faubourgs de Croates, pas l’ombre d’un Hongrois excepté des fonctionnaires envoyés de Budapest.  Certes, à quelques dizaines de kilomètre près, on aurait pu tailler la Hongrie un tout petit peu plus large pour y inclure les populations hongroises vivant aux abords de la frontière actuelle, mais rien à voir avec les contours revendiqués chaque 4 juin par Budapest. Voilà, la Hongrie était dans le camp des perdants, en 1918 puis à nouveau en 1945. Quel autre pays d’Europe, hormis l’Allemagne, était dans ce cas ? L’histoire a ses règles, implacables.

Il serait bien que la Hongrie profite de ce centenaire (et un peu plus) pour faire un deuil définitif d’un irrédentisme totalement anachronique, mais ce discours est tellement utile au maître des lieux pour imposer son pouvoir qu’il ne semble pas devoir s’éteindre. L’exacerbation du nationalisme a permis à Victor Orban de bâillonner les libertés en Hongrie. Il n’est pas prêt à renoncer à un discours qui semble inusable depuis plus d’un siècle, les dernières élections l’ont reconduit au pouvoir, notamment avec le vote des Hongrois de l’extérieur à qui il a distribué des passeports hongrois et des cartes d’électeurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2023

 
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1920, Turquie, enfants, 23 avril Bruno Teissier 1920, Turquie, enfants, 23 avril Bruno Teissier

23 avril : en Turquie, Journée de la souveraineté nationale et des enfants

La date de ce jour férié turc fait référence à la séance inaugurale de la Grande Assemblée nationale, le nouveau parlement turc, convoqué le 23 avril 1920. C’est en 1927, que Mustafa Kemal en a aussi fait la fête des enfants.

 

La date de ce jour férié turc fait référence à la séance inaugurale de la Grande Assemblée nationale, le nouveau parlement élu en avril 1920, convoquée le 23 avril 1920 par Mustapha Kemal lequel est élu à l’unanimité président de cette assemblée. Un an plus tard, l'anniversaire de la première session du Parlement a été déclaré jour férié sous l’appellation de Journée de la souveraineté nationale. 

En 1927, Mustafa Kemal Atatürk dédie cette célébration également aux enfants avec comme devise « Nos enfants sont notre avenir ». Depuis lors, le nom officiel de la fête du 23 avril est Journée de la souveraineté nationale et des enfants (23 Nisan Ulusal Egemenlik ve Çocuk Bayramı). Ce qui en fait la plus ancienne fête des enfants au monde. Elle a été rendue officielle en 1981 à la suite d'un changement législatif publié dans le Journal officiel du 19 mars 1981, n°17284. Chaque 23 avril, des festivités sont organisées dans les écoles maternelles et primaires

Depuis 1979, un Festival international des enfants (Uluslararası 23 Nisan Çocuk Şenliği) a lieu chaque année à l'occasion de la fête du 23 avril. Il est organisé par la Société turque de radio et de télévision (TRT). Des groupes d'enfants de d’une cinquantaine de pays sont invités en Turquie pour participer aux festivités en portant les costumes traditionnels de leur pays d'origine. Les enfants âgés de 8 à 14 ans venant en Turquie de sont hébergés chez eux par des familles de volontaires turcs avec enfants. Jusqu’en 2000, ce festival s’est tenu à Ankara, ensuite d’autres villes l’ont accueilli : Istanbul, Kusadası, Selçuk,Antalya, Izmir, Bursa… En 2023, la 32e édition de ce festival se tient à  Lüleburgaz, ville de Thrace orientale.

Comme Atatûrk l’avait fait le 23 avril 1933, il est de tradition ce jour-là d'accepter des enfants au bureau, en particulier dans les administrations publiques. La coutume n’a pas été perdue.

En 1921, la date du 23 avril a été choisie comme fête nationale, par la suite, celle-ci sera transférée au 29 octobre, en référence à la fondation de la république, en 1923.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 avril 2023

 

Célébration de Mustafa Kemal, dit Atatürk, un 23 avril

Mustapha Kemal et sa fille

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