L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
19 mai : la Saint-Yves ou la Fête de la Bretagne
En réalité la fête de la Bretagne dure plusieurs jours autour du 19 mai, date de la Saint-Yves, le jour où l’on fête le saint patron de la Bretagne. La fête profane est très récente, puisqu’en 2025, elle n’en est qu’à sa 17e édition.
En réalité la fête de la Bretagne dure plusieurs jours autour du 19 mai, date de la Saint-Yves, le jour où l’on fête le saint patron de la Bretagne. La fête profane est très récente, puisqu’en 2025, elle n’en est qu’à sa 17e édition. En revanche le Grand Pardon dédié à Yves de Tréguier, prêtre du XIIIe siècle, mort le 19 mai 1303 et canonisé le 19 mai 1447, a lieu tous les ans à Tréguier depuis le Moyen Âge. Ce n’est qu’au XIXe siècle que des associations régionalistes ont voulu en faire une fête de toute la Bretagne sans grand succès, même si des manifestations ont eu lieu, modestement, tout au long du XXe siècle.
L’idée d’une fête purement laïque a été lancée en 1997 sous le nom de Fest’ Yves (Gouel Sant Erwan) qui a laissé place par la suite à la Fête de la Bretagne (Gouel Breizh / Fétu de la Bertègn), laquelle se veut trilingue français-breton-gallo. Dans le cadre de cette fête aujourd’hui promue par le Conseil régional de la Bretagne, il existe toujours un festival de musique Fest’Yves qui en est à sa 26e édition. C’est l’occasion de se retrouver pour danser, chanter, faire la fête et partager l’identité bretonne avec le plus grand nombre. Cette année la fête se déroule du vendredi 16 mai au dimanche 25 mai 2025. Son écho, toutefois, reste limité dans un pays centralisé, la France, toujours méfiant à l’égard des fêtes régionales à vocation identitaire.
Loin de la Bretagne, il existe à Rome, une petite église dite « Saint-Yves-des-Bretons » (Sant'Ivo dei Bretoni). Chaque 19 mai, une messe en français y est célébrée en l'honneur du saint. La Saint-Yves est aussi l’occasion d'une messe partiellement en langue bretonne célébrée en la cathédrale Saint-Louis de Versailles où se retrouvent les catholiques bretons d'Île-de-France. Cette année, elle aura lieu le dimanche 25 mai et elle est aussi fréquentée par les professionnels de la justice dont Yves de Tréguier, qui avait consacré sa vie à la justice et aux pauvres, est aussi le saint patron, et tout particulièrement celui des avocats. Le 3e week-end de mai à Tréguier, dans les Côtes-d'Armor, le groupe catholique du barreau de Paris participe le samedi au colloque juridique organisé par le barreau de Saint Brieuc et le dimanche au Grand Pardon de Saint-Yves (la châsse contenant le crâne de Saint Yves, est portée en procession).
Le site officiel de la Fête de la Bretagne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2025
La Fête de la Bretagne au fort du Dellec à Plouzané
19 mai : la mémoire du « génocide » grec
Les Grecs commémorent une décennie, de 1913 à 1923, rythmée par une série de massacres et d’expulsions massives des Grecs du territoire actuel de la Turquie. Cette année marquée par le centenaire du traité de Lausanne est également célébrée en Turquie, comme l’aboutissement d’un processus national. La date du 19 mai, est celle à laquelle Mustafa Kemal a débarqué à Samsun en 1919. Jour de deuil en Grèce, jour de fête en Turquie.
Ce génocide n’a pas eu l’ampleur de celui des Arméniens, s’il a abouti au même résultat : la disparition quasi totale des Grecs du territoire de l’actuelle Turquie, c’est aussi en raison de leur expulsion massive d’Asie mineure consécutive à l’échec de la Grèce de prendre contrôle de la côte égéenne orientale, entériné par le traité de Lausanne dont on fête cette année le centenaire. Cette défaite et ses conséquences sont désignées comme la Grande Catastrophe ( η Μεγάλη Καταστροφή ) de l’histoire grecque. Celle-ci ne se résume pas à un échange de population, plus d’un million de personnes entre Grèce et Turquie.
Ce que les Grecs désignent comme le génocide grec (Γενοκτονία των Ελλήνων) est aussi une décennie, de 1913 à 1923, rythmée par une série de massacres. À partir du printemps 1913, les Ottomans ont mis en œuvre un programme d'expulsions et de migrations forcées, axé sur les Grecs de la région égéenne et de la Thrace orientale, dont la présence dans ces zones était considérée comme une menace pour la sécurité nationale. L’un des pires massacres que commémore cette journée du 19 mai est celui de Phocée (une ville d’Asie mineure dont la population avait, jadis, dans l’Antiquité, fondé Marseille). En juin 1914, alors que l’Europe n’est pas encore en guerre, des milices turques ont attaqué la population, assassiné une centaine d’habitants et provoqué la fuite des survivants vers la Grèce. Toujours dans la même région, le fait le plus marquant fut le grand incendie de Smyrne (aujourd’hui Izmir), provoquant la mort de 10 à 15 000 personnes et l’expulsion de quelque 200 000 autres.
La date du 19 mai, choisie par les Grecs pour commémorer cette mémoire, est celle à laquelle Mustafa Kemal (futur Atatürk) a débarqué à Samsun en 1919. Ce jour a marqué le début de la guerre d'indépendance turque et le début de la deuxième vague du massacre de la population grecque en Turquie. La Turquie en a fait la Journée de commémoration d’Atatürk, de la Jeunesse et des Sports, un jour férié, jour de fête en Turquie, jour de deuil en Grèce.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2023
En jaune, les Grecs ; en vert, les Turcs, sur une carte ethnique du début du XXe siècle.
19 mai : la Turquie célèbre Atatürk et sa guerre de libération
Chaque année le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Cet anniversaire rappelle la date du 19 mai 1919, considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle.
Chaque année, le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Ce jour férié rappelle la date du 19 mai 1919, que l’historiographie officielle considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle dont les contours n’avaient rien d’évident à l’époque. Ce pays a été construit au détriment d’autres peuples : Arméniens, Grecs, Kurdes… et au prix de terribles massacres.
L’Empire ottoman, vaincu de la Première Guerre mondiale, était en effet occupé par plusieurs puissances étrangères (Anglais, Français, Italiens…). À l’Ouest les Grecs avaient proclamé le rattachement de l’Asie mineure à la Grèce. À l’Est, une République d’Arménie existait depuis déjà un an. Les Kurdes réclamaient, eux aussi, un État… la Turquie était en train d’être complètement dépecée comme l’a été l’Empire austro-hongrois à la même époque. Ce qui restait du pays était en proie à une guerre civile qui opposait l’armée du sultan aux nationalistes. Un officier en rupture avec le pouvoir du sultan, Mustapha Kemal, s’embarque alors pour le port de Samsun, sur la mer Noire où il débarque le 19 mai, il entame la reconquête du territoire qui se terminera en 1922 par une terrible guerre qui se fera notamment au détriment des Grecs et des Arméniens. Les Européens laisseront se créer une Turquie puissante dans l’espoir qu’elle ferait barrage à une URSS devenue inquiétante, en lui offrant le traité de Lausanne (1923).
Cette journée du 19 mai est commémorée officiellement depuis 1938 sous le nom Journée de commémoration d’Atatürk, de la Jeunesse et des Sports (Atatürk’ü anma Gençlik ve Spor Bayramı) et des marches accompagnent sa célébration, connue sous le nom "marche de la jeunesse" (Gençlik marşı). Les principales célébrations ont lieu à Ankara, au mausolée d’Ataturk mais aussi à Samsun où des centaines de scouts et des milliers de personnes participent à une marche au flambeau après avoir rallumé la flamme de l’indépendance. Une cérémonie a également lieu devant le monument de la République à Taksim dans la ville d’Istanbul. C’est une de ces journées qui flatte le nationalisme turc et dont raffole Recep Tayyip Erdoğan, le despote turc qui se veut l’égal d’Atatürk.
Cette journée est dédiée à Mustapha Kemal, dit Atatürk, dont on fête aussi l’anniversaire. Il est né en 1881, mais on ne sait pas quel jour. Alors quoi de mieux que le 19 mai ? C’est ce jour-là, en 1919, qu’il est né, disait-il.
Le même jour, en Grèce, on commémore depuis 1994, la Journée du génocide grec (Γενοκτονία των Ελλήνων του Πόντου) en mémoire de la mort des quelque 350 000 Grecs pontiques massacrés par les Turcs, dans les années 1915 à 1923. Les Arméniens ont également été victimes d’un génocide orchestré par les autorités ottomanes. Ils le commémores chaque 24 avril.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 mai 2021
19 mai : les 130 ans de l'oncle Hô
Au Vietnam, on célèbre l’anniversaire d’Hô Chi Minh (né en 1890), celui qui a mené le Vietnam à l’indépendance. Il est décédé il y a 50 ans et son souvenir s’est vraiment estompé. Pour les plus jeunes, il n’est guère plus qu’une image pieuse.
Au Vietnam, on célèbre l’Anniversaire d’Hô Chi Minh (Ngày sinh Chủ tịch Hồ Chí Minh), celui qui a mené le Vietnam à l’indépendance après 30 ans de guerre. Il est décédé il y a 50 ans et son souvenir s’est aujourd’hui vraiment estompé. Pour les plus jeunes vietnamiens, Hô Chi Minh n’est guère plus qu’une image pieuse. La journée du 19 mai, aussi appelée le Jour du président, est toujours marquée par les autorités. Elle n’est pas fériée, bien que de nombreuses festivités soient organisées autour du souvenir du père de la nation. Une délégation dirigée par le secrétaire général du Parti communiste se rend à son mausolée pour y déposer des couronnes. En raison des risques liés à l’épidémie de Covid-19, aucune manifestation de masse n’a été programmée cette année.
Les festivités ont débuté il y a deux jours : un spectacle télévisé, un symposium sur « l'essence de la pensée, de la moralité de Hô Chi Minh », une exposition d'affiches de propagande… La province natale de l’ancien président, Nghê An, organise chaque année des festivités particulières pour le 19 mai. Cette année, elles sont plus modestes qu’à l’ordinaire.
Né en 1890, le jeune patriote Nguyên Tât Thành quittait en 1906 le quai Nhà Rông, à Saigon (Hô Chi Minh-Ville aujourd'hui), comme aide-cuisinier à bord du cargo Latouche Tréville, sous le nom de Ba, il naviguera durant deux ans, posera le pied à Boston et à New York avant de faire escale au Havre, à la veille de la Guerre de 1914-1918, pour se mettre au service d’une famille bourgeoise de Sainte-Adresse en qualité de jardinier. Son séjour en France lui permit de découvrir les idées communistes. Il a d’ailleurs participé au congrès de création, en 1920 à Tours, du Parti communiste français dont il a été un des premiers adhérents. Cela dit, le combat de sa vie sera l’indépendance de son pays. Très tôt, il s’est imposé comme un chef charismatique. Le Việt Minh, le mouvement indépendantiste vietnamien, est réputé avoir été fondé un 19 mai, jour anniversaire de son leader, en 1941.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 mai 2020