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Palestine, Israël, 1948, 15 mai Bruno Teissier Palestine, Israël, 1948, 15 mai Bruno Teissier

15 mai : commémoration de la Nakba en plein massacre de la population palestinienne

Les Palestiniens célèbrent le 77e anniversaire la catastrophe (Nakba) de 1948, ce qui ravive la mémoire des massacres perpétrés dans les jours qui ont suivi la création d’Israël. Mais, ce que vivent aujourd’hui, les deux millions d’habitants de Gaza est bien pire, au point que les accusations de génocides fusent de partout.

 

Depuis 1998, les Palestiniens commémorent chaque année la catastrophe (nakba) : la guerre consécutive à la création de ­l’État d’Israël en 1948, qui leur a fait massivement quitter leurs maisons, leurs villages sans n’avoir jamais pu y retourner. La Nakba, ce fut aussi la destruction entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par une milice d’extrême droite juive. Ou encore celui de Tantura, dont la population a été massacrée le 23 mai 1948… Cette mémoire s’ajoute à la colère déclenchée chaque fois que des familles palestiniennes sont menacées d’expulsion de leur maison par une organisation d’extrême droite israélienne dans un quartier de Jérusalem-est (la partie de la ville sous statut d’occupation) ou chassé de leurs terres par des colons juifs dans la campagne des territoires occupés par l’armée israélienne.

Ce 77e anniversaire de la Nakba, se déroule cette année sous très haute tension pour les Cisjordaniens et sous les bombes, toujours et encore, pour les Gazaouis. La population palestinienne est toujours tétanisée par les projets israéliens formulés en 2020, d'une annexion de l’ensemble des colonies de Cisjordanie, de la vallée du Jourdain et du nord de la mer Morte et, à présent, de la bande de Gaza (dont la population serait déportée on ne sait trop où). Dans le même esprit, Israël a modifié sa constitution en défaveur des non-juifs. La discrimination qui existait dans les faits depuis 1948 est désormais inscrite dans la loi : soit l’adoption d’un régime d’apartheid.

Les autorités israéliennes demeurent opposées à toute idée de retour des réfugiés palestiniens. Sur les 920 000 Arabes vivant en Palestine en 1948, 760 000 ont fui. Leurs descendants, au nombre de 5 millions vivent aujourd’hui en Jordanie, au Liban, en Syrie ou dans d’autres parties de la Palestine. Les 160 000 qui sont restés sur place forment aujourd’hui la communauté arabe d’Israël, soit 1,5 million de citoyens israéliens (plus de 20% des citoyens israéliens sont arabes). Cette Journée de la Nakba ( يوم النكبة), chaque 15 mai (c’est-à-dire, l’anniversaire du lendemain de la création d’Israël en 1948), est chômée pour les Palestiniens. Quand ils le peuvent, c’est l’occasion de se rendre en famille sur le site des villages détruits. Quand elles existent encore, on emmène les enfants voir les ruines de la maison familiale, en bravant les autorités qui tentent, depuis 2011, d’interdire ce genre de pèlerinage. 

Dans les territoires occupés, c’est chaque année la journée de tous les dangers. En 2022, après le meurtre de la journaliste palestinienne, Shireen Abu Akleh et la perturbation de ses obsèques par la police israélienne, la colère était remontée d’un cran. En 2023, ce sont les projets du gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire du pays qui suscite le plus d’inquiétudes. Dans les territoires occupés, les manifestants organisent des défilés ou des sit-in, le plus près possible des positions israéliennes. Les soldats ont reçu des ordres de vigilance et de retenue, mais chaque année des incidents graves éclatent faisant des morts et des blessés. Même chose en Jordanie, où la police anti émeute tente avec difficulté d’empêcher les manifestants d’approcher de la frontière.

En 2023, pour marquer les 75 ans de la catastrophe, la Nakba a été célébrée par l’ONU à travers une journée officielle. À l’initiative l’Égypte, de la Jordanie, du Sénégal, de la Tunisie, du Yémen et des Palestiniens, une Journée de la Nakba a été organisée au siège des Nations unies à New York. Sur 193 membres, seuls une douzaine de pays (Israël, l’Australie, l’Autriche, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis) ont voté contre et ont refusé d’y participer.

Dix-neuf mois après les massacres du 7-Octobre, commis par le Hamas, la bande de Gaza est presque totalement anéantie par les destructions intensives et systématiques menées par le régime extrémiste de Benyamin Netanyahou. Ce que vivent aujourd’hui, les deux millions d’habitants de ce territoire est bien pire, au point que les accusations de génocides fussent de partout. Dans l’hypothèses où ils parviendraient à fuir, ce qui leur est impossible, ils savent qu’ils perdraient définitivement leur territoire. Ce qu’endure depuis trois-quarts de siècle le peuple Palestinien, n’est qu’une perpétuelle Nakba.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 mai 2025

 
Réfugiés palestiniens en 1948

Réfugiés palestiniens en 1948

Manifestation palestinienne à Berlin, Montecruz Foto, Flickr, Palestine Nakba Day 2015

Manifestation palestinienne à Berlin (Montecruz Foto, Flickr, Palestine Nakba Day 2015)

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1811, Paraguay, indépendance, 15 mai Bruno Teissier 1811, Paraguay, indépendance, 15 mai Bruno Teissier

14 mai : la fête nationale du Paraguay

Depuis hier, au Paraguay, c’est le Jour de l'Indépendance car il ne faut pas moins de deux jours pour fêter une double indépendance : à l’égard de l’Espagne, le 14 mai 1811, puis de la future Argentine, le lendemain. Car le Paraguay n’était destiné qu’à devenir une simple province argentine.

 

Au Paraguay, c’est le Jour de l'Indépendance (el Día de la Independencia), il ne faut pas moins de deux jours fériés pour célébrer une double indépendance. En effet, le Paraguay a participé à la lutte contre l’administration espagnole, renversée le 14 mai 1811, après une révolution sans effusion de sang menée par José Gaspar Rodríguez de Francia. Mais, il a aussi a repoussé les troupes argentines envoyées par la Primera Junta de Buenos Aires pour soumettre Asunción. Sans ce sursaut, le pays était destiné à n’être qu’une partie des Provinces Unies du Río de la Plata et plus tard serait devenu une simple province argentine.

L’indépendance du Paraguay a été déclarée le 15 mai 1811. Cependant, il a fallu encore trois décennies au Paraguay pour être reconnu sur la scène internationale. En effet, le chef de la rébellion s’est rapidement imposé comme un dicateur, connu sous le nom de Docteur Francia. Il a conservé le pouvoir pendant près de 25 ans. Aucun congrès ne s'est réuni de 1816 jusqu'à la mort du dictateur. Pour cette raison, au moment même où tous ses voisins déclarent leur indépendance à l’égard de l'Espagne, le Paraguay ne l'a pas fait de manière formelle. Il fallut attendre la loi du 25 novembre 1842 pour que l' Indépendance soit proclamée solennellement.

Tout le pays est en fête pendant ces deux jours commémorant la Révolution de Mai. Les festivités comprennent des défilés dont le plus coloré a lieu à Asunción. Le soir, des feux d'artifice sont tirés. On fait la fête dans les rues. Dans la journée les familles organisent des barbecues ou des pique-niques. On dispute des matchs de football et donne des concerts…

Sur les places autour du Congrès, se tiennent le Salon des Saveurs et l'Expo de l'Artisanat, en accès libre. De son côté, la Maison Musée de l'Indépendance ouvre à 7h00, heure locale, et restera ouverte jusqu'à minuit, d'où partiront à cette heure les membres de l'Association Culturelle Mandu'arã avec les citoyens pour la réédition du premier cri pour la liberté, lancé il y a 214 ans.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mai 2025

La maison-musée de l’Indépendance, d’où sont partis de jeunes révolutionnaires

La Révolution du 14-Mai et le Docteur Francia

 
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