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Tadjikistan, jeunesse, 23 mai Bruno Teissier Tadjikistan, jeunesse, 23 mai Bruno Teissier

23 mai : le jour de la jeunesse tadjike

Le Tadjikistan célèbre sa jeunesse selon un décorum est des pratiques sorties tout droit de la culture soviétique.

 

En République du Tadjikistan, le 23 mai est traditionnellement célébré comme la Journée de la jeunesse (Рӯзи ҷавонон), une fête instituée en 1997 par décision du président de la République du Tadjikistan, Emomali Rahmon. Le choix de la date de la célébration est lié à l'anniversaire de la création du Comité pour la jeunesse, les sports et le tourisme auprès du gouvernement. La jeunesse représente la moitié de la population, cette fête est l’occasion de raffermir le régime, dirigé d’une main de fer par Rahmon et son entourage depuis 1992, mais aussi de persuader les jeunes que leur avenir est bien au Tadjikistan, car beaucoup partent pour trouver un emploi mieux rémunéré en Russie. Il y aurait environ un million de travailleurs tadjiks, principalement saisonniers,  en Russie, alors que la population totale du Tadjikistan est d’à peine 10 millions d’habitants — dont un peu plus d’un tiers ont moins de 15 ans.

La célébration est précédée par la Semaine de la Jeunesse, qui a débuté le 18 mai, au cours de laquelle sont organisés divers événements, comme des compétitions sportives, notamment la fameuse course nationale qui se déroule chaque troisième dimanche de mai, ainsi que le marathon cycliste.

À Douchanbé, la capitale du pays, une Marche des jeunes est organisée en l’occasion de cette fête, auxquelles participent des milliers de personnes. En outre, dans le cadre de la Journée de la Jeunesse, des concerts, des discours de représentants du gouvernement, des remises de prix, des rassemblements et divers spectacles sont organisés à Douchanbé et dans d’autres villes. Tout cela selon un décorum est des pratiques sorties tout droit de la culture soviétique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2025

 
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1924, Zimbabwe, Zimbabwé, jeunesse, héros national, 21 février Bruno Teissier 1924, Zimbabwe, Zimbabwé, jeunesse, héros national, 21 février Bruno Teissier

21 février : le Zimbabwe célèbre sa jeunesse en souvenir d’un vieillard autoritaire

La Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe est un jour férié au Zimbabwe qui célèbre le premier président du pays. Celui qui est cause de sa ruine et du désespoir de la jeunesse à qui la journée est dédiée.

 

La Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe (Robert Mugabe National Youth Day) est un jour férié au Zimbabwe célébré le 21 février. Elle célèbre l'anniversaire du premier président du pays, Robert Mugabe (1924-2019). Du temps de son long règne, il était d’usage de lui fêter son anniversaire. Le Mouvement du 21 février a été créé en 1986 pour cela.

Robert Mugabe est l’homme de l’indépendance, mais c’est aussi un président autoritaire qui s’est accroché au pouvoir pendant trois décennies. Il approchait des 94 ans quand il a été poussé à la démission par Emmerson Mnangagwa, le président actuel. C’est ce dernier qui a fait, en 2017, du 21 février un jour férié après avoir poussé son mentor à la retraite. Pourtant, il n’y avait pas de quoi célébrer un homme qui a ruiné le Zimbabwe et détruit les rêves de nombreux jeunes à qui la journée du 21 février est dédiée.

« C’est une insulte à la jeunesse zimbabwéenne qui souffre et qui travaille que de déclarer le 21 février Journée nationale de la jeunesse. Qu'a fait Robert Mugabe pour la jeunesse, à part ruiner ses rêves et détruire ses espoirs et ses aspirations à travers des décennies de mauvaise gouvernance, de mauvaise gestion de l'économie nationale et de corruption généralisée ? Nous sommes convaincus qu'un gouvernement véritablement démocratique et progressiste au Zimbabwe interviendra très rapidement pour supprimer ce jour férié immérité et fasciste appelé Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe. » ainsi s’exprimait Obert Gutu,du temps où il était vice-président du MDC-T un parti d’opposition. Il a depuis, retourné sa veste et rejoint le ZANU–PF.

Ce jour férié dédié à Mugabe a été instauré à la demande de la Ligue de la jeunesse de l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique (ZANU–PF), le parti au pouvoir au Zimbabwe, au sein du quel Emmerson Mnangagwa a fait toute sa carrière. L’heure toutefois est à la sobriété, fini les fêtes somptueuses du 21 février. Parmi les excès des célébrations précédentes du temps de Mugabe, on peut citer les énormes gâteaux d'anniversaire, alors même que les pénuries alimentaires touchaient des millions de Zimbabwéens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 février 2025

 
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1990, Albanie, jeunesse, Chute du communisme, 8 décembre Bruno Teissier 1990, Albanie, jeunesse, Chute du communisme, 8 décembre Bruno Teissier

8 décembre : la journée de la jeunesse albanaise prétexte à des affrontements politiques

L’Albanie rend hommage à sa jeunesse, en particulier aux étudiants qui le 8 décembre 1990, ont pour la première fois défié le pouvoir communiste dans les rues et très rapidement obtenu sa chute. Mais la préoccupation de la jeunesse d’aujourd’hui n’est plus celle de l’époque du Mouvement de décembre et la Journée de la jeunesse prend une tournure politique particulière où droite et gauche rivalisent pour tenter de la la séduire.

 

L’Albanie rend hommage à sa jeunesse, en particulier aux étudiants qui le 8 décembre 1990, ont pour la première fois défié le pouvoir communiste dans les rues et très rapidement obtenu sa chute. Mais la préoccupation de la jeunesse d’aujourd’hui n’est plus celle de l’époque du Mouvement de décembre et la Journée de la jeunesse (Dite e Rinise) prend une tournure politique particulière où droite et gauche rivalisent pour tenter de la la séduire.

« Nous voulons vivre comme dans le reste de l’Europe », tel a été le slogan de la manifestation étudiante du 8 décembre 1990 dans les rues de Tirana, alors que partout, ou presque, sur le continent les régimes communistes sont récemment tombés. L’Albanie, isolée depuis les années 1960, semblait avoir oublié le cours de l’histoire. Forts de cette première audace, ils sont plus de 3 000 manifestants deux jours plus tard. Ramiz Alia, le communiste réformateur au pouvoir depuis 1985 reçoit une délégation d’étudiants et se voit contraint de leur céder l’autorisation de créer des formations politiques indépendantes du Parti communiste et la promesse d’élections libres. De 1945 à 1989, seules les listes du PC étaient autorisées à se présenter à des scrutins sans choix. Dès le lendemain, le Parti démocratique était fondé. Les élections auront lieu en mars 1991. Les communistes restent au pouvoir, mais devront le partager avec l’opposition dès le mois de juillet alors que le pays sombre dans le chaos. Tout est allé très vite. La statue de Staline, une des dernières d’Europe, fut déboulonnée le 20 décembre 1990, deux mois avant celle d’Enver Hodja, l’ancien dictateur, mort en 1985.

Un quart de siècle plus tard, les étudiants de 1990 ont pris de l’âge. Certains sont arrivés au pouvoir sous la conduite de Sali Berisha (Parti démocratique), et ont géré le pays pendant des années. C’est d’ailleurs Sali Berisha, premier ministre qui a fait de la Journée de la jeunesse (Dite e Rinise) un jour férié, en 2010, pour le vingtième anniversaire de la chute du régime communiste.

Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas dans la vénération de leurs aînés qui leur ont laissé un pays où les inégalités ont explosé après 25 ans de politique néolibérale. La journée du 8 décembre souligne les fractures et contradictions du paysage politique. Le Parti démocratique, devenu un parti conservateur classique, a fait du 8 décembre une occasion de surfer sur les frustrations de la population en organisant de grandes manifestations politiques : en 2015, plusieurs milliers de militants de droite se répandaient dans les rues de Tirana pour protester contre la gauche au pouvoir, pensant rejouer la scène de 1990, mais en y ajoutant des violences contre les bâtiments publics. Sauf que le Parti socialiste est arrivé au pouvoir en 2013 à l’issue d’élections libres, élu par des citoyens déçus par la gestion du Parti démocratique.

Le soir du 8 décembre, un grand concert est organisé place de la Démocratie par le ministère de la Culture. Comme chaque année, de nombreux jeunes du Kosovo sont invités pour l’occasion. Le reste de la journée, des rassemblements politiques sont proposés aux jeunes, comme aux plus vieux, par le Parti socialiste. Mais, après dix ans de pouvoir d’Edi Rama, le pouvoir socialiste s’est quelque peu sclérosé et la jeunesse ne s’y reconnaît plus vraiment.

Ce même jour, le leader historique du PD, Sali Berisha, visite le mémorial d'Azem Hajdari, figure clé du Mouvement de décembre et député du PD, mystérieusement assassiné à Tirana en 1998. Mais, Berisha a perdu la main. Le principal parti d’opposition est aujourd’hui dirigé par son rival, Lulzim Basha, ancien ministre et ancien maire de Tirana. C’est lui qui tente aujourd’hui de rassembler la jeunesse pour proposer une alternance au gouvernement actuel. Le 8 décembre est aujourd’hui, bien plus une journée d’affrontement politique que la commémoration du Mouvement de décembre 1990. La jeunesse albanaise trouvera-t-elle sa voie entre un parti conservateur plein de promesses mais dont la gestion du pays a été, en son temps, catastrophique et un parti socialisme qui avait redressé la situation mais qui, à son troisième mandat, a dérivé vers l’autocratisme ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2023

 

Le 8 décembre 1990

Lulzim Basha, le 8 décembre 2022

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