L’Almanach international
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10 août : la parade orangiste de Derry
Plusieurs milliers de protestants défilent dans les rues de Londonderry pour rendent hommage aux 13 apprentis qui ont eu le sang-froid de fermer les portes de la ville un jour d’avril 1689, alors qu’une armée catholique avançait sur Derry.
Comme chaque 10 août, plusieurs milliers de protestants défilent dans les rues de Londonderry (Irlande du Nord) pour rendent hommage aux 13 apprentis qui ont eu le sang-froid de fermer les portes de la ville un jour d’avril 1689, alors qu’une armée catholique avançait sur Derry. Le siège durera 105 jours, bombardement, famine, maladie élimineront un tiers de la population, mais Derry a tenu. Les protestants tiennent à le rappeller aux catholiques en passant aux abords de leur quartier de Bogside. Chaque année des affrontements ont lieu. En 1969, trois jours d’émeutes avaient inauguré les troubles en Irlande du Nord qui ne sont toujours pas terminés : en 2011, cette parade des Apprentice Boys avait causé des affrontement faisant plusieurs dizaines de blessés, puis à nouveau en 2018 alors que la perspective du Brexit échauffe les esprits.
Cette année, le gouverneur des Apprentice Boys, Graeme Stenhouse, avait déclaré qu'il était important que la journée se déroule pacifiquement et que la marche soit respectueuse. Après une cérémonie de dépôt de gerbes au mémorial de guerre du Diamond, un service religieux a eu lieu à la cathédrale Saint-Columb avant le défilé principal impliquant les membres des Apprentice Boys de toute l'Irlande du Nord.
Derry (pour les catholiques), Londonderry (pour les protestants) est aussi comme chaque année, le lieu du Festival de Maiden (musique) qui , cette année, a commencé le 3 août et se termine aujourd’hui.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 août 2024
30 janvier : il y a 50 ans, le Bloody Sunday en Irlande du Nord
Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’il défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972. Le souvenir d’un passé révolu ? Pas sûr, car le Brexit ne fait que raviver les inquiétudes et les rancœurs.
Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’ils défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972 pour demander l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. La manifestation était organisée par la Northern Ireland Civil Rights Association également pour protester contre l’internement sans procès de nationalistes irlandais dans des camps de détention.
Le souvenir d’un passé révolu ? L’explosion d’une voiture piégée à Londonderry, le 19 janvier 2019, attribué l’attaque à un groupe républicain dissident, puis la mort par balle d’une jeune journaliste, en avril 2019, est le signe que tout peut reprendre en cas de remise en cause l’accord de 1998 (dit du Vendredi Saint) entre républicains nationalistes (les catholiques) et loyalistes unionistes (les protestants). Londres a longtemps tergiversé mais, finalement, le Brexit n’a pas remis en cause cet accord, tout au moins officiellement.
En 2021, la marche annuelle avait été annulée, l’Irlande du nord vivant sous un régime de confinement dû au covid. Ces dernières années, la marche annuelle dans le quartier catholique de Londonderry (Irlande du Nord) attirait moins de monde qu’autrefois. Non que s’estompe le souvenir des 14 manifestants tués pour les droits civiques, des adolescents pour la plupart, mais, Londres a fini par accepter une enquête, dont le rapport a conclu à l’entière responsabilité des soldats anglais. Ce qui a poussé le Premier ministre David Cameron, en 2010, à présenter des excuses et offrir une indemnisation aux familles... 38 ans après le drame. Les familles réclament toujours un procès de tous les responsables. La justice britannique ne poursuit pour le moment qu’un seul soldat qui a obtenu de conserver l’anonymat. 50 ans après le massacre, le procès est toujours en cours… Ces atermoiements sont d’autant plus incompréhensibles que le régiment de parachutistes chargé de l'opération était aussi responsable du massacre de 11 personnes, à Belfast, dans des circonstances semblables en août 1971.
Une minute de silence est traditionnellement observée, chaque dernier dimanche de janvier, devant le monument dédié au Bloody Sunday (« le dimanche sanglant »), le “Bloody Sunday Obelisk Memorial,” 25 Rossville St, Bogside, Londonderry BT48 6LP.
Le Bloody Sunday appartient au passé mais personne n’a oublié, car toute la ville était dehors ce jour-là, le nombre de témoins encore vivants est encore considérable. Ce qui a profondément changé, 50 ans plus tard, c’est qu’aujourd’hui, les catholiques proportionnellement plus nombreux sont sortis des ghettos. Ce sont les protestants qui, à présent, sont sur la défensive. Avec le Brexit, ils ont le sentiment d’avoir été fragilisés. La tension est toujours palpable à Derry (Londonderry pour les unionistes). Pariculièrement en ce début d’année 2022, à l’approche des élections du mois de mai où, pour la première fois, le Sinn Féin, un parti prônant la réunification de l’Irlande, pourrait l’emporter.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2022
Mise à jour 2025 : le 23 octobre 2025, l’unique soldat qui était poursuivi a finalement été “jugé non coupable de meurtre et de tentative de meurtre”, en raison d’une insuffisance de preuves après tant d’années, a fait savoir le juge. Michelle O’Neill, première ministre d’Irlande du Nord et vice-présidente du parti Sinn Féin, a exprimé toute sa déception :« Il y a cinquante-trois ans, l’armée britannique a assassiné des civils dans les rues de Derry. Il y a plus de quinze ans, le Premier ministre britannique de l’époque a reconnu le rôle des soldats, et pourtant aucun soldat britannique, ni aucun de leurs supérieurs militaires et politiques, n’a jamais été condamné. C’est un affront à la justice. » (Le Gardian, 24 octobre 2025, traduit par Courrier international)
7 décembre : parade protestante à Londonderry
La communauté protestante de Derry organise une marche dans la ville en souvenir de sa résistance aux troupes catholiques venues assiéger la ville (décembre 1688). Après en avoir chassés de la ville les catholiques qui y vivaient, les protestants se sont barricadés en fermant les portes de la ville…
La communauté protestante de Derry (Londonderry pour les protestants) organise une marche dans la ville en souvenir de sa résistance aux troupes catholiques venues assiéger la ville (le 7 décembre 1688). Après en avoir chassés de la ville les catholiques qui y vivaient, les protestants se sont barricadés en fermant les portes de la ville. Le siège durera 105 jours, près d'un tiers des habitants de la ville a succombé à la famine, mais Derry ne s'est pas rendue, elle a été délivrée par des navires anglais au mois d'août suivant.
« No surrender » ("pas de capitulation") est le slogan des sociétés orangistes (les activistes protestants qui cultivent cette mémoire). Longtemps cette marche de début décembre, comme celles de l'été, ont mis la ville de Londonderry à feu est à sang. Jusqu'à ce qu'une commission des défilés, mise en place par Londres à la fin du XXe siècle, impose des itinéraires qui évitent les quartiers catholiques de cette ville d'Irlande du Nord. D’autant que la perspective du Bretix a tendance à vraiment échauffer les esprits.
Chaque année les Apprentice Boys of Derry, fraternité protestante, célèbrent deux principaux événements ayant attrait au siège de la ville : la fermeture des portes (1688) de la ville et la libération de la ville (1669).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2019
Les Apprentice Boys (apprentis) of Derry en tenue d’apparat