10 avril : l'anniversaire des accords du Vendredi saint fêté dans la violence en Irlande du Nord

 

Après une semaine de violence à Londonderry, Carrickfergus et Belfast, l’Irlande du Nord célèbre les 23 ans des fameux accords du Vendredi-saint (The Good Friday Agreement), signés le 10 avril 1998. Ces accords avaient mis fin à trois décennies de violences entre catholiques et protestants (1969-1998) à l’origine de la mort de quelque 3500 personnes. 

Si le week-end de Pâques 2021 a permis à l’Ulster de renouer avec l’état de quasi-guerre civile qui a ensanglanté la province pendant tant d’années, c’est que les mesures du Brexit commencent à s’appliquer en dépit des promesses de Boris Johnson.

L’accord du Vendredi saint avait estompé la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la république d’Irlande, calmant ainsi la fureur des Irlandais qui ne supportaient plus la tutelle de Londres. La décolonisation de l’Irlande en 1921 n’avait, en effet, pas été totale puisque le Royaume-Uni a conservé le contrôle d’une province, l’Ulster, celle où les colons anglais (ou Écossais) étaient le plus nombreux. Ces derniers sont protestants alors que les Irlandais sont catholiques d’où le maintient de deux communautés distinctes et antagonistes. Les mariages mixtes étant rares et mal perçus.

Avec le Brexit, la logique aurait voulu que l’Irlande du Nord quitte totalement l’UE et qu’une frontière physique soit rétablie entre les deux parties de l’Irlande puisque le Royaume-Uni quitte le marché commun. C’était rétablir la situation d’avant 1998, en pire puisqu’à l’époque les deux pays étaient dans l’Union. Raviver la guerre civile était impensable. Laisser la frontière ouverte l’était tout autant. D’où l’idée d’instaurer les contrôles entre l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne. Ce que Boris Johnson, de mauvaise grâce, a dû finalement accepter. Les dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier. et en même temps, les premiers cafouillages, retard de livraison... Les protestants de la province sont furieux car Londres leur avait promis qu’il n’en serait pas ainsi. Ils se sentent trahi, coupé de leur pays.

À Dublin, on voit au contraire se réaliser un pas de plus vers la réunification de l’Irlande. Quant aux Américains, ils font pression pour que les accords du Vendredi saint ne soient pas sacrifiés sur l’autel du Brexit. Beaucoup, outre Atlantique se sentent très concernés par ce qui se passe en Ulster, à commencer par Joe Biden d’origine irlandaise, comme 33 millions d’Américains du Nord.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2021

 
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