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2023, Palestine, 7 octobre, massacre Bruno Teissier 2023, Palestine, 7 octobre, massacre Bruno Teissier

7 octobre : une double défaite de la civilisation

Dans un monde civilisé, les auteurs du massacre du 7-Octobre auraient dû être poursuivis, traduit devant des tribunaux et punis. Hélas, on a laissé la victime se venger de son agresseur, comme au temps anciens précédant la mise en place d’institutions judiciaires. Ainsi, la vendetta a remplacé la justice et le massacre se double aujourd’hui d’un génocide.

 

Date douloureuse pour Israël. Ce jour-là, plusieurs commandos du Hamas palestinien franchissaient le mur séparant le pays de la bande de Gaza pour attaquer une base militaire, mais aussi plusieurs kibboutz et même un festival de musique en train de se dérouler. Cet acte de guerre se transforme en massacre, les deux tiers des quelque 1200 morts sont des civils de tous âges, y compris des enfants (vingt victimes ont moins de 15 ans), 251 civils et soldats pris en otages (deux ans après une quarantaine d’entre eux, morts ou vivants, sont toujours aux mains du Hamas). Ce raid terroriste a engendré une série de crimes de guerre.

Dans un monde civilisé, les auteurs auraient dû être poursuivis, traduits devant des tribunaux et punis. L’ONU aurait dû envoyer des casques bleus pour séparer les belligérants qui n’en sont pas à leur premier affrontement, comme on l’a fait entre Grecs et Turcs à Chypre, par exemple. Un tribunal international, comme pour le conflit yougoslave, aurait pu être institué pour juger les crimes contre l’humanité… De cela, il n’en a rien été, ni même envisagé. Les États-Unis, la grande puissance protectrice d’Israël, bloquant depuis des décennies toute procédure visant à faire respecter le droit international, l’antique loi du talion s’impose, hélas, sur cette partie de la planète.

On a laissé la victime se venger de son agresseur, comme au temps anciens précédant la mise en place d’institutions judiciaires. Ainsi, la vendetta a remplacé la justice. Le « droit d’Israël de se défendre », répété ad nauseam, s’est transformé en un « droit d’Israël de se venger ». La puissance de feu d’Israël étant infiniment plus importante, le nombre de victimes civiles à déplorer se compte au centuple. Lors de la dernière guerre de Gaza (2008), on avait décompté 13 morts côté israélien (10 soldats et 3 civils) contre 1330 (dont 895 civils tués) Palestiniens, soit un rapport de un à cent. Cette fois, pour venger les 1200 victimes israéliennes, en faudra-t-il 120 000 morts côté palestinien ? À ce jour, pour le deuxième anniversaire du déclenchement des hostilités, on en est déjà à 65 000 (dont plus de 80% de civils, un ratio que l’on ne retrouve dans aucun autre conflit, même en Ukraine où les civils sont aujourd’hui la cible principale de Poutine). Quand Netanyahou annonce qu’il va « finir le travail » traité de paix ou pas, à quoi pense-t-il ? La famine volontairement organisée et la destruction systématique de tous les hôpitaux sont autant de bombes à retardement qui vont malheureusement grandement alourdir le nombre des victimes de ce génocide.

Dans un monde civilisé, quand on juge un criminel, même l’auteur d’un crime particulièrement horrible, comme ce fut le cas le 7 octobre 2023, on s’interroge sur la raison du crime, on explore le vécu du criminel. Non pour excuser son crime, mais pour comprendre. S’agissant des crimes du 7-Octobre, rien de tout cela a été envisagé. Comment en arrive-t-on à tuer des enfants ? La question n’a pas été posé en Israël. « Le Hamas est un monstre, il faut l’éliminer ! » Comme les Palestiniens, même les enfants, sont tous complices, ils ont tous vocation à subir le même sort, ainsi s’exprime la propagande du gouvernement israélien et de la presse qui lui est assujettie. Celle-ci a largement infusé dans la population.

Qui a armé le Hamas ? Qui a organisé son financement pendant des années, afin de mettre en difficulté le Fatah ? Comment se fait-il que le gouvernement qui était pourtant averti n’a pas réagi pour prévenir le raid du 7-Octobre ? Et surtout, comment se fait-il que la moitié de la population vivant sur le territoire de la Palestine histoire n’ait quasiment aucun droit alors que l’autre moitié affirme vivre en démocratie (ce qui aujourd’hui reste à discuter) ? Il faudra répondre à toutes ces questions, les réponses risquent d’être douloureuses.

Un peu partout dans le monde des cérémonies dédiées aux victimes de l’attaque du 7 octobre sont organisées. À Paris, ce mardi matin  on rendra hommage aux 51 victimes françaises du raid terroriste, au Quai d’Orsay. Les enfants franco-palestiniens morts sous les bombes à Gaza seront-ils associés à cet hommage ?

Jean-Noël Barrot, s’il est encore ministre, accueillera jeudi à Paris des homologues de pays européens et arabes pour une réunion destinée à « concrétiser » le plan de paix pour Gaza. S’il y a un espoir de paix et de justice, il ne faut pas le laisser passer.

Bruno Teissier

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 octobre 2025

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

6 mai : le jour du couronnement de Charles

Au Royaume-Uni, le Jour du couronnement est jour férié qui commémore le couronnement du roi Charles III, le 6 mai 2023 en l’abbaye de Westminster.

 

Au Royaume-Uni, le Jour du couronnement (Coronation Day) est jour férié qui n’est pas chômé (il ne l’a été qu’en 2023). Ce jour-là le drapeau de l'Union doit flotter sur tous les bâtiments gouvernementaux. Les organisations locales sont encouragées à suivre cet exemple. Ce jour commémore chaque année, le couronnement du roi Charles III, monté sur le trône le 8 septembre 2022, à la mort de sa mère, la reine Élisabeth. Après une période de deuil, le nouveau roi n’a reçu la couronne de Saint Edouard que le 6 mai 2023 en l’abbaye de Westminster. Charles prêta serment, fut oint d'huile sainte et reçut les insignes du couronnement. Après la cérémonie, il fut intronisé et reçut les serments d'allégeance du peuple. La reine consort Camilla fut ointe, couronnée et intronisée lors d'une cérémonie similaire, mais plus courte et plus simple.

Charles voulait une cérémonie moins fastueuse que celle du 2 juin 1953 qui avait couronné Élisabeth, mais le couronnement de Charles a tout de même réuni environ 2 200 invités venus de plus de 200 pays ; s'agissant d'un événement d'État financé par le gouvernement, c'est le gouvernement britannique qui a établi la liste des invités.

Ne pas confondre le jour du Couronnement avec le jour de l'Accession (au trône), célébré le 8 septembre. Les deux sont des jours de flottaison du drapeau dans tout le royaume.

Le couronnement d’un monarque bien moins populaire que ne l’était sa mère a renforcé les rangs du mouvement républicain qui militait pour d’adoption d’une constitution républicaine après le décès de la reine Élisabeth. Il n’y est pas parvenu mais n’a pas baissé les bras, au contraire.

Le 6 mai 2023, à Trafalgar Square se dresse une grande statue de bronze du roi Charles Ier, monarque du XVIIe siècle destitué par le Parlement et exécuté en 1649, quelque 1 500 manifestants, vêtus de jaune pour être le plus visibles possible, étaient rassemblés à côté de la statue pour scander "Pas mon roi" lors du passage du cortège royal.

Selon les sondages, les plus jeunes générations sont bien moins attachées à la monarchie que ne le sont les Britanniques plus âgés. La question se pose également chez les 14 autres pays membres du Commonwealth sur lesquels règne Charles III. La Barbade est devenue une république en 2021 et la Jamaïque envisage de faire de même, la Nouvelle Zélande en parle…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2025

6 mai 2003, le roi Charles III salue ses sujets (photo Katie Chan)

 
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2023, indépendance, Savoie, 27 octobre Bruno Teissier 2023, indépendance, Savoie, 27 octobre Bruno Teissier

27 octobre : une poignée de Savoisiens fêtent l’indépendance de la Savoie

Une poignée d’activistes fête aujourd’hui, par un repas festif organisé à La Muraz, l’anniversaire d’une déclaration d’indépendance de la Savoie. Le mouvement régionaliste Sabaudia s’est toutefois désolidarisé de cette initiative aux accents populistes et complotistes.

 

Le 27 octobre 2023, un groupuscule savoyard indépendantiste avait proclamé l’indépendance de la Savoie, demandant le retrait immédiat  de « tous ses services administratifs et tous ses agents en exercice dans notre État de Savoie ». S’appuyant sur une lecture erronée du droit international, il affirme que le traité de Turin de 1860, par lequel le Piémont cède la Savoie et le Comté de Nice à la France, serait caduc. D’ailleurs, si tel était le cas la Savoie ne serait pas pour autant indépendante, mais reviendrait à l’Italie, héritière du Royaume de Piémont-Sardaigne. Ce traité a bien été réaffirmé par la France et l’Italie en 1947 et il n’a jamais été contesté depuis, sauf par quelques automobilistes qui ont cru pouvoir ne pas s’acquitter des PV et qui, finalement, ont tous été condamnés.

Cette poignée d’activistes fête aujourd’hui, par un repas festif organisé à La Muraz, l’anniversaire de cette déclaration d’indépendance. Un président « savoisien » T. Bécourt (un auteur d’ouvrages ésotériques) ainsi qu’un gouvernement ont été désignés et même quelques ambassadeurs nommés… L’État de Savoie a son site internet officiel sur lequel il décline un discours proche de la rhétorique complotiste et antivax. Ce groupuscule populiste n’a, à ce jour qu’un écho, très limité.

Les régionalistes du mouvement Sabaudia-MRS se sont totalement désolidarisés de ce groupuscule indépendantiste. Leur principale revendication est la création d’une région Savoie avec un statut particulier, comme la Corse, mais il ne réclame pas l’indépendance. Ce mouvement, qui a obtenu quelques élus locaux, existe depuis plus d’un demi-siècle. Une scission minoritaire avait créé dans les années 1990, la Ligue savoisienne, mouvement indépendantiste qui avait inventé une “fête nationale de la Savoie”, le 19 février, anniversaire de la fondation du duché de Savoie en 1416, acte qui faisait de la région un nouvel État européen. Ironie de l’histoire, c’est cet État, devenu le Piémont qui a dépassé sa capitale de Chambéry à Turin, qui est à l’origine du Royaume d’Italie, qui a cédé la Savoie à la France. Mais cette célébration dont la symbolique était bien faible n’a pas survécu à Patrice Abeille son promoteur, décédé en 2013.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 octobre 2024

Le drapeau de la Savoie flottant au col du Petit-Saint-Bernard (photo Florian Pépellin)

 
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Chine, Enseignants, 10 septembre Bruno Teissier Chine, Enseignants, 10 septembre Bruno Teissier

10 septembre : la fête des enseignants en Chine

En Chine, pays de culture confucianiste, l’enseignement a (presque) toujours été grandement valorisé. Aujourd’hui, dans un pays où la compétition scolaire est impitoyable, les enseignants sont particulièrement choyés et sollicités, notamment pour préparer les examens d’entrée au lycée et à l’université.

 

En Chine, pays de culture confucianiste, l’enseignement a (presque) toujours été grandement valorisé. Le 10 septembre, de nombreux enseignants bénéficient de primes de la part des directions scolaires ou même de quelques heures d'arrêt de travail. Cette Journée des professeurs (Jiàoshijié, 教师节) est l’occasion pour les familles d’offrir une carte ou un petit cadeau, voire dans certaines circonstances, une enveloppe rouge (hóngbāo, 红包) contenant de l’argent. Dans un pays où la compétition scolaire est impitoyable, les enseignants sont particulièrement choyés et sollicités, notamment pour préparer l’examen d’entrée au lycée, puis celui qui permet d’accéder à l’université. L’intérêt des familles pour les cours particuliers, donnés discrètement, s’est accru avec la décision du gouvernement, en 2021, d’interdire les entreprises spécialisées dans le soutien scolaire. Les familles sont toujours prêtes à dépenser des fortunes pour soutenir l’éducation de leur progéniture, le plus souvent unique, dans une Chine qui vieillit.

La date du 10 septembre n’a pas de signification particulière, mais elle est proche de la rentrée des classes qui généralement au lieu autour du 1er septembre. Dans les années 1930, le gouvernement du Kuomintang décida de célébrer la Journée des enseignants le 27 août, anniversaire de l'éducateur chinois Confucius. Mais le pays était alors très divisé, et cette idée n’a pas été reprise par le pouvoir communiste. En 1951, le ministre de l'Éducation a décidé de célébrer la Journée des enseignants le 1er mai, Journée internationale du travail, en raison de la reconnaissance des enseignants comme faisant partie de la classe ouvrière. Mais, cette idée n'a pas séduit les enseignants. Et la révolution culturelle de 1966 leur a fait perdre tout leur prestige et leur importance. Il a fallu la réinstallation des examens en 1977, juste après la mort de Mao, pour que les professeurs retrouvent la place qu’ils ont aujourd’hui. En janvier 1985, l'Assemblée populaire nationale a adopté une résolution fixant le 10 septembre la Journée des enseignants afin de développer la tradition de respect des enseignants, d'améliorer leur statut et d'attirer l'attention sur l'éducation. Chaque année, depuis la première Journée des enseignants, le 10 septembre, les enseignants célèbrent leur propre fête.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 septembre 2023

 
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