L’Almanach international

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1470, 1974, São Tomé et Príncipe, 21 décembre Bruno Teissier 1470, 1974, São Tomé et Príncipe, 21 décembre Bruno Teissier

21 décembre : São Tomé célèbre son saint patron et son premier gouvernement postcolonial

Autrefois, à l’époque portugaise, on célébrait chaque 21 décembre, la découverte de l’île en 1470. C’était le jour de la Saint-Thomas et l’île fut baptisée São Tomé. Si cette date demeure un jour férié à São Tomé et Príncipe, c’est que c’est aussi l’anniversaire de la mise en place du premier gouvernement postcolonial. en 1974.

 

Autrefois, à l’époque portugaise, on célébrait chaque 21 décembre, la découverte de l’île par le navigateur Pêro Escobar, en 1470. C’était le jour de la Saint-Thomas (ancienne date) et l’île fut baptisée São Tomé (saint Thomas en portugais). Aujourd’hui, on ne parle plus de la découverte de l’île, inhabitée à l’époque, mais l’Église catholique locale continue de célébrer la Saint-Thomas, saint patron de l'île, le 21 décembre alors que le Vatican l’a déplacé au 3 juillet.

Si cette date demeure un jour férié à São Tomé et Príncipe, malgré le départ des Portugais en 1975, c’est que c’est aussi l’anniversaire de la mise en place du premier gouvernement postcolonial. en 1974, après des négociations avec le gouvernement portugais, le MLSTP (Mouvement de libération de São Tomé et Príncipe ) représenté par Miguel Trovoada, a signé à Alger, la capitale de l'Algérie, l'accord qui a ouvert les portes à l'indépendance de São Tomé et Príncipe. Le pays se dote d’abord d’un régime à parti unique d’inspiration marxiste, sous la présidence de Manuel Pinto da Costa. Puis, à partir de 1990, l’instauration du multipartisme permettra la démocratie parlementaire, secouée néanmoins par deux coups d’État.

Le 21-décembre est appelé Aniversário Acordo de Argel ( l’anniversaire des accords d’Alger). Ceux-ci ont pourtant été signés le 26 novembre 1974, mais la concrétisation s’est faite avec l’instauration d’un nouveau gouvernement, le 21 décembre suivant, jour de la Saint-Thomas. La date est-elle le fruit du hasard dans ce pays catholique mais libéré du colonialisme par un mouvement marxiste ? L’indépendance de São Tomé et Príncipe ne sera proclamée que le 12 juillet 1975 après plus de vingt ans de luttes anti-coloniales.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2023

 
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1989, Panama, deuil, 20 décembre Bruno Teissier 1989, Panama, deuil, 20 décembre Bruno Teissier

20 décembre : le deuil des Panaméens après l’invasion américaine

Depuis l’an dernier, le Panama a un nouveau jour férié qui jusque-là n’était qu’une simple journée commémorative. Désormais le 20 décembre est un jour chômé officiel en souvenir des victimes  de l'invasion américaine du 20 décembre 1989.

 

Depuis l’an dernier, le Panama a un nouveau jour férié qui jusque-là n’était qu’une simple journée commémorative se limitant à une mise en berne des drapeaux. Désormais le 20 décembre est un jour chômé officiel en souvenir des victimes  de l'invasion américaine du 20 décembre 1989. La nouvelle loi interdit, ce jour-là, la vente et la consommation de boissons alcoolisées dans tout le pays, à partir de 00h01, ainsi que la musique forte et l’organisation de spectacles musicaux publics.

Prétextant d’incidents avec des soldats américains et la protection de leurs ressortissants, les États-Unis ont lancé l'opération Just Cause afin de mettre fin à la dictature de Manuel Noriega, par ailleurs trafiquant de drogue notoire. Le 20 décembre 1989, les Panaméens ont vu débarquer milliers de soldats américains, appuyés par les troupes américaines stationnées dans la zone du canal du Panama qui, à l’époque, n’avait pas été restituée au Panama. L’invasion des troupes américaines au Panama permit au président élu Guillermo Endara, de prêter serment (Noriéga avait annulé l’élection) et engagé la démocratisation du pays. Mais l’intervention pilotée par le Président George Bush, fit au moins plusieurs centaines de victimes civiles (2 500 à 3 000 morts selon certaines sources), ainsi que 20 000 réfugiés. Pendant près de deux semaines après l'invasion, des pillages se sont produits, et l'anarchie a régné dans l’ensemble du pays, une situation que l'armée américaine a indiqué n'avoir pas prévue. C’est à toutes ces victimes qu’est dédiée la Journée de deuil national (Día de Duelo Nacional) du 20 décembre. Chaque année depuis 1990, les autorités, les militaires et des civils déposent des fleurs et des couronnes sur les monuments des victimes de l'agression américaine.

Accusé de trafic de drogue par les États-Unis, Noriega, qui a gouverné le Panama, de facto, entre 1983 et 1989. Il s'est rendu aux Américains le 3 janvier 1990, ce qui a entraîné le démantèlement des Forces de défense panaméennes. Il est décédé en 2017 dans un hôpital de la ville de Panama alors qu'il purgeait plus de 60 ans de prison pour des crimes comprenant des homicides et de graves violations des droits de l'homme. Il a aussi été condamné lors de son emprisonnement en France et aux États-Unis (27 ans au total) pour trafic de drogue et blanchiment d'argent.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 décembre 2023

 

Source : ministère panaméen des Relations extérieures

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1848, Abolition de l'esclavage, 20 décembre Bruno Teissier 1848, Abolition de l'esclavage, 20 décembre Bruno Teissier

20 décembre : la fête cafre célèbre la liberté des Réunionnais

L’île de la Réunion résonne depuis hier soir des rythmes du maloya, cette musique créée par les esclaves et quasiment interdite jusqu’aux années 1960. La Fête de la liberté commémore l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848.

 

L’île de la Réunion résonne depuis hier soir des rythmes du maloya, cette musique créée par les esclaves et quasiment interdite jusqu’aux années 1960. La Fête de la liberté commémore l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848. Il était déjà aboli depuis 1834 dans les îles voisines de Maurice et des Seychelles. À la Réunion, cette loi a été attendue pendant des décennies. Ce jour-là, un 20 décembre (20 désanm) donc, 62 000 esclaves ont été libérés, soit plus de 60% de la population de la Réunion. Leur premier geste a été d’abattre le poteau où ils étaient fouettés en public sur la place du marché de Saint-Denis, la capitale de l’île. Cette date n’est fériée à la Réunion que depuis 1983 et la fête Cafre (fèt kaf) est récente.  

Ce soir, la Nuit de la liberté sera marquée par un grand défilé aux flambeaux descendant la rue de Paris, à Saint-Denis. Chaque localité de l’île a prévu un kabar, grands bals populaires où s’exprime le maloya, musique dont le Parti communiste réunionnais a fait depuis les années 1970, un chant identitaire et revendicatif. Depuis 2006, il est inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 décembre 2022

 
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1999, Chine, fête régionale, 20 décembre Bruno Teissier 1999, Chine, fête régionale, 20 décembre Bruno Teissier

20 décembre : Macao célèbre le jour où elle est tombée sous l'autorité de Pékin

La Journée de la création de la région administrative spéciale de Macao rappelle ce jour de 1999 où le Portugal a cédé sa colonie de Macao à la Chine.

 

La Journée de la création de la région administrative spéciale de Macao est célébrée chaque année le 20 décembre. Elle rappelle ce jour de 1999 où le Portugal a cédé le territoire de Macao à la Chine. 

Les Portugais étaient présents sur cette petite péninsule et les deux îles depuis le XVIe siècle. Le 20 décembre 1999, cette colonie portugaise, relativement prospère, est devenue la Région administrative spéciale de Macao de la république populaire de Chine (中華人民共和國澳門特別行), une région de moins en moins spéciale que Pékin est en train de normaliser sans grande résistance localement, à l’inverse de ce qui se passe dans l’ex-colonie britannique de Hong Kong, cédée à la Chine deux ans et demi avant Macao.-

La Journée de la création de la région administrative spéciale de Macao (澳門特別行政區成立紀念日), Dia Comemorativo do Estabelecimento da Região Administrativa Especial de Macau, est considérée comme un  simple « retour de Macao à la patrie ». Les festivités s’insèrent dans le « Macao Festival of Light 2021 » qui se déroule entre le 4 décembre 2021 et le 2 janvier 2022, de 19h00 à 22h00 célébrant  diverses fêtes festives, outre le 22e anniversaire de la création de la région administrative spéciale de Macao, le solstice d'hiver, Noël, le Nouvel An…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 décembre 2021

 
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1917, Russie, Police, 20 decembre Bruno Teissier 1917, Russie, Police, 20 decembre Bruno Teissier

20 décembre : le régime russe célèbre sa police politique

Imaginerait-on en Allemagne célébrer l’anniversaire de la Gestapo ? En Russie, on continue à fêter chaque 20 décembre celle de la Tchéka, la police politique, ancêtre du FSB, l’organisme qui a tenté récemment d’empoisonner Alexeï Navalny.

 

Imaginerait-on en Allemagne célébrer l’anniversaire de la Gestapo ? En Russie, on continue à fêter chaque 20 décembre celle de la Tchéka, la police politique, ancêtre du FSB (service secret russe), l’organisme qui a tenté d’empoisonner Alexeï Navalny. Poutine ne manque jamais cette célébration annuelle à laquelle il participe pleinement, lui ancien membre du KGB.

La célébration du 20 décembre est sans doute la plus ancienne des fêtes officielles russes puisqu’elle remonte aux années 1920. Elle symbolise la parfaite continuité politique de la Russie soviétique à celle de Poutine. La Tchéka a été fondée le 20 décembre 1917 par Félix Dzerjinski pour combattre les opposants à la révolution. Très vite, ses effectifs deviennent considérables : de 600 en mars 1918, les tchékistes passent à 2 000 en juillet, puis à 40 000 à la fin de l'année. En 1920, un décret autorise la Tchéka à interner en camp de travail, « pour un délai n'excédant pas cinq ans », des individus apparaissant comme « innocents aux termes de l'instruction », mais qui sont perçus comme ennemis. Autrement dit, sa mission est de neutraliser les opposant au régime. C’est exactement ce que vient de faire le FSB en tentant d’empoisonner Alexeï Navalny, le principal opposant à Vladimir Poutine sur la scène politique russe. Celui-ci a été sauvé par la médecine allemande qui a détecté un poison dont seuls les services russes font usage.

La Tchéka a été rebaptisée en Guépéou, puis en NKVD puis en KGB, là où justement Poutine a fait toute sa carrière avant de prendre le pouvoir. Au moment de la chute du communisme, les foules en colère ont procédé au déboulonnent la statue de Dzerjinski, d’abord à Varsovie en 1989, puis à Moscou en 1991 : celle qui trônait devant la Loubianka, le siège de la police politique de 1920 à nos jours. Le KGB a été partiellement démantelé mais c’est sans doute l'institution la mieux préservée depuis la chute de l'URSS. Son successeur, le FSB, a le vent en poupe dans la nouvelle Russie. Ses membres revendiquent toujours l’appellation de tchékiste. Chaque 20 décembre en Russie, on célèbre une institution qui a assassiné plusieurs millions de personnes, y compris ses propres cadres , qui a inventé le Goulag, réduit en esclavage et déporté des millions de citoyens soviétiques parfaitement innocents mais qui étaient d'origine ou d'origine ethnique suspecte.

La Russie a largement bouleversé le calendrier de ses célébrations officielles, la Révolution d’octobre n’est plus commémorée mais la fête soviétique de la Tckéka, rebaptisée Journée des membres des services de sécurité, est toujours marquée avec ferveur et ses propres membres restent attachés à l’appellation d’origine. En référence à cet anniversaire, les tchékistes étaient autrefois payés le vingt de chaque mois (date choisie pour commémorer la naissance de la Tcheka dans le calendrier grégorien). On estime nombre de citoyens soviétiques tués par la Tcheka à environ 20 millions. Chaque année, on évoque la remise en place de la statue de Dzerjinski, auquel les services vouent un culte, sur la place de la Loubianka. Pour l’occasion le site de la Loubianka vend des objets souvenir : www.lubanka.ru 

Pratiquement chaque famille peut nommer au moins un membre victime de Felix Dzerjinski ou de l'un de ses successeurs. On s’en doute la célébration n’est pas populaire, mais le FSB n’a de compte à rendre ni au Parlement ni à l'opinion publique, il n’est responsable que devant le Kremlin. Alexeï Navalny sait que s’il revient en Russie, il risque à nouveau sa vie. Ainsi fonctionne la vie politique russe. Il y a cinq siècles, Ivan le terrible gouvernait déjà ainsi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 décembre 2020

 
Poutine et des agents du FSB

Poutine et des agents du FSB

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