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1972, Irlande, Royaume-Uni, massacre Bruno Teissier 1972, Irlande, Royaume-Uni, massacre Bruno Teissier

30 janvier : il y a 50 ans, le Bloody Sunday en Irlande du Nord

Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’il défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972. Le souvenir d’un passé révolu ? Pas sûr, car le Brexit ne fait que raviver les inquiétudes et les rancœurs.

 

Ce dimanche, à Derry, en Irlande du Nord, on commémore les 14 morts tués par l’armée britannique alors qu’ils défilaient pacifiquement, le 30 janvier 1972 pour demander l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. La manifestation était organisée par la Northern Ireland Civil Rights Association également pour protester contre l’internement sans procès de nationalistes irlandais dans des camps de détention.

Le souvenir d’un passé révolu ? L’explosion d’une voiture piégée  à Londonderry, le 19 janvier 2019, attribué l’attaque à un groupe républicain dissident, puis la mort par balle d’une jeune journaliste, en avril, est le signe que tout peut reprendre en cas de remise en cause l’accord de 1998  (dit du Vendredi Saint) entre républicains nationalistes (les catholiques) et loyalistes unionistes (les protestants). Londres a longtemps tergiversé mais, finalement, le Brexit n’a pas remis en cause cet accord, tout au moins officiellement.

En 2021, la marche annuelle a été annulée, l’Irlande du nord vivant sous un régime de confinement dû au covid. Ces dernières années, la marche annuelle dans le quartier catholique de Londonderry (Irlande du Nord) attirait moins de monde qu’autrefois. Non que s’estompe le souvenir des 14 manifestants tués pour les droits civiques, des adolescents pour la plupart, mais, Londres a fini par accepter une enquête, dont le rapport a conclu à l’entière responsabilité des soldats anglais. Ce qui a poussé le Premier ministre David Cameron, en 2010, à présenter des excuses et offrir une indemnisation aux familles... 38 ans après le drame. Les familles réclament toujours un procès de tous les responsables. La justice britannique ne poursuit pour le moment qu’un seul soldat qui a obtenu de conserver l’anonymat. 50 ans après le massacre, le procès est toujours en cours… Ces atermoiements sont d’autant plus incompréhensibles que le régiment de parachutistes chargé de l'opération était aussi responsable du massacre à Belfast de 11 personnes dans des circonstances semblables en août 1971.

Une minute de silence est traditionnellement observée, chaque dernier dimanche de janvier, devant le monument dédié au Bloody Sunday (« dimanche sanglant »), le “Bloody Sunday Obelisk Memorial,” 25 Rossville St, Bogside, Londonderry BT48 6LP.

Le Bloody Sunday appartient au passé mais personne n’a oublié, car toute la ville était dehors ce jour-là, le nombre de témoins encore vivants est encore considérable. Ce qui a profondément changé, 50 ans plus tard, c’est qu’aujourd’hui, les catholiques proportionnellement plus nombreux sont sortis des ghettos. Ce sont les protestants qui, à présent, sont sur la défensive. Avec le Brexit, ils ont le sentiment d’avoir été fragilisés. La tension est toujours palpable à Derry (Londonderry pour les unionistes). Pariculièrement en ce début d’année 2022, à l’approche des élections du mois de mai où, pour la première fois, le Sinn Féin, un parti prônant la réunification de l’Irlande, pourrait l’emporter.

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