L’Almanach international

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1927, Chine, Armée, 1er août Bruno Teissier 1927, Chine, Armée, 1er août Bruno Teissier

1er août : la Journée de l'armée, occasion pour la Chine de montrer sa puissance

Le 1er août est férié en Chine, c’est la Journée de l’armée. Officiellement, c’est l’anniversaire de la fondation de l’Armée rouge, lors du soulèvement de Nanchang, en 1927. Une armée qui n’ guère l’expérience du feu. Sa dernière grande bataille a été livrée en février 1979 et s’est soldée par une défaite face à l’armée vietnamienne qui avait envahi le Cambodge !

 

Le 1er août est férié en Chine, c’est la Journée de l’armée (中国人民解放军建军纪念日),. Officiellement, c’est l’anniversaire de la fondation de l’Armée rouge, lors du soulèvement de Nanchang (南昌起义), en 1927. Rebaptisée plus tard Armée populaire de libération, elle est devenue, en 1949, l’armée de la République populaire de Chine. Le drapeau de l’armée comporte les deux caractères chinois "八一" en référence au jour anniversaire (signifiant littéralement 8e mois, 1er jour).

Les forces communistes se retirèrent finalement de Nanchang, craignant d'être assiégées par les forces fidèles à Tchang Kaï-chek, emportant une importante cargaison d'armes. En avril 1928, ces troupes conduisent par Zhou Enlai ont rejoint celles dirigées par Mao Zedong qui avaient, elles aussi échappées à l’échec d’un soulèvement. La guerre civile chinoise avait commencé, elle durera jusqu’en 1950. On le sait les communistes l’ont emporté face aux nationalistes. Le 1er août (1927) fait figure de date mythique. La principale place de Nanchang a été baptisée Bayi (phonétiquement : 8-1). C’est la deuxième de Chine par la taille, après Tiananmen à Pékin. Au centre, un énorme mémorial haut de 53 m, rend hommage au soulèvement communiste du 1er juillet 1927. Le PCC avait été créé à Shanghai le 23 juillet 1921. La Chine vient d’en célébrer, avec faste, le centenaire. Mais le 1er août, c’est le premier coup de feu de la guerre civile (ou de la guerre de conquête du pouvoir) qui est célébré. L’énorme fusil du mémorial symbolise ce moment. On le trouve en modèle réduit dans la boutique du mémorial. Le tourisme rouge est très prisé en Chine. La province du Jiangxi et sa capitale Nanchang sont la principale destination des voyages patriotiques.

Le PCC célèbre le 1er août depuis 1933. Mais, ce n’est qu’en 2017 que Pékin a décider d’organiser un défilé militaire pour l’occasion. C’était pour marquer les 90 ans de l’Armée rouge. Longtemps la Chine a évité d’afficher sa puissance. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ses effectifs sont les plus importants au monde, soit 1,3 million de soldats d’active. Aujourd’hui, la marine surclasse, en nombre de bâtiments l’US Navy et inquiète, voire menace, ses voisins. Quant à l’armée de l’air chinoise, elle n’est encore que la 3e mondiale mais pour combien de temps ? Elle possède, notamment, une équipe de voltige, baptisée 1er août ou Ba Yi, qui fait régulièrement des démonstrations de voltige aérienne.

Cela dit, l’armée chinoise, si menaçante, notamment à l’égard de Taïwan, est-elle si puissance que cela ? En réalité, elle n’a guère l’expérience du feu, hormis des escarmouches face à l’armée indienne. Sa dernière grande bataille a été livrée en février 1979 et s’est soldée par une défaite face à l’armée vietnamienne qui avait envahi le Cambodge !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1944, 1949, Lettonie, URSS, résistance Bruno Teissier 1944, 1949, Lettonie, URSS, résistance Bruno Teissier

17 mars : un nouveau jour férié letton pour célébrer la résistance aux nazis et à l’URSS

En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement en Lettonie. Elle fait référence à résistance aux deux ennemis mortels des années 1944-1945, les nazis et les Soviétiques. La création de cette journée a pour but de désactiver une célébration néonazie qui se déroule chaque 16 mars dans les rues de Riga.

 

En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena) fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement. Elle a été créée en juin 2021, à l'initiative du président Egils Levits et sur décision de la Saeima (le parlement). Plusieurs dates auraient été possibles, le 17 mars a été choisi pour couper l’herbe sous les pieds  de l’extrême droite lettone qui avait pris l’habitude chaque 16 mars de faire défiler d’anciens SS lettons ayant combattu dans l’armée allemande contre l’Armée rouge. Ce défilé qui attirait tous les néonazis de la région était du plus mauvais effet pour l’image de la Lettonie, d’autant que ce défilé provoquait aussi la réaction, parfois violente, de nombreux militants pro-kremlin vivant en Lettonie.

En choisissant la date du 17 mars, les autorités lettones honorent les élites lettones réagissant à la fois à l’occupation allemande – laquelle avait débuté en juin 1941 et s’était totalement terminée le 8 mai 1945 seulement, pour les derniers territoires libérés – mais aussi soviétique, car début 1944, l’URSS reprenait l’offensive contre l’Allemagne et menaçait de reprendre le contrôle total de la Lettonie.

Le 17 mars 1944, le Conseil central de Lettonie (LCP) dirigé par le professeur Konstantīns Čakste (fils du premier président de Lettonie, Jānis Čakste), a conclu la collecte de 188 signatures de personnalités lettones pour un mémorandum réclamant la restauration effective de l'indépendance de l'État letton. Les élites lettones demandaient la restauration de la république de Lettonie telle qu’elle avait existé de 1920 à 1940. Le 14 juin 1940, l’Armée rouge avait envahi la Lettonie, un an plus tard l’URSS était remplacée par l’Allemagne nazie comme puissance occupante. Au printemps 1944, la Lettonie était prise entre deux feux.

Le LCP (Latvijas Centrālā padome) avait été fondé clandestinement, sous l'occupation allemande, le 13 août 1943, par les représentants des quatre plus grands partis composant l’ancien Parlement de la République de Lettonie (la Saeima), le Parti ouvrier social-démocrate letton, l’Union des agriculteurs lettons, le Centre démocratique et le Parti des agriculteurs chrétiens de Latgale. L’ancien président de la Saeima (Paula Kalniņa) et l'évêque Jázeps Rancāns y participait. Le LCP était la plus importante organisation de résistance.

Son objectif est la restauration de l'indépendance du pays sur la base de la Constitution de 1922. Le LCP, qui se considérait comme le centre et le coordinateur du mouvement de résistance en Lettonie, avait déclaré une lutte contre les deux puissances d'occupation - les Soviétiques et les nazis - dans sa plate-forme politique. Le mémorandum du 17 mars a été signé par 188 éminentes personnalités politiques, sociales, scientifiques et culturels lettons, représentants de l'intelligentsia.

Au printemps 1944, les forces de sécurité allemandes ont lancé une sévère répression contre le LCP. En avril, K. Čakste a été arrêté puis envoyé au camp de concentration de Stutthof (en Alsace), où il est décédé le 22 février 1945. Après que Riga soit repassée sous occupation soviétique, en octobre 1944, LCP a opéré à partir de Kurzeme, avant que certains de ses membres se soient réfugiés en Suède. 

En effet, en 1944 et 1945, l'une des activités importantes du LCP a été d'aider des réfugiés à quitter la Lettonie pour la Suède. Le LCP a organisé une « action de bateau » qui a aidé environ 5 000 personnes à échapper à l'occupation soviétique. La commission militaire LCP sous la direction du général Jānis Kurelis et du capitaine Kristaps Upelnieks était active. Le LCP a misé sur les possibilités de reconquérir le statut d'État indépendant au moment de la vacance du pouvoir d'occupation, quand les forces allemandes quitteraient le pays, et avant que régime soviétique ne réoccupe le territoire de la Lettonie, avec l’espoir d’un soutien des alliés occidentaux qui étaient en train de gagner la guerre mondiale. Mais, afin de ménager Moscou, ce soutien n’est jamais venu.

Certains partisans du LCP ont pris le maquis dans les forêts du pays et se sont battus pendant plusieurs années. En 1949 (à nouveau un 17 mars), 24 partisans, réfugiés dans un bunker, livrèrent leur dernière bataille contre 760 hommes de la Tcheka (la police politique russe). 15 partisans sont morts, neuf ont été capturés.  Cette ultime bataille, désespérée, fait de la date du 17 mars un double symbole d’une résistance à la fois politique et militaire contre les deux ennemis mortels de l’époque, les nazis et les Soviétiques.

En 2023, alors qu’une guerre déclenchée par Moscou, se déroule non loin des frontières de la Lettonie, un pays où vit une très importante communiste russe, ce genre de commémoration prend une dimension particulière. Le souci du gouvernement letton est que cette commémoration soit celle de tout le pays et non celle de l’extrême droite et des courants les plus nationalistes comme c’est le cas du défilé du 16 mars dans les rues de Riga.

Ce vendredi 17 mars à 17h00, un événement solennel dédié à la mémoire du Mouvement de la Résistance nationale se tient sur la place Brivibas, à Riga. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

L'original du mémorandum n'a pas été perdu. Il était caché à Riga sous le plancher d'un appartement, où il a été retrouvé en 2001 lors de rénovations. 

Partisans lettons antisoviétiques

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