L’Almanach international

PAGE FACEBOOK DE L'ALMANACH

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1622, Inde, héros national, 24 novembre Bruno Teissier 1622, Inde, héros national, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : l’État indien d’Assam célèbre un héros qui ne déplait pas à Modi

Le 24 novembre est l’anniversaire de Lachit, un commandant militaire du royaume d’Ahom (dont l’État indien de l’Assam a hérité). La mémoire de sa résistance aux Moghols n’est pas pour déplaire au très national-hindouiste premier ministre de l’Inde, Narendra Modi.

 

Le 24 novembre est l’anniversaire de Lachit Borphukan (Lachit Divas), un commandant militaire de l’ancien royaume d’Âhom dont l’État indien de l’Assam a hérité. Il était né en 1622. Son 400e anniversaire, 2022, avait donné lieu à de grandes célébrations aussi bien en Assam qu’à New Delhi. Le président indien de l’époque, Shri Ram Nath Kovind, était venu en Assam pour poser la première pierre d’un mémorial et d’une statue en bronze de 45 mètres de haut du commandant. Le gouvernement de l'Assam a également annoncé la création d’un musée afin de faire connaître au plus grand nombre l’histoire héroïque de Lachit.

Le principal fait d’armes de Lachit est d’avoir remporté une bataille navale, sur le fleuve Brahmapoutre, avec une simple flottille de sept navires face aux vaisseaux de l’Empire moghol. Cette bataille de Saraighat, en 1671, permettra la survie du petit royaume d’Âhom, lequel échappera à la domination des Moghols, dont l’État s’étendait sur tout le nord de l’Inde et au-delà, du Bengale jusqu’à Kaboul. Cette mémoire de la résistance aux Moghols n’est pas pour déplaire au très national-hindouiste premier ministre de l’Inde, Narendra Modi qui chaque année commémore le courage de Lachit Borphukan face à un puissant empire musulman. En 2022, un méga-événement de trois jours avait d’ailleurs été organisé à New Delhi autour du 24-Novembre. 

La bataille de Saraighat en 1671 demeure l’épisode central du récit de Lachit Barphukan, mais son rôle historique commence bien avant ce combat. Il consacra des années à renforcer l’armée âhom, à rétablir la discipline et à redonner confiance aux soldats démoralisés par des revers. Son génie résidait non seulement dans la préparation militaire, mais aussi dans sa compréhension du contexte émotionnel du peuple, rappelant aux habitants de l’Âhom que leur identité, leur liberté et la continuité de leur culture dépendaient de leur volonté collective de défendre leur patrie. Tel est le discours qui est diffusé chaque 24 novembre par les autorités de l’État d’Assam lequel a fait du Jour de Lachit (Lachit Divas) une fête patriotique.

Depuis 1999, à l’Académie nationale de défense (NDA), on décerne chaque 24 novembre, une médaille d’or Lachit Barphukan au meilleur cadet afin que les braves soldats indiens puissent s’inspirer de ce guerrier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2025

Mémorial de la bataille de Saraighat sur le Brahmapoutre

Le commandant Lachit mourut un an après la célèbre bataille. Ses restes furent déposés sous ce tombeau (Maidam) construit par Swargadeo Udayaditya Singha en 1672 à Hoolungapara, à 16 km à l'est de la ville de Jorhat.

 
Lire la suite
1997, 24 novembre Bruno Teissier 1997, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : des fleurs sur la tombe de Barbara

Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ?

 

Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ? En juillet 1964, Barbara est invitée par le directeur du Jungen Theater de Göttingen, une petite ville de Basse-Saxe. Elle refuse d’abord, puis se laisse convaincre à aller chanter en Allemagne. La jeune femme d’origine juive a échappé à la déportation en vivant cachée pendant l’occupation allemande de la France. La guerre s’est terminée il y a moins de vingt ans. Ce qui la fait changer d’avis c’est qu’on lui dit qu’elle a beaucoup de fans parmi les étudiants cette ville universitaire. Beaucoup n’ont même pas vingt ans. Le récital a failli ne pas avoir lieu parce que Barbara avait exigé un piano à queue, elle refuse le piano droit qu’on lui présente. Mais finalement quelques étudiants costauds finissent par leur ramener celui d’une vieille dame. La soirée connaît un tel succès que le directeur du théâtre prolonge son contrat de huit jours. Barbara tombe amoureuse de la ville et de ses « enfants blonds ». Après avoir griffonné les premières paroles de Göttingen, elle interprète cette nouvelle chanson le dernier soir, devant un public conquis. « Bien sûr, ce n’est pas la Seine. Ce n’est pas le bois de Vincennes. Mais c’est bien joli tout de même à Göttingen.» " Cet hymne célébrant l’amitié franco-allemande est resté une chanson culte. « Et tant pis pour ceux qui s’étonnent. Et que les autres me pardonnent. Mais les enfants, ce sont les mêmes. À Paris ou à Göttingen.» Barbara a fait ensuite une version allemande de cette ode à la réconciliation franco-allemande.

La France et l’Allemagne ont scellé leur réconciliation un peu plus d’un an plus tôt, le 22 janvier 1963. La visite de Barbara à Göttingen, suivie de plusieurs autres, et sa chanson sont de ces petits gestes qui rapprochent les peuples.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024

Barbara en 1965 (photo Ron Kroon)

 
Lire la suite
1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier 1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : les sikhs pleurent leur neuvième gourou

Guru Tegh Bahadur vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs comme l’un des dix gourous fondateurs de leur religion. C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, au Pendjab, l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

 

Guru Tegh Bahadur (ਗੁਰੂ ਤੇਗ਼ ਬਹਾਦੁਰ) vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs sous le nom de Srisht-di-Chadar (protecteur de l'humanité). C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, située aujourd’hui au Pendjab, qui est l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

En mai 1675, Guru Tegh Bahadur fut approché par des pandits (sages) hindous du Cachemire, sollicitant l'intercession du gourou contre les conversions des hindous à l'islam imposées par les dirigeants moghols de l’Inde. Il encourage les pandits à résister à ces conversions forcées. Lui-même refuse de se convertir à l’islam. Pour cela il est convoqué à Delhi chez l’empereur Aurangzeb furieux. Lui et ses fidèles sont torturés. Guru Teg Bahadur Ji est condamné à mort. Il a été publiquement exécuté par décapitation. Les sikhs ont retenu la date du 24 novembre 1675 pour cette exécution, même si les historiens avancent la date du 11 novembre. Avant se se rendre chez l’empereur, il avait pris soin de désigner son fils, fils, Gobind Rai, Guru, comme son successeur. Ce dernier est le dixième et dernier des dix gourous fondateurs du sikhisme.

Chaque 24 novembre, les sikhs vénèrent un sage qui s’est sacrifié pour la liberté religieuse. Devant tant de résistance, Aurangzeb  renoncera à ses projets de conversion de masse à un  islam radical. À chaque date anniversaire, les sikhs commémorent le martyre de Guru Tegh Bahadur (गुरु तेग बहादुर पुण्यतिथि). Ce jour-là, un grand nombre de fidèles se rassemblent pour des processions en hommage au Guru. Des kirtans (chants religieux) sont chantés dans les gurudwaras (temples sikhs)  par les fidèles.

À la mémoire de Guru Tegh Bahadur, un gurdwara nommé Sis Ganj Sahib a été construit sur le site de son martyre : Chandni Chowk à Delhi. Lors du défilé de la fête de la République, le régiment sikh de l’armée indienne salue le Sis Ganj Gurudwara avant de saluer le président de l’Inde. Un autre gurdwara, Raqab Ganj Sahib à Delhi a été construit sur le site de la maison de Lakhi Shah Vanjara, le disciple qui avait brûlé sa maison pour incinérer le corps du gourou. Ces temples sont d’importants lieux de pèlerinage, en particulier chaque 24 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2023

 
Lire la suite
1162, Mongolie, Père de la nation Bruno Teissier 1162, Mongolie, Père de la nation Bruno Teissier

24 novembre : la Mongolie cultive la mémoire de Gengis Khan, son héros national

Cette “Journée de la fierté nationale mongole” est présentée comme le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ». Le Grande Empereur Gengis Khan a été érigé en glorieux ancêtre, il sert aujourd’hui à revaloriser une identité nationale mongole, méprisée à l’époque où le pays vivait sous la tutelle de Moscou.

 

La Mongolie fête aujourd’hui l’anniversaire de son héros national. Ce pays qui a échappé au statut de satellite de la Russie avec la disparition de l’URSS, cherche à se doter de nouvelles références identitaires. La figure de Gengis Khan, le guerrier qui a unifié les différentes tribus mongoles et qui s’est lancé à la conquête du monde au début du XIIIe siècle, est un moyen de redonner au pays une fierté qu’il avait perdue.

Déjà, en 2006, le pays avait organisé de grandes festivités pour les 800 ans de son empire. Depuis l’engouement pour cette figure qui a fait trembler les Russes et bien d’autres peuples, n’a fait que grandir. Il fallait trouver une date pour le célébrer chaque année. Les historiens sont très partagés sur la date de naissance du Grand Empereur : entre 1155 et 1162. Les autorités mongoles ont tranché. Elle ont constitué une commission qui a fini par se mettre d’accord sur une date très précise : le premier jour du premier mois d’hiver de l’an 1262. Cette date a permis de créer une Journée de la fierté nationale (үндэсний бахархлын өдөр) dont la première célébration a eu lieu en novembre 2012 à l’occasion de ce qui a été annoncé comme le 850e anniversaire de la naissance de Gengis Khan. La date est donc déterminée par le calendrier traditionnel mongol. En 2022, c’est ce 24 novembre que l’on fête le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ».

Le jour est férié et chômé en Mongolie. Le matin, on organise la cérémonie du Grand Drapeau Blanc de l'État mongol unifié, on rend hommage à chacun de ses statues monumentales, on décerne la médaille de l'Ordre Chingis Khan, la plus haute distinction, à des personnalités ayant contribué à la transmission des traditions de l'État, de l'histoire et de la culture mongole, on défile en costume d’époque dans les rue d’Oulan-Bator… mais la manifestation la plus populaire reste le match de lutte de haut niveau organisé ce jour-là. Il débute à 14h00 à la salle omnisports "Buyant-Ukhaa" de la capitale.

Gengis Khan (1162-1227) fut le premier empereur mongol. Son génie politique et militaire lui permit d’unifier les tribus turques et mongoles de l’Asie centrale en se lançant à la conquête de la majeure partie de l’Asie, la Russie, la Perse, la Mésopotamie et jusque dans l’est de l’Europe, soit l’un des plus grands empires jamais créé. Cela s’est fait au prix d’horribles massacres que la mémoire mongole a occulté mais que celle des peuples conquis a gardé comme un souvenir funeste. Sauf en Chine où l’un de ses petits-fils a fondé une dynastie, les Yuans qui ont régné pendant presque un siècle sur l’immense pays. Si bien que les autorités chinoises classent aujourd’hui Gengis Khan parmi les glorieux ancêtres de la Chine, une manière d’inclure les Mongols dans leur sphère d’influence, sachant qu’ils sont plus nombreux à vivre dans l’Empire du Milieu que dans la petite Mongolie dite « extérieure » qui célèbre aujourd’hui le père de sa nation.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2022

 
Lire la suite
1859, sciences, 24 novembre Bruno Teissier 1859, sciences, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : une journée pour opposer la science aux croyances religieuses

C’es le Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.

 

Dans certaines universités américaines et même en Europe, on a pris l’habitude depuis un quart de siècle, de célébrer chaque 24 novembre un Jour de l’évolution (Evolution Day) afin de marquer l’anniversaire de la publication d’un ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin : L’Origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, plus connu sous son titre abrégé L’Origine des espèces, paru le 24 novembre 1859.

Darwin ne fut certes pas le premier à proposer l’idée d’évolution contre celle de la création divine des espèces. Le Français Jean-Baptiste Lamarck ou les Britanniques  Robert Chambers et Alfred Russel Wallace l’avaient déjà évoqué. Mais Charles Darwin faisant la synthèse des connaissances du temps proposait une véritable révolution des sciences et de la culture occidentale. Son livre est considéré comme le fondement de la biologie évolutive. Il contredit totalement l’ensemble des doctrines religieuses. Un siècle et demi plus tard, cette révolution scientifique n’a toujours pas été acceptée par de nombreux milieux chrétiens évangéliques ou catholiques ainsi que par la plupart des musulmans.

Jusqu’en 1967, dans le Tennessee, par exemple, il était interdit d’enseigner la théorie de l’évolution. Récemment, on y a voté une loi permettant aux enseignants de l’école publique de mettre le créationisme et la théorie darwinienne sur le même plan, comme deux options tout aussi crédibles les unes que les autres. Chez les fondamentalistes chrétiens la seconde est totalement bannie comme chez les musulmans radicaux. En Turquie, depuis 2019, la théorie de l'évolution est bannie des programmes scolaires du secondaire (collège et lycée) pour n'être abordée que dans l’enseignement supérieur !

En ces temps où les découvertes scientifiques sont rabaissées au rang de simples croyances, à une époque où une partie de la population, de tous pays, s’appuie sur de fumeuses superstitions pour rejeter les vaccins, il n’est pas inutile que la science établisse ses découvertes comme des réalités et non des options à prendre ou à laisser. Comme deux occasions valent mieux qu’une. Cette date vient compléter le Darwin Day, qui tombe le 12 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2021

 
Lire la suite