L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
11 novembre : la Journée du féminisme en Belgique
Cette année, la Journée du féminisme met l’accent sur les inégalités socio-économiques : Les choix politiques pénalisent particulièrement les femmes en Belgique et dans le monde.
Éclipsée médiatiquement par les commémorations du 11-Novembre, la 54e Journée du féminisme (Dag van het feminisme) a un écho limité, pourtant elle se tient chaque 11 novembre depuis plus d’un demi-siècle. Jusqu’en 2022, la date était connue comme Journée nationale des femmes (Nationale Vrouwendag). En fait de nationale, la journée est surtout flamande, elle se déroule chaque année dans une ville différente, toujours en Flandre. Pour l’édition 2025, c’est à Anvers chez Lucy's Antwerp, Paleisstraat 39-41 à partir de 10h30.
La date du 11 novembre est un hasard du calendrier de Simone de Beauvoir qui était libre ce jour-là, pour répondre à l’invitation de Germaine Greer, autre pionnière du féminisme. Le Jour du Souvenir étant férié en Belgique, comme en France, cela permettait aussi au plus grand monde de venir participer à l’évènement organisé par la VOK (Association des organisations de femmes). La foule est si nombreuse que Simone de Beauvoir a peiné à monter sur scène. Face au micro, elle a exhorté les femmes à prendre leur destin en main : « J’ai toujours cru qu'un régime social différent favoriserait l'émancipation. Lors de mes voyages dans les pays de l'Est et en Chine, j'ai constaté que les hommes y détenaient encore le dernier mot. Cela m'a convaincue que seules les femmes pouvaient changer les choses. Elles devaient prendre leur émancipation en main. » Depuis, cet événement fondateur, l’organisation féministe Furia organise chaque 11 novembre une Journée féministe avec une thématique qui change chaque année.
Cette année, la Journée du féminisme met l’accent sur les inégalités socio-économiques : « Les choix politiques pénalisent particulièrement les femmes en Belgique et dans le monde. Le travail non rémunéré – soins aux personnes dépendantes, tâches ménagères, éducation des enfants – est rarement reconnu. Lorsqu'il est effectué à domicile, il est gratuit et pénalisé par une réduction de leurs pensions ; lorsqu’il est rémunéré, il l’est souvent pour de faibles salaires et dans des conditions précaires. De plus, ce travail pèse de manière disproportionnée sur les femmes en situation de vulnérabilité : femmes peu instruites, femmes de couleur, femmes sans papiers, etc. »
Ce constat n’est pas propre à la Belgique. En France, à partir de ce lundi 10 novembre, à 11 heures, 31 minutes et 22 secondes exactement, les femmes travaillent « gratuitement », et ce jusqu’à la fin de l’année, en raison des inégalités salariales persistantes. À temps de travail identique, les Françaises gagnent 14,2 % de moins que les hommes en moyenne. C’est ce chiffre qui a été utilisé pour calculer la date symbolique du 10 novembre 2025. Ce pourcentage est comparable en Allemagne, au Pays-Bas ou au Royaume-Uni. En revanche, il est beaucoup plus faible en Belgique (7 %) qui, avec le Luxembourg, fait figure de bon élève en la matière. Mais peut-être pas s’agissant du partage des tâches ménagères…
En Belgique, il a de nombreux sujets à débattre et de situation à améliorer. Furia s’oppose à une société où les inégalités se creusent, y compris entre les femmes elles-mêmes. Cette journée rassemble féministes et personnes partageant les mêmes idées.
À l’échelle internationale, c’est le 8 mars ou autour de cette date que l’on aborde tous ces sujets et bien d’autres concernant le droits des femmes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2025
11 novembre : l’indépendance de l’Angola
Le 11 novembre 1975, le MPLA proclamait l'indépendance de l'Angola, mettant fin à plus de quatre siècles de d’occupation portugaise et à 14 ans d’une guerre d’indépendance qui avait débuté en 1961. Mais ce ne fut pas pour autant la fin de la guerre…
Le 11 novembre 1975, à minuit, à Luanda, Agostinho Neto, du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), proclamait l'indépendance de l'Angola. Il mettait fin à plus de quatre siècles de d’occupation portugaise et 14 ans d’une guerre d’indépendance qui avait débuté le 4 février 1961.
L’Angola indépendant fêtera donc ses 50 ans l’an prochain. Les célébrations de cinquantenaire commencent dès aujourd’hui, 11 novembre 2024, jour férié appelé Jour de l’indépendance (Dia da Independência nacional). Le point culminant des cérémonies se déroule en présence du président angolais, João Lourenço, sur la place de la République, où se trouve le Mémorial António Agostinho Neto. Les célébrations se poursuivront jusqu'en décembre 2025.
« Angola 50 ans : Préserver et valoriser les acquis, construire un avenir meilleur », telle est la devise centrale de ces treize mois et demi de festivités.
Le 11 novembre 1975, une guerre de libération se terminait , mais l'indépendance a été proclamée le même 11 novembre par trois mouvements différents : le MPLA (Mouvement populaire pour la libération de l'Angola) à Luanda ; le FNLA (Front national pour la libération de l'Angola) à Ambriz, soutenu par le Zaïre, et l’UNITA (Indépendance totale de l'Angola) à Huambo. Cependant, seule la proclamation du MPLA (soutenue par les Soviétiques et les Cubains) a été reconnue par la communauté internationale mais son installation au pouvoir n’a pas été acceptée par les formations concurrentes qui n’ont pas baissé les armes, en particulier l’UNITA soutenue à la fois par les Américains et les Chinois. Il faudra attendre encore 27 ans pour qu’elles se taisent vraiment, le 4 avril 2002 précisément.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 novembre 2024
Timbre poste émis pour le 1er anniversaire de l’indépendance, en 1976
11 novembre : le centenaire de la Flamme du souvenir
Il y a 100 ans, le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu est installée à l’Arc de Triomphe depuis le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes actifs, le plus fort ratio parmi les belligérants).
Le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu avait été installée à l’Arc de Triomphe trois ans plus tôt, le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes français actifs, le plus fort ratio parmi tous les belligérants).
Le 11 novembre 1922, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris, devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré. Aujourd’hui, la France célèbre, un dernier des centenaires lié à la Grande Guerre : cela fait 100 ans que brûle la Flamme du souvenir. Elle ne s’est jamais éteinte, même pendant l’Occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale.
La flamme jaillit de la gueule d’un canon au centre d’un faisceau d’épées déposées sur un bouclier. Cette structure en bronze, réalisée par Edgar Brandt, prône « plus jamais ça » : le feu jaillit d’un canon pour la dernière fois afin de rendre hommage aux soldats morts pour la France. Depuis 1923, la Flamme est ravivée tous les jours à 18h30. L’entretien de la flamme est assuré par le Comité de la Flamme (représentant 760 associations d'anciens combattants) ou des associations dont le civisme est reconnu. Longtemps, la cérémonie de ravivage de la Flamme a été confiée à des militaires, aujourd’hui, ouverte aux plus jeunes et de nombreux écoliers y participent.
Une tombe du Soldat inconnu britannique a été inaugurée à l’abbaye de Westminster, à Londres le même jour qu'en France. Il en existe une trentaine dans le monde, pas toutes liées à la Grande Guerre.
Le 26 août 1970, une dizaine de femmes appartenant au Mouvement de libération des femmes (MLF) ont déposé sous l'Arc de Triomphe une gerbe « à la femme du Soldat inconnu ». Certaines des banderoles arborées ce jour-là avaient pour slogan : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Il s'agissait de la toute première action médiatique du MLF.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2023
11 novembre : une minute de silence en hommage aux 18 millions de morts de la Grande Guerre
Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré.
Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du président Poincaré. Le 11 novembre était pour la première fois un jour férié en France, il avait été déclaré officiellement « fête nationale » le 24 octobre 1922, suite à une décision émanant du Parlement. Les trois années précédentes, on avait seulement célébré l’anniversaire de la victoire en sonnant les cloches et en tirant le canon.
L’idée d’un instant de silence serait une idée exprimée par Edward George Poney dans une lettre au journal London Evening News, ce journaliste australien s’indignait du caractère bruyant des commémorations et ne proposait pas moins de 5 minutes de silence pour rendre hommage aux morts de la Grande Guerre. L’idée sera reprise, en 1919, par les autorités britanniques, mais réduites à 2 minutes. En effet, depuis 1919, deux minutes de silence sont observées aux Royaume-uni, à 11 heures précise, chaque 11 novembre.
L’idée d’honorer un soldat inconnu a été lancée le 20 novembre 1916, au moment de la bataille de Verdun. Le 8 novembre 1920, une loi a été votée pour qu’un hommage soit rendu aux restes d’un soldat non identifié "mort au champ d’honneur". Représentant anonyme de la foule des "poilus", le Soldat inconnu été inhumé le 28 janvier 1921 sous la voûte de l’Arc de Triomphe à Paris. Le 11 novembre 1923, le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, allumait pour la première fois une flamme du souvenir. Depuis, elle est ravivée tous les soirs à 18h30.
Le 11 novembre célèbre l’anniversaire de la capitulation allemande le 11 novembre 1918 qui met un terme à la Première Guerre mondiale. Ce jour-là, à 5h15, la signature du document scelle la défaite allemande face aux Alliés. C’est à 11 heures que le cessez-le-feu a pris effet, les généraux Alliés et Allemands se réunissant à bord du wagon-restaurant du train d’État-major du maréchal Foch, en forêt de Compiègne, dans la clairière de Rethondes.
Dans un esprit de revanche, le jour symbolique du 11-Novembre avait été choisi en 1942 par Hitler pour envahir le sud de la France, la France dite libre, suite au débarquement des troupes franco-américaines en Afrique du Nord.
Depuis 2012, tous les morts pour la France qu’ils soient civils ou militaires sont désormais honorés le 11 novembre. Ce texte permet de rendre hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures (OPEX). Le 11-Novembre est ainsi comparé au Memorial Day américain qui honore l’ensemble des militaires américains morts dans toutes les guerres.
Un article de l'Almanach international, 10 novembre 2022
11 novembre : en Allemagne, à 11 heures 11, c’est Karnaval !
Les Allemands ont oublié la Grande Guerre. Chaque année à Cologne, Düsseldorf et Mayence, débute le carnaval, à 11 heures 11 exactement, pour se terminer le mercredi des cendres !
Les Allemands, comme les Autrichiens, ont oublié la Grande Guerre. Chaque année à Cologne, Düsseldorf et Mayence, débute le carnaval, à 11 heures 11 exactement, pour se terminer le mercredi des Cendres ! En réalité, cette date, la plus précoce de tous les carnavals allemands, marque seulement le démarrage des préparatifs, mais cela se traduit par des festivités débridées dans les rues de plusieurs villes allemandes. Le Karnaval officiel se déroule du 12 février au 18 février 2025, avec un point culminant le 18 février.
Aujourd’hui, on proclame le « Narrenreich », c’est-à-dire le royaume des fous qui dispose d’une constitution de onze articles et d’un conseil des onze (Elferrat) ! À sa tête, un couple princier à sa tête qui va défiler toute la journée de 11 novembre à travers la ville dans un immense cortège de fanfares, de majorettes, de déguisements de toutes sortes. «Kölle alaaf !» « Vive Cologne ! » ou « Cologne avant tout ! » dans le dialecte local. Le cérémonial est à peu près identique à Düsseldorf, Mayence et dans d’autres villes mais les festivités de Cologne sont les plus spectaculaires.
Pourquoi tous ces 11 ? le nombre 11 est considéré depuis le Moyen Âge comme le nombre fou, coincé entre le 10 des dix commandements et le 12 des apôtres. Un voisinage impressionnant pour ce 11 perçu, par contraste comme un nombre transgressif, le nombre du vice.
En allemand, le nombre onze s’écrit ELF. Certains y ont vu une référence à la devise de la République française Égalité, Liberté, Fraternité, laquelle a eu un grand retentissement en Rhénanie où elle a suscité de grands espoirs au tout début du XIXe siècle, et c’est à cette époque que s’est formalisée la coutume festive des carnavals rhénans. À partir de 1823 (fondation du comité des fêtes de Cologne), les couleurs de la République française dominaient lorsque le Karnaval a été de nouveau autorisé par l'occupant prussien, totalement étranger à cette culture carnavalesque. Les participants y portaient des tricornes et des bonnets qui rappellent ceux des jacobins français. La référence révolutionnaire s’est par la suite estompée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2022
(photo Joachim E. Zöller )