L’Almanach international
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7 novembre : 366 ans après, le traité des Pyrénées divise encore
Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Des centaines de manifestants, parfois des milliers, se rassemblent place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 366 ans et formuler des revendications culturelles.
Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Ce soir le Casal de Perpinyà ouvre ses portes pour une soirée exceptionnelle. Au programme : châtaignes, vin nouveau et, surtout, le concert de Dos Pardalets. Le grand rassemblement annuel, place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 366 ans, aura lieu demain, 8 novembre à partir de 16 heures.
Le Traité des Pyrénées a été conclu entre la France et l’Espagne le 7 novembre 1659 pour mettre fin à 25 ans de guerre entre les couronnes de France et d’Espagne. Le traité a été signé sur un territoire demeuré neutre entre les deux pays jusqu’à nos jours, l’île des Faisans sur le fleuve Bidassoa qui sépare les deux pays. Les monarques étaient représentés par leurs premiers ministres, Mazarin et don Luis de Haro. On pourra noter que cette frontière entre les deux pays est de loin la plus ancienne.
Les catalanistes dénoncent aujourd’hui un traité des Pyrénées qui a séparé la Catalogne en deux. Ils déplorent le déclin de la Catalogne française (le Roussillon), en proie au chômage, dont la capitale, Perpignan est tombée dans l’escarcelle de l’extrême droite. Cette situation contraste avec le dynamisme de Barcelone et de la Catalogne. Faute d’une indépendance de la Catalogne, peu probable, et de la modification d’une aussi vieille frontière (une des plus anciennes d’Europe), encore moins probable, les militants régionalistes réclament un statut d’autonomie comparable à celui de la Corse. Le manifeste de la Diada réclame de nouveau un statut particulier pour la Catalogne Nord, la ratification par l’État français de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et dénonce les entraves que met l’État à l’essor du développement de l’enseignement en catalan sur le territoire. Les manifestants réclament aussi l’ouverture des frontières au col de Banyuls et en Cerdagne, au nom du droit de la libre circulation des personnes en Europe. #DiadaCatNord
Depuis qu’en 2020, elle a été remportée par l’extrême droite, la municipalité de Perpignan tente de freiner au maximum toute fête ou célébration catalaniste.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2025
“Effaçons le traité des Pyrénées”
5 mai : le dernier Grand Jour de Prières au Danemark
Au Danemark, le quatrième vendredi après Pâques était un jour férié et chômé depuis le XVIIe siècle. Suite à la guerre en Ukraine, le Grand Jour de Prière sera supprimé définitivement l’an prochain pour aider le pays à financer la hausse du budget de la défense.
Au Danemark, le quatrième vendredi après Pâques est un jour férié et chômé depuis le XVIIe siècle, ou plutôt, « était » car ce vendredi 5 mai 2023 est le dernier à l’être. En 2022, le gouvernement danois a annoncé sa suppression et le dictateur Vladimir Poutine peut en être tenu responsable. L’an dernier, le gouvernement avait en effet expliqué qu’une telle mesure permettrait de financer la hausse du budget de la défense de manière à atteindre les 2 % du PIB dès 2030, comme préconisé par l’OTAN, au lieu de 2033 comme prévu avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
L’Église luthérienne, encore très liée à l’État dans au Danemark, affiche son mécontentement car cette journée est traditionnellement consacrée notamment aux confirmations des jeunes chrétiens. Il restera pour cela le jeudi de l’Ascension (Kristi himmelfartsdag) qui reste férié. Mais, la mobilisation est surtout venue des syndicats qui ont multiplié protestations et pétitions contre la mesure qui rallonge le temps de travail.
Ce Grand Jour de Prière (Store bededag) avait été introduit en 1686 dans l'Église du Danemark par l'évêque de Seeland, Hans Bagger1, durant le règne de Christian V, pour remplacer plusieurs fêtes catholiques mineures ou locales qui avaient survécu à la Réforme protestante. Le but de l’époque était déjà de réduire le nombre de jours fériés. Selon l’ordonnance de 1686, le Store bededag commence la veille. À 18 heures, la plus grosse cloche de l'église devait sonner, puis "les échoppes, les caves et les auberges" qui vendaient des boissons devaient fermer. Le lendemain, tout le monde devait venir à l'église - à l'heure et sobre. Il fallait jeûner jusqu'à ce que tous les services soient terminés et s'abstenir de travailler, de jouer, de jouer et d'autres "vanités mondaines". Il était également interdit de voyager - cependant, à l'exception de ceux employés dans le service postal.
Autrefois, les citoyens et étudiants de Copenhague se promenaient sur les remparts de la ville la veille de la fête, pour honorer les nombreux étudiants qui étaient morts en défendant Copenhague lors de l’assaut de Copenhague par les Suédois, le 11 février 1659. Le soir précédant la fête, il était d'usage d'acheter et de manger du varme hveder, un pain traditionnel, car les boulangers étaient fermés les jours fériés et les gens achetaient du pain pour le lendemain.
Aujourd'hui, les remparts de la ville ont disparu et l’usage est plutôt de se promener le long de Langelinie sur le front de mer de Copenhague ou sur la fortification de Kastellet, mais la tradition s’était perdue. Il était surtout plus courant de profiter du week-end de trois jours pour s’évader loin de Copenhague ou simplement traverser l'Øresund pour faire ses course en Suède où la journée n’est pas fériée. Il reste toutefois un vendredi férié chaque année au Danemark, le Vendredi saint.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2023
La tradition de la bourgeoisie de se promener sur les remparts la veille du Grand Jour de Prière est immortalisée dans le tableau d'Andreas Herman Hunæus På Københavns Vold la veille du Grand Jour de Prière de 1862. (Copenhagen City Museum)
La coutume d’acheter et de manger du varme hveder la veille du Grand Jour de Prière avait bien résisté.