L’Almanach international

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1659, Danemark, prière Bruno Teissier 1659, Danemark, prière Bruno Teissier

5 mai : le dernier Grand Jour de Prières au Danemark

Au Danemark, le quatrième vendredi après Pâques était un jour férié et chômé depuis le XVIIe siècle. Suite à la guerre en Ukraine, le Grand Jour de Prière sera supprimé définitivement l’an prochain pour aider le pays à financer la hausse du budget de la défense.

 

Au Danemark, le quatrième vendredi après Pâques est un jour férié et chômé depuis le XVIIe siècle, ou plutôt, « était » car ce vendredi 5 mai 2023 est le dernier à l’être. En 2022, le gouvernement danois a annoncé sa suppression et le dictateur Vladimir Poutine peut en être tenu responsable. L’an dernier, le gouvernement avait en effet expliqué qu’une telle mesure permettrait de financer la hausse du budget de la défense de manière à atteindre les 2 % du PIB dès 2030, comme préconisé par l’OTAN, au lieu de 2033 comme prévu avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’Église luthérienne, encore très liée à l’État dans au Danemark, affiche son mécontentement  car cette journée est traditionnellement consacrée notamment aux confirmations des jeunes chrétiens. Il restera pour cela le jeudi de l’Ascension (Kristi himmelfartsdag) qui reste férié. Mais, la mobilisation est surtout venue des syndicats qui ont multiplié protestations et pétitions contre la mesure qui rallonge le temps de travail.

Ce Grand Jour de Prière (Store bededag)  avait été introduit en 1686 dans l'Église du Danemark par l'évêque de Seeland, Hans Bagger1, durant le règne de Christian V, pour remplacer plusieurs fêtes catholiques mineures ou locales qui avaient survécu à la Réforme protestante. Le but de l’époque était déjà de réduire le nombre de jours fériés. Selon l’ordonnance de 1686, le Store bededag commence la veille. À 18 heures, la plus grosse cloche de l'église devait sonner, puis "les échoppes, les caves et les auberges" qui vendaient des boissons devaient fermer. Le lendemain, tout le monde devait venir à l'église - à l'heure et sobre. Il fallait jeûner jusqu'à ce que tous les services soient terminés et s'abstenir de travailler, de jouer, de jouer et d'autres "vanités mondaines". Il était également interdit de voyager - cependant, à l'exception de ceux employés dans le service postal.

Autrefois, les citoyens et étudiants de Copenhague se promenaient sur les remparts de la ville la veille de la fête, pour honorer les nombreux étudiants qui étaient morts en défendant Copenhague lors de l’assaut de Copenhague par les Suédois, le 11 février 1659. Le soir précédant la fête, il était d'usage d'acheter et de manger du varme hveder, un pain traditionnel, car les boulangers étaient fermés les jours fériés et les gens achetaient du pain pour le lendemain.

Aujourd'hui, les remparts de la ville ont disparu et l’usage est plutôt de se promener le long de Langelinie sur le front de mer de Copenhague ou sur la fortification de Kastellet, mais la tradition s’était perdue. Il était surtout plus courant de profiter du week-end de trois jours pour s’évader loin de Copenhague ou simplement traverser l'Øresund pour faire ses course en Suède où la journée n’est pas fériée. Il reste toutefois un vendredi férié chaque année au Danemark, le Vendredi saint.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La tradition de la bourgeoisie de se promener sur les remparts la veille du Grand Jour de Prière est immortalisée dans le tableau d'Andreas Herman Hunæus På Københavns Vold la veille du Grand Jour de Prière de 1862. (Copenhagen City Museum)

La coutume d’acheter et de manger du varme hveder la veille du Grand Jour de Prière avait bien résisté.

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1659, France, Régionalisme, 7 novembre Bruno Teissier 1659, France, Régionalisme, 7 novembre Bruno Teissier

7 novembre : 361 ans après, le traité des Pyrénées divise encore

Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Des centaines de manifestants, parfois des milliers, se rassemblent place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 361 ans.

 

Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Des centaines de manifestants, parfois des milliers, se rassemblent place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 361 ans. Cette année, toutefois, en raison du confinement, cet anniversaire est organisé par “Col·lectiu 7 de Novembre” de manière radiophonique et sur internet.

Le Traité des Pyrénées a été conclu entre la France et l’Espagne le 7 novembre 1659 pour mettre fin à 25 ans de guerre entre les couronnes de France et d’Espagne. Le traité a été signé sur un territoire demeuré neutre entre les deux pays jusqu’à nos jours, l’île des Faisans sur le fleuve Bidassoa qui sépare les deux pays. Les monarques étaient représentés par leurs premiers ministres, Mazarin et don Luis de Haro. On pourra noter que cette frontière française est la seule à ne pas avoir bougé depuis aussi longtemps.

Les catalanistes dénoncent aujourd’hui un traité des Pyrénées qui a séparé la Catalogne en deux. Ils déplorent le déclin de la Catalogne française, le Roussillon, en proie au chômage, dont la capitale, Perpignan est tombée récemment dans l’escarcelle de l’extrême droite. Cette situation contraste avec le dynamisme de Barcelone et de la Catalogne, surtout dans les territoires qui depuis quelques années ne veulent plus être espagnols. Faute d’une indépendance de la Catalogne, peu probable, et d’une modification d’une aussi vieille frontière (une des plus anciennes d’Europe), encore moins probable, les militants régionalistes réclament un statut d’autonomie comparable à celui de la Corse. Le manifeste 2020 de la Diada réclame de nouveau un statut particulier pour la Catalogne Nord, la ratification par l’État français de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et dénonce les entraves que met l’État à l’essor du développement de l’enseignement en catalan sur le territoire. Il est question de créer un parti politique pour représenter ces idées. Il faudra aussi lui trouver des électeurs, le Parti Unitat Catalana ayant rarement dépassé les 3%.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2020

Mise à jour 2023 : La Diada 2023 s’est déroulée le samedi 4 novembre et a rassemblé un millier de personnes. Cette année quatre associations co-organisatrices, Catalogne Nord pour l’Indépendance/ANC, la Délégation du Conseil de la République, le Casal de Perpinyà et Òmnium Catalonia Nord, ont souhaité alerter l’opinion publique sur l’urgence à promouvoir l’usage et la transmission de notre langue catalane dans tous les secteurs de la vie sociale, dans l’espace public et dans les médias locaux. Les militants ont demandé à ce que la langue catalane devienne officielle en Catalogne Nord. Ils ont notamment dénoncé la décision du tribunal de Montpellier contre ces maires des Pyrénées-Orientales qui veulent assurer les séances ou une partie des séances de leurs conseils municipaux en catalan avec une traduction française. Les manifestants ont aussi réclamé l'ouverture des frontières au col de Banyuls et en Cerdagne, au nom du droit de la libre circulation des personnes en Europe.   #DiadaCatNord 

Depuis qu’en 2020, elle a été remportée par l’extrême droite, la municipalité de Perpignan tente de freiner au maximum toute fête ou célébration catalaniste.

 
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