29 décembre : les Irlandais célèbrent leur constitution

 

C’est Constitution Day en Irlande : chaque 29 décembre les Irlandais commémorent l’entrée en vigueur, le 29 décembre 1937, de leur constitution (Bunreacht na hÉireann). Ce jeune État est donc doté de la plus ancienne constitution de l’Union européenne. Elle remplaçait celle de l’État libre d’Irlande, 1922, mal perçue car découlant du traité anglo-irlandais qui n’a pas fait l’unanimité parmi les Irlandais. Cette nouvelle constitution non plus puisqu’elle n’a été approuvée par référendum que par 56% des votants, le 1er juillet 1937.

Ce texte a été rédigé en deux versions, irlandaise et anglaise, qui se contredisent à plusieurs reprises. C’est bien sûr la première qui prime. D’ailleurs, le pays doit constitutionnellement s’appeler Eire et non plus Ireland (Irlande), ce qui, en fait, est resté très théorique. L’article 8 prévoit que la langue anglaise est reconnue comme deuxième langue officielle, après l’irlandais, en principe. Toute la nomenclature politique est ainsi établie dans la principale langue officielle de l’île : un chef de gouvernement est appelé Taoiseach (article 28) et le parlement national nommé Oireachtas (article 15). Celui-ci a une chambre basse dominante directement élue connue sous le nom de Dáil Éireann  (article 16) et une chambre haute Seanad Éireann (article 18). Les appellations des partis politiques sont également pour la plupart connue en irlandais.

Parmi les avancées de cette constitution, on peut noter le droit de vote accordé aux femmes. Mais il est contrebalancé par  l’article 41.2, dénoncé par les féministes car il assimile la féminité à la maternité et précise, en outre, que la vie d’une femme est « au foyer » : « l’État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint » et que, par conséquent, celui-ci « s’efforce de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les devoirs de leurs foyers ».

En vertu de l'article 40.6.1 de la Constitution, le blasphème était passible d'une amende de 25 000 euros. Mais cette disposition a été, heureusement, abrogée par référendum en 2018.

Tel qu'il a été promulgué à l'origine, en 1937, l'article 2 affirmait que « toute l'île d'Irlande, ses îles et les mers territoriales » formaient un seul « territoire national », tandis que l'article 3 affirmait que l'Oireachtas avait le droit « d'exercer sa juridiction sur l'ensemble de ce territoire ». Ces articles ont offensé des représentants d'Irlande du Nord, qui considéraient cela comme une revendication extraterritoriale illégale.

Aux termes de l’accord dit du Vendredi saint (1998), les articles 2 et 3 ont été modifiés pour supprimer toute référence à un « territoire national » et pour déclarer qu'une Irlande unie ne devrait être autorisée qu'avec le consentement des majorités dans les deux juridictions de l'île. Toutefois, les articles modifiés s’appliquent aussi à la population d'Irlande du Nord, lui reconnaissant le droit de faire « partie de la nation irlandaise » et d'avoir la citoyenneté irlandaise. Cependant, l'article 9.2 limite désormais cela aux personnes dont au moins un parent est citoyen irlandais. Le problème, c’est qu’avec le Brexit, l’Accord du Vendredi saint se retrouve fragilisé. Dès 2021, plusieurs organisations nord-irlandaises unionistes ont déclaré ne plus apporter leur soutien à cet accord.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2023

 
Précédent
Précédent

30 décembre : le nouvel An avec un jour d’avance pour les Madrilènes

Suivant
Suivant

28 décembre : le grand pèlerinage dédié à saint Gabriel en Éthiopie