L’Almanach international
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11 décembre : le jour où l’Algérie a basculé vers l’indépendance
De Gaulle avait autorisé l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce 11 décembre 1960, on releva 120 morts. Une semaine plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaissait le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance.
On était en décembre 1960, le président de Gaulle débarque une nouvelle fois en Algérie. Il avait évoqué sans détour une « République algérienne qui existera un jour » doit affronter la colère des partisans de l’Algérie française qui manifestent dans les grandes villes. En réponse, le 11 décembre 1960, c’est au tour des Algériens de manifester massivement en brandissant leur drapeau afin de hâter le processus. Plusieurs parties des quartiers européens comme la rue Michelet et Bab El Oued sont envahies par les émeutiers. Charles de Gaulle autorise l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce qui provoque la mort de 120 personnes, dont 112 Algériens, et de centaines de blessés. Cette journée du 11 restera dans les mémoires.
Il se trouve que l’Assemblée générale des Nations unis avait inscrit depuis plusieurs mois la question algérienne à son ordre du jour. La discrétion est imminente. Le 14 décembre 1960 elle se prononce sur la nécessité de mettre fin promptement et sans condition au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations (résolution 1514) et le 19 décembre, elle reconnaît le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance (résolution 1573). Après cinq ans de discussion dans les instances internationales et quinze ans de guerre civile, le destin de l’Algérie est scellé, il se résoudra malheureusement dans la violence.
Chaque année, les autorités algériennes commémorent cette journée de manifestation du 11 décembre 1960 (مظاهرات 11 ديسمبر 1960) dont on fête cette année le 65e anniversaire. En Algérie, dans le pays des écoles, des rues, des avenues, portent de nom de « 11 décembre » pour la mémoire. La cérémonie a lieu au Mémorial du Martyr (Maqam Echahid). Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, préside la cérémonie, en présence du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, du wali d’Alger, ainsi que de parlementaires, de responsables des organisations de moudjahidine, de représentants de la société civile et des cadres de l’État. Après la levée des couleurs nationales, on procède au dépôt de gerbes de fleurs au pied de la stèle commémorative, puis c’est la lecture de la Fatiha (la sourate d’ouverture du Coran) à la mémoire des martyrs, suivie d’une minute de silence et de quelques discours convenus… Le déroulé est le même chaque année. La commémoration de la guerre d’indépendance occupe une place centrale dans la vie publique algérienne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2025