L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

Tadjikistan, jeunesse, 23 mai Bruno Teissier Tadjikistan, jeunesse, 23 mai Bruno Teissier

23 mai : le jour de la jeunesse tadjike

Le Tadjikistan célèbre sa jeunesse selon un décorum est des pratiques sorties tout droit de la culture soviétique.

 

En République du Tadjikistan, le 23 mai est traditionnellement célébré comme la Journée de la jeunesse (Рӯзи ҷавонон), une fête instituée en 1997 par décision du président de la République du Tadjikistan, Emomali Rahmon. Le choix de la date de la célébration est lié à l'anniversaire de la création du Comité pour la jeunesse, les sports et le tourisme auprès du gouvernement. La jeunesse représente la moitié de la population, cette fête est l’occasion de raffermir le régime, dirigé d’une main de fer par Rahmon et son entourage depuis 1992, mais aussi de persuader les jeunes que leur avenir est bien au Tadjikistan, car beaucoup partent pour trouver un emploi mieux rémunéré en Russie. Il y aurait environ un million de travailleurs tadjiks, principalement saisonniers,  en Russie, alors que la population totale du Tadjikistan est d’à peine 10 millions d’habitants — dont un peu plus d’un tiers ont moins de 15 ans.

La célébration est précédée par la Semaine de la Jeunesse, qui a débuté le 18 mai, au cours de laquelle sont organisés divers événements, comme des compétitions sportives, notamment la fameuse course nationale qui se déroule chaque troisième dimanche de mai, ainsi que le marathon cycliste.

À Douchanbé, la capitale du pays, une Marche des jeunes est organisée en l’occasion de cette fête, auxquelles participent des milliers de personnes. En outre, dans le cadre de la Journée de la Jeunesse, des concerts, des discours de représentants du gouvernement, des remises de prix, des rassemblements et divers spectacles sont organisés à Douchanbé et dans d’autres villes. Tout cela selon un décorum est des pratiques sorties tout droit de la culture soviétique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2025

 
Lire la suite
1929, Mexique, 23 mai, étudiants Bruno Teissier 1929, Mexique, 23 mai, étudiants Bruno Teissier

23 mai : la journée des étudiants mexicains

Au Mexique, le 23 mai a été déclaré “Journée de l'étudiant” en commémoration du mouvement étudiant de 1929, qui a conduit l'Université nationale de l'époque à acquérir son autonomie.

 

Au Mexique, le 23 mai a été déclaré Journée de l'étudiant (dia del estudiante) en commémoration du mouvement étudiant de 1929, qui a conduit l'Université nationale de l'époque à acquérir son autonomie.

Tout avait commencé lorsque le 22 septembre 1910, sous le mandat du président Porfirio Díaz, l'Université nationale autonome du Mexique était inaugurée. Jusqu'en 1929, la loi désignait le ministre de l'Instruction publique comme chef de l'Université, et le recteur était nommé par le président de la République, lui-même. C'est à cette époque que les étudiants ont commencé à s'organiser en Fédération. Cela a créé une conscience de groupe parmi les étudiants. Les autorités universitaires ont décidé d'opérer deux changements : augmenter d'un an la formation préparatoire et modifier les examens professionnels à la Faculté de droit, ce qui a mis les étudiants de ladite faculté en désaccord, et ils ont essayé de négocier avec les autorités qui ont refusé de le faire. Plus tard, ils ont placé le drapeau rouge et noir dans la faculté. Deux jours plus tard, sur ordre du président Emilio Portes Gil, le recteur a fermé la faculté. Le 9 mai, la grève est officiellement déclarée.

Cependant, après une série d'événements et de manifestations qui ont abouti à une grève générale, les étudiants ont été brutalement attaqués par la police à l'intérieur des locaux de la faculté de droit le 23 mai 1929. Il y a eu un grand nombre de blessés des deux côtés et davantage d'écoles ont rejoint les manifestations. C’est l’anniversaire de ces événements dramatiques qui est célébré aujourd’hui.

Tout au long de ce siècle, les mouvements étudiants ont été d'une grande importance pour défendre les droits des étudiants, ce fut notamment le cas en 1968, en 1971, la grève de l'UNAM de 1999 et la grève de 2014 à l'Institut national polytechnique.

À une échelle plus large, il existe une Journée internationale des étudiants, célébrée chaque 17 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 mai 2023

 
Lire la suite
1938, Jamaïque, fête du travail, 23 mai Bruno Teissier 1938, Jamaïque, fête du travail, 23 mai Bruno Teissier

23 mai : la fête des travailleurs en Jamaïque

La Jamaïque ne célèbre pas la fête des travailleurs le 1er mai comme dans la plupart des pays du monde mais le 23 mai en souvenir d’une rébellion ouvrière qui a éclaté le 23 mai 1938.

 

La Jamaïque ne célèbre pas la fête des travailleurs le 1er mai comme dans la plupart des pays du monde mais le 23 mai en souvenir d’une rébellion ouvrière qui a éclaté le 23 mai 1938.

En 1938, la Jamaïque était en proie à des troubles sociaux, les ouvriers étaient nettement sous-payés et plusieurs grèves ont éclaté à travers l'île, les travailleurs demandant tous la même chose, de meilleurs salaires. La plus remarquable de ces révoltes a été celle de l'usine de sucre de Frome qui qui a débuté le 23 mai 1938.

Une figure éminente a émergé des mouvements de 1938 : St. William Grant (St. pour "sergent"), un dirigeant syndical, nationaliste noir et garveyiste (influencé par Marcus Garvey). Grant s’est battu pour les droits des travailleurs et a même été arrêté en 1938 pour ses positions fermes, mais il mourra dans l’anonymat et la pauvreté. Son combat n’a cependant pas été oublié : le Victoria Park dans Parade au centre de Kingston a été renommé en mémoire de St.William Grant en 1977. En 1974, il a reçu l'Ordre de distinction à titre posthume. Son successeur à la tête du mouvement ouvrier, Alexander Bustamante, deviendra Premier ministre.

C'est à partir de ces mouvements ouvriers de 1938 que des syndicats ont été formés pour défendre la cause des travailleurs jamaïcains. La décision de faire du 23 mai la fête du travail date de 1961, quand un projet de loi au Parlement a aboli le Commonwealth Day (Empire Day jusqu’en 1958), un jour férié qui marquait l'anniversaire de la reine Victoria d'Angleterre, le monarque à qui on attribuait l'abolition de l'esclavage, son anniversaire était un jour férié fixé au 24 mai. Il fut décidé d’en faire la Fête du travail. Mais, sur proposition de Norman Manley, chef du gouvernement de l’époque, cette Fête du travail, (Labor Day), a été fixé au 23 mai, le jour anniversaire de l’apparition, en 1938, d’un mouvement ouvrier en Jamaïque.

Il y a une dimension supplémentaire à cette célébration : quand Hugh Shearer est devenu Premier ministre, en 1967, il a institué ce jour-là, une réception de la fête du Travail à Jamaica House (le siège du gouvernement). C'est une tradition qui perdure encore aujourd'hui. Hugh Shearer avait commencé sa carrière politique en tant que syndicaliste. Il avait participé avec Alexander Bustamante et d’autres dirigeants syndicaux à des négociations avec les employeurs dans certains conflits de travail les plus importants. En 1953, il a été nommé superviseur insulaire de l'Union. En 1977, il est devenu président du syndicat industriel et, dans les années qui ont suivi, fait de ce syndicat le plus grand des Caraïbes anglophones.

De 1961 à 1971, la fête a été très formelle et consensuelle. Elle prendra par la suite une dimension beaucoup plus combative et moins unitaire, un vrai jour de lutte des travailleurs pour leurs droits. Mais, elle est aussi l’occasion de travaux communautaires d’intérêt général.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 mai 2022

 

Norman Manley, l’initiateur de la date du 23 mai

Lire la suite
1905, Macédoine du Nord, 23 mai, affirmation nationale Bruno Teissier 1905, Macédoine du Nord, 23 mai, affirmation nationale Bruno Teissier

23 mai : le journée nationale des Valaques ou Aroumains, peuple oublié des Balkans

La Macédoine du nord, peuplée de Slave et d’Albanais est le seul pays à avoir créé, en 2007, un jour férié en l’honneur du peuple Valaque ou Aroumain. Cette fête existe néanmoins depuis 1991, c’est aujourd’hui sa 30e édition.

 

La Macédoine du nord, peuplée de Slave et d’Albanais, est le seul pays à avoir créé un jour férié en l’honneur du peuple Valaque ou Aroumain. Depuis 2007, le ministère du Travail accorde un jour de congé aux personnes appartenant à ce peuple, très minoritaire en Macédoine. Le 23 mai y est connu sous le nom de Journée nationale des Valaques (Национален ден на Властите, en macédonien) (Dzua Natsionalã a Armãnjilor, en aroumain ). 

Les Valaques, tels qu’on les nomme en Macédoine et en Grèce, seraient quelque 250 000 éparpillés dans tous les Balkans et ailleurs en diaspora. Ce peuple de bergers ou de commerçants itinérants était jadis nomade ce qui explique sa dispersion. Aujourd’hui sédentarisés, ils se fondent dans les populations locales. Leur langue est latine, proche du roumain, aussi la Roumanie les considère comme des Roumains de la diaspora et les nomme Aroumains pour les distinguer. Ils ont aussi participé à l’histoire de la Grèce. Il y a 200 ans exactement, en 1821, commençait la guerre d'indépendance grecque et beaucoup des premiers combattants de l'indépendance (certains vivaient d’ailleurs en Roumanie) étaient eux-mêmes issus de la communauté aroumaine comme Rigas Velestinlis, Ioánnis Koléttis ou Giorgakis l'Olympiote. Mais, en Grèce, on affirme que les Valaques ne sont pas un peuple particulier, juste des Grecs latinisés que l’Empire ottoman a reconnus à tort comme un peuple.

La date du 23 mai fait en effet référence à la reconnaissance de la communauté aroumaine ou valaque comme nation (millet) par le sultan ottoman Abdul Hamid, le 23 mai 1905. Cette décision leur donnait droit au sein de l’empire à une éducation dans leur langue maternelle et à une autonomie religieuse. Au grand dam des Grecs qui, de fait, ne les fêtent pas le 23 mai.

C’est en 1991, il y a 30 ans exactement, que le 23 mai a été déclaré Journée nationale des Valaques du monde entier par la Ligue des Valaques et quelques autres associations valaques soucieuses de ne pas voir leur peuple s’effacer totalement du paysage du sud-est de l’Europe. Ce jour est principalement célébré par les Aroumains pro-roumains vivant en Albanie, en Bulgarie, en Macédoine du Nord et en Roumanie. En revanche, il n’est pas marqué en Grèce où pourtant, une localité du nord du pays, Samarine (Σαμαρίνα) se revendique comme capitale des Valaques. Ce village perdu est largement déserté aujourd’hui, mais des milliers de membres de la diaspora koutsovalaque (les Valaques du Pinde) s'y rassemblent autour du 15 août de chaque année. En Macédoine, c’est Krouchevo (Крушево), Crușuva en valaque, qui fait figure de capitale des Aroumains-Valaques. Ceux-ci ne représentent toutefois que 10% des habitants de la ville mais des médias en langue aroumaine y sont disponibles et des émissions régulières de télévision et de radio en langue aroumaine contribuent à assurer sa survie. Celle-ci est également enseignée à l’université en Macédoine du Nord.

Les Aroumains ou Valaques se désignent eux-mêmes comme Rrãmãn ou Armãn, selon le groupe dialectal auquel ils appartiennent, et s'identifient comme faisant partie du Populu Armãnescu (le peuple aroumain).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 mai 2021

 
23mai.png
Lire la suite
Grèce, Bulgarie, Fêtes traditionnelles, 21 mai Bruno Teissier Grèce, Bulgarie, Fêtes traditionnelles, 21 mai Bruno Teissier

21 mai : les Anas­tena­ria, un rituel de marche sur le feu dans les Balkans

Au nord de la Grèce et au sud de la Bulgarie, dans quelques villages, se pratique à l’occasion de la fête de la Saint-Constantin et de la Sainte-Hélène, des festivités dont l’aspect le plus marquant sont les marches pieds nus sur le feu.

 

C’est un rite particulier que l’on ne rencontre qu’au nord de la Grèce et au sud de la Bulgarie dans une poignée de villages et qui se pratique à l’occasion de la Saint-Constantin et de la Sainte-Hélène, deux saints que les orthodoxes fêtent le 21 mai.

Durant les trois jours des Anas­tena­ria (ou Anastenarides), les fidèles des deux saints vont se livrer à un rituel qui a commencé hier soir par la présentation des deux icônes qui ont quitté l’église pour le konaki, un sanctuaire tout spécialement aménagé pour l’occasion et couvert d’ex-voto. Aujourd’hui, dans la matinée, un taureau,  orné de fleurs, est sacrifié et la viande crue est distribuée aux familles de chaque village, vestige lointain d’un culte à Dionysos. Trois airs de musique, lancinants, au son de la lyre et du tambour, accompagnent chacune des cérémonies jusqu’au point fort de cette fête, au cours duquel les fidèles, en transe, marchent pieds nus sur des charbons ardents, qui se déroule après la tombée de la nuit.

Cette coutume, ancienne, était pratiquée autrefois en Thrace orientale et elle s’est transplantée en Macé­doine avec les réfugiés grecs de 1923. Cette année-là, la Grèce et la Turquie procédèrent à des échanges massifs de population. Près d’un million de Grecs durent quitter le territoire de ce qui allait devenir la Turquie. Certains furent implantés en Macédoine grecque dans des villages libérés des Turcs qui, eux, ont été par expulsés vers la Turquie. Si les Anastenaria témoignent d’une ferveur toute chrétienne (orthodoxe), il semble évident de retrouver dans ce rituel les vestiges d’un ancien culte païen, une cérémonie orgiaque christianisée.

Les Anastenaria (Αναστενάρια, Нестинарство  ou Nestinarstvo ) ont été inscrites en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Chaque année, ce rituel se déroule du 21 au 23 mai.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 mai 2020

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
Lire la suite