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2015, Zambie, prière, 18 octobre Bruno Teissier 2015, Zambie, prière, 18 octobre Bruno Teissier

18 octobre : jour de prière en Zambie

Chaque année, le 18 octobre, la Zambie s'arrête pour prier, jeûner et réfléchir. Les drapeaux sont en berne, le pays est censé faire une pause politique… les détracteurs de cet exercice crient à l’hypocrisie du pouvoir.

 

Chaque année, le 18 octobre, la Zambie s'arrête pour prier, jeûner et réfléchir. Les drapeaux sont en berne, des hymnes résonnent dans les églises… les bars et restaurants sont fermés, comme la plupart des lieux publics, c’est la Journée nationale de prière, de jeûne et de réconciliation (National Day of Prayer, Fasting and Reconciliation) elle a été conçue comme une pause dans la vie politique et pour ramener le pays sur le chemin de l'unité et de l'ordre constitutionnel.

Elle a été instaurée en 2015 par Edgar Chagwa Lungu, le président de l’époque. Cette année-là, le kwacha zambien a chuté de 45 % par rapport au dollar américain en raison d'une chute brutale du prix du cuivre, principal produit d'exportation de la Zambie. Le 18 octobre 2015, un grand rassemblement de prière a eu lieu au stade des Héros de Lusaka, la capitale zambienne. Cette journée a été instaurée chaque année, le 18 octobre.

Les opposants au régime autoritaire Edgar Lungu (2015-2021), l’accusaient chaque année de chercher à détourner l’attention de la population des difficultés économiques du pays. C’était le cas de son rival Hakainde Hichilema, le président actuel, qui lui a succédé en 2021 et qui a repris à son compte la journée créée par son rival politique. Si, en 2025, le cuivre se porte mieux, la Zambie a été frappée l’an dernier par une terrible sécheresse dont elle peine à se remettre. Pas sûr que des prières suffiront à relever le pays.

La population réclame avant tout que le président cesse de peser sur le pouvoir judiciaire, la police et la commission électorale, pour que ces institutions puissent agir en toute indépendance ce qui restaurerait la confiance plus efficacement que des journées de prière. On attend surtout du président qu’il mette fin à la corruption, au népotisme, au tribalisme et au gaspillage d’argent public au profit de quelques-uns, plutôt que de se faire photographier chaque 18 octobre en train de prier pour l’avenir du pays et de remplir stade de la capitale pour des heures de discours lénifiants.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 octobre 2025

 
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2014, 2015, Burkina Faso, martyrs, 31 octobre Bruno Teissier 2014, 2015, Burkina Faso, martyrs, 31 octobre Bruno Teissier

31 octobre : la Journée des martyrs au Burkina Faso

Hommage aux centaines de victimes des l'insurrections populaires qui ont provoqué la chute de Blaise Compaoré en 2014 et fait échec au coup d’État de 2015. Cette journée, toutefois, ne concerne pas les 3700 morts des violences djihadistes ou intercommunautaires de ces dernières années.

 

Cette journée fériée et chômée a été instaurée en 2015, en hommage aux victimes de l'insurrection populaire, suite au coup d’État (manqué) du 16 septembre de la même année, mais la date qui a été choisie est celle de la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. Celui-ci a laissé le pouvoir après une présidence longue de 27 ans, appuyée sur un régime autoritaire, instauré après l’assassinat de Thomas Sankara. La démission de Compaoré avait été obtenue par deux jours de soulèvement populaire, les 30 et 31 octobre.

En 2014, Blaise Compaoré envisageait de modifier l’article 37 de la Constitution, lui interdisant de se représenter pour un cinquième mandat, les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile coordonnèrent des manifestations pour tenter de contrer ce projet qui devait être voté par des députés aux ordres, le 30 octobre. Les manifestations atteignirent leur apogée le 30 octobre 2014, causant une trentaine de morts et plus de six cents blessés. 

À la mi-novembre 2014, un gouvernement de transition fut donc instauré, avec à sa tête le diplomate Michel Kafando comme président de la transition. Mais, le 16 septembre 2015, le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Compaoré durant vingt-sept ans, tente de prendre le pouvoir avec quelques fidèles. Les affrontements entre les putschistes et les manifestants, sortis massivement dans les rues pour demander la libération et la réinstallation du gouvernement de transition, causèrent quatorze morts et plus de deux cent cinquante blessés.

Ce sont toutes ces victimes des deux soulèvements qui sont honorées lors de la Journée des martyrs. Le cérémonial débute avec le retentissement de la sirène à 10 heures, symbolisant l'heure à laquelle est tombée la première victime lors de l'insurrection populaire de 2014, l'observation d'une minute de silence et le dépôt de gerbe de fleurs par le Président du Faso ce 31 octobre 2021 au Monuments des héros nationaux à Ouaga 2000, en mémoire de ces martyrs.

À 11h une messe est dite en l’église la Rotonde, pour les catholiques. À 9 h a eu lieu un office en l’église baptiste du Bon-Berger, à l’est de l’Université Joseph Ki-Zerbo, pour la communauté évangélique.  Quant aux musulmans, leur cérémonie religieuse de commémoration a eu lieu vendredi 29 octobre à 12 h à la Mosquée du Cheik Doukouré à Hamdalaye. Ce 31 octobre tombant un dimanche, suivi du jour de la Toussaint, c’est le mardi 2 novembre qui sera accordé un jour chômé aux travailleurs. Ce qui fait, cette année, un long week-end.

La stèle, conçue par l’architecte Sibiri Simon Kafando, a été inaugurée à Ouagadougou en 2015, elle est formée de deux poings qui s’élancent vers le ciel, symbolisant « l’union, la force et la révolte » ; une étoile au milieu des deux bras fait référence au drapeau national. 

Les cérémonies s'achèvent ce dimanche par un concert géant avec des artistes locaux sur la place de la Révolution, lieu emblématique des manifestations anti-Compaoré durant l'année 2014.

Ces cérémonies font suite au mois de la justice à l’égard de Thomas Sankara et de ses compagnons qui s’est déroulé du 2 au 23 octobre.

Cette Journée des martyrs ne fait pas allusion aux victimes des violences djihadistes. Par de-là les soubresauts politiques à Ouagadougou, c’est cette réalité qui est la plus préoccupante au Burkina Faso aujourd’hui. Les attaques djihadistes, les représailles intercommunautaires et les exactions imputées aux forces de sécurité ont fait plus de 3 700 morts depuis 2015. Aucun mémorial ne leur est consacré. Chaque nouvelle attaque sur le territoire burkinabé est censée entraîner l’ouverture d’une information judiciaire, mais les tribunaux sont totalement débordés.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2021

 

La stèle ajoutée au Monument des héros nationaux

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