1er février : qui osera célébrer la journée mondiale du hijab 2023 ?

 

À la suite du meurtre brutal, le 22 septembre 2022, de Mahsa Amini par la police des mœurs iraniennes pour ne pas avoir convenablement ajusté son hijab, ainsi qu’au retour de l’obligation du voile intégral pour les femmes afghanes, qui va oser célébrer la Journée mondiale du hijab 2023 ?

Qu'on le veille ou non, le hijab est devenu le symbole de l'oppression de la République islamique d’Iran, en particulier de son oppression des femmes. Depuis septembre 2022, des femmes  manifestent en brûlant leur foulard et en se coupant les cheveux, deux gestes symboles de leur quête de liberté. Pour la première fois, elles sont franchement soutenues par les hommes, ceux qui ne soutiennent pas le régime.

Le 7 mai 2022, dans un décret rendu public devant la presse à Kaboul, le chef suprême des talibans , Hibatullah Akhundzada, qui dirige aujourd’hui l’Afghanistan, a ordonné que les femmes portent "un tchadri (autre nom de la burqa), car c'est traditionnel et respectueux". Après la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans à la mi-août 2021. « Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n'est pas membre de leur famille », pour éviter la provocation, ajoute ce décret. Les talibans déjà rendu la burqa obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.

À la suite de la révolution islamique de 1979, les autorités iraniennes ont imposé un code vestimentaire obligatoire obligeant toutes les femmes à porter un foulard et des vêtements amples qui dissimulent leur silhouette en public. Sans être obligatoire, cette coutume ancestrale a resurgi dans le monde arabe comme une traînée de poudre et s’est imposée aux sociétés arabo-musulmanes à partir des années 1980. Du Caire à Tanger, alors qu’au milieu des années 1980, seule une petite minorité de femmes portait un foulard pour cacher leur chevelure et leur cou, souvent des femmes issues de campagnes ou appartenant à des milieux religieux stricts, deux décennies plus tard, elles n’étaient plus qu’une minorité à ne pas le porter. Cette symbolique ultra-conservatrice, plus que religieuse, est devenue la norme jusque dans les banlieues des métropoles européennes.

En 2023, à New York, une Américaine d’origine bangladaise, Nazma Khan a lancé la Journée mondiale du hijab (World Hijab Day) "de sensibiliser et de normaliser le port du hijab" dans un but de tolérance religieuse. En 2017, l'État de New York a reconnu la Journée mondiale du hijab et un événement marquant cette journée a été organisé à la Chambre des communes, en présence de Theresa May (ancienne première ministre britannique). La date retenue pour cette journée, le 1er février, est plutôt mal choisie, c’est celle du retour en Iran de l’ayatollah Khomeini, celui-là même qui a instauré en Iran une dictature religieuse qui n’a rien à voir avec la tolérance mise en avant par les promoteurs de cette journée du hidjab. Malheusement, cette date du 1er février est bien un choix assumé en raison de sa symbolique.

Les Nations unies se sont emparées du symbole, en instaurant une Semaine de l’harmonie interconfessionnelle qui commence ce même 1er février (la symbolique est totalement assumée). En ce jour, les promoteurs du hijab invitent toutes les femmes à « éprouver un sentiment de libération » en essayant le voile ne serait-ce qu’une journée. D’aucuns ont suggéré que les femmes voilées animées d’un esprit de tolérance, profitent de la deuxième journée de cette semaine interconfessionelle à se dévoiler afin d’éprouver, à leur tour, le sentiment de la libération.  L’idée, on s’en doute, n’a pas été retenue.

Le 1er février était aussi l’occasion à Neauphle-le-château (où Khomeiny avait vécu ses mois d’exil en France), d’une manifestation commémorative en l’honneur de l’ayatollah et du régime qu’il a instauré en Iran. La dernière s’est tenue en 2021. La célébration du 1er février est interdite par la municipalité depuis 2022.

 
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