18 mai : l'anniversaire d'un pays que personne ne connaît ni ne reconnaît, le Somaliland

 

Il y a 30 ans, le 18 mai 1991, un nouvel État tentait d’émerger sur la carte du monde : le Somaliland. Quelque mois auparavant, le dictateur somalien Mohamed Siad Barre, avait été renversé. Ce dernier avait jusque-là très brutalement réprimé toute tentative de sécession de cette région du nord du pays. En 1988, Hargeisa, sa capitale, avait été bombardée par l'aviation gouvernementale. La répression fait 50 000 morts et près de 500 000 déplacés (sur un million d’habitants à l’époque)… En janvier 1991, le dictateur était enfin destitué, cet État du nord de la fédération de Somalie, proclamait son indépendance. Depuis, le 18 mai est célébré chaque année comme la fête nationale du Somaliland.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

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Cette déclaration d’indépendance du Somaliland n’a, cependant, jamais été reconnue par la communauté internationale. Ce qui n’empêche pas des délégations étrangères (djiboutiennes, éthiopiennes, françaises…) de se rendre régulièrement au Somaliland. En mai 2001, l'indépendance a même été entérinée par un référendum qui remporte 97,1 % de oui. Le Somaliland a pourtant un argument : ce territoire était celui d’une colonie anglaise alors que le reste de la Somalie était italien. La reconnaissance d’un Somaliland indépendant ne contredit donc pas la règle sacrée en Afrique qui consiste à ne pas toucher aux frontières issues de la colonisation car cela risquerait de mettre le contient à feu et à sang. D’ailleurs, c’est avec le même argument que l’Érythrée voisine a fini par obtenir son indépendance, reconnue par l’ONU en 1993. Le Somaliland n’a pas eu cette chance. Aujourd’hui, il n’a de relations diplomatiques qu’avec Taïwan, autre exclu important du concert des nations.

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Le Somaliland dispose de richesses minières et pétrolières, d’un port important Berbera qui sert aussi de débouché à l’Éthiopie. Mais, faute de reconnaissance, le pays est exclu des circuits financiers mondiaux. Il ne reçoit aucune aide au développement mais n’a aucune dette. Sans moyen financier pour investir dans son économie, le pays de contente pour vivre d’exporter du bétail, près de 5 millions d’animaux sont exportés chaque année dans les pays arabes. Le pays a des administrations qui fonctionnent, financées par la fiscalité (TVA et droits de douane)… Le Somaliland est parmi les plus pauvres d’Afrique. Mais, contrairement au reste de la Somalie, le pays est sûr et croit très fort en son avenir. Somaliland s'en tire en effet bien mieux que la Somalie, toujours en proie au terrorisme islamiste et à un régime autoritaire.

 
Muse Bihi Abdi, le président de la république du Somaliland depuis 2017

Muse Bihi Abdi, le président de la république du Somaliland depuis 2017

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