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Serbie, 2000, 5 octobre Bruno Teissier Serbie, 2000, 5 octobre Bruno Teissier

5 octobre : il y a 20 ans, Octobre serbe, une révolution en trompe l’œil

Pour dénoncer les manipulations des résultats électoraux, des manifestants avaient convergé des quatre coins du pays dans le centre de Belgrade. Le lendemain, Milosevic acceptait sa défaite. Aujourd’hui, en dépit d’avancées incontestables en matière de démocratie, a-t-on pour autant changé de régime ? Peut-on encore manifester contre le régime serbe ?

 

Pour dénoncer les manipulations des résultats électoraux, des manifestants avaient convergé des quatre coins du pays, ils étaient entre 600 000 et un million dans le centre de Belgrade le 5 octobre 2000. Le lendemain, Milosevic acceptait sa défaite. Depuis la Révolution serbe du 5 octobre (Демонстрације 5. октобра 2000), la liberté d’opinion et de manifestation a été, en principe, établie, les élections sont démocratiques mais, en dépit de ces avancées incontestables, a-t-on pour autant changé de régime ? Peut-on encore manifester contre le régime ?

Beaucoup en Serbie dénoncent une révolution de façade qui ne mérite pas d’être commémorée. Si les forces de sécurité n’ont pas tiré sur la foule, c’est, on le sait aujourd’hui, que Zoran Djindjic, le futur Premier ministre, avait négocié l’impunité de tout l’appareil administratif, judiciaire et militaire du régime de Milosevic. Certes, l’ancien président a été arrêté en 2001 et a terminé sa vie dans une prison de La Haye (2006) mais l’essentiel du personnel politique de l’époque est resté en place. Le 5 octobre a accouché d’un État faible, incapable de tenir tête aux mafias et aux humeurs de l’extrême droite.

Les héritiers de Milošević gouvernent le pays avec ceux de l’ultra nationaliste Vojislav Šešelj, devenus des ultra libéraux promettent l’adhésion prochaine de la Serbie à l’Union européenne, tout en imposant un régime de plus en plus autoritaire et corrompu. Le pouvoir actuel tolère de moins en moins les manifestations même quand ont lieu des fenêtres et balcons en raison de la crise sanitaire. Ainsi, lorsque le mouvement citoyen Не давимо Београд (Ne Davimo Beograd : « Nous n’abandonnons pas Belgrade ») a appelle à protester aux balcons contre l’autoritarisme du président Vucic, des groupes d’ultras de football pro pouvoir s’introduisent sur les toits des immeubles pendant le couvre-feu et les enflamment de fumigènes.

La commémoration se limite à des dépôts de gerbe, notamment sur la tombe de Zoran Djindjic, assassiné en 2003 par les ultra nationalistes.

 
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