L’Almanach international
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10 novembre : la Journée des héros en Indonésie
Chaque 10 novembre, à l’occasion du Jour des Héros, les autorités indonésiennes décernent le titre de Héros national à des personnalités particulièrement méritantes. Le même jour d’autres titres et décorations moins prestigieux sont également distribué. La date du 10 novembre fait référence à la bataille de Surabaya, en 1945.
Chaque 10 novembre, à l’occasion du Jour des Héros (Hari Pahlawan), les autorités indonésiennes décernent le titre de Héros national à des personnalités particulièrement méritantes. Le même jour, d’autres titres et décorations moins prestigieux sont également distribué. La date du 10 novembre fait référence à la bataille de Surabaya, en 1945.
Le 27 octobre 1945, les troupes britanniques entrent dans la ville de Surabaya, au nord de Java, avec pour mission de désarmer les forces d’occupation japonaise qui pouvaient y demeurer alors que le Japon avait capitulé le 15 août 1945. Deux jours plus tard, le 17 août l’Indonésie avait proclamé son indépendance. En réaction, un groupe de Néerlandais est parvenu à hisser le drapeau des Pays-Bas sur l’hôtel Yamato, à Surabaya. L’Indonésie était jusque-là une colonie néerlandaise. Ce geste a suscité la colère des habitants de Surabaya qui ont considéré que les Néerlandais insultaient à la fois leur déclaration d’indépendance et leur drapeau rouge et blanc. L’arrivée des Anglais a fait penser à la population que ces derniers étaient venus pour préparer le retour des Hollandais que les Japonais avaient chassé en occupant le pays de mars 1942 à août 1945. Dans cette ambiance très tendue, un officier britannique, le général de brigade Mallaby, est tué dans des circonstances assez floues (sa voiture a été attaquée, l’acte n’a pas été revendiqué). Les anglais réagissent par un ultimatum demandant à tous les dirigeants et citoyens armés de venir se présenter, de déposer les armes et de se rendre les mains levées. La date limite de l’ultimatum était fixé au 10 novembre 1945, à 6 heures du matin. Cet ultimatum, auquel les Indonésiens ne sont pas pliés, a mis la population de Surabaya en colère. Les combats ont éclaté le jour-même. La guerre entre les deux camps a duré environ trois semaines. Les combats ont fait des milliers de victimes. Les pertes indonésiennes sont estimées à 16 000 personnes et celles les Britanniques à environ 2 000 hommes. Ce sont les victimes indonésiennes du 10 novembre 1945 et des jours suivants qui sont honorées aujourd’hui.
Cette bataille est l’un des symboles de la résistance indonésienne à la colonisation hollandaise. Les Pays-Bas attendront, en effet, plus de quatre ans avant de reconnaître l’indépendance de l’Indonésie proclamée le 17 août 1945. Les premiers héros désignés lors des commémorations du 10-Novembre, devenue une célébration nationale, furent des figures de la résistance tombées lors de cette bataille. Actuellement, les héros nationaux sont au nombre de 170. Récemment, le président Joko Widodo (Jokowi) en a rajouté six.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 novembre 2023
Mise à jour : le 10 novembre 2025, l’ex-dictateur Suharto a été élevé au rang de « héros de la nation ». Cette décision du président Prabowo Subianto, ex-gendre de Suharto, indigne les défenseurs des droits humains d’autant plus que le général Sarwo Edhie Wibowo, l’exécutant des massacres de 1965, ordonnés par Suharto, a reçu lui aussi le titre de héros le même jour.
« Les protestations de la société civile n’ont cessé pourtant de prendre de l’ampleur jusqu’au 10 novembre et elles n’ont fait que redoubler depuis. Ces derniers mois, chaque manifestation des victimes de violations des droits humains devant le palais présidentiel, un rendez-vous hebdomadaire baptisé « Action du jeudi », comportait des messages appelant à ne pas faire de Suharto un héros de la nation. (…)
En 1965, un prétendu coup d’Etat communiste en Indonésie avait servi de prétexte à Suharto, alors général, pour marginaliser Sukarno (1901-1970), le « père de l’indépendance », et consolider son pouvoir. Les violences qui ont suivi, de la part de l’armée ou de milices ultranationalistes, ont causé la mort d’au moins 500 000 personnes, dont beaucoup d’origine chinoise, un événement toujours partiellement tabou en Indonésie. Suharto est aussi accusé de massacres au Timor oriental, devenu indépendant en 2002, et à Aceh, ainsi que d’innombrables « disparitions forcées » de militants syndicaux, de leaders étudiants ou d’opposants. » (Brice Pedrotelli, Le Monde, 11 novembre 2025)
Pour contrebalancer ces deux nominations, ont aussi été élevé au rang de héros de la nation ce 10 novembre 2025, Abdurrahman Wahid, dit « Gus Dur », le premier président de l’après-dictature et Marsinah, une syndicaliste violée par des militaires sous la dictature.
Commémoration philatélique à l’occasion du 10e anniversaire de la bataille de Surabaya
Un dessin animé japonais évoque cette bataille (voir la bande annonce en anglais)
Le monument dédié à la la bataille de Surabaya
Aujourd'hui sur l’ancien hôtel Yamato, flotte le drapeau rouge et blanc de l’Indonésie